mardi 31 mars 2015

Coste et LLum : deux grands vins blancs du Roussillon



Ils sont arrivés sur la même palette il y a un mois. Plutôt que d'en parler tour à tour à 15 jours de distance, je me suis dit que ce serait plus intéressant de les boire ensemble, histoire de mieux percevoir leurs points communs et leurs différences.
A noter que les vins  blancs sec non oxydatifs est une pratique relativement récente dans le Roussillon. Jusqu'il y a une quinzaine d'années, les cépages blancs étaient plus destinés à la production de Rivesaltes/Maury ambrés ou de vins "rancio" qui ressemblaient au Jerez (une tradition qui perdure chez Ferrer-Ribière, par exemple). Il a donc fallu trouver un certain temps pour trouver les justes équilibres. Aujourd'hui, on peut dire que c'est fait :  les blancs secs de cette région ont atteint une qualité remarquable, avec des fraîcheurs que l'on n'attendait pas forcément.


Coste 2013 est issu principalement de vignes de Maccabeu plantées sur sols argilo-calcaires à galets roulés. Il est vinifié et élevé en pièces bourguignonnes durant douze mois, sans intrant, si ce n'est un léger sulfitage à la mise. D'où la présence de gaz carbonique à l'ouverture, facile à éliminer en agitant la bouteille (ou en carafant).

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est aérien mais profond, sur des notes de bouton d'or (la fleur), de pierre à fusil,  de beurre frais et de pain grillé.

La bouche est tendue, énergique, avec une acidité bien enrobée par une matière douce, caressante, marquée par des notes caillouteuses et fumées.  L'ensemble est frais, aérien et digeste.

La finale intense et concentrée prolonge  la dynamique de la bouche, suivie d'une rétro-olfaction qui vous met une belle claque, persistant longuement, entre notes salines, caillouteuses et citronnées.


LLum 2013 est issu à 80 % de Grenache gris, complété par 20 % de Maccabeu, tous deux sur schistes noirs. Il est lui aussi vinifié en fûts, mais de deux tailles : 228 l (bourguignon) et 500 l (demi-muid).

La robe est un peu plus colorée, avec une légère teinte rosée (la peau du Grenache gris...)

Le nez est plus gourmand, plus mûr, sur la pâte d'amande, le nougat, le miel d'acacia, avec aussi un côté lactique/beurré.

La bouche présente une tension encore plus imposante que le précédent, avec l'impression qu'elle ne cesser de s'étirer, et s'étirer encore, et encore. Impressionnant. La matière est un peu plus dense, soulignée par des notes citronnées "crépitantes", et en même temps d'une grande fluidité : le vin s'écoule en gorge telle l'eau d'un torrent...

La finale est explosive, vous donnant l'impression que la taille de votre bouche a été multipliée par trois ou quatre. Par contre, ici, pas d'effet rétro. Du coup la persistance est moindre.
Bon, difficile de dire que l'un est meilleur que  l'autre... Coste est plus minéral et austère, Llum un peu plus baroque tout en possédant une sacrée structure. Les finales des deux vins ont chacune leur charme, même si j'avoue une légère préférence pour Coste. Mais l'explosivité de Llum, c'est quelque chose, aussi...

lundi 30 mars 2015

Bien luné, le bien nommé


On a pu reprocher parfois aux vins de la Terre des Chardons d'être presque trop typés, avec des arômes d'olive noire et de poivre très marqués. D'année en année, on sent que l'équipe se remet en cause : les vins gagnent en finesse et en élégance, de l'entrée  de gamme dont je vous parle ce jour jusqu'au haut de gamme, juste superbe.
 
L'entrée de gamme est le bien nommé Bien luné, hommage auto-ironique à la biodynamie pratiquée sur le domaine. Il est composé principalement de Grenache, complété par de la Syrah.
 
La robe est grenat sombre mais bien translucide.

Le nez est d'abord bien réduit. Il est donc conseillé de carafer le vin ou de l'ouvrir la veille en en prélevant un verre. Le nez est alors beaucoup plus avenant : pivoine, fruits rouges (fraise confite, framboise fraîche), noyau de cerise, tabac, épices.

La bouche est ronde, souple, de bonne ampleur, avec une matière fine, fraîche et soyeuse. Les tannins sont imperceptibles. L'ensemble est tonique et désaltérant.

