jeudi 30 avril 2015

Vous allez vous régaler avec les 2014 !....


Nous recevons depuis quelques temps les premiers 2014 embouteillés. D'autres vont arriver dans les jours qui viennent. Quant à certains, comme Jaugueyron, il faudra patienter encore deux ans. Il y a toutefois un point commun entre tous ces vins : ils sont super bons !
Nous avons eu en effet l'occasion d'en déguster pas mal lors des salons professionnels en  janvier-février (et même avril), et à chaque fois, on ne peut que constater  la grande gourmandise des vins de ce millésime.
Et pourtant, on ne peut pas dire qu'il ait une bonne réputation à cause d'un été "pourri". Avant même que les vignerons ne cueillent le moindre raisin, il était déjà enterré par certains.

Reprenons le fil de l'année 2014.
L'hiver a été très clément (l'un des plus chaud des 70 dernières années), et le printemps démarre plus tôt que d'habitude. Les premières feuilles apparaissent dans les vignes dès la fin mars, avec 10-15 jours d'avance sur la "normale". Ce n'est pas un mal en soi, si ce n'est cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des vignerons : les gelées matinales.


Ouf,  il n'y en aura pas. Le beau temps se prolonge au mois de mai. Fin mai, début juin, la fleur se passe plutôt bien, contrairement aux années précédentes (beaucoup de coulures)

Toutefois, à plusieurs reprises, la grêle s'abat sur certains vignobles : côtes de Beaune, Languedoc (Aude), le nord du Médoc et les Charentes, détruisant des milliers d'hectares de vigne. Ainsi, presque toutes les vignes de Frédéric Palacios ont été ravagées. Heureusement, la solidarité vigneronne a joué.


On s'attend à un été caniculaire. C'est tout l'inverse qui se produit, l'anticyclone des Açores ayant décidé de rester aux Açores. Nous nous retrouvons coincé entre les masses d'air froides du nord et les chaude du sud, et donc, nous nous prenons des intempéries à n'en plus finir, avec de surcroît un froid de canard pour la saison. Ce mauvais temps va se prolonger durant les trois premières semaines d'août.

Les vignerons vont devoir passer de nombreuses fois dans les vignes pour les  traiter contres les maladies cryptogamiques. Particulièrement ceux qui sont en bio : ils ne peuvent pas utiliser de produits pénétrants résistants au délavage. Certains vont avoir du mal à faire face, comme en Savoie où il a plu en un mois ce qui tombe généralement en six ! Autant dire que les deux semaines d'avance prises au printemps sont oubliées depuis longtemps...

Et puis, fin août, le miracle. Le soleil et la chaleur pointent leur  nez pour s'installer quasiment non- stop jusqu'à fin octobre. Du jamais du dans certaines régions depuis le mythique millésime 1921 !!!

Les vignerons qui ont réussi à conserver des raisins sains durant les deux mois infernaux n'ont alors plus qu'à attendre qu'ils mûrissent. Comme beaucoup nous l'ont raconté, rarement ils ont été aussi zen : les prévisions météo n'annonçaient que du soleil. Il n'y avait donc pas matière à se précipiter.  S'il fallait attendre jusqu'à mi-octobre, no problem... En même temps, les nuits étaient plutôt fraîches, ce qui a permis de préserver l'acidité des raisins.


D'une façon générale, les vinifications se sont bien passées : les levures ont fait leur boulot. Les peaux ont donné leur couleur et leurs tannins sans avoir besoin de trop extraire. Les pH relativement bas ont évité toute déviation. Comme la température des chais était encore élevée pour la saison, les malos se sont faites souvent dans la foulée.


Les vins blancs comme rouges ont pris ce qu'il y avait de meilleur dans le millésime : la belle maturité de septembre/octobre (sans jamais tomber dans le surmûr) équilibrée par la fraîcheur de juillet/août. Cette dernière n'a rien à voir avec l'acidité parfois stridente de certains 2013. Elle est au contraire très bien intégrée. On ressent de la fraîcheur, mais elle est diffuse.

