jeudi 29 août 2019

La potion de Marcel : involontaire hommage au Bordelais ?


J'avais prévu de vous parler hier de cette Potion de Marcel, et non des deux Cantina di Torra. Problème :  lorsque je l'ai ouvert avant-hier à 16h30,  j'ai trouvé qu'il était totalement fermé. Il  n'était pas possible d'en dire quelque chose de valable. J'ai donc laissé la bouteille s'aérer durant 24 h dans la zone la plus fraîche de l'entrepôt (14 ° C) sans la reboucher. Hier à 16h30, je la récupère et met le nez au-dessus du goulot : on dirait un Bordeaux de la rive gauche (dominante cabernet sauvignon) alors que cette cuvée est théoriquement à l'antithèse de ce qui se fait entre Léognan et Saint-Estèphe : il doit y avoir une douzaine de cépages, blancs, gris et rouges, joyeusement assemblés dans la même amphore, peaux incluses. On devrait être dans le baroque, le tout-fou. Eh bien non, pas du tout. Ce vin dégage du sérieux, du grave(s), même. Sans doute trop pour certains qui ont une vision fun du vin. Perso, j'aime beaucoup, mais je reconnais avoir eu le palais déformé par les GCC médocains ;-)

La robe est grenat sombre translucide aux reflets légèrement évolués.

Le nez est fin, frais, profond, sur le cassis, le cèdre et la cendre, avec une pointe de graphite et de menthol.

La bouche est élancée,  comme étirée par un fil invisible, déployant une matière d'une impressionnante concentration, tout en jouant l'élégance grâce à sa fraîcheur aromatique et à ses tanins polis par le temps et l'élevage. L'ensemble est harmonieux, dans un style très cistercien qui ravira les esthètes et risquera d'emm... les autres.

La finale poursuit dans la même dynamique tout en accentuant les tanins, mais aussi la fraîcheur mentholée, avec un come-back expressif du cassis et du cèdre, suivi d'une belle persistance sur le cigare et la menthe. 

Allez, je regoûte une dernière fois maintenant à 10 h du mat', avant de publier ce billet (dur métier...) : le nez gagne en expressivité, avec plus de fruits noirs (cerise, myrtille) et même un peu de floral. La bouche a gagné en ampleur, en soyeux, et en souplesse. Le fruit se fait plus gourmand. Les tanins sont plus discrets en finale, avec une palette aromatique plus fondue (avec un peu moins de caractère). Un client l'a goûté une heure plus tard : il a adoré le nez et beaucoup aimé la bouche (sans savoir ce qu'il était en train de boire).

Donc, au final, selon le vin que vous voulez avoir, il faut l'aérer plus ou moins longtemps. Un carafage accélérera les choses, mais j'aime bien donner du temps au temps, comme disait un président du siècle dernier. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire