jeudi 26 janvier 2023

Gran Tinto : c'est le Pérou !

 

Lorsqu'on évoque les vins d'Amérique du sud, la plupart des gens pensent au Chili et à l'Argentine, mais rarement au Pérou. Il faut dire que la production est relativement limitée puisqu'il n'y a que 14.000 hectares de vignes (soit l'équivalent de l'Alsace ou la moitié de la Bourgogne ... ou 12 % du vignoble bordelais). Tacama dont je vais vous parler aujourd'hui est la propriété la plus ancienne du pays puisqu'il a été créé en 1540 par les conquistadores. Bref, ce domaine du "nouveau monde" est plus ancien que 95 % des propriétés européennes. 

Cela dit, Tacama doit beaucoup à la France  au point qu'on pourrait dire que c'est un territoire d'outre-mer ;-) Les cépages sont français, le matériel viti-vinicole aussi. De même que les oenologues qui veillent à sa destinée depuis plus de 50 ans (dont le célèbre Emile Peynaud). 

Ce n'est donc pas surprenant que ce Gran Tinto réunissent trois cépages  bien de chez nous: le Malbec, le Petit Verdot et le Tannat. Un assemblage étonnant que je  n'ai jamais vu en France. Peut-être que ça donnera des idées à des vignerons qui nous lisent...

La robe est grenat bien sombre, mais translucide. 

Le nez est fin, séducteur, mêlant les fruits rouges et noirs bien mûrs au tabac hollandais et aux épices douces. 

La bouche est élancée, étirée par un fil invisible, tout en déployant une matière douce, mûre, veloutée, alliant finesse et fraîcheur. L'aromatique est dominée par la framboise et la mûre confites, soulignées par des notes fumées et épicées. 

La finale prolonge la tension de la bouche en offrant un léger surcroît de concentration, avec l'apparition de tanins bien mûrs déjà parfaitement fondus, sur la framboise, la cerise noire, le cacao et les épices qui persistent longuement. 



mercredi 25 janvier 2023

Bajoflor 2/0 : Umami qui vous veut du bien

 

Un (formidable) club de dégustation m'a fait une demande un peu particulière : il voudrait faire une séance autour de l'umami, cette 5ème saveur mystérieuse pour nombre d'occidentaux, même si en fait, il y sont confrontés au quotidien. Si elle est présente dans des mets typiquement japonais comme le bouillon dashi (associant le kombu et la bonite séchée) ou la sauce soja,  on la retrouve chez nous dans la viande (plus intense si elle est séchée et fumée), les crustacés (la bisque, par ex), les tomates séchées, le parmesan ou les champignons (cèpes séchés). 

La retrouve-t-on dans les vins ? D'après Gabriel Lepousez, oui. Particulièrement dans les vins où l'on a conservé les lies fines, riches en acides aminés et autres exhausteurs de goût crées par l'autolyse des levures. Donc, par exemple dans les bulles avec un long élevage "sur lattes", dans les muscadets élevés longuement sur lies, mais aussi les vins sous voile, comme les vins jaunes ou les finos

C'est justement  pour cela que j'ai ouvert un Bajoflor 2/0, en essayant de le voir sous un jour nouveau. Et en effet, la fin de bouche est assez impressionnante en umami, avec ce mélange de curry, de fruits secs et de pâte dure longuement affinée. En cherchant bien, ça peut aussi faire penser à un bouillon aux champignons. Il fera donc partie de la sélection. Reste à en trouver quelques autres...

La robe est or clair, brillante. 

Le nez est expressif et aérien, sur la noix et l'amande grillées, le pain de campagne sortant du four, le fenugrec et les épices orientales. Une touche de fenouil, aussi. 

La bouche est ronde, ample, très aérienne, déployant une matière toute douce, caressante, plus gazeuse que liquide, vous immergeant totalement – sans la moindre agressivité – dans une aromatique oxydative : noix, café au lait, curry... L'équilibre est d'une grande justesse, dans un style moins clivant que son cousin jurassien.   

