lundi 30 septembre 2013

Elle est belle, Adèle !...



Adèle, c'est la soeurette de Chat fou, mais en plus raisonnable. Ici, pas d'assemblage surréaliste de cépages noirs et blancs. Mais au contraire une simplicité biblique : de la Clairette, rien que de la Clairette. Oui, le cépage que l'on retrouve à Die, les bulles en moins (et sans Muscat). La vinification et l'élevage sont tout aussi simples, en cuve, sans sulfites. Aucune filtration. Et juste un peu de SO2  à la mise pour éviter qu'il parte en vrille. C'est vrai que ce serait dommage...

La robe est or clair, brillant.

Le nez est généreux, sur la poire, la pêche et l'abricot, avec une petite touche herbacée

La bouche est ronde, fraîche, avec l'impression d'avoir la pulpe du raisin qui éclate en bouche, avec un goût intense de fruits blancs et jaunes. Il y a vraiment un côté digeste très rare en Rhône Sud (les vignes sur granit à 300 m d'altitude y sont peut-être pour quelque chose.

En finale, on retrouve une légère mâche, mais surtout du fruit à revendre sur le marché de Cavaillon (poire et pêche).

Un vin que l'on imagine plutôt pour l'apéro, mais qui devrait aller sur des fromages de chèvre affinés, du melon, une salade de fruits... Bon rapport qualité/prix (9.70 €)

Pinot noir 2012 de Meyer : j'ai fait un rêve...



Honnêtement, je ne savais trop à quoi m'attendre lorsque j'ai ouvert cette bouteille de Pinot noir 2012 de Patrick Meyer. J'ai toujours une petite appréhension avec les vins sans sulfites ajoutés. À peine est-il versé dans le verre que mon appréhension disparaît. Le nez a un fruit d'une rare pureté, souligné par des notes florales. Le pinot noir dans toute sa splendeur !

Même si je passerais des heures à respirer un vin comme ça, je n'ai pas trop d'hésitation à le déguster : la bouche est ronde, juteuse, explosive de fraîcheur, juteuse, avec des tannins fins, soyeux. Et puis toujours cette pureté et cette gourmandise totale !

Cela se conclut sur une fine mâche où se mêlent fruits et épices, fruits ... et surtout une grosse envie d'en boire une autre gorgée.

Le lendemain, aucune trace d'oxydation ou de volatile : le vin s'est juste densifié et a gagné en complexité aromatique tout en perdant un peu en fruits frais (plus minéral  et épices).

Le surlendemain, itou (alors que la bouteille était au 3/4 vide, et pas au frigo) : toujours pas d'oxydation, ni de durcissement. Le vin a juste évolué, faisant penser à un Volnay de 5-6 ans.

On se prend à rêver que tous les "vins nature" ressemble à ce vin car il mettrait définitivement fin à la guerre stérile que se livrent depuis des années les pro et les anti. Il est probable que certains "naturistes" trouveraient que cette pureté est suspecte, mais par contre, les anti devraient remballer leur arsenal 'bioconnicide" car ils n'auraient plus aucun argument à avancer. Non seulement ce vin ne pue pas à l'ouverture, mais il offre une rare résistance à l'air. Ce n'est qu'un rêve pour l'instant, mais un pasteur noir nous a appris que parfois ils peuvent se réaliser au-delà de toute espérance.


vendredi 27 septembre 2013

Allez hop, Champagne !



On s'emm... pas, à Vins étonnants. Une petite soif à étancher, et hop... Champagne ! Mais attention, c'est de la picole utile : on TRA-VAILLE, messieurs-dames. Là, en l'occurrence, c'est pour tester l'une des deux dernières nouveautés de Bourgeois-Diaz : un Blanc de Noirs appelé sobrement 'N. Il est composé à 70 % de Pinot Noir et 30 % de Pinot Meunier, et il est tout aussi sobrement dosé : 4,5 g /l. Juste le dosage qu'il faut, je trouve. Pas trop sec comme certains Brut Nature. Mais pas lourd du tout comme beaucoup de Brut(e)s overdosé(e)s.

La robe est d'un or très légèrement rosé, avec de très petites bulles qui viennent en désordre (pas de joli cordon, désolé).

Le nez est de belle intensité, et assez complexe : fruits rouges (framboise, groseille), léger grillé, coing frais, soupçon de brioche.

