mardi 31 juillet 2018

Ayez l'air Finot !


C'est au Salon Biotop Wines en janvier dernier qu'Eric R a découvert les vins de Thomas Finot. En passant devant le stand, il a aperçu Persan, Verdess. Il s'est dit : "ça, c'est pour nous !" Il a dégusté, donc, et a été séduit : des vins fins, précis, fidèles aux cépages, venant d'une région que la vigne a désertée il y a plus d'un siècle, le Grésivaudan (Isère). Thomas a démarré en 2008, alors que le secteur n'avait rien de tendance. Depuis 5-6 autres jeunes vignerons se sont installés, privilégiant les cépages locaux et la culture bio (lire ICI). 

Photo Spotweb
Si Thomas Finot est originaire de Crozes-Hermitage, il a bourlingué aux quatre coins du monde après ses études d'œnologie. Une très bonne école qui donnent souvent de bons résultats, comme l'ont montré Pierre Ménard, Nicolas Grosbois ou Laurent Barth... 





60 % Chardonnay, 30 % Pinot gris, 10 % Jacquère

La robe est dorée, brillante. 

Le nez est gourmand, sur les fruits blancs bien mûr et légèrement beurrés, le zeste de citron, des notes caillouteuses et une pointe de fenouil qui vous orienterait vers la Provence. 

La bouche est ronde, plutôt ample, avec une chair mûre, presque moelleuse au toucher, équilibrée par une fine et tonique acidité et un très léger perlant. L'équilibre funambuliste est des plus réussis. 

La finale est nette et élancée, avec une fine mâche et un retour des fruits blancs beurrés. Elle se prolonge sur les épices et des notes salines. 

Très bon rapport qualité/prix !



Griset 2017 (12.90 €)

100 % Pinot gris

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est plutôt discret, sur le coing confit,  la pierre mouillée, la paille chaude. Puis le beurre  en train de grésiller, l'écorce d'agrume... 

La bouche est à la fois ample et élancée, vous tapissant tout le palais d'une matière douce et saline, caressante et troublante. C'est d'une élégance folle, tout en étant d'une sobriété absolue. Classe totale

En finale, tout cela se concentre dans un registre crayeux/salin, enrobé par un gras qui fond en bouche comme le Lardo di Colonnata. Là aussi, c'est hyper sobre. Et en même temps merveilleux. Quelle expérience !





 60 % Gamay, 20 % Pinot noir, 20 % Gamay

La robe est grenat sombre, à peine translucide. 

Le nez est expressif, sur les petits fruits rouges et noirs, le noyau de cerise,  et une pointe végétale (rafle ?) qui apporte peps et fraîcheur

La bouche est ronde, ample, avec une matière fine et soyeuse, pleine de fruit, et une énergie communicative. C'est d'une terrible buvabilité tout en ayant du fond (et de la forme). 

La finale est franche, épicée, salivante, avec un sacré goût de revienzy. Délicieux !



Pinot noir 2016 (12.90 €)


La robe est grenat translucide. 

Le nez est envoûtant, mêlant la cerise confite au bois précieux et à une palanquée d'épices. Du baroque parfaitement maîtrisé !

La bouche est très ample, aérienne, avec une matière qui est au départ d'une finesse irréelle pour gagner ensuite progressivement en densité. Des tannins apparaissent en effet en "deuxième moitié de bouche". 

La finale est encore serrée, légèrement asséchante, avec des tannins qui montrent leurs muscles. L'aromatique reprend celle du nez, entre cerise confite et boisé luxueux. Le temps réussira-t-il à harmoniser tout cela ? 




100 % Syrah

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez  est d'abord légèrement réduit, puis arrivent la crème de fruits noirs, la violette, le lard fumé, le poivre blanc. 

La bouche est sphérique, avec une matière soyeuse qui vous enveloppe le palais avec grâce. En même temps, il y a de la fraîcheur, de la gourmandise, tout en restant élégant – de la dentelle. La Syrah comme on aime !

La finale est finement crayeuse (Kaolin's touch), avec de la mûre mûre, du poivre, une petite touche viandée/fumée. C'est boooooon !



Persan 2015 (19.90 €)

La robe est grenat très sombre, à peine translucide. 

Le nez est réduit, avec du poivre et de la fumée qui dominent. Avec l'aération, les fruits noirs sauvages débarquent. 

