mercredi 28 décembre 2016

La chouette bande d'Anglas


L'histoire commence souvent pareil : le domaine d'Anglas nous a contacté par téléphone pour savoir s'il serait possible d'être référencé sur Vins Étonnants. Je demande dans quelle région il se situe. En Languedoc. Hum, nous avons déjà beaucoup de Languedoc... Vous avez une particularité qui vous distingue des autres producteurs ? Nous sommes en bio, et tous nos vins sont sans sulfites ajoutés. Ah, intéressant, ça. Eh bien, il faut voir. Enfin boire, plutôt. Nous ne prendrons une décision seulement une fois les vins dégustés. S'il sont bons et pas trop chers, nous pourrions faire affaire.... Une semaine plus tard, nous avons reçu trois bouteilles par la Poste. Nous n'avons pas tardé à les déguster. Il n'y avait pas toute la gamme, mais ce que nous avons bu nous a plu : pas de défauts de vinification (volatile, réduction, gaz trop présents, bretts...), du fruit, des belles matières, de l'équilibre. Bref : la seule chose qui les rapproche des vins sans soufre, c'est leur expressivité immédiate, leur facilité d'approche. 

Des vins très différents de ceux de Costes-Cirgues que nous avons fait rentrer en septembre dernier : ces derniers ont un style plus élégant, plus raffiné. Les vins d'Anglas font plus "vins de copains" dans un style canaille. Deux ambiances, quoi.




Farigoulette blanc (6.50 €)

Roussane/Marsanne/Carignan blanc

La robe est jaune paille dorée.

Le nez est vif, profond, sur l'agrume confit, l'abricot bien mûr, avec une petite touche résineuse (pin).

La bouche est vive, tendue, avec une matière ronde et mûre (mais digeste) et un léger perlant qui titille les papilles.

La finale est nette, tonique, sur des notes salines/minérales et fruitées (abricot sec).

Il pourra accompagner un tajine aux agrumes confits, voire un foie gras mi-cuit



Farigoulette rosé (6.50 €)

Carignan, Aramon, Cinsault

La robe est entre le saumon et l'oeil de perdrix.

Le nez est plutôt discret, sur la mirabelle, noyau de cerise, la pâte d'amande.

La bouche allie rondeur et vivacité, avec un côté pulpeux/gouleyant, et une buvabilité d'enfer. Ça se glougloute tout seul. L'aromatique joue sur les épices et les notes de prunes/cerises/groseille. Là aussi, il y a un très léger perlant qui n'écrase pas le reste.

La finale mêle subtilement amertume et astringence, évoquant un peu un Chenin ligérien. Les épices et les notes finement kirschées vous rappellent que vous êtes dans le SUUUD !!!

Passe partout, il pourra aller aussi bien avec du jambon cru qu'une salade d'été, une paella ou des fromages (un peu ) affinés.


Farigoulette rouge (6.50 €)

Carignan, Aramon, Cinsault

La robe est pourpre translucide.

Le nez est expressif, sur des notes de cerise burlat (noyau inclus), de sureau et de poivre blanc.

La bouche est ronde, fruitée, gourmande, avec une matière d'abord souple/soyeuse, puis plus dense/veloutée/charnue virant au rustique séducteur. C'est bourré de fruits, avec en contrepoint des notes ferreuses/sanguines/crayeuses.

On retrouve la rusticité et le toucher crayeux en finale, mais le registre est tellement canaille que c'est totalement irrésistible.

Le vin de casse-croûte/charcutailles par excellence. Mais un poulet rôti ne devrait pas lui faire peur.



Le petit "Roy" 2016 (8.90 €)

100 % Carignan

La robe est pourpre sombre limite opaque.

Le nez est gourmand, sur la quetsche, les épices douces, avec une pointe de cuir.

La bouche est ample, enveloppant votre palais d'une matière veloutée, au charme simple/immédiat, et un fruit bien épicé.

La finale douce/amère mêle la prune, la réglisse, le poivre et le quinquina, avec une niaque communicative, se prolongeant assez longuement sur des notes kirschées/épicées.

Il demandera des plats sudistes : daubes, ratatouilles, gigot d'agneau aux herbes...



Esprit de la garrigue 2013 (11.90 €)

Syrah 60% et Grenache 40%

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est classieux, sur la violette, le tabac, l'olive noire, avec une touche de clou de girofle, de laurier et de lard fumé.

La bouche est ample, mûre, à la chair profonde et veloutée, dotée d'une fraîcheur innée. Il y a un très bel équilibre et des tannins déjà bien patinés.

