mardi 30 novembre 2021

Crozes de Habrard : le meilleur rouge sans soufre ?

 

Comme assez souvent, je fais un titre un peu provoc' avant de calmer tout  de suite cela dans mon texte d'introduction. Mais cela dit, lorsque j'ai bu ce Crozes-Hermitage rouge 2019 de Laurent Habrard, j'ai été enthousiasmé comme rarement, et carrément bluffé lorsque j'ai vu que le vin n'était pas sulfité. Jusqu'à maintenant, mon "sans soufre parfait" était incarné par le Cahors Extra-Libre du Cèdre. Mais là, je crois que j'ai trouvé encore plus spectaculaire, car il y a une finesse et une "floralité" que l'on n'aura jamais à Cahors. Alors, oui, il peut y avoir la Côte Rôtie de Stéphan quand elle n'est pas brettée .... mais c'est un peu la roulette russe. Là, j'aurais tendance à gager que ce Crozes est plus régulier (enfin, vous me direz....) et il est nettement moins cher. 

La robe est grenat très sombre aux reflets violacés. 

Le nez  est  très beau, sur la violette, l'encens, la fumée et la crème de fruits noirs. 

La bouche est ronde, très ample, déployant une matière fine et sensuelle, au fruit pur et expressif, et dotée d'une belle fraîcheur aromatique malgré les 14 % d'alcool annoncés. A l'instar du Crozes blanc, on retrouve ce mix d'élégance et de voluptuosité. 

La finale tonique amène la relance nécessaire, avec un surcroît de fruit et de fraîcheur, un beau trait tannique, une touche classieuse de violette, et une délicieuse mâche  qu'on voudrait éternelle. C'que c'est bon !!!

PS : si vous avez des rouges sublimes que vous jugez supérieurs, vous pouvez me les envoyer. Je vous dirais ce que j'en pense ;-)



lundi 29 novembre 2021

Taureau : un équilibre dinguissime !


Je n'ai pas eu l'occasion de déguster le Gewurztraminer Taureau 2019 de Neumeyer. Faut dire qu'il se vendait très bien tout seul et n'avait pas besoin de moi pour sa promo. Par contre, lorsque nous sommes passés au 2020 et que j'ai vu 16 % d'alcool sur la contre-étiquette, là, je me suis dit "je goûte", car j'imagine bien que les clients prendront peur lorsqu'ils le verront sur la fiche du site. Dès que j'ai versé le vin dans le verre, j'ai été rassuré par le nez qui était absolument superbe. Et la bouche, ma foi, était quasiment au niveau du nez, d'un équilibre fascinant vu le degré d'alcool. À moins de le servir à température ambiante, le vin ne "chauffe" pas du tout (même s'il faut certainement éviter d'en boire 3-4 verres d'affilée. Ça doit finir par cogner...). 

La robe est  cuivrée, brillante. 

Le nez est superbe, sur la rose fanée, la fleur d'oranger,  les épices orientales... 

La bouche est élancée, portée par une belle énergie, tout en déployant une matière très ample, aérienne, devenant progressivement vineuse / séveuse, sans jamais tomber dans la lourdeur. L'aromatique est fidèle à celle du nez, sur la rose et les épices. 

La finale prolonge l'énergie de la bouche, avec une matière encore plus concentrée et un surcroît de tension, se concluant  sur une explosion d'épices et de notes florales. Ça envoie du lourd sans jamais être pesant. 

vendredi 26 novembre 2021

Hauts de Huire : c'est déjà génial jeune !

Je vous avais parlé l'année dernière du Hauts de Huire 2006 qui montre le très beau potentiel de vieillissement du Brouilly. J'ai enfin goûté sa version 2019, et en fait, c'est tout aussi bon que le 2006, avec quelques marques de jeunesse supplémentaires, mais pas tant que ça. On sent que "génétiquement", ils sont très proches. Le 2019 se boit déjà très bien aujourd'hui, mais le 2006 prouve que si vous oubliez la bouteille 15 ans en cave, il sera toujours aussi bon ;-)

La  robe intense est  très belle, entre rubis et grenat. Le nez est fin, profond et complexe, sur la griotte confite, l'écorce d'orange, le tabac, les épices. 