La finale est nette, sans dureté, plus marquée par la Syrah, avec des notes de poivre, de lard et de tapenade, avec une bonne persistance épicée.

La température de service est importante : vu qu'il est souple, ce vin peut se permettre d'être servi à 15-16°. On ne sent alors pas du tout l'alcool. A noter qu'il ne fait que s'améliorer sur plusieurs jours, ce qui montre que la finesse n'a rien à voire avec la chétivité. Il y a une belle structure sous-jacente. Autant dire qu'à 9,20€ le flacon, c'est une sacrée affaire !
 
 

vendredi 27 mars 2015

Nous vous révélons le Secret...

Non, pas le secret du bonheur. Ni le secret de la réussite. Le Secret tout court. C'est le dernier né de l'Enclos de la croix. Comme  la Folie, c'est un pur Petit Manseng, mais dans une version plus liquoreuse, avec un élévage plus "oxydatif". Il se fait en demi-muids de 400 l.  Comme lui, tiens :


La Folie, je vous ai dit ICI tout le bien que j'en pense. On est avec Le Secret sur un style totalement différent - moins barré et plus concentré/opulent -  même s'il y a un point commun indiscutable :  la superbe acidité du Petit Manseng.

La robe est entre l'or et le cuivre en fusion, laissant échapper des larmes épaisses sur les parois du verre.

Le nez est concentré et foisonnant : bananes flambées au vieux rhum, abricot sec, vieille prune, vanille, tabac blond...

La bouche est d'une grande droiture, tranchante, enrobée d'une matière onctueuse, riche, très intense aromatiquement (sur les mêmes notes perçues au nez).

La finale envoie du lourd sans être jamais pesante, avec des sucres à peine perceptibles. Bref, un équilibre superlatif qui renvoie 90 % des liquoreux à leurs études.
S'il peut certainement accompagner avec bonheur des pâtes dures longuement affinées, je le vois plus comme un vin de méditation à boire seul en fin de repas, un peu à la façon d'un vieil alcool ou d'un Rivesaltes ambré, si ce n'est qu'il présente l'avantage de n'avoir que 12,5 % d'alcool...


jeudi 26 mars 2015

Yin et Yang : harmonieux, forcément

Ce serait un comble si un vin nommé Yin et Yang était déséquilibré. Ouf, nos amis chinois peuvent dormir sur leurs deux oreilles. L'harmonie est bien là. Comme d'hab', le duo malicieux de PUR a réussi sa mission : faire un vin tout ce qu'il y a de glouglou, d'une PUReté exemplaire, avec seulement du raisin (Syrah et Cinsault) et une vingtaine de mg/l de SO² total seulement. Bravo les gars !
La robe est violacée sombre mais totalement translucide.

Le nez est aérien, expressif, sur la quetsche fraîche, le noyau de cerise, les épices (poivre, cannelle).

La bouche est ronde, gourmande (très jus de cerise noire) tout en affichant une belle tension qui dynamise et étire le vin.

La finale possède une mâche un peu rustique mais joyeuse, où chantent à tue-tête les fruits et les épices, accompagnées par des notes salines/minérales. Un vin pas snob pour un sou, plutôt déluré, qui pourrait être le prototype de ce que l'on appelle le "vin de copains" (7,90 €).

mercredi 25 mars 2015

Deux coups d'bulles pour l'prix d'un !

Non, ne rêvez pas. Nous ne sommes pas désespérés au point de vous faire "une bouteille achetée, l'autre offerte". On va juste vous faire aujourd'hui deux commentaires pour le prix d'un (qui est en fait "gratuit dans tous les sens du terme", pour reprendre la célèbre formule du TGJP). Ces deux bulles sont signées la Grange aux belles qui n'a jamais porté aussi bien son nom.
Si vous voulez faire la même dégustation chez vous, il vaut mieux commencer par Coup de boule. Car malgré son nom limite agressif, il s'avère plus discret que son partenaire d'un jour.
Coup de boule (13,20 €) est un assemblage Gamay/Grolleau Noir issu des dernières vendanges 2014, avec l'idée de plaisir immédiat, sur le fruit de jeunesse (ne le laissez donc pas traîner en cave dans l'espoir d'une bonification).

La robe est "rose groseille"  si je me fie à ce site, avec un "col de mousse" qui disparaît rapidement.

Comme par hasard, le nez sent la groseille, mais aussi le yaourt à la framboise et le bonbon acidulé.