La finale a une mâche puissante, crayeuse, épicée, avec un retour énergique sur le laurier, la violette et le clou de girofle. 

De l'agneau confit devrait avoir un chouette répondant sur ce vin.

mardi 27 décembre 2016

Un Gaillac doux... à prix très doux


Oui, je sais. J'ai déjà parlé hier des vins rouges de la famille Balaran. Mais ce serait une faute professionnelle ne ne pas vous parler de ce Gaillac doux. Il n'est pas encore trop tard pour le commander et le recevoir avant la fin de l'année afin de finir en beauté l'année 2016 ... ou de démarrer 2017 avec un chouette liquoreux dans le verre. 

C'est un peu commun assemblage Sauvignon & Mauzac que l'on ne pourra trouver qu'à Gaillac. 

La robe est d'un bel or intense,  avec de nombreuses larmes sur les parois du verre.

Le nez associe l'ananas à la rose, mais aussi le raisin rôti et la mandarine confite.

La bouche est ronde, très ample, avec une matière riche, douce, onctueuse, enveloppante, et une fine – et tonique–  acidité qui tend le vin et lui apporte de la fraîcheur. L'ensemble, très marqué par l'ananas Victoria, est d'une gourmandise et d'une sensualité irrésistible.

La finale est très fraîche, savoureuse, avec toujours l'ananas, mais aussi l'agrume confit et la rose, se concluant sur une jubilatoire acidité, pas agressive pour un sou.

Le rapport qualité/prix est juste dingue : 9 € pour une bouteille de 75 cl ! Dans une région plus cotée que Gaillac, ce vin pourrait être vendu au double ou au triple sans que ça ne choque personne. Franchement, vous vous régalerez plus avec ce Gaillac qu'avec nombre de Sauternes, moins riches et moins complexes. Et je pense qu'il devrait encore se complexifier en vieillissant. Mettez donc quelques bouteilles de côté...


lundi 26 décembre 2016

Gaillac 2015 ... ou Gaillac 2015 ?


Nous venons de les recevoir tous les deux sur la même palette. L'un est produit par Jean-Marc Balaran, l'autre par sa fille Aurélie. Enfin, en théorie. Car l'entraide familiale fait que l'un soutient l'autre, et inversement. 

Par contre, les vins présentent des profils assez différents montrant toute la richesse du Gaillacois. Là-bas, pas besoin forcément de se mettre en vin de France pour faire des assemblages barrés (c'est en fait plutôt certains vins en monocépages qui posent problème). 

La Croix Petite est un assemblage de 45 % Braucol (= Fer Servadou), 45 % Syrah et 10 % Cabernet Sauvignon. Très marqué par les cépages dits "améliorateurs", en vogue dans tout le sud de la France.

L'Enclos des Roses est un assemblage de Braucol, Duras et Prunelart (1/3 de chaque). Plus typiquement gaillacois, donc. 


La Croix Petite 2015 (10.90 €)

La robe est grenat/pourpre sombre translucide.

Le nez est fin et profond, sur la cerise noire, les épices grillés, avec une touche chocolatée (noire) et une pointe de menthol. 

La bouche est élancée, avec une matière mûre, charnue, veloutée, marquée par les épices et les fruits  noirs légèrement compotés. 

La finale a une fine mâche savoureuse et épicée,  finement amère et réglissée, qui donne envie de s'en resservir de suite un autre verre ('ttention, hein, on vous surveille... )



La robe est quasi identique, avec peut-être un peu plus de violacé.

Le nez est plus discret, aérien, sur des notes de fruits noirs sauvages et une touche grillée/fumée/lactée (café, pain grillé) due à l'élevage en barriques.

La bouche est plus largeur qu'en longueur, avec de l'ampleur, une matière dense, structurée, au fruit moins causant, plus monolothique. Mais on sent qu'il y a plein-plein de choses cachées en réserve qui ne demanderont qu'à se révéler dans 5-10 ans.

La finale est plus ferme, avec des tannins plus marqués, mais ils sont parfaitement mûrs, sans astringence, et devraient que se bonifier dans le temps. Aromatiquement, on retrouve les fruits noirs et les notes d'élevage (pain grillé, cacao, moka).

Conclusion : le premier est déjà délicieux aujourd'hui et devrait pouvoir tenir 5 ans en ne faisant que s'améliorer. Le second mérite d'être encore attendu. Le boire aujourd'hui relève du gâchis



vendredi 23 décembre 2016

Sous la roche : Ganevat à son meilleur ..


