mercredi 30 août 2023

Quand un Vendemia 2021 chasse l'autre

Lorsque nous étions passé de l'enthousiasmant Vendemia 2020 au millésime 2021, j'avoue que j'avais été un peu déçu. Je ne retrouvais pas ce qui m'avait plu les années précédentes. Et voilà qu'en revenant de vacances, je m'aperçois que l'étiquette a changé, même si c'est toujours du 2021. Je regarde les numéros de lot : je m'aperçois  qu'on est passé du 4/21 au 5/21. Je sacrifie donc une bouteille pour voir la différence. Et là, bingo, ça me plait !

Je vous incite donc à découvrir ce 2021 nouvelle mouture. C'est que du bonheur !

La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est plutôt fin, sur le coulis de mûre très légèrement yaourté, rafraîchi par une pointe mentholée / balsamique. 

La bouche est élancée, étirée par une tension élégante, tout en déployant une matière douce, aérienne, caressante, au fruit frais et intense. 

La finale est aiguisée, avec une acidité savagninesque* qui monte crescendo et ne semble plus pouvoir être arrêtée, et un fruit qui gagne en intensité en conservant la même douceur tactile. 


* Rappelons que le Duras dont est issu principalement cette cuvée est un enfant du savagnin




lundi 28 août 2023

Choé 2021 : un merlot comme vous en avez rarement bu !

 


Cela fait quasiment 20 ans que je suis l'évolution stylistique des vins de Jean-Louis Denois. Progressivement, il a levé le pied sur  la maturité, les extractions, les élevages bien marqués par le bois, avec des sulfitages de plus en plus légers, voire inexistants. Finalement, une démarche assez proche de celle de Thierry Germain en Loire. 

La dernière Chloé, sa cuvée 100 % Merlot, datait de 2015. On pouvait la rapprocher d'une cuvée bordelaise, voire provenant du nouveau monde comme me l'avait suggéré Dany Rolland qui l'avait goûtée à l'aveugle. Celle de 2021 est totalement différente : on navigue entre un pinot noir bourguignon, un cab' de Thierry Germain et un vin de Didier Barral  lorsqu'il est à son meilleur. 

La robe est pourpre translucide. 

Le nez est fin, sur les fruits rouges mûrs, une subtile pointe de volatile et de menthol, et de belles notes fumées / épicées (à noter qu'il varie pas mal au fil de la dégustation, présentant à des moments un profil plus "nature")

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière fine et fraîche qui se déploie avec élégance, et un fil conducteur qui vous happe dès l'attaque pour ne plus vous lâcher. Le tout avec un fruit éclatant, vibrant, mis en valeur par un boisé délicat. 

La finale prolonge la dynamique de la bouche tout en lui ajoutant une fine mâche savoureuse, délicieusement mordante, avec un surcroît de fruit et de fraîcheur. Avant que ne surgisse une fine acidité qui vous transperce le palais et l'âme sur un fond de fruits noirs,  menthol et cacao. L'un des plus grands vins produits par Jean-Louis Denois ! 



mercredi 23 août 2023

Domaine de l'Enclos : des 2022 prometteurs !

 

C'est toujours un plaisir de découvrir le nouveau millésime des Chablis du Domaine de l'Enclos. Après un 2021 qui fut plutôt rare pour cause de gel, voici donc 2022.  Il n'a pas la réputation de fraîcheur de son prédécesseur, mais une vendange précoce a permis de conserver de l'acidité  et de la tension, sans trop avoir d'alcool – on est entre 12.5 et 13 %. Au final, c'est certainement l'un des millésime les plus "chablisiens" du domaine (je veux dire par là qu'on ne les prendrait pas pour des vins beaunois à l'aveugle). 


Petit Chablis 2022 (20.90 €)

La robe est or clair, brillante. 

Le nez est fin, très chablisien, sur le citron finement beurré, le mousseron et les embruns  marins. 

La bouche est élancée, étirée par un fil invisible, déroulant une matière dense, minérale, tendue tout en offrant un tactile doux, aérien, sur une gamme aromatique citronno-caillouteuse. 

