mercredi 31 juillet 2013

Un Côtes du Rhône qui vous réconciliera avec l'appellation


Il faudrait que toutes les appellations aient des Dupéré-Barrera pour défendre leurs couleurs. Cela leur redonnerait un lustre qu'elles ont parfois perdu à force de vous proposer de la bibine. Ici, on est plein dans le sujet avec un Côtes du Rhône Villages. J'entends déjà des pfffff de l'autre côté de mon écran.  Ce qui prouve que vous n'avez pas goûté celui-ci. Sinon, vous diriez "Ah oui ... Trop bon !"

C'est quoi, le secret ? Déjà une grosse majorité de Syrah (70 %) issue de faibles rendements, moins forte alcool que le Grenache. Du Grenache, il y en a aussi (20 %), issu de vieilles vignes. Enfin, pour compléter, une touche de Mourvèdre (10 %) provenant d’un terroir à galets roulés, apportant de la fraîcheur et des épices.

Les raisins sont entièrement égrappés (ça évite toute note végétale). La  vinification est menée à basse température (moins de 20 °C, ce qui est hyper bas pour un rouge), avec une  macération de 18 jours permettant d’extraire de la couleur et beaucoup de fruits sans tannins agressifs.  Le vin ensuite élevé en fûts de chêne de deux vins (1/3 du volume) et en cuve (2/3 du volume).

La robe est grenat, aux reflets violacés

Le nez est de belle intensité, sur la framboise écrasée, l'olive noire, le lard fumé, le poivre et le laurier

La bouche est ronde,charnue avec une matière juteuse,épicée, et vraiment un très bel équilibre

La finale sans aucune dureté est sur le poivrée, la réglisse, le tabac.

Servi frais, il peut accompagner avec bonheur un dessert chocolaté.

Un vin qui peut accompagner les grillades d'été que le couscous l'hiver ;-)


mardi 30 juillet 2013

Ma première rencontre avec Ariana : ça y est, j'suis amoureux !

Je n'avais pas encore eu l'occasion de déguster un vin de la jeune et belle Ariana Occhipinti. Je n'ai ouvert que sa "petite" cuvée rouge SP 68 et c'est déjà très prometteur. Je n'ose imaginer la qualité de Siccagno et Frappato. Ce que j'adore, c'est que c'est expressif sans être rentre-dedans, intense sans être lourd. Et d'un équilibre vraiment topissime.



La robe est grenat nettement translucide (aucun effort pour voir à travers)

Le nez évoque la cerise rouge, le ciste, la garrigue...

La bouche est sphérique, d'une fraîcheur éclatante, avec des tannins soyeux et une acidité fine comme un laser, apportant une grande tension au vin, et un p... de fruit, pur comme le bleu d'un ciel sicilien.

On retrouve dans une finale expressive les arômes du nez, avec toujours ces notes résines/garrigue.

Un vin qui fait très "bourgogne du sud" sans une once d'alcool ressenti.

Rebu le lendemain (je me suis forcé à ne pas tout boire...) : le nez est plus fruit noir, et encore plus résineux. La bouche a gagné en densité, avec une matière plus charnue et veloutée, avec toujours cette superbe acidité plus fondue mais plus intense encore en finale. Une grosse claque !


vendredi 26 juillet 2013

Gloire au pinot noir !



Il est probablement l'un des plus vieux cépages français avec le Cabernet Franc, puisqu'il existerait depuis l'occupation romaine, sous le nom d'allobrogica. Non seulement sa descendance est impressionnante, mais il a également muté, donnant naissance au pinot blanc et au pinot gris. En France, le pinot noir est utilisé plus ou moins dans les mêmes zones que le chardonnay : on le trouve en Champagne, en Alsace (pour le rosé, le rouge et le crémant), en Loire (Sancerre, Menetou, Cheverny),ans le Jura et à Limoux. À l'étranger, il est très présent en Allemagne, en Suisse, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis (Oregon plutôt que Californie, car le climat lui est plus favorable). 

Même si les grappes produites sont de petites tailles, ce cépage est assez vigoureux et exige une bonne régulation pour ne pas être dilué. D'autant que si ses grains contiennent des quantités importantes de polyphénol, la matière colorante est difficile à extraire. Le pinot noir s'épanouit sur les coteaux argilo-calcaire et apprécie le climat continental (froid en hiver, chaud en été).

Arômes : cassis, cerise (noyau), épices, fraise, framboise, griotte, groseille, humus, mûre, notes animales, oeillet, pivoine, poivre, prune, ronce, rose (parfois fanée), terre mouillée, truffe (en vieillissant). 

Selon sa vinification (par ex. entre un Champagne Blanc de Noirs et un Chambertin), la robe et la structure peuvent être très différentes. L'on part de l'or rose jusqu'au pourpre sombre. Mais d'une façon générale, les tannins sont fins, soyeux, avec une acidité présente mais discrète, et une finale plus ou moins « mâchue » selon les terroirs.

