mardi 30 septembre 2014

Nord Sud : le tout dernier blanc de Jeff Carrel

 
Jeff Carrel n'est pas tout à fait aussi prolifique que Jean-Louis Denois, mais tout de même, l'homme ne cesse de  créer de nouvelles cuvées. Voici donc sa dernière, Nord-Sud. Ou la rencontre d'un des grands cépages septentrionaux, le Chardonnay (90 %) et d'un grand cépage méditerranéen, le Muscat d'Alexandrie(10 %). Les deux proviennent du Haut-Minervois, d'une propriété en conversion vers l'agriculture biologique.
 
Les jus ont été vinifiés puis élevés en barriques de un, deux et trois vins, histoire de n'avoir pas un boisé trop appuyé.
 
La robe est or pâle.

Le nez est fin et pénétrant, sur des notes de muscat et d'ananas, soulignées par un léger grillé.

La bouche est ronde, plutôt ample, avec une matière soyeuse, limpide, enrobant le palais d'un très  léger gras, le tout tendu par une fine acidité. Un ensemble vraiment harmomieux.

La finale joue sur une noble amertume, complété par de discrètes notes d'élevage qui devraient se fondre.
 
Il est préférable de le boire à 14-15 °. Il donne alors la sensation d'une fraîcheur éclatante. Paradoxalement, le boire trop frais le fait paraître plus alcooleux... Soulignons qu'à 7,90 € la bouteille, ça fait un bon rapport qualité/prix pour un vin d'apéritif ou pour accompagner des plats épicés.
 
 

lundi 29 septembre 2014

Pinot noir Terres chaudes 2013 : dans la lignée du 2012


Un peu comme avec le Grittermatte il y a quelques jours, je craignais que le Pinot noir Terres chaudes 2013 ne soit pas au niveau du superbe 2012. En fait, Eric R. qui a craqué avant moi pour en ouvrir une chez lui il y a quelques jours m'a rassuré : le 2013 est TOP ! J'ai tendance à le croire, mais je tenais tout de même à le vérifier moi-même ;-)
 
Vendredi soir, j'ai donc pris sur moi pour en ouvrir une et vous dire ce que j'en pensais.
 
La robe est rubis translucide

Dès l'ouverture, le nez est fin, aérien, sur la griotte, la rose, la terre humide, une pointe de poivre blanc.

La bouche est ronde, fraiche, aux tannins soyeux, à la limite de l'impalpable,  avec de l'allant et un fruit pur, et oserais-je dire, lumineux.

La finale est plus terrienne, avec une mâche épicée (mais sans dureté).

18 heures plus tard, le nez est plus floral, mais toujours aussi aérien. La bouche est ample mais a gardé sa légèreté et sa pureté. La finale est un peu plus ferme qu'à l'ouverture.

Six heures plus tard (soit 24 h après l'ouverture), le nez est plus vif, avec toujours des notes florales, mais aussi de fruit compotés et de noyau de cerise. La bouche est plus tendue, avec un côté plus acéré, mais la matière est toujours aussi légère et soyeuse (une vraie caresse pour le palais).La finale est marquée par les fleurs et l'écorce d'agrume (orange amère), et se conclue sur les épices.
 
48 heures après l'ouverture, le vin possède toujours pas mal de charme même s'il a perdu un peu en netteté. Néanmoins, pas d'oxydation, ce qui est remarquable pour un vin sans sulfite ajouté.
 
 

vendredi 26 septembre 2014

Un sacré K-libre !


En mai dernier, j'étais allé au Clos Troteligotte pour rencontrer le vigneron et voir les installations. Et j'avais découvert que l'un des blancs du domaine, K-Libre, était vinifié et élevé en amphores (cuites à 1040 °C, d'où ce chiffre sur l'étiquette). Ce sont celles de gauche :



On peut se demander si ce contenant ne joue pas un rôle dans l'enrobage de l'acidité de ce vin qui est vif, mais pas du tout agressif. Car nous avons affaire ici à un pur Chenin. Comme je l'avais expliqué ICI, ce cépage était très courant dans le Lot au XIXème siècle avant de disparaître. Il a commencé à être réhabilité dans la région il y a une vingtaine d'années avec de belles réussites.
 