La bouche est ronde, avec une chair (très) dense aux tannins civilisés et un fruit explosif. S'il y a un vin dont on peut dire "c'est d'la bombe", c'est celui-ci. Mais c'est pas que cela : ça pulse, c'est vibrant...Oserai-je minéral ? 

Minéral, il l'est assurément en finale, avec une mâche crayeuse de chez crayeuse, un fruit toujours aussi intense, et ça pulse, encore. Outch... 




Verdesse 2016 (16.90 €)

La robe est d'un or intense. 

Le nez est intense, lui aussi, sur l'angélique confite, la poire tapée, l'écorce d'orange les épices...

La bouche est élancée (fraîche) avec une matière dense et mûre (confite), qui trace... et trace encore. On ne sait pas trop où on habite, mais on s'y sent bien. 

La finale prolonge tout cela sans rupture, sans même donner l'impression de sucres résiduels alors qu'il doit y en avoir. C'est intense, frais, très bien équilibré, avec des épices, des fruits confits et zéro lourdeur. Impressionnant !











vendredi 27 juillet 2018

Vaquer Vs Vaquer


Cela faisait plusieurs années que j'avais entendu parler de ces vins. En particulier par un billet de Vincent Pousson qui le comparait à un Rioja blanc de Viña Tondonia. Et pour en avoir bu quelques uns, c'est vrai que la similitude est frappante. Il faut dire qu'ils sont issus du même cépage : le Mac(c)abeu, même si on l'appelle le Viura à Rioja. Il y a tout de même une différence en terme d'élevage : celui-ci s'est fait longuement en barrique du côté espagnol, alors qu'il a été plus court dans le Roussillon. C'est le vieillissement en bouteilles dans une ferme à 1300 m d'altitude qui lui a apporté sa patine.

Voici donc le 1985 et le 1986. Est-ce juste l'effet millésime ? En tout cas, leur profil est assez différent. Je vous laisse le découvrir, et juger lequel vous plairait le plus ;-)



La robe est d'un or intense aux reflets cuivrés.

Le nez est intense, sur les fruits secs grillés, la frangipane, le fenouil confit et la banane flambée au rhum.

La bouche est très ample tout en ayant une belle tension, avec une matière dense et douce, charnelle, qui vous tapisse le palais. L'énergie traçante est impressionnante pour un vin de 33 ans.

La finale monte encore d'un cran en terme d'intensité : ça pulse grave dans un style baroque, sur la liqueur de noix/noisettes (sans perception de sucre), le fenouil confit et les épices.


Maccabéo 1986 (18.00 €)

La robe est encore plus intense, peut-être un peu moins cuivrée.

Le nez gagne encore en concentration, évoquant la liqueur de noix, le Bailey's et les épices.

La bouche est plus longiligne – et donc moins ample –  avec une matière plus riche et  concentrée, séveuse, hyper aromatique.

La finale est explosive, vous en mettant plein les papilles et les mirettes, sur le turrón, la pâte d'amande, les épices..

mercredi 25 juillet 2018

CaberNat et TanNat : le NaTure by Capmartin


Ces deux vins ont failli ne jamais apparaître sur ce blog, car à l'ouverture, ils ne m'ont pas plu. Le milieu de bouche et la finale présentaient une acidité rédhibitoire à faire frémir un amateur de rouges ligériens. Comme j'ai de la suite dans les idées, je les laisse se reposer deux jours tranquillement avant d'y revenir. Et lorsque j'ouvre, j'entends un "paf" qui vous donne l'impression d'ouvrir un pétillant. C'était donc cela : l'acidité provenait du gaz carbonique qui était imperceptible car sans bulle ni perlant. Je secoue donc les bouteilles, et effectivement, du gaz s'échappe. Pour le CaberNat, c'est assez rapide. Par contre, le TanNat est coriace, sans parler que son nez est bien réduit. Je le passe en carafe, que je secoue à son tour. Un quart d'heure plus tard, ça va beaucoup mieux. On peut ENFIN déguster !

Comme vous l'avez compris, ces deux cuvées sont 100 % raisin bio, sans le moindre intrant, ni le moindre défaut (si ce n'est un gaz carbonique malicieux). 



CaberNat 2017 (11.20 €)

100 % Cabernet Sauvignon

La robe est pourpre très sombre, presque opaque.

Le nez est fin, gourmand, sur les fruits noirs confits (mûre, cassis), le poivre blanc et une pointe lactée.

