vendredi 30 juin 2017

Alsace : prendre des chemins de traverse...


Nous avions déjà fait une session Alsace avec le "club Vin étonnants" de Limoges. Il fallait donc se renouveler pour proposer des cuvées très différentes : exit le Pinot gris, le Muscat et le Gewurzrtraminer, pas de crémant non plus. Bon, on garde le Riesling, tout de même, car ce serait péché de l'omettre. 


Pour démarrer avec des toasts (poivron, thon, radis  blanc), deux Sylvaner,  très différents l'un de l'autre, mais encore plus différent du "Sylvaner classique" : acide, austère, maigre, très citronné. Le (mauvais) Muscadet de l'Alsace. Nos deux producteurs ne le voient pas ainsi : chez Schmitt, le petit A du Grand Léon 2015 n'a rien à envier à un Riesling par sa concentration et sa maturité, même s'il ferait plutôt penser à (bon) Muscadet comme ceux de la Pépière (style Gras Moutons). Il y a une fraîcheur importante sans que l'acidité ne deviennent jamais saillante. Chez Stoeffler, le Sylvaner nature 2015 provient des plus vieilles vigne de ce cépage ce qui lui apporte matière et profondeur. L'absence de sulfites libère l'énergie et l'aromatique  des plus fougueuses. J'irais pas jusqu'à dire que l'on a un monstre dans le verre, mais ça dépote bien ! Malgré tout, même s'il n'y a guère de doute sur le côté "nature" de vin, on reste dans un "nature" relativement consensuel, je trouve (mais j'admets que les avis étaient partagés hier soir). 


L'un des participants avait proposé d'amener une bouteille. Sans que nous ne nous soyons consulté, il aussi décidé de prendre un vin qui sort des sentiers battus: un Zind 2010 de Zind Humbrecht. Composé à 2/3 de Chardonnay et 1/3 d'Auxerrois, il est pour cette raison l'un des seuls "vins de France" de toute l'Alsace (le Chardonnay est autorisé pour les crémants, mais pas pour les vins "tranquilles" ). La robe est dorée, le nez très intense sur des notes de beurre noisette, de fruits secs et de grillé. La bouche est dense, au toucher moelleux, profond, avec un bonne acidité qui équilibre  le tout et apporte de la tension. Mais on a tendance tout de même à vite à saturer : on n'en boirait pas plusieurs verres d'affilée. Par contraste, le Riesling Bollenberg 2013 de Valentin Zusslin est beaucoup plus reposant : fin, tendu, élégant, très pur, sans que l'acidité ne ressorte trop. La classe sans esbrouffe. J'aime beaucoup. Ce dernier se mariait nettement mieux avec le saumon "basse-température" (le plat avait été prévu pour lui, pas pour le Zind, soyons honnête). 


Nous passons ensuite au seul rouge officiel de la soirée (il y en a eu 5 autres, en fait, mais totalement hors thème...) : un Pinot noir Bollenberg 2014 de Valentin Zusslin. Ce n'était pas un hasard que je garde le même terroir que le vin précédent. L'idée était de montrer les points communs entre un blanc et un rouge issu du même terroir. Bu seul, on sentait que le millésime 2014 avait donné des vins plus riches que 2013. Mais dès qu'on a attaqué le filet mignon aux cerises, le vin a pris une finesse et une tension incroyables. Le parallèle avec le Riesling paraissait alors évident. 


Et bien non, pas de Munster et de carvi – appelé faussement cumin en Alsace. Mais du comté et du curry. Sacrilège ? Pas du tout, au vu des vins servis : d'une part, un Ni vu ni connu 2007 de Rietsch, un Sylvaner élevé près de 4 ans en foudre sans ouillage*. De l'autre, un Riesling  GC Muenchberg 1997 "NO4" de Patrick Meyer, élevé 4 en fût sans ouillage durant  4 ans, puis ... 15 ans en bouteille ** ! Le premier fait très vin jaune dans l'aromatique (curry, noix grillée) mais il est beaucoup plus rond et aérien, sans rien qui heurte (la femme du chef qui n'aime pas le jaune a beaucoup aimé). Extra ! Le deuxième sent bien le Riesling avec encore des notes pétrolées/terpéniques, mais avec une complexité et une douceur diffuse rarement rencontrées dans ma vie. En bouche, le Riesling – et peut-être encore plus le Muenchberg – sont bien là, dans la tension, l'énergie, l'ampleur. Mais là encore nimbé dans une sorte de voile qui le rend presque irréel. La finale est raccord avec le nez et la bouche, avec un retour des notes terpéniques, d'agrumes confits, aussi. et toujours ce voile d'irréalité qui vous presque demandé si vous l'avez bien bu.... (mais peut-être est-ce ça, un vin sous voile ?). Grand moment, en tout cas. 


Avec le dessert (ananas/sorbet passion), nous finissons avec Riesling VT Muhlforst 2015 du domaine Stoeffler. Très pêche rôtie/mandarine confite au nez, il présent un bel équilibre en bouche, ses sucres et sa texture moelleuse étant largement compensés par son acidité (nettement plus discrète toutefois qu'en Moselle). La finale est nette, sans lourdeur. Voilà un vin moelleux qui ne vous pèse pas en bouche en fin de repas !

Retour de nos aventures en septembre prochain (même si je ne serais pas étonné d'un "off" durant les vacances....)
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* Ne le cherchez pas, ni sur notre site, ni ailleurs. Il n'est plus en vente nulle part. Le vigneron me l'avait offert il y a deux ans lors de mon passage au domaine.

