mercredi 6 février 2019

Stein : le riesling réinventé


Encore un vin nature ? Ben oui. Il faut dire que les vins peu ou pas sulfités représentent près de la moitié de nos références. Je ne vais pas vous faire le discours des "vins plus vivants" qui relève plus de la propagande qu'autre chose. Mais c'est vrai qu'ils sont plus changeants de millésime en millésime, le vigneron renonçant à toute intervention œnologique en cas de fermentation difficile, même celles reconnues par le cahier des charges bio.  Donc, oui, ces vins requièrent d'être regoûtés chaque année, histoire que  nous sachions ce que nous vous vendons*. Toutes les dégustations ne sont pas rapportées ici, car si le vin ne m'a pas plus botté que ça,  je m'abstiens de tout commentaire. Mais si ça m'a beaucoup plu, comme ce Riesling Stein 2015, eh bien je vous en parle.

Le riesling réinventé, ai-je écrit en titre. J'hésitais avec cette autre formule : "oubliez tout ce que vous savez du riesling". Car ce Stein vous emmène vraiment ailleurs, sans toutefois tomber dans le trop bizarre/dérangeant. Plusieurs explications : le vin a fait sa malo, gommant l'acidité la plus "agressive" et apportant plus de rondeur – et cette aromatique finement beurrée. L'élevage en foudre a duré près de trois ans, la mise en bouteille ayant été faite juste avant les vendanges 2018. C'est rarissime pour un Alsace. Cela lui apporte une patine qui rappelle certaines soleras champenoises. Et pour finir, cette cuvée n'a pas été du tout sulfitée, ouvrant la porte à une évolution plus "free style".

Ce qui surprend le plus dans ce vin est sa grande douceur tactile, sa non-agressivité, alors que l'analyse technique fournie  par Jean-Pierre Rietsch montre que ce vin est très acide : 8 g/l d'acidité totale et pH de 3.08. Comme quoi, les chiffres seuls n'ont pas une grande signification. La perception sensorielle prime.

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est bien mûr tout en étant aérien,  sur la pomme rôtie au beurre, la pâte d'amande, la noix grillée, avec en arrière-plan une très fine touche de terpène d'orange qui peut rappeler que c'est du Riesling. Des mauvaises langues diront que c'est oxydé. Pour ma part, je parlerais plutôt de fines notes oxydatives, dans l'esprit d'un vin de Sélosse. Car on n'a pas du tout l'impression d'un vin flingué. Au contraire, la palette olfactive est complexe, changeante, plus fascinante que repoussante. 

La bouche allie ampleur et tension, déployant sereinement une matière douce, aérienne, qui vous caresse le palais. On éprouve une rare sensation d'avoir en bouche un vin à la fois (très) dense et "gazeux", quasi impalpable, avec l'aromatique pomme/fruits secs perçue au nez.

La finale gagne en concentration et en intensité, resserrant momentanément la bouche avant un ultime jaillissement où se mêlent l'écorce d'agrume, la pierre chaude, la pomme et la poire séchées, s'achevant sur des notes crayeuses et épicées.

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* Certains vont me dire que ça devrait être le cas de l'intégralité des vins commercialisés. Tout à fait. Mais ça relève de l'impossible lorsque vous avez plus de 1700 références... 


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