vendredi 29 novembre 2019

Vous êtes brune ou blonde ?


Ce n'est pas souvent que l'on parle bière sur ce blog. Faut dire que ce n'est pas notre coeur de métier, et que vous n'êtes probablement pas  la clientèle-cible Il se trouve qu'il y a un p'tit jeune – qui doit frôler les 2 mètres – de notre commune qui s'est lancé dans l'activité brassicole. Et comme nous nous apprécions mutuellement, il nous pourrait  normal de soutenir son projet 

Pour démarrer, voici ses deux premières cuvées. Mais d'autres devraient suivre, dont une aromatisée au (bon) café et une autre qui devrait être... stupéfiante . Tchin ! 


Houblonde (6.50 €)

La robe est d'un or intense, avec un col épais de mousse blanche.

Le nez est intense, mêlant les notes d'agrumes (citron, pomelo) et de végétal (herbe froissée, houblon ... et cannabis*). Avec aussi une petite touche résineuse.

La bouche est élancée, avec une tension plus basée sur l'amertume que l'acidité : vous avez une sorte de trait vert qui trace et ne vous lâche plus.  La matière est ronde, ample, moelleuse, subtilement caramélisée, traversée par des milliers de micro-bulles finement crépitantes.

La finale est énergique et concentrée, l'amertume et la verdeur se renforçant encore, et persiste sur des notes d'houblon vert et de pain d'épices (le malt finit par montrer le bout de son nez).


Moust'H (6.90 €)

La robe est ambrée/cuivrée, avec un col épais de mousse blanche.

Le nez est puissant, profond, sur le caramel brun, la réglisse, et des notes houblonnées/ résineuses.

La bouche est ronde, très ample, enveloppante, déployant une matière riche, généreuse, au toucher presque crémeux. Elle ne manque toutefois pas de tension, assurée cette fois-ci par des amers plus "bruns" d'une grande intensité. Comme pour Houblonde, les bulles sont toutes petites et nombreuses, provoquant un crépitement agréable.

La finale prolonge la bouche sans le moindre à-coup, avec juste une intensification des notes caramélisées, contrebalancées par le végétal du houblon, et complété par :le quinquina qui persiste assez longuement.

_________________________

*Le houblon fait partie de la famille des Cannabaceae. Ce n'est donc pas forcément surprenant.

jeudi 28 novembre 2019

La Font des Ormes : un vrai coup de coeur !


Cela fait un peu bizarre d'écrire ce billet dans la froidure, alors que la dégustation décrite ci-dessus date de début juillet. Ma "relation" avec la Font des ormes date de plusieurs années.C'est en effet un ami que j'avais connu à  Bergerac, Florent Girou, qui a pris la direction technique du domaine à partir de 2013 après une belle expérience chiantique à la Tenuta la Novella. Je l'avais revu  sur un salon à Montpellier il y a 2-3 ans et il m'avait fait goûter la production : j'avais beaucoup aimé, sans réussir à convaincre de les référencer. Et puis, nous avons reçu des échantillons en juin dernier : c'est un coup de coeur. Il est décidé de les faire rentrer en septembre... puis un peu plus tard. Les voilà enfin !....


Terret Bourret 2018 (19.90 €)

 Calcaire du Miocène et éboulis basaltiques


La robe est étonnamment dorée pour un vin élevé en cuve.

Le nez frais et intense mêle les fleurs blanches à l'écorce de citron, avec des notes de craie humide et de fumée.

La bouche est élancée, tendue à l'extrême par un fil invisible – pas d'acidité perceptible –  avec une matière dense et mûre, charnue, aux accents plus pierreux que fruités (salin/fumé). L'ensemble est très bien équilibré, sans la moindre sensation alcooleuse et une fraîcheur semblant surgir de nulle part.

La finale dévoile une fine mâche crayeuse soutenue par de nobles amers, avec le salin et le fumé qui gagnent encore plus en intensité et persistent longuement.


Pays de Caux 2017 (14.90 €)

 Calcaire du Miocène 

 40% Marselan + 20% Merlot + 20% Grenache + 20% Carignan

La robe est pourpre sombre translucide.

Le  nez est frais et intense, sur les fruits noirs confits, la garrigue et des notes résino-balsamiques très italiennes.

La bouche est élancée, déployant avec ampleur une matière dense et veloutée, séveuse,  d'une fraîcheur aromatique peu commune en France.