La bouche est vive, tonique, avec une bulle fine et fraîche, un fruité bien présent mais pas obsédant, et une fine amertume qui n'est pas sans rappeler le Picon-bière.

La finale est nette, savoureuse, entre zeste d'agrume et épices, et toujours cette amertume, pas dérangeante du tout, bien au contraire.

L'ensemble est digeste, (trop ?) facile à boire, aussi bien à l'apéro qu'au dessert (car moins sec et acide qu'un Champagne).
Les Moyens du Bord la Bulle 09 (12 €) est 100 % Chenin. Ceci dit, même si ce n'était pas indiqué sur l'étiquette, il est probable que vous le devineriez tellement ce vin hurle "je suis un Chenin et j'assume". Ce qui est exceptionnel pour un "simple vin de France", c'est qu'il est resté 54 mois sur lattes avant son dégorgement (très récent, donc).

La robe est jaune pâle, avec des fines bulles qui montent en cordons multiples.

Le nez est charmeur et complexe, très Chenin, donc : poire confite, miel d'acacia, coing, cire d'abeille, frangipane...

La bouche est intense, vineuse, très droite et très douce à la fois, avec une bulle assez discrète domptée au fil des ans, et toujours cette aromatique perçue au nez, particulièrement la frangipane. Un véritable hymne au chenin !

La finale est sèche et généreuse, impitoyable et réconfortante, avec cette amertume typique du cépage renforcée par des notes de poire séchée et d'encaustique. Pfffiou, sacré voyage !
Probable que l'on ne tienne pas la journée en terme de stock pour ce vin... mais nous en avons réservé un maximum chez Marc Houtin dès que nous avons goûté cette petite merveille (qui gagne beaucoup à l'aération !).
Eh oui, je bois en travaillant (ou l'inverse...)

mardi 24 mars 2015

! nob port : segna de coR


Comment ça, le titre est bizarre ? N'allez pas chercher votre Harrap's ou votre Berlitz. Ca ne vous aidera pas à comprendre.  Il suffit en fait de lire à l'envers. Mais pourquoi diable cette incongruité ? Parce que si vous prenez le temps de le faire, vous verrez que Segna de Cor = Rocs de(s) Anges à l'envers. Alors autant poursuivre la logique jusqu'au bout ;-) Juste dans le titre, hein. Parce que sinon, je sens que ça va être difficile à lire....
Segna de Cor, c'est donc la "petite" cuvée du domaine produite avec les "jeunes" vignes du domaine (pensez : moins de 40 ans). Grenache majoritaire complété par de la Syrah et du Carignan sur des sols de schistes noirs exposés nord.  Si l'on sur un style plus concentré que les vins de Danjou-Bannessy, cela reste très élégant, sans une écharde qui dépasse ;-)
La robe est violacée sombre, limite opaque.

Le nez est intense mais aérien, sur la cerise noire, la myrtille, le poivre, avec une touche lactée/crémeuse.

La bouche est à la fois très droite (schiste) et en même temps ample, enveloppante, avec une matière juteuse, charnue/charnelle au fruit exacerbé. Malgré la richesse du nectar, la fraîcheur prédomine.

La finale possède une fine mâche provenant de tannins bien mûrs, relevée et prolongée par une fine acidité. Jusqu'au bout, l'alcool reste très discret. Ce vin accompagnera aussi bien une belle côte de bœuf qu'une tomme de brebis (et sa confiture de cerise noire) ou même un dessert au chocolat.


lundi 23 mars 2015

Lion de Roccapina blanc : baroque !


Même si le Vermentino a tendance à être hégémonique dans les blancs corses, il peut s'exprimer de manières très différentes. Vous avez donc peu de chances de vous ennuyer lors d'une horizontale sur ce thème. Il y a des versions "minérales" très tendues, caillouteuses. Et puis, comme ce Lion de Roccapina, on dépasse les notes variétales citronnées pour arriver à des arômes plus "baroques".

La robe est d'un beau doré (oui, il y en a des moches, comme le mort-doré)

Le nez  est mûr, riche, sur la pêche rôtie au beurre, l'ananas, les épices grillés, et une touche de bois précieux.

La bouche est ample, toute aussi mûre et riche, avec de jolies rondeurs sans être grassouillette, et une fine acidité - et un très léger perlant - qui tend et rafraîchit l'ensemble.