Sous la Roche, tout amateur de Ganevat connaît puisque c'est écrit sur toutes ses étiquettes. Par contre, la cuvée Sous la Roche est beaucoup plus mystérieuse. Jusqu'à ce millésime 2015, nous n'en avions jamais eu une seule bouteille. C'est un pur SavagninS. J'ai rajouté un S final car il comprend trois variantes de ce cépage en complantation sur un sol schisteux : vert, jaune et rose. On pourrait s'attendre dès lors à un vin plutôt baroque. Eh bien pas du tout. Je me demande d'ailleurs si à l'aveugle je ne serais pas parti sur un Chardonnay (genre Chablis mûr). C'est pur, fin, intense. Du grand Ganevat !

La robe est dorée, brillante.

Le nez est tentateur, sur le lemon curd, la pomme rôtie et une subtile touche beurré/grillée/fumée.*

La bouche est élancée, avec une tension qui ne vous lâche pas jusqu'en finale,  et une matière dense, mûre, charnue, à la fraîcheur citronnée qui s'offre sans retenue. L'équilibre entre matière, tension et acidité est idéal. 

La finale est tonique, mâchue et savoureuse, avec les arômes perçus au nez, et une bonne persistance sur les notes beurrées/fumées, puis se poursuivant du salin. 

Il en reste une trentaine de bouteilles : nous avons limité à deux bouteilles par personnes afin que le maximum puissent en profiter.




jeudi 22 décembre 2016

Envol ? Émoi !


L'année dernière, l'Envol 2013 était marqué par la fraîcheur du millésime (euphémisme). Il fallait vraiment avoir le palais ligérien pour supporter son acidité limite crissante (genre la craie sur le tableau). Ouf, nous somme passés en 2014. Certes l'été a été frisquet mais le mois de septembre a battu des records de chaleur. Comme dans la plupart des autres régions, cela donne des vins mûrs et frais, avec des faibles degrés alcooliques comme on n'en voyait plus depuis quelques années (l'Envol 2014 fait 12% vol, par exemple).

Pour rappel, nous sommes sur un assemblage "bourguignon" même s'il est rare en Bourgogne : Pinot noir et Gamay (à peu près moitié de chaque). Le domaine est en BIO depuis quasiment toujours et en biodynamie depuis 3-4 ans. Et le soufre est vraiment dosé au minimum.

La robe est grenat bien translucide, légèrement violacée.

Le nez est "pinotant", sur la cerise, la ronce et la terre fraîchement retournée.

La bouche est ronde, souple, gourmande, avec une matière aérienne, soyeuse, et un fruit frais expressif.

La finale possède une mâche savoureuse, tonique, friande, mêlant la cerise et les épices douces, avec toujours ces notes "terreuses/terriennes", et une belle rétro fruitée/acidulée qui vous revient tel un boomerang une fois la dernière goutte avalée.

Ce vin très bourguignon dans l'esprit reste toutefois très ligérien dans le prix : 10 € tout rond (facile à retenir).




mercredi 21 décembre 2016

Pure M : vibrant !


Dans différentes régions françaises, des vignerons plantent du Petit et Gros Manseng, même s'ils sont condamnés à les vendre en Vin de France (enfin, plus forcément, car en IGP on peut planter aujourd'hui quasiment n'importe quoi. Merci l'Europe !). En Aquitaine, ça peut sembler une bonne idée, car les cépages locaux n'ont pas une acidité énorme, surtout si on les cueille assez tard, histoire d'éviter les notes variétales (suivez mon regard...). Le domaine du Jonc Blanc s'est donc essayé au Gros Manseng. Cette cuvée Pure M 2015 en est le premier millésime et c'est trèèèès prometteur !

La robe est or clair, brillante.

Le nez est aérien mais intense, sur des notes d'ananas, de fruit de la passion, avec une touche fumée élégante.

La bouche est pure, ciselée, avec une acidité "rayon laser" qui trace droit, au delà-même de la finale. Elle est enrobée par une matière ronde, caressante, de belle ampleur, qui réussit à être dense et aérienne à la fois. L'équilibre général est juste parfait !

En finale, on retrouve donc cette "acidité laser", mais aussi une fine mâche crayeuse ainsi qu'une noble amertume rappelant les meilleurs blancs de Loire (Chenin, of course), avec une aromatique ananas frais/fumée du plus bel effet.


mardi 20 décembre 2016

Folle noire : place à 2015 !


On aurait pu croire que 2015 donnerait de la puissance et des notes solaire/matures à cette Folle noire. Il n'en est rien. Elle est beaucoup plus en finesse que les riches millésimes 2009 et 2010. On ne va pas s'en plaindre : elle est totalement adaptée à notre époque actuelle qui réclame des vins plus faciles à boire, pouvant s'adapter à quasiment n'importe quoi. 