Il n'est pas certain que 2014 soit un millésime de  grande garde. Qu'importe, puisque le plaisir est déjà présent et devrait persister au moins dans les 5 ans qui viennent, avec peu de risque de fermeture. Cela permet de boire du très bon vin en laissant vieillir tranquillement ses 2005, 2009 et 2010.

Pour l'instant,voici les 2014 disponibles :

JC Lapalu 

(existe en magnum)

Pique Basse


Grange aux belles

P-U-R
 

Verdier Logel






Et très très prochainement
 
 
Les cuvées de Mas del Perié et Fabien Jouves


Et d'autres encore...

mercredi 29 avril 2015

Coup d'éclat : un rosé pas comme les autres


Coup d'éclat  pourrait bien être le rosé qui fasse craquer ceux qui habituellement dédaignent ce type de vin. Pour de multiples raisons :

Il est issu de raisins en culture biodynamique.

Il contient peu de sulfites (29 mg/l, ce qui en fait un "vin nature" même s'il ne le revendique pas).

Il présente une grande fraîcheur (pH 3,14)  même si l'acidité n'est pas saillante.

Il n'est pas too much comme beaucoup de clairets.

Il n'est pas non plus insignifiant comme nombre de rosés de Provence.

Il est moins cher (7,90 €) qu'un Marsannay ou un Sancerre rosé même s'il est issu du même cépage : le Pinot noir.

Bref, vous allez pouvoir enfin aimer le rosé ;-)

La robe fait songer à un pétale de rose.

Le nez, après une bonne aération, est fin, sur notes de petits fruits rouges et de pomelo, et bien sûr l'incontournable bonbon anglais.

La bouche est droite, tendue sans être stricte, s'arrondissant ensuite sur une matière fraîche, légèrement perlante, délivrant les mêmes notes délicates de fruits et de pomelo.

La finale, corsée et tonique, allie l'amertume de l'écorce d'agrume à une noble astringence, le tout relevé d'épices qui l'allongent agréablement.

En terme d'accord, il gagnera plutôt à être utilisé comme un vin blanc plutôt vif. Il devrait bien se marier avec un tartare de saumon, des sushis ou un taboulé. A éviter par contre avec du melon ou un carpaccio de Saint-Jacques. Il paraîtrait trop sec et acide.

mardi 28 avril 2015

Séguret : comme un Châteauneuf, en plus digeste

 
Séguret n'est pas une appellation très connue, puisqu'elle a moins de 200 ha de vignoble. Cela fait peu pour inonder la planète. Elle se situe sur le versant nord des Dentelles de Montmirail, à 150-200 m d'altitude. On est donc proche de Vacqueyras, et pas très loin de Châteauneuf. Si ce n'est que par son exposition, son altitude, son sol argilo-calcaire et ses nuits fraîches, les raisins mettent deux à trois semaines de plus pour mûrir. Et les maturations lentes, surtout avec le Grenache, y a pas mieux.
 
Cette cuvée est issu de deux parcelles de vieux Grenaches. L'une de 50 ans, l'autre de 80 ans (complantée ici et là, à l'ancienne, avec du Carignan et de la Clairette). J'avoue que j'avais un préjugé plutôt favorable, puisque jusqu'à maintenant, j'ai aimé tous les vins d'Eric Texier. Ce Séguret 2011 ne me fera pas changer d'avis ;-) 
 
La robe est grenat translucide avec une très légère évolution.

Le nez évoque la fraise confite, l'orange amère, la feuille de tabac, mais aussi une petite touche florale (violette ?).

La bouche est ample, douce, aérienne, avec des tannins quasi imperceptibles, ce qui  n'exclut pas une belle tension, comme si un fil invisible étirait le vin. On retrouve en bouche les arômes du nez  plus le goût de la tarte aux questches, comme la faisait ma mémé (pas de Bagnères de Bigorre mais vosgienne). Il y a aussi ces notes d'agrume présentes aussi dans certaines cuvées d'Emmanuel Reynaud ou de l'Hermitage du Pic Saint Loup.

La finale s'affermit très légèrement, délivrant une fine mâche sur des notes de cigare, de poivre et de lard fumé. 
 
Un vin qui me semble juste parfait pour accompagner avec classe les grillades de l'été qui s'annonce... 
 
