jeudi 22 août 2019

Tout Meyer, ou presque


S'il est des vignerons qui produisent d'année en année des vins qui se ressemblent plus ou moins – il y a l'effet millésime, tout de même – Patrick Meyer a le don de surprendre : on ne sait jamais trop ce que l'on va avoir dans les bouteilles, même si les noms des cuvées restent les mêmes. Comme le style est plutôt borderline, on va dire, le problème est de savoir si l'on est du bon ou du mauvais côté de la force. Au vu des différentes cuvées dégustées, je dirais que 2018 est une année très réussie pour le domaine, retrouvant un style que  j'avais beaucoup apprécié il y a 4-5 ans. 

Voici donc la revue des différentes cuvées...



La robe est jaune paille brillante, avec des fines bulles éparses. 

Le nez est gourmand, sur les fruits blancs mûrs (pomme, poire, coing), l'écorce d'orange séchée et les épices. La bouche est ronde, éclatante de fraîcheur, alliant une matière finement amère et désaltérante à des bulles toniques et crépitantes. L'aromatique est subtilement oxydative, rappelant certaines cuvées champenoises. 

La finale est énergique, dans un registre Triple A : fine Acidité traçante, Amertume et Astringence de l'écorce de citron, avec une persistance sur le coing, la pomme chaude et les épices. 


Nature 2018 (10.95 €)

La robe est jaune paille, légèrement trouble. 

 Le nez est aérien, sur la pomme tapée, le cidre, et une pointe de  fumée. 

La bouche est ronde, croquante, avec une matière dense et charnue, finement tannique, marquée par les fruits blancs rôtis au beurre. 

La finale gagne encore en tannicité – sans devenir dure –  sous la forme d'une mâche crayeuse, et exalte la pomme chaude et les épices qui persistent agréablement.  



La robe est or pâle, brillante. 
Le nez est expressif, sur l'agrume confit, la pomme chaude et une pointe de volatile qui apporte de la fraîcheur et de la tonicité. 

La bouche est vive et longiligne, tendue par une acidité traçante qui se prolonge au-delà même de la finale. Elle est enrobée d'une matière ronde et mûre à la chair dense, partagée entre le fruit (pomme, coing) et les saveurs plus minérales. 

Ces dernières s'intensifient en finale – notes crayeuses et salines –  tout en n'abandonnant pas les fruits blancs, avec toujours l'acidité en fil conducteur, soulignée par une astringence évoquant l'écorce d'agrume. 



La robe est dorée, légèrement trouble. 

Le nez est puissant et profond, mêlant l'écorce d'orange, les fruits exotiques séchés (ananas, mangue) et la pierre chauffée au soleil. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible et déployant une matière dense et mûre, tapissante. Elle est d'une grande intensité aromatique, dans le registre perçu au nez, immergeant totalement le dégustateur dans des notes exotiques et minérales. 

La finale prolonge les sensations sans le moindre-à coup, se contentant juste d'intensifier l'amertume (quinquina, bigarade) et l'astringence (pomelo, citron), rendant le vin plus salivant et appelant une nouvelle gorgée.



La robe est d'un or intense, translucide et brillante. 

Le nez est très expressif, sur l'abricot sec, la mirabelle confite, le miel et une touche résineuse. La bouche est ronde, charnue, avec une matière dense, pulpeuse, d'une grande puissance aromatique, mais aussi pleine de fraîcheur et de sève (et toujours ce côté résineux). 

La finale est intense, tonique et tannique, avec ce mix fruits jaunes secs/confits et de notes résineuses. Un vin passionnant et très interpellant !



Le nez est vif, sur la griotte confite, la quetsche et une pointe d'acidité volatile. 

La bouche est à la fois ronde et tendue, avec une fine acidité qui étire le vin, et une matière charnue, veloutée, légèrement tannique, au fruit bien expressif (volatile peu présente, pour le coup). 

La finale possède une mâche gourmande, finement crayeuse, sur des notes de cerise confite et d'épices et une persistance saline. 



La robe est d'un or intense, très légèrement trouble. 

Le nez est tout aussi intense, sur des notes muscatées, florales (rose, jasmin) et épicées (souk oriental). La bouche est élancée, avec une matière mûre, aérienne, au toucher moelleux qui vous enveloppe le palais. L'aromatique  muscatée/florale est omniprésente, tout en réussissant à ne pas en faire trop. 

La finale  mêle subtilement fine astringence et noble amertume, sur des notes de rose et d'abricot sec, et une persistance sur les épices 



La robe est d'un or intense, brillante. 

Le nez est fin, profond, sur les fruits jaunes confits, la rose et les épices douces. La bouche est ronde, ample, aérienne, avec une matière douce, évanescente – à la limite du gazeux comme sait si bien le faire Patrick Meyer – vous donnant plus l'impression d'être immergé dans le vin que de le boire. L'aromatique est à l'unisson, toute en délicatesse. 

La finale, même si si elle plus affirmée, reste dans un registre suffisamment subtil, aérien, pour ne pas rompre le charme, avec une grande palette d'épices et de fleurs séchées qui persiste, histoire de vous rappeler que vous n'avez pas rêvé. 


LouLou 2018 (16.50 €)

La robe est entre le vieux rose et le grenat, légèrement trouble. 

À l'ouverture, le vin est réduit, demandant un carafage énergique de quelques minutes. Après avoir laissé reposé ensuite la carafe durant un quart d'heure, le nez est très fin, sur des notes florales (pivoine, rose fanée), de petits fruits rouges confits , d'orange sanguine et de sous-bois automnal.  

La bouche est ronde, très ample, avec une matière douce, aérienne, enveloppante, qui transforme votre palais en cocon rassurant. Elle exprime un fruit d'une grande pureté qui vous envahit totalement, avec ce sentiment d'immersion déjà ressenti avec les Pucelles. 

La finale pinotante (cerise, rose, poivre, humus) est plus terrienne, avec une légère accroche canaille qui vous fait retourner dans le monde réel,  mais elle est d'une telle gourmandise que vous n'aspirez qu'à la prochaine gorgée. 



La robe est grenat légèrement trouble. 

Le nez est réduit au départ, puis s'ouvre sur la cerise, la rose et la terre fraîchement retournée. 

La bouche est ronde, ample, caressante, avec une matière très finement veloutée et un fruit croquant et pur. Signalons un léger perlant qui disparaît à l'aération. 

La finale est finement mâchue, sur la griotte fraîche, l'orange sanguine et les épices. 



4 commentaires:

  1. C'est tentant, mais j"hésite après avoir lu les derniers commentaires émis sur la production Julien Meyer, dans le forum de LPV? C'était plutôt négatif!
    Merci

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    1. est-ce que vous avez le lien, s'il vous plait? Merçi!

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  2. Je n'étais pas fan des diverses cuvées du producteur sur les 3-4 millésimes précédents : trop "natures" pour mon palais. Là, sur 2018, il y a vraiment un come back du Meyer que j'aime. Je les ai d'ailleurs faites déguster à plusieurs clients de passage ces derniers jours. Les retours positifs ont été unanimes.

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  3. Je crains le manque de tension, d'acidité pour les vins d'Alsace.J'appréciais plus les riesling allemands depuis quelques années! Idem pour les Chablis .Mais je vais étudier les 2018 blancs en Roussillon dont vous avez signalé la "fraîcheur".Merci.Salutations.

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