L'attaque en bouche est fraîche, tonique, pour gagner ensuite en ampleur et en intensité. Les bulles  sont juste là pour titiller agréablement le palais, sans jamais l'agresser. Il y a une sacrée vinosité alliée à une droiture limite implacable qui en fera un beau Champagne de repas. L'aromatique est très "coing", pouvant presque laisser penser que nous sommes en face d'un Ch'nin (c'est un compliment à mes yeux : j'adooore le Ch'nin).

Finale avec une belle mâche, et toujours ce coing... qui m'en bouche un coin, car je n'en avais jamais senti dans un champagne. En tout cas, ça fait déjà une belle bouteille aujourd'hui, et une plus grande encore dans quelques années.


jeudi 26 septembre 2013

39, département érotique ?...


 La cave se trouve au fond du vallon sur la droite, vue sur "La Roche"

Ce voyage devient maintenant rituel. Chaque année, JF Ganevat me reçoit au domaine pour me faire goûter le millésime à venir. 2011 s'annonce superbe en blanc. Les degrés d'alcool sont un peu plus élevés que sur 2010. Ils perdent un peu en finesse et gagnent en étoffe. On retrouve la tension et la longueur qui caractérisent ses vins. De grands blancs en perspective ! Les rendements ont été normaux, nous aurons donc de quoi répondre à la demande cet automne sauf pour les rouges 2012 (cf ci-dessous).

 JF Ganevat dans une de ses caves

Mauvaise nouvelle pour vous qui attendiez Schiste 2004. Jean-François a préféré finalement un élevage oxydatif. Il n'y aura donc pas de Savagnin Marne Bleue avec élevage ouillé de 10 ans hélas.

 Une autre de ses caves. Elevage en barriques de 500L

Ceci dit, j'ai pu ramener dans mes bagages des Vignes de Mon Père 2002, du Savagnin Prestige 2009 et du Vieux Macvin 2004 (un cran au-dessus du 2003)


Toujours beaucoup de style dans la maniement de la pipette !

 JF de plus près mais flou ... :-(

La plupart de ses 2012 en blanc n'ont pas encore fini leurs sucres. On retrouve un équilibre similaire à celui de 2010. 

"La Roche" vue de la cave

2012 fut catastrophique en terme de rendement pour les rouges : 15 hl/ha. Grosso modo, 2000 bouteilles de Poulsard, 2000 de Trousseau et 3000 de Pinot Noir. Pour un problème de disponibilité de cuve, Jean-François a dû assembler la vendange de la parcelle de Pinot Noir de Grusse et celle de Julien.

 La parcelle avec moultes cépages complantés dont du Savagnin Rose.

Du fait de l'hétérogénéité de la vendange, les grains ont été triés uns par uns ! Il a profité pour effectuer une fermentation alcoolique dans le grain, sans pour autant faire une macération carbonique. Les rouges y perdent en couleur, surtout sur le Poulsard, mais une finesse et un fruit redoutable!

De petits rendements s'annoncent sur 2013 car la fleur a été perturbée par la pluie.
Les blancs 2011 et les rouges 2012 seront disponibles fin octobre. Le domaine n'effectuera l'envoi qu'après la fin des vendanges et comme elles seront tardives cette année...



Des vignes de Pupillin dans la grisaille

Passage chez Philippe Bornard, hélas absent pour récupérer quelques flacons. Nous avons refait le plein avec même quelques nouveautés. Pour les connaître, veuillez cliquer ICI.
Une cave magnifique. Deux escaliers comme celui ci-dessous pour y descendre. 




Le caveau

Pas tout jeune ce bâtiment!

Un passage éclair chez Tissot et chez Camille Loye pour refaire le plein,  et le Kangoo file vers Cramans chez Etienne Thiebaud du Domaine des Cavarodes . 2012 vient d'être mis en bouteille. L'embouteilleuse achetée en commun avec 3 autres domaines trône encore dans la cour. Il y a quelques changements dans la gamme.


La parcelle de Poulsard des Gruyères, qui était louée, a été reprise par son propriétaire (un domaine certifié bio) alors qu'Etienne venait juste d'obtenir la certification bio... Il a trouvé une nouvelle parcelle dénommée "Chemenot" sur le dessus d'Arbois, sur des marnes très argileuses.

