mercredi 2 mai 2018

Quand Jean-Louis Denois réinvente le Pinot noir


Réinventer est-il un mot un peu fort ? Peut-être. Un titre doit être impactant pour faire venir le lecteur, tellement sollicité par ailleurs. En tout cas, après avoir bu ce Pinot noir 2016 de Denois, on peut se dire qu'il a trouvé une façon toute personnelle de retranscrire ce cépage (en titre, vous admettrez c'est un peu longuet, n'est-il pas ?). 

Ce vin ne ressemble pas un pinot bourguignon : la couleur est plus sombre que la plupart – j'ai bien écrit la plupart : oui, il existe des vins obscurs en Burgondie – et l'on ne retrouve pas la cerise, qu'elle soit rouge flashy ou noire ; pas plus que cette odeur de terre fraîchement retournée si émouvante. Ce vin ne ressemble pas non plus à la plupart des pinots languedociens, où l'on sent que le soleil n'a pas lésiné à la tâche. 

À l'aveugle, pour être honnête, je serais un peu perdu. Sur l'aromatique, on retrouve la framboise et le poivre blanc de la Syrah, mais sans les notes lardées/fumées. On a la mûre du Merlot, mais tellement d'autres choses à côté qu'il est difficile de placer ce vin en Bordelais. La bouche ronde/veloutée pourrait, elle, faire penser à un Bordeaux, si ce n'est qu'une telle fraîcheur devient rare dans la région.

Bon, vous l'aurez compris : ce vin ne ressemble globalement à aucun autre vin, même s'il provoque certaines réminiscences au fil de la dégustation. C'est un Pinot noir de Denois. Point barre. 

La robe est pourpre sombre, translucide.

Le nez est fin, profond, sur des notes fruitées (framboise, myrtille), florales (pivoine), épicées (poivre blanc), avec une légère touche végétale (ronce).

La bouche réussit à conjuguer ampleur et tension. Bâtie sur une fine acidité qui étire le vin au-delà même de la finale, elle ne manque pas de chair : ronde, veloutée, enveloppante, étonnamment dense pour un Pinot noir. Le fruit, éclatant, est omniprésent.

La finale dévoile une mâche affirmée, crayeuse à souhait, avec un retour en fanfare de la framboise de la mûre qui éclipsent tout sur leur passage. Et puis la craie revient, pour durer...

Ce vin est encore bien jeune pour être dégusté. Il gagnerait probablement à être attendu un an ou deux pour gagner en complexité. Mais le plaisir qu'il apporte dès aujourd'hui oblige son possesseur à faire preuve de self-control pour ne pas tout boire dans les six mois... 



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