** Pas la peine de chercher. Il ne doit en rester que quelques unes dans le monde. 



jeudi 29 juin 2017

Bergecrac 2016 : dur d'être raisonnable...


Du côté de Bergerac, les levures sont farceuses*. Il y a quelques années, Bruno Bilancini de Tirecul la Gravière s'était fait avoir avec ses vins blancs secs : il pensait avoir ramassé du 12.5-13 ° potentiel, et s'était retrouvé au final avec des vins à 14.5 °. L'année dernière, Vincent Alexis de Barouillet était aussi tombé dans le panneau, avec le même degré à l'arrivée. Sur 2016, il a corrigé le tir pour obtenir vraiment un Bergecrac blanc à 12.5 °. Cela se sent dans le verre : la fraîcheur est nettement plus importante, et l'on en boirait quasiment comme de l'eau minérale. Prudence, car il n'y a pas que les levures qui sont farceuses. Les vins aussi...  

La robe est or pâle aux reflets argentés. 

Le nez est frais et tonique, sur le citron confit, la fleur de tilleul, le coing, avec de la pomme rôtie en arrière-plan. Oui, rien de frais et de tonique dans les arômes précités, et pourtant, ça l'est...

La bouche est pure, élancée, très eau de torrent qui dévale sans précaution dans votre palais, mêlant les arômes citronnés à des notes plus caillouteuses. Y a de la pomme, aussi. Verte, cette fois. Et puis aussi un léger perlant qui apparaît avec le réchauffement de la bouteille.

On retrouve la fraîcheur et la tonicité dans une finale savoureuse mêlant l'astringence et l'amertume, très "écorce de pomelo", avec le coing qui repointe son nez. On se croirait presque du côté de Vouvray/Montlouis.  Pas que pour la finale, d'ailleurs. A l'aveugle, je pense que je l'aurais placé là-bas, et non à Bergecrac. Euh, à Bergerac, voulais-je dire... 

Si ce  n'est que dans ce secteur ligérien, trouver un bon vin à 7 € est mission impossible. À Barouillet-land, on peut le faire ;-)

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* Quand je dis farceuse, c'est bien sûr une façon de parler. En fait, elles sont ultraperformantes : au lieu de produire 1° d'alcool avec 17 g /l de sucre, elles arrivent à le faire avec 15-16 g/l/. Par exemple avec un moût de départ à 220 g/l qui devrait donner un vin à 13 °, vous obtenez un vin entre 14 et 14.8 °.  





mercredi 28 juin 2017

Restanques rouge : un come back consensuel


Les Restanques 2015 nous étaient arrivé en décembre dernier. J'avais dit alors tout le bien que j'en pensais. Il n'a tenu que quelques mois avant d'être épuisé. Du coup, le domaine a raccourci l'élevage du 2016 pour ne pas être trop longtemps en rupture. Mais au vu du résultat, ce n'est pas péché : il faut croire qu'il n'avait pas besoin de plus tant il se boit déjà très bien. 

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est fin est frais, sur les fruits noirs, la réglisse et le menthol.

La bouche poursuit dans la finesse, avec de l'allonge et de la tension, une matière élégante – entre soie et velours – et un fruit frais et expressif. 

La finale est légèrement mâchue, là aussi dans l'élégance et le non-excès, sans rien qui ne dépasse, avec du fruit noir, toujours de la réglisse, une pincée d'épices et une feuille de menthe. 

Un vin clairement plus "civilisé" que le 2015. On peut le regretter ... ou non. J'avoue être un peu nostalgique de ce sauvage sans concession,  tout en étant séduit par le p'tit nouveau

L'avantage est qu'il est plus "grand public" et plaira à tous alors que le 2015 faisait plus "vin d'initié". Le prix, lui, reste le même : 7.95 €, ce qui est des plus raisonnables (euphémisme) au vu de ses grandes qualités. 




mardi 27 juin 2017

Côtes du Rhône blanc ... ou Côtes du Rhône blanc ?


Nous venons de recevoir deux nouveaux blancs de la Cave d'Estezargues. Tellement nouveaux que nous n'avions à réception aucune information sur ceux-ci, hormis leur couleur et leur appellation (et puis leur prix, tout de même). Il était intéressant de faire l'expérience de les déguster "à l'aveugle" sans connaître leur spécificités (cépages qui les composent et vinification/élevage). Et puis après, de recevoir les fiches techniques de la cave.  


Plein sud 2016 (7.50 €)

La robe est jaune d'or, tirant (très) légèrement sur le rose. 

Le nez est tentateur, sur l'abricot rôti, la pêche de vigne, avec une touche d'amande amère, une pointe de violette, et un soupçon de craie humide qui apporte de la fraîcheur.

La bouche est ronde, douce, presque moelleuse, avec une fraîcheur qui est plus apportée par l'aromatique et l'amertume que par la sensation d'acidité (j'écris bien "sensation", car évidemment, de l'acidité, il y en a : on a forcément un pH inférieur à 4). L'ensemble a de l'allant de l'harmonie, et puis surtout un fruit bien mûr. On croque dans une prune juteuse !

La finale – sans la moindre trace d'astringence – est elle aussi marquée par l'amertume, mais de la bonne et pas agressive. On va dire que l'on a l'impression de garder en bouche un noyau de cerise sauvage (merise, quoi). Je l'ai fait il y a quelques jours – il y a du retard avec le mois de mai pourri. C'était exactement ça ! On retrouve aussi les fruits jaunes bien mûrs, limite confits.