 On attaque la dégustation avec Etienne

Vous verrez également apparaître 2 nouvelles cuvées, Trousseau des Lumachelles et Savagnin Ostréa Virgula. Les vignes étant un peu jeunes, les baies de ces 2 cuvées partaient auparavant dans les cuvées en Vin de Pays. Elle sont issues du terroir de Mouchard sur des calcaires marneux du Kimméridgien riches en lumachelles (coquille d'huîtres de l'espèce Ostrea Virgula).

Le Trousseau y gagne en puissance mais y perd en élégance par rapport au Trousseau de Messagelin assis sur des éboulis calcaire et moraines graveleuses à Montigny Les Arsures.

Etienne progresse d'année en année. Quand nous vous disions que nous tenions là un futur "grand" du Jura !!

Vous allez comprendre avec les photos ci-dessous pourquoi nous sommes en rupture 4 mois par an sur ses cuvées. C'est tout petit !!


L'espace "cuverie"



Le premier chai à barrique


Le deuxième, dans lequel nous dégustons les vins (cf photos ci-dessus). Chercher l'intruse...

A 3/4h de route, je récupère les dernières bouteilles chez Guy Bussière. Ce dernier a arrêté son activité viticole et a revendu les vignes.

mercredi 25 septembre 2013

Le bonheur a un prix : 9.90 €


Lorsque l'on boit certains vins, ils sont d'une telle évidence que l'on se demande pourquoi les autres producteurs n'en font pas de même. Où ça deviendrait presque énervant, c'est lorsque le vigneron enchaîne les perles avec une facilité déconcertante. À un moment donné, cela ne relève plus du hasard, mais du don. Éric Texier est de ceux-là. J'irais pas jusqu'à dire qu'il transforme en or tout ce qu'il touche, mais d'évidence, il donne naissance à des vins qui me touchent. Et ce, sans jouer dans la puissance et l'ostentatoire, mais au contraire, sur la finesse et la pureté. Voilà un homme qui sait me parler ;-)

Mon dernier coup de cœur s'appelle Vaison la Romaine. Pas de sens caché derrière ce nom. C'est juste la commune du Vaucluse où se situe une parcelle de Grenache (25 à 40 ans, 300 m d'altitude, sols argilo-calcaires). Un vin vinifié en douceur, à la Texier, en extrayant juste ce que les grappes veulent  bien donner. Et ça marche nickel.

La robe est d'une teinte rubis sombre tout en restant translucide

Le nez est charmeur, sur la fraise confite, la cerise noir, l'Amsterdamer, le cacao et l'écorce d'orange.

La bouche est ample, toute en rondeur, avec des tanins d'une finesse superlative, glissant sur le palais, et un fruit frais, charnu, intense.

Une fine mâche finale rappelle l'origine argilo-calcaire des vignes, enrichie d'épices et de tabac (brun, cette fois-ci).

Bref, un vin que je pourrais qualifier quasiment de jouissif si la pudeur ne me l'interdisait pas – ce blog doit avoir une certaine tenue, tout de même – mais je n'en pense pas moins. Et lorsque vous avez cela pour même pas 10 €, vous vous dites que notre monde n'est pas aussi mauvais que certains veulent vous le faire croire...


mardi 24 septembre 2013

Blanc ? Rose ? Orange ? J'sais plus...


La mode du "vin orange", partie de l'Est de l'Europe,  a atteint la France depuis peu, avec des résultats plus ou moins heureux. Souvent, on est plus dans le bizarre que dans le bon. Le principe de ce "vin orange", c'est de ne pas utiliser seulement le jus du raisin – comme cela se fait habituellement pour le vin blanc – mais aussi les peaux qui macèrent plus ou moins longtemps. C'est souvent là le problème : que les vins soient plus colorés, ce n'est pas bien grave, mais ils sont souvent une structure tannique digne d'un Madiran, et là, bof. 

Avec ce Klevener Nature, les Rietsch s'y sont essayés. Et pour le coup, c'est franchement concluant. Grande complexité aromatique, et une matière dense, mais pas dure ou astringente. Au contraire, ça glisse bien en bouche, rendant l'expérience très agréable.

La couleur de la robe surprend forcément : la pellicule rose du Klevener (= savagnin rose) a déteint dans le vin, et on obtient ... de l'orange !

Le nez évoque la rose séchée, le curry, l'écorce d'agrume, le malt grillé...

