jeudi 20 décembre 2012

Champagne : lequel choisir ?

PB291950Rien ne ressemble moins à un champagne qu'un autre champagne. Ils ne sont donc pas interchangeables. Certains seront parfaits pour l'apéritif alors que d'autres peuvent accompagner un repas. Comment s'y retrouver dans une offre plus que compliquée? Essayons d'éclairer un peu les choses...

Brut ou extra-brut?

La différence entre les deux provient de l'ajout - ou non - d'une "liqueur d'expédition" juste après le dégorgement. Pour comprendre en quoi, ça consiste, voir ICI.

Si vous n'êtes pas un habitué des bulles, ou aimez les vins plutôt "glissants", je ne saurais que trop vous conseiller de prendre le Brut. D'autant que l'extra-brut ne peut souffrir la médiocrité. S'il vient d'un très bon producteur, vous pourrez vous régaler. Sinon, c'est le pire des breuvages, car ses défauts ne seront pas masqués par le sucre. Ca va donc être très acide ... et imbuvable!

Mon expérience personnelle m'a montré qu'un extra-brut s'améliorait dans le temps (s'il est de bonne qualité au départ, évidemment). Si vous en débouchez un au débotté, ouvrez-le un peu en avance tout en le laissant au frigo, voire même carafez-le avant de le servir. Il perdra un peu de bulles, mais il sera beaucoup plus avenant et complexe.  Cette opération n'est pas indispensable pour le Brut, et peut certainement même lui être nuisible (on percevra trop le sucre ajouté...).

Pour les amateurs de sensation forte (et de pureté), il existe des champagnes non dosés. Vous pouvez en trouver par exemple chez Tarlant (Brut Zéro), Boulard (Brut Nature), Laherte, Bourgeois-Diaz... Après avoir taté de ce genre de champagne, vous aurez du mal à retourner à l'ordinaire...

Il est maintenant possible de pouvoir comparer l'influence des différents dosages sur un même champagne grâce à Bourgeois-Diaz. En effet, le Brut Nature, l'Extra-Brut et la Cuvée Distinguée sont identiques avant l'ajout (ou non) de liqueur d'expédition.




Blanc de blancs, Blanc de noir(s) ou ni l'un ni l'autre?


Un blanc de blancs est issu uniquement du cépage chardonnay (celui dont on fait les bourgognes blancs). Selon la maturité du raisin cueilli, la durée de son élevage, son vieillissement, etc... S'il est plutôt jeune (majoritairement le cas), c'est plutôt un champagne d'apéritif qui pourra déborder sans problème sur les huîtres. Il sera plutôt léger, vif, avec un côté "floral" et des arômes de pomme et de noisette fraîche. Je vous conseille dans cette catégorie les vins de chez Laherte ou Boulard.

Après, en fonction du terroir et de la concentration, le même cépage peut donner des vins assez différents. Lorsqu'il est plus mûr, il va gagner en onctuosité et être plus miellé, comme le Champ Persin de Moutard. Planté en franc de pied dans des secteurs sableux qui le permettent, il va gagner en concentration et en expression, comme avec cette Vigne d'Antan de Tarlant

Plus âgé, il doit plus être considéré comme un Bourgogne blanc évolué. Il accompagne alors à merveille homard, poissons de rivière, blanquettes, voire certains fromages. Le prestige 2000 de Tarlant (90 % chardonnay), vieilli plus de dix ans sur lattes, est un bon exemple. Le Millésime 1996 de Moutard (100 % Chardonnay) vieilli plus de 15 ans est encore meilleur !


Le blanc de noir(s) est issu comme son nom l'indique de raisins noirs. Soit du pinot noir, soit du pinot meunier, soit des deux.

Le "pur pinot meunier" est assez rare, mais existe (comme la Vigne d'Or de Tarlant ou les Vignes d'autrefois de Laherte). Cela donne un vin d'une expressivité intense, qui peut dérouter le béotien.