Version bulle


Beaucoup l'ignorent, mais un une majorité des champagnes est produite avec des raisins noirs : le pinot noir et le pinot meunier. Le second est une variation génétique du premier. Il se distingue visuellement par un fin duvet blanc recouvrant le feuillage, comme si de la farine était saupoudrée dessus (d'où meunier). Alors que les champagnes à base de pinot noir ont une grande réputation, ceux à base de pinot meunier sont souvent dédaignés. Aujourd'hui, certains viticulteurs essaient de faire changer les choses en lui donnant ses lettres de nobles, comme Jérôme Prévost avec les Béguines ou Benoît Tarlant avec la Vigne d'or (un 100 % meunier, superbe !). Il est aussi possible de faire du rosée de saignée à partir de meunier, comme le fait Laherte (hélas, plus disponible pour l'instant).

Il est intéressant de déguster des 100 % pinot noir afin de se rendre compte de ce qu'il apporte à un champagne. C'est le cas de la Vigne Beugneux de Moutard.Avec 90 % de pinot noir comme le Grand Cru Mailly de Francis Boulard (et fille), ça marche aussi. D'autant que c'est vraiment la classe au-dessus :  nous sommes vraiment là sur un champagne gastronomique qui accompagnera à merveille terrine de foie gras, volaille truffée, Chaource...

Pour les budgets serrés,  vous pouvez tenter le Pinot noir 2006 de Denois, élevé sur lattes durant 6 ans, qui n'a rien à envier à de nombreux champagnes.

Rouge "classique"


Commençons par le berceau du pinot noir : la Bourgogne. Il existe des versions légères, toutes en finesse, comme l'Envol des Rouges-Queues ou le Chant de la tour de Tripoz. Puis des versions toutes aussi fines, mais avec plus de fond comme le Savigny les Beaune de Chandon de Briailles, le Pernand Vergelesses du même producteur ou Orchis Mascula de Claire Naudin-Ferrand. Avec le Gevrey-Chambertin ou le Nuits-Saint-Georges, on monte en densité, pour finir avec des pinots puissants – tout en restant élégant – comme le Corton Grand Cru les Bressandes 2009. Pour les impatients, signalons qu'il nous reste quelques Corton Clos du roi 2001, prêts à boire.


Il est peu de dire que l'Allobrogica a essaimé depuis la Bourgogne, avec des résultats pour le moins variés. Déjà dans la Champagne sus-nommée, où l'on trouve les Bouzy. En Alsace, où ils ont été longtemps dilués et sans intérêt. Depuis quelques temps, certains vignerons font de très jolies choses avec ce cépage, comme Laurent Barth, que ce soit dans sa simple cuvée, ou dans la très belle cuvée M (comme Marckrain, le grand cru qu'il n'a pas le droit de nommer, car ce cépage n'est pas considéré comme noble. Tssss...). Et puis il y a la version grande classe signée Zind Humbrecht.


On le retrouve aussi dans le Jura, avec la même volonté de sortir aussi de la lavasse longtemps vendue aux touristes de passage : Aide-mémoire de Bornard, Cuvée Julien de Ganevat, En Barberon de Tissot. Trois vins de caractère qui demanderont un peu de garde pour s'exprimer au mieux. 


Et puis, on s'éloigne un peu des terres bourguignonnes, mais on reste en général en altitude, car la fraîcheur sied à ce cépage (comme à son descendant le chardonnay) : dans le Cher à Sancerre où il est arrivé 10 siècles avant le sauvignon blanc, et à Menetou-Salon ; en Savoie avec le Chautagne de Jacques Maillet ; sur les hauteurs de Bédarieux avec les Pomarèdes de Clovallon et à Limoux avec le Pinot noir de Denois.

Version douce


Nous eûmes à une époque des liquoreux en "blanc de noir" (comme la Lune rousse de Simonis) mais pour l'instant, c'est un peu la misère... Pour le moment, il faut se contenter du Macvin de Pinot noir de Tissot (muté au marc du Jura). 


jeudi 25 juillet 2013

600 personnes nous aiment... le moment de faire des stats



Nous venons d'atteindre la barre des 600 "j'aime" sur  notre page Facebook. Un nombre qui comment à être suffisamment important pour nous donner des statistiques fiables sur nos "fans".

Il y a 76.6 % d'hommes et 20.8 % de femmes (ce que je trouve pas trop mal dans ce monde du vin très masculin). Et puis tout de même 2.6 % de personnes au genre improbable. Ça doit être le côté "Vins étonnants" qui les attire...