Fiche technique : 50 % Viognier, 50 % Roussanne , vinification et élevage en fûts "anciens". En relisant les notes, c'est assez logique : abricot/pêche/violette au nez, fraîcheur très relative, amertume finale (à la fois due à la Roussanne et à l'élevage).



Ephémère 2016 (8.50 €)

La robe est relativement proche, peut-être un peu moins intense ? Et pas de touche rosée.

Le nez est plus fin tout en étant plus concentré, sur un fruit jaune plus confit et des notes miellées/épicées. On pourrait croire que le vin est moelleux.  

La bouche est plus longiligne et plus tonique, avec une matière plus dense, à la limite du séveux. La fraîcheur est aussi plus marquée, autant par l'acidité que l'aromatique. Là, on ne croque pas dans le fruit : on en savoure son extrait concentré. 

La finale elle aussi très concentrée est dans la continuité : on est dans une espèce de quintessence de fruit, si ce n'est qu'il n'y pas de sucre résiduel (mais l'alcool et le glycérol présents dans le vin peuvent apporter cette douceur). L'amertume est un peu moins marquée. On  a plutôt l'impression d'avoir mangé une pêche séchée (ça existe : c'est super bon !).

Fiche technique : 50 % Grenache, 25 % Viognier, 25 % Roussanne. Vinification et élevage identique. Donc les mêmes cépages que le vin précédent "dilués" dans un volume équivalent de Grenache. Étonnant, car on aurait pu penser que le Grenache aurait apporté plus d'ampleur et de rondeur et affaibli l'aromatique. C'est tout l'inverse. A croire que la vendange était plus mûre et concentrée, même si le degré alcoolique est le même. Cette cuvée est en bio alors que l'autre ne l'est pas. Un rapport ?

lundi 26 juin 2017

Jusqu'où ira Jean-Louis Denois ?


Après les Champenois qui doivent s'inquiéter de la cuvée Eclipse ... qui les éclipsent, les Bourguignons ont du souci à se faire avec cette cuvée "village" de Jean-Louis Denois. Car on a vraiment toute la palette aromatique de ce cépage et sa finesse, le prix en moins (11.95 €). Comme partout en France, le millésime 2014 a été atypique à Limoux. On a donc un mélange inédit de fraîcheur (l'été glacé) et de richesse (l'automne chaleureux). Cela se sent dans ce vin qui a une fraîcheur assez bourguignonne (sans l'acidité parfois mordante) mais une générosité sudiste, sans excès toutefois. Pour résumer, on a les avantages sans les inconvénients. C'est tout bénef pour le consommateur qui se fait (très) plaisir à pas trop cher.

La robe est rubis bien translucide (cf photo ci-dessous)

Le nez est superbe, sur des notes de fruits rouges (cerise, fraise), de fleurs (violette, pivoine), de musc et de tabac blond.

La bouche est ample, aérienne, avec une matière soyeuse aux tannins impalpables, tendue par un fil invisible mais solide. Elle dégage un fruit d'une grande pureté, et une fraîcheur qui n'en fait pas des tonnes. Elle est, tout simplement. Il y a déjà une belle complexité aromatique, avec tous les éléments décrits au nez, si étroitement entremêlés qu'il est difficile de les dissocier. 

La finale est dans le "fil" total de la bouche, n'interrompant non seulement pas le plaisir mais en le prolongeant en une mâche subtile et savoureuse. On retrouve la cerise, le tabac, et puis des épices, un peu de fleurs séchées (rose). Que c'est bon !... 

PS : ce n'est pas souvent que j'écris cela : ce vin gagne à être bu frais (14-15 °C). L'air de rien, il fait 14 % d'alcool et dès qu'il se réchauffe, on commence à les sentir. 

PPS : le 2014 commence seulement chez nous depuis quelques jours, mais il est déjà presque en fin de parcours chez le producteur. Il ne faut donc pas attendre 6 mois avant de se décider à en acheter... Ceci dit, le 2015 est prometteur...


vendredi 23 juin 2017

Clos de T : saut dans l'inconnu (2)


J'avais déjà employé ce titre l'année dernière pour parler des vins d'Even A. Bakke. Je ne peux que continuer à m'en servir, car si les vins sont différents de ceux dégustés en 2016, on est tout aussi dérouté, quand bien même l'effet surprise devrait être moindre. Même pour le "vieux routard" que je suis, on est dans le totalement hors norme, quelle que soit la cuvée. Non seulement ces vins impressionnent, mais surtout, ils émeuvent. Je me retiens, car je suis un homme, mais à plusieurs reprises, j'étais pas loin de chialer de bonheur...


Clos de T Blanc 2014 (13.50 €)

(Grenache 83 %, Clairette 17 %)

La robe est d'un or intense, proche de celle d'un liquoreux, mais sans larmes épaisses.

Le nez est riche, complexe et profond, sur des notes d'abricot séchés (sans sulfites), de miel, de pomme rôtie au beurre caramélisé, avec une petite pointe de safran et d'autres épices douces, un peu de fumé et de grillé, aussi. Un voyage à lui tout seul.... (servir à 14-15 ° pour l'apprécier)

La bouche est très ample, avec une matière finement veloutée, riche aromatiquement tout en restant aérienne,  mais surtout une tension de dingue reposant sur fine acidité traçante qui ne vous lâche pas de l'attaque jusqu'au delà de la finale. Une fois qu'elle vous prend à la gorge, vous êtes pris dans sa nasse arachnéenne. L'harmonie entre les différentes composantes touche au génie. Un vin pareil ne devrait pas exister.