La bouche est ronde, ample, avec une matière (très) dense – on a l'impression qu'on pourrait la couper au couteau – à la texture veloutée. Malgré la concentration, aucun tannin n'accroche : la maîtrise de l'extraction est impressionnante. On reste sur un vin frais et digeste : il ne fait que 12.5 % d'alcool.

La finale n'est qu'un prolongement sans la moindre rupture : on reste dans le velouté dense et fruité, pas du tout dur, avec une touche sanguine/ferreuse/épicée.



TanNat 2017 (11.20 €)

La robe est atramentaire, digne d'une encre Pelikan !

Le nez est plutôt discret, sur la prunelle, le sang et les épices.

La bouche est plus élancée que le vin précédent, un peu plus souple, tout en étant plus concentrée que 90 % des vins existants (l'autre fait partie des 1 % hors normes). La matière est plus juteuse que veloutée, avec une sensation de fraîcheur plus importante.

La finale par contre, est moins dans les continuité, avec des tannins puissants (mais au toucher doux) et un fruit frais très expressif.

vendredi 20 juillet 2018

Demain, j'arrête le H


H ... comme Hárslevelű. Car oui, en Hongrie comme dans le reste de l'Europe les même règles s'appliquent. Un vin sans origine géographique protégée ne doit pas faire mention du cépage et du millésime (si vous ne vous acquittez pas d'une taxe dédiée et de paperasserie administrative). 

Ce H14 est quasiment la seule référence qui nous reste de Meinklang. Le producteur autrichien a décidé d'accorder l'exclusivité à un autre importateur (qui n'a aucun site en ligne : il ne vend qu'aux pros). Il ne sera donc plus possible pour un particulier français d'acheter ces excellents vins autrichiens. Et je trouve ça bien triste

La robe est jaune pâle, brillante. 

Le nez est fin, profond, sur les fruits blancs mûrs, le miel d'acacia, contrebalancés par des notes fraîches d'agrume et de pierre humide – l'impression d'être dans une grotte. 

La bouche poursuit dans ces sensations antagonistes : d'un côté une matière ronde, mûre, au toucher moelleux, confortable. De l'autre, de la fraîcheur, de la tension, de l'allonge. Le tout dans une parfaite harmonie : z'êtes bien, loin du chaos bouillonnant du monde...

La finale est intense, mi-séveuse, mi-crayeuse, sur la pomme beurrée/épicée. Le tout se prolonge sur des notes minérales subtilement citronnées et fumées. Y a (très) bon !

Je pense que ce vin n'est encore qu'au tout début de ce qu'il peut offrir. D'ici 3-5 ans, il devrait devenir superbe !


jeudi 19 juillet 2018

À 7 mg près...


Je vous parlais il y a peu du Château de Bel Avenir. Passons aux devoirs pratiques. Nous avons reçu il y a quelques jours deux cuvées quasiment identiques : le Beaujolais Villages Vieilles Vignes 2016 et le Beaujolais Villages Vieilles Vignes  2016 sans SO2. La différence, vous l'aurez compris est l'ajout d'un peu de sulfites juste avant la mise en bouteilles. La belle équipe n'étant pas trop habituée à en utiliser s'est un peu plantée dans le dosage : elle pensait en avoir mis 15 mg/l. Les analyses ont montré qu'il n'y en avait que 7 mg/l. N'empêche : cela suffit pour qu'il y ait une différence flagrante entre les deux  cuvées, que ce soit à l'ouverture des bouteilles ... ou 30 heures après. Allez, goûtons !



La robe est grenat translucide aux reflets tuilés.

Le nez est fin, élégant, sur les fruits rouges confits, avec une petite touche carbo et une pincée d'épices.

La bouche est ronde, souple, fruitée, avec des tannins qui accrochent un peu. Pas méchamment, mais on n'est pas dans le glissant.

La finale est mâchue, aux tannins crayeux/poudreux, avec toujours les fruits rouges et les épices.

30 heures plus tard

La robe est inchangée.

Le nez toujours aussi fin, avec les épices en avant, toujours du fruit rouge confit,  une petite pointe végétale et  plus du tout de carbo.

La bouche est plus ample, plus harmonieuse, avec une matière plus dense qui a gagné en douceur tactile (ça n'accroche plus).  C'est nettement plus équilibré et gourmand.

La finale a toujours de la mâche, mais c'est plus en finesse et savoureux. Joli vin !