La robe est pourpre translucide, au disque violacé.

Le nez est bien expressif, sur la cerise noire (noyau inclus), la violette et lard fumé/poivré.

La bouche est ronde, souple, fraîche, bien fruitée, avec une matière gourmande, digeste, épicée, avec un côté plus juteux que vineux

La finale est plus ferme, avec une mâche  très Sud-Ouest, comme j'aime à dire. Il ne faut pas le voir comme un défaut, mais comme une adaptation judicieuse à la cuisine régionale. Une fourchetée de confit de canard, et le vin devient glissant en bouche comme l'eau sur les plumes du palmipède ;-)

Le prix de 8 € reste inchangé. Une très bonne affaire, donc !


lundi 19 décembre 2016

à fleur de peau : frisson garanti...


Il fallait bien qu'un jour Nicole et John s'attaquent aux vins oranges. Ils en ont beaucoup dégusté avant de se lancer, et ont trouvé que le Muscat se prêtait bien à la macération. En 2015, ils ont donc fait 5 cuvées de Muscat différentes : un sec, deux liquoreux, un pét' nat' ... et donc un vin orange. La fermentation de "à fleur de peau" s'est faite avec les peaux avec pigeage et remontage durant une quinzaine de jours. Le vin a été ensuite transféré dans une autre cuve pour un élevage d'un an.


Comme tous les vins de ce genre, il faut le  boire à 15-16 °C afin de ne pas durcir les tannins.

La robe étincelante est entre l'or intense et le cuivre.

Le nez est superbe dès l'ouverture (ce qui change de nombreux vins oranges) sur la fleur d'oranger, la rose, la banane séchée, les épices douces ... et le Muscat :-)

La bouche est d'une ampleur opulente, envahissant le moindre recoin de votre palais d'une matière dense et veloutée (qui évoque plutôt un rouge), très aromatique. L'ensemble est très bien équilibré, et moins déconcertant que nombre de vins de ce type.

La finale est tannique, avec une mâche généreuse. Mais il n'y a pas de dureté ou d'astringence. Juste des fruits séchés, de la rose, des épices à foison. Un souk oriental à lui tout seul.

C'est une bonne transition vers le plat qui accompagnera le mieux ce vin : un tajine avec des abricots secs sera parfait. Mais des fromages affinés (Parmesan, Époisses) devraient bien convenir aussi.


vendredi 16 décembre 2016

Les anciens : un cadeau à offrir ou à s'offrir



Il nous reste quelques caisses des Anciens du domaine d'Escausses et nous nous sommes dits que c'était un joli cadeau que vous pourriez faire à vos proches. Mais aussi à vous-même. Car après avoir re-dégusté ces vins que nous avions découvert l'hiver dernier, nous confirmons que c'est certainement l'une des plus belles promenades oenologiques que l'on puisse faire à Gaillac pour un prix des plus raisonnables (59 €). 


Ondenc : la robe est jaune pâle.

Le nez est intense, profond, sur les fruits blancs sauvages et des notes minérales fumées. 

La bouche est tendue, avec une matière dense et sensuelle, elle aussi empreinte de minéralité (très "jus de caillou"). L'ensemble est classieux tout en étant d'une grande sobriété. 

La finale est nette, savoureuse, avec là encore une touche caillouteuse/fumée. J'aime vraiment beaucoup !


Mauzac : la robe est d'une couleur très proche.

Le nez fait plus mûr, sur le coing, la pomme tapée et le miellat, avec une petite pointe résineuse fumée.

La bouche affiche une tension moins marquée sans tomber dans la mollesse. C'est rond, bien ample, avec une matière charnue, croquante, alliant fraîcheur et digestibilité. 

La finale tonique a une mâche plus prononcée, très "argilo-calcaire", sur des notes de pomme fraîche et de craie mouillée:  ça sert un peu les gencives, mais c'est p... bon, avec un côté très "dessoiffant". On en redemande !


Lenc de l'elh : la robe est un chouïa plus jaune (vraiment un chouïa...).

Le nez est frais et aérien sur la poire fraîche, la fleur d'acacia et le silex frotté (finement fumé).

La bouche est juste parfaite : tendue sans raideur, limpide et profonde, minérale et légère comme une plume. Ça se boit à grand trait tout en forçant le respect. On est dans le dépouillement sublime. 

On retrouve la mâche calcaire du vin précédent, avec plus de persistance (poire/craie).


Duras : la robe est pourpre violacée sombre, opaque

Le nez est frais, gourmand, sur les fruits des bois (sureau, prunelle) et une touche yaourtée/épicée.