La finale est un vrai bing-bang gustatif où tout se rejoint en un point microscopique pour exploser plus fort ensuite. Ceux qui n'aime pas les vins qui envoient grave, abandonnez. Ce vin n'est pas pour vous. Pour les téméraires, vous allez vivre une belle aventure !


Clos de T 2012 (11.95 €)

(85 % Grenache, 5% Syrah, 5% Carignan et 5% Cinsault 5%)

La robe est grenat translucide bien évoluée (reflets tuilés)

Le nez exhale ce que l'on appelait un bouquet, avec toute cette complexité due à l'élevage de près de 5 ans en fûts : cuir, fruits compotés, épices, notes balsamiques, garrigue...

La bouche est vive, tendue, enrobée par une matière dense et souple à la fois, de bonne ampleur, patinée par le temps. Comme avec le blanc, on retrouve ce mix sur le fil du rasoir entre richesse et tension, sans que jamais l'une l'emporte sur l'autre. 

La finale ne semble pas tout fait en place (mise en bouteille le mois dernier). Elle devrait se fondre et s'harmoniser. Mais déjà, à l'instar du vin précédent, elle a une belle énergie et une aromatique totalement décadente (notes perçues au nez, avec un fruit confit plus marqué) dans le sens où l'entend François Mitjavile. 


Grandes terres 2012 (24.90 €)

(100 % Syrah)

La robe est plus sombre que le précédent, avec une évolution moins marquée.

Le nez est assez captivant car envoyant des signaux contradictoires : opulence/sobriété, confit/fraîcheur, exubérant/profond. Tout ça à la fois. Si tu sers ce vin  à  l'aveugle à des amateurs. J'entends déjà les silences, les questionnements... Et le "p... y a du lourd, là...". Je pense que je partirais sur un Toscan, car on y retrouve cette fraîcheur balsamique que j'aime dans ces vins (menthol, ciste, pain d'épices, liqueur de fruits noirs...).

La bouche est d'une concentration ahurissante et en même temps pas lourde du tout. C'est droit et frais, séveux en diable. Là, pas de grande ampleur. Au contraire, votre bouche semble se rétracter et n'avoir qu'un mince (mais ultra concentré) filet qui s'écoule avec une énergie limite monstrueuse.

La finale prolonge ces sensations : puissante, mâchue, avec toujours cette énergie et cette concentration, mais totalement libérées. Dingue !


Liquidus mineralis (26.90 € les 50 cl)

100 % Grenache blanc (vin sous voile, millésimes 2008-2014)

La robe est entre l'or et l'orangé, très légèrement trouble.

Le nez fin et intense fait très jurassien : morille, curry, croûte de pain et de comté... 

La bouche est très ample, très douce et envahissante, te pénétrant totalement le moindre mm² de ton palais. On n'a rarement fait douceur plus persuasive (voire intrusive, même si l'idée est plus flippante). Il y a une grande fraîcheur naturelle même si aucune acidité ne semble ressortir. 

La finale est prégnante, avec une mâche intense, profonde, et une aromatique explosive. C'est sûr, faut aimer "le jaune" pour apprécier ce vin. Mais si c'est le cas, tu vas a-do-rer, l'ami (je me permets de te tutoyer : entre amateurs de jaunes, c'est la norme).  Ramené au prix du clavelin, ça donne 33.35 €. Pas si cher que ça, ce vin...

jeudi 22 juin 2017

Les vieilles mules font les meilleurs vins


"Les vieilles mules font les meilleurs vins", dit-on. Ou quelque chose qui ressemble (une histoire  de vieux pots et de soupe ? ) C'est sûrement exagéré, mais en même temps, il y a toujours un fond de vérité dans ces vieilles expressions. 

Aujourd'hui, je vais vous parler, non pas d'une vieille mule. Non pas de deux. Mais de trois ! En effet, nous venons de recevoir les 2016 sur les trois couleurs de cette cuvée. Ce début d'été nous semble le bon moment de de faire un bilan complet. Car les mules étant vieilles, on ne sait pas si elles vont résister à la canicule qui s'annonce... 



(100 % Maccabeu_sur schistes noirs)

La robe est jaune très pâle (peut-on appeler ça jaune, d'ailleurs ?). 

Le nez est plutôt discret, sur des notes de poire, de melon des Canaries, avec une petite pointe de bonbec acidulé de l'enfance. 

La bouche est ronde et fraîche, savoureuse, avec l'impression de croquer dans un gros grain de raisin (sans sucre), mais aussi un allant et une énergie très "vin de schiste". Même si l'on ne retrouve pas la tension  d'un vin de Moselle, ou même celle des vins du Roc des Anges pour rester dans la même région. On sent un léger perlant qui vous titille la langue, mais il est moins prononcé que dans les années passées.

La finale est finement astringente, vous laissant la bouche bien nette. Il y a aussi un peu d'amertume – écorce de citron – qui évite toute sensation alcooleuse/chaleureuse. Et puis, même si c'est galvaudé, il y a aussi une sensation minérale. L'impression de sucer un caillou... 



(100 % Grenache noir sur schistes encore plus noirs)

La robe est rose très très pâle (rosé de Provence, quoi).

Le nez est plutôt discret lui aussi, sur la fraise, le zeste d'orange et les épices. Lui aussi a un côté bonbon acidulé. 

