lundi 29 février 2016

Légendes d'automne : la Roussanne comme vous ne l'avez jamais bue


Les liquoreux ne sont pas assez souvent évoqués sur ce blog. Voici donc une session de rattrapage avec ce Légendes d'automne signé Guillaume Bouvet. Une vendange tardive de Roussanne n'est prévue dans aucun cahier des charges languedocien. Ce vin se retrouve donc dans la catégorie fourre-tout des Vins de France. Il n'en reste pas moins un vin de grande qualité qui réussit à être beaucoup plus digeste que la plupart des Roussannes rhodaniennes ou savoyardes.

La robe est d'un or intense.

Le nez, d'abord fermé, s'ouvre au bout de 30 mn d'aération : il évoque alors l'abricot sec (pas oxydé), le nougat et le zeste d'orange confit.

La bouche est à la fois droite et opulente, avec une fine acidité qui tend et étire l'ensemble, et une matière riche, onctueuse, avec l'impression de manger de la marmelade d'abricot à l'orange (ou l'inverse).

La finale est tonique, intense, sur l'amertume de la bigarade et du kumquat confit, toujours l'abricot, noyau inclus, et un sucre des plus discrets tant il est équilibré par les autres éléments.

Autant dire qu'à 12 € la bouteille de 75 cl, le consommateur en a pour son argent. Son sucre discret permettra de servir ce vin aussi bien sur un foie gras que sur un tajine, un fromage puissant (pâte dure ou persillée) ou une tarte à l'abricot.


vendredi 26 février 2016

Six bonnes raisons d'aimer l'Alsace


En ce moment, au Club Vins Etonnants de Limoges, nous sommes dans un trip "les vins de nos régions". Le mois dernier, nous étions partis dans le Jura. Mercredi, ce fut l'Alsace. La résumer en six vins n'est pas des plus simples. Il a fallu faire des choix difficiles. Cruels même. Exit le Pinot noir déjà dégusté lors d'une session consacrée à ce cépage. Exit aussi le Klevener de Heiligenstein, certes attachant, mais pas vraiment représentatif. Et pas non plus de Sylvaner, même s'il y en a de très bons.


Nous avons pris l'apéro "à l'alsacienne" avec un Pétillant naturel Extra Brut de Laurent Barth. Contrairement à un Crémant, il n'a connu qu'une seule fermentation ce qui permet d'avoir un raisin bien mûr sans avoir trop d'alcool. Par contre, son repos sur lattes de 22 mois et ses 20 % de Pinot noir lui apportent de la complexité et de la vinosité. Tout en ayant une grande buvabilité grâce aux 80 % d'Auxerrois. Cette combinaison sort vraiment de l'ordinaire, avec une qualité qui le place au-dessus d'un paquet de (mauvais) champagnes, pour un prix modeste et génial : 12.20 €. Profitez-en : il y en a encore...

Pour le Pinot Gris, nous sommes restés sur le même producteur, car ce 2014 présente tout ce que j'aime dans ce cépage : une très légère surmaturité alliée à une fine fraîcheur, avec ce qu'il faut de rondeur gourmande, une aromatique poire/miel/sous-bois, et un très léger sucre résiduel. Pour l'accompagner, un plat  à base de pleurotes, châtaigne, foie gras, bouillon de volaille et oeuf mollet. Il a permis au vin de montrer plusieurs de ses (belles) facettes. Miam !

J'ai fait le choix de servir en parallèle deux Grands Crus de Riesling. L'un du Bas-Rhin – l'Altenberg de Bergbieten 2012 de Roland Schmitt, l'autre du Haut-Rhin – le Schoenenbourg 2014 du domaine Stoeffler.  Le premier n'est pas des plus connus. C'est un tort. Il a bluffé tout le monde mercredi dernier : un nez très Riesling marqué par les terpènes d'agrume, une bouche pure et élancée, d'une belle intensité aromatique se prolongeant longuement en finale, une fougue qui s'impose avec élégance sans acidité excessive. Le plat – de la julienne au chou poêlé/croquant, sauce au raifort – lui convenait parfaitement.

Le Schoenenbourg était sur un registre assez différent. Plus riche, plus gras, plus mûr, plus exotique. Plus jeune, aussi. Des crevettes cuisinées à la Thaï lui auraient sûrement mieux convenu. En même temps, certains convives m'ont fait remarqué que l'accord totalement décalé avait quelque chose de passionnant. On peut voir ça comme ça, effectivement ;-)


Avec l'incontournable Munster, j'ai choisi de servir le Gewurztraminer Sélection de Grains nobles 2007 de Julien Meyer. La logique eût voulu que je serve après l'autre Gewurz, moins sucré, mais il présentait des notes d'évolution assez marquées - sans parler de la robe entre l'or et le cuivre - qui me laissaient supposer qu'elles conviendraient plus au fromage qu'au dessert fruité (ce dernier serait totalement écrasé). Il faut dire que cette SGN  est sans sulfite ajouté, ce qui explique un vieillissement accéléré. Même si on a bien en arrière-plan les arômes du cépage (rose, épices), on a presque plus l'impression d'avoir  un Sauternes évolué dans le verre. Mon intuition était  bonne : le mariage avec le Munster fonctionne très bien !


