vendredi 2 octobre 2015

L'incroyable Nowatt blanc


Nowatt ?  C'est quoi ce nom bizarre ? On est dans l'écolo revendiqué, en fait. Il n'a pas été utilisé le moindre engin électrique de l'arrivée du raisin au chai jusqu'à sa mise en bouteille. Pas de pompe – tout transfert se fait par gravité – pressoir à la force des bras... Après, on laisse bosser les levures, les bactéries, et le temps. Très important, le temps.

Cette cuvée est majoritairement composé de Rolle (= Vermentino en Corse) complété par du Sémillon et de l'Ugni blanc. Les raisins proviennent de plusieurs parcelles de vignes âgées de 20 à 50 ans : terrains schisteux du Massif des Maures, arrière-pays calcaire et Clos de la Procure  (argilo-calcaire).

Il n'a peut-être jamais été aussi important de parler des conditions de dégustation. La bouteille a été ouverte aux alentours de 15 h et servie à la température de l'entrepôt (13-14 °C). Puis est restée dans le bureau à 20 °C les deux heures suivantes sans être rafraîchie. La tentative de description se fait aux alentours de 16h30. Le vin a été donc bien aéré (bouteille très épaulée) et doit être à la température d'un vin rouge (17°C) ce qui en l'occurrence ne pose aucun problème, bien au contraire.
 
La robe est d'un jaune plutôt pâle pour un vin fermenté et élevé en barrique.

Le nez, après aération, est à la fois très aérien et très intense, sur le citron confit (salé), la pierre chauffée au soleil, le beurre fumé aux algues (oui, c'est un mélange maison que Bordier ne devrait pas tarder à me copier), les embruns...

S'il existait un archétype de la "bouche minérale", ce pourrait être avec ce Nowatt blanc : on a plus l'impression de "sucer un caillou" que de boire du vin. C'est assez indescriptible, entre le gazeux, le caillouteux, le salin et le fumé. Une expérience assez unique à vivre, où vous vous pouvez vous demander – à juste titre – si vous êtes l'expérimentateur ou le sujet observé. Peut-être Dali avait bu du Nowatt lorsqu'il a inventé la paranoïa critique ?

La finale est toute aussi perturbante et grandiose avec une intensification (acmé ?)de ces notes caillouteuses / beurrées / fumées / salines, vous pénétrant au plus profond de votre âme. Vous ne serez plus jamais vraiment le même. Est-ce bien grave ? Assurément non. Il faut juste renoncer à 90 % des vins blancs qui existent sur terre car ils vous paraîtront insignifiants ;-)

À ce moment précis, le lecteur se dit "y a une arnaque". Ben même pas. On n'est pas comme ça, à Vins étonnants. Ce vin miraculeux, on ne vous le vend pas à 29.90 €. Ni à 19,90 €. Mais à 9.90 €. Je sais, c'est à peine crédible. Et pourtant vous pouvez vérifier sur le site. Quand j'vous dis qu'on devrait être institués bienfaiteurs de l'humanité...

À noter que le vin bu à nouveau à température "normale" reprend  des allures plus classiques, liquides, tout en conservant sa finale saline/minérale. On peut donc être amené à penser que l'on passe à côté d'un paquet de GRANDS vin blancs : ils paraissent juste bon/très bon car ils ont été servis trop frais (certes, pas tous les vins supportent un réchauffement).



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