Le "pur pinot noir" a souvent une rondeur, une vinosité qui le distingue de ses confrères. Sa gamme aromatique me fait un peu penser à celle de son frère le pinot gris. Il peut donc être utilisé pour les mêmes accords : jambon cru, foie gras, pintade, chaource, voire dessert (tatin?). N'hésitez pas à conserver les bouteilles quelques années:  il va s'arrondir et devenir de plus en plus épicé.

Bon producteurs : Moutard, Gonnet Medeville, Egly-Ouriet...

Quand ce n'est pas indiqué, c'est que c'est un assemblage! Un producteur qui se respecte indiquera les proportions des différents cépages sur la bouteille ou l'emballage. C'est tout de même pratique pour faire son choix. En fonction de l'importance de tel ou tel cépage, leur personnalité sera assez différente.

Dominante Chardonnay : Cuvée du fils, Cuvée Prestige de Tarlant
Moitié Chardonnay/moitié Pinot(s) : Millésime 2006 de Boulard, Cuvée Louis de Tarlant



Millésimé ou pas?
La Champagne est l'une des seules appellations où l'on peut allègrement mélanger autant de millésimes que l'on veut sans avoir de compte à rendre à quiconque. Cet assemblage savant permet d'année en année d'obtenir un champagne qui a le "style maison", comme l'on dit.

Les millésimés ne se font que les années qui en valent la peine. Vous êtes donc sûr d'avoir un bon champagne. Avec un style propre à chaque année. Ainsi, le 2003 se démarque des autres dans un style plus mûr et moins acide. Si l'on remonte un peu dans le temps, je ne peux que vous conseiller le 98 , le 97, le 95 ou le 90. Pour l'heure, les 96 méritent encore d'être attendu, car ils ont encore un profil austère (mais une matière prometteuse).

Excepté le MMI de Francis, le 2001 est plutôt à éviter. Le 2000 est assez inégal. le 2002 (Bollinger, Jacquesson, Dom Pérignon...) est un millésime de très haut niveau. Les 2005 et 2006 qui sont sortis sont de bon niveau. 2008 et 2012 sont très prometteurs.


Les rosés


En 2009, il fut question d'autoriser en Europe l'assemblage de vins rouges et de vins blanc pour en faire du rosé. La réaction du monde agricole (et de leurs députés) fut tellement hostile que le projet capota. Peu ont alors souligné que cette pratique était courante en Champagne depuis des lustres sans que cela ne dérange personne.


La plupart des Champagnes rosés sont en effet issus d'assemblages : en général 85 à 90 % de Chardonnay, complété par 10 à 15 % de vin rouge (souvent Pinot Noir). Tout dépend de la teinte finale que le vigneron veut obtenir, mais aussi l'aromatique : plus le vin contiendra de vin rouge, plus les arômes fruités prendront le dessus, même s'ils ne seront jamais aussi intenses qu'avec un rosé issu de saignée.

Vous allez me dire "intéressant ton topo, mais à quoi ça sert ?"  Eh bien, autant vous avez intérêt à garder les rosés d'assemblage, car le Chardonnay vieillit admirablement (plus de 20 ans sur des rosés de bon niveau). Autant ça ne sert pas grand chose de conserver les rosés de saignée, car ils ont été conçus pour "péter le fruit". Une fois que celui-ci aura disparu, ce n'est pas dit qu'il reste grand chose d'intéressant **.



Et les accords gastronomiques seront très différents. Autant le rosée de saignée sera restreint à l'apéritif et aux desserts aux fruits rouges, autant un rosé d'assemblage avec un peu de bouteille conviendra aux plats exotiques, que ce soit des crevettes Thaï ou un tajine d'agneau, mais ira aussi avec une volaille comme de la pintade aux pommes et au chou rouge, ou une vieille mimolette. Nous pouvons ainsi vous proposer la Cuvée rosée Prestige de Tarlant 2000, qui a reposé 10 ans sur lattes avant d'être dégorgée en octobre 2011. Une petite merveille pour le prix d'un Brut ordinaire d'une "grande" maison.

Nous avons aussi maintenant le Rachais Rosé 2005 de Francis Boulard : un 100 % Pinot noir vinifié et élevé en barriques, et vieilli sur lattes 6 ans.





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