Avec le dessert, nous retournons à un vin de Laurent Barth : le Gewurztraminer GC Marckrain 2012. Même si vous êtes habituellement fâchés avec ce cépage, vous ne pouvez que tomber en amour avec ce vin. Le nez est fin et complexe sans être entêtant. La bouche est droite, pure, limite tranchante, enrobée par une matière dense et généreuse. La finale fraîche et nette équilibre bien les sucres résiduels de cette cuvée. Le mariage avec le mangoustan, la poire et le sorbet à la framboise est tout ce qu'il y a de raccord, le mangoustan présentant l'avantage d'être beaucoup plus subtil que le litchi autant en terme d'arôme que de texture.

Encore une soirée instructive qui ne peut que donner envie de s'intéresser un peu plus aux vins alsaciens. Le mois prochain : la Savoie !

jeudi 25 février 2016

Le doux frisson de l'hérétisme...


L'hérétique est la première cuvée que j'ai bue du Mas des Chimères, à une époque où l'euro n'existait pas encore, et Internet était encore balbutiant. Ce fut l'un de mes premiers vins du Languedoc dont la qualité m'a époustouflé alors que j'étais persuadé que l'on y produisait que de la piquette. 

Bref, c'est un peu le jour où j'ai découvert l'hérétique que je suis tombé amoureux du vignoble languedocien. 

Pourquoi l'hérétique ? Parce qu'il ne contient aucun cépage local. Juste des soi-disants "améliorateurs". En fait, c'est souvent plus pire qu'autre chose, et pas à la cheville d'un grand Carignan. M'enfin.

L'hérétique, c'est donc 85 % Merlot et 15 % Cabernet Sauvignon, plantés sur ces fameux sols rouges du Permien aux allures très martiennes. Le Merlot, ça casse souvent pas trois pattes à un canard sur sa terre de prédilection, le Bordelais (sauf lorsqu'il y a un top terroir, une culture respectueuse du raisin et un très bon vinificateur). Ce côté bébé joufflu manquant de caractère. Alors, lorsqu'il est transplanté en terre languedocienne, même si c'est dans le but d'améliorer les vins locaux, on a toutes les raisons d'avoir peur...

Eh bien, détrompez-vous, c'est très bon !

La robe est grenat sombre translucide, sans le moindre violacé !

Le nez est aérien mais intense, sur des notes de prune, de fraise confite, de tabac, de poivre, avec une touche résineuse (ciste/genièvre) et végétale (menthol).

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière dense et mûre, parfaitement équilibrée par une fraîcheur qui semble plus aromatique que "structurelle" (curieux de connaître le pH...). 

Ceci dit, on sent une fine acidité qui surgit  du fin fond du palais et monte crescendo – apportant tension et dynamisme – pour finir par devenir l'élément central de la finale. 

Celle-ci est enrobée par des tanins bien mûrs mâchus à souhait, avec un retour sur l'aromatique perçue au nez complétée par du cassis, avec le menthol en sensation ultime (p'tit clin d'oeil à un dégustateur bordelais). 

Ce vin est à utiliser comme un vin du Sud-Ouest qu'il n'est pas : il sera juste parfait sur un confit de canard ou un enchaud. Ah bon, je ne vous ai pas dit le prix ? 9.50 €. Encore une belle affaire, tiens.






mercredi 24 février 2016

Ornithology : (re)birth of the cool


Il y a 3-4 ans, un premier Ornithology (2010) était sorti. Hommage à Charlie Parker, il était plus baroque que jazzy : il associait Grenache, Chardonnay et Muscat petit grain, avec un élevage en fût bien marqué. Maintenant qu'il y a prescription,  je peux le dire : je n'avais pas franchement accroché.

En 2015, Jeff a l'occasion de récupérer les raisins d'une vieille parcelle de Grenache gris du côté de Caramany (oui, comme le Carignan blanc évoqué avant hier). Il n'en produit que 4 barriques (bourguignonnes, de 3 à 5 vins). Ornithology renaît dans une version plus cool (entendez plus fraîche et moins démonstrative. Je vous fais le défi de lui trouver Davis des vices ).   

La robe est jaune clair,, avec des reflets gris/roses.