La finale prolonge la bouche en réussissant à préserver la "magie du jaune", intensifiant juste les sensations, avec une persistance sur la liqueur de noix (sans le sucre), le curry et le gouda affiné au fenugrec.


mardi 24 janvier 2023

Modeste, friandise liquide

 

Vu l'été que nous avons traversé, on aurait pu penser ne récolter que des raisins passerillés. Les quelques vins dont j'ai déjà parlé ici ont déjà pu démentir cette impression.  Et ce Modeste 2022  va aller dans le même sens : il m'a paru plus frais et tonique que le 2021, pourtant année réputée (relativement) "fraîche". Mais il y a surtout un fruit très gourmand, loin du surmûr, avec un côté acidulé évoquant les bonbecs de mon enfance. Bref, je kiffe, même si bien sûr on est dans le registre "sans prétention". Je ne m'amuserai pas à le comparer à des vins plus construits et complexes, mais dans le genre friandise, c'est vraiment top !

La robe est pourpre bien translucide. 

Le nez est gourmand, sur les petits fruits rouges(groseille, framboise, cerise) et les épices. 

La  bouche est ronde, ample, enrobante, déployant une matière friande, explosant de fruit et de fraîcheur, dont l'exubérance est tempérée par l'acidulé de la griotte. 

La finale est tonique, avec encore plus de fruit et de fraîcheur, et ce trait acidulé, entre agrume et griotte, qui rend le vin irrésistible. 





lundi 23 janvier 2023

Petit Vaillant : existe aussi en blanc !

 

C'était LA surprise de vendredi dernier : sur la palette des Grandes Vignes, il y avait une nouveauté inattendue : le P'tit Vaillant blanc. Mais le plus surprenant de l'affaire, c'est qu'elle est issue des mêmes cépages que sa version rouge, à savoir Groslot et Cabernet Franc. L'explication est simple : il n'y a eu aucune macération. Juste un pressurage direct dès leur arrivée au chai.  On voit tout de même sur la photo qu'il y a une très légère teinte rosée. Comme son alter ego, ce P'tit Vaillant blanc est produit de la façon la plus naturelle possible, sans ajout de quoi que ce soit, sulfites inclus. Lorsqu'on le déguste, il est facile de savoir qu'on a un vin naturel dans le verre (présence de gaz, entre autres), mais comme toujours avec ce domaine, il n'y aucun défaut rédhibitoire qui réserverait ce vin aux seuls "initiés". Bref, nature juste comme il faut ;-)

À l'ouverture, il était comme ça : 

La robe est robe est or très pâle, limite argentée, avec des fines bulles éparses. 

Le nez est fin, sur les fruits blancs mûrs et la craie humide. 

La bouche est ronde, fraîche, friande, avec une matière pulpeuse /croquante  tonifiée par un perlant assez prononcé. 

La finale est encore plus fraîche et tonique, soulignée le duo amertume / astringence, dans un style plus canaille qu'agressif. 

Trois jours plus tard, quelques changements

La robe a gagné en intensité, prenant une teinte or rose. 

Le nez est plus salin (embruns), plus épicé, mais aussi plus fermentaire (yaourt). 

La bouche a perdu son gaz, changeant pas mal son profil : plus ample, plus fin, plus aérien, avec une  matière plus douce, plus souple, et une aromatique entre pomme fraîche et yaourt au citron (mais aucune trace d'oxydation). 

La finale, fraîche à souhait,  est plus concentrée, mais reste sur la même douceur tactile et les mêmes arômes, avec du salin / minéral en prime. 




vendredi 20 janvier 2023

Un dégustateur heureux


Je vous avais parlé du Crozes-Hermitage rouge 2019 de Laurent Habrard lorsque nous l'avions référencé. J'avais adoré. J'étais donc curieux de goûter le 2020. Il est assez différent, pour tout dire : plus de couleur, de concentration, moins de floral. Mais c'est peut-être encore plus bluffant d'avoir un équilibre aussi parfait avec une matière plus mûre. D'autant que comme le précédent, il est sans sulfites ajoutés. Certainement l'un des plus beaux "vins nature" rouge que j'aie jamais goûté !

