mercredi 22 février 2023

Le Mas de Bertrand : la face cachée de Malavieille

Sur notre site, histoire de faire simple, nous avons classé tous les vins de la famille Bertrand sous le nom de Malavieille. En fait, il existe deux domaines avec des géologies et des histoires différentes. Malavieille est situé à l'ouest du lac de Salagou avec des sols rouge du permien et des basaltes. Il est la propriété de la famille de Mireille Lacas-Bertrand. Alors que le Mas de Bertrand est situé dans le massif de l'Arboras à Saint-Saturnin de Lucian, avec des sols d'éboulis glaciaires. Il est la propriété de la famille d'André Bertrand,  le mari de Mireille.

Vignes de Malavieille

Du premier viennent Charmille, Permien, les deux Alliances, Boutine... Alors que le second produit Roc et lune, le soleil d'Eva le 5 de Montpeyroux.

J'avais déjà visité Malavieille dans le passé. La famille Bertrand m'a donc proposé de passer plutôt au Mas de Bertrand que je ne connaissais pas. Je ne regrette pas car ce fut une belle découverte.

Je n'avais pas l'adresse précise, mais on m'avait indiqué que je trouverai un bâtiment en pierre à 300 m à droite en sortant du village. C'était le seul : je ne pouvais pas le rater.  Effectivement, on le repère très facilement. 

Par contre, une fois sur place, je ne savais pas trop à quel porte frapper car il y en avait un peu partout. Mais rien que de faire le tour de bâtiment était passionnant, car il changeait totalement d'aspect selon les points de vue.


Progressivement, il disparaît sous terre ...


.... jusqu'à devenir quasiment invisible !


Finalement, un employé qui travaillait dans les vignes juste à côté du chai a pu me guider et m'amener jusqu'au maître des lieux, André Bertrand. 


André ne s'en cache pas: il s'est inspiré du cuvier circulaire du château La Conseillante à Pomerol que j'ai visité en 2014. (voir ci-dessous), mais aussi de la Casa Antinori en Toscane pour l'apparence extérieure (toit végétalisé).


Le chai circulaire offre une plus grande ergonomie: il n'y a pas besoin de dizaines de mètres de tuyaux pour transférer un vin d'une cuve à une autre. Tout est sous les yeux du vinificateur, facilement accessible.


Au départ, l'architecture du lieu avait généré de l'écho: on ne s'entendait pas parler. André, qui a conçu le chai, a alors pensé aux "vases de résonance" que l'on trouve dans les murs  des églises. Une étude acoustique a permis de les positionner et de maîtriser la diffusion du son. 


Les barriques sont placés dans un couloir circulaire qui entoure le chai sur un sol en terre battue recouvert de gravier. L'inertie thermique du lieu est excellente et permet d'économiser de l'énergie. Ce n'est pas un luxe car le lieu n'est pas connecté au réseau électrique. Il est seulement alimenté par l'énergie solaire et des convertisseurs de courant, ainsi qu'un groupe électrogène lors de temps obscurs
.


Une surprise m'attend : on ne me propose pas de déguster les vins du domaine, que je connais plutôt bien, mais de participer à l'assemblage des 2021. Je goûte donc les différents lots, je propose d' assembler ceux qui me paraissent complémentaires, certains apportant plutôt de la texture, d'autres de la tension ou de la fraîcheur. Sur l'une des cuvées, je trouve qu'il manque un lot qui apporte du fruit et de la gourmandise. André m'apporte alors une fiole tirée d'une cuve de 2022 : il n'y en a pas besoin de beaucoup pour que le profil de l'assemblage change totalement. Cela tombe bien, la législation autorisant l'échange avec un zeste de millésime plus récent.

Je ne sais pas si ma contribution aura au final un impact réel sur les 2021 du Mas de Bertrand, mais ce fut vraiment un moment très sympa qui change des visites habituelles.


André m'emmène ensuite en voiture pour voir les vignes qui se trouvent de l'autre côté du village. On y trouve des ceps centenaires de carignan bleu plantés après la Première Guerre mondiale par Juliette, sa grand-mère. La grande qualité des vins du domaine leur doit certainement beaucoup.


Ce que j'adore dans ces ceps, c'est que chaque pied semble avoir son individualité propre, loin des petits soldats parfaitement alignés et quasiment identique des vignes palissées.

Je n'ai pas photographié le plus beau, car nous n'avons pu nous y arrêter, faute de temps : l'oliveraie du domaine qu'André taille avec soin. Chaque arbre ressemble à un bonzaï géant. C'est un véritable spectacle pour les yeux.  Je crois que j'y repasserai rien que pour la voir.

PS : je profite de la publication de ce reportage pour m'expliquer de mon silence depuis trois semaines. Lors de mon séjour montpelliérain, j'ai fait une chute occasionnant une fracture de l'humérus du bras droit. Je suis actuellement en arrêt de travail – et encore pour quelques temps, hélas. Mais j'ai préféré écrire ce texte tant que les souvenirs étaient encore relativement frais (et bien aidé par l'assistant de dictée vocale de mon ordinateur).

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