Celle-ci s'amplifie encore plus dans une finale vivifiante, enthousiasmante :  un  hymne explosif au cassis et au menthol très prégnant et ne vous lâche plus.


Terres mêlées 2015 (22.90 €) 

Calcaire du Miocène et éboulis basaltiques

 Grenache 50%,  Syrah 30%, Carignan 20%

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est fin, complexe, fascinant, sur les fruits rouges confits, le tabac, l'orange sanguine, la violette....

La bouche est longiligne, hyper-traçante, tendue à l'extrême (mais toute en souplesse), avec une matière fine, soyeuse, aérienne qui vous caresse le palais et une grande intensité aromatique (agrume, tabac, violette).

La finale prolonge la dynamique sans la moindre interruption, à part une plus grande concentration suivie d'une expansion plus aérienne et néanmoins persistante la framboise, le poivre et la fumée, et toujours ces notes d'agrumes.'tain, c'est bôôôô...

mardi 26 novembre 2019

Vent d'Est, vent d'Ouest : vers où se tourner ?


En avril dernier, lors de l'arrivée des vins du Domaine de Cabrol, j'avais  évoqué le Vent d'Est 2016 et le Vent d'Ouest 2015. Six mois plus tard, ces deux millésimes ne sont plus disponibles. Les deux cuvées sont  désormais sur 2017. Cela me semble plus juste et plus facile de les comparer, car les raisins qui les composent ont vécu les mêmes épisodes climatiques et présentent des maturités proches (a priori un peu plus poussées qu'en 2016). Je leur trouve plus de points communs qu'en avril. Et en même temps, dirait un marcheur célèbre, leurs différences ressortent encore plus. 



Vent d'Ouest 2017  (12.50 €)

cabernet-sauvignon 60%, grenache 30% et syrah 10%

La robe est pourpre sombre,  quasi opaque.

Le nez fait "brun ténébreux", sur le cassis, la ronce, le graphite et la suie.

La bouche est longiligne, tendue par un fil invisible, avec une matière dense et veloutée  réussissant à être aérienne, pleine de fruit et de fraîcheur (aromatique), tout en adoptant un style très sobre – très médocain dans l'esprit.

La finale est intense, très concentrée, avec des tanins plus présents – mais déjà bien intégrés – et un fruit (cassis) encore plus démonstratif, renforcé des notes mentholées et une touche d'élevage noble – pain grillés, café, épices douces.

C'est déjà très bon, mais il faudrait l'attendre idéalement au moins cinq ans pour que le cabernet sauvignon déploie toute sa palette aromatique tertiaire. On devrait alors avoir affaire à un superbe vin.


Vent d'Est 2017 (16.00 €)

syrah 60% et cabernet-franc 40%

La pourpre est grenat sombre aux  reflets violacés,  quasi opaque.

Le nez est très expressif, complexe, charmeur, sur la liqueur de fruits rouges et noirs, le lard fumé, la violette, la vanille, le poivre blanc, l'olive noire confite...

La bouche est très ample, enveloppante, déployant une matière à la chair d'abord fine et sensuelle, puis de plus en plus dense et profonde : on s'enfonce dans la terre jusqu'à atteindre le socle rocheux. La tension est assurée par une grande fraîcheur aromatique, assez proche de celle de Vent d'Est, si ce n'est que le cassis et le menthol sont complétés par le poivre cubèbe et l'écorce d'agrume. 

La finale commence d'abord par tout concentrer en un point minuscule avant de nous faire un big bang du tonnerre de dieu avec dans le désordre le cassis, la fumée, le menthol, le poivre, l'agrume, la réglisse, l'olive noire... C'est l'agrume et le menthol qui assurent le (superbe) finish, sous un fond de notes fumées. C'est long, très très long...

Un vin plus exubérant et riche que le 2016. Ce dernier pouvait nous emmener en Rhône Nord. Là, on est clairement dans le Languedoc, même si l'aromatique est plutôt atypique pour un vin de la région. Ce vin est une sorte de bête sauvage fascinante qui demandera du temps pour être domptée. 

Pour l'heure, si on recherche du spectaculaire, le Vent d'Est est conseillé. Même si sur une belle côte de boeuf, le Vent d'Ouest devrait produire son petit effet. Mais dans quelques années, je les recomparerais  avec plaisir : le match risquerait d'être beaucoup plus serré... 

lundi 25 novembre 2019

Clos Veličane : une aventure qui se déguste !