La robe est pourpre sombre translucide.  

Le nez est fin, aérien, complexe, sur la framboise confite, la crème de  mûre, la violette et le poivre blanc. 

La bouche est ronde, ample, enveloppante, déployant une matière veloutée, finement pulpeuse, d'une densité plus impressionnante qu'elle n'y paraît au premier abord. Le fruit est mûr, gourmand, d'une grande fraîcheur aromatique grâce à des subtiles notes végétales (menthe, eucalyptus) et résineuses (genièvre, ciste). 

La finale prolonge  la bouche tout en la concentrant – mais en gardant de l'élégance – avec un retour de la mûre, de la framboise et du poivre,  et une grande persistance sur des notes salines, épicées et balsamiques ... avant que ne reviennent la framboise fraîche et le menthol qui durent encore plus longtemps. 


jeudi 19 janvier 2023

Tout nouveau !


Selon les années, le Vin nouveau blanc de Puzelat peut changer de cépage. Après un 2021 à base de chenin, le 2022 est 100 % sauvignon. Après l'été que nous avons eu, on pouvait craindre un manque d'acidité. Ce n'est pas le cas ici : l'équilibre est parfait. J'ai même trouvé le vin meilleur servi à température d'entrepôt (14-15 °C) et qui correspond à  mon commentaire, que rafraîchi au frigo. Le froid le durcit et renforce son amertume. 

La robe est or pâle, brillante. 

Le nez  est gourmand, sur la pomme chaude, le pomelo rose  et la craie humide. 

La bouche est ronde, fraîche, friande, avec une matière pulpeuse, savoureuse – très fruits blancs et fleur d'acacia  – dotée d'une fine astringence qui dessoiffe au fur et à mesure des besoins, et d'un léger perlant qui amène un supplément de peps et de fraîcheur. 

La finale est tonique, assez intense, avec des nobles amers qui vous stimulent les papilles, et un fruit frais et croquant qui vous incite à passer à la gorgée suivante (avec modération, évidemment).  


mardi 17 janvier 2023

CI 22 23 81 : futur best-seller !


C'est le genre de choses qui ne se prévoie pas. Vous goûtez un certain nombre de vins dans la journée, plus ou moins intéressants. Et puis soudain, à peine vous mettez le nez au-dessus du verre, vous vous dites qu'il va se passer quelque chose. Quelques secondes plus tard, c'est au tour de la bouche. Ca se confirme : ce vin va faire un tabac ! Car en plus de sa gourmandise dont je vais parler d'ici peu, il coche toutes les cases :  1) étiquette atypique et nom original  2) vin bio 3) vinif sans soufre 4 ) prix raisonnable (11.50 €) 5) cépage tendance recherché par les amateurs (Cinsault) 6)  il peut se marier avec à peu près n'importe quel plat sans broncher, voire se boire pour lui-même 7) il devrait plaire autant aux néophytes qu'aux amateurs de vins. En cherchant bien, on doit pouvoir arriver à 10... mais revenons à l'essentiel : le contenu !

La robe est entre le vermillon et le rubis. 

Le nez est fin, gourmand, sur la griotte, la grenade et les épices. 

La bouche est ronde, croquante de fruit et de fraîcheur, avec l'impression de mordre dans une baie juteuse et acidulée. Plus canaille et gourmand, c'est pas possible. 

La finale est un copié/collé en plus fruité, gourmand et canaille, avec une persistance acidulée sur la griotte, la grenade et la groseille. Vraiment d'la bombe !

PS 1 : le lendemain, le vin a perdu un peu de son côté fruité / canaille, mais montre qu'il a une vraie structure. Ce n'est pas pas juste un vin glou-glou de plus. 