La finale est croquante, savoureuse, avec une jolie mâche et des épices à foison. Ce qui peut laisser penser que ce vin serait à son aise avec des plats relevés genre tajine,

Avec une bonne aération , le fruité se renforce, ajoutant l'abricot bien mûr à la pêche, mais aussi des notes vanillées. On  pourrait croire boire une Roussanne, si ce n'est que ce vin est plus digeste et frais que 99 % des Roussannes.



vendredi 20 mars 2015

ikebana : jouissif !


Lorsqu'un millésime succède au précédent, il y a toujours le risque qu'il déçoit. Comme Ikebana 2012 m'avait emballé, j'avais un peu peur que le 2013 ne soit pas au niveau. I was wrong. Certes, il n'a peut-être pas l'élégance florale de son prédécesseur, mais ça ne l'empêche d'être une p... de bombe liquide. Difficile de résister à son charme dévastateur !...

La robe est pourpre sombre, mais translucide.

Le nez est explosif, sur des notes de crème de fruits des bois (myrtille, framboise, mûre), d'épices de Noël  et de poivre blanc.

La bouche est ronde, fraîche, tonique, avec une matière juteuse/friande qui vous envahit et caresse le palais à vous en faire ronronner de plaisir. Le fruit est d'une intensité rare, jubilatoire, oserai-je. Car oui, c'est vraiment jouissif d'avoir un tel vin en bouche !

Le tout se conclut sur une fine mâche gourmande, épicée. Pas franchement longue, mais on s'en f... un peu, en fait.  Y a qu'à se resservir (avec modération) pour se remémorer le goût de cet Ikebana.

jeudi 19 mars 2015

Soirée 100 % Riesling !



Cela faisait très longtemps que je rêvais de faire une soirée uniquement consacrée au Riesling. A l'instar du Chenin, c'est un cépage cher à mon coeur, donnant naissance à de très grands vins. Ici, j'étais limité budgétairement et matériellement. J'ai donc fait des choix, forcément cruels. L'idée était de montrer la palette la plus large possible, du complètement sec au liquoreux, en passant par quatre pays et cinq régions : l'Allemagne (Mosel), la France (Alsace et Languedoc), l'Australie (Eden Valley) et l'Autriche (Kremstal).
 
 
La difficulté était de réussir à faire un repas cohérent avec ces vins, avec les meilleurs accords possibles. Gilles, le chef cuisinier, a su jouer le jeu alors que l'on est loin de la cuisine limousine traditionnelle. Je l'en remercie.
 
 
Le Riesling Trocken 2013 de Clemens Busch (10,60 €) était servi en "apéro" accompagné de toasts au saumon fumé et combava. L'aromatique de ce petit agrume correspond bien à celles des vins mosellans. Perso, j'adore le côté tranchant et impitoyable  de ce Riesling sur schistes. Cela n'a pas été partagé par une majorité des amateurs présents, peu habitués à ce profil. Heureusement d'autres n'ont pas caché leur enthousiasme, ce qui m'a évité un grand moment de solitude...
 
 
J'ai pu rebondir avec Sur le fil 2013 de Jeff Carrel (12,60 €), un des seuls rieslings produits dans le Languedoc (plus que six bouteilles dispo, si ça vous intéresse). Celui-là, tout le monde l'a apprécié, son tranchant étant émoussé par sa rondeur et une maturité plus poussée.
 
 
Et puis l'accord avec la salade de Saint-Jacques aux mangues, vinaigrette au fruit de la passion était superbe. Ouf, on a remonté la pente avec le sourire :-)

 
Les arômes pétrolés/terpéniques du Riesling Trial Hill 2010 de Maverick (25 €) laissent d'abord dubitatifs certains convives, peu habitués à les sentir dans un vin. La première gorgée déroute aussi...
 
 
Le tajine aux agrumes est alors servi. Et la magie de l'accord opère. Pour beaucoup, dont votre serviteur, c'est vraiment bouleversant. Le vin met en valeur le plat qui met en valeur le vin, etc... dans une sorte de spirale ascensionnelle où l'on ne sait plus trop  si l'on boit le plat où si l'on mange le vin. Ou l'inverse. Un moment rare.

 
Quel Riesling servir avec quel fromage ? Je ne saurais vous dire pourquoi, mais je pensais à revenir à un accord style Sancerre/crottin de chèvre, simple et évident. Je me suis  dit que le Riesling 2013 de Meyer (10 €), par sa pureté et sa fraîcheur conviendrait parfaitement avec un fromage de chèvre. Et ça a ma foi très bien fonctionné, créant un break rafraîchissant avant le dessert.