Le Clos Veličane dira forcément quelque chose aux amateurs de vins qui parcourent le forum LPV. Jérôme Pérez, l'un de ses co-fondateurs, s'est lancé dans l'aventure vigneronne en  2017 après un coup de foudre pour un petit domaine, et l'on peut comprendre pourquoi : 


Depuis, il nous raconte régulièrement son parcours dans une rubrique dédiée dont on ne se lasse pas. Il a également eu la bonne idée de faire déguster sa production à des membres du forum, car c'est important pour un producteur d'avoir un retour d'amateurs. J'ai eu la chance d'en faire partie et de découvrir en avant-première les millésimes 2017 et 2018. Les divers compte-rendus sur les vins du Clos Veličane sont ICI

Jusqu'à maintenant, Jérôme n'avait vendu ses vins qu'en direct aux participants du forum. Il nous a demandé si ça nous intéressait d'en distribuer. Pourquoi pas ? Avons-nous répondu. Les voici donc en exclusivité en France. J'espère que vous leur ferez bon accueil :-)

À peine étaient-ils arrivés que je les ai dégustés. Fallait bien pour pouvoir vous en parler. Eh bien, ils sont vraiment étonnants, car ils ne ressemblent à aucun riesling ou pinot gris que j'ai bus auparavant. Ce dernier a entre autres une grande fraîcheur, ce qui n'est guère courant pour ce cépage. Cela pourra évoluer avec le temps – car d'après Jérôme qui les goûte souvent, ils sont à chaque fois différents – mais pour l'instant, mon préféré est le Plešivica qui est un assemblage des deux cépages (50/50). Tout en cumulant leurs qualités respectives, il réussit à avoir son identité propre qui le rend assez irrésistible. 


Riesling 2018 (13.90 €)

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est fin et frais, sur l'écorce d'agrume (plus mandarine que citron), le mousseron et une touche terpénique. La bouche est  longiligne, avec une matière fluide et fraîche, tendue, et une acidité plutôt discrète au départ, et qui prend progressivement son envol. La gamme aromatique est large, allant des notes "vertes", qui évoquent la rafle, au confit tirant vers l'oxydatif, les deux extrêmes s'équilibrant plutôt bien.

En finale, l'acidité est au plus haut, dans un registre à la limite du crissant, enrobée par une matière qui a pris de la densité, et contrebalancée par des amers qui rappellent une rafle plus mûre qu'en  bouche (ce côté boisé végétal), avec une persistance sur des notes citronnées et épicées.


Pinot gris 2018 (13.90 €)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est fermé de chez fermé à l'ouverture. On sent juste un fond de fruit jaune et une pointe fumée

La bouche est ronde, ample, éclatante de fraîcheur, avec l'impression de croquer dans la baie de raisin. Des sensations assez rares pour ce cépage, souvent ramollo. L'aromatique évoque la mirabelle et la raisin blanc, avec une touche plus confite/évoluée en arrière-plan.

La finale est tonique, toute aussi fraîche, avec une très légère mâche et de fins amers, et une persistance sur des notes fumées/beurrées, très pinot gris, pour le coup.



Plešivica 2018 (13.90 €)

La robe est dorée, brillante.

Le nez est le plus riche et complexe des trois : on retrouve la mandarine et le mousseron du riesling, les fruits jaunes et la touche fumée du pinot gris, sans qu'on ait l'impression d'une compilation artificielle. C'est cohérent.

La bouche est aussi longue que large, aurait dit Hubert de Montille. On retrouve le côté longiligne du riesling et la rondeur/fraîcheur éclatante du pinot gris. La matière semble plus dense, plus complexe, avec un mix fruits jaunes / agrumes confits / fumé / minéral. C'est à la fois riche et frais, digeste.

La finale est intense, mûre, séveuse, opulente, oserai-je même dire, sur l'abricot rôti, l'agrume confit, avec l'amertume du riesling et la générosité du pinot gris. Le tout persiste sur l"abricot sec  et les épices.C'est très très bon !

vendredi 22 novembre 2019

Pasión de Bobal : d'la bombe !