La bouche est d'une grande ampleur,  avec une matière douce, à la chair dense et soyeuse, et une très fine acidité. L'ensemble est parfaitement équilibré, avec une juste tension.

Cela se conclut sur une jolie finale longue et épicée, avec juste ce qu'il faut d'amer et astringence pour lui donner du caractère sans agresser le dégustateur.

Voici donc un vin définitivement hors norme, mais dont les géniteurs n'ont pas oublié qu'il devrait être bu et apprécié par leurs clients. Il est non seulement un vin idéal pour une initiation en douceur, mais il est resté en plus accessible financièrement (12,90 €) alors que ça pète souvent les plombs dans cette catégorie atypique.


Soulignons que ce genre de vin se déguste plutôt à 15-16 °C qu'à 10-12 ° (où il n'aura aucun intérêt)

lundi 23 septembre 2013

Je reconnais : je suis Désinvolte...


Même si nous avons l'une des belles collections du genre, nous ne sommes pas des buveurs d'étiquettes à Vins étonnants. Sinon, il est probable que nous n'aurions pas acheté ce vin, car ... comment dire ?... non, ne disons rien, c'est mieux ainsi ;-)

Désinvolte, c'est une cuvée 100 % Syrah signée par Guillaume Bouvet, fermentée à basse température durant cinq jours puis écoulée afin de limiter l'extraction tannique.

Nous sommes donc sur une sorte d'hybride entre le rouge et le rosé (pas au niveau de la couleur...) car c'est un vin d'une grande souplesse, qui gagne à être bu plutôt frais (15°) afin de ne pas ressentir l'alcool. Il ne revendique pas son cépage, mais cela n'empêche pas celui-ci de s'exprimer : poivre, olive noire, lard fumé. C'est bien de la Syrah. Peut-être est-ce que veulent exprimer ces lèvres pulpeuses ? En bouche, c'est une douce caresse, sans la moindre accroche, avec un mélange de fruit et de poivre.  Ca se descend presque tout seul. Un peu trop, peut-être, car vous n'éprouvez aucune satiété. 

Ce vin gagne à être aéré : sa palette aromatique se complexifie sans être gagnée par l'oxydation (la Syrah est un cépage dit "réducteur". Ceci explique cela). Vous verrez : on se fait vite à la désinvolture... ;-)


vendredi 20 septembre 2013

Eurydice va pouvoir faire la teuf' : Orphée est revenu !

 
C'est la grande nouvelle du jour : nous avons reçu une (petite) palette de Champ d'Orphée de Stéphane Lucas. J'en avais dit le plus grand bien ICI, et l'avais sélectionné dans les 10 vins qui m'ont le plus marqué depuis mon arrivée à Vins étonnants. Peut-être avez-vous déjà eu l'occasion de boire un 100 % Braucol (= Fer Servadou) mais aucun ne ressemble à celui-là qui est profondément jubilatoire. A essayer absolument !


Les sens du fruit : un autre visage du sauvignon


Franck Pascal, le paysan-vigneron du Jonc blanc, a beaucoup de mal avec les arômes dits "variétaux" du sauvignon : bourgeon de cassis, buis, pipi de chat et j'en passe... Aussi le ramasse-t-il bien mûr pour être sûr qu'ils ont disparu. Malgré tout, il est bien de garder de la fraîcheur, sinon on peut vite tomber dans le déséquilibre. Sur 2012, la mission me semble remplie.

Signalons que vous avez dans ce sens du fruit  deux sauvignons pour le prix d'un, car il contient aussi du trop rare sauvignon gris, et un peu de sémillon. Contrairement à Acacia, la vinification et l'élevage se font en cuve. Sur ce millésime, la fermentation fut particulièrement laborieuse, comme chez pas mal de vignerons "nature" qui refusent d'utiliser les levures du commerce. Le vin a fini de fermenter au bout de presque neuf mois !

La robe est d'un or intense, avec des larmes sur les parois du verre (le  bébé fait 14°)

Le nez est riche et complexe sur la pomme chaude, la mirabelle, la pâte d'amande, avec une petite touche d'encaustique

La bouche est ronde, mûre, avec du gras et de la chair,  une fraîcheur discrète mais efficace, et une bonne intensité aromatique ( ce vin se plaira avec une cuisine des épices, ou des tapas).