 

lundi 27 avril 2015

Bulles d'argile sans sulfites : Brut Nature ou Extra Brut ?


Il y a deux façons d'élever une méthode traditionnelle. Soit "sur lattes" en retardant le plus possible le dégorgement. Soit "sur bouchon", en stockant plus ou moins longtemps les bouteilles dégorgées avant de les commercialiser. Lorsqu'au printemps 2014, Jean-Louis Denois  a sorti sa cuvée Bulles d'Argile (en la sulfitant légèrement car la dégustation avait montré qu'elle était meilleure ainsi), il avait dans le même temps dégorgé deux lots non sulfités, avec des dosages différents : l'un à 6 g de sucre par litre, l'autre "nature" (sans sucre du tout). Puis les a conservés jusqu'en avril 2015 avant de nous les proposer.

Jusqu'au dégorgement de l'année dernière, c'était donc le même vin (50 % Chardonnay 50 % Pinot Noir). Seul le dosage diffère, et cela change pourtant beaucoup de choses en terme de texture, tension, aromatique... Selon les goûts et l'expérience de chacun, on peut préférer l'une des deux versions. Personnellement, j'ai vraiment du mal à les départager. Disons que pour l'apéro, mon coeur penchera pour le Brut Nature, alors qu'avec une viande blanche ou un crustacé, l'Extra Brut épousera mieux la douceur de la chair.



Brut nature

La robe tire sur l'or rose, avec des bulles fines parsemées.

Le nez est fin, classieux, sur la frangipane, la vanille et la brioche toastée. En arrière-fond, on peut percevoir aussi des notes de fruits rouges : groseille, framboise.

La bouche démarre ample pour ensuite se concentrer sur le milieu de bouche et devenir très vineuse avec une rare intensité aromatique sur des notes de fruits secs, de pomme tatin et de coing.  L'ensemble est énergique et tendu.

La finale est délicieusement accrocheuse/mâchue, avec une superbe amertume et toujours ces notes de coing, mais aussi d'épices, voire de quinquina.



Extra-Brut

La robe est similaire au précédent.

Le nez par contre est plus expansif et plus aérien. Il saute littéralement du verre, avec déjà une sensation de vinosité, laissant présager la bouche. Il évoque la pomme rôtie au beurre noisette, la pêche de vigne, le pralin, le beerawecka alsacien (petit pain au fruits confits).

La bouche est plus ronde et enveloppante que le vin précédent sans ce milieu de bouche surpuissant. Il offre une matière riche, soyeuse, sensuelle, qu'une bulle extra-fine ne fait que surligner. L'aromatique reste par contre très proche du précédent (ce qui est logique puisque c'est le même vin au départ). L'ensemble ne manque toutefois pas de tension et de cohérence.

La finale est d'une grande intensité sans le côté accrocheur du Brut Nature. Cela déménage tout de même sévère, jouant plus sur puissance aromatique que sur la matière elle-même. C'est juste superbe. Je crois qu'il faut du lourd en Champagne pour l'égaler (et ce n'est pas un Dom Pérignon 2003 bu il y a deux semaines qui va me montrer le contraire)...
Bon, autant dire qu'à 14,90 € la bouteille, le rapport qualité/prix est plus que topissime : il est indécent
Nota : il faut boire ces vins à 12-14 °C et non à 8-10 °C, sous peine de passer totalement à côté.

vendredi 24 avril 2015

Dégustation très éclectique


Je crois que je n'aurais pas osé proposer une telle dégustation au club de Saint-Yrieix lorsque j'ai démarré avec eux en 2013. Mais en deux ans, mes joyeux convives ont eu l'occasion de découvrir des vins très différents et d'habituer leur palais à des saveurs et textures nouvelles. Du coup, presque tout est permis, sauf peut-être une soirée "Vins géorgiens" ;-)

 
Avec du jambon de "cul noir", nous avons démarré avec un de nos coups de coeur de Millésime bio : le crémant de Loire de Bablut. Un assemblage atypique (Chardonnay, Chenin, Grolleau et Cabernet Franc, quatre ans d'élevage sur lattes, un dosage très faible. D'où des saveurs évoluées et complexes, de la vinosité, une finale puissante mêlant astringence et amertume. Cela peut réjouir les amateurs de vins qui sortent de l'ordinaire (d'autant qu'il est moins cher qu'un mauvais Champagne) et dérouter d'autres, plus classiques. La salle a été divisée, même si je dirais que les fans étaient un peu plus nombreux que les détracteurs (alors qu'il est probable que c'eût été l'inverse en 2013).
 
