lundi 27 novembre 2023

J'ai changé de Point de vue

 

Je me suis aperçu que le Point de vue de Jeff Carrel avait changé de millésime, passant sans transition de 2017 à 2019 (il y a peut-être un 2018, mais je devais être en hibernation à ce moment-là). Entre les deux,  un changement radical : l'assemblage passe de  50% Carignan, 30% Syrah et 20% Grenache à  40% Cinsault / 30% Syrah / 20% Carignan / 10% Grenache. Il y a forcément un impact. Et comme je suis un Cinsophile, je me dois de goûter cette nouvelle version. 

Eh bien, c'est une révolution de palais : alors que l'ancienne ne m'emballait pas plus que ça, celle-ci a un charme et une originalité assez incroyables, ne ressemblant à aucun vin que je connaisse  Et un peu comme Gazouillis rouge à l'assemblage encore plus improbable (40% Cabernet Sauvignon / 25% Syrah / 25% Mourvèdre / 10% Cabernet Franc), c'est un vin qui peut tout autant plaire à l'amateur pointu qu'à MMme Toulemonde à condition d'être un minimum aware*

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est fin, aérien, complexe, sur la liqueur de cerise, la tarte aux prunes,  le cassis et la violette. 

La bouche est ronde, ample, enrobante, déployant une matière veloutée aux accents séveux et sensuels, avec un fruité / floral langoureux et baroque. 

La finale gagne en concentration et en "sévosité" mêlant la liqueur de cerise à des notes résino-balsamiques et se prolongeant sur des notes crayeuses, épicées et florales.  

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* aware: ouvert d'esprit

vendredi 17 novembre 2023

A la découverte des vins géorgiens


Tel est le titre de l'ouvrage de Christophe Lavelle, scientifique touche à tout que certains auront probablement déjà entendu sur France Inter et d'autres médias. Il travaille beaucoup sur l'alimentation, y incluant parfois le vin.  Les hasards de la vie lui ont fait découvrir la Géorgie qui est devenue depuis sa deuxième patrie où il retourne régulièrement. 

Il n'est donc pas surprenant qu'il ait écrit ce livre sur les vins géorgiens, d'autant que pour l'instant, l'offre est encore assez pauvre, hormis cette somme qu'est "Au pays de la vigne et du vin, la Géorgie".  de Pascal Reigniez dont j'avais parlé ICI

L'ambition de Christophe Lavelle est beaucoup plus modeste. Son livre de 172 pages va droit aux faits et aux chiffres, et se veut avant tout pratique, listant les principaux cépages et leurs caractéristiques, les différentes appellations, les lieux à visiter en Géorgie (touristiques, restaurants, cavistes, producteurs),  mais aussi les vignerons français qui travaillent avec des  kvevris géorgiennes. 

Il évoque aussi les vinifications, aussi bien les traditionnelles que les modernes, soulignant bien que les premières sont beaucoup plus rares que les secondes. C'est un peu comme en France : on parle beaucoup des vins nature, mais leur production est en réalité plutôt marginale dans le volume global de vins.  

Il est bien sûr aussi question de gastronomie, centrale en Géorgie, de l'organisation et de l'ambiance des repas, et du peu d'importance des accords mets/vins (je confirme !). Mais aussi des autres alcools produits là-bas, dont la fameuse chacha que l'on peut boire à toute heure. 

Et pour finir, il liste les livres à lire, les films à voir et les revendeurs de vins géorgiens en France. 

Bref, c'est sûr qu'une fois que vous aurez lu tout ça, vous en saurez nettement plus qu'avant sur les vins géorgiens, même s'il reste le plus important à faire : les goûter ! 

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A la découverte des vins géorgiens, éditions Apogée 

172 pages - 12 €

jeudi 16 novembre 2023

Classique ou glougou ?

Depuis l'autre jour, l'offre en 2023 s'est élargie. Le Beaujolais nouveau de Fred Aublanc  rentre officiellement aujourd'hui dans la danse. Et ce matin,  nous avons reçu le primeur des Chemins d'Arkoze .En terme stylistique, on est vraiment à l'opposé. D'où cette idée de parler des deux aujourd'hui. 

Comme j'ai un palais très éclectique, les deux me plaisent bien, mais il est probable que d'aucuns préfèreront nettement le Beaujolais, alors que d'autres ne jureront que par le vin d'Auvergne. 



La robe est grenat translucide aux reflets violacés. 

Le nez est très expressif, sur le noyau de cerise, le bonbon acidulé, le coulis de mûre et une touche de rafle. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière dense et douce, caressante, offrant un fruit frais et gourmand légèrement épicé. 

La finale est fraîche, tonique, encore plus gourmande que la bouche, sur la cerise, le noyau et les épices. 




La robe légèrement trouble est entre le grenat et le pourpre. 

Le nez  fait très "brut de cuve" dans le  bon sens, avec ce mix de fruits bruts et de notes fermentaires. 