La finale se conclut sur une noble amertume finale, évoquant le chenin, avec une fine mâche salivante.

Autant dire que 7.60 €, le consommateur n'est pas volé, car ce sens du fruit est tout ce qu'il y a de généreux (comme son géniteur, tiens !). Y a vraiment du vin dans le verre !


jeudi 19 septembre 2013

Vendanges : manuelles ou à la machine ?


Un très bon article d'Hervé Bizeul que je vous incite vraiment à lire explique bien la problématique. Si la configuration des vignes s'y prêtent, et que le raisin est destiné à un vin "bon marché", l'utilisation de la machine peut être un choix pertinent. Économie :  "au bas mot mille euros par hectare" selon Hervé Bizeul. Imaginez que vous en ayez dix, ou plus. Cela fait des sommes très conséquentes qui peuvent être employées à autre chose. Et beaucoup d'emm... en moins : pas de paperasse administrative interminable, pas de conflits entre vendangeurs à gérer, et puis une machine peut travailler s'il le faut jour et nuit (avec des conducteurs qui se relaient, hein). 

Mais voyons les plus et les moins de chaque cas de figure...

Vendanges manuelles


Les plus 
- tri visuel des bonnes (et des mauvaises) grappes
- ramassage possible dans des parcelles inatteignables par une machine (trop pentues, terrasses, vignes non palissées...)
- image positive du domaine (à condition de communiquer dessus)

Les moins
- beaucoup plus long qu'à la machine
- horaire journalier limité
- tous les aléas liés à l'humain (absences imprévues, conflits, étourderies...)
- coût élévé


Vendanges mécaniques


Les plus
- rapide
- économique
- peut travailler 24h/24 7j/7
- permet d'être plus précis sur la date idéale de vendange (à condition de l'avoir toujours en temps voulu...

Les moins
- ramasse tout ce qui est sur les pieds, le bon comme le mauvais (MAIS le vigneron peut faire avant le passage de la machine une "vendange négative" en enlevant toutes les grappes qui ne lui plaisent pas – c'est ce que fait le Jonc Blanc pour les Sens du fruit. Par ailleurs, il existe aujourd'hui des système de tri embarqué sur les machines – loin d'être généralisé – qui font une sélection grain par grain très supérieur à n'importe quel tri humain)
- risque d'oxydation des baies plus important (car elle est détachée de la rafle à la vigne. Il faut donc vite les ramener au chai pour démarrer la vinif').
- n'est pas adaptée à toutes les parcelles de vignes
- image négative (si tant est que le consommateur en soit averti)

Conclusion
Faut pas rêver : lorsque vous achetez un vin entre 3 et 6 €, bio ou pas, il y a une forte chance qu'il provienne de vendanges mécaniques. Car sinon le producteur ne s'en sortirait pas. De toute façon, si les vignes ont été bien préparées, et si la machine est moderne dans sa conception, le résultat devrait être satisfaisant. Comme écrit plus haut, avec les systèmes de tri actuel, le travail mécanique peut être très supérieur aux vendanges manuelles (chaque grain non mûr ou desséché sera retiré, alors qu'un vendangeur n'a pas le temps de le faire sur chaque grappe).

Ceci dit, les vendanges "classiques " c'est super sympa. Lorsque vous travaillez pour un domaine viticole, c'est le moment fort de l'année, avec plein de rencontres, de repas animés,etc. Si vous passez à la vendange mécanique intégrale, le mois de septembre doit vous paraître carrément déprimant... :-(

À noter qu'il existe des régions viticoles et des appellations (Champagne, Beaujolais) où la vendange manuelle est O-BLI-GA-TOIRE !





mercredi 18 septembre 2013

Vouvray sec 2004 : effleurer le Graal...


Je vous ai déjà dit ici tout le bien que je pensais des Morandières et de la Coudraie, deux cuvées de Vouvray du feu domaine Lemaire-Fournier. Mais je n'avais pas encore goûté son "simple" Vouvray sec, car nous en avions peu en stock. Là, Eric R. a bien remonté le niveau (Coudraie est de nouveau dispo, au passage) et j'ai donc pu prendre une bouteille sans scrupule ;-)

La robe or pâle, est nettement moins évoluée/colorée que celles de ses deux sœurs.