PS2 : Tout de même, faut que je vous explique les nombres mystérieux inscrits sur l'étiquette : 

22 : le millésime.
23 : la température moyenne sur la parcelle.
81 : le cumul des précipitations sur 33 jours de pluie




vendredi 13 janvier 2023

Une longue visite au Domaine d'Ansignan

Cela faisait des années que Sébastien Calduch, bras droit de Jeff Carrel, rêvait de gérer un domaine viticole. Descendant de vignerons, il a ça dans le sang – et cela se ressent très fort lorsqu'on passe une journée à échanger avec lui. L'occasion lui est donnée en 2016 de racheter avec Jeff un ensemble de parcelles situées à Ansignan,  petit village de 160 habitants. À l'heure actuelle, il totalise18 hectares de vignoble, mais cela devrait évoluer assez rapidement, car d'autres projets sont en cours. 

L'idée n'est pas d'avoir la plus grande surface possible, mais plutôt de sauver un patrimoine viticole menacé de disparition. Les nouvelles générations ne sont pas intéressées par la reprise de ces parcelles familiales. Donc soit elles sont à l'abandon – la nature reprend alors rapidement le dessus –  soit elles sont vendues en terrain constructible (quand c'est possible). La tentation est grande, car le prix à l'hectare est  nettement plus élevé. 

Le domaine d'Ansignan reste la seule propriété viticole de la commune. Il contribue à la vie de celle-ci en employant quatre travailleurs locaux, dont Anne-Sophie Pouyadou (à gauche sur la première photo) dont le beau-père était l'un des vignerons qui ont vendus des parcelles. Elle gère le caveau de vente situé dans le village, approvisionne les cafés et restaurants du secteur, et – très important  –  est en relation permanente avec les habitants, les associations et les administrations locales. Les trois autres – dont un apprenti – travaillent essentiellement à la vigne. 

Lorsque je suis passé fin octobre, il étaient en train de rénover des murets dans le secteur "Garrigues". 

Les familles de ces employés comprennent des enfants qui sont scolarisés dans le village, contribuant à sa non-fermeture. D'autres habitants sont embauchés au moment des vendanges, aidés par les camarades de classe de l'apprenti – qui tournent dans les différents domaines qui les emploient – et une bande fidèle de vendangeurs espagnols devenus des amis. 

Cliquer pour agrandir

Pour vous repérer, je vous ai mis une carte de la région. Ansignan est dans la vallée de l'Agly, juste à côté de Saint-Arnac (connu depuis 20 ans grâce à la préceptorie de Centernach ... qui est maintenant à Saint-Paul de Fenouillet). Un peu plus au nord, il y a Lesquerde, où les domaines Laguerre et Semper possèdent des vignes. En contrebas, il y a le lac de Caramany, né de la construction d'un barrage ayant pour but d'écrêter les crues de printemps et d'automne.  Un peu plus à l'est, il y a Fort de France où est établi Roc des Anges

Contrairement au secteur de Maury où les schistes noirs prédominent, nous sommes ici en secteur granitique. Mais le tour des parcelles va montrer que cette roche peut présenter de nombreuses nuances. 

Toutes les vignes sont pour l'instant sur la commune d'Ansignan. Il y a 3 tènements (groupe de parcelles) en production et un quatrième qui vient d'être planté. En rouge, sur un coteau surplombant l'Agly,  il y a la garrigue. En vert, tout en haut, c'est Camp de l'argent, sur un promontoire granitique. Et à l'ouest, en bleu, ce sont les vieilles vignes de Dolmen. En orange, ce sont des toutes jeunes vignes à côté du Pont-Aqueduc.

Si l'installation première date des romains (200-300 ans ap. JC), il a été pas mal retouché au fil des siècles, particulièrement au moyen-âge. 

Si la partie supérieure de l'édifice joue encore le rôle d'aqueduc, transportant l'eau de l'Agly captée en amont vers une zone de culture accueillant une vingtaine de jardins et vergers. 

