mardi 30 juin 2015

Terrasses de Gabrielle : le retour !


Nous les attendions impatiemment depuis un bon mois, mais ça bouchonnait chez l'embouteilleur qui a tardé à venir aux Terrasses de Gabrielle. Mais ça y est : toute la joyeuse bande est de retour, Ponpon le cheval en tête !

Il y a même un p'tit nouveau qui ne manque pas d'humour : Rosé Joséphine, un Saint-Chinian rosé à dominante mourvèdre (sur terrasses de schistes, je vous raconte pas...). 

L'autre rosé, Summer of love, est toujours un 100 % Nielluccio, et a toujours le titre du vin le moins cher du catalogue de Vins étonnants (4,90 €). Mais loin d'être le moins bon. Si vous aimez le Nielluccio, vous pouvez aussi essayer sa version rouge avec Et pour quelques raisins de plus.  

Wonderland, pour ceux qui ne s'en souviendraient pas, est un Cabernet Franc comme vous n'en avez jamais bu : il est MÛR ! Si, j'vous jure. Bon d'accord, ce  n'est pas le seul. Mais à 5,90 €, y a pas grand monde en face.

Et puis bien sûr Ponpon !  Un 100 % Counoise, ce qui est rarissime. Hier, j'ai craqué et ouvert une bouteille. Premier constat : il est plus clair que l'année dernière, avec une robe rubis sombre translucide (11,5 % d'alcool). Au nez, on retrouve la cerise noire et les épices. En bouche, la fluidité perçue visuellement se confirme : le vin est plus soyeux que velouté, le rendant encore plus glou-glou, d'autant qu'il y a une p... de fraîcheur très 2014. Et toujours un fruit très expressif et des épices à foison, qui se renforcent dès que vous mangez un p'tit quelque chose avec. Bref, on se régale. Il m'a fallu une volonté d'airain pour ne pas me boire la bouteille dans la soirée... (5,50 € !)

Je ne tarderai pas à ouvrir les autres et vous en rendrai compte ici même... 


lundi 29 juin 2015

Visite chez Laurent Barth

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Lorsque vous allez à Bennwihr à la recherche de Laurent Barth, comptez plus sur votre GPS que sur les panneaux fléchés et autre enseigne. Il n'y a RIEN. Juste un pavillon qui fait à peine local, avec un petit écriteau sur la porte d'entrée. Ouf, je ne me suis pas trompé. Il est sympa de me recevoir, Laurent, car je débarque à midi passé, sortant tout juste de chez Zind-Humbrecht.
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Si son domaine commence à être connu des amateurs pointus, il y a encore du boulot pour le faire connaître du grand public. Il faut dire qu'il est d'une taille modeste (4,5 ha actuellement mais longtemps à 3,7 ha). Le père de Laurent était coopérateur. A son dècès en 1999, son fils a repris l'exploitation. Jusqu'en 2003, il a vendu ses raisins à la cave de Bennnwihr avant de se lancer dans la vinification en 2004. Ayant bourlingué dans des grandes exploitations aux quatre coins de la planète, l'exercice n'a pas été trop périlleux. Mais comme il a longtemps assuré seul les travaux viti-vinicoles, cela lui a laissé peu de temps pour assurer la promotion de ses vins. Il a maintenant un apprenti en alternance qui prépare un BTS viti-oeno à Rouffach. Il peut respirer un peu plus, même si le travail ne manque pas.

Dès 2004, il a fait le choix du bio, même s'il se montre là aussi discret sur le sujet : ses étiquettes ne le mentionnent pas.
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Quelques bouteilles vides traînent dans la salle de dégustation. Elles laissent un indice sur les vins qu'apprécie le vigneron : Raveneau, Arretxea, Richard Leroy, Ganevat... On peut en déduire 1- qu'il a bon goût 2 - qu'il aime les vins blancs denses et racés.

Une partie des vingt parcelles est située sur le Grand Cru Marckrain : les sols sont argilo-calcairesavec des coteaux orientés est, sud-est, donnant plutôt des maturités tardives (mais d'autant plus intéressantes). Le cépage qui est le plus planté est le Gewurztraminer, alors qu'on y trouve peu de Riesling. Laurent y a aussi une parcelle de Pinot noir. Mais comme ce n'est pas un "cépage noble", il n'a pas le droit à l'appellation Grand Cru. Aussi, seul un discret M sur l'étiquette indique la provenance.

Comme  en Bourgogne , on commence par les rouges (blanc sur rouge, rien ne bouge...)

Pinot noir SO5P164 2013 : nez sur les fruits rouges plein de peps. Bouche gourmande, fruitée, avec une acidité élevée, mais bien intégrée. Un beau vin de copain.