 
Le Riesling Beerenauslese 2009 de Sepp Moser (25,50 € les 37,5 cl) a mis tout le monde d'accord. Ce vin est une pure merveille, à la fois très riche, et en même temps d'une fraîcheur décoiffante. L'équilibre suprême.
 
 
 L'accord avec la tarte au citron destructurée était tip top. Elle mettait parfaitement le vin en valeur, si tant est qu'il en avait besoin ;-)
 
Bon, je me doutais que cette séance ne serait pas des plus consensuelles, car le Riesling ne s'offre pas telle une fille facile. Mais au final, cela s'est avéré un succès : rarement on ne m'a autant remercié pour une dégustation au moment de se dire au revoir. Les participants avaient conscience d'avoir fait un voyage unique en son genre, en compagnie d' un cépage paraissant grognon au premier abord, mais finalement très attachant. 
 

mercredi 18 mars 2015

Corbi'air du large !

Les Corbières, pour beaucoup, c'est un  massif montagneux surveillé depuis près de mille ans par des châteaux cathares. Ca peut être aussi un mauvais rouge de Cav'Coop. Ou un bon, comme peuvent le faire les frères Ledogar ou le domaine du Grand Arc. Mais peu pensent à un blanc vif, provenant de vignes dominant la mer, gorgées d'iode et d'embruns.
C'est qu'à l'instar de nombreuses autres appellations connues en rouge (Médoc, Saint-Emilion, Bourgueil...), il n'existe pas de Fitou blanc. Les vignerons doivent donc se rabattre sur la proche appellation Corbières (itou le pour le rosé).
Ce Corbières blanc 2014 est  donc un assemblage de Grenache blanc et de Roussanne cultivées sur un plateau calcaire aride où seules la garrigue et les vignes réussissent à survivre. Heureusement, l'air marin est très humide et les empêche de mourir de soif.

laurent

Photo du vigneron (Laurent Maynadier) by myself
La robe est jaune pâle aux reflets argentés.

Le nez est vif, pénétrant, sur des notes de zeste de citron et de craie mouillée.

La bouche est tendue, tonique, tout en gardant de la rondeur et du croquant. En se réchauffant, on peut même lui trouver du gras (c'est du 13 % d'alcool, pas du 11 %).

La finale est nette, salivante, sur des notes d'agrume et de menthol.
Un vin qui pourrait faire office de pirate dans une dégustation de Sancerre. Ou tout simplement être servi à l'apéro ou sur un poisson grillé juste arrosé d'un filet de citron. Tchin !

mardi 17 mars 2015

Cabernet Franc la Bourdette, joli come-back !

Depuis une quinzaine de jours, nous sommes passés au millésime 2013 sur le Cabernet Franc la Bourdette de Jean-Louis Denois. Je l'avais rapidement dégusté à Millésime bio en janvier dernier. Plutôt une bonne impression. Mais je voulais le regoûter tranquillement, et non après 150 vins ;-) Dès l'ouverture, c'est une bonne surprise.  A peine versé dans le verre, il sent très très bon. Ca promet !...
 La robe est pourpre violacé sombre.

Le nez est mûr, intense, sur la liqueur de fruits noirs et rouges, le tabac, et les épices grillés.

La bouche est ronde, fraîche, fruitée, savoureuse, avec une matière dense et charnue au toucher soyeux.

La longue finale possède une belle mâche aux tannins bien mûrs, soulignée par des notes grillées et cacaotées.
Un vin résolument moderne que certains pourront trouver un peu trop propre sur lui. On est très très loin des cuvées de la Sorga, même si le taux de sulfites (< 35 mg/l) de ce  Cabernet Franc est proche de nombre de vins "nature". Surtout, son rapport qualité/prix est vraiment topissime. A 9,80 €, on est au niveau d'un bon cru de Bordeaux dans un millésime à la fois frais et solaire (dernier en date : 2010). Enjoy !

lundi 16 mars 2015

Soirée étonnante au château d'Avanton


Vendredi dernier, c'était un peu un retour aux sources de Vins étonnants. Une époque où Eric R. traversait la France pour faire découvrir ses vins à des groupes d'amateurs. Vendredi dernier, donc, je marchais sur les traces de mon boss, puisqu'il est déjà venu à ce même château d'Avanton, et a rencontré une partie des gens présents ce soir-là.