Le nez est aérien, sur des notes finement grillées/beurrées/fumées. Avec  l'aération, celles-ci s'atténuent et l'on a alors du zeste de pomelo, du fruit jaune (pêche, abricot) et un côté "pierre chauffée au soleil".

La bouche est à la fois droite, tranchante, éclatante, et en même temps dense et généreuse, avec un côté vineux/séveux.

La finale est puissante, avec une astringence/amertume marquée (on mord dans l'écorce d'agrume) prolongée par des notes beurrées/grillées.

Un très joli vin à un prix tout doux au vu de la qualité (9,90 € !) qui sera encore meilleur dans 2-3 ans, je pense. Seul hic : il y en a très peu. Sur les 1200 produites, il n'en reste déjà plus que 300. Il est probable qu'il ne soit plus dispo d'ici un mois. Ne tardez donc pas trop si vous voulez en avoir.... 




mardi 23 février 2016

Escures 2014 : avec ou sans soufre ?


Tout est parti d'une discussion sur le forum "la passion du vin" à propos de la version sulfitée (ou non) des Escures 2014 de Fabien Jouves. Jusqu'il y a quelques jours, nous proposions le "sans sulfite ajouté 2014"  et le "sulfité 2013". Il était donc délicat de faire une comparaison. Mais nous avons basculé de millésime la semaine dernière. Il me paraissait donc intéressant de montrer l'impact du soufre sur le profil aromatique/structurel de la même cuvée.



La différence est déjà visuelle : apparemment, la "sans sulfite ajouté 2014" est moins (ou pas) filtrée que la "sulfitée". En tout cas, il y a nettement plus de dépôt (vous remarquerez au passage que nos bouteilles sont stockées couchées).



Les Escures 2014 "sans sulfite ajouté" 

À l'ouverture

La robe est pourpre violacée opaque.

Le nez est réduit, avec en arrière-fond du fruit noir et plus en avant des notes lactiques.

La bouche par contre pète le fruit, avec de la rondeur, de la gourmandise, de la chair veloutée, fraîche. L'acidité est là, mais parfaitement fondue dans l'ensemble.

La finale est mâchue, marquée par le fruit et les épices.

Quatre heures plus tard (sans carafage)

La réduction est un peu moins présente et le fruit plus en avant, avec toujours du "lactique"/

La bouche est plus élancée que précédemment, avec toujours un fruit éclatant, de la fraîcheur bien intégrée.

La finale est identique.

Deux heures plus tard (sans carafage)

La réduction a disparu, le fruit noir est bien présent, mais aussi un côté plus minéral, pierreux, de la craie humide aussi, avec des épices et une pointe de grillé.

La bouche est ronde, douce, élégante, avec juste ce qu'il faut de tension. Le fruit est toujours là, plus pur que pétaradant. La matière évoque le velours profond où l'on prend plaisir à se lover. Mmmm... on est bien.

La finale a une mâche plus fine, avec des amers (noyau de pruneau) qui prolonge le vin.

Douze heures plus tard (sans carafage)

Le nez est fin et intense sur la crème de fruits noirs, avec une touche fraîche entre menthol et résine

La bouche est droite, précise, avec une matière dense et douce, fruitée, et une belle sensation de fraîcheur épicée.

La finale est moins mâchue, plus fine, mais un peu plus sèche.





Les Escures 2014 

À l'ouverture

La robe est identique.

Le nez est plus ouvert, typé fruits noirs bien mûrs, avec pas mal d'épices, et une touche ferreuse.

La bouche est plus tendue, austère, avec une acidité plus saillante.

La finale est plus tannique, moins fruitée, avec le côté ferreux qui revient.

Quatre heures plus tard (sans carafage)

Le nez est un peu moins expressif que précédemment.

La bouche a gagné en fruit avec une acidité mieux fondue, tout en restant un peu plus sévère que l'autre cuvée.

La finale s'est un peu assouplie.

Deux heures plus tard (AVEC carafage)

Le nez est plus intense, plus chaleureux, plus profond, aussi, les fruits noirs et les épices s'étant totalement fondus pour ne faire qu'un.

La bouche a changé du tout au tout : elle a gagné en ampleur et en sensualité. L'acidité s'est fondu dans l'ensemble. L'austérité ne transparait maintenant que dans une très légère raideur des tanins. Le fruit se fait plus éclatant, plus frais.

La finale est nettement plus expressive, très marquée par les fruits noirs et les épices. Les tanins se font discret. Avec un plat ad hoc, ils doivent être quasiment impeptibles.

Douze heures plus tard (AVEC carafage)

Le nez est aérien, sur le fruit noir très mûr, avec toujours ce p'tit côté ferreux (pas désagréable).

