jeudi 8 septembre 2016

L'effet Monsieur Piuze


L'histoire démarre en avril dernier. Je passe deux jours à Saint-Emilion au moment des Primeurs, histoire de voir à quoi ressemble ce millésime 2015, et je découvre dans l'ancienne gare le Salon Anthocyanes où j'étais déjà allé à plusieurs reprises (comme ICI, par exemple). C'est reposant, car on n'y trouve très peu de Bordeaux (surtout des Bourguignons de haut niveau... et Krug), et beaucoup de vins étrangers (dont Clos Mogador, Pio Cesare, Aldo Conterno....). 


Et puis, en toute fin, il y a un gars à l'air très cool, à l'accent légèrement québecois,  qui présente sa production de Chablis. Je regarde le nom : Patrick Piuze. Jamais entendu parler. Je goûte. Et paf, dès le premier vin, j'tombe en amour. Love at the first taste. De ce que j'ai compris, quasiment toute sa production part à l'étranger. La France n'en a que les miettes. Ce qui explique pourquoi il est si peu médiatisé chez nous (pour connaître son parcours atypique, lire ICI).

Un bon mois passe, sans même que je parle de cette découverte à Eric R. Et puis arrivent les gelées et les grêles qui massacrent une fois de plus le vignoble de Thomas Pico. Celui-nous confirme qu'il n'aura ni de 2015 ni de 2016 à nous vendre. C'est alors qu'Eric me demande si par hasard, je ne connaîtrais pas un producteur de Chablis de qualité. Et c'est là que je repense à Patrick Piuze et lui raconte ma dégustation. Il se renseigne. Il pourra avoir pour l'instant deux cuvées du producteur. Toujours mieux que rien. 

Celles-ci sont arrivées il y a quelques jours. Je les ai regoûtées pour être sur que je ne m'étais pas trop fourvoyé (c'eût été un peu embêtant). Et puis, il fallait que le chef déguste lui aussi pour voir s'il avait fait un bon achat. Ouf, dès le "simple" Terroir de chablis, il y a du monde dans le verre : c'est pas tous les jours que vous buvez ça... Je précise que nous les avons bus à température d'entrepôt (15 °C).








La robe est or clair, avec des larmes se déposant sur les parois.

Le nez est fin mais expressif sur des notes de beurre citronné, de pomme chaude, avec une pointe de mousseron et de coquille d'huître..

La bouche est ronde, ample, avec une matière dense, charnue, intense aromatiquement, et une belle tension qui étire et tonifie le vin.

La finale est puissante, mâchue, très marquée par le lemon curd (le sucre en moins) et des notes calcaires et salines. Il s'en dégage un sentiment assez jubilatoire et un p... de goût de revienzy.



La robe est identique.

Le nez est plus aérien, sur des notes grillées/tourbées – limite Islay – avec seulement le citron / beurre / craie mouillée en arrière-plan. Avec l'aération, l'ordre s'inverse, avec un citron plus confit que dans le précédent.

La bouche est beaucoup plus tendue, plus droite, avec une acidité un peu plus saillante, mais elle est enrobée par une belle matière dense et mûre au toucher moelleux/confortable qui évite de tomber dans l'austérité chablisienne (si vous le buvez plus fais, la matière devient plus pure/cristalline).

La finale est plus puissante encore, avec une sacrée énergie, et l'impression de croquer dans un citron, écorce incluse. Sous cet effet, difficile de ne pas grimacer car votre palais se rétracte, et se rétracte encore. Longuement même, se prolongeant sur des notes crayeuses/citronnées. Heureusement, l'expérience n'a rien douloureuse. Bien au contraire : on touche au profondément jouissif (mais bon, je suis peut-être un peu maso...).

Ces deux vins sont loin de représenter tout le talent de Monsieur Piuze, car il vinifie aussi de nombreux 1ers et GC (j'en avais dégustés certains à Saint-Emilon). Et là, on monte encore plus haut en qualité et le paradis n'est pas loin...

2 commentaires:

  1. Pour ce prix là, on a des premiers crus de Droin...

    Autant dire qu'il faut que la qualité soit au rendez-vous mais je suis d'un naturel curieux ;o)

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  2. Nous sommes sereins, ces Chablis rivalisent avec ceux de T. Pico de Pattes Loup sans aucun problème.

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