La robe est jaune pâle, aux reflets plus argentés que dorés.

Le nez est frais, incisif, sur le zeste de citron, la pomme mûre, la craie mouillée, faisant plus Sancerre/Chablis que blanc du Sud-Ouest. En se réchauffant et s'aérant, on commence à sentir aussi le fruit de la passion et l'ananas frais.

La bouche réussit à concilier rondeur gourmande, grande fraîcheur, évidente limpidité,  avec une acidité totalement fondue même si parfaitement efficace. Ce vin possède vraiment un grand équilibre, le tout sur de fins arômes de poire et d'ananas.

Il se conclut sur une belle mâche calcaire tonifiée par l'amertume naturelle du cépage, avec une belle persistance sur l'écorce d'agrume et la coquille d'huître (remplacée par les fruits exotiques à l'aération).
 
Un vin polyvalent qui ira aussi bien sur les fruits de mers, les poissons grillés ou simplement l'apéro.



jeudi 25 septembre 2014

Volcanique : juste bluffant !


Après une terrible année 2012 où presque toute les vignes des Verdier-Logel avaient été massacrées par la grêle, nous sommes heureux d'un retour à la normale avec le come-back des classiques de la maison, comme Volcanique et la Cuvée des gourmets.

Comme toutes les cuvées rouges du domaines, Volcanique est à base de Gamay dont les vignes sont plantées sur des sols basaltiques d'origine... volcanique.

La robe est translucide, de couleur grenat aux nuances violacées.

Le nez expressif et joyeux, sur la cerise Burlat, le noyau, les épices, avec une touche amylique (bonbon anglais). Au bout de deux heures d'aération (sans carafage), celle-ci disparaît pour laisser place à des fruits noirs bien mûrs, avec un poivré plus marqué, et une pointe de rafle rafraîchissant l'ensemble.

A l'ouverture, la bouche est tonique, fraîche, avec une matière souple et fruitée, très digeste. Avec l'aération, la matière se densifie, gagne en chair et en profondeur, et donc en gourmandise.

La finale est épicée, avec une astringence savoureuse qui vous fait claquer la langue et donne envie de resservir direct (avec modération, of course).

Autant dire à qu'à 6,80 € la quille, le rapport qualité/prix est topissime !

PS : 24 h plus tard, le nez a gagné en complexité, devenant très floral, avec des nuances minérales et balsamiques. On dirait un parfum ! La bouche est plus fine et plus tendue, avec une sacrée expressivité pour un "petit vin". Franchement bluffant !

mardi 23 septembre 2014

Grittermatte, le retour


J'avais une légère appréhension à l'ouverture de ce Grittermatte 2013. J'avais tellement apprécié le millésime précédent qu'il devenait difficile qu'il me plaise autant, voire plus. Le bouchon en verre retiré, je verse dans le . Première inspiration : un peu déçu. Ce n'est pas la "bombe au yuzu" de l'année dernière. Je goûte : pas mal, mais un petit peu plat.
Ceci dit, je ne désespère pas et j'emmène la bouteille à la maison. Dès que j'arrive, je mets la bouteille au frigo pour qu'elle redescende un peu en température.
Une heure plus tard, je me reverse un verre pour voir où il en est....
La robe est d'un or assez clair.

Le nez aérien m'évoque les terpènes d'agrumes (ceux qui ont utilisé les lasures "bio" doivent savoir de quoi je parle), la cire d'abeille, la crème brûlée, avec une touche végétale (verveine fraîche) qui apporte un peu de peps.

La bouche démarre toute  en rondeur, avec ce qu'il faut de tension sous-jacente pour ne pas tomber dans la mollesse et une matière douce, presque impalpable. En cela il est assez proche du "toucher de bouche" de l'année dernière.