Nous avons reçu un échantillon de ce Pasión de Bobal 2017 lors de notre précédente commande de Jean-Louis Denois (qui importe des vins espagnols). Il est produit par la même bodega qu'Ananto. Si ce n'est que cette cuvée ne contient que du Bobal, et qu'il a été élevé en fûts de chêne neufs (français, ouf). J'avoue que cela m'inquiétait un peu, car je ne suis pas fan des vins au boisé marqué. Mais finalement, c'est déjà très bien fondu, et se sent à peine. Le plus marquant dans ce vin, outre sa très belle texture veloutée, c'est sa grande fraîcheur. Il faut dire que le vignoble est planté à 900 m d'altitude :  les raisins ne sont vendangés que fin octobre, histoire de montrer que la maturation lente n'appartient pas au passé. L'avenir du vignoble français se jouera certainement sur les hauts plateaux... 

La robe est grenat très sombre ... mais translucide.

Le nez est opulent, sur la confiture de cerise sur le chaudron, le cacao et les épices douces.

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière dense, charnue, sensuelle qui vous tapisse généreusement le palais. Le fruit est omniprésent et la fraîcheur impressionnante. Le bien-être du dégustateur, total.

La finale prolonge ces sensations tout en affichant une aromatique luxuriante en grande partie due à l'élevage en barrique : notes torréfiées, cacaotées, bois précieux, épices douces, et tout de même la cerise noire qui mène la danse et persiste longuement.

Il est probable que l'on trouve ce vin encore moins cher en Espagne car il faut bien que l'importateur gagne sa vie. Mais à 9.90 €, cela me semble un excellent rapport qualité/prix. Je connais peu de vins français qui atteignent un tel niveau qualitatif pour moins de 10 €. 


jeudi 21 novembre 2019

Sanzay est sans reproche


Antoine Sanzay n'est pas trop du style à se mettre en avant. Mais il a fini, par la qualité de son travail, par intégrer le petit cercle des producteurs incontournables du Saumurois. Dieu merci, les millionnaires du monde entier ne le savent pas encore. On ne retrouve donc pas ces vins à 500 € sur le marché gris. Mais profitez-en :  ça ne va peut-être pas durer…

Le domaine a grandi lentement mais sûrement depuis 20 ans en reprenant petit à petit les vignes familiales dont la production était vendue auparavant à la coopérative.  Parmi celles-ci, 4 hectares sur le célèbre secteur de Poyeux. Depuis 2013, il vinifié une autre cuvée parcellaire, la Haye Dampierre, plantée sur un sol sablo-limoneux qui apporte une finesse et une tension remarquables. 

Son blanc provient de Saint-Cyr en Bourg comme un vigneron que nous connaissons bien ici. Mais la lecture de ce terroir est assez différente de celle d'Arnaud Lambert. Il serait instructif de déguster les deux côte à côte.  



La robe est or clair, brillante. 

Le nez est riche, mais tout en finesse, sur les fruits blancs confits (pomme, poire, coing), le beurre chaud, le pain grillé et les épices douces.

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, déployant une matière dense et mûre, à la chair moelleuse, qui réussit l'exploit d'être en même temps aérienne. 

La finale est superbe, alliant une fine mâche à de magnifiques amers comme seul le chenin sait le faire, mêlant le coing aux agrumes confits, avec une persistance sur la brioche toastée et les épices.



La robe est pourpre sombre, quasi opaque (vin non filtré ?). 

Le nez  intense fait très "brut de cuve", sur la crème de fruits noirs, des notes yaourtées et sanguines, le poivre fraîchement moulu...  La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière dense, pulpeuse, au fruit pur et intense, qui vous tapisse le moindre recoin du palais. Et toujours cette impression de matière brute – dans ce que ça peut avoir de plus plaisant. 

La finale prolonge tout cela sans la moindre interruption, accentuant encore l'intensité du fruit et une grande impression de fraîcheur, avec une persistance sur des notes crayeuses, poivrées et mentholées – et le cassis qui s'immerge en vous, longtemps.



La robe est grenat très sombre, à peine translucide. 

Le nez est fin, profond –  ténébreux, même ? – sur le cassis, l'encre, avec une touche sanguine/ferreuse  et un tour de moulin à poivre.  

La bouche est longiligne, tendue, avec une matière intense, séveuse, énergique, au toucher élégant, finement velouté. L'ensemble est des plus harmonieux, avec un fruit qui s'enrichit de saveurs plus minérales. 