La bouche est encore plus aérienne, très élégante, avec une matière qui a gagné en soyeux. L'acidité agressive de départ s'est transformée en juste tension. C'est simple : on dirait plus du Cahors !

La finale est tonique, gourmande, fruitée, avec de subtils amers équilibrant l'astringence.

Conclusion : si vous voulez prendre du plaisir dès l'ouverture de la bouteille, la "sans sulfite" est conseillée. Si vous vous y prenez à l'avance en carafant la version sulfitée une douzaine d'heures, vous aurez un très beau vin !

lundi 22 février 2016

Carignan blanc : plus sérieux qu'il a l'air


Voici le dernier bébé de Jeff Carrel : un Carignan blanc issu de vignes quinquagénaires poussant sur l'un des rares terroirs granitiques du Roussillon.  Vendanges manuelles, pressurage direct sans égrappage, élevage sur lie en cuve, et mise en bouteille sans filtration. Aller au plus simple est souvent la meilleure des solutions.

L'étiquette est un clin d'œil aux lies lit en mouvement durant l'élevage. Que voulez-vous ? La "bande à Carrel" gardera toujours cet humour très potache. Mais c'est pour ça qu'on les aime ;-)

La robe est jaune pâle.

Le nez est expressif, sur des notes de zeste de citron, de pierre chaude, avec une pointe fermentaire. A l'aération, cette dernière disparaît pour laisser place à des notes florales.

La bouche est ronde, fraîche, tonique, avec une matière pulpeuse, friande, évoquant la chair du raisin.  Bien aéré, il gagne en classe et en ampleur, perdant en gourmandise immédiate ce qu'il gagne en élégance.

La finale est de belle intensité, soutenue pas de nobles amers (écorce de pomelo) et se prolongeant sur des notes épicées.

Une belle première approche du Carignan pour un coût très raisonnable (8,00 €). Une bonne aération préalable (ou un carafage de deux heure) permettra de mieux apprécier tout son potentiel.


vendredi 19 février 2016

Que la montagnette est belle !


Cette Montagnette est arrivée chez nous il y a 15 jours sans que je sache trop ce qu'il y avait dans la bouteille. Une commande de Lechef lorsqu'il s'est réapprovisionné en Estezargues. Et puis mercredi dernier, en me baladant à Vinisud, je tombe sur le stand du producteur. Bien sûr, j'y fais une halte et demande à goûter toutes les cuvées que nous avons référencées. Même si j'en ai déjà bu certaines, c'est toujours intéressant d'avoir une vision plus "panoramique", on va dire. Lorsque j'arrive à la Montagnette, c'est un (petit mais néanmoins véritable) choc : alors que c'est mis en bouteille depuis moins, ce vin est d'une évidence totale, droit, glissant, au fruit intense mais pas putassier. Bluffé je suis.

Aussi me suis-je dit que ce serait le premier vin dont je vous parlerai à mon retour de Montpellier. Bon, j'appréhendais un peu à l'ouverture de la bouteille. Allait-il être aussi bon que la veille ? Eh bien oui, je retrouve bien "ma" montagnette, aussi belle que dans la chanson de Ferrat (oui, il y évoquait ce vin qu'il buvait au quotidien, mais comme Montagnette, ça faisait une syllabe de trop, il a mis montagne à la place).

La robe est pourpre sombre violacée.

Le nez est fin et intense, sur la crème de mûre/framboise avec une touche épicée et une pointe yaourtée qui apporte de la gourmandise.

La bouche est droite et élancée, évoquant un vin sur schiste (ce qu'il n'est pas, je pense) avec une matière soyeuse et aérienne, digeste, et une sensation fruitée, fraîche et pure. 

La finale est plus terrienne, avec une mâche savoureuse et épicée qui permettra de résister à des plats généreux méditerranéens (mais ce vin ira aussi avec un plat de cochonnaille ou une pizza). Pour 7.90 € la quille, on est dans l'irréprochable, pour pas dire plus....



jeudi 18 février 2016

Racines métisses, le retour !


Tous les ans, nous recevons le nouveau Racines métisses, et c'est toujours un plaisir de le re-présenter sur le blog, car il fait partie des bons rapports qualité/prix du site (8,50 €). Ce vin contient juste assez de Gewurztraminer et de Muscat pour lui donner de la complexité aromatique sans tomber dans le côté too much que peuvent avoir ces deux cépages. Mais c'est l'Auxerrois qui domine l'assemblage et qui lui apporte sa grande buvabilité.

La robe est jaune pâle.

Le nez est fin, aérien, sur des notes de rose, de fleur d'oranger et de pêche blanche, avec une pointe d'épices.