Pour la pyramide des âges, je préfère vous faire un copié-collé, ce sera plus clair :


Notons que les 35-44 ans représentent environ 40 % des fans, et les18-34 ans un peu plus de 30 %. Bon, un peu normal : Facebook est plus utilisé par les djeunz. Nous avons tout de même 10 % de 55 ans et plus !

Pays d'origine de nos fans (20 en tout !)

456
France
49
Belgique
12
Italie
9
Canada
6
Allemagne
6
Espagne
5
Finlande
5
Pays-Bas
4
États-Unis d’Amérique
4
Brésil
3
Luxembourg
3
Royaume-Uni
3
Suisse
3
Danemark
2
Taïwan
2
Liban
2
Mexique
2
Pologne
2
Norvège
2
Thaïlande



Merci à tous pour votre fidélité. N'hésitez pas à faire connaître notre page à vos amis :-)

mardi 23 juillet 2013

Ne dites pas à ma mère que je vends du Châteaumeillant, elle me croit pianiste dans un bordel



Si on m'avait dit un jour que je vendrais du Châteaumeillant, j'aurais dit "non mais tu m'as regardé, eh, fada !" Ceci dit, c'est plutôt plus crédible que mon boulot de pianiste dans un bordel, vu que je suis un handicapé total du clavier (pour les jeunes générations qui se demandent ce que c'est que cette histoire de piano, voir ICI). 

Jusqu'à lundi dernier, j'avoue, j'avais une basse estime du Châteaumeillant. Il faut dire que j'ai vécu quelques années dans le Cher où il est produit, et il est peu de dire que je n'en avais jamais rien entendu de flatteur. Et puis, il y a les hasards de la vie. La rencontre qui change tout. Et tout bascule. Fô que je vous raconte...

Benoît Dutheil, néo-vigneron (de Châteaumeillant !) est un ami d'un client de notre site. Il lui a fait déguster son premier millésime (2012). Son ami lui dit : "C'est bon, ça ! Tu devrais le faire goûter à Vins étonnants, ça pourrait les intéresser." Benoît Dutheil nous contacte donc, et vient jusqu'à nos locaux pour nous faire découvrir non seulement son vin, mais aussi celui d'une néo-vigneronne, Solange Guérin, avec qui il partage le chai de vinification (enfin, ME faire découvrir, puisque Eric R, alias Lepatron, est en vacances) . Résultat : LE choc ! Du Gamay comme rarement j'ai bu, bien mûr, et pas marqué par la "carbo" ni la barrique (que de la cuve). Sur les deux domaines, nous sommes vraiment sur la micro-production puisqu'ils font chacun un demi-hectare, et que les rendements ont été faibles en 2012 (18 hl/ha) . Il n'y a donc que 900 bouteilles de chacune des cuvées.

Les soins apportés à la vigne et au chai sont dignes d'un cru bordelais : vignes enherbées et tondues. Effeuillage manuel et vendanges en vert. Vendanges manuelles lorsque le raisin a atteint une maturité parfaite (quand le pépin a le goût de noisette). Réception avec table de tri. Eraflage total, sans foulage, avec encuvage à l'aide d'un tapis convoyeur. Dans un premier temps, il y a une fermentation intracellulaire, un peu comme en Beaujolais. Les baies finissent par libérer leur jus. Elles sont alors pressées. Le moût qui s'est écoulé + le "moût de presse" sont assemblés puis finissent ensemble la fermentation en cuve comme le feraient un rosé ou un blanc.

Le résultat, ce sont des vins qui ont un très beau fruit, sans le côté "macération carbonique" dont je me lasse vite. Des tannins fins, soyeux, mais aussi une belle chair veloutée, non dénuée de profondeur. Et une persistance assez étonnante, prouvant qu'ils sont beaucoup plus que des vins de soif, même s'ils sont faciles à boire.

La grosse différence entre les deux, c'est le sol, car sinon, le vinificateur est le même. Alors que le domaine de Benoît est à moité sur des sédiments, à moitié sur des mica-schistes, celui de Solange est 100 % sur mica-schistes (avec un socle granitique en dessous).

La Coccinelle a une matière plus dense et charnue, avec un côté plus large que long pour reprendre la rhétorique montilienne, alors que l'Envie est plus longue que large, avec une finesse et une tension très schiste que j'adore. Mais franchement j'ai du mal à départager les deux.

Reste le prix (12.50 €), évidemment pas donné pour un vin d'une petite appellation comme Châteaumeillant. Je répondrais que :
- le rapport qualité/prix est malgré tout franchement bon. Il y a un paquet de vins plus cher que ça qui sont loin d'avoir leur niveau
- malgré le prix pro relativement élevé pratiqué, l'affaire n'est pas vraiment rentable pour nos micro-vignerons. En dessous, il vaudrait mieux qu'ils arrêtent tout de suite. Or ça, ce serait dommage : on peut vraiment considérer que dès leur premier millésime, ils sont les locomotives qualitatives de cette toute nouvelle AOP (2010). Leur initiative demande à être encouragée !



vendredi 19 juillet 2013

Tout, tout, tout sur le Chardonnay




Nous allons essayer au fil des mois de faire une fiche sur chaque cépage présent sur Vins Étonnants. Ce sera aussi l'occasion de présenter les vins issus de celui-ci. Cela pourra donner à certains l'idée de faire des repas ou des dégustations mono-cépages...