La bouche est ronde, fraîche, tonique, avec une matière souple au toucher velouté et un fruit des plus expressifs. 

La finale a une mâche affirmée très sud-ouest qui appelle le confit et le cassoulet, avec une persistance fruitée/épicée.


Braucol : la robe est un peu moins concentrée, mais sur la même gamme chromatique.

Le nez est très Braucol,  sur ces notes ferreuses/sanguines/poivrées, avec tout de même un peu de fruit noir (cassis).

La bouche est plus sensuelle que le vin précédent, avec une grâce/élégance que l'on trouve rarement sur ce cépage. On est tout de même sur un vin du Sud-Ouest avec de la chair et du fruit à revendre.

La finale a une mâche plus fine que le Duras, avec un supplément de fraîcheur et de gourmandise, avec des notes salines persistants. Vindiou, c'est bon !


Prunelart : la robe est quasi identique que le précédent.

Le nez est une synthèse des deux autres rouges : fer/sang d'un côté, yaourt/fruit de l'autre. Et quelques épices (poivre).

La bouche est étonnamment dans l'esprit du Lenc de l'elh : une sorte de fluidité qui vous envahit complètement. Un tsunami de fruits noirs poivrés, charnus, gourmands.

La finale est rustico-jubilatoire. Le Sud-Ouest dans ce qu'il a de plus beau. Du fruit à foison, des notes salines assez marquées, du minéral, des tannins nobles. P... que c'est bon !

Si vous faites une commande supérieure à 18 bouteilles, nous pouvons vous envoyer la caisse joliment présentée (car elle sera posée sur une palette). Dans le cas contraire, les bouteilles seront placées dans nos coffrets polystyrènes habituels afin d'éviter qu'elles ne cassent. 




mercredi 14 décembre 2016

Jarnicoton : un Buzet tout ce qu'il y a de nature


C'est bizarre, la vie. Lundi dernier, un client appelle pour savoir si nous recevrons bientôt du Jarnicoton (euh, je ne sais pas, ai-je répondu lamentablement... ) et paf, le lendemain, nous recevons du Jarnicoton. C'est tout le talent d'Eric R. Il sait à l'avance ce que les clients vont nous demander, et hop, les vins apparaissent comme par magie !

Je n'avais pas été plus convaincu que cela par le millésime 2011 de cette cuvée (un peu trop tannnique à mon goût), mais là, ça a été quasiment love at the first sight*.

La robe est grenat sombre aux reflets violacés.

Le nez est expressif, sur des notes de fruits noirs bien mûrs (cassis, sureau), de menthol, avec une touche de cuir épicé et une pointe de volatile "du bon côté de la force". 

La bouche est ronde, fraîche, veloutée, avec de l'allant et de la buvabilité. Si j'osais, je dirais qu'il ressemble beaucoup à Ludovic Bonnelle, le co-géniteur de ce vin : au premier abord, un côté puissant, sauvage, un peu "brut de décoffrage", mais en fait convivial, généreux, avec une finesse qui se dévoile au fil des minutes. 

La finale a ces tannins légèrement accrocheurs sans qui les vins du Sud-Ouest perdraient de leur identité, mais leur maturité fait qu'ils passent tout seul, avec un fruit intense, des épices, toujours cette touche cassis/menthol et cette pointe de volatile. Non seulement c'est sympa, mais profondément sincère, authentique. Comme Magali et Ludo, quoi ;-)

_________________________

* le coup de foudre, in french




mardi 13 décembre 2016

Pierre Ménard... du grand art !


Je les avais dégustées en barrique en février dernier (et adorées). Les voilà aujourd'hui en bouteilles dans notre entrepôt (enfin, celles qui ont survécu au week-end. Des gens de goût – ou très bien informées – se sont précipités pour en acheter par carton). Elles, ce sont les deux cuvées de blanc sec de Pierre Ménard : Laïka (vignes de 50 ans sur schistes) et Quart des Noëls (vignes de 96 ans sur schistes), vinifiées et élevées en barriques dans un véritable garage. 2015 a été une année solaire, mais les acidités ont été conservées. Nous avons donc de très belles matières avec de bons équilibres.


Laïka 2015 (17.50 €)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est déjà très gourmand, sur la pomme rôtie au beurre, le citron fraîchement zesté, la fleur d'acacia, souligné par des notes grillées. 

La bouche est élancée, tendue sans être rigide, avec une matière ronde, ample, généreuse, doté d'une grande fraîcheur naturelle (sans acidité perceptible). C'est LA classe en toute décontraction, sans la moindre note variétale vulgaire. La magie du schiste. 