La finale prolonge la tension de la bouche en y a ajoutant un surcroît de fraîcheur et de salinité, et de superbes amers. Pas si petit que ça... 


Chablis 2022 (23.90 €)


La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est fin, profond, sur le beurre blanc au citron, avec une pointe minérale et une touche fumée. Dès l'attaque, la bouche est tendue comme un arc sans afficher d'acidité saillante, et déploie une matière aérienne,  enrobante, plus dense qu'elle n'y paraît au premier abord, dotée d'une fraîcheur qui monte crescendo, finissant par vous submerger. 

La finale est intense, séveuse, irradiante de fraîcheur et d'amertume, avec une persistance sur le citron (pulpe et zeste) et le beurre fumé. Y a bon !


Sans sulfites ajoutés

La robe est dorée, brillante, laissant échapper quelques bulles, laissant supposer qu'il y aura un peu de gaz carbonique.  

Le nez est fin, aérien, sur les fruits blancs mûrs, le citron confit, avec de légères notes beurrées / fumées. 

La bouche est ronde, très ample, enveloppante, offrant une matière généreuse à la chair dense, pulpeuse, tonifiée et rafraîchie par un filet de gaz carbonique. 

Celui-ci se renforce dans une finale pleine de peps, renforcée par une belle amertume sur l'écorce de pomelo et une astringence sur la pulpe de citron, cette dernière persistant assez longuement. Joyeux et vivifiant !

mardi 22 août 2023

Deux nouveautés signés Jeff Carrel

 
Pour être plus précis, il y a une vraie nouveauté (le vin orange) et un nouveau millésime d'une cuvée déjà existante. Mon billet précédent traitant déjà d'un vin de Jeff Carrel, on peut dire que j'ai de la suite dans les idées, même si on change totalement de style et de cépages. 

Pour le vin orange, on peut dire qu'un tabou est brisé. Jusqu'à maintenant, il y avait une sorte de "plancher de verre" : impossible de trouver un vin orange en dessous des 12 €. Avec ce Villa des Anges, on est à moitié de ce prix. Cela permet enfin de démocratiser ce type de vin. 

D'autant que cette cuvée me paraît plus abordable gustativement que nombre de vins oranges. Il y a bien sûr plus d'amertume et d'astringence qu'un vin blanc traditionnel. Mais rien de rédhibitoire. Si vous n'appréciez pas celui-là, il y a peu de chances que 95 % des vins oranges vous plaisent. 

Pour l'apprécier, nous vous conseillons de le boire à 14-15 °C avec des tapas, un tajine ou des pâtes dures affinées (genre Parmesan, vieux comté ou mimolette). 




Sur le fil 2021 (11.50 €)

100 % Riesling  


La robe brillante est d'un or intense. 

Le nez est tout aussi intense, sur la pêche jaune rôtie, la mangue, les terpènes d'agrume, le cédrat confit, et une légère touche fumée / grillée. 

La bouche est élancée, tendue par une acidité en filigrane, tout en déployant avec ampleur une matière ronde, mûre, généreuse,  alliant les fruits jaunes aux agrumes acidulés.

Ces derniers prennent le dessus dans une finale frétillante aux nobles amers, soutenus par un perlant bienvenu (car le vin est riche, tout de même)




85 % Pinot gris, 15 % Muscat

La robe est entre l'or et l'or(ange) 

Le nez est plutôt discret, sur l'écorce d'agrumes (mandarine, bigarade) et les épices douces, puis les fleurs délicatement fanées (oranger, rose). 

La bouche est ronde, très ample, enveloppante, tapissant tout le palais d'une matière finement veloutée / pulpeuse, tonifiée et rafraîchie par l'aromatique 100 % agrumes (orange amère, mandarine, pomelo, citron). 

La finale est pêchue, avec une amertume-uppercut en colonne vertébrale complétée une astringence sur l'écorce de pomelo, avec une persistance sur la bigarade et une pointe de quinquina.