L'intérieur est doté d'un tunnel permettant de traverser la rivière sans se mouiller les pieds ni la tête. 

Une association syndicale gère l'entretien et l'utilisation de l'aqueduc et du canal qui le prolonge. Sébastien en est le président (et l'on sent que ça lui tient à coeur). 

A quelques centaines de mètres, nous sommes à La garrigue d'où l'on voit le village. 

Vous avez sûrement lu souvent le terme arènes granitiques (classique en Beaujolais). Eh bien voilà à quoi ça ressemble. C'est du granite tellement décomposé qu'il ressemble à du sable. Cela donne des vins d'une grande finesse. 

Issues de sélections massales, les vignes de ce secteur donne de petites grappes. D'où l'idée de leur dédier une cuvée pleine de fraîcheur : Les petites grappes.  On y trouve aussi du LLedoner pelut, une variété de grenache noir dont la surface inferieure de la feuille est recouverte de tous petits poils qui réussissent à retenir les gouttelettes d'eau. Un réflexe de survie dans les zones les plus sèches. 

Nous montons ensuite une route très sinueuse pour atteindre le Camp de l'Argent.  Pour y rentrer, il faut ouvrir une barrière, car ce tènement est entièrement clôturé afin de protéger les vignes des sangliers. À leur arrivée, Seb et Jeff acceptaient la présence des sangliers, car ils considéraient qu'ils étaient chez eux. Mais les dégâts qu'ils génèrent sont trop importants pour être ignorés. D'où l'installation de clôtures et de portails permettant aux promeneurs et aux voisins de circuler. Le coût est très élevé, mais s'avère "rentable" sur le long terme. Pour l'instant, il y a 5 hectares de clôturé. D'ici quatre ans, tout le domaine devrait l'être. 

Le problème des sangliers se résout aussi par la chasse. C'est pour cela que Sébastien participe aux réunions des chasseurs locaux. 

Nous sommes ici sur un granite très ancien (500 millions d'années)

On y trouve aussi une roche sombre, dure et lourde; qui peut faire songer à celle des météorites . 

C'est peu de dire que la Syrah règne ici en maître, puisqu'il n'y a QUE de la Syrah. Un choix qui peut paraître étonnant aujourd'hui. Mais dans les années 70-80, ce cépage dit "améliorateur"  était nettement mieux vu que le Carignan, et le Grenache était surtout synonyme de vins mutés qui se vendaient de moins en moins. 

Le pic de Vergès depuis les vignes. 

Nous finissons notre tour par le plus beau tènement du domaine : Dolmen. Il s'appelle ainsi, car un peu plus haut, il y a le dolmen de la Rouyre


Photo de Fabrice Ferrer - Wikipedia

Nous sommes toujours sur du granit, mais vous pouvez voir par sa couleur rouge qu'il est plus ferrugineux. 

Les vignes en gobelet sont plantées en "carré", ce qui permet de travailler le sol dans les deux directions. 


Beaucoup de ceps sont très âgés : certains atteignent le siècle. 

J'ai oublié de le signaler : le domaine a démarré sa conversion au bio en 2019. Le premier millésime labelisé sera donc 2022


On vous résume tout par voie aérienne et en belle saison :-)


Et en images : Dolmen au premier plan, Camp de l'Argent au fond. 


Pour l'instant, le domaine produit trois cuvées de rouge. Mais avec la plantation près de l'Aqueduc, il devrait y avoir aussi un vin blanc. 


60% Grenache / 15% Carignan / 15% Syrah / 7% Pellut / 3% Maccabeu

La robe est rouge cerise translucide aux reflets violacés. 

Le nez est frais, sur la griotte, la groseille et le poivre. 

La bouche est ronde, croquante de fruit et de fraîcheur, délicieusement acidulée, avec une matière très fine, légèrement perlante. 