Le nez, puissant et aérien à la fois, est sur le coing frais, celui que vous laissez dans votre cuisine en automne, histoire de parfumer la pièce,  avec une fine touche d'encaustique et de citron confit (alors que les deux autres cuvées étaient plutôt sur la pâte de coing et l'orange confite).

Bouche très ample, délicate, à la limite de l'évanescence – tout en affichant une forte présence – , étirée par une très fine acidité et un léger perlant qui apparaît au bout de quelques minutes.

Cela se conclut sur une finale tonique, gourmande,  avec une amertume typique du cépage, entre coing et écorce d'agrume.

À peine mis en bouche, j'ai eu ce magnifique sentiment d'effleurer le graal vinique, cette espèce de perfection absolue que cherche sans cesse et souvent en vain l'amateur de mon genre. J'avais l'impression que ce vin avait TOUT !  À ce moment-là, j'aurais vraiment voulu que le temps s'arrête, car ça y est, j'avais trouvé la félicité... et puis non, ce c... a continué à défiler. La vie a repris le dessus, avec ses petits bonheurs, ses contrariétés, et mon dieu, c'est pas si mal non plus. Car la félicité, c'est génial du moment que c'est pas trop long ;-) On s'ennuie vite...

PS : que l'on soit bien d'accord. Ce vin n'est pas le plus grand vin qu'il m'ait été donné de boire (fô dire que j'ai bu du lourd, en la matière). Mais peut-être l'un des plus évidents. Une espèce de perfection formelle où tout est tellement à sa place qu'on se dit "mais oui, bien sûr, LE vin, ça doit être ça". Regoûté une heure plus tard, ce sentiment avait disparu. Itou le lendemain. Fugace...


mardi 17 septembre 2013

J'suis fou d'Chat fou !



Lorsque nous l'avions dégusté à Haut les vins en juin dernier, nous avions apprécié ce Chat fou – comme tout le reste de la gamme d'Eric Texier, d'ailleurs – mais je voulais le redéguster à "palais reposé"  pour voir si mes sensations étaient les mêmes.

S'il est rentré dans les mœurs de voir le Viognier associé à la Syrah en Côte Rôtie, il est moins classique de voir de la Marsanne et de la Roussanne en Côtes du Rhône rouge. L'assemblage de ce vin est donc plutôt hors norme. Jugez plutôt : 50% Grenache noir, 15% Carignan, 15% Cinsault, 10% Marsanne et 10% Roussanne. Nous sommes sur des extractions très douces, sans pour autant tomber dans un côté "carbo" qui ferait passer ce vin pour un Beaujolais. S'il y avait un rapprochement à faire avec une autre région, ce serait plutôt la Bourgogne, tant ce vin est frais, digeste et fruité (12.8 % d'alcool, ce qui est rare dans la région, surtout avec 50 % de Grenache).



La robe est  translucide, d'une couleur rubis.

Le nez est fin, fruité, sur la cerise, la groseille, la terre fraîchement retournée, le poivre, avec une touche de lard fumé.

La bouche est ronde, éclatante de fraîcheur, avec des tanins d'une finesse arachnéenne et un fruit pur, complété d'une touche florale.

La finale salivante, légèrement épicée, donnant d'en boire de suite une autre lampée. C'est même tout le "danger" de ce vin : une buvabilité hors norme, surtout pour un vin du Rhône. Et ne comptez pas sur son prix pour vous décourager à l'acheter : tout comme le vin, il est d'une grande accessibilité (9.40 €).


dimanche 15 septembre 2013

Vis contre capsule : le match



Olivier Pascal, le vigneron des Terrasses de Gabrielle (voir notre reportage sur le domaine ICI) nous a proposé de nous envoyer la même cuvée du même millésime avec deux bouchages différents : capsule à vis et bouchon de liège. Un jour au cirque est un assemblage de Grenache, Mourvèdre et Carignan, vinifié et élevé en cuve.

Il était tentant de tester la différence entre les deux bouteilles. Je pensais qu'elle serait subtile. En fait, les deux  vins n'ont pas grand chose à voir (et cette différence devrait s'accentuer dans  le temps).


La première différence n'est pas gustative, mais pratique. Plus besoin de tire-bouchon dans le premier cas : en une seconde, la bouteille est ouverte. Cela frustre certains (ah, le bruit du tire-bouchon). Perso, je trouve ça super pratique.


Allez, un p'tit effort pour la seconde !