La finale mêle habilement amertume et astringence, sur des notes d'écorce de pomelo et de pomme Granny Smith, persistant longuement sur des notes citronnées/crayeuses. Déjà superbe, et un avenir radieux !


Quart des Noëls 2015 (24.90 €)

La robe est quasi identique.

Le nez est plus discret, sur le coing bien mûr, la cire d'abeille et des notes d'herbes médicinales (Chartreuse/Gentiane). Et puis une petite touche beurrée/grillée due à l'élevage en barrique.

En bouche, on retrouve la tension du vin précédent multipliée par 2 ou 3 en terme d'intensité, avec une matière beaucoup plus riche et dense, plus grasse aussi. On retrouve les notes perçues au nez, mais là aussi, en nettement plus expressif. La fraîcheur est éclatante, avec une acidité bien présente mais totalement fondue dans l'ensemble. Un monstre somptueux

La finale est totalement raccord sans toutefois en faire trop. Le coing confit règne en maître, souligné par des notes de kumquat  et de miel de châtaignier. L'aromatique fait plutôt "vin liquoreux" même si le vin est totalement sec. Puis arrivent la gentiane, le quinquina... La fatale et délicieuse amertume du Chenin. J'aurais tendance à répéter ce que j'ai écrit sur le vin précédent –  déjà superbe, et un avenir radieux – avec un coefficient multiplicateur (X 2 ?). On est face à un très grand Chenin qui devrait être magnifique dans une dizaine d'années. 

lundi 12 décembre 2016

Beaumont 2015 : Gross Hermitage, petit prix


Il nous reste encore un peu de Crozes-Hermitage Beaumont 2014, mais comme le millésime 2015 était annoncé chez David Reynaud, nous en avons commandé de suite avant qu'il n'y en ait plus (on n'est jamais trop prudent...). Du coup, les deux vous sont proposés au même prix. On est comme ça, à Vins étonnants.

Nous l'avions déjà constaté sur la cuvée de Syrah les Monestiers  : 2015 envoie du lourd. Ce n'est pas vraiment fait pour les palais de fillettes. Pour ces derniers, prenez plutôt le 2014 ;-)

La robe est pourpre très sombre, limite opaque.

Le nez est des plus expressifs, plus marqué par la tapenade, le lard fumé, le poivre, le clou de girofle ... que par les notes fruitées. Celles-ci apparaissent plus au réchauffement du verre, sur des notes de crème de fruits noirs.

La bouche est ronde, veloutée, avec une matière dense, charnue, d'une grande intensité aromatique, et surtout très fraîche. On perçoit une matière première mûre et riche, mais il en résulte un vin équilibré et digeste.

La finale est puissante, tannique, explosant de fruits et d'épices. Pour l'heure, il y a intérêt à manger des plats plutôt riches pour tempérer son impétuosité. Mais je ne doute pas que dans 3-5 ans, tout cela va se fondre et devenir plus harmonieux. En tout cas, pour 12.90 €, vous avez un joli monstre dans le verre (qui ne mord pas, en plus)...


jeudi 8 décembre 2016

Le père Noël est déjà passé à Limoges


Mercredi soir, c'était la dernière dégustation de 2016 au club Vins étonnants de Limoges.  Nous avons donc bu un peu meilleur que d'ordinaire, même si les gentils membres n'ont rarement à se plaindre. Je ne parlerai que des bouteilles "officielles". En fait, il y en avait cinq de plus, dont les deux vins géorgiens dont je vous causais hier (je les ai ouvertes 3 h avant la dégustation). 


Avec des gougères comté/noisettes, nous avons bu un Champagne L'âme de la terre 2003 de Françoise Bedel. Huit ans sur lattes, puis 4 ans de vieillissement après dégorgement : je vous laisse imaginer les arômes complexes, entre fruits secs et crème brûlée, la finesse des bulles, la texture crémeuse équilibrée par une fraîcheur bien présente malgré un millésime solaire. Tout le monde s'est régalé. Pour certains, l'un des meilleurs champagnes qu'ils aient jamais bus. Il n'est certes pas donné (44.50 €), mais ce n'est pas du tout déconnant par rapport à ce qui vous est proposé à ce prix-là dans les grandes maisons (un BSA avec 18 mois sur lattes).


Avec les Saint-Jacques & une réduction d'échalotes légèrement crémée, nous avons bu un Anjou Saulaies 2011 de Patrick Baudouin. Une robe dorée et un nez sur le coing confit et des notes fumées et tourbées. On croirait un liquoreux. Dès qu'on l'a en bouche, on s'aperçoit qu'il est sec de chez sec, avec une fine acidité qui tend et étire le vin, enrobée par une matière douce, presque moelleuse, au toucher presque aérien. La finale sur les notes confites/tourbées du nez se prolonge longuement. Un vin à la fois riche et digeste qui a bluffé tous les participants. 