Arrivé en milieu de bouche, le vin change du tout au tout. Une colonne vertébrale apparaît, construite sur de nobles amers (écorce de pomelo). Elle monte crescendo pour finalement exploser en final dans une sorte de mini-tsunami sensoriel qui ne peut laisser indifférent. Sensation forte assurée.
Alors qu'il existe des vins qui font le maximum d'impression à l'attaque pour finir "tout petit",  celui-ci n'impressionne pas plus que cela au départ, mais à la fin, ça déménage sévère...
Au bout de 24 h d'aération (conservation au frigo puis sortie une heure avant consommation), la bouche a gagné en précision, devenant plus tranchante et cristalline. La finale est toujours aussi impressionnante. Je n'ai noté aucune trace d'oxydation.

Brusquembille, paradoxe liquide

 
Je vous ai parlé il y a  peu de la cuvée Chasse-cœur qui comprenait 40 % d'Aubun dans son assemblage. Voici Brusquembille, sa soeurette, qui contient quant à elle du Caladoc, complété par de la Syrah et du Cinsault. Le Caladoc, qu'est-ce donc ? me demanderez-vous. C'est l'un des nombreux croisements interspécifiques de l'INRA réalisé il y a une cinquantaine d'années. Etant donné qu'à l'époque les rendements étaient relativement élevés, l'idée était probablement de renforcer la couleur du vin. D'où ce croisement entre Grenache noir et Malbec. Effectivement, il donne des vins colorés aux arômes corsés, ce qui devait permettre de ne plus doper les vins français avec des vins algériens ;-)  Le succès a été relatif, puisqu'il n'en existe aujourd'hui que 1400 hectares pour toute la France.
 
On peut comprendre pourquoi Olivier Tropet du domaine Pique Basse a eu l'idée de lui adjoindre du Cinsault. Cela permet d'assouplir et de canaliser le puissant Caladoc. Et la mission est diablement réussie !
 
La couleur est très sombre  et opaque (atramentaire, dirait un ami lettré).
 
Le nez puissant évoque la compote de cerise noire, le noyau, le poivre, et une touche fumée/lardée. A l'aération surgissent aussi des notes florales.

La bouche est élancée, avec une rare intensité gustative (fruité, épicée, fumée) tout en possédant une  matière juteuse et digeste, très facile à boire (d'où le paradoxe évoqué dans le titre)ù et beaucoup de fraîcheur.

La finale gourmande persiste longuement sur les arômes évoqués précédemment, sans aucune dureté. C'est juste délicieux !
 
Ceux qui regrettent à juste titre la disparition provisoire de Ponpon le Cheval trouveront ici un valeureux remplaçant. Il est certes un peu plus onéreux, mais reste abordable (8,20 €).
 
 

lundi 22 septembre 2014

Prendre un autre chenin...



Il est toujours bon pour un amateur de vins de sortir des sentiers battus. Prendre un autre chenin, en quelque sorte. Avec les vins de Juan Ramon Escoda, vous voyagerez à coup sûr dans des contrées peu explorées. Son vignoble est situé à mi-chemin entre les Pyrénées espagnoles et la mer, bénéficiant d'un climat méditerranéen tout en gardant la fraîcheur de l'altitude (450 m). C'est pour cela qu'il peut se permettre de cultiver le Chenin comme cela se fait aussi à Limoux de l'autre côté de la frontière.
Els Bassots est devenu depuis quelques années un classique de Vins Etonnants. Vous êtes nombreux à l'avoir goûté et apprécié. Els Bassotets est en quelque sorte sa petite sœur, élaborée à partir des plus jeunes vignes. Elle n'en manque pas moins de caractère comme nous allons le voir...
Sa robe rappelle  l'or rose avec un très léger trouble.

Le nez est fin, subtil, aérien, sur la pêche de vigne, la gelée de coing, le flan pâtissier et la fleur d'oranger.