La bouche est ronde, avec une fraîcheur qui claque et cette impression de mordre dans le raisin. Sensation garantie lorsque vous le servirez !

La finale nette, légèrement astringente est plus "sèche" que les millésimes précédents, mais laisse un bon goût de raisin en bouche. Elle demande un p'tit quelque chose à grignoter avec pour l'enrober.




mercredi 17 février 2016

Costas... au sommet !


Il y a pile un an, j'avais dit tout le bien que je pensais du Grenache de Costas 2013 de Supply-Royer. J'ai relu ce que j'avais écrit alors, et je me rends compte que j'aurais quasiment pu faire un copié/collé. Il y a peut-être juste un peu plus de densité et de puissance dans le 2014. En tout cas, c'est vraiment un régal, et même s'il a légèrement augmenté, ce vin reste un excellent rapport qualité/prix (10,95 €)

La robe est pourpre sombre aux reflets violacés.

Le nez est superbe et tentateur, sur la crème de fruits noirs (cerise, mûre), le cacao, la violette et le benjoin.

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec une matière veloutée, charnue,sensuelle, sans un seul tanin qui dépasse, avec l'impression de croquer dans un Mon chéri ®, le sucre en moins.

La finale dévoile une mâche savoureuse, fruitée et épicée. Elle est puissante, mais pas agressive. La preuve, c'est qu'on en redemande très vite.


mardi 16 février 2016

On craque aussi pour Bergecrac blanc !


En 2014, il n'y avait que le Bergerac rouge qui était nommé Bergecrac. Comme les retours ont été très positifs, le Blanc prend également son c supplémentaire. Voici donc le Bergecrac blanc de Barouillet. Sa richesse reflète bien la météorologie flamboyante de 2015. En même temps, comme beaucoup de blancs de ce millésime, il y a un bel équilibre avec une acidité discrète mais efficace.

La robe est couleur paille.

Le nez est relativement discret, sur des notes de fruits blancs, de beurre, et une pointe végétale (herbe froissée) qui apporte de la fraîcheur.

La bouche est ample, sphérique, avec une attaque fraîche, vivifiante, qui se poursuit en longueur grâce à une fine acidité – renforcée par un léger perlant. La matière est riche, limite grasse. On comprend que les 14.50 % d'alcool ne sont pas que sur l'étiquette, sans qu'ils pèsent le moins du monde en bouche. Le tout est parfaitement équilibré, d'une grande évidence.

La finale est nette et intense, soulignée par une noble amertume (zeste d'agrume) et des notes beurrées/grillées/épicées.

Un bien joli vin pour un prix quasiment indécent : 7 €. Craquerez-vous ?




lundi 15 février 2016

Bulletin de notes ? Mention très bien


Le blog Escapadeoenophile a fait un nouveau bilan sur les vins achetés sur notre site. Vous trouverez ses commentaires détaillés ICI

Pour résumer, sur les 106 vins achetés à Vins étonnants, 82 ont plu au blogueur bordelais. Il y en a une vingtaine qu'il a moins appréciés sans qu'il les trouve mauvais (une affaire de goût). Et trois qui ne lui ont pas plus (dont un qui avait apparemment un défaut). 

Ce bon taux de résultat n'est pas dû qu'au hasard. Je reçois régulièrement des mails de Thierry me demandant si je pense que telle ou telle cuvée va lui plaire ou non. Je lui répond dans la journée, et il commande, ou non, en conséquence. Il arrive que je me trompe, mais pas trop souvent. 

Il ne faut donc pas hésiter à nous contacter pour nous demander notre avis (en nous donnant des exemples des vins que vous appréciez et d'autres que vous détestez). Cela nous permettra d'avoir votre "profil oenologique". 

En tout cas, merci à Escapadeonophile de mettre régulièrement nos vins à l'honneur :-)



vendredi 12 février 2016

Entrouvrir la porte ... Saint-Jean


Montreuil-Bellay se trouve sur le chemin entre Limoges et Angers. L'occasion était donc trop bonne pour ne pas s'arrêter chez Sylvain Dittière. D'autant que cela permettait de faire aussi le plein des vins de Matthieu Bouchet qui est installé dans le même village.


Cela fait pile un an que j'ai découvert les vins de la Porte Saint-Jean puisque cela se passait à la Dive 2015. De suite un coup de foudre : je retrouvais dans ses cabernets la grâce de ce que j'avais bu de meilleur sur Bordeaux. Très rapidement, nous les avons référencés et vous leur avez faits bon accueil. 


