vendredi 8 juin 2018

Entre chien et loup ... la nature !


Autant il peut y avoir des cuvées où je vais retrouver d'année en année le même style avec quelques variantes, autant il y en a d'autres comme Entre chien  et loup où je ne sais pas trop sur quoi je vais tomber. Finalement, c'est pas mal : tu as un peu l'émotion d'un gosse qui ouvre son cadeau de Noël (et ça, ça manque...). Si j'étais paranoïaque et égocentrique, je pourrais croire que Jean-Pierre a fait exprès cette année  de laisser une bonne réduction, rien que pour voir ma tête à l'ouverture de la bouteille.  L'explication est certainement plus prosaïque : le vin n'étant que très peu protégé, tous les moyens sont bons pour qu'il ne soit pas flingué dans les deux mois qui suivent. 

La robe est jaune paille, très légèrement trouble (pas filtré ni collé). 

Le nez est d'abord très réduit – odeur de lie sacrément marquée qui m'a ramené quelques années en arrière lorsque je travaillais dans un chai – et demande une bonne aération. Le plus simple est de le verser dans une carafe et d'agiter celle-ci sans ménagement quelques minutes. Et pfuittt, c'est disparu ! 

Après aération, donc, le nez évoque l'écorce d'orange séchée, la noisette fraîche, le foin en train de sécher.. Un amateur "conventionnel" le jugera immédiatement comme "nature". Mais le nature comme ça, j'aime bien (avant l'aération, beaucoup moins).

La bouche est ronde, ample, fraîche, avec une matière pulpeuse, veloutée, plus dense et profonde qu'un vin blanc ordinaire (l'élevage sur lie + la non filtration). L'ensemble est tendu par une acidité qui paraît discrète – car enrobée par cette matière dense –  mais qui est sur le papier assez violente : le pH est à 2.8, ce qui est exceptionnellement bas pour un vin blanc. Mais bon, ça ne se sent pas du tout : on ne perçoit que l'écorce de mandarine et des notes de limonade qui vous ramène en enfance. 

L'acidité est plus perceptible en finale une fois que le vin a été évacué dans le gosier ou le crachoir : c'est tonique, vif, soutenu par des nobles et intenses amers (quinquina, écorce de pomelo). Et puis le citron revient pour vous nettoyer le palais d'un coup sec. Bref, ce vin rappelle ce que disait Cocteau à propos d'une célèbre actrice : "Marlène Dietrich a un nom qui commence par une caresse et s'achève par un coup de cravache."



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