Pinot noir SO8P193 "M" 2013 : nez très joli, bourguignon dans la meilleure acception. Bouche pure, tendue, traçante, avec un fruit très élégant. Extra.

Pétillant naturel (80 % Auxerrois, 20 % Pinot noir) : attaque tonique aux bulles vives et rafraîchissantes, avec une finale légèrement  douce (contrairement à l'année dernière où il était totalement sec). Une gourmandise qui se descend à vitesse grand V.

Racines métisses 2014 : (50 % Auxerrois complété par des jeunes parcelles de Riesling et de Muscat, un peu de Pinot gris et de Gewurztraminer) :  le nez floral et épicé tient du Muscat et du Gewurz. La bouche ronde et aérienne, légère comme une plume, tient plus de l'Auxerrois. Très belle entrée de gamme.

Muscat 2013 : le nez est expressif mais pas too much. La bouche est tendue, avec un toucher élégant, raffiné. Finale mâchue.

Riesling Vieilles Vignes 2013 : le nez est surtout sur les agrumes. La bouche est encore plus tendue que le vin précédent, mais bien enrobée, tout en restant aérien.

Riesling Vieilles vignes 2014 : Le nez est plus riche, miellé. Bouche plus mûre, avec malgré tout une acidité bien présente mais totalement intégrée. Finale marquée par la salinité.

Pinot gris 2013 : étonnamment tendu pour un Pinot gris, avec de l'ampleur et de la rondeur, et une finale moins douce que le 2012.

Pinot gris Marckain  2013 : plus intense et droit que le précédent, avec une finale puissante et expressive. Le terroir du GC apporte un plus indéniable.

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Pinot d'Alsace 2013 (Auxerrois et Pinot noir): rond, doux, presque moelleux, avec une finale bien équilibrée

Gewurztraminer Vieilles Vignes 2013 : nez tout en finesse, vraiment joli. Bouche droite, tendue, aérienne, sans aucune lourdeur. Le sucre se fait à peine sentir alors qu'il y en a tout de même 25 g par litre (plus "sec" et tranchant que le 2012)

Gewurztraminer 2013 "trois chemins" : plus riche, mais très fin. Bouche ronde, suave, charmeuse, rafraîchie par un léger perlant. Finale douce, sans être pesante (45 g/l)

Gewurztraminer 2010 "trois chemins" : nez plus évolué. Bouche ample, avec une grande tension, enrobée par une matière riche mais digeste.  Finale plus longue et persistante.
Gewurztraminer Marckrain 2013 : bouche classieuse, droite, pure, d'une grande élégance. Finale toute en densité.

Gewurztraminer Marckrain 2012 : nez "pétrolé" évoquant le Riesling. Bouche plus enrobée, plus grasse, plus sexy, mais toujours bien tendue. Superbe !

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Que dire, si ce n'est que tout est d'un très bon niveau, sans jamais tomber dans le facile/flatteur, à l'image du terroir et du vigneron. Ses vins méritent vraiment qu'on s'y intéresse. Autant le faire dès aujourd'hui, car ils sont accessibles dans tous les sens du terme (il en a à vendre et ne sont pas à prix prohibitifs).

vendredi 26 juin 2015

Nuit grave 2012 : la patience a payé...


Lorsque j'avais dégusté Nuit grave 2012 l'hiver dernier, il se goûtait assez mal,  même s'il montrait un très beau potentiel. Avec l'expérience du millésime précédent, j'avais alors conseillé de patienter un peu avant de l'ouvrir (lire ICI).

Un habitué est passé l'autre jour à l'entrepôt et m'a dit que Nuit grave s'était ouvert. Il en a repris donc quelques bouteilles. Curieux de nature, j'ai décidé d'en "sacrifier" une à  mon tour. Il a raison : c'est top !

La robe est grenat sombre, translucide, avec des nuances violacées.

Le nez est superbe, tout en finesse, sur la violette, la crème de mûre, le tabac, l'encens... (avec l'aération, on part ensuite sur l'olive noire).

La bouche se fait d'abord élancée, longiligne avant de s'élargir et inonder le palais d'une belle matière veloutée, fraîche et aromatique, juteuse. Ce qui impressionne le plus est peut-être cet équilibre proche de la perfection. Alors que l'on sent que c'est bien mûr, on ne sent jamais l'alcool pointer son nez, même quand le vin se réchauffe. Au contraire, la sensation de fraîcheur se renforce (les 20 % de Mourvèdre ne doivent pas y être étrangers).