La finale poursuit dans l'élégance, avec toujours cette alliance du fruit et de la terre, et une accentuation des notes crayeuses, persistant sur le cassis, le poivre et des notes sanguines. 



La robe est grenat sombre translucide, aux reflets violacés.  

Le nez est fin, frais, classieux, sur un cassis sublimé, la menthe poivrée, les épices. La bouche est superbe,  avec une tension qui ne vous lâche pas jusqu'en finale et une matière ample, aérienne, enveloppante, d'une grande finesse de texture, mais qui envoie du lourd de l'intense en aromatique : vous vous en prenez plein les papilles ! 

La finale monte encore d'un cran dans l'intensité, la fraîcheur  et la finesse, immergeant le dégustateur dans la félicité vinique, avec une (fine mais intense) colonne vertébrale bâtie sur le cassis et la craie qui s'affirme de plus en plus et finit par prendre le dessus et persister. 

lundi 18 novembre 2019

Y a du nouveau !!!...



Il est loin le temps où il aurait été inenvisageable de ne pas goûter le Bojonouvo de l'année. De nos jours, il est probable qu'une majorité de Français ne boira pas un seul verre le 3ème jeudi de novembre, et qu'une bonne partie des amateurs de vin estime que la vie est trop courte pour perdre son temps et son argent à boire ce type de breuvage. 

En tant que caviste, nous ne pouvons passer totalement à travers. Le point commun entre les 5 cuvées proposées est le non-ajout de sulfites. Pour le reste, nous sommes sur des styles assez différents, car non seulement nous ne nous cantonnons pas au Beaujolais :  nous faisons aussi une infidélité au Gamay. 



Grolleau - Anjou

La robe est grenat translucide aux reflets pourpres. 

Le nez  est fin, élégant, sur des notes florales (pivoine, violette), fruitées (framboise, mûre, épicées (poivre, cannelle) et légèrement fumées. 

La bouche est ronde, de belle ampleur, déployant une matière soyeuse, aérienne, qui  gagne rapidement en densité en en grain, aboutissant à une fine accroche canaille, renforcée par un léger perlant. L'aromatique est presque plus fumée/minérale que fruitée, ce qui donne l'impression d'un vin moins glouglou/superficiel. On va dire que c'est le schiste qui s'exprime. 

La finale est tonique et profonde, avec un trait acidulé assez irrésistible et des notes terriennes très pinotantes, sur la griotte et le poivre. ...tain, c'est bon !!! 



Gamay - Beaujolais

La robe est pourpre très translucide. 

Le nez est  est intense et aérien sur la violette, l'encens, le poivre et une touche de fumée. La framboise apparaît à l'aération. 

La bouche est ronde, enveloppante, avec une matière douce, finement veloutée, qui vous emplit sereinement le palais. Le fruit (plus rouge que noir) est omniprésent, équilibré par un trait vert (rafle)  et nobles amers. 

Ces derniers prennent le dessus dans une finale tonique, sans que ce soit dérangeant, bien au contraire : ça apporte de la niaque et une méchante envie d'y retourner !



Gamay - Beaujolais

La robe est grenat translucide aux reflets violacés. 

Le nez est fin, élégant, sur des notes florales et fumées, avec une pincée de poivre. 

La bouche est ronde, plutôt ample, avec une matière fine mais accrocheuse, qui s'agrippe comme elle peut sur les parois de votre palais. L'aromatique reste sur un registre élégant, avec le floral et la fumée qui dominent, et un fruit qui finit par pointer (framboise).  

La finale prolonge cette dualité entre finesse/élégance  et  accroche canaille. C'est la seconde qui finit par l'emporter.  Comme chaque année, il sera sûrement meilleur au printemps prochain.


Gamay - Beaujolais

La robe est pourpre très translucide. 

Le nez est expressif, sur le bonbon anglais, le poivre, avec une touche florale et une pointe de volatile. 

La bouche est élancée, tendue par cette même volatile (du bon côté de la force), avec une matière ample, soyeuse, au fruit gourmand (griotte) et acidulé. 

La finale est tonique, accentuant encore plus le fruit et la sensation d'acidulé, avec une persistance sur le poivre et la merise.



Gamay - Touraine

La robe est pourpre sombre, limite opaque.