Avec un pavé de boeuf, duxelle de champignons et polenta, nous avons dégusté un Margaux Bel Marquis d'Aligre 1998. Je l'avais ouvert 30 heures avant la dégustation (sans épaulage) afin de l'aérer en douceur. Il était parfait : un nez frais et élégant sur la framboise, le Havane, avec juste un peu de sous-bois et une pointe mentholée. Une bouche pure, élancée, tendue sans être raide, avec des tannins soyeux et une aromatique fruitée/épicée. La finale sur des notes de tabac et de cèdre n'est pas interminable, mais des plus agréables. Une très belle découverte pour tout le monde, et encore un très bon rapport qualité/prix pour un vin à maturité (29.90 €). 

En mars dernier, je vous avais parlé du Cellier des Chartreux 2012 du domaine Pignier. Je découvrais avec mes camarades le Cellier 2013 reçu il y a une semaine. Son style est moins démonstratif et baroque que son aîné d'un an. C'est la finesse qui règne en maître avec une acidité ciselée des plus élégantes. Les notes oxydatives sont relativement peu présentes : juste un peu de noix toastée et une pointe de curry. Un vin d'initiation pour ceux qui ont du mal avec ce type de vins. L'accord avec le comté, le curry et les noisettes grillées était évidemment parfait.


Pour finir, une salade de fruits exotiques présentée comme un cocktail.  Avec un Monbazillac Madame 2006 de Tirecul la Gravière : robe évoquant l'or en fusion ; nez d'une grande complexité sur l'abricot rôti, la mandarine confite, le safran et le miel de fleur d'oranger ; une bouche voluptueuse d'une rare richesse qui réussit à rester malgré tout fraîche et digeste ; une finale en queue de paon qui n'en finit pas. Tout le monde est émerveillé par cet hymne liquide à la sensualité. On ne pouvait rêver meilleure fin de repas ... et d'année !

En janvier 2017, nous attaquerons avec les vins étrangers. J'ai hâte... 

Chinuri : with or without skin ?


Je n'avais pas encore fait de comparatif sur ce blog entre un vin géorgien "blanc" (sans macération des peaux) et un vin géorgien orange (avec macération des peaux). Je dis "orange" pour me faire comprendre des occidentaux qui me lisent, mais en Géorgie, ils parlent de vins ambrés. Tant qu'à faire, il fallait prendre le même millésime (2014), le même cépage (le Chinuri) et le même producteur (Iago). Oui, j'utilise son prénom, car d'une part, je l'ai déjà rencontré – sans prétendre tout de même qu'on est potes – mais pour être honnête, c'est surtout que son nom est beaucoup plus compliqué à écrire ;-)

Pour plus de détails sur Iago et le Chinuri, vous pouvez lire cet article.



La robe est jaune clair, brillante, sans le moindre trouble ou dépôt.

Le nez est un peu réduit sans être désagréable, avec des notes de bière blanche (froment) légèrement citronnée. 

La bouche est pure, fraîche, élancée, d'une fraîcheur cristalline, tonifiée encore par une touche de gaz carbonique qui disparaît facilement en agitant la bouteille. C'est d'une terrible buvabilité tout en ayant du caractère. 

La finale est finement mâchue, avec toujours ces notes de froment et de citron, et une salinité qui persiste assez longuement.



La robe est beaucoup plus jaune, tirant vers l'orangé, mais surtout trouble.

Le nez est plus puissant, avec toujours un côté "bière blanche", mais avec aussi des notes d'écorces d'orange et d'épices. 

La bouche est également plus puissante, avec une sacrée tension, et une matière plus dense, plus charnue, plus aromatique, sans qu'elle soit particulièrement tannique comme beaucoup de vins oranges. 

La finale a une mâche plus prononcée sans que ce soit rédhibitoire, avec des notes citronnées/"fromentées" plus marquée, et beaucoup de fraîcheur. 

mercredi 7 décembre 2016

Restanques : le sud, même en hiver


Il faudra se faire une raison et prendre patience : les Restanques blanc et rosé ne seront de retour qu'au printemps prochain sur le millésime 2016. Par contre, sur la version rouge, l'élevage étant plus long, 2015 remplace depuis peu le 2014 ... et il est disponible. Ainsi pourrez-vous profiter de ce vin qui fleure bon le sud durant toute la période hivernale. Avec un peu d'imagination, vous aurez entendrez les cigales chanter dans le verre. Et peuchère, ça fait de suite chaud au cœur :-)

La robe est pourpre sombre, limite opaque. 