Ce sentiment de perfection se prolonge longuement dans une belle finale, avec des notes florales, épicées et fumées. Enfin, voilà : tout à fait le genre de vin que j'adore !
PS : rebu le reste de la bouteille le lendemain : c'est toujours bon, mais nettement-en dessous des impressions de la veille. Vaut mieux donc tout boire le jour-même (ce n'est pas trop difficile, je pense... à condition de ne pas être seul).

jeudi 25 juin 2015

Afflux d'immigrants à Vins étonnants !


En fin de semaine dernière, un restaurateur espagnol qui nous achète régulièrement du vin est passé nous voir à Ambazac. D'une part pour récupérer des bouteilles qu'il avait commandées. D'autre part pour nous présenter un ami viticulteur, José Maria Espi Sanchez. Cet ancien architecte a créé la Bodega la Encina en 2006 du côté d'Alicante pour produire des vins en biodynamie et sans sulfites ajoutés, dans l'esprit des vins que produisait son père il y a une cinquantaine d'années.
Il est situé dans une zone chaude et sèche qui limite les maladies et les rendements de la vigne. C'est aussi l'une des seules zones d'Europe à ne jamais avoir été touchée par le phylloxera. On y trouve donc des pieds de vignes qui dépassent largement le siècle.
Tous les vins sont vinifiés en petites cuves de 1000 litres sans thermorégulation ni levurage. Mais jusqu'à maintenant, la température de fermentation n'a jamais dépassé les 28 °C. Pas de quoi s'affoler, donc.
Ce jour-ci, donc, nous avons remplacé la pause-café par une dégustation de vins espagnols.

Il faut croire qu'ils  tiennent bien la route (dans tous les sens du terme) car ils se goûtaient remarquablement bien, alors qu'ils sont  trimballés en fourgon depuis une semaine sans être protégés par un gramme de soufre.
Le blanc sec El Juncar fait très "vin à tapas", avec un très fin rancio et des épices à gogo, tout en étant rond et équilibré. Même à température ambiante, il passe super bien. On se viderait facilement la bouteille. Une légère macération lui donne une couleur rose pâle.
Le For Callat est comme son nom l'indique à base du cépage Forcallat, plus souvent destiné aux rosés locaux. Le nez et l'attaque sont très fruités, pimpant. La fin de bouche est un peu plus virile. Il vaut mieux  donc  le réserver pour des grillades : travers, côte de bœuf...
Le Cero 2012 est une macération carbonique de Grenache complétée par du Merlot et du Mourvèdre. C'est un peu gazeux à l'ouverture (on apprécie ou pas) mais le CO² part rapidement et l'on a alors un vin gourmand, souple et  fruité.
Le Cero 2014 comprend les mêmes cépages, mais en vinification classique.  Celui, c'est un vrai coup de coeur, car le Mourvèdre joue bien son rôle, apportant des épices et une fraîcheur mentholée. L'ensemble est équilibré et harmonieux, intense sans être dur. Miam !
Quant au Casa Malanca 2012, il est le seul ayant vu le bois, mais ce dernier lui va bien, lui apportant juste un léger grillé/épicé et une structure plus patinée. Là encore, le Mourvèdre s'exprime avec bonheur. A noter que cette bouteille est restée à moitié pleine durant trois jours au bureau. Nous l'avons alors regoûtée : le vin était toujours aussi joli, voire plus, avec un nez superbe. Il ne faut donc pas hésiter à le carafer.

Tenue à l'air remarquable pour les autres vins également, ils continuaient à bien se goûter même après plusieurs jours d'ouverture.


Bref, nous n'avons pas hésité à les délester des cartons qu'ils avaient dans le fourgon. Le fait de ne pas avoir de port à payer nous permettent de vous les proposer à un prix intéressant. Sur les cinq vins, seul le dernier dépasse les 10 euros. Vous pouvez tous les retrouver ICI.

mercredi 24 juin 2015

Sauvignon POB : Juste "nature" comme il faut


L'année dernière, ce Sauvignon vinifié par Pierre-OIivier Bonhomme*, collaborateur depuis 2009 des frères Puzelat, m'avait bien plu. J'étais curieux de voir s'il me plairait autant cette année. Après une bonne aération - il vient d'être embouteillé - je dirais oui ;-)

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Pierre-Olivier Bonhomme (source : WineTerroirs)

La robe est jaune pâle.

Le nez, après aération, évoque les fruits blancs séchés (pomme, poire), avec une touche de miel, voire d'ananas au sirop.

La bouche est plutôt ample, ronde avec une fraîcheur limpide et évidente, coulant de source. A partir du milieu de bouche, le vin commence à prendre de la consistance, jusqu'à vraiment s'affirmer en finale, avec des notes épicées et une gourmande astringence.