La robe est identique.

Le nez est plus discret, avec un fruit plus frais et des notes un peu végétales (rafles). Mais carbo moins marquée.

La bouche est plus ample, plus élancée, avec des tannins soyeux qui n'accrochent pas du tout (là, ça glissssse !) et une sensation de "moellosité". L'équilibre et l'harmonie sont just perfect.

La finale est intense, beaucoup mieux fondue, avec une mâche plus raffinée. Et plus de gourmandise et de plaisir.

30 h plus tard 

La robe est inchangée. 

Le nez a gagné en expressivité et en fruit. Il a toujours plus de fraîcheur, avec une rafle bien présente (mais pas dérangeante, au contraire). 

La bouche a gagné en densité tout en étant moins élancé : le vin est plus "statique", avec des tannins plus perceptibles qui le rapprochent du vin précédent. Ça reste bien équilibré, mais on a perdu en spontanéité et en "glissant" (et donc en "glouglou"). 

La finale a une mâche nettement plus affirmée, avec d'étonnants notes d'écorce de pamplemousse/orange soulignée par des épices douces. On se croirait sur un certain domaine du Rhône Sud (avec des Tours). 

Conclusion : vous l'aurez compris : le sans SO2, vous ouvrez, vous buvez, alors que la version sulfitée gagnera à être aérée. A vous de choisir !

mercredi 18 juillet 2018

Le vino natural comme on aime !




Il y a presque un an, je vous avais parlé de ce Tierra de Forcallat. Il se trouve qu'il nous en reste encore quelques cartons, et j'étais curieux de voir comment évoluait ce vin sans sulfites. Eh bien,  non seulement il ne s'est pas dégradé, mais il est plusieurs crans au-dessus, ayant perdu son côté lacté qui le faisait ressembler à un Yop ®. On est aujourd'hui en face d'un joli vin qui pourrait donner des leçons à une bonne partie de la production "nature" française. Non seulement, il n'a aucun défaut perceptible, mais il raconte en plus de belles choses, avec une élégance décontractée. 


La robe est jaune pâle dense, très (très) légèrement trouble.

Le nez est fin, aérien, sur la pomme beurrée, les épices et la pierre chauffée au soleil. Paradoxalement, de la craie humide aussi. En tout cas, c'est MINÉRAL !

La bouche est ronde, très ample, déployant tranquillement une matière douce, caressante, gagnant progressivement en "pulposité" et en plénitude. Du pur bonheur tactile.

La finale est finement mâchue, avec toujours cette pomme beurrée complétée par le noisette fraîche et un retour sur la craie humide. Le tout se prolonge en douceur sur les épices dans une ambiance zen, apaisante. 

Le prix ? 8.20 € (non, vous ne rêvez pas). 




mardi 17 juillet 2018

Quarterons : la succession est assurée !


Il arrive souvent que nous basculions d'un millésime à l'autre sur la commande d'un client. Aussi, nous lui demandons si ça ne lui pose pas de problème (la plupart du temps, non). C'est souvent l'occasion de déguster le nouvel arrivant, histoire de voir s'il est dans la continuité – ou non – de son aîné d'un an. C'est donc arrivé il y a quelques jours avec Les quarterons de Xavier Amirault : nous sommes passés du 2015 au 2016. Il y a toujours un frisson d'inattendu au moment où vous versez le vin dans le verre. Comment va-t-il se comporter ? Car si ce n'est pas terrible, il va falloir éventuellement trouver autre chose à proposer au client (comme les Gravillices, la cuvée un peu plus chère du même producteur). Mais ouf : il sent bon, il goûte bon. Sauvé !

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est frais, mêlant le cassis fruit et le cassis feuille, avec une touche poivrée (blanc + cubèbe).

La bouche est ronde, ample, soyeuse, délivrant une matière fraîche, fruitée, digeste, légèrement épicée. L'ensemble est tendu par une acidité très discrète, mais des plus efficaces.

La finale est finement crayeuse, avec un come-back du cassis sous ses deux formes, et une persistance sur le poivre et le menthol.

Bref, je suis persuadé que mon client et les autres qui suivront ne seront pas déçus de ce 2016 qui n'a rien à envier au 2015. Et bonne nouvelle : le prix (11.90 €) n'a pas augmenté !





lundi 16 juillet 2018

Vraiment un Bel Avenir !