Nous sommes à quelques kilomètres au nord de Poitiers. Donc pas trop éloigné de notre entrepôt. Il faut un peu moins de deux heures de route. Je dormirai sur place, tout de même.


En tout, une trentaine de personnes qui ont toutes montré un fort intérêt à la chose vinique. Il y a eu beaucoup de questions et d'échanges, sur les vinifications, les cépages, les soins apportés à la vigne...


Au programme, une bulle, deux blancs secs, quatre rouges et un liquoreux.

La bulle, c'est le Montagnieu Brut de la cave Peillot. Je l'ai choisi, car c'est un assemblage peu courant de Chardonnay, d'Altesse et de Mondeuse noire. L'occasion de parler de ces cépages et de cette appellation peu connue. Il a diversement plu : trop sec pour certains, sûrement habitués à des Champagnes bien dosés.

Histoire de mieux connaître le cépage Altesse, je l'ai aussi amené en monocépage, avec la très belle Roussette du même producteur. Franck Peillot assemble des vendanges juste mûres et très mûres, ce qui donne un vin riche et en même temps très frais. Beaucoup sont conquis par cette rareté.

Mais le blanc qui remporte tous les suffrages est le Cour Cheverny François 1er du domaine des Huards. Encore à base d'un cépage rare, le Romorantin (vieilles vignes de 80 ans). J'ai expliqué que les analyses ADN avaient montré qu'il avait les mêmes parents que le Chardonnay, le Gamay ou le Melon de Bourgogne, à savoir le Pinot noir et le Gouais blanc.


Nous sommes ensuite passés aux vins rouges, en commençant par le Chat fou d'Eric Texier. Il présente la particularité d'avoir dans son assemblage 10 % de Roussanne et 10 % de Marsanne  (l'occasion de rappeler que c'est une tradition rhodanienne qui se retrouve en appellations Hermitage et Côte Rôtie - avec du Viognier  pour cette dernière). La couleur est très claire, le nez explosif et floral/fruité. Il séduit tout le monde par son charme facile. Résultat : il est en rupture provisoire sur notre site...

Puis nous avons poursuivi avec un de mes coups de coeur récents : la cuvée Roboul du domaine Danjou-Bannessy. Un vin à majorité Mourvèdre (+ Grenache) d'une finesse et d'une fraîcheur impressionnantes pour un Roussillon. Ne seraient-ce les épices et la garrigue, on se croirait presque en Bourgogne. Les avis ont été partagés. Certains ont préféré celui-ci car il a plus de caractère que Chat fou. Alors que d'autres avaient tellement aimé Chat que celui-là, forcément, était moins bien.



Nous avons ensuite dégusté le Seibel. L'occasion de parler du phylloxéra et des deux méthodes alors adoptées pour  lutter contre les ravages de ce maudit pou térébrant. Soit le porte-greffe issu de vigne américaine (adopté aujourd'hui sur 99,99 % des vignes), soit une hybridation entre vigne française et américaine. Le Seibel est le résultat d'une de ces hybridations. Mais comme toutes les autres, il fut vite abandonné, et il n'en  reste plus que quelques pieds en France. Et lorsque l'on goûte ce très beau vin, aux notes de pivoine et de framboise, à la bouche mûre, juteuse et fraîche, on se dit qu'ils ont fait une belle c...ie en l'abandonnant...

En servant comme dernier rouge un Myosotis Arvensis de Naudin-Ferrand, je savais que j'allais faire mon petit effet. L'astuce, c'est de l'ouvrir le matin pour le soir, histoire qu'il s'aère tout en douceur. Et alors, on a nez proprement magique, digne des meilleurs parfumeurs. Et une bouche très fine, soyeuse, et en même temps très intense. Une de ces baffes qui vous procure un plaisir sans pareil. Tout le monde a adoré. Certains n'imaginaient même pas que ça puisse exister. Magique, on vous dit.



En dessert, crème anglaise et broyé du Poitou maison. Avec un Palais d'Or de Bouillerot. Si  l'appellation Côtes de Saint-Macaire est totalement inconnue, le résultat, lui, est plus classique. Cela ressemble beaucoup à un Sauternes... mais c'est moins cher (et meilleur que beaucoup !). On en a moins causé, car la fatigue commençait à venir (1h du mat'...) et les palais à saturer. 


