vendredi 15 mars 2019

Tessier : la grande claque !



Difficile de vous annoncer l'arrivée des 2018  de Philippe Tessier, car c'est un peu plus compliqué que que cela. On va plutôt dire que Le Cheverny 2018 est arrivé, accompagné des Cour-Cheverny 2017 et du moelleux 2015. Il y a aussi du rouge et du rosé, mais j'en parlerai une autre fois. Quatre bouteilles, c'est déjà bien ;-)

Les quatre cuvées sont très différentes les unes des autres. Leur point commun est de remettre en cause nos idées reçues sur ce que peut être un vin blanc, et c'est ma foi très salutaire. Le Cheverny est plutôt consensuel, même s'il n'a rien de banal, mais les trois autres vous emmènent dans un sacré voyage, où les turbulences ne manquent pas, mais c'est à mon sens ce que recherche le vrai amateur de vins (que j'opposerai au buveur d'étiquettes qui préfère le confort des cuvées starisées). 


Cheverny 2018 (12.00 €)

Sauvignon majoritaire complété par du Chardonnay et du Menu Pineau

La robe est jaune pâle, aux reflets argentés. 

Le nez est plutôt discret, sur l'écorce d'agrume (citron, pomelo), le beurre frais et une pointe de craie humide.

La bouche est éclatante de fraîcheur, déployant avec énergie une matière pure, cristalline, non dénuée de rondeur et de gourmandise.  L'équilibre est juste parfait, sans jamais tomber dans l'ennuyeux.

La finale tonique  mêle une amertume "cheninesque" à une noble astringence,  évoquant l'écorce de pomelo et la pomme fraîche, avec une persistance sur des notes crayeuses et mellifères. 



100 % Romorantin, vignes de 5 à 20 ans sur sol silico-argileux 

La robe est dorée, brillante. 

Le nez est très expressif et pour le moins atypique, et pas forcément évident à décrire. On se demande si l'on a dans le verre un riesling ou un chenin évolué, car on retrouve du coing, de la pomme séchée, du terpène d'agrume et du miel de châtaignier, avec une petite pointe résineuse. 

La bouche est élancée, avec une tension qui vous happe dès l'attaque et qui ne vous lâche plus jusqu'en finale. Une colonne vertébrale qui ne repose pas sur l'acidité mais sur une forte concentration de la matière associée à une amertume tranchante. C'est saisissant, dans tous les sens du terme. L'intensité est également aromatique, avec toujours ce coing (confit) et l'écorce d'agrume (bigarade). 
Cette main de fer est enveloppée d'un gant de velours qui la rend plus aimable. 

La finale crépitante monte encore d'un cran dans les sensations fortes, avec un triple A  comme j'aime : Acidité doublée d'Astringence – vous mordez dans un citron –  et Amertume très "Indian tonic". Vous avez l'impression que votre palais triple de volume, histoire de pouvoir contenir tout ce qu'il s'y passe. C'est l'Astringence qui finit par l'emporter, avec une persistance sur l'écorce de citron. Clairement  un vin pour palais averti, mais qu'est-ce que c'est bon !

Hénaurme vin qui demande encore à être attendu pour délivrer tout son message, encore mode compacté/crypté. Il promet d'être fabuleux.




100 % Romorantin, vignes de 40 à 90 ans sur sol silico-argileux et sous-sol calcaire

La robe est jaune paille. 

Le nez fait moins dans l'uppercut, tout en étant intense, et surtout complexe ( et là encore, pas simple à décrire) : on va dire que ça fait yuzu curd et écorce d'orange séchée. Et puis un peu de coing et de chips de pomme, aussi. 

La bouche est longiligne, avec une fine acidité qui l'étire, et l'étire encore. Elle est enrobée d'une matière ronde, mûre, aux (nobles) amers bien marqués. Le style est plus aérien/élégant que le vin précédent, mais ça envoie tout de même du lourd.

On retrouve le triple A, mais là aussi dans un style plus enlevé/classieux. Tout se mêle avec harmonie et une certaine légèreté.  On est plus sur la mandarine que le citron, avec une astringence nettement moins marquée, et des notes minérales persistantes.  

Un très beau vin appelé à devenir grand en le laissant tranquille 5-10 ans. 



100 % Romorantin, vignes de 50 ans sur sols silico-argileux 

La robe est d'un or intense. 

Le nez est mûr, intense, sur le coing confit et des notes terpéniques/résineuses. 

La bouche est élancée, alliant une belle tension reposant sur un fil invisible (acidité non perceptible) et une matière mûre, riche, moelleuse, d'une grande fraîcheur aromatique (coing, marmelade d'orange). 

La finale rebondit sur un registre doux/amer, très finement astringent, mêlant le miel, l'orange, le coing et le quinquina, avec un sucre des plus discrets alors que l'on a affaire techniquement à  un liquoreux (52 g/l). Quel équilibre !…

Nota : Eric R a bu le 2009 en février dernier et c'était une pure merveille. Il ne doute pas que ce 2015 suive le même chemin d'ici 7-8 ans. 

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