Un vin pas prise de tête qui peut faire tout un repas, de l'apéro au  poulet au curry, en passant pas le chèvre affinée et la tarte aux pommes. A moins de 10 €, c'est irréprochable.



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* à noter qu'à partir du millésime 2014, Thierry Puzelat a cédé sa part dans l'entreprise de négoce qui s'appelle juste maintenant Pierre-Olivier Bonhomme.

mardi 23 juin 2015

La vigne d'Albert : le Bergercac comme autrefois, en meilleur


L'étiquette peut laisser perplexe,, car il n'a pas l'air plus heureux que ça, le papy Albert... Et pourtant, il aurait toutes les raisons d'avoir le sourire : son petit-fils Guillaume de Conti a produit une cuvée lui rendant hommage, uniquement faite avec sa vigne favorite, qu'il avait plantée, et donnait naissance à son vin quotidien. Afin de préserver l'authenticité de ce vin, il n'y a rien eu de rajouté (levures sélectionnées, sulfites et autres intrants) et pas de boisé intempestif. Juste le raisin de la vigne d'Albert.
En plus des cépages que l'on retrouve toujours aujourd'hui en Bergeracois (Merlot, Cabernet, Malbec), ce vin contient aussi du Fer (Servadou) et du Périgord. L'apport de ces derniers apportent une touche originale et attachante à ce vin, sans lui apporter une rusticité déplaisante.
La robe est pourpre sombre aux reflets violacés.

Le nez est expressif, avec un côté très "brut de cuve": mûre et framboise écrasée, notes lactées et épices, avec une touche ferreuse qui rappelle un peu le Papillon d'Orphée (100 % Fer Servadou).

La bouche est ronde, charnue, pleine de fruits, avec une texture veloutée, juteuse, et toujours cette sensation ferreuse, mais aussi saline.

Elle se prolonge en finale, renforcée par les fruits frais et les épices, et ce, sans aucune dureté. Ce vin a tous les charmes du vin à l'ancienne sans présenter ses moindres défauts.
PS : à noter que le vin a une excellente tenue à l'air : au bout de plusieurs jours d'ouverture, il ne présentait aucune trace d'oxydation. Il était encore meilleur ! (bref, à 9 €, c'est vraiment top) 

lundi 22 juin 2015

Mémé Jeanne : une mamie Rock'n Roll !

Mémé Jeanne est un OVNI (Objet Vinique Non Identifiable) qui le condamne forcément à être commercialisé en Vin de France. Il est d'une part issu du seul Petit Manseng, cépage reconnu à Jurançon, mais pas à Saint-Jean de Fos. D'autre part, il est vinifié comme un vin rouge, avec une macération des peaux durant trois semaines. Ce que l'on appelle - ici à juste titre - un vin orange.
Autant la version 20.12 de cette cuvée n'était vraiment pas facile d'approche, autant la 20-13 se livre dès l'ouverture de la bouteille. Et il est facile à apprécier, même pour les non-initiés à ce type de vins. J'avais amené la bouteille (peu) entamée à la soirée "Nuances de rosés". Tous les convives l'ont beaucoup apprécié (juste après le Cabernet 1980, sur la mimolette).
La couleur est absolument splendide, entre l'or en fusion et le cuivre.
Le nez est intense, complexe, sur l'abricot sec, la banane flambée au rhum, le safran. La bouche est tendue, avec une matière très concentrée, un peu brutale mais pas dénuée de charme pour ceux qui aiment les sensations fortes. On reste sur la même gamme aromatique de fruits secs et d'épices, avec en plus le coing et la pommes séchés.
La finale est tannique comme on peu l'attendre d'un vin orange, mais harmonieuse et sans excès. Il est conseillé de le boire aux alentours des 17 °C. Un joli vin d'initiation aux vins oranges, pour un prix raisonnable (12,00 €).

vendredi 19 juin 2015

Six nuances de rosés


Au tout début de ce blog, j'avais écrit une série de trois articles intitulée " couleur de la peau = couleur du raisin ? Pas si simple ". (vous pouvez les retrouver dans la partie OeNULogie du blog). Le second était consacré aux rosés, expliquant les différents process pour les vinifier.

L'été approchant, il me paraissait intéressant de passer aux cours pratiques avec des vins rosés dont les cépages et les vinifications étaient très différents les uns des autres. Nous l'avons fait comme chaque mois à la Cadole à Limoges avec quelques clients passionnés.