Le nez est très expressif, sur la cerise noire, le coulis de framboise, le poivre, la rafle, et une pointe amylique. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière charnue, pulpeuse, et un fruit d'une grande intensité. Il s'en dégage une grande impression de fraîcheur. 

La finale dévoile une mâche gourmande, sur les fruits noirs frais et le poivre, avec une persistance sur les épices. 

Et rappel de la semaine dernière !



Cinsault et Syrah - Languedoc

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est fin, rafraîchissant, sur la myrtille, le poivre, la garrigue, et une très fine volatile qui apporte de la profondeur et du peps.

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière ronde, fruitée, pulpeuse, qui vous tapisse le palais, et une belle tension venant d'on ne sait où ...  mais qui est bien là.

La finale possède une mâche un peu rustique, mais elle est tellement pétante de fruit qu'on s'en fiche totalement. C'est que du bonheur !

Si vous le buvez bien frais, il n'y aura pas de gaz carbonique. Par contre, en se réchauffant, il commence à pointer son nez, sans que ce soit trop pénible. A vous de voir ce que vous préférez ;-)

mercredi 13 novembre 2019

Il a osé ... et c'est bon !


Quand un vigneron appelle Masturbation carbonique sa cuvée en macération carbonique, il ne faut pas être surpris que sa cuvée primeur soit baptisée JAJAculateur précoce. Cela ne pourrait être que drôle, mais en plus, je trouve ce tout jeune vin sacrément réussi : on est vraiment ici dans l'esprit du vin nature, avec ce fruit à l'état brut, réjouissant, sans entrave. Par contre, comme disait l'autre, Carpe diem*.  Je n'ai aucune certitude de ce que deviendra ce vin dans 6 mois/1 an. Mais il est peu probable qu'il soit meilleur qu'aujourd'hui.  

Sinon, pour info, nous somme sur un assemblage 60 % Cinsault, 40 % Syrah. Cela peut expliquer en partie cette gourmandise immédiate. 

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est fin, rafraîchissant, sur la myrtille, le poivre, la garrigue, et une très fine volatile qui apporte de la profondeur et du peps.

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière ronde, fruitée, pulpeuse, qui vous tapisse le palais, et une belle tension venant d'on ne sait où ...  mais qui est bien là.

La finale possède une mâche un peu rustique, mais elle est tellement pétante de fruit qu'on s'en fiche totalement. C'est que du bonheur !

Si vous le buvez bien frais, il n'y aura pas de gaz carbonique. Par contre, en se réchauffant, il commence à pointer son nez, sans que ce soit trop pénible. A vous de voir ce que vous préférez ;-)

_____________________

* cueille le jour présent 







mardi 12 novembre 2019

Niepoort : Dão ou Douro ?


Les deux vins sont portugais. Les deux  viennent de la même maison, Niepoort. Les deux sont au même prix (11.90 €). Par contre, le millésime est différent. L'assemblage aussi. Mais également le terroir. Le Dão est issu de sols granitiques à 600 m d'altitude. Le Douro, de parcelles schisteuses situées entre 100 et 500 m. Le premier n'a connu que la cuve. Le second a cohabité (un peu) avec le bois. Et au final, cela donne des vins trèèès différents. Récit. 



Dão Rótulo 2016 (11.90 €)
La robe est grenat translucide.

Le nez est fin et expressif, sur la framboise, le poivre, le tabac gris et une pointe de rafle.

La bouche est fraîche et  tonique, avec une matière souple à l'accroche canaille et au fruit séducteur, et toujours cette note végétale qui tient lieu de colonne vertébrale.

La finale poursuit dans la même veine, mais en plus concentrée et pêchue, avec  toujours un fruit frais et expressif et ce "trait de vert", définitivement la signature de ce vin.


La robe est quasi identique (peut-être un peu plus sombre ? ). 

Le nez est  gourmand et complexe, sur le coulis de mûre, le poivre, l'encens, la réglisse...

La bouche est ronde, ample, veloutée, déployant une matière dense et mûre, charnue, sur une palette aromatique très forêt noire, entre cerise noire confite et chocolat. Il en ressort une impression de grande fraîcheur, alors que le pH annoncé est élevé (3.89). L'altitude n'y est probablement pas pour rien. Les notes mentholées non plus. 