 
Au départ, j'avais prévu de servir Bistrologie blanc. Mais notre stock a fondu comme neige au soleil ces dix derniers jours. Il a fallu changer de fusil d'épaule au dernier moment. Voulant rester sur une gamme de prix proche - les trois vins suivant étant nettement plus onéreux - je me suis rabattu sur Charmille blanc de Malavieille. Seul souci : ne voulant pas déranger le chef, je ne lui pas demandé de modifier le plat d'origine (salade endive/jambon/pomme). L'accord avec le Charmille était donc un peu bancal, donnant à ce dernier une impression de surmûr/sucré. Là, les mitigés ont été plus nombreux que les autres ;-)
 
 
Ma voisine d'en face, découvrant l'Esprit de la terre, a lâché de suite : "je verrais bien de l'agneau avec des herbes". Ca tombait bien : c'est exactement ce qui était prévu. Et l'accord est juste superbe, se jouant à deux niveaux : les arômes de garrigue du vin avec les herbes du plat. Et la texture délicate et soyeuse du vin avec la chair fondant de l'agneau. Slurpissime, aurait dit un ami et blogueur suisse (d'adoption).
 
 
Confusion, c'était un peu le vin "casse-gueule". Une sorte de Banyuls/Maury sans sucre, car non muté, avec cette aromatique de cerise noire/cacao. Fort en alcool car tous les sucres ont été transformés. Qui dit cerise noire, dit tomme de brebis. Et ça se mariait effectivement bien. Du coup, le vin a plus une majorité de convives (certains l'ont même adoré) alors que ça ne me paraissait pas gagné. Yesss !
 
 
Pour finir, une curiosité, inspirée d'un dessert que j'ai fait il y a peu, accompagné par ce Madère Alvada. Comme je m'étais régalé avec cet accord, simplement magique, je me suis dit que ce serait l'occasion de leur faire découvrir à quoi ressemble un VRAI Madère, et non la chose en flacon sous blister destiné aux sauces. La magie a opéré de nouveau : c'était absolument délicieux, et l'Alvada a conquis tous les cœurs !
 
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jeudi 23 avril 2015

Terres salées blanc : le come back


A Vins étonnants, nous avons un marronnier en fleur à chaque printemps : le retour de Terres Salées blanc. Cuvée historique de notre site, présente depuis plus de dix ans. Le seul hic, c'est que vous êtes de plus en plus nombreux à l'apprécier alors que la quantité proposée n'augmente pas. De ce fait, nous sommes en rupture environ six mois par an.

A quoi ressemble le millésime 2014 ? Sacrément au millésime précédent décrit ICI. Si j'étais fainéant, je me contenterais de faire un copier/coller. Mais bon, je suis un gars vaillant, plein d'énergie après une semaine de vacances. Alors je m'y recolle ;-)

La robe est jaune pâle, ce qui peut surprendre pour une cuvée vinifiée et élevée en fûts (ça a tendance à colorer...)

Le nez est vif et très expressif, sur le citron confit, le beurre fumé et une pointe de résine de pin. Une sorte de mix entre un Chablis mûr et un Riesling minéral...

La bouche est rien moins que superbe, avec ce mélange de fraîcheur et de douceur intimement mêlées, sans que l'on ne ressente la moindre trace d'acidité ou de lourdeur. C'est surtout d'une grande intensité aromatique, avec toujours ce citron confit, ces  notes fumées / grillés / beurrées / résineuses, là aussi totalement imbriquées et indissociables.

On les retrouve naturellement en finale, soulignée par une amertume digne d'un grand Chenin. Et elles persistent plusieurs minutes après avoir avalé la dernière goutte. Obsédantes, vous dis-je!