Le premier était un exemple de ce qui est interdit dans toute la France sauf en Champagne : mélanger du vin rouge et du vin blanc pour faire du rosé. Souvent, les Champenois font un assemblage 85 % Chardonnay 15 % Pinot noir. Ou parfois un vin de saignée issu uniquement de cépages noirs. Ce Blanc et Noir de Francis Boulard fait un mix des deux méthodes : il n'y a que 40 % de Chardonnay, auxquel s'ajoutent 40 % de Pinot noir en "blanc de noir" et 20 % de vin rouge de Pinot noir. Cela donne un Champagne avec plus de caractère, vineux, parfait pour la table. Le jambon cru lui convient parfaitement, mais il ira bien aussi avec un filet de saumon, du gibier...


Nous sommes ensuite passés au rosé de pressée avec le En caractère 2012 de Dupéré Barrera. Fait du côté de Bandol, il contient pas mal de Mourvèdre, complété par de la Syrah et du Cinsault (et même un peu de Vermentino).  Avec l'âge, la couleur est passée de "pétale de rose" à "oeil de perdrix". Par contre, ses saveurs se sont affirmés : il est bien épicé, séveux, et s'accorde parfaitement avec les salades d'été contenant de l'ail et du poivron, mais aussi les paellas, les tomates farcies... Bref, des plats où l'on a parfois du mal à trouver un rouge ou un blanc qui conviennent.



Dans le Bordelais et le Sud-Ouest, le but de la saignée est de concentrer davantage les vins rouges (en ayant moins de moût pour la même quantité de marc). Les rosés de saignée sont donc un "produit dérivé" de la vinification des rouges. Cela ne veut pas dire qu'ils sont forcément inintéressant. Ainsi, ce K-Melot 2014 du Clos Troteligotte a tout le caractère du Malbec, corsé et épicé. Les travers de porcs avec une sauce relevée lui convienne donc bien. Mais on peut aussi imaginer aussi des côtelettes d'agneau au barbecue, un couscous, etc...

Avec le même plat, j'ai également servi un Quand le Chat n'est pas là du domaine Rietsch. C'est un vin orange rose issu de macération de Pinot gris. Il est plus floral et épicé que le vin précédent, évoquant quasiment un Gewürz, sans le côté entêtant. En bouche, il a une intensité que son nez ne laisse pas imaginer, tout en  étant pas aussi dur que beaucoup de vins oranges. Un très joli vin de gastronomie que l'on imagine bien avec un tajine.


Nous passons ensuite à une rareté due au soin et à la patience de la famille Daviau du Domaine de Bablut. Depuis des décennies, ils conservent des Cabernets d'Anjou moelleux dans des conditions parfaites et les proposent à des prix quasi dérisoires. J'avais lu que 1980 était une belle année pour ce type de vins. C'est donc ce millésime que j'ai choisi pour la soirée. Comme tous les autres vins, il a été ouvert le midi pour le soir, et cela lui a été particulièrement profitable. Sa robe est entre le cuivre et le saumon. Son nez est très fin, aérien, d'abord sur le bourgeon de cassis (réminiscence du cépage), puis la rose séchée, le coing confit. La bouche est toute en rondeur élégante, très douce, caressante, avec un sucre légèrement présent mais totalement intégré. La finale revient sur la rose épicée, les épices le coing. Miam ! L'accord avec la vieille mimolette était à tomber !


Nous avons conclu la soirée avec un Carignan tardif rosé d'Emile et Rose. Ce n'est pas un vin muté, mais une vendange tardive dont tout le sucre n'a pas été transformé en alcool. Il a perdu un peu du fruit de sa jeunesse pour aller vers des notes plus évoluées, mais les fruits rouges frais qui l'ont accompagné lui ont redonné du peps et de la gourmandise. Une fin de repas très sympa, pas lourde pour un sou !


Vraiment une très belle soirée qui a montré que  le rosé méritait qu'on s'y intéresse !

jeudi 18 juin 2015

Cuvée du Clocher : à vous rendre croyant !


La Cuvée du Clocher n'est pas une véritable nouveauté. C'est juste la "simple" cuvée Mâcon-Loché du domaine Tripoz qui a été rebaptisée et relookée. Pour mémoire, cela ressemblait avant à cela  :

 
 
Le clocher était déjà sur l'étiquette. Un changement dans la continuité, donc ;-)
 
Je l'ai déjà écrit à de nombreuses reprises sur ce blog. La température de service influe énormément sur la perception que l'on peut avoir d'un vin blanc. L'expérience faite avec ce vin ne fait que le confirmer.
 