La bouche confirme cette impression, avec une matière juteuse / pulpeuse pétante de fruit et de fraîcheur, et un gaz carbonique qui fait frétiller les papilles. 

La finale offre une mâche gourmande encore plus fruitée et expressive donnant méchamment envie de se resservir.  Glougloutissime ! 

mardi 14 novembre 2023

Saumur Champigny 2022, premier round


Après un millésime 2021 atypique qui ne fait pas l'unanimité, j'étais curieux de voir ce que pouvait donner 2022 chez deux très bons producteurs de Saumur-Champigny. Je ne vous ai pas pris le haut du panier car l'expérience reviendrait cher, mais au contraire les deux cuvées "de base" qui n'ont vu que de la cuve. Ce qu'elles ont en commun, c'est un fruit bien mûr sans la moindre trace variétale, mais aussi une bonne fraîcheur. Et le même degré alcoolique (13.5 %). Pour le reste, ça diverge pas mal. Chacune trouvera ses amateurs, je pense. 


La robe est grenat sombre peu translucide aux reflets violacés. 

Le nez est discret sur le coulis de fruits noirs, le poivre et une touche cendrée. 

La bouche est ronde, ample, enveloppante, déployant une matière dense et veloutée au fruit bien mûr, tout en offrant une belle fraîcheur aromatique. 

Celle-ci s'accentue encore plus dans une finale tonique, vivifiante au fruit explosif, prolongée par une belle mâche savoureuse, donnant un sacré goût de revienzy...  


La robe est rubis sombre translucide. 

Le nez est fin, sur la framboise confite, le poivre blanc et la réglisse. 

La bouche est ronde, très ample, aérienne, avec une matière soyeuse gagnant progressivement en densité jusqu'à devenir charnue / veloutée. 

L'ensemble offre un fruit d'une fraîcheur éclatante présent dès l'attaque et toujours présent en finale, même si un contrepoint plus mûr – et plus minéral / épicé – monte crescendo et finit par l'emporter. 

jeudi 9 novembre 2023

Les premiers 2023 arrivent !

Certains 2023 ne sont pas soumis à la règle du 3ème jeudi de novembre. Ils sont donc d'ores et déjà disponibles. Au vu de l'été que nous avons eu, on aurait pu craindre des maturités et des degrés élevés. Eh bien, pas du tout. Ces 4 cuvées sont entre 10.5 et 13 % d'alcool, avec un fruit franchement gourmand. Ce qui ne veut pas dire que tous les 2023 seront comme cela, hein ! 


100 % Grolleau gris en pressurage direct - 12 % Alc. 

La robe est or gris, avec des reflets argentés. 

Le nez est expressif, sur la pomme chaude beurrée, les fleurs blanches et une touche de framboise. 

La bouche est ronde, friande, sphérique, avec une matière aussi aérienne que pulpeuse, éclatante  de fraîcheur grâce un très fin perlant, vous faisant frétiller les papilles de bonheur. 

La finale gagne en peps et en concentration sans perdre en gourmandise; sur les fruits blancs et la noisette fraîche, et une petite touche citronnée pour rafraîchir tout ça.  On n''est pas sur un vin compliqué, mais que c'est boooon !




Grolleau noir en macération carbonique - 10.5 % Alc.Vol.

La robe est rubis translucide. 

Le nez est fin, délicat, mêlant les notes florales à la cerise fraîche et à une pincée d'épices.

 La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec un fruit pur d'une intensité réjouissante. 

La finale a juste ce qu'il faut de mordant pour rendre le vin encore plus addictif, avec un fruit et une fraîcheur qui montent encore d'un cran, sur la cerise, la pivoine et le poivre. Du régal à l'état pur ! 




Cinsault et Syrah, - 13.% Alc.Vol.

La robe est grenat / pourpre très translucide. 

Le nez est gourmand sur le bonbon Kréma® au cassis, avec une pointe d'épices. 

La bouche est ronde, souple, fruitée, avec un perlant bien prononcé qui apporte de la fraicheur et de la tonicité. 

La finale est plus concentrée, avec toujours autant de perlant et un côté acidulé très sympa.  

Les allergiques au gaz devront carafer et agiter énergiquement. Ou boire autre chose



Syrah et Braucol - 12 % Alc.Vol.

La robe claire est entre le vermillon et le grenat. 

Le nez expressif évoque de suite la macération carbonique, avec le côté bonbon anglais, banane et notes fermentaires. 

La bouche est ronde, souple, pétante de fruits, avec des tanins soyeux, glissants, et une belle fraîcheur. 

La finale présente une fine mâche savoureuse, encore plus fruitée et fraîche que la bouche, sur les petits fruits noirs et le bonbon. 

A noter un peu de "souris" en rétro-olfaction, ce qui peut être intéressant pour savoir à quoi ça ressemble ... si vous y êtes sensibles (ça dépend de votre salive).