La bouche est ronde, caressante, libérant au ralenti des ondes de douceur dans tout le palais, avec cette sorte d'évidence que l'on trouvait sur Simplicemente. Il faut dire que lui aussi n'a jamais vu la moindre dose de sulfite.

En finale, on retrouve une amertume plus terrienne,  très "cheninesque", sur le coing, l'écorce d'orange (amère) et pas mal d'épices.

Deux jours plus tard (conservé au frais, mais ressorti du frigo une heure et demi avant dégustation afin de retrouver une température de 14-15 °), on retrouve toujours de la gelée de coing au nez avec également des notes d'écorce d'agrume confit (avec encore ce côté vaporeux, irréel)

La bouche est toujours aussi caressante, mais avec un peu plus de tension, de ligne directrice, mais aussi plus de présence et d'intensité. La finale semble avoir abandonné l'amertume pour la salinité, mais cette première revient d'autant plus violemment en rétro-olfaction une fois le vin avalé, telle une grosse vague qui vous revient dans la g... sans l'avoir vue arriver. Une puissance bluffante de la part d'un vin à l'apparence si délicate ! Et ça dure longuement sur des notes épicées. Juste EXTRA.

vendredi 19 septembre 2014

Quelques images du coteau de Cevins du Domaine des Ardoisières

Lors de mon voyage en Savoie en août dernier, je suis passé par Cevins. Brice Omont était en vacances mais j'en ai quand même profité pour tirer quelques clichés de ce coteau spectaculaire.

Les vignes en arrière plan de la face sud

Vue de la partie orientée du sud-est


Plan rapproché de la face sud-est 


Vignes orientées sud-ouest 


Plan rapproché des vignes orientées sud-ouest.
Notez l'inclination des pentes...

En route pour aller rencontrer Michel Grisard à 20 min de route de Cevins




Sous les cailloux... le fruit !


Sous les cailloux, des grillons, c'est un peu le manifeste de Nicole et John Bojanowski. Oui, la nature peut sembler austère et hostile sur ce plateau de cailloutis calcaires de Saint-Jean de Minervois. Mais si l'on regarde d'un peu plus, et que l'on tend l'oreille, il y a de la vie, et de la BELLE vie. Ça chann'te, même, soir et matin. Et ce vin, qui réunit en son sein moultes cépages (Syrah, Cabernet Sauvignon, Carignan, Grenache, Counoise, Mourvèdre et Terret Gris) est un cri de joie qui couvre le chant des grillons.

Pour ceux qui l'auraient goûtée précédemment, cette cuvée a été "améliorée" par rapport aux années passées. Plus de gaz carbonique intempestif qui vous oblige à secouer la bouteille pour l'éliminer. Il y a aussi un peu plus de Cabernet Sauvignon puisqu'il n'entre plus dans la cuvée Rendez-vous sur la lune.

La robe est violacée sombre.

Le nez est expressif, sur le cassis frais, la myrtille et dans un premier temps des notes lactées. Celles-ci disparaissent à l'aération pour céder la place aux épices et au menthol.

La bouche est ronde, juteuse, rafraîchissante, avec une matière veloutée, gourmande, pleine de fruit.

La finale est tonique, goûtue, mêlant le cacao, le poivre et des notes végétales (eucalyptus, menthe) qui apportent beaucoup de niaque et de persistance.

Si ce vin accompagnera sans souci un plateau de cochonnaille, un gigot rôti ou une côte de boeuf, il va aussi très bien avec un dessert au chocolat s'il n'est pas trop sucré (testé hier, miam !). Bref, un mini-prix (8 €) mais il fait le maximum (où ai-je déjà entendu ça ?)

PS : à noter que le vin ne fait que s'améliorer plusieurs jours après son ouverture. Plus ample, plus gourmand, avec un fruit encore plus intense, ne montrant aucun signe d'oxydation (alors qu'il est conservé à température ambiante).


jeudi 18 septembre 2014

Un vrai coup de coeur !