Cette Cuvée du clocher 2014 a été prise dans l'entrepôt  climatisé à 14 °C puis dégustée au bureau. Le vin a dû donc monter assez rapidement à 15-16 °C. Et il était tel que je vous le décris maintenant.
 
La robe est jaune pâle.

Le nez est fin, tonique, évoquant le zeste de pamplemousse, l'ananas frais et la bergamote.

La bouche est ronde, aérienne, avec une très fine acidité qui la tend et la tonifie. L'ensemble est léger et gourmand, très rafraîchissant.

La finale est délicieusement citronnée, salivante, renforcée par une noble amertume et des notes salines qui persistent longuement.

Un vin digeste et réjouissant !
 
Je l'ai ensuite ramené à la maison et laissé une heure au frigo pour le rafraîchir. Je lui ai trouvé moins de charme avec une acidité, une amertume et une astringence plus marquées, mais aussi une aromatique moins causante. Cela me parait important de le préciser, car cela permettra aux clients qui le goûteront de comprendre qu'il suffit de le laisser se réchauffer un peu pour le rendre beaucoup plus aimable.
 
Voici en tout cas un beau Chardonnay d'école qui peut servir de référentiel lors d'une dégustation "découverte des cépages  blancs". Il n'est pas boisé, pas lourd, pas trop acide non plus, façon mauvais Chablis. Et en plus relativement abordable (10,50 €).

PS : j'ai bu une semaine après la fin de la bouteille conservée au frigo. Même frais, c'est vraiment chouette, gourmand, digeste, équilibré. Miam !
 
 

mercredi 17 juin 2015

Escapades, jour 2



Il y avait foule dès 10h15 du matin à Darwin, ancienne caserne désaffectée et transformée en symbole de l'éco-responsabilité. Logique que ce soit en ces lieux que se tienne "Renaissance des Appellations" qui regroupe des domaines en biodynamie de l'Europe entière (et même un peu plus).



On y retrouve des têtes connues, comme Bénédicte et Stéphane Tissot. J'ai pu goûter à leur stand la nouvelle version de BBF, plus fraîche et tonique que la précédente. Mais ce sont surtout les deux jaunes de 2008 qui m'ont épaté par leur finesse et leur intensité : En Spois et le Château Chalon. Des futurs vins de légende !
Toujours dans le Jura, j'ai découvert le domaine Pignier dont tous les vins sont remarquables, des crémants au Savagnin sous voile, en passant par les cuvées GPS (regroupant Chardonnay, Poulsard et Savagnin) et Percenette. Tous dégagent une grande harmonie. Lorqu'on les déguste, on se sent super zen...

...Zen, c'est tout Ludovic Bonnelle, ça ;-) Il a raison de l'être, car son Pech Abusé 2010 est vraiment très bon. Je le préfère à la Badinerie du Pech 2007, trop virile pour mon palais de fillette. Par contre le Badinerie Blanc 2010, en légère macération, était vraiment intéressant. Et la QV 2012, vin orange du Sud Ouest, est une petite bombe qui devrait faire parler d'elle !
Juste à côté, il y avait Stéphanie Roussel. J'ai pu regoûter son Petit Lassolle 2010. P....qu'il est bon ! Je comprends maintenant pourquoi un client a dévalisé notre stock récemment. Y a de quoi tomber en amour. Sa nouvelle version de Triple S (anciennent 3S) est vraiment extra. Et le Coup Franc 11 n'a rien à lui envier.
Causses Marine était juste à côté. Mais bon, je les avais goûtés la veille ;-) 


Pendant ce temps-là, Eric R. dégustait des vins plus sudistes (Languedoc, Provence, Corse, Italie...). Lors de notre courte pause déjeuner, il m'a dit  : "il faut que tu goûtes Pero Longo, son Equilibre 2013 est top". Du  coup, sans même avoir bu de café, j'y suis allé. Comme il se doit, le chef avait raison : c'est effectivement top (bon, en même temps, je suis aussi un grand fan du 2012 que nous avons  pour l'instant). A noter aussi la superbe fraîcheur du blanc Sérénité 2014 que nous avons reçu il y  a peu. Quant à l'Esprit de la terre, le 2013 est déjà épuisé. J'ai pu goûter le 2014. C'est très prometteur, mais pas encore prêt à boire...

Pour le "prêt à boire", valait mieux passer au stand de Michel Grisard qui proposait une belle verticale du Prieuré Saint Christophe. J'ai pu goûter entre autres à la fameuse Prestige 2003. Difficile de ne pas penser à une belle Côte Rôtie. Mais mon hénaurme coup de coeur va à la Prestige 2009. Même  si c'était l'une des plus jeunes bouteilles présentées, elle était déjà très accessible, avec un charme sensuel irrésistible (alors que la Tradition 2009 était beaucoup plus fermée et austère).

