mercredi 6 mars 2019

Après Duseigneur, la Madone !


J'avais eu l'occasion de boire quelques vins de Gilles Bonnefoy il y a  4-5 ans, et je ne peux pas dire que ce fut le coup de foudre : le boisé bien présent avait tendance à masquer le fruit. Je ne sais pas quel fut le déclencheur, mais ses vins ont changé depuis  du tout au tout : les rouges ne voient que la cuve inox, et son blanc est vinifié et élevé en fûts anciens rénovés. Conséquence immédiatement vérifiable par le dégustateur  : les différentes cuvées expriment superbement le terroir d'où elles proviennent –  d'autant que le domaine est en biodynamie depuis plusieurs années. Migmatite et Dacite proviennent toutes les deux de sols granitiques, mais – sans que l'on sache trop comment ça fonctionne –  elles présentent des profils totalement différents (alors que cépage, vinif et vigneron identiques). Je ne peux donc que vous inciter à acheter les 3 cuvées de rouge, car l'expérience en vaut la chandelle ! 



Sols basaltiques , coteau à 45 %
(face sud du volcan de Purchon)

La robe est d'un or intense, brillant.

Le nez est riche, sur la mirabelle, l'abricot,  la violette et le beurre noisette.

La bouche est éclatante à l'attaque, réussissant à conjuguer une matière mûre, presque confite, et  une tension qui étire longuement le vin. L'équilibre est vraiment sur le fil du rasoir :  c'est ce qui fait le charme de ce vin, totalement baroque et presque raisonnable.

La finale concentrée/abricotée  bénéficie toujours de cette tension, soutenue par de nobles amers (amandon, quinquina, gingembre), avec une persistance sur des notes grillées/épicées.






 50 % volcanique et 50 % argilo-granitique.


La robe est  grenat sombre translucide tirant vers le pourpre.

Le nez est très expressif, sur la cerise (bigarreau), la prune et la framboise, avec des accents fumés/poivrés, mais aussi floraux (pivoine, violette). Un peu de noyau, aussi.

La bouche est à la fois ample et longiligne, avec une matière juteuse/fruitée qui vous tapisse le palais avec générosité tout en restant dans un registre frais et digeste. On pourrait vraiment dire que c'est d'la bombe, mais vu le contexte, on va dire que ça bouillonne et que ça jaillit du cratère !

La finale veloutée, gourmande, prolonge la bouche sans le moindre à-coup : on poursuit dans le juteux/jouissif, avec  le noyau amer et le ferreux/sanguin en contrepoint du fruit éclatant et omniprésent. Ben finalement, on va le dire : c'est d'là bombe !



100 % argilo-granitique de type migmatite
Un  granit  très riche en mica, qui en se dégradant libère de grandes proportions d’argile.

La robe est proche du précédent, peut-être un peu plus pourpre ?

Le nez, par contre, fait plus profond/obscur, tout en restant hédoniste : la cerise est plus noire, il y a aussi de la mûre (rubrum oscurum comme on dirait à Roquefort) et puis on sent aussi la roche humide qui apporte de fraîcheur.

La bouche joue plus sur la rondeur  veloutée  que sur l'allonge, avec une matière plus concentrée/compacte et un fruit intense qui vous submerge.

La finale gagne encore en concentration, complétée par une mâche crayeuse, et toujours ce mix cerise noire/mûre, et une persistance sur les notes salines/poivrées (et toujours ce toucher crayeux).


Gamay Dacite 2018 (13.50 €)

100 % argilo-granitique de type grano-diorite à dacite. 
Ce granit contient du calcium. 

La robe est grenat moins sombre et plus translucide.

Le nez est une merveille de délicatesse sur la framboise fraîche et des notes florales. Un peu de poivre blanc aussi. On est entre un  beau cabernet-franc ligérien et une  syrah rhodanienne (alors que c'est un Gamay, je vous le rappelle ! ).

La bouche est élancée, avec une fine tension évoquant le cabernet-franc sur calcaire, et une matière élégante, aérienne, exprimant un fruit d'une grande pureté, complété par des notes florales et minérales.

La finale est éclatante, avec la framboise qui revient en pleine gloire complétée par le poivre blanc et la violette,  et un toucher crayeux frais et floral qui vous maraboute grave. Z'êtes foutus... 

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