Nous aurions pu passer à côté de ce Coup de coeur 2012. C'est grâce à un billet de l'amie Sandrine que nous l'avons repéré dans la production prolifique de la famille Rietsch. Ce vin est ce que l'on appelle en Alsace un Gentil, à savoir un assemblage avec au minimum 50 % de cépages nobles*, alors qu'un Edelzwicker, même s'il signifie "assemblage noble" peut n'être composé que de cépages "non nobles" comme le Sylvaner, l'Auxerrois et le Chasselas. Alors que les Gentils étaient considérés comme le Top de la production alsacienne au début du XXème siècle, ils ont été déconsidérés ensuite au profit des vins monocépages (un peu à l'instar de l'adjectif gentil, qui était le summum du compliment au XVIIIème siècle – cf gentilhomme – et qui est maintenant devenu limite une insulte...)

Présentement, c'est un assemblage "100 % noble" puis qu'il comprend 50 % de Riesling et 50 % de Gewurztraminer, élevés ensemble en foudre durant 19 mois, avec la malo effectuée pour apporter de la rondeur et du gras. Ce vin réussit à conjuguer les qualités des deux cépages tout en excluant leurs "défauts". 

Le nez évoque la rose (= Gewurz), la mangue et le fruit de la passion (= Riesling), mais sans ostentation, tout en délicatesse. Avec l'aération, une pointe d'ananas apparaît.

La bouche a la rondeur et la gourmandise du Gewurz tout en ayant la tension du Riesling, sans néanmoins tomber dans la la raideur. Et on a le charnu et la douceur de la mangue perçue au nez. Tout cela se prolonge agréablement en finale, sans à coup, sur des notes de fruits exotiques, souligné par de nobles amers. Que du bonheur !

Comme l'écrivait Sandrine, "on en ferait son quatre heures, son dix heures, et son minuit aussi" . Plus concrètement, il peut convenir tout aussi bien à l'apéro qu'à des plats exotiques épicés (crevettes au currry) ou accompagner un dessert aux fruits.

Les 7 g de sucres que l'on ressent à peine expliquent une dose plus élevée de SO2 que dans la plupart des cuvées du domaine : 110 mg/l (afin de limiter les risques de refermentation, beaucoup plus importants sur ces vins demi-secs que sur des cuvées plus riches en sucres). Nous sommes tout de même loin des maxima autorisés (200 mg/l pour un vin blanc "classique", 150 mg/l pour un vin blanc bio).

PS : retour à la bouteille 5 jours plus tard. Le nez est plus zeste d'agrume/fruit de la passion, avec tout de même de la rose en arrière-plan. La bouche est plus tendue, "caillouteuse".  La finale est plus sèche, avec une amertume rappelant le Chenin, et une astringence délicieusement décapante pour les gencives. Ca dépote, mais ça me plaît bien :-)
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* cépages nobles : Gewurztraminer, Riesling, Pinot gris et Muscat. Seuls eux peuvent avoir les mentions Grand Cru (excepté le Sylvaner sur le Zotzenberg), Vendanges tardives et Grains nobles.





mercredi 17 septembre 2014

L'espagne comme vous ne l'avez jamais bue


D'une façon générale, le Français est persuadé que tous les vins du Sud de l'Europe sont trop riches pour son palais délicat. En fait, ce n'est quasiment jamais le cas avec les vins italiens – y compris les plus méridionaux comme ceux de Sicile – et loin d'être systématique en Espagne (mais tout de même nettement moins rare qu'en Italie). Avec le cépage Mencia cultivé dans la région de León, nous sommes à l'antithèse totale de l'image que l'on a du vin espagnol. Contrairement à ce qui se fait dans la Rioja ou en Ribera del Duero, les longs élevages en fûts de chêne américain sont peu fréquents. Au contraire, on y  pratique plutôt des élevages courts en cuve pour préserver le fruit et la fraîcheur. Et ce cépage, cultivé sur des sols schisteux/sableux à 500-700 m d'altitude n'en manque pas. Bref, au risque de me faire houspiller par les puristes, on pourrait dire que le Mencia – qui est aussi bien un cépage qu'une appellation –  est un peu le "Bourgogne" espagnol (sauf que c'est meilleur. Aïe, pas frapper)