Cela a déjà été dit et répété plusieurs fois : il faut garder ce vin 4-5 ans pour en percevoir toute sa grandeur. Mais c'est vrai que c'est déjà tellement délicieux maintenant qu'il faut une volonté d'airain pour ne pas les ouvrir avant. Seule solution : acheter au moins deux caisses de six. Voire plus. On n'est jamais trop prévoyant, surtout à 13.90€.

mercredi 22 avril 2015

Il y a encore du Ganevat...

La folie Ganevat est terminée depuis longtemps maintenant. A se demander si nos clients se rappellent même qu'il existe. Et pourtant, dans notre entrepôt, une cuvée est toujours là, à attendre que l'amateur s'intéresse à elle.
Elle, c'est Julien. Un Pinot Noir d'une élégance folle au charme ambigu.  En 2013, année difficile en rouge, il a fallu faire de l'égrappage grain par grain pour ne mettre en cuve que les plus jolis. Le reste, au compost...   
Le vin a été carafé deux heures avant dégustation (réduction et gaz carbonique à l'ouverture)
La robe est rubis translucide.

Le nez est très aérien, sur des notes florales (rose, violette), de cerise bigarreau, de terre fraîche, de fer (sang séché) et  d'épices.

La bouche est de belle ampleur, enveloppant tout le  palais d' une matière douce et fruitée, légère mais expressive, tendue par une acidité sous-jacente qui étire le vin jusqu'à la finale tonique et mâchue, plus terrienne, bien épicée.

Le lendemain matin, le vin ne présente non seulement aucune trace d'oxydation, mais a gagné en puissance, en intensité, et la finale s'est assouplie, devenant plus raccord avec l'élégance du vin. Vraiment très joli !

mardi 21 avril 2015

De ci de là... on se fait plaisir !

De-ci de-là, il y a des pieds de raisins "blancs" dans les vieilles vignes de Philippe Modat. Aussi fait-il un passage avec ses vendangeurs pour les ramasser séparément et produire cette cuvée. La vinification et l'élevage se font pour moitié en cuve, pour moitié en barrique. Ce qui explique le côté beurré/grillé présent mais pas écrasant, et surtout bien intégré. 
La robe pâle est entre l'or gris et l'or rose.

Le nez est fin et pénétrant, sur la poire, le beurre citronné, souligné par des notes grillées/fumées.

La bouche montre d'abord sa vivacité avec une belle trame acide avant de s'élargir en bouche et dévoiler une matière dense et riche, sans lourdeur excessive, aiguillonnée par une amertume citronnée.

Cette dernière s'amplifie encore en finale, renforcée par une noble astringence et des saveurs grillées.
Comme pas mal de vins du sud, il gagne à être bu pas trop froid, car ce dernier fait ressortir l'alcool par contraste. Plutôt servir à 12-14 °C, donc. Il sera parfait avec des tapas ou un bar grillé au fenouil.

lundi 20 avril 2015

La truffière. Et un ange passe...


J'étais en vacances la semaine dernière. D'où une plus faible fréquence des billets. J'avais toutefois amené quelques devoirs avec moi, dont une Truffière de Danjou-Banessy. Pour deux raisons : elle allait être dégustée au lieu-dit La truffière. Et je me doutais que cette bouteille plairait à Bruno Bilancini, amateur de vins rouges sur la finesse.
 
A l'instar des crus bourguignons, j'ai préféré utilisé la méthode douce pour  l'aérer : ouverte 4 heures avant la dégustation, et mise sur le bord de la fenêtre sans le bouchon. Elle était à température parfaite et s'exprimait très bien, même si la deuxième moitié de la bouteille, plus aérée, fut encore très au-dessus. Ce crescendo fait partie du bonheur du dégustateur. Si toutefois vous n'en servez qu'un verre en tout et pour tout, il vaut mieux alors plus l'aérer au préalable.
 
L'assemblage de ce vin (Grenache noir majoritaire complété par du Carignan) est classique pour la région. Le style l'est moins. Il est probable qu'à l'aveugle on partirait vers d'autres contrées plus septentrionales.
 
La robe est grenat sombre, mais bien translucide, sans une nuance violacée.
 
Le nez subtil et aérien évoque l'ardoise chaude, la violette et le noyau de cerise, souligné par quelques épices.
 
