lundi 27 avril 2015

Bulles d'argile sans sulfites : Brut Nature ou Extra Brut ?


Il y a deux façons d'élever une méthode traditionnelle. Soit "sur lattes" en retardant le plus possible le dégorgement. Soit "sur bouchon", en stockant plus ou moins longtemps les bouteilles dégorgées avant de les commercialiser. Lorsqu'au printemps 2014, Jean-Louis Denois  a sorti sa cuvée Bulles d'Argile (en la sulfitant légèrement car la dégustation avait montré qu'elle était meilleure ainsi), il avait dans le même temps dégorgé deux lots non sulfités, avec des dosages différents : l'un à 6 g de sucre par litre, l'autre "nature" (sans sucre du tout). Puis les a conservés jusqu'en avril 2015 avant de nous les proposer.

Jusqu'au dégorgement de l'année dernière, c'était donc le même vin (50 % Chardonnay 50 % Pinot Noir). Seul le dosage diffère, et cela change pourtant beaucoup de choses en terme de texture, tension, aromatique... Selon les goûts et l'expérience de chacun, on peut préférer l'une des deux versions. Personnellement, j'ai vraiment du mal à les départager. Disons que pour l'apéro, mon coeur penchera pour le Brut Nature, alors qu'avec une viande blanche ou un crustacé, l'Extra Brut épousera mieux la douceur de la chair.



Brut nature

La robe tire sur l'or rose, avec des bulles fines parsemées.

Le nez est fin, classieux, sur la frangipane, la vanille et la brioche toastée. En arrière-fond, on peut percevoir aussi des notes de fruits rouges : groseille, framboise.

La bouche démarre ample pour ensuite se concentrer sur le milieu de bouche et devenir très vineuse avec une rare intensité aromatique sur des notes de fruits secs, de pomme tatin et de coing.  L'ensemble est énergique et tendu.

La finale est délicieusement accrocheuse/mâchue, avec une superbe amertume et toujours ces notes de coing, mais aussi d'épices, voire de quinquina.



Extra-Brut

La robe est similaire au précédent.

Le nez par contre est plus expansif et plus aérien. Il saute littéralement du verre, avec déjà une sensation de vinosité, laissant présager la bouche. Il évoque la pomme rôtie au beurre noisette, la pêche de vigne, le pralin, le beerawecka alsacien (petit pain au fruits confits).

La bouche est plus ronde et enveloppante que le vin précédent sans ce milieu de bouche surpuissant. Il offre une matière riche, soyeuse, sensuelle, qu'une bulle extra-fine ne fait que surligner. L'aromatique reste par contre très proche du précédent (ce qui est logique puisque c'est le même vin au départ). L'ensemble ne manque toutefois pas de tension et de cohérence.

La finale est d'une grande intensité sans le côté accrocheur du Brut Nature. Cela déménage tout de même sévère, jouant plus sur puissance aromatique que sur la matière elle-même. C'est juste superbe. Je crois qu'il faut du lourd en Champagne pour l'égaler (et ce n'est pas un Dom Pérignon 2003 bu il y a deux semaines qui va me montrer le contraire)...
Bon, autant dire qu'à 14,90 € la bouteille, le rapport qualité/prix est plus que topissime : il est indécent
Nota : il faut boire ces vins à 12-14 °C et non à 8-10 °C, sous peine de passer totalement à côté.

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