Grégory Perez (à gauche) est natif de Bordeaux. Il a rencontré sur les bancs de l'école d'oenologie Eduardo Garcia, le fils du vinificateur de Vega Sicilia, Mariano Garcia. Au début des années 2000, il collabore avec ce dernier pour produire le must de l'appellation Bierzo, Paixar. On est alors à l'époque des vins sur-concentrés et boisés. Le jeune oenologue finit par s'en lasser et décide d'acheter 5 ha en Bierzo pour produire son propre vin, avec l'idée de privilégier le fruit et l'expression des cépages locaux (levures indigènes, cuve, travail des sols).



La cuvée Brezo est issue de raisins qu'il a acheté chez des voisins et qu'il a vinifiés (afin d'avoir un plus gros volume de vins à vendre). Elle provient de vignes âgées de 30 à 60 ans, sur des sols schisteux et sablo-argileux à 550 m d'altitude. Elle est vinifiée et élevée sur lies en cuve inox. 

Robe violacée sombre, plutôt opaque.

Le nez est réduit à l'ouverture. On ne peut pas dire que ça sente mauvais, mais on n'éprouve aucun plaisir mettre le nez au dessus du verre. Donc pour une fois, j'ai carafé. Au bout de trois heures, il avait changé du tout au tout : cerise noire, noyau, havane, pain (de campagne) grillé, terre fraîchement retournée (style Bourgogne)

La bouche est d'une grande ampleur, véritablement sphérique, avec un fruit d'une grande évidence, une matière soyeuse et sensuelle, de la tonicité, et surtout une p... de fraîcheur (sans que l'acidité se ressente).

La finale est gourmande, sur un mélange de cerise et de terre, très finement mâchue, persistant longtemps sur des notés épicées et minérales.

Une bien belle découverte que ce Brezo. Ca donne vraiment envie de connaître le reste de la gamme :-)



mardi 16 septembre 2014

Un Riesling nature à mettre entre toutes les mains !



Depuis six mois, je répète à qui veut l'entendre que 2013 est une très grande année pour les vins blancs. Les conditions météorologiques particulières qui ont pu nuire à beaucoup de vins rouges ont donné des vins blancs possédant à la fois une belle maturité et beaucoup de fraîcheur.

Ce Riesling 2013 de Patrick Meyer le confirme. Autant l'année dernière, je n'avais pas été plus convaincu par cette cuvée, un peu trop "nature" pour mes papilles (alors que j'avais adoré Grittermatte et les Pucelles dans le même millésime), autant cette année, c'est un véritable régal, et une jolie affaire pour les dix euros qu'elle coûte...


La robe est d'un jaune plutôt pâle.

Le nez est rafraîchissant, sur le zeste citron et de yuzu (une mandarine japonaise prisée par les cuisiniers du monde entier), ce qui n'est pas sans rappeler le Riesling Grittermatte 2012, en moins puissant et complexe toutefois.


La bouche est  tonique, acidulée (comme certains bonbons que je mangeais dans mon enfance) et en même temps ronde, gourmande, désaltérante, avec une acidité pas du tout agressive.

La finale est rien moins que délicieuse avec un retour intense sur le yuzu et le citron. Ouh, ce que c'est bon !

Ce vin  conviendra aussi bien pour l'apéro que pour accompagner des huîtres, une truite meunière, une choucroute de la mer ou un fromage de chèvre un peu sec...

PS : il y a pas mal de gaz à l'ouverture (qui permet de protéger ce vin... non protégé). Il est donc conseillé d'agiter la bouteille pour l'éliminer.


lundi 15 septembre 2014

Ça se passe comme ça chez Casale...