La finale possède une mâche savoureuse, dominée par les épices douces  et les fruits noirs compotés. Puis vient le cuir, la réglisse qui fait son retour, ainsi que la cannelle et des notes poivrées qui persistent assez longuement. 

jeudi 7 novembre 2019

Pierre Ménard 2018 : le millésime de la consécration ?


J'ai un timing un peu serré. Donc je n'ai pas le temps de faire une introduction trop fouillée. Mais cela peut se résumer en quelques mots : Pierre Ménard a réussi magnifiquement ce millésime, sur le rouge comme sur les blancs. Précipitez-vous car il n'y aura pas de repasse...




Orion Alpha 2018 (20.50 €)

La robe est grenat sombre, mais translucide.

Le nez est fin, mûr; profond, avec les fruits noirs presque confits qui sont équilibrés par une sublime volatile et des notes camphrées/mentholées et balsamiques.

 La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, et déploie une matière douce, enveloppante, aux tanins d'une rare finesse en Loire. Si l'acidité est quasi imperceptible, le vin est doté d'une grande fraîcheur aromatique qui contribue à sa profondeur.

La finale poursuit dans le même élan, avec une fraîcheur qui s'accentue encore, renforcée par la (toujours) sublime volatile perçue au nez. Les tanins, qui ont l'intelligence de pas se contracter; enrobent tout cela avec grâce, sur des notes persistantes de cassis, de menthol et de réglisse, et  un prolongement sur le cèdre et  le poivre cubèbe. Superbe. 




Laïka  2018 (18.90 €)

La robe est  or pâle, avec de nombreuses bulles qui disparaissent en quelques secondes. 

Le nez est fin et intense, sur la pomme chaude, la pêche rôtie et une touche de mandarine confite. 

La bouche est élancée, tendue par une très fine acidité, tout en étant dotée d'une matière dense et mûre, à la texture moelleuse, tonifiée par un léger perlant. 

La finale prolonge cette dynamique, soutenue par des nobles amers (écorce de pomelo, quinquina)  et une astringence déssoiffante (citron), avec une persistance sur l'acidulé/picotant très agréable sur un millésime comme 2018. 




La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est fin, profond, plutôt discret, sur le coing confit, l'écorce d'orange séchée et la pomme tapée. 

La bouche est traçante/tranchante qui vous coupe le palais en deux, avec une superbe acidité qui n'a rien d'agressif  car enrobée d'une matière dense, à la chair pulpeuse, sur une aromatique de coing et de citron confit. L'ensemble est harmonieux, et d'une gourmandise irrésistible (tout en étant classieux). 

La finale est un résumé ultra-concentré de la bouche, avec de superbes amers qui se renforcent, et toujours cette aromatique coing/agrume confit, juste ce qu'il faut d'astringence (citron/pomelo) et une persistance sur des notes pierreuses/épicées/confites/fumées. 



La robe est dorée, brillante.

Le nez est magnifique, sur les agrumes confits, l'ananas,  et une subtile touche beurrée/vanillée.

La bouche allie ampleur et tension, avec une acidité moins marquée que Varenne, et l'impression d'être aussi large que long. La matière est plus aérienne et enveloppante, avec une plus grande impression de fraîcheur, et une aromatique dominée par le citron confit légèrement vanillé.

La finale est triple A++, avec une fusion superbe entre Amertume, Acidité et Astringence, réussissant à être intense sans être du tout agressive; et une persistance sur le citron confit légèrement fumé. Jouissif !




Le Quart des Noëls 2018 (26.50 €)

La robe est dorée, brillante. 

Le nez est très expressif, sur les fruits blancs rôtis, une touche d'agrume confit, et une pointe de coing. 

La bouche est encore plus ample et aérienne que Clos des Mailles – avec une acidité plus diffuse et une tension plus importante – mais plus intense – et une sensation d'enveloppement encore plus marquée. Au point qu'il est difficile de différencier le buveur du vin qu'il est en train de boire. Fusion accomplie. En un mot : élégance

La finale poursuit sur le mode élégant, avec une fraîcheur éclatante – un feu d'artifice, dit le Chef – mêlant l'ananas frais au coing confit, et une touche de fruit de la passion. Sublime, forcément sublime, écrivait Duras. 



Pluton 2018 (40.00 €)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est plus discret, mais plus profond, aussi, sur la même thématique coing/agrumes confits/fruits blancs rôtis. Plus cette impression de lame d'acier de katana.