La bouche est presque plus gazeuse que liquide tant le toucher est doux, caressant, à la limite de l'impalpable,  tout en prenant corps et énergie grâce a une fraîcheur diffuse, intense. Nous sommes tous les trois sous le charme de cette cuvée, d'autant que la finale douce et épicée ne vient pas l'interrompre brutalement. Magie du schiste.
 
Ce n'est pas un vin à conseiller à ceux qui pensent que plus tu mets cher dans une bouteille, plus tu dois avoir de la matière. Car ils vont être déçus. Dans ce registre viril et chaleureux, ce ne sont pas les producteurs du Roussillon qui manquent. Non, cette bouteille s'adresse à ceux qui pensent que le vin, c'est de l'émotion avant d'être une boisson alcoolisée. Je pense qu'ils devraient y trouver largement leur compte (bon après, on n'est pas tous aware...)


Ce vin a été bu avec une ballotine de pintade que j'ai préparée pendant que le vin s'aérait. Cela s'accordait très bien, mais avec de la selle d'agneau juste rosée, aromatisée d'herbes locales, ce serait juste parfait.
 
 

mercredi 15 avril 2015

Y a pas de petit salon, que des bons vins !


Depuis trois ans, dans un petit village à 30 kms au nord-ouest de Limoges, Montrol-Senard, se tient un salon de vins naturels. C'était l'occasion de découvrir ou de revoir certains vignerons. Comme Laureano Serrres (Mendall), avec qui l'on travaille depuis de nombreuses années. J'ai pu goûter entre autres son Finca Caibelles 2014 (que nous n'avons pas encore). C'est vraiment très bon, avec un fruit intense, et une délicieuse rusticité qui vous claquer la langue de bonheur.

Il y avait aussi Jean-Marie Puzelat du Clos Tue Bœuf. Ses 2014, en rouge comme en blanc, sont de petites merveilles de buvabilité et de gourmandise. S'il n'a pas tout vendu dans le mois qui vient, il n'est pas exclu que nous lui en achetions quelques flacons...

Son frère Thierry était juste à côté pour faire découvrir les vins qu'il importe de Georgie, d'Italie, de Croatie, d'Espagne.... et depuis peu du Japon (du Saké, pas du vin de raisin). J'ai peu ainsi regoûter le Malvazija de Klinek. Une p... de bombe qui fait vraiment partie des meilleurs vins oranges de la planète (voire de l'univers). J'ai découvert aussi un nouveau Rkatsitelli, plus rond que celui de Pheasant's tears, dont j'ai pris douze bouteilles maintenant sur notre site... Il y avait aussi un Saké très sympa qui sera bientôt disponible.


Xavier Marchais est vigneron à Faye d'Anjou (près de chez Pierre Ménard et de Philippe Delesvaux). Toute sa gamme est vraiment intéressante (en particulier son Chenin l'élixir de Jouvence), avec la particularité d'être entièrement obturée avec des capsules à bière. Pas forcément vendeur dans notre pays conservateur, mais garant d'une plus grande régularité, surtout avec des vins non sulfités.

Belle découverte aussi que les vins de Christian Venier. Ses rouges sont d'une grande finesse, avec une complexité rarement rencontrée à Cheverny. On ne serait pas déjà bien fourni en vins de ce secteur, je crois que l'on craquerait...


Tout le monde aura reconnu Thierry Navarre, vigneron à Saint-Chinian. Habituellement, je suis fan de son Laouzil. Là, en 2013, je l'ai trouvé un peu trop puissant. La cuvée la plus intéressante du jour était La Conque, provenant d'une parcelle argilo-calcaire à 600 m d'altitude en pleine forêt. Un assemblage de Syrah, Merlot et Cabernet Sauvignon. Ce vin de France ne ressemble à rien de connu, mais c'est terriblement bon. 


Pascal Potaire produit essentiellement des pétillants naturels. Là aussi, nous sommes bien fournis en la matière, donc on n'en achètera pas. Mais la qualité est bien là. Il m'a appris qu'il allait se tenir un "mondial du pét' nat' " le 19 juillet à Montrichard. J'essaierai de  m'y rendre car ça promet d'être passionnant.  