Nous vous l'avions annoncé il y a bientôt trois ans. Le duo de P-U-R (Cyril et Florian) ont acheté le Château de Bel Avenir à la Chapelle de Guinchay. Cela se situe une cinquantaine de kilomètres au nord de Villefranche sur Saône où ils étaient établis auparavant. Ils se rapprochent de l'excellence beaujolaise : en quelques minutes, vous êtes à Chénas, Juliénas, Fleurie, Morgon... 


Le domaine fait une vingtaine d'hectares dont 12 ha de vignes. S'il y a eu quelques plantations depuis leur arrivée, il est hors de question d'occuper tout l'espace avec Vitis Vinifera.


L'idée est au contraire d'accueillir ici un maximum de plantes et d'animaux sauvages car la diversité est essentielle pour l'équilibre général du biotope. 


Des arbres fruitiers ont été plantés, des plantes mellifères semées. Pour les autres espaces inoccupés, on laisse la nature se débrouiller. Elle s'y entend plutôt bien depuis plusieurs millions d'années.


Voilà le Gamaret : ce cépage est un croisement  suisse entre Gamay et Reichensteiner. Il connaît un large succès autour du Lac Léman car est particulièrement résistant à la pourriture grise (et moins sensible que le Gamay au mildiou et à l'oïdium). Sa précocité permet de le vendanger tôt, mais on peut aussi pousser la maturité des grappes sans risque de dégradation. Il gagne alors en corps et en couleur tout en restant soyeux,  pouvant faire penser à de la Syrah. Un cépage anti-stress qui est autorisé depuis peu dans l'appellation  Beaujolais à hauteur de 10 %  – il faut garder de la typicité, tout de même. Mais déjà certains vignerons réussissent à vendre des purs Gamaret en IGP Comté Rhodanien à des prix plus élevés que les Beaujolais. 


Lors du premier millésime (2015), Cyril et Florian se sont contentés de ramasser les raisins cultivés par le précédent propriétaire, pas franchement adepte du bio. Après une cure de désintoxication qui lui  a été bénéfique – avec un retour progressif d'une flore et d'une faune qui avaient disparu – le vignoble est désormais en conversion bio officielle. 


Lorsque l'ensemble des vignes offrira tout son potentiel, la maison P-U-R devrait avoir suffisamment de raisins pour ne plus avoir besoin de se fournir ailleurs. Cela ne veut pas dire que Swimming Poule ou Porc tout gai disparaîtront. Mais que toutes les cuvées seront 100 % Bel Avenir !


Pour l'instant, les bureaux et le chai (vinif/élevage/stockage)  n'occupent que la maison de droite. Celle de gauche est pour l'instant inutilisée alors qu'elle a incontestablement plus de cachet. Une fois rénovée, elle pourrait se transformer en gîte ou en hôtel. À suivre... 



Un ancien pressoir


Les cuves (béton et acier émaillé) sont celles d'origine


C'est celles que l'on trouve un peu partout dans la région. Elles conviennent très bien pour faire de la macération semi-carbonique de Gamay.


Là, c'est un peu moins classique ;-) Ces jarres en terre servent à l'élevage du Beaujolais rouge vieilles vignes et au Bourgogne blanc.  Le seul souci de ce contenant est une évaporation importante (il faut ouiller souvent ou les maintenir dans une atmosphère humide)/ 


Ces adorables tonnelets contiennent la micro-vendange 2017 de Gamaret.


On les aperçoit à droite des barriques de Bourgogne blanc 2017


La pièce de stockage de P-U-R/Bel Avenir

J'ai pu déguster les 2017 récemment mis en bouteille ou encore en élevage. C'est vraiment très bon, avec des textures douces/raffinées, une belle maturité de fruit et un sacré équilibre.

Mais, plus important encore, j'ai senti une équipe épanouie dans son nouveau lieu de vie et de travail. Et ça, c'est important pour produire les meilleurs vins possible. 

Vraiment, ce domaine a un bel avenir !


vendredi 13 juillet 2018

Quatre cuvées de Chardonnay signées Ganevat


Nous les attendions avec une certains impatience, car nous avions eu l'occasion de les déguster avant leur mise en bouteille : voici les Chardonnay 2015 "négoce" de Jean-François Ganevat. À ceux qui pourrait faire la moue en lisant "négoce", je dirais que :

- les raisins ont été achetés chez des vignerons reconnus. Ils sont issus de vignes âgées de 30 à 80 ans situées sur de grands terroirs jurassiens. 