La finale délivre une fine mâche canaille pétante de fruits, sur la griotte, la framboise et l'écorce d'orange, avec toujours cette touche acidulée.  

50 % Syrah, 50 % Grenache

La robe est rubis sombre translucide. 

Le nez est fin, sur des notes florales, fruitées (cerise, framboise) et épicées (poivre, laurier, cannelle). 

La bouche est ample, enrobante, déployant une matière souple, fraîche, très finement veloutée et offrant un fruit séducteur légèrement épicé.

La finale offre une mâche gourmande sur la framboise, la violette et le poivre blanc, avec un sacré goût de revienzy... 


26 % Carignan / 42  % Syrah / 29% Grenache / 3% Lledoner Pelut

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est très fin, sur la framboise,  le cassis et le poivre blanc, avec une touche de violette et d'encens. 

La bouche est ronde, très ample, soyeuse, déployant une matière fine, délicate, offrant une grande fraîcheur aromatique et un fruit très pur souligné par les épices. Le tout forme un ensemble harmonieux, élégant et digeste. 

La finale prolonge la bouche sans le moindre à-coup, se contentant de concentrer la matière, avec une persistance sur les fruits mûrs et des notes épicées / grillées. 

jeudi 12 janvier 2023

Jouez la Finot !

 

Autant j'adorais certaines cuvées de Thomas Finot – comme le Persan ou la Cugnète –  autant d'autres ne m'emballaient pas plus que ça, souvent du fait d'un élevage bois un peu trop marqué à mon goût. Sur ce que l'on a reçu il y a peu, je dois dire que TOUT m'a plu, même si bien sûr j'ai mes chouchous. Comme dirait un critique musical, c'est l'année de la maturité. 

Chardonnay 2021 (16.95 €)

La robe est d'un or intense. 

Le  nez est tout aussi intense, sur les fruits blancs rôtis, le miel, la reine-claude, et de fines notes grillées / fumées.

La bouche est élancée, étirée par une acidité arachnéenne, tout en déployant une belle matière aussi moelleuse que fraîche, avec du peps et de la profondeur, le tout allégé et tonifié par un subtil perlant. On ne s'en lasse pas !

La finale prolonge la tension de la bouche en lui ajoutant juste ce qu'il faut d'amertume, mêlant des fines notes citriques à une aromatique grillée / épicée, voire caramélisée en toute fin. Mais réussissant à ne jamais être pesant. 


100 % Verdesse

La robe est entre l'or liquide et le cuivre. 

Le nez est intense, complexe, et tout simplement superbe, sur la tarte aux mirabelles, l'orange confite,  les épices orientales,  la rose fanée,  et plein, plein d'autres choses.  

La bouche est élancée, tendue par une acidité arachnéenne,  et déploie une matière ronde, mûre, à la texture moelleuse, sensuelle,  avec en arrière-plan  une légère trame tannique et un filet de gaz carbonique qui titille les papilles. 

La finale est énergique, racée et traçante, sur l'abricot rôti au beurre noisette, l'écorce d'orange confite et une légère touche de quinquina, amenant de nobles amers qui persistent longuement.  Que c'est bon !

La robe est jaune paille brillante. 

Le nez est fin, mûr, sur les fruits jaunes confits et les épices. 

La bouche éclate de fraîcheur en attaque avant d'offrir une matière mûre, concentrée, séveuse, tendue par une acidité laser décoiffante. 

La finale gagne encore en concentration tout en ne perdant pas en fraîcheur et en dynamisme, sur un délicieux abricot  complété par des notes grillées / épicées (et c'est l'abricot qui persiste). 


La robe est rubis sombre translucide. 

Le nez  est exquis, sur la cerise confite, le pot-pourri floral, les épices et le pain grillé. 

La bouche est ronde, ample, très fraîche, avec une matière souple au fruité aussi élégant que canaille, et une fine accroche des plus addictives. 

La finale monte encore dans la gourmandise canaille, avec une fraîcheur très 2021 et un fruit envoûtant. J'adore !