Giovanni Borella du domaine Casale nous a fait parvenir des photos des vendanges 2014. On pourrait dire que c'est toujours un peu la même chose – des personnes coupent des grappes de raisin –  sauf que les vignes sortent de l'ordinaire pour les Français – et francophones – que nous sommes.


En plus d'avoir des pieds très élevés (en pergola comme au temps des Romains), on peut remarquer que blancs et rouges sont complantés.


Les vendangeurs ne doivent pas trop avoir de courbatures....








On viendrait bien leur donner un coup de main, à ces travailleuses de force ;-)






Et voilà Giovanni à la réception de la vendange !


Les raisins sont versés dans l'érafloir. Les baies seront ensuite amenées dans un foudre pour démarrer la fermenatation alcoolique.

vendredi 12 septembre 2014

Blanc de l'oeuf : la fraîcheur du large !


Déjà une explication sur le nom étrange de ce vin :


C'est dans cet oeuf en béton que le vin a été enfanté puis couvé...


Et voici quelques pieds qui ont donné naissance à celui-ci
(voir le reportage complet sur le domaine ICI)


Vous êtes à Leucate, où la brise marine rafraîchit quelque peu l'atmosphère.

Le sol calcaire joue aussi un rôle dans la fraîcheur du vin. Blanc de l'oeuf est une belle synthèse des différents cépages présents à Fitou : Grenache blanc, Carignan blanc, Macabeu et même une pointe de Muscat (que l'on se sent pas vraiment mais qui joue certainement un rôle dans l'équilibre général).

La dernière fois que j'ai dégusté le 2013, il était encore en élevage dans l'oeuf. Depuis, il s'est bien acclimaté à son nouveau contenant, même s'il est nécessaire de l'aérer à l'ouverture (il est légèrement réduit, avec une présence de gaz carbonique car peu sulfité). On peut y aller en douceur avec une carafe (pas trop large) ou plus énergiquement – et rapidement – en secouant la bouteille en laissant le gaz s'échapper régulièrement (honnêtement, le vin n'en souffre pas, contrairement à ce que beaucoup peuvent croire).

La robe est jaune pâle, aux reflets plus argentés que dorés.

Le nez est fin et frais sur le zeste de citron,  la craie mouillée, avec une petite pointe végétale (genre feuille de sauge)

La bouche est élancée, tendue, enrobée par une une matière ronde, charnue, d'une densité évoquant la roche de Leucate. La trame acide sous-jacente est vraiment superbe, faisant irrémédiablement penser à  un beau Chablis (on ne se sent vraiment pas dans l'extrême sud du Languedoc)/

La fin est tonique et intense, délicieusement astringente, avec cette impression de mordre l'écorce d'un pomelo, complétée par des notes salines : on se prend vraiment une grosse vague dans la g... !

À faire goûter impérativement à l'aveugle à vos amis qui trouvent que les vins du Sud, c'est forcément lourd et alcooleux. Ils seront obligés de réviser leur jugement !




jeudi 11 septembre 2014

Arrivage d'Alsace


Deux palettes en provenance du Domaine Julien Meyer et Jean-Pierre Rietsch sont désormais en cave :


Chez Meyer, arrivée du Pinot Noir Pierres Chaudes 2013, Riesling 2013 et Grittermatte 2013 et un nouveau dégorgement du Crémant Nature.
Nous avons aussi reçu un réassort en Gewürztraminer Les Pucelles 2013 (dernières bouteilles) , Mer et Coquillages 2013 (dernières bouteilles) et Muscat Petite Fleur 2013.


Chez Rietsch, arrivée du Riesling Kappel GC Zotzenberg 2011, d'un Pinot Noir Vieilles Vignes 2012 nature, de Coup de Coeur 2012 (un assemblage Gew/Riesling), d'une VT de Riesling GC Zotz 2007 et du superbe Crémant Nature nature 2012.

Et puis un réassort en Quand le chat n'est pas là (dernières bouteilles !) , Entre Chien et Loup nature 2013 et l'excellent Riesling GC Wiebelsberg.