La bouche est plus ample, plus élancée aussi, avec un côté "schiste" plus évident. La matière est ronde, douce, caressante, presque moelleuse. À la limite du zen s'il n'y avait ces micro-bulles crépitantes de gaz carbonique explosant ça et là. 

La finale  mêle habilement amertume, astringence et acidité. Aucune ne domine tout en étant bien présente. Il en résulte une tonicité gourmande, souligné par les épices du cépage et le fumé du schiste. C'est vraiment très bon, avec un rapport qualité/prix assez génial. 


Vieille mule rouge (6.50 €)

La robe est pourpre sombre violacé, limite opaque.

Le nez est  très gourmand, sur la cerise noire, la mûre et la fève de cacao.

La bouche est ample, enveloppante même, avec une matière veloutée, charnue, d'un fruit assez irrésistible, et une fraîcheur étonnante pour un pur Grenache. Il y a nettement moins de gaz que les années précédentes. Il s'élimine très facilement en agitant la bouteille (prudemment, hein). Je conseille de le faire, car le perlant est assez perturbant dans un rouge lorsque vous n'êtes pas natif de Lambrusco. Une fois dégazé, laissez le vin tranquillement s'aérer 2-3 h. Il sera top !

La finale a une mâche gourmande, très fruitée, avec ce mélange de cerise et de chocolat des plus craquants. Le tout se prolonge longuement sur les épices et la fumée "schisteuse". Là aussi, c'est p... bon, et à 6.50 €, c'est une belle affaire. Je comprends pourquoi on en vend autant :-)

Comme la plupart des vins de Jeff Carrel, il y a une remise sur les quantités. Le vin passe à 5.95 € dès que vous en commandez 6,  à 5.80 € par 12 et à 5.50 € par 24. 

mercredi 21 juin 2017

Geai... tout bon !


Encore des Bordeaux ? Ben oui. Mais ceux-là, même s'ils sont très différents de ceux de Beynat, ne ressemblent à pas non plus à l'idée que l'on se fait des vins de cette région viticole. J'avais entendu parler de ce domaine à l'occasion de la sortie du livre sur les Cépages modestes.


(cliquer pour agrandir)


Henri Duporge  défendait les couleurs du Carménère et en présentait une cuvée monocépage (unique à Bordeaux). Quelques semaines plus tard, je faisais sa connaissance à la Levée de la Loire à Angers. : coup de coeur pour l'ensemble de la gamme. J'en ai parlé à Eric R. qui a rapidement essayé de commander. Si ce n'est que les 2015 n'étaient pas encore en bouteille. Il a donc  fallu patienter un peu. Finalement, la commande est arrivée en début de semaine. Ce qui est étonnant, c'est qu'Eric R. a eu l'occasion de les déguster dimanche à un salon Off de Vinexpo – et de rencontrer le vigneron. Ouf, Eric a également beaucoup apprécié (l'inverse eût été gênant...) !

Le domaine est en biodynamie depuis plus de 10 ans, travaille en partie les sols au cheval, n'utilise que très parcimonieusement du soufre issu de roche volcanique. Et clairement, on sent que Henri Duporge est un vrai amateur de vins ayant une grande maîtrise des vinifications. Que ce soit ses assemblages ou ses cuvées "pures", tout est parfaitement en place, avec une élégance naturelle et de la gourmandise à revendre. Pas si commun de réussir tout ça. 


Le grand geai 2015  (9.50€)

 (68 % Merlot, 20 % Cabernet Sauvignon, 6 % Malbec, 6 % Carménère)

La robe est grenat sombre, translucide.

Le nez est fin, assez complexe, sur la prune, le tabac, les épices (girofle, cannelle) et une petite pointe camphrée/mentholée.


La bouche est élancée, avec une tension sans raideur et une matière ronde, souple, au toucher velouté. L'ensemble est frais et harmonieux.

La finale a une mâche gourmande, sur les fruits compotés et les épices, se prolongeant sur des notes salines.


Pure nature 2012 (14.00 €)


 (70 % Merlot, 30 % Cabernet Sauvignon)

La robe est grenat bien translucide, sans évolution particulière.

Le nez est à la fois fin et intense, avec de la profondeur, plus marqué par les notes fumées/épicées/camphrées, mais aussi ferreuses, très pomerolaises,  que par le fruit (cerise confite). Il donne envie d'en savoir plus...

La bouche est encore plus élancée que le précédent, avec une tension très schisteuse, avec une matière soyeuse, glissante, et une grande pureté aromatique. Assez bluffant et "anti-bordelais".

On retrouve une légère mâche en finale, mais élégante et totalement raccord, énergique et goûteuse, et j'oserais dire, jouissive. P... que c'est bon !



Pure nature 2015 (14.90 €)


 (70 % Merlot, 10 % Cabernet Sauvignon, 10 % Malbec, 10 % Carménère)

La robe est nettement plus sombre, entre grenat et violacé.

Le nez est plus simple, sur les fruits noirs, avec une pointe de clou de girofle et de muscade.

La bouche est ronde, pulpeuse, veloutée, avec beaucoup de fraîcheur – autant due à l'aromatique mentholée qu'à la discrète acidité – mais aussi une belle énergie spontanée. Un vin plein de vie !

La finale confirme cette vitalité : on est dans du plus solide, mais c'est revigorant, généreux, et intensément gourmand. Une gaieté communicative !



La robe est proche du pure nature 2012.