La bouche est la plus étirée/tendue de la série, tout  en étant la plus ample, la plus ronde et aérienne. La plus "moelleuse", aussi. La plus pure. On est dans la beauté irréelle, comme on la rencontre rarement  dans un vin.

La finale réussit non seulement à ne pas gâcher la bouche, mais à la sublimer encore plus. C'est à la fois très ample et très concentré, profond et immédiatement jouissif. D'une longueur qui donne une idée de l'infini. Grand vin.

mercredi 6 novembre 2019

Un Marquis proche du peuple


Il y a quelques mois, nous avions référencé un Nero d'Avola sicilien proposé par un importateur qui ne s'est avéré pas très emballant. Son seul mérite était de ne pas être trop cher. Suite à notre retour peu enthousiaste, ce même importateur nous a envoyé un échantillon de ce Marchese Montefusco 2018 – produit également par Cantine Ermes –  et il nous a plu de suite : c'est fin, frais, fruité, sans le moindre tanin qui accroche, avec malgré tout une typicité du cépage et du terroir.  Il n'a pas ce côté "international", particulièrement pénible. Et cerise sur le nero : il n'est guère plus cher que celui qui ne nous avait pas plus. Il est donc parmi nous depuis le début de la semaine. Reste à voir s'il vous plaira à votre tour...

La robe est grenat bien translucide, aux reflets pourpres. 

Le nez est charmeur, sur la cerise fraîche, la framboise confite, avec une pincée d'épices douces et une touche résino-balsamique – so Italian.  

La bouche est vive, tendue par une acidité "laser" qui trace au delà-même de la finale. Certains la trouveront excessive. Moi, j'aime bien. Elle est enrobée d'une matière ronde, ample, aérienne, au toucher soyeux. Le tout sur une aromatique très fruitée (cerise et son noyau) avec toujours cet accent balsamique. 

La finale joue les prolongations, l'acidité jouant le rôle de colonne vertébrale, avec une cerise plus confite, des épices plus poivrés, une touche réglissée, voire de menthol/eucalyptus, formant un ensemble harmonieux et réjouissant.

Franchement, je ne connais pas beaucoup de vins français qui puisse procurer autant de plaisir pour moins de 7 €, surtout dans ce registre de finesse/élégance. Car souvent, dans cette gamme de prix, ça donne dans le costaud – à part quelques exception  comme Ponpon le cheval.


mardi 5 novembre 2019

Morandes : LE chardo, juste comme il faut


Le chardonnay, c'est un cépage qui peut donner parfois des merveilles – je pense à certains vins de Coche, Roulot, Leroy – mais qui déçoit plus qu'à son tour : boisé trop présent, réduction trop marquée, matière trop mûre, voire trop grasse. Ou simplement banal, avec cette impression d'avoir bu ce vin 1000 fois, même si c'est une première. Avec ce Morandes 2017 de chez Tripoz, on est dans le juste milieu : le vin n'a rien d'austère, sans tomber dans l'exubérance. La maturité est idéale (ni trop, ni trop peu), le boisé très discret. Le gaz, qui m'énerve dans les rouges, ici me ravit. Bref, le chardo comme ça, j'aime ! Il sera parfait pour un cours de dégustation pour montrer à quoi peut ressembler ce cépage lorsqu'il n'est pas maltraité !

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est expressif, très "chardo", sur le beurre noisette, la poire au sirop, la bergamote, avec une petite pointe grillée.

La bouche est élancée,  avec une fine acidité à peine perceptible qui apporte de la tension et une matière ronde, gourmande, finement pulpeuse – et légèrement grasse –  tonifiée par un très léger perlant qui vous picote le bout de la langue comme un bonbon acidulé.

La finale prolonge toutes ces sensations sans la moindre interruption, en ajoutant de nobles amers en cadeau bonus (écorces d'agrume). Ceux-ci s'intègrent parfaitement dans l'ensemble, donnant de la niaque et de la profondeur, avec une persistance sur des notes confites/grillées/fumées. 

Soulignons que ce vin est peu sulfité (31 mg/l de SO2 total) et que cela ne ressent pas du tout. Sur ce plan, ce vin est aussi un modèle.Et si l'on rajoute que le prix n'est pas abusif (14.90 €), il n'y a vraiment pas de raison de se priver...