Le Chardonnay est originaire de Bourgogne et reconnu depuis le Moyen-Âge. Comme les cépages Aligoté, Auxerrois ou Melon de Bourgogne (et même le Gamay), il est issu d'un croisement entre le Pinot Noir et le Gouais blanc (quasiment disparu de nos jours). De la Bourgogne, il s'est rapidement multiplié dans les régions viticoles voisines : Champagne au Nord, Jura à l'Est. 

Ce cépage se travaille assez facilement, si ce n'est qu'il est sensible aux gelées de Printemps, mais aussi à la sécheresse (mais ce dernier point n'est guère un problème avec les sols calcaires ou marneux dans lequel il est majoritairement planté). Le fait qu'il soit le cépage des vins blancs les plus prestigieux du monde a beaucoup aidé à sa multiplication dans les pays étrangers, particulièrement aux USA (24 000 hectares là-bas vs 30 000 en France). Le Chardonnay peut être vendangé à des maturités très variées, du presque vert (en Champagne à 9° potentiel) jusqu'au botrytisé/passerillé (dans le Maconnais à 15-20° potentiel). 

Arômes : citron, pamplemousse, menthe, mousseron, silex, pierre à fusil (si limite mûr), amande, noisette, pomme, poire, aubépine, chèvrefeuille (si mûr), beurre, fruits secs grillés, pain toasté, pêche, vanille (si mûr et en barrique), ambre, orange confite, mangue (si surmûr). 

Bouche : souvent ronde, ample, avec une fine acidité bien intégrée. Peut devenir lourd et déséquilibré dans des conditions climatiques trop « sudistes ».

Version bulle


Hormis quelques exceptions, tous les blancs de blancs champenois sont à base de Chardonnay. Notre gamme est assez étendue en la matière, allant du consensuel Champ Persin de Moutard jusqu'à l'exigeant Rachais de Boulard, en passant par le Blanc de Blancs Nature de Laherte, ou le rarissime Vigne d'antan de Tarlant (issu de vignes non greffées).

Pour les personnes aux budgets plus serrés – mais n'ayant pas des palais moins exigeants – il y a le BBF de Tissot, le Blanc de Blancs de Denois ou le Crémant de Bourgogne de Tripoz. 

Version sec


Selon le terroir où il a été cultivé – mais aussi selon la date à laquelle le vigneron décidera de le ramasser, le millésime... – le Chardonnay pourra présenter des visages très différents. Rien qu'en Bourgogne, il y a un peu plus de 200 kms entre Chablis et Mâcon, et cela se ressent. Si vous goûtez un Butteaux de Thomas Pico, un Corton de Chandon de Briailles, un Maranges des Rouges queues, ou un Pouilly-Loché des Tripoz, vous aurez des expressions variées de ce cépage caméléon.


Et puis vous avez le Jura, l'autre pays du Chardonnay. Rien que chez Tissot, vous avez une palette assez incroyable : Empreinte, En Barberon, Bruyères, Graviers, Mailloche... Itou chez Ganevat, avec Florine, les Chamois du Paradis, Grusse en Billat, les Grands Teppes, Chalasses... Vous aurez encore des expression différente chez Bornard, avec les Gaudrettes et le Blanc de la rouge. Ah, j'allais oublier les deux cuvées d'Etienne Thiébaud : Guille-Bouton et Messagelin.

Le Chardonnay peut se retrouver en Loire sous le nom d'Arnoison. Mais aussi dans le Languedoc. Il donne son meilleur dans la région de Limoux, située en altitude. C'est de coin-là que provient la cuvée Sainte-Marie de Jean-Louis Denois, mais aussi Oppidum (80 % Chardonnay, complété par du Chenin et du Mauzac). Il existe aussi une version sans SO2 du même Denois : Mes vignes de Saint-Paul.

Finissons en douceur



Il y a d'abord la version involontaire avec les Morandes 2010 des Tripoz. Les levures avaient refusé de transformer tous les sucres : le vin est donc un demi-sec (20 g de sucres résiduels).

Et puis, il y a les "intentionnelles" comme le Morillon de Jeff Carrel, l'un des vins les plus plébiscités de notre site. Il y a ensuite les versions "totalement barrées" comme le Champignon magique (hélas disponible un mois par an....) ou Delphine de Margon (hélas, non dispo non plus pour l'instant...)