Le nez est fin, mystérieux, sur des notes de fruits rouges confits, de cèdre et une petite pointe d'eucalyptus (non, pas de menthol pour un Cab'....)

La bouche a une tension de rêve, d'une élégance mosellane, avec une matière aérienne, quasi impalpable. De la pureté en bouteille. C'est super frais, élégantissime. Top.

La finale ne vient pas casser le rêve. Toujours la mâche typique du domaine, avec cette fois-ci le menthol qui donne une grande touche de fraîcheur, et puis un retour des fruits, des épices. Juste excellent. Rapport qualité/prix au delà de l'exceptionnel. Indécent.


Pur Malbec 2015 (14.90 €)

La robe hésite entre rubis et grenat.

Le nez est fin (oui, encore...) mi-fruité, mi-épicé, avec une belle fraîcheur aromatique (le menthol !).

La bouche est un peu moins tendue que le Cabernet (avec tout de même une belle tension) , mais plus ample, avec toujours une matière d'une grande finesse, assez rare sur ce cépage (sauf notre Malbec patagonien). L'équilibre me semble encore plus suprême. C'est juste l'Équilibre avec un É majuscule.

La finale est d'une fraîcheur monstrueuse. À ce niveau là, c'est même pas permis. Y a du menthol à n'en savoir que faire, mais aussi du cèdre, de la "mine de crayon", du cassis... Un régal !


Pure Carménère 2015 (17.90 €)

La robe est pourpre sombre opaque.

Le nez très expressif est fascinant, entre fruits noirs confits et résine, une palanquée d'épices.

La bouche est ample, douce, séveuse, avec une subtile intensité et une tension de folie. L'ensemble est très élégant. Sensuel, aussi.

La finale est toute aussi intense, avec une "ferrosité" des plus marquées, et du cassis, du menthol, du cèdre, avec toujours cette douceur feutrée, élégante. Un vin définitivement hors norme.  Le temps devrait encore le magnifier. 



mardi 20 juin 2017

Et puis soudain... Splash !


Je n'irais pas jusqu'à dire que Vincent Alexis de Barouillet  a révolutionné le monde du Pét' Nat'. Mais il a clairement mis un coup de pied dans la fourmilière. De deux façons : gustativement, il a réussi à produire une bulle qui devrait plaire à tous. Y compris ceux qui préfèrent normalement la bière au vin. Et puis financièrement : peut-être que certains producteurs vont trouver qu'il casse le marché, mais il rend ces vins abordables à tous en permettant aux revendeurs de le vendre 9.90 €. Il faut dire ce qui est : autant il y a un gros travail sur une méthode traditionnelle, autant le process du pétillant naturel est simple : on met en bouteille un vin qui n'a pas fini de fermenter. Et puis c'est à peu près tout (certains tout de même filtrent avant de remettre en bouteille,). Mais ça ne justifie rarement de trouver ces vins à 12-15 €. 

Après, en me faisant l'avocat du diable – et de certaines cuvées que je distribue – il y a un monde entre cette cuvée sympa/glouglou et un pétillant naturel de Laurent Barth ou de Xavier Weisskopf. De par leur complexité, ces dernières pourraient passer pour des méthodes traditionnelles. 

À noter que ce vin ne fait que 9 % d'alcool.  C'est peu et beaucoup. Le piège étant que l'on n'a pas vraiment l'impression de boire une boisson alcoolisée, alors que l'on est au niveau d'une bière plutôt forte. On risque d'en abuser et d'en consommer une quantité déraisonnable. Prudence, donc.

La robe est jaune pâle trouble avec une mousse blanche. Très bière blanche.

Le nez est fin, frais, sur des notes de citron, de pomme fraîche et de bière de froment (duo levure/céréale).

La bouche est ronde, ample, éclatante de fraîcheur, avec des micro-bulles nerveuses et taquines. La matière est dense, bien pulpeuse. On sent le non-filtré...

La finale est finement amère / astringente, entre limonade très peu sucrée et bière blanche, avec toujours ce côté froment, et même une touche de houblon (ça doit être psychologique...). 

Vu le niveau d'alcool, je pensais qu'on sentirait des sucres résiduels. J'ai beau chercher, je n'en trouve pas. S'il y en a, ils sont bien cachés ;-)




lundi 19 juin 2017

La seule Marine que j'aime !


Cette Marine ne vient ni des Hauts de France, ni de Saint-Cloud. Mais du Pays des Cigales, avé l'assent qui chan'te. Elle est une sorte de synthèse entre Rhône nord et Rhône sud, puisqu'elle contient de la Marsanne de la Roussanne (cépages de Saint-Joseph, de Crozes-Hermitage et  de Laudun) mais aussi du Grenache (gris et blanc) et de la Clairette. Le résultat est moins austère que les nordistes, plus équilibré que les sudistes. Une synthèse des plus réussies, donc. 

Le vigneron conseille en contre-étiquette de boire ce vin à 8-10 °C. Pourquoi pas si vous voulez le boire avec des huîtres ? Mais vous ne ressentirez alors qu'acidité du vin alors qu'il a beaucoup d'autres choses à offrir.

Ma description est celle du vin à 14-15°C, et il ne parait pas du tout lourd à cette température-là. Bon, il y a un juste milieu : à 12 °, il devrait plaire à tous. 

La robe est or légèrement rosé, brillante.

Le nez est riche, sur les fruits jaunes (abricot, pêche), la poire confite, le miel, avec une touche d'angélique qui apporte de la fraîcheur.