Sur le  chemin du retour, je me suis arrêté à Mortemart. Joli ! 





lundi 13 avril 2015

Soirée 100 % Pinot noir



Certains se souviendront que j'en ai déjà organisée une il y a quelques mois pour le club de Saint-Yrieix. L'on retrouve certains vins - le Jeff Carrel et le Macvin de Tissot - mais le reste est différent. J'ai un budget plus élevé et un public plus pointu : les clients réguliers de Vins étonnants. Car oui, nous avons enfin réalisé notre "rêve" : avoir un club de dégustation "Vins étonnants" sur Limoges. Cela se passe dans un restaurant/bar à vin du centre ville, la Cadole, qui nous met une salle à disposition et nous prépare un menu adapté aux vins dégustés.


Tous les gens qui avaient répondu à notre appel étaient bien présents. Après une présentation sur le héros du jour, le Pinot noir, j'ai servi le premier vin. Une bulle, forcément. 

Le Pinot noir 2006 Brut de Jean-Louis Denois a reposé sur lattes durant sept ans, puis après son dégorgement, a vieilli encore deux ans dans les caves du producteur. D'où une belle complexité aromatique (brioche toastée, miel, cire, fruits secs, pêche de vigne) et une bouche vineuse à la bulle fine et peu agressive. Un champagne de cette qualité serait au moins à 30 euros. Ce "vin mousseux de France" en coûte moins de la moitié...

Le restaurant nous avait préparé pour l'accompagner une gougère de compétition fourrée de crème au fromage et du jambon cru croustillant. L'accord fonctionnait impec.


Nous avons démarré les vins rouges avec une exclusivité : le Pinot  noir  2014 by Jeff Carrel. En effet, il ne nous reste plus que quelques cartons de 2013. Autant que nos clients découvrent le vin qui sera proposé dans quelques jours pour toute l'année 2015. Il est encore plus clair et diaphane que le 2013, faisant vraiment bourguignon. Il présente néanmoins un fruit à parfaite maturité et une fraîcheur pas acide/agressive. Bref, pour 7,90 €, rien à redire...


Pour accompagner ce vin et le suivant, une terrine de langue de bœuf qui les a bien mis en valeur, faisant bien ressortir leur fruité tout en ne les durcissant pas.


C'était particulièrement net sur ce Chautagne Pinot noir 2013 de Jacques Maillet qui fut probablement LA révélation de la soirée pour beaucoup. Un fruit pur et vivant d'une rare intensité, avec des tannins soyeux, une grande gourmandise. Eh oui, la Savoie, ce n'est pas forcément des vins rustiques !


Du coup, le Pinot noir Heimbourg 2012 de Zind-Humbrecht dont on attendait beaucoup, a paru un peu engoncé, avec un élevage en bois encore marqué, et offrait un plaisir moindre. On  sent néanmoins un joli potentiel. A réessayer dans cinq ans lorsque l'âge lui aura apporté de la complexité.


Les deux vins accompagnaient un magret de canard rosé et une sauce aux fruits rouges. Un plat qui allait très bien avec le ...


... Hautes Côtes de Beaune Orchis Mascula 2011 de Claire Naudin-Ferrand, dont la robe n'était plus plus intense que le  Pinot noir de Carrel, mais avait une sève, une énergie que n'avaient pas les autres vins. Et ce, en gardant une élégance et  une féminité qui a séduit tous les convives. Bref, on est très au-dessus de ce que l'on attend généralement d'un Hautes Côtes de Beaune.


Nous  avons terminé avec un Macvin  Pinot noir de Stéphane Tissot. On sent que le mutage se fait avec un Marc du Jura. Le nez est très marqué par ce dernier, entre rafle et gentiane. Et puis la cerise et la mûre surgissent et vous  séduisent. L'on sent peu l'alcool et le sucre tant l'équilibre est maîtrisé.


L'accord avec la soupe de cerises aux épices est probablement le plus beau de toute la soirée, et conclut celle-ci avec une grande digestibilité. Bref, ce fut une sacrée "première", et tout le monde n'a qu'une seule envie : se retrouver rapidement autour de nouvelles bouteilles !