Dans les belles découvertes, citons le domaine slovène Korenika & Moskon qui produit des superbes blancs, avec ou sans macérations, mais aussi un chouette rouge à base de Refosk. Et ils n'avaient pas amené toute leur gamme qui semble très riche.

En Autriche, coup de coeur pour le domaine Meinklang qui est situé dans le village voisin des Moser, mais propose une gamme assez différente. Il possède entre autres des vignes dans la très proche Hongrie et vinifie donc une cuvée à base de Harslevelu. Mais il a aussi du Blaufränkisch, du Pinot noir et du Gewürztraminer. Il cultive aussi des vieilles variétés de blé dont il fait une bière délicieuse.  Comme il est possible de grouper une commande avec Moser, cela devrait arriver lorsque nous réapprovisionnerons en vins autrichiens.


C'est aussi un beau lieu de rencontres, où l'on pouvait croiser des vignerons en goguette (en langage business : en veille concurrentielle) comme Mélanie et Benoît Tarlant ; des champions d'Europe de dégustation comme Laurent Gibet ; des amis d'enfance pas vu depuis 30 ans comme Jules Desormières ; ou des clients comme Olivier Fauvel.

Nous avons fait ensuite deux autres salons. Eric R.  est allé aux Anonymousses où il a pu déguster les dernières productions de Boulard, Planquette, Ballorin et quelques autres.  Et je suis allé à Expression Bio où j'ai rencontré entre autres  Philippe Betschart des Graves de Viaud. Je n'avais jamais eu l'occasion de goûter ses vins. Ils sont vach'ment bons, pour des Bordeaux ;-)

mardi 16 juin 2015

Escapades, jour 1

 
 
Dimanche nous avons passé six bonnes heures au Château Grattequina pour le salon Haut les vins. Il y avait vraiment une belle qualité générale, même si tout n'est bien pas du même niveau. Nous avons revu avec plaisir des vignerons avec qui nous travaillons depuis plus ou moins longtemps.
 
 
La palme de l'ancienneté revient sûrement à Mireille Daret dont nous vendons le Cru Barréjats depuis trrèss longtempps. Après une période d'hibernation de quelques années, il est de retour depuis le printemps avec quatre millésimes d'un coup : 2010, 2011, 2012 et 2013. Ce dernier plaira beaucoup à ceux qui ne sont pas "bouche à sucre". Il est d'une fraîcheur et d'une digestibilité totales.
 

A l'inverse, Franck Peillot fait partie de nos "nouvelles recrues" même si depuis un an pas mal d'entre vous ont goûté ses crus de Montagnieu. Les 2014 s'annoncent superbes, en blanc comme en rouge. Ils devraient arriver incessamment...


 
Dans les anciens, il y avait aussi Marc Ollivier de la Pépière. Même s'il a déjà bien passé la main à Rémi Branger et son épouse, il continuer à promouvoir les vins du domaine. D'ici quelques jours, vous pourrez vous jeter sur  sa Cuvée 4 qui est une petite merveille. Et dans quelques mois sur les Gras Moutons 2014, mais aussi une nouvelle cuvée en provenance de Saint-Fiacre, très très prometteuse.


 Il y avait aussi Jean-Yves et Isabelle Vantey des Rouges Queues. qui nous ont fait découvrir leurs 2014, pas encore en bouteilles pour la plupart. Dès la cuvée Envol, on se régale, et plus on monte dans la hiérarchie, plus on gagne en intensité et en longueur. Du très beau Bourgogne !


Virginie Maignien des Causses Marine était également là. Je vous ai dit hier tout le bien que je pensais des Peyrouzelles 2014. Je pourrais ajouter à ma liste de coups de coeur Dencon et Grains de Folie. Ce dernier a une fraîcheur assez géniale !


Eric Texier (et son épouse juste derrière) nous a régalé avec une Marsanne de Brézême, un Châteauneuf blanc et ses Vieilles vignes de Brézême rouge. Son Chat fou rosé est par ailleurs très sympa.


  Le lendemain,  nous avons passé la majeure partie de la  journée à "renaissance des appellations".... mais nous en reparlerons.
 
 
 

lundi 15 juin 2015

Peyrouzelles : hymne à la joie !


Pour la présentation de Peyrouzelles, le producteur le fait mieux que je ne saurai le faire :

Cépages : un peu de tout. Non pour être un peu sérieux : Braucol (leçon d’occitan n°1 : braucol signifie taureau), Syrah et Duras. Il se murmure que quelques pieds d’Alicante, Prunelart et Jurançon s’y retrouvent malencontreusement….