Promis, on reviendra, car ce fut super sympa !...


Et merci pour la jolie chambre !





vendredi 13 mars 2015

Riesling Zellberg, l'âme d'acier

 
Ce Riesling Zellberg était le seul membre de la famille Meyer que je ne connaissais pas encore. Il faut dire qu'il est plus réservé que son frère Grittermatte ou sa sœur  Pucelle. ;-) N'empêche, on sent indiscutablement le lien de parenté, comme vous allez le constater dans les lignes qui suivent...
 
La robe est d'un bel or.
 
Le nez est fin mais pénétrant, sur le zeste de mandarine et la résine de pin.

La bouche est très ample, aérienne, avec en même temps cette sensation d'avoir une lame d'acier en bouche, nette, brillante, ciselée au laser. En tout cas - et c'est presque une constante dans les vins de ce domaine - pas du tout l'impression d'avoir un liquide en bouche (oui, je sais, c'est étrange, maizs c'est ainsi que je le ressens). Plutôt un gaz dense, presque solide.

La finale est franche, soulignée par une fine amertume, et un retour sur des notes d'agrume et de résine.

Un vin qui sort totalement des canons habituels, plus destiné aux esthètes amateurs de sensations rares qu'aux joyeux buveurs de vins glou-glou.  L'anti-Bistrologie, quoi.
 
 

jeudi 12 mars 2015

Vaison la Romaine : l'exemple à suivre ?

L'aîné d'un an de ce Vaison la Romaine 2012 a déjà été commenté sur ce blog (ICI). Je pourrais presque faire un copié/collé du précédent article, car le style reste le même avec quelques variantes. Peut-être un peu plus de densité sur le dernier millésime ? Même pas sûr en fait. En tout cas, j'aime toujours autant. Bon, il a entre temps franchi la barre symbolique des 10 €. Ceci dit, à 10,50 €, le rapport qualité/prix reste topissime.
La robe est grenat (très) translucide.

Le nez est fin, élégant, sur la gelée de framboise, la cerise et le tabac hollandais, avec une pointe de benjoin et de cacao.

La bouche est toute aussi fine et élégante, avec une matière soyeuse, fraîche, et un fruit expressif et juteux. Non, y a pas d'erreur : je parle bien d'un vin issu  de Grenache...

La mâche - pas trop appuyée - de la finale vous rappelle que vous buvez un vin rouge. Car oui, c'est vrai, on l'aurait oublié tellement la finesse et la fraîcheur prédominent. On  finit agréablement sur le tabac et le cacao en poudre.

Ce vin devrait assurément servir de modèle dans les lycées viticoles et les facs d'oeno du Sud de la France. Elle montrerait aux futurs vinificateurs que le Grenache riche et alcooleux n'est pas une fatalité. Avec du doigté (et un bon terroir), tout est possible.

mercredi 11 mars 2015

Vin Passion : à tomber en amour !...


Dans les temps anciens, il existait deux vins blancs secs au Champ des Treilles. A l'instar des rouges, il y avait un Petit champ et un Grand vin. Mais Corinne Comme, la bonne fée du domaine, n'était satisfaite par aucun des deux. Ils ne semblaient pas complets, aboutis. Et puis un jour, elle eut l'idée d'assembler les deux. Et elle vit que cela était bon. Ainsi naquit Vin Passion, une cuvée où s'unissent trois cépages à parts égales (Sauvignon, Sémillon et Muscadelle), jeunes vignes et vieilles vignes, cuve ciment et œuf béton. Une cuvée qui a du fond sans être boisée, de la minéralité sans être austère, de la gourmandise sans être superficielle.
La robe est or pâle.

Le nez est intense, sur la gelée de coing - y aurait-il quelques pieds de Chenin ? -  le miel et les fleurs blanches (acacia).

La bouche est ronde, fraîche, éclatante, avec une matière gourmande et pulpeuse : on croirait croquer dans un grain de raisin (le sucre en moins)!

La finale est savoureuse, pêchue, persistante, avec des notes de pomme mûre, de zeste d'agrume, mais aussi salines. On n'a qu'une seule envie : s'en resservir un second verre (et puis, même si c'est une déchirure, il faut en rester là. Au delà, l'addiction est réelle).

Ah oui, j'ai oublié le prix : 8,00 €. Raisonnable, non ?