Finissons par les plus sucrées, puisque les raisins sont séchés sur la paille : il y a la version corrézienne (en assemblage avec du Sauvignon) et puis la jurassienne (en assemblage avec du Savagnin et du Poulsard).


mercredi 17 juillet 2013

Non, le Sylvaner n'est pas condamné à la médiocrité



Le Sylvaner est un peu le parent pauvre de l'Alsace. Vu qu'il ne fait pas partie des cépages dits "nobles", la plupart des viticulteurs semble le traiter avec mépris, se contentant de produire un vin acide et sans intérêt. Un peu peu le Muscadet – dans le pire terme – de la région. Mais nous sommes ici à Mittelbergheim, l'un des plus beaux villages de France, mais surtout le seul qui s'est battu pour défendre la qualité du Sylvaner. Les vignerons locaux ont obtenu le droit d'apposer la mention "Grand Cru" sur les vins de ce cépage planté sur le Zotzenberg.

Les vieilles vignes qui donnent naissance à ce  Sylvaner sont plantées sur un coteau argilo-calcaire de Mittelbergheim. Elles ont au minimum 30 ans.

La robe est or clair.

Le nez expressif évoque la pomme rôtie au beurre, le foin coupé, l'ananas

La bouche est  ample, mûre, charnue, avec un  très léger perlant qui apporte de la fraîcheur et du peps, et de nobles amers (gentiane, écorce d'agrume) qui montent crescendo jusqu'à une finale savoureuse, intense, de belle longueur.

C'est vraiment très bon, à l'antithèse du Sylvaner hélas habituel, et l'on verrait bien ce vin avec une cuisine exotique, épicée.


mardi 16 juillet 2013

Baco : le goût de l'interdit


Le Baco noir a été conçu au début du XXème siècle comme une solution au phylloxera : plutôt que de faire une greffe d'une vigne française sur un pied américain, pourquoi pas faire un croisement entre un cépage américain (Vitis Riparia) avec un cépage français (Folle blanche, cépage de Cognac) ? C'est que l'on a appelé un hybride producteur direct. Et comme le monsieur qui a eu cette idée s'appelait François Baco (en photo ci-contre) le cépage a pris son nom. Notons qu'il existe un Baco Blanc qui s'appelle précisément Maurice Baco, nom du fils de François, mort prématurément.

Le déclin du Baco noir a démarré dans les années 30 lors de la naissance des AOC. On considérait qu'il donnait des vins trop typés (foxés) qui trahissaient leur terroir d'origine. Par ailleurs, on a découvert que les vins issus d'hybrides contenaient un peu de méthanol, dangereux pour la santé. En fait, tout le monde s'accorde à dire que les quantités de méthanol sont si faibles qu'elles ne présentent pas de danger. Mais quand on veut tuer un chien, on dit qu'il a la rage...

Dans les années 50, un décret européen a signé définitivement la fin des hybrides. Il ne subsiste que quelques vieilles vignes increvables. Seul le Baco blanc continue à être autorisé dans l'AOC Armagnac. Il faut noter que l'on s'intéresse de nouveaux aux hybrides aujourd'hui, car ils sont résistants à toutes les maladies et n'ont pas besoin d'être traités. 

Le vin dont nous parlons aujourd'hui provient donc de vignes cultivées dans la région du Forez. Les Mondon ont compris que pour éviter les arômes "foxés", il fallait récolter le raisin en surmaturité. Ceci dit, l'on n'obtient qu'un vin à 13° d'alcool. 

La robe est pourpre sombre.

Le nez est raffiné, très gourmand, évoquant la cerise noire bien mûre, la quetsche, avec une touche de noyau, de cacao et d'épices

La bouche est ronde, douce, aux tannins soyeux, avec un fruit d'une grande pureté. On ne peut être que bluffé par l'équilibre et le naturel de ce vin. Une certaine forme de perfection.

La finale est  savoureuse, épicée, nette, avec une légère amertume non dérangeante.

Franchement un régal. Servez-le à l'aveugle : vous risquez d'épater vos invités avec ce Baco (11.50 €). 


vendredi 12 juillet 2013

Et si l'on autorisait le Zinfandel en France ?