- contrairement aux rouges "négoce", nous ne sommes pas sur des mélanges improbables de divers cépages provenant de plusieurs régions. Tous les vins sont 100 % Chardonnay et sont en AOP Côtes du Jura

- même si les différentes sont sans sulfites ajoutés – comme toutes les cuvées "domaine" de JF Ganevat – elles n'ont pas un profil "nature" si ce n'est un peu de gaz carbonique. Il n'est pas franchement dérangeant, même si c'est meilleur sans, et s'élimine facilement. 

- elles ont été élevées 30 mois sur lies fines – en barriques ou en cuve bois – ce qui n'est pas des plus courants dans le Jura... hormis chez Ganevat !

- les étiquettes sont celles du père d'Anne et Jean-François : classiques ...  mais faciles à poser sur une table ;-)

Je savais qu'il y avait un joli niveau ... mais j'ai eu un vrai choc à la dégustation ! Précisons que j'ai viré l'essentiel du gaz à l'ouverture, mais ça m'a pris 5 mn, pas 3 heures comme parfois. 


La Gravière 2015 (28.90 €)

Vignes de 60 ans sur marnes grises du Lias et marnes irisées

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est expressif, sur les fruits blancs mûrs légèrement beurrés et relevés de zeste d'agrume (mandarine plus que citron). Et un côté frais, crayeux.

La bouche est longiligne, tendue par une acidité traçante, inflexible qui se prolonge au-delà même de la finale. Elle est enrobée par une matière ronde, charnue, dominée par la pomme fraîche et la pulpe de citron.

La finale est tonique, dans un noble registre Triple A (Acidité, Amertume et Astringence) mêlant le coing, l'écorce de pomelo et la craie. C'est cette dernière, légèrement citronnée qui finit par l'emporter.


Les cèdres 2015 (28.90 €)

Vignes de 80 ans sur marno-calcaire

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est plutôt discret, dans un style réduit bourguignon (beurre/grillé/agrume confit). Avec l'aération, on part sur la pêche blanche, la pomme chaude et le yuzu.

La bouche est ronde, très ample, déployant une matière dense et mûre, fraîche, qui vous emplit tout le palais. Elle dégage une grande fraîcheur sans qu'il y ait besoin de la moindre acidité qui saille. L'équilibre général est superbe, dégageant une rare harmonie.

La finale est intense, avec une amertume coing/pomelo/quinquina  qui rappelle le chenin et une mâche tannique qui vous emmène à Corton-Charlemagne. Superbe.




La Pélerine 2015 (27.90 €)

Vignes de 1948 sur des marnes du Lias

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est assez cochedurien, sur le sésame grillé, le pétard et  la poire mûre.

La bouche est élancée, avec une matière mûre, dense, au toucher moelleux, équilibrée par une fraîcheur revigorante. L'ensemble est aérien, digeste et classieux.

La finale est raccord, très finement mâchue,  avec une dominante du citron confit/beurré (=lemon curd) puis une rétro saline/crayeuse. Superbe bis.



Champs poids 2015 (27.90 €)

Vignes plantées en 1986 sur calcaire du Bajocien

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est très expressif, sur les fruits blancs et jaunes bien mûrs, le beurre noisette et les épices. Et puis la craie humide qui équilibre.

La bouche est ample, aérienne, enveloppante, qui vous envahit le palais et l'âme d'une matière mûre, gourmande, légèrement crayeuse et citronnée. L'ensemble allie classe et harmonie.

La finale est très expressive, avec du citron confit, de la craie, de la chair de pomelo. Purement jouissif !





jeudi 12 juillet 2018

Gourgonnier : oh, le Baux rosé !


Jusqu'à maintenant, nous n'avions pas référencé le Baux de Provence rosé du Mas de Gourgonnier. C'était une erreur, car il s'écarte totalement du rosé classique que les amateurs ont souvent bien raison de boycotter. Sans être aussi barré que le Tuilé de Saint-Jeannet, on est tout de même dans l'OVNI cher à Vins étonnants. Peut-être est-ce dû à son assemblage qui sort de l'ordinaire (Grenache, Syrah, Cinsault, Carignan, Mourvèdre et Cabernet Sauvignon) ? Peut-être à sa vinification (saignée  légère) ? Ou à son élevage en vieux foudres ?  En tout cas, voilà un vin qui vous fera aimer (enfin !) le rosé. 