La bouche est ronde, ample, mûre, avec une matière plutôt riche sans être lourde, équilibrée et tendue par une fine acidité qui trace élégamment. L'ensemble est harmonieux et digeste. Rebu plus frais le lendemain, le vin gagne en pulpeux/croquant ce qu'il perd en ample rondeur. 

La finale mêle intelligemment (noble) amertume et  (fine) astringence, évitant là encore le piège de la lourdeur. C'est généreux mais pas pataud, avec des fruits jaunes à volonté ... et sans poudre de perlinpimpin !

PS : il ne faut voir en aucun cas  un soutien  subliminal à une certaine Marine. C'est vraiment pas ma tasse de thé mon verre de vin. 


vendredi 16 juin 2017

By Jouves, c'est le moment de faire vos réserves !


Cette année, il n'y aura que You fuck my wine et Tu vin plus aux soirées de disponibles. Pas d'Omar m'a abuser, pas de Malbec invaders, de Hautes Côte de fruit, ou de Vin qui rap' ou de cubi Imbibez-vous. De plus, les quantités seront limitées : il n'y aura pas de réassort. Et hélas, il faut se dire que ce sera mieux que l'année prochaine où il y aura encore moins: les gelées d'avril dernier ont dévasté les vignes. Le prix est légèrement plus élevé que les années précédentes, histoire de compenser (un peu ) le manque à gagner de Fabien Jouves.

Le style des cuvées est typique du millésime 2016 : de la finesse, du fruit et de la fraîcheur. Des vins "nature" comme cela, je veux bien être condamné à en boire tous les jours ;)



La robe est pourpre translucide.

Le nez est très expressif, sur la mûre et la framboise, les épices douces et une une pincée de poivre.

La bouche est fine, fraîche, soyeuse, avec une belle tension et un équilibre frôlant le parfait (je dis frôlant, car si je dis parfait, on va me reprocher d'être trop laudatif). Un joli mix entre classe et gourmandise.

La finale est savoureuse, finement mâchue, sur les fruits, les épices et une touche réglissée.



La robe est très légèrement plus sombre, mais c'est subtil.

Le nez est plus discret, plus fruits noirs que rouges, avec un poivre plus marqué, et puis une pointe de rafle. 

La bouche a une tension plus marquée, une matière légèrement plus dense, mais elle est aussi plus ample, plus veloutée que soyeuse ... et puis contient un peu de gaz qui s'éliminera facilement (il n'y en a pas trop). 

La finale est longue est épicée, avec une niaque communicative. Très très sympa !

mercredi 14 juin 2017

Corbières blanc ... ou Corbières blanc ?

 

Il est intéressant de goûter côte à côte les deux cuvées de Corbières du Champ des Soeurs, car peu de choses les différencie. Et pourtant, le résultat final n'a pas grand chose à voir.

Pas de différence de terroir ou de raisins. Ce sont exactement les mêmes puisqu'ils étaient ensemble dans le pressoir. En fait, comme en Champagne, les premiers jus ont été séparés des autres. Pendant deux heures, ils ont été monté jusqu'à 550 millibars. De là, vient le jus de Bel Amant. Puis pendant 1h30, le pressoir monte encore en pression jusqu'à 1200, et de là vient le Tradition.

L'assemblage est le même. On commence par un pressoir de Grenache blanc. Les jus restent ensuite une semaine au froid, ce qui leur permet de débourber tranquillement.

Puis arrive un pressoir de Roussane avec la même séparation des jus.  La Roussanne et le Grenache correspondant à chaque cuvée sont assemblés. Puis sont vinifiés et élevés en cuve inox. 6 mois pour le Tradition, 9 mois pour le Bel Amant.  Et puis c'est tout. Enfin, non. Le bouchage est différent : synthétique pour le Tradition, liège pour Bel Amant. Voilà, vous savez tout.



Tradition 2015 (7.90 €)

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est friand, sur des notes d'abricot et de melon, une touche de fleur blanche, et une pointe de craie mouillée (ou l'inverse).

La bouche est ronde, croquante, avec beaucoup de fraîcheur, de fruit et de gourmandise. Un bonbon liquide.

La finale est étonnamment intense, mêlant la réglisse à l'abricot, et une noble amertume qui apporte de la niaque.


Bel Amant 2015 (10.80 €)

La robe est identique.

Le nez est totalement différent : plus discret, plus évolué, plus riche, avec des notes de fruits jaunes confits, de raisin "rôti", de miel... (ça fait plutôt vin moelleux).

La bouche est élancée, avec une fine tension et une matière ronde, douce, plus classieuse et moins expansive. Un côté plus feutré/élégant.

La finale est plus fraîche, plus tonique, avec le côté croquant de la bouche du premier vin qui arrive en décalé, lui apportant la gourmandise qui lui manquait au départ. Arrive ensuite un côté savoureux/ salin très sympa qui persiste agréablement.

mardi 13 juin 2017

Ne nuit pas gravement au portefeuille


Nuit Grave est de retour, et je ne saurais trop vous conseiller de faire des réserves de ce 2015. Car d'une part, ce vin ne fera que s'améliorer durant une décennie. D'autre part, il n'y en aura que très peu sur 2016 (sécheresse) et encore moins en 2017 (gel). Ces baisses de rendement expliquent la  hausse du prix de vente car le Mas des Chimères aura moins de bouteilles à vendre dans les deux ans qui viennent. Ceci dit, on reste dans la raisonnable : des vins de cette qualité à 11.90 €, je n'en connais pas tant que ça. J'oserais même dire que c'est cadeau.