Bref, un assemblage vraiment étonnant que l'on ne peut trouver qu'à Gaillac, et qui a particulièrement bien réussi en 2014.

Quant au nom Peyrouzelles, voilà l'explication de Patrice Lescarret :

Leçon d’occitan n°2 : peyrouzelles signifie « pierres roses » (aucune connotation politique). Pour devenir bilingue en occitan, rien de plus simple : buvez du Peyrouzelles

La robe est intensément pourpre violacé.

Le nez est très expressif sur les fruits noirs sauvages (prunelle, sureau), le fer et une touche lactique (yaourt). Cette dernière disparaît avec l'aération.

La bouche vous happe de suite par sa fraîcheur et sa tonicité pour ensuite vous charmer par son fruit exubérant et sa chair veloutée. Tout dans ce vin exprime la joie et la pureté, vous donnant envie de sortir dans la rue la bouteille à la main et de le faire découvrir  à tous les gens qui passent.

La finale est de la même eau, si je puis dire : tonique, joyeuse, fruitée et épicée ( et toujours ce fer !). Vraiment que du bonheur !

A noter que le vin tient sur plusieurs jours, avec toujours le même fruit et le même peps.




dimanche 14 juin 2015

Absence momentanée...



Nous nous absentons deux jours (dont aujourd'hui dimanche) pour participer à divers Off's de Vinexpo aux alentours de Bordeaux.  Cela nous permet de découvrir les millésimes en cours ou à venir des producteurs avec qui nous travaillons et de faire de nouvelles découvertes :-)
 
Le site de vente reste bien sûr ouvert. Mais rien ne partira avant mardi prochain.
 
Bon dimanche !
 
Les z'Erics
 

vendredi 12 juin 2015

Une Rose est éclose

 
Non, il n'y a pas de lobbying d'Emile & Rose pour que l'on promeuve leurs cuvées.  C'est juste qu'une palette est arrivée il y a peu, chargée de leurs nouveaux millésimes, et que cela fait partie de notre (terrible !) travail de les découvrir...
 
Hier, nous parlions du Cinsault. Aujourd'hui, c'est la version "cuve" du Carignan blanc, la Rose d'Emile ( car il y aussi une version "bois" et une version "amphore"). La mise en bouteille du 2014 est toute récente. Cela explique pourquoi il n'est pas tout à fait en place à l'ouverture.  Mais dès qu'on l'aère un petit peu, nous avons affaire à un très beau vin blanc au rapport qualité prix impressionnant (8,25 €). 
 
La robe est or clair.

Le nez intense évoque d'abord la pâte d'amande et la guimauve avant de prendre à l'aération des notes fumées, minérales, mais aussi des arômes de miel et de pêche blanche.

La bouche, au départ plutôt ronde et souple, se transforme elle aussi littéralement, avec une superbe tension  enrobée d'une matière ample, douce, aérienne, et toujours ces notes fumées, caillouteuses, qui donnent la sensation d'une roche entre l'état liquide et gazeux.

La finale finement astringente et amère développe les mêmes notes aromatiques, complétés par des épices.
 
Un vin multifonction qui se prêtera aussi bien à l'apéro, aux coquilles Saint-Jacques, aux langoustines,  à la viande blanche, aux plats exotiques ou aux fromages affinés.
 
 

jeudi 11 juin 2015

5 Seaux : incontournable


Les 5 Seaux font partie intégrante de l'ADN de Vins étonnants. C'est aussi l'une des cuvées les plus populaires du site. Une dégustation annuelle est donc incontournable pour savoir à quoi ressemble le nouveau millésime (2014). Réponse ici et maintenant...
La robe est grenat bien translucide.

Le nez est d'abord réduit, puis après aération fait place à la prune, aux épices et la rafle. Après 24 h d'ouverture (bouteille à moitié pleine) il est beaucoup plus complexe : cassis, pivoine, encens, poivre blanc...

La bouche est ronde, légère, aux tannins soyeux : ça se descend tout seul. Après 24 h (au frigo), le vin a gagné en tension et en intensité tout en restant souple et soyeux.

La finale s'affermit un tout petit peu sur des notes de noyau et d'épices. Là aussi, l'aération est bénéfique : la finale s'arrondit et s'allonge, se fait plus gourmande.

Une bonne aération s'impose, donc (minimum deux heures de carafe ou 12 h avec un épaulage de la bouteille) et il faut veiller à le servir assez frais (14-15 °C) car même s'il ne fait que 12 % d'alcool, le vin "chauffe" assez vite lorsque l'on remonte en température.