Le nez est fin et profond, sur des notes de fruits noirs confits, avec une olive noire hachée, une baie de genièvre écrasée, et quelques feuilles de menthe et d'eucalyptus légèrement infusées (pas en vrai, hein !).

La bouche est ronde, ample, avec une matière plutôt soyeuse au départ, veloutée ensuite, et une fraîcheur aromatique évoquant la Toscane (camphre, menthol, ciste) et apportant juste ce qu'il faut de tension. 

Ces notes "transalpines" non seulement persistent dans la finale mâchue, mais prennent encore plus d'ampleur dans ce registre balsamico-resino-mentholé que perso j'adore :-) Honnêtement, je partirais à l'aveugle sur un Chianti à 13-15 € la bouteille. Alors que c'est un Lubéron à 7.90 €. La magie de la biodynamie ?


mardi 6 décembre 2016

Sainte-Marie 2014 : le millésime de la maturité ?


L'album de la maturité, c'est un grand classique de la critique musicale. En ce qui concerne le monde du vin, le mot peut avoir plusieurs significations. Ici, il n'est pas question de vin à maturité –  comme c'est le cas du Pinot noir Brut 2006 du même producteur – mais plutôt de l'impression que Jean-Louis Denois n'a jamais produit de vins aussi aboutis qu'en 2014 (mais aucun doute que les suivants seront du même tonneau...). Cette cuvée Sainte-Marie en est une preuve. Mais c'est aussi le cas de Cabernets, déjà évoqué

Cela se sent d'ailleurs jusque dans les étiquettes qui ont complètement changé à partir de ce millésime.

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est fin, aérien, sur des notes de fruits blancs bien mûrs, de beurre frais agrémenté de zeste de citron, et une subtile pointe lactée/fumée/grillée/vanillée (pris ensemble, on pourrait penser à une crème pâtissière citron/vanille).  

La bouche allie tension et rondeur, générosité et fraîcheur, matière charnue et digestibilité. Le fruit est à la fois mûr et croquant, savoureux, avec un boisé qui n'est là que pour apporter une touche noble et épicée. Comme souvent dans les cuvées récentes de Jean-Louis Denois, l'équilibre frôle la perfection (sans tomber dans le ch...t). 

La finale à la mâche crayeuse et rafraîchissante signe le terroir argilo-calcaire de Limoux. Plus marquée par l'agrume que par le bois, elle fait plus penser à un Chablis qu'à un vin de la Côte de Beaune. Si j'évoque la Bourgogne, c'est qu'il serait bien difficile de placer à l'aveugle en Languedoc. Et comme ce vin est terriblement Chardonnay, on ne peut que penser à son berceau d'origine. 

Il serait intéressant de regoûter ce vin dans 5 ans, mais il peut déjà se boire dès aujourd'hui sur des Saint-Jacques ou un poisson de rivière. 


lundi 5 décembre 2016

Le vin des intrépides


Le vin des Intrépides 2015 est une version différente du Vulcani 2014 présenté l'année dernière : cette fois-ci, il y a plus de Pinot noir que de Cabernet Franc. Et cela se sent au nez (moins cassis, plus cerise) et à la bouche (plus fine). Cela donne un vin très digeste que l'on placerait à l'aveugle beaucoup plus au nord que le Languedoc. Le nom Vulcani a disparu suite – je vous jure que c'est vrai –  à une demande du parc d'attraction Vulcania qui trouvait le nom un peu trop proche du sien !... Ceci dit, cela permet d'avoir une étiquette plus sympa que la précédente, tout de même très kitsch (même si elle ne faisait que reprendre celle du film dont elle était l'une des vedettes). Pour rappel :


Dernier détail qui peut causer à pas mal d'entre vous : ce vin des intrépides est en BIO certifié. 

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est fin et aérien, sur la pivoine, la griotte et la crème de cassis , avec une touche de terre fraîchement retournée.

La bouche est tendue, rafraîchissante, avec une matière souple, gouleyante, fruitée, qui gagne progressivement en densité, s'accompagnant de notes terriennes (champignon de Paris, humus).

La finale a une mâche poudreuse/crayeuse, mêlant le fruit frais (cassis, cerise) aux épices, avec toujours cette "minéralité" en ultime sensation.

À 9 €, c'est encore un très bon rapport qualité/prix signé Jeff Carrel. Comme la plupart de ses vins, il y a un tarif dégressif selon les quantités achetées (8 € par 12 bouteilles, par ex).