La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est fin, sur les fruits rouges et noirs légèrement confits, soulignés par des notes grillées / épicées. 

La bouche est ronde, très ample, soyeuse, déployant une matière très fine au fruit frais et gourmand, le tout étiré par un fil invisible. On retrouve également les notes grillées / épicées dues à l'élevage en barrique. 

Ces dernières sont un peu plus présentes dans une finale concentrée qui sait rester souple, avec un fruit encore plus frais et gourmand qui donne envie d'y revenir de suite.  

La robe est grenat sombre translucide. 

Le  nez est fin, intense, mêlant les fruits noirs confits et les notes résino-balsamiques.

La bouche impressionne par sa fraîcheur qui vous saisit dès l'attaque pour ne plus vous lâcher, créant une tension de dingue, le tout enrobé d'une matière soyeuse et aérienne au fruit très pur.  En même temps, il y a une puissance et une énergie qui rappellent les plus grands pinots noirs. 

La finale poursuit la tension de la bouche en conservant la finesse de texture, avec une fraîcheur encore accrue. Quel vin !

lundi 9 janvier 2023

Visite de la Maison Carrel

La Maison Carrel, ce n'est pas juste le nom d'une cuvée de l'eclectic winemaker. Elle existe pour de vrai. Elle se situe dans le village de Saint-Laurent de la Cabrerisse qui offre l'avantage de n'être pas trop loin des différents vignerons avec qui il travaille. L'avenue de Narbonne où elle se situe est un beau vestige du passé de la commune : c'est une succession de maisons bourgeoises avec un chai (ou entrepôt) attenant. 

Lorsque Jeff Carrel a racheté la propriété en 2017, elle n'avait pas été occupée depuis les années 60. Les locaux étaient en bon état, mais il a fallu tout de même changer les portes et les fenêtres, rénover l'électricité et isoler les charpentes. 

Dans le bâtiment de gauche, on trouve des contenants en bois de diverses tailles et origines. 


Cela permet de s'adapter au volume de chaque lot qui arrive dans le cuvier, mais aussi d'avoir plus de complexité aromatique dans l'assemblage final. 

Au premier étage, plus exposé à la chaleur, il y a les barriques et les demi-muids destinés à produire le futur chat gris,  mais aussi d'autres cuvées comme Spectaculaire

Bernard Ballester, le responsable du chai


Le bâtiment d'en face, plus haut, accueille 31 cuves inox d'une hauteur impressionnante, destinées aux cuvées au volume le plus important (comme les Darons ou les Fistons). 


Vue d'en haut


À quelques centaines de mètres de la propriété, une vieille maison basse tout à fait ordinaire extérieurement vous fait une grosse surprise lorsque vous y pénétrez : on se croirait en Géorgie ! 


Lorsqu'on descend au sous-sol, on est forcément un peu déçu : ce ne sont pas des qvevris, mais des cuves en béton à l'ancienne. Elles sont entièrement dédiées à l'une des cuvées préférées de nos clients: le Villa des Anges Blend réserve


Dans le village voisin de Fabrezan, il existe un cuvier destiné uniquement à la vinification et à l'élevage des vins bio (Plein la vue, Gazouillis, Pas vu pas pris, A vue de  nez....). Acheté à un vigneron qui était déjà en bio, il était déjà prêt à l'usage. Comme celui-là, je ne l'ai pas vu, je vous mets une vidéo qui en donne un vague aperçu. 


Derrière la maison Carrel, il y a un grand jardin cultivé en permaculture. C'est un joyeux bazar sûrement plus organisé qu'il en a l'air. Même si la grande période de production est passée, il y a encore des jolis restes ici et là, comme ces chayotes, très exotiques pour le limousin que je suis devenu. 


Pareil pour ces grenades ... 


... ou ces citrons caviar. 


Il y a aussi des courges musquées de Provence ... 


... et des poivrons doux (délicieux, j'en ai goûté un).