Eric R. avait écrit un chouette truc sur le Zinfandel. On va donc faire un copié/collé ;-)

Le Zinfandel est cultivé presque exclusivement en Californie dont sont issus des vins de styles très différents : blanc sec, blanc doux, du rosé couleur oeil de perdrix à des rouges dont la douceur et l'épaisseur rappellent le Porto. Les frères Teisserenc ont eu l’idée originale et novatrice d’en implanter dans le Languedoc en tant que cépage expérimental. Il n'existe donc officiellement qu'un seul hectare de Zinfandel planté en France. La controverse sur l'origine de ce cépage est sans doute close. Il a longtemps été présenté par les viticulteurs californiens comme étant originaire de leur état. Une affirmation réfutée par la science : les chercheurs ont montré qu'il s'apparentait à un cépage italien nommé Primitivo, une parenté reconnue depuis juillet 2000 par les autorités américaines. Les producteurs italiens se voyaient ainsi autorisés à exporter des vins étiquetés Zinfandel. On pourrait donc croire que le Primitivo a été exporté vers l'Amérique. Que nenni :  il est arrivé en Italie APRÈS son apparition outre-Atlantique. Des spécialistes ont alors pensé que l'origine du Zinfandel était un cépage croate du nom de Plavac Mali. Mais il s'est avéré que celui-ci était un fils du Zinfandel, pas le contraire. Les grands moyens ont donc été sortis pour analyser l'ADN d'un nombre incroyable d'échantillons de vins croates. Le vrai parent du Zinfandel a finalement été trouvé: le Crljenak Kaštelanski, (prononcez "tsirl-ye-nak", certes difficile pour nous autres latins). Ce cépage était abandonné et presque disparu. La découverte a relancé sa culture.

Pendant longtemps, ce vin de table s'appelait simplement Z,  car il était interdit de mentionner le cépage. Aujourd'hui, c'est autorisé en vin de France (si l'on est agrémenté auprès d'Agrimer).

Pour aboutir à ce Zinfandel, les baies macèrent à froid avant la fermentation (9 °) afin d'extraire de la couleur et du fruit, puis la température est élevé à 25 °, ce qui permet de ne pas extraire des tanins trop durs (à 30° ce serait autre chose…). Le vin est ensuite élevé 12 mois en barriques (2/3 en fûts de chêne américain, 1/3 français).

La robe est grenat translucide, avec de légers reflets d'évolution.

Le nez raffiné, complexe, évoque les fruits bien mûrs, patinés par le temps, la réglisse, les épices orientales... On croirait sentir un  Rioja Gran Reserva, ce qui n'est pas déconnant, car ils sont pour la plupart élevés aussi en fûts de chêne américain.

La bouche est ample, douce, enveloppante, avec des tannins superbement fondus, et une fraîcheur sèveuse et tonique qui monte crescendo, jusqu'à devenir explosive en finale sur des notes de plantes médicinales (eucalyptus, ciste) et d'épices. C'est vraiment détonnant, à la limite du jubilatoire. L'harmonie est totale, sans une trace de lourdeur.

Vraiment un très beau vin qui sort totalement des sentiers battus. Son équilibre et sa fraîcheur malgré les 14° affichés devraient faire réfléchir l'Inao : ce cépage pourrait faire partie de l'avenir du Languedoc.


jeudi 11 juillet 2013

L'entêté : 80 % Syrah + 20 % Syrah = 100 % Plaisir


Il est arrivé sur la même palette que le Noir de Piquepoul . Mais l'Entêté avait un pouvoir d'attraction moins important. Un côté moins mystérieux, sans doute. Pourtant, il y avait quelque chose d'intriguant sur sa fiche technique : 80 % Syrah, 20 % Syrah. Ça, c'est un sacré assemblage ! J'imagine que puisque le monocépage est interdit dans les AOP languedociennes, l'ami Jeff C. s'est dit : "ils veulent de l'assemblage ? Faisons-leur un assemblage !..." Mais franchement, la ficelle est un peu grosse, non ?

Bon, quoiqu'il en soit, nous sommes donc sur un vin 100 % Syrah sur terroir argilo-calcaire. La fermentation alcoolique se fait en cuve, avec pigeages réguliers, puis l'élevage se fait  8 mois en demi-muids (= grosses barriques) puis 8 mois en cuve. 

La robe est  pourpre sombre.

Le nez expressif évoque la cerise noire bien mûre, la framboise, le poivre blanc, avec une touche de réglisse.

La bouche est toute en  rondeur, avec une chair pulpeuse au toucher velouté. L'ensemble est  très gourmand,épicé, avec une sacrée fraîcheur (on pourrait se croire en Rhône Nord)

La finale est vraiment savoureuse, bien relevée par le poivre et l'olive noire (un soupçon de violette aussi).

Un vin super gourmand, facile à boire, pas lourd, ni trop typé. Une belle réussite à un prix raisonnable (8.80 €).



mercredi 10 juillet 2013

Le cahier de vacances de la vigne et du vin



Ayant pris le pli de faire promouvoir nos vins par une caviste belge, j'ai décidé à partir d'aujourd'hui de faire sous-traiter le plus possible. Si l'été est le moment idéal pour s'instructionner, le cerveau étant plus disponible, encore faut-il trouver une âme dévouée prête à passer plein de temps à dénicher des choses sympa à raconter, faire des p'tits quizz, etc.