Pas besoin de se demander où Sylvain Dittière a trouvé son inspiration pour choisir le nom de son domaine. Il habite au 100, rue Porte Saint-Jean. Une maison tout ce ce qu'il y a d'ordinaire ne déparant pas des voisines. Je sonne. Un chien se met de suite à aboyer. Et le portail s'ouvre pour laisser place au vigneron. Après un rapide échange, Sylvain m'emmène dans la cave souterraine creusée dans la roche. Un lieu à la sobre beauté, insoupçonnable de l'extérieur. 


Nous attaquons directement les dégustations sur fûts : d'abord le Sauvignon Saut Mignon 2015 qui ne présente pas les caractères habituels du cépage. On est sur quelque chose de plus rond et mûr, mais qui reste toutefois bien frais. Puis nous passons au Chenin 2015. C'est là que l'on voit la différence entre les deux cépages, hormis l'aromatique : la tension est nettement plus importante tout en gardant une certaine rondeur, signature du millésime que je retrouverai les jours suivants. L'acidité est plus présente sur le Chenin 2014. Le 2015 plaira facilement à tout le monde, alors que le 2014 s'adresse plus aux fans de ce cépage.


Puis nous passons aux rouges avec Cormiers 2015. Cela se goûte déjà très bien. La maturité est bien aboutie, au point de se demander si l'on est bien en train de boire du Saumur, car l'on retrouve pas les marqueurs du Cabernet (on n'est pas dans le surmûr, toutefois). La matière est fine, élégante, avec ce qu'il faut de fraîcheur. Selon les barriques dégustées, le boisé se fait plus ou moins ressentir, sans qu'il ne domine toutefois jamais le vin. 

Cormiers 2014 fait tout de suite plus Cab' au niveau aromatique, avec un cassis poivré bien marqué. En bouche, on retrouve cette élégance habituelle des rouges du domaine qui me fait plus penser aux cabernets du plateau de Saint-Emilion (Belair, Canon) qu'aux vins ligériens. Lorsque je déguste une barrique Radoux blend, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec Tertre-Roteboeuf qui se sert exclusivement de cette barrique.


Après cette balade de fût en fût, nous passons aux vins en bouteilles (et qui seront chargés juste après dans la camionnette).

Cormiers 2013 (mis en bouteille en décembre, un tiers de barriques neuves ... et 11.80 % d'alcool) : au nez, un très joli mélange de fruits rouges/noirs et d'épices grillés, avec une sensation de fraîcheur. La bouche est précise et gourmande, avec une acidité plus ligérienne que bourguignonne et un côté traçant des Cabernets sur graves. Mâche calcaire en finale. "Dans deux ans, il va pinoter" dit Sylvain. "Je suis content d'avoir réussi sur ce millésime difficile. En 2015, il n'y a aucun mérite à faire du bon vin"


Puis nous faisons une transition vers les blancs secs avec le pét'nat du domaine, élaboré avec les jeunes vignes de chenin, complété par les barriques des autres vins qui lui plaisent le moins. La spécificité de cette cuvée est une macération ... de pétales de rose provenant de la production paternelle (horticulteur). Cela se sent très peu, et ce n'est pas plus mal (ça ne fait pas loukoum...).

Nous démarrons avec Six roses 2015 qui sera disponible l'été prochain.  Par rapport au 2014 dont il nous nous reste quelques bouteilles, il est légèrement plus coloré. Le fruit est beaucoup plus présent en bouche, avec plus de vinosité, une bulle plus fine, et un fruit plus persistant en finale. Bref, plus sexy, plus glouglou et abordable que le 2014. Sylvain l'avoue :  "Je l'ai mieux fait dans tous les sens du terme"

On se regoûte le Six roses 2014 pour confirmer nos impressions.  Effectivement, on est sur un style plus droit et austère. Mais qui peut beaucoup plaire aux amateurs de "Brut nature".


Allez, les blancs secs !

Saut Mignon 2014 (récolté mûr mais pas en surmaturité, 1000 bouteilles produites) : plus classique et précis que 2014. Nez riche, baroque, avec un cassis (fruit) assez marqué, y compris en bouche. Celle-ci est dense, vineuse. Il serait intéressant de boire ce vin en verre noir, car on pourrait le prendre pour un cabernet rouge. D'autant que la finale a une mâche assez puissante. 

La Perlée 2013 (Chenin) : tout de suite, on retrouve le coing avec bonheur, au nez comme en bouche ! Bel équilibre entre fraîcheur et rondeur, aucune ne l'emportant sur l'autre. Finale salivante, mêlant amertume et astringence. La niaque me semble plus tourangelle (Vouvray/Montlouis) qu'angevine. 

Nous avons conclu sur un très bon Savennières 2013 de Tessa Laroche ouvert la veille. Pour ensuite re-déguster toutes les bouteilles avec d'autres cavistes qui viennent aussi visiter le domaine.

