vendredi 22 avril 2016

Arnoison 2009 : un superbe Chardonnay sans une trace d'oydation


La mode est de parler des jobs à la con*. Eh bien moizossi, je peux témoigner. Je joue à Léon le nettoyeur à l 'étage Vins de France du site commercial. Tout ce qui pourrait déranger la DGCCRF doit disparaître et être transféré sur vins-etonnants.info. Sur ce site qui n'a pas de vocation commerciale, on est libre d'écrire ce que l'on veut. Raconter par exemple que cet Arnoison 2009 de Courtois est un pur Chardonnay. Certains vont me dire que plein de sites commerciaux continuent à raconter que Simon Busser vinifie du Malbec en appellation Cahors, ou d'autres choses du genre. Ben oui. Il faut croire que leur Direction des fraudes locale à d'autres chats à fouetter. N'empêche qu'ils n'ont pas le droit d'en dire plus que ce raconte l'étiquette. Et ça fait partie de mon jobalacon. Je prends les bouteilles sous toutes les coutures pour montrer que voilà, c'est bien écrit 75 % Syrah et 25 % Carignan, et donc l'indiquer sur le site commercial...


Bref, c'est donc en faisant ce travail de fourmi que je suis retombé sur cet Arnoison. L'un des seuls vins de ce producteur qui se vend doucement. Depuis que je travaille à Vins étonnants, on a dû en vendre 3 ou 4 bouteilles alors  qu'on a écoulé moultes Quartz, Plume d'Ange ou Racines... Je me suis dit "Allez bon, on va goûter et en parler... si c'est encore bon". Car je n'étais pas plus sûr que ça de mon coup. Un vin "nature" de 7 ans ne risque-t-il pas d'être mort prématurément ? Eh bien ... pas du tout !

La robe est d'un bel or intense.

Le nez fin et complexe hésite entre le Chardonnay (poire/pomme mûre, noisette grillée, mousseron) et le Chenin (coing confit, encaustique).

La bouche est élancée, tendue par une fine et intense acidité qui s'étire jusqu'en finale, et en même temps ample, élégante, avec une matière alliant fraîcheur et grande maturité. Un vin qui réconcilie avec brio des qualités souvent contradictoires. On a un peu l'impression qu'un négociant bourguignon se serait amusé à assembler un Chablis avec une cuvée bien mûre du Mâconnais. Et qui, sur un dernier coup de génie, aurait ajouté 10 % de Chenin tourangeau.

La finale est riche, puissante, longue, avec des amers très cheninesques, justement, et un beau retour sur les fruits mûrs, le coing confit, des notes résineuses, beurrées/fumées. Bref, baroque, et en même temps d'une justesse et d'une harmonie rares. Ce vin un brin allumé sonne juste.

Et surtout, aucune trace d'oxydation ou de vieillissement prématuré. Il fait plutôt moins que son âge. Ce vin n'a pas grand chose à envier à des vins issus de terroirs nettement plus prestigieux que la Sologne (oui, ça fait du monde, parce que la Sologne, comment dire...). Cela prouve définitivement que si un vin "nature" est bien né au départ, il n'a pas de raison de plus mal vieillir qu'un vin classique (et il y aurait de quoi écrire un livre entier sur  les PremOx (oxydation prématurée) du Chardonnay bourguignon...).

Bon, et puis, merci pour le jobalacon, parce que sans lui, cet Arnoison serait tombé aux oubliettes, et c'eût été bien dommage !
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*C'est pas bête, vous me direz : quand les 3-4 millions de personnes qui sont au chômage  lisent les témoignages, ils peuvent se réjouir de ne pas avoir de travail...


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