La bouche est sphérique,  très ample, déployant une matière fine et aérienne, d'une grande douceur tactile.  Le milieu de bouche s'affermit un peu, avec ce côté terreux (noble) évoquant le pinot bourguignon. La fraîcheur est omniprésente, tout comme le fruit, d'une pureté cistercienne. 

La finale démarre par une attaque acidulée sur la griotte et l'orange sanguine, avant de revenir à la terre, au tabac et aux épices. Bigrement bon et d'une élégance irrésistible !



jeudi 25 novembre 2021

Sauvat : I feel so Boudes

 

Un confrère caviste de Limoges nous a proposé quelques vins d'Annie Sauvat que j'avais eu l'occasion de déguster dans une autre vie, et dont j'avais gardé un bon souvenir. Parfois, ça peut vous jouer des tours, mais en l'occurrence, c'est une bonne pioche. C'est vraiment très bien fait, avec ce qu'il faut d'authenticité et zéro défauts, et nous montre un gamay assez différent de celui de la Loire  ou du Beaujolais. Vive l'Auvergne !

Côtes d'Auvergne Boudes Demoiselles 2020 (10.00 €)

La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est d'abord réduit, sur des notes fumées / terreuses. En s'aérant, il part sur le coulis de mûre rafraîchi par du cassis, complété par une petite pincée de poivre. 

La bouche est ronde, ample, enrobante, déployant une matière fine, entre soie et velours, et exprimant un fruit frais et juteux, gourmand. Sans oublier un fond minéral fumé qui apporte une certaine race. 

La finale prolonge la bouche sans rompre le charme, se contentant d'ajouter des tannins fins qui apportent une certaine assise, avec  une persistance sur les fruits noirs et le poivre, et toujours cette touche fumée. Mais aussi une jolie violette qui ne cesse de croître.

Un vin qui ne contente pas d'être gourmand : il raconte de belles choses !

Côtes d'Auvergne Boudes Argile 2019 (14.00 €)

La robe est pourpre très sombre, très légèrement translucide. 

Le nez est fin, profond, complexe, sur les fruits  noirs confits, l'encens, le pain grillé et les épices douces. 

La bouche est ronde, ample, aérienne, avec une matière fine à la texture soyeuse gagnant progressivement en densité jusqu'à aboutir à un beau velouté. L'aromatique est dominée par les fruits noirs bien mûrs relevés d'épices douces et d'une touche de tabac hollandais. 

On gagne encore en densité en finale sans jamais tomber dans la dureté, avec une mâche tannique élégante  soulignée par des notes salines et fumées, et un retour sur les fruits noirs et une touche de cacao. 

mardi 23 novembre 2021

Perrièrres : on l'aime toujours autant !

Il  y a un an, quasiment jour pour jour, j'avais écrit un billet sur le Perrières 2019 d'Arnaud Lambert qui s'intitulait le Ch'nin comme aime. Le Perrières 2020 vient d'arriver et j'aime toujours autant, même s'il y a peut-être un plus de rondeur, millésime oblige. Mais l'esprit du chenin est toujours bien là.

La robe est or clair, brillante. 

Le nez est expressif, sur les fruits blancs confits (pomme, poire, coing), l'ananas rôti et la craie humide. 

La bouche est tendue, étirée par un fil invisible, tout en déployant une matière ronde, très ample, d'une grande douceur tactile – mais dans un style aérien – sur une aromatique mariant le minéral (silex, fumée), le coing et le miel de châtaignier. 

La finale prolonge la bouche sans la moindre rupture, ajoutant juste une belle amertume cheninesque sur l'écorce d'agrume confit, et un trait de citron pour la fraîcheur, avec une belle persistance sur l'ananas et des notes pierreuses / fumées. 



lundi 22 novembre 2021

Ça sulfit : on en redemande !

Ça sulfit, c'est la gamme de vins sans sulfites ajoutés de l'Ancienne cure qui existe depuis 3-4 ans. Jusqu'à maintenant, elle ne m'a jamais déçu. Et mes bonnes impressions se confirment avec cet étonnant Bergerac rouge 2020. Un peu à l'instar du Grand geai d'Henri Duporge, on partirait facilement en d'autres contrées tant on s'écarte des canons habituels. Et en même temps, on n'est pas du tout dans le vin nature complètement barré. Il est très bien équilibré, avec les marqueurs de 2020, à savoir une maturité élevée et des degrés raisonnables. Mais bon, assez causé et buvons-le (avec Maude et Ration) !