La voiture a été chargée, j'ai remercié Sylvain pour son accueil, filé chez Matthieu Bouchet, cassé la croûte en pleine campagne, avant de me rendre en Layon pour mon étape suivante : Pierre Ménard.



jeudi 11 février 2016

Immersion en Roussillon


Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait une "thématique" avec le Club de Saint-Yrieix. L'arrivée du nouveau millésime  des TP3 d'Arcadie me permettait de proposer à la fois des vins bon marché et d'autres plus dispendieux ... mais qui le valent bien, comme disait l'autre. La dégustation le montrera, d'ailleurs.


J'avais demandé à Gilles, le chef, de faire une mise en bouche dans l'esprit d'un tapas. Il l'a bien compris en faisant ce toast au pain croustillant surmontée d'une écrasée de sardine à la tomate et à l'ail. Nous l'avons dégusté avec un TP3 blanc, un 100 % Maccabeu cultivé sur schiste. Le nez est légèrement fumé/beurré. La bouche est ronde, fraîche, désaltérante, mais pas du tout acide/agressive. C'est tout bon tout seul, et encore meilleur avec le toast. Tout le monde est ravi de découvrir un vin qui ne ressemble à nul autre.


Le vin suivant est à dominante Maccabeu. Mais ce Coste 2013 provient d'un terroir argilo-calcaire, et il a été traité par la famille Danjou-Banessy comme un cru bourguignon. Tout est fait en barriques, avec un élevage sur lie et fermentation malolactique. Le résultat : superbe. D'un côté, une très belle tension sans avoir recours à une acidité saillante, de l'autre une matière imposante mais pas lourde du tout. L'équilibre est magistral. Plus encore, l'accord avec le plat - du merlu et des légumes croquants (fenouil, courgette) - est carrément parfait. Tout le monde est aux anges.


Nous continuons avec un vin rouge du même producteur : Les Mirandes 2012. Issu d'une parcelle de Syrah sur sol volcanique, il a un nez d'une grande intensité sur le cassis, de garrigue et de fumée. La bouche est pure, ciselée, avec des tanins veloutés. Cette cuvée ne ressemble ni à une Syrah rhodanienne, ni à une Syrah languedocienne. Elle est vraiment unique en son genre (et le 2013 dégusté à Angers la semaine dernière est encore un cran au-dessus). L'accord avec l'agneau de 7 heures est superbe, complexifiant encore plus le vin (des notes florales apparaissent). Là encore tout le monde est sous le charme.


Il aurait pu paraître difficile pour le TP3 rouge de passer juste après. Eh bien, pas du tout. Son fruit éclatant, sa fraîcheur, sa "naturalité" dirait Ducasse, ont quelque chose de bienfaisant. Ce n'est que du bonheur. L'accord avec la tome de brebis fonctionne bien. Le vin est là encore plébiscité (tout notre stock est quasiment retenu).


Pour finir, un classique : un moelleux au chocolat avec un coulis de fruits noirs ... servir avec le Maury "terres de Fagayra " de Stéphane et Marjorie Gallet. Celui-ci est très peu sucré. Il ne pèse donc pas du tout sur le dessert. Il se contente de l'épouser en douceur, apportant juste du fruit et de la fraîcheur. Délicieux. Là aussi. Résultat : stock épuisé...

Une bien bonne idée finalement que cette thématique Roussillon. Cette soirée fut de l'avis de tous l'une des plus belles jamais faites depuis trois ans. Du  coup, le mois prochain, on fera une autre thématique. Suspens...

mercredi 10 février 2016

Sainte-Croix : le Corbières à l'état sauvage


Cette année, Eric R. (dit Lechef) est allé tout seul à Millésime Bio (et ses off's), car il y avait de nombreuses commandes à traiter à l'entrepôt. Il y a trouvé un nouveau domaine, Sainte-Croix, créé par un couple de britanniques, John et Elisabeth Bowen,  qui ont roulé leur bosse sur plusieurs continents. 

Le domaine est situé dans les Corbières, en sandwich entre le Fitou maritime et le Fitou montagneux. Sur les 13 hectares de vignes, on retrouve donc tout aussi bien les calcaires "maritimes" que les schistes "montagneux".

Cela va donner naissance à des vins aux profils assez différents : fins et tendus pour les "schistes", plus puissants et mâchus pour les "calcaires". Nous avons un bel exemple avec les deux cuvées référencées. 


Pourboire Nature 2013 s'appelle ainsi parce qu'il n'a d'autre objectif que d'être bu, et qu'il ne contient que du raisin (73 % de Carignan, 27 % de Syrah, sans aucun ajout de sulfite). Il provient de sols schisteux, et ça se sent.

La robe est grenat sombre translucide, aux reflets violacés. 