La robe est grenat sombre légèrement violacée.

Le nez est fin et complexe, sur les fruits noirs confits, avec une touche de tabac, d'encens et de poivre. Un chouïa d'orangette, aussi. 

Ce que l'on ressent d'abord en bouche, c'est la tension et la fraîcheur, autant due à l'acidité qu'à l'aromatique (menthol, ciste). Puis arrive seulement après une matière charnue, veloutée, qui gagne progressivement en puissance et en intensité... 

... pour aboutir à une finale très expressive, tonique, avec une mâche bien mûre, avec un retour sur les fruits noirs, le poivre, mais aussi le menthol et des notes de garrigue persistant longuement. 

Comme d'hab', ce vin gagnera à passer l'été dans votre cave avant d'être ouvert. La finale devrait alors gagner en finesse et en gourmandise (mais si c'est déjà p... bon !)




lundi 12 juin 2017

Les Agudes : Chenin 1 - Sauvignon 0


Si l'assemblage est le même que l'année dernière, ce vin blanc de Cahors – qui n'a évidemment pas le droit de le revendiquer – associe les deux grands cépages ligériens : le Chenin et le Sauvignon. À la dégustation, le Chenin ne fait aucun doute. Tout y est  : acidité, amertume, aromatique... Par contre, le Sauvignon est beaucoup plus discret, au point où l'on se demande s'il y en a vraiment dans la bouteille.  Cela vaut certainement le coup d'en conserver une quille un an ou deux, ou même plus, histoire de voir comment la partition entre les deux cépages va évoluer. On pourrait avoir des surprises. Pour l'heure, vu que j'ai plus d'affinité pour le Chenin que pour le Sauvignon, cela me convient très bien :-)

La robe est  or pâle, très légèrement trouble (pas filtré).

Le nez est expressif et gourmand, sur les fruits blancs (pomme, poire) rôtis au beurre, avec une touche de miel et de coing. On subodorerait un vin moelleux...

La bouche allie la rondeur à la vivacité, avec une matière mûre, au toucher moelleux, profond,  et une acidité presque tranchante, tendue, renforcée par un léger gaz. Il faut avoir une certaine affinité avec cette acidité typique du Chenin sur calcaire pour apprécier ce vin. 

La finale prolonge les sensations de la bouche, avec une acidité toujours soutenue couplée à une amertume là aussi très Chenin.  Et en même temps, il y a du fruit de la gourmandise, avec le retour du miel et du coing. 




vendredi 9 juin 2017

Des Caprices et encore des Caprices...


Je veux parler bien sûr des vins du Mas des Caprices (pour la visite du domaine, ça se passe ICI). Restaurateurs en Alsace dans une vie antérieure, Pierre et Mireille Mann ont vraiment apporté du sang neuf à une appellation âgée de 60 ans cette année. Si on devait résumer le style maison, ce serait "tension et fraîcheur". On sent que le métier revient lorsque l'ancien cuistot assemble  ses différents lots,  certains issus de schiste, d'autre de calcaire, pour arriver au juste équilibre. Le résultat  final : des vins d'esthète, dont la pureté sans concession peut aussi bien enchanter que déplaire. Revue en détail des cuvées qui viennent de nous revenir...

 


La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est plutôt discret, sur le zeste de citron fraîchement râpé et la craie humide (comme une impression de se balader dans une carrière troglodyte). Une pointe de gingembre, aussi.

La bouche est ronde, fraîche, désaltérante, avec l'impression d'avoir une eau de torrent qui s'écoule en bouche, avec ce goût de caillou mouillé. Amateurs de minéralité, vous ne serez pas déçus.

La finale a une mâche finement crayeuse, soulignée par des notes citronnées et salines.


La robe est entre le pétale de rose et le saumon (clair).

Le nez est fin, profond, sur les petits fruits rouges (groseille, framboise), l'écorce d'orange et les épices. Et puis une touche d'ardoise humide.

La bouche est élancée, tendue, avec une matière fluide et fraîche, gagnant en chair et en vinosité avec le réchauffement. On retrouve un peu aussi cette sensation d'eau de torrent, mais avec plus d'énergie.

La finale est corsée/épicée avec là aussi une fine mâche. Et une vinosité qui se renforce sur des notes de framboise poivrée, faisant penser à un Blanc de noir champenois (ou à un rosé de saignée).



La robe est pourpre violacée sombre, mais tout de même translucide.

Le nez est expressif sur la prune rouge et la cerise noire (et non l'inverse), avec un côté "noyau". Et même amande du noyau. Une pointe d'épices, aussi.

La bouche est ronde, veloutée, au fruit frais et intense (jus de cerise à donf '). On peut trouver que ça manque un peu de fond. Mais ce n'est pas le but recherché : on est dans le glouglou... 

On retrouve la mâche crayeuse en finale alors qu'on imaginerait plus de fluidité (effet de la mise récente ?) mais le fruit épicé emporte tout sur son passage. Et la gourmandise prend le dessus.



La robe est rouge cerise framboisée translucide.

Le nez est fin, sur les petits fruits rouges confits et épicés.

La bouche est ronde, ample, très fraîche, avec un fruit super gourmand,

La finale est là encore finement mâchue, avec une palanquée d'épices et la cerise confite, et le noyau qui revient pour apporter une p'tite touche douce/amère. Pfffiou, que c'est bon !!!