C'est le site Winetourisminfrance qui s'y colle, avec talent et persévérance, puisqu'il y a un devoir par jour que vous pouvez allez consulter sur ce site dédié ou le recevoir par mail.

Les réponses aux questions posées le jour J sont données le jour J+1.





lundi 8 juillet 2013

Et si vous visitiez la France viticole en métro ?


Se repérer dans la complexe France viticole comme on peut le faire dans le métro, telle était l'idée de l'architecte américain David Gissen.

Julien Dellier, un jeune chercheur de l'Université de Limoges a eu l'idée de creuser un peu plus l'idée en étant totalement exhaustif. Il en résulte une carte beaucoup plus complexe qu'il convient d'avoir en haute définition, sous peine de passer à côté de plein de choses. Elle est disponible sur son site créé pour l'occasion : www.vinometro.fr .


Elle offre de plus l'avantage d'avoir un index comme sur les plans de ville, histoire de retrouver facilement une appellation sur la carte. Notons qu'on y apprend plein de choses. Perso, je ne savais même pas qu'il existait des IGP Thézac-Perricard (cépages Côt, Merlot, Tannat), Pays Cathare ou Landes-Sables de l'Océan...

Elle est téléchargeable en haute-définition sur son site.

vendredi 5 juillet 2013

Offrez un livre dédicacé !


Bon, allez, c'est la minute d'auto-promo. J'ai commis ce livre il y a bientôt trois ans, préfacé par le grand Hugh Johnson et positivement critiqué par la presse, de la RVF au Rouge et le blanc en passant par le Point. Nous nous sommes dits que nous allions être le seul site de vins en France à envoyer des livres dédicacés, sans supplément, of course.



Sachant que d'ici quelques mois, vous aurez aussi la possibilité d'offrir le livre sur Saint-Émilion qui sort en octobre prochain (et qui continue pour l'instant à occuper mes temps libres). Oui, z'avez bien lu, c'est Pierre Arditi qui signe la préface, ce coup-ci. Par contre, il fera pas les dédicaces ;-)

jeudi 4 juillet 2013

Noir de Piquepoul : 'tain c'est bon, ça !...



Autant le Picpoul blanc est connu grâce à l'appellation Picpoul de Pinet (dit le Muscadet du Suuuuud), autant le noir est d'une grande discrétion même s'il fait partie de la grande famille des 13 cépages de Châteauneuf du Pape (mais ce n'est pas celui que l'on voit le plus...). D'après Wikipédia (mais qui apparemment s'est documenté chez Pierre Galet), "il donne un vin rouge peu coloré, avec une bonne acidité et un bouquet riche. Le piquepoul noir est vinifié généralement en assemblage avec d'autres cépages." Dégustation faite, je me retrouve totalement dans ce commentaire car j'ai pu le boire non-assemblé. Et vous allez pouvoir le faire aussi, bande de veinards !

Car il existe un énergumène qui a osé en produire en mono-cépage. Nous l'appellerons Jeff C. Avec l'idée d'en faire un vin d'été, idéal avec des grillades ou une pizza. Mission remplie, comme d'hab ;-)

La robe est grenat translucide.

Le nez gourmand pète de fruits, sur des notes de fraise, de cerise, de noyau, d'épices...

La bouche est ronde, souple, avec là encore du fruit en veux-tu en voilà, et une grosse fraîcheur pour un vin du sud.

La finale est légèrement mâchue, et surtout pleine d'épices (et un côté bonbon aux fruits).

Ce Noir de Piquepoul est un vin simple, gourmand, sans prétention, avec un très bon rapport qualité/prix (6.50 €).

PS : contrairement à d'autres vins dont j'ai parlé ici, il ne gagne pas à être bu sur plusieurs jours. Si le fruit reste, les tannins ont tendance à se durcir un peu.



mercredi 3 juillet 2013

L'ivraie à soie : un vin extra-ordinaire !



Le terme extra-ordinaire est ici repris dans son sens originel : qui sort totalement de l'ordinaire. Cela ne veut donc pas dire l'ivraie à soie sera l'un des meilleurs vins que vous aurez pu boire, mais il fera certainement partie des plus surprenants. Nous retrouvons ici pleinement la mission originelle de notre site : vous étonner

Il faut dire que ce vin, c'est un peu Moïse sauvé de la distillerie. Normalement, c'est là-bas que finissent les bourbes (= partie la plus lourde et la moins pure du moût qui tombent par gravité au fond de la cuve). Dans le Forez, c'est encore l'Auvergne : rien ne se perd. Les bourbes des différentes cuvées de viognier du domaine (Aldebertus, Tchalande, Diana) sont donc récupérées et décantent tranquillement des mois durant d'abord en cuve, puis en barriques. Cela explique cette inhabituelle couleur saumon, mais aussi cette matière épaisse, pulpeuse, presque grasse.