La robe est "oeil de perdrix" (ou "grise", comme on dit des vins marocains).

Le nez est frais et expressif, sur des notes de pomelo rose, de sucre d'orge, de fleur séchée et d'épices.

La bouche est longiligne, tendue, avec une acidité totalement enrobée par une matière dense, vineuse, dotée d'un étonnant gras qui vous tapisse le palais. L'aromatique petits fruits rouges/minérale/ fumée m'évoque un blanc de noir champenois qui aurait perdu ses bulles.

La finale prolonge les sensations sans la moindre rupture : on retrouve la tension, le gras, l'aromatique. Puis apparaissent de beaux et toniques amers (écorce d'agrume) qui vous refont le palais en une fraction de seconde et donnent envie de se resservir immédiatement.


mercredi 11 juillet 2018

Quand j'pense à Fernand, je b...


... je biche, bien entendu !

Ce n'est pas si souvent qu'un vigneron dédie deux cuvées  à un confrère disparu. Le premier est Marc Parcé, le second Fernand Vaquer. Fernand II, devrais-je préciser, fils de Fernand 1er , créateur du Domaine Vaquer et grand joueur de rugby. Fernand Vaquer, donc, fut parmi les premiers vignerons du Roussillon à mettre son vin rouge en bouteilles. Car jusqu'alors, seul les vins mutés étaient jugés assez bons pour être commercialisés à la propriété. L'appellation Côtes du Roussillon n'a été reconnue par l'Inao qu'en 1977. Ses étiquettes portaient la mention VDQS "Roussillon dels Aspres" (créée en 1951). Mais surtout, il a soutenu les deux cépages traditionnels, le Carignan et le Maccabeu à une époque où l'on jugeait nécessaire de les "améliorer" avec la Syrah, la Roussanne ou la Marsanne. 

Comme l'écrit Marc Parcé,   "il y a rarement de « mauvais » cépages mais simplement une inadéquation entre le cépage, le terroir et le vigneron" (c'est bien trouvé, ça !). 

Le hasard fait bien les choses : nous venons de faire rentrer des cuvées vinifiées par Fernand Vaquer dans les années 80 (disponibles ICI). Pur Maccabeu pour les blancs, Carignan très majoritaire pour les rouges. Plus de 30 ans après leur mise en bouteille, on se rend compte qu'ils ont encore de très belles choses à dire – certainement plus que dans leur jeunesse, même. 

Après avoir dégusté ces deux cuvées "modestes" dédiées à Fernand, je me demande si à leur tour elles ne pourront pas tenir 30-40 ans. Car même si elles sont d'un abord facile et  ne sont pas des plus démonstratives, on sent qu'elles ne sont pas dénuées de fond et que le temps pourrait leur apporter une dimension supplémentaire. En tout cas, cela ne coûte pas trop cher de faire le test... 




100 % Maccabeu

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est fin et complexe, mêlant le zeste d'agrume (oranger), le floral, le pierreux (ardoise chaude) et même le marin (embruns).

La bouche est ronde et ample, vous envahissant le palais d'une matière aérienne et intense – généreuse et "caillouteuse". L'équilibre est remarquable, très loin de l'archétype "vin blanc du sud".

La finale a une mâche bien crayeuse, finement citronnée y compris dans les amers de l'écorce, se prolongeant sur le salin. 'tain, que c'est bon  !




100 % Carignan

La robe est grenat sombre translucide, avec une pointe violacée.

Le nez est fin, gourmand, sur la  confiture de fruits noirs en train de mijoter, avec une touche d'épices douces et une pincée de benjoin.

La bouche est toute aussi fine, élancée, gagnant vite en ampleur : elle déploie alors une matière soyeuse dans un premier temps, un peu plus rustique dans un second, tout en restant souple et fruitée/épicée. L'ensemble dégage un charme des plus irrésistibles, non par sa beauté formelle, mais plutôt par la nostalgie qu'il génère :  on a cette sensation de boire un vin intemporel, en dehors des modes qui passent et trépassent.

La finale est finement mâchue  – avec cette accroche canaille – mêlant les fruits compotés, les notes ferreuses/sanguines et le cuir, et se prolonge sur les épices et la violette. Persiste cette impression de boire un p'tit vin qui délivre un grand message. C'est indicible, mais sacrément buvable