La robe est pourpre très sombre, à peine translucide, déposant des larmes bien colorées sur les parois du verre. 

Le nez est fin, profond, aussi ténébreux que la robe, sur des fruits noirs confits, l'encre et la réglisse. 

La  bouche est aussi ample qu'élancée, alliant une belle tension à une matière soyeuse et aérienne qui vous emplit le palais. Celle-ci gagne progressivement en densité tout en restant d'une grande douceur tactile – et d'une sensualité rarement rencontré dans le Bergeracois – sur une aromatique proche du nez, entre fruits confits, réglisse et rafle très mûre. 

La finale prolonge la dynamique de la bouche, se contentant de la souligner de fins tannins qui nous rappellent que nous buvons un vin rouge, avec toujours ces fruits noirs passerillés et un registre résino-balsamique plus italien que français. 

Clairement, ça ne plaira pas à tout le monde, car on est loin du fruité / gourmand habituel. Ce vin gagne à être utilisé plus comme une Syrah / Mourvèdre du sud-est de la France (avec un agneau longuement confit, par ex) que comme un Bergerac rouge. L'alcool en moins. 

vendredi 19 novembre 2021

Je n'ai jamais été aussi Rietsch !


Les deux années passées, je n'avais pas trop accroché sur la production du domaine Rietsch. (un poil trop "nature" à mon goût). Cela ne m'a pas empêché de déguster hier tous les vins  que nous avons reçus. Et là, miracle : la plupart me plaisent beaucoup. Pour certains, même, j'adore ! Il y en a juste un qui me laisse perplexe. Peut-être trop jeune ? A revoir d'ici six mois, s'il nous en reste. 

Tout blanc 2020 (13.50 € ... le litre)

55 % Riesling, 45 % Auxerrois

La robe est or pâle avec des reflets verts / argentés. 

Le nez est plutôt discret, sur des notes beurrées / fumées et l'écorce d'agrume confite. 

La bouche est longiligne, éclatante de fraîcheur, tendue par une fine acidité, avec une matière mûre, croquante, savoureuse ...et de surcroît digeste (12 % d'alcool). 

La finale monte d'un cran encore dans la fraîcheur et la gourmandise, avec une fine mâche citronnée / crayeuse. Un petit régal !

Coquette 2020 (16.90€)

1/3 Gewurztraminer  et 2/3  Riesling  (en macération)

La robe est or rose, brillante. 

Le nez est fin, complexe, sur la pêche mûre, l'abricot confit, la rose et les épices douces. 

La bouche est longiligne tout en ne manquant pas d'ampleur, avec une très fine acidité – renforcée par un filet de gaz carbonique –  qui étire le vin, et une matière ronde, mûre, enveloppante, au toucher moelleux quasi aérien, et  à l'aromatique orientale à la fois baroque et évanescente. Bref, un truc de dingue réussissant quasiment à paraître normal tant il se déroule avec évidence et naturel.  

La finale énergique et finement acidulée, encore plus baroque que la bouche, achève de vous conquérir et de vous rendre accro. #merveille. 


100 % Klevener en macération

La robe brillante est entre le rose saumon et le cuivre. 

Le nez est surprenant, sur la gentiane, la gueuse lambic, l'orange amère et le pétale de rose fané. 

La bouche est élancée, étirant une matière élégante,  pure et droite comme une lame d'acier, avec une grande fraîcheur semblant surgir de nulle part, sur une aromatique plutôt orientale, entre rose, Ras-el-Hanout et écorce d'orange séchée. 

La finale poursuit la tension de la bouche dans une version plus énergique et concentrée, soulignée par le duo amertume / astringence (ziste de pomelo, quinquina, thé noir fumé), avec une persistance sur la rose, l'orange amère et les épices. 


Quelqu'un 2018 (21.50 €)

100 % Sylvaner en macération

La robe est dorée, brillante. 

Le nez très intense évoque un chardonnay jurassien, avec ses notes de pétard, de tourbe et de sésame grillé. 

Dès l'attaque en bouche, vous êtes happés par une grande tension portée par une  fine et superbe acidité qui trace au-delà même de la finale. Elle est enrobée d'une matière fuselée, racée, impressionnante de concentration sans montrer la moindre dureté, affichant la même aromatique grillée / tourbée  que le nez, avec juste un peu d'agrume confit en sus. 