Vendredi 17h25 (oui, j'ai fait ça juste avant de partir en WE, histoire d'avoir des jolies photos)

Capsule à vis : nez expressif sur la cerise, la fraise compotée, le cuir, et les épices. Bouche ample, mûre, riche, aux tanins soyeux,  avec une légère sensation alcooleuse (s'atténuant à l'aération). Finale finement mâchue

Bouchon liège : nez peu disert, puis avec un peu d'aération plus fin et plus subtil : fruits noirs, encre, avec un côté pierreux. Bouche plus dense, plus posée, plus profonde, avec ce côté "ténébreux" et une matière plus charnue. Finale plus mâchue, très savoureuse et gourmande.



Samedi 12h30

Capsule à vis : nez hyper sympa, plus confit et complexe que la veille, avec une bouche plus douce et caressante. Finale plus ferme (mais pas violente non plus, hein).

Bouchon liège : nez totalement différent, plus frais, floral, avec un côté tubéreuse. Bouche plus dense, plus intense, plus fraîche, avec une très belle chair. Finale plus harmonieuse, mieux intégrée dans l'ensemble.



Samedi 19h30

Capsule à vis : nez superbe, digne d'un grand parfum (fleur, encens, cuir). Bouche plus aérienne encore, très ample, caressante, avec une finale épicée.

Bouchon liège : nez plus discret sur les fruits bien mûrs et les épices. Bouche ronde, avec toujours cette belle chair gourmande, fruitée.

Dimanche 12h30

Capsule à vis : nez fin, aérien, floral. Matière plus dense, ample et soyeuse, sans une trace d'oxydation mais au contraire, d'une pureté troublante. Fin très goûteuse, finement épicée.

Bouchon liège :  nez assez puissant, sur les fruits compotés, le cuir. Bouche ronde, très charnue, avec une légère oxydation. Finale puissante, tanique.

J'ai ensuite osé assembler les deux, et là, miracle : de suite, le nez est plus complexe et plus profond. En bouche, la matière est à la fois soyeuse et dense,avec une chair veloutée, profonde, fraîcheur, sensuelle. Une tuerie !



Conclusion

Ceux qui sont tentés par un vin très fin, il vaut mieux prendre la version capsule, alors que ceux qui aiment les vins plus en chair devront plutôt s'orienter vers la version liège. Si la version capsule est bonne dès l'ouverture, elle devient très supérieure à l'aération. Un bon carafage lui sera bénéfique. La version liège demande à être aéré, mais pas trop non plus, sous peine se durcir et de s'oxyder.

Vous pouvez également assembler les deux dans une grande carafe ;-) En tout cas, à 6.50 € la bouteille, l'expérience mérite d'être refaite chez soi sans trop grever le porte-monnaie... Il faudrait d'ailleurs que nous en mettions quelques unes de côté pour les regoûter dans un an, deux ans, etc.

vendredi 13 septembre 2013

Château Lassolle 2008 : le Bordeaux dont on rêve, made in Marmandais



On l'a reçu tout juste hier, ce Lassolle 2008. Après avoir tiré son portrait pour le site, je me suis dit qu'il fallait aussi que je le déguste afin de pouvoir dire à quoi ressemble ce nouveau venu, et déjà en promo à -25 % (c'est notre FAV à nous). Même si j'espérais en mon for intérieur qu'il me plaise, j'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Allais-je être ému, dérouté, enthousiasmé ... ou déçu ? Une seule solution pour le savoir : ouvrir la bouteille !

La robe est grenat sombre, mais pas opaque.

Le nez fin, expressif sur le coulis de fruits noirs (cerise noire, mûre, myrtille), la cannelle, avec une touche de cuir et de fumée.

La bouche est ronde, ample, à la matière douce et caressante, entre soie et velours, avec beaucoup de finesse et de fraîcheur, mais de la profondeur aussi. Vraiment un très bel équilibre !

La finale révèle des notes épicées et mentholées, puis d'âtre de cheminée,  avec une bonne persistance savoureuse.

Ce vin m'évoque ce que le Bordeaux peut avoir de meilleur lorsqu'il joue plus sur la finesse que la concentration (on voit qu'il y a une femme derrière, et quelle femme !). Un peu dans le style de Clos Puy Arnaud ou de Fonroque. Avec la promo actuelle, il n'est qu'à 11.25 €, ce qui en fait un superbe rapport qualité/prix.