Le nez est fin et intense, sur des notes de cerise noire, de ciste et de goudron, avec une touche de thym (ça pousse comme du chiendent dans le secteur).

La bouche est droite, longiligne, tendue comme un arc, enrobée par une matière séveuse au toucher soyeux, avec l'impression de boire un jus de fruit concentré (et poivré)*

La finale est toute aussi concentrée, avec une fine mâche, et toujours ce mélange ciste/goudron/herbes aromatiques. 

Un vin qui se mariera aussi bien avec du jambon cru qu'une viande (agneau, lièvre) à la sauce très concentrée et marquée par les herbes méditerranéennes (11.50€).


Le Fournas 2013 est un assemblage des 4 cépages rouges du domaine (Carignan, Grenache, Syrah, Mourvèdre). Il provient d'une parcelle à côté de laquelle il y a un vieux four à chaux (donc calcaire). C'est l'entrée de gamme du domaine, mais c'est tout sauf un vin light. Pour 10.90 €, t'as de la matière dans le verre !

La robe est grenat sombre translucide (mais pas de reflets violacés)

Le nez est moins "sauvage" que le précédent, et plus gourmand : fruits rouges et noirs (fraise, mûre, framboise), noyau, épices (poivre blanc), et une pointe de menthol. 

La bouche est plus large que longue, avec plus de rondeur et de fruit, mais aussi plus de tanins à partir du milieu de bouche. Ceux-ci, bien mûrs, ne vous lâchent plus jusqu'au bout de la finale expressive, fruitée et épicée. 

Ce vin demande un plat d'hiver, plutôt gras – cassoulet, confit, daube  – qui va gommer les tanins. On ne sentira alors plus que les fruits et les épices (alors que beaucoup de vins s'effondreraient complètement).

Un troisième vin a été référencé : une vendange passerillée de Carignan et Syrah.  Mais il y en a trop peu en stock pour que je vous en parle...

mardi 9 février 2016

Le Chardonnay bon et pas cher, on a aussi en boutique !


Je vous ai parlé récemment de deux blancs secs issus de Chardonnay : le Renard blanc et le Bourgogne blanc de PUR.  Ils étaient plus chers que la plupart des vins dont je vous parle habituellement sur ce blog.

Aussi, je vais vous présenter aujourd'hui un Chardonnay beaucoup plus accessible (8 €). Il est signé Franck Peillot et vient du Bugey dont vous avez déjà pu apprécier l'Altesse ou le Montagnieu. Vinifié et élevé en cuve, c'est du plaisir à l'état pur, sans prise de tête, et c'est ma foi fort agréable !  

La robe est or pâle.

Le nez ouvre sérieusement l'appétit, sur la pomme rôtie au beurre, l'amande douce et le miel d'acacia.

La bouche est ronde, savoureuse, avec une fraîcheur éclatante et désaltérante. La matière est pulpeuse, donnant l'impression de croquer dans le grain de raisin.

La finale est salivante, diaboliquement gourmande, mêlant noble astringence et fine amertume, avec un beau retour sur les fruits blancs et le beurre chaud. Le verre se vide très vite, et il est difficile impossible de ne pas se resservir. Pas plus de deux fois, promis ?


lundi 8 février 2016

Granit 2014 : la fraîcheur du large !


Nantes est-elle en Bretagne ? Desproges avait essayé d'y répondre il y a quelques décennies avec brio. Après une expérience scientifique inédite et irréprochable –  et la mort de deux pov' bêtes – il en avait conclu que oui

Ce vin rouge ajoute une nouvelle pierre à l'édifice. Déjà, il s'appelle Granit. Et comme tout le monde le sait, la Bretagne est granitique. Ensuite, il est rouge. Comme les Bonnets rouges bretons qui ont fait parler d'eux il y a 2-3 ans. Et puis surtout, il est vif et frais comme l'air marin (et le crachin) breton.

La robe est pourpre violacée sombre, limite translucide.

Le nez est une explosion de fruits frais : cassis, framboise, cerise (griotte et bigarreau), avec quelques épices douces (de Roellinger 'videmment).

En bouche, c'est une vague de fraîcheur qui vous envahit brusquement le palais telle une vague qui se crashe sur une falaise de granit. Mais avant de se retirer, elle libère une matière veloutée, hyper-fruitée et hautement vivifiante. 

La finale est aussi accrocheuse et insistante qu'un Bonnet rouge, avec une réjouissante – et subtile – rusticité, du fruit à revendre, cassis en tête, et toujours ces épices (dont une dominante de poivre).

Assurément un vin de copains à partager autour de cochonnailles, bretonnes ou non. Vous pouvez vous permettre qu'elles soient de qualité, car Granit ne vous ruinera pas : 8,40 €.