Le nez est très expressif  : pêche, abricot, muscat frais. Il peut y avoir aussi des notes de réduction : il est donc conseillé de le carafer quelques heures.

La bouche est d'une grande ampleur, ronde et douce, avec comme je le disais un côté pulpeux, épais, limite gras, mais aussi une sacrée fraîcheur et une bonne intensité aromatique. Cela ne ressemble vraiment à rien de connu. 

D'autant que l'on s'attendrait à une douceur en finale. Nada. C'est totalement sec, bien net, sans fioriture, avec un goût de raisin muscat de Hambourg que l'on vient de croquer.

Pour apprécier ce vin à sa juste mesure, il faut le boire à 14-15 °. En dessous, il paraîtra plus raide et sec.


mardi 2 juillet 2013

Qu'est-ce qu'un vin d'auteur ?

La question nous a été posée récemment, et nous avons tenté d'y répondre. Voilà ce que ça donne...


J'sais pas pourquoi...
J'pense à Courtois.


Celui-ci peut être tellement divers selon la personnalité de leur géniteur, qu'il est plus facile de définir ce qu'il n'est pas. Un vin d'auteur, c'est tout sauf un vin standard, stéréotypé, fait pour plaire au plus grand nombre. Il est donc rarement produit en millions d'exemplaires, se copiant lui-même de millésime en millésime. Un vin d'auteur, c'est donc un vin qui ne ressemble pas à celui du voisin. Qui d'année en année évoluera en fonction des caprices de la météo et de l'humeur de l'auteur – les deux pouvant être liées. Car l'auteur ne se fie pas à des études de marché pour mener sa barque. Il fait son vin comme il le sent, comme il l'aime, comme il le peut, parfois... Et tant pis s'il ne plaît pas à tous. 

C'est pour cela que les vins d'auteur sont parfois classé en « vin de table » ou en « vin de France ». Parce que le vigneron n'a pas planté le cépage autorisé*, fait l'assemblage ou la vinification recommandés dans l'appellation**. Il est souvent un peu rebelle, notre auteur. Mais c'est pour cela qu'on l'aime !... Ceci dit, les vins d'auteur ne sont pas systématiquement marginaux : il sont présents dans la plupart des appellations, et peuvent faire partie de l'élite de celles-ci***. Car ils ne se contentent pas d'avoir de la personnalité : ils sont bons, en plus ! Avec en général un degré de torchabilité très élevé : on ne s'en lasse pas au bout de la première gorgée. Comme les vins d'auteur ne sont pas chaptalisés, levurés, bidouillés... ils peuvent présenter des profils très différents selon le millésime. 

À nous (revendeurs et consommateurs) de les accepter comme ils sont, et de rester fidèle aux producteus, car ils ont besoin de nous pour poursuivre leur activité. 
 ______________________________ 
 * Par exemple, le Touriga Nacional dans le Minervois, ou la Syrah en Côtes du Forez. Ils sont fous, ces auteurs ! 
 ** Certains vignerons osent produire des liquoreux avec du Mourvèdre ou un pétillant naturel avec du Pineau d'Aunis 
 *** comme ceux de Jean-François Ganevat dans le Jura ou de Zind-Humbrecht en Alsace

lundi 1 juillet 2013

La petite perle ardéchoise !


Le nom de cette cuvée fait penser à une époque pas si lointaine où le producteur devait donner un indice sur l'étiquette pour que le consommateur sache ce qu'il était en train de boire. Cela s'est assoupli aujourd'hui, mais pourquoi rebaptiser une cuvée lorsqu'elle a un nom sympa ? Le petit merle ardéchois, vous l'aurez compris, c'est une cuvée 100 % merlot en VDP de l'Ardèche. Un terroir de granit, classique en Rhône Nord,  mais assez inhabituel pour ce cépage, généralement planté sur argilo-calcaire. Du coup, le merlot ne ressemble plus vraiment à du merlot, c'est assez troublant. Je crois qu'à l'aveugle, je l'aurais placé en syrah, une grande habituée du granit. Et c'est là qu'une grande question survient : les particularités que l'on attribue (à tort ?) à la syrah viennent-elles vraiment du cépage ou du terroir ?

La robe est violacée et translucide.

Le nez est fin et profond, sur le poivre, la framboise, l'encens, et même une touche de rose séchée.

La bouche est ronde, accueillante, avec une matière mûre et dense, fruitée, avec un très bel équilibre : c'est frais, les tannins sont soyeux. On se régale ! À noter qu'il y a un peu de gaz carbonique au départ que j'ai éliminé en secouant la bouteille (non, ça ne nuit pas au vin).

La finale est gourmande, sans dureté, avec des fines notes poivrées.

La bonne nouvelle, c'est que ce vin est en ce moment en promo : 11.82 € au lieu de 13.90 €. Profitez-en !