La finale prolonge la bouche sans le moindre à-coup tout en intensifiant encore plus les sensations, confinant à l'orgasme vinique dans une explosion de saveurs. Grand vin, tout simplement (à condition d'être aware, hein)

Pas à pas (27.90 €)

Solera de Klevener avec les millésimes 2011, 2013, 2015, 2017 et 2019

La robe est dorée évoluée, un peu trouble. 

Le nez, à l'instar de la cuvée Quelqu'un, évoque un chardonnay jurassien, avec ces notes de tourbe fumée, de pétard et de sésame grillé. Avec ici en plus un peu de pomme rôtie au beurre et de rose fanée (c'est un "frère" du Gewurz). 

La bouche est ronde, très (très) ample, déployant une matière à la fois dense et aérienne, très moelleuse au toucher, d'une intensité aromatique de dingue sur ces notes fumées / grillées. Le tout tendu par un fil invisible, donnant un résultat des plus racés. 

La finale commence par se concentrer en un point minuscule avant d'exploser et de vous donner l'impression que votre palais a quadruplé de volume sur le sésame et le pain grillés, la tourbe fumée, la noix et le cumin torréfié(e)s... #sequence_emotion


100 % Pinot gris en macération

La robe est rubis translucide, faisant songer à un Bourgogne. 

Le nez est discret, sur la cerise et la terre fraîchement retournée ... comme un Bourgogne. 

La bouche est ronde, d'une grande ampleur et éclatante de fraîcheur, avec une matière souple, très fruitée, parsemée de micro-bulles de gaz carbonique et une acidité volatile en arrière-plan qui plaira à certains, moins à d'autres. 

On la retrouve en finale accompagnée de la griotte acidulée, et soulignée par une fine mâche crayeuse, avant de se prolonger sur les épices. 

Tout rouge 2020 (13.90 € ... le litre)

2/3 Pinot noir et 1/3 Pinot gris

La robe est grenat translucide. 

Le nez est fin, sur la cerise mûre, le poivre et la rafle. 

La bouche est ronde, ample et très fruitée, avec une matière souple, finement pulpeuse, dotée d'un léger perlant qui apporte tonicité et fraîcheur.

La finale est pleine de peps, avec une fine mâche savoureuse, et un fruit encore plus expressif. D'la bombe !


100 % Pinot noir

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est fin, profond, sur les fruits noirs, la rafle et la ronce. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, dotée d'une belle tension et délivrant une matière mûre, charnue, finement pulpeuse, au fruit bien présent et classieux. On peut juste lui reprocher un filet de gaz carbonique qui dérangera certains, moins d'autres, et qui peut facilement être éliminé. 

La finale est tonique, gourmande et fraîche, avec une mâche savoureuse et un fruit encore plus gourmand. Très bien !

jeudi 18 novembre 2021

Un premier aperçu de 2021


Si 2020 a donné des vins superbes qui donnent de l'espoir pour la décennie qui vient, toute personne qui s'intéresse au vin sait que 2021 fut nettement plus difficile, avec le combo gel / grêle / mildiou / sécheresse... Mais pour autant, certains vignerons ont réussi à sortir leur épingle du "jeu" et nous proposent dès maintenant le fruit de leur récolte. Je vous ai déjà parlé des deux vins du domaine Cazes, mais comme ils sont dans le thème, je vous en remets une couche...




Colombard (sic) et Viognier - Sans sulfites ajoutés

La robe est or rose. 

Le nez est gourmand, sur l'abricot, la nectarine,  la violette et une touche fumée. 

La bouche est ronde, éclatante de fraîcheur, avec une matière à la fois mûre et croquante, très fruitée,  tonifiée par un perlant bien présent (gaz carbonique). 

La finale tonique allie de nobles amers (noyau d'abricot, écorce de pomelo) à une fine astringence, tout en persévérant sur la fraîcheur,  la pêche jaune et les épices. 


Merlot et Grenache - Sans sulfites ajoutés

La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est plutôt discret, sur la mûre, la myrtille et le cacao, avec une touche yaourtée. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, déployant une matière douce, caressante, délicate, même, sur des notes pures de cerise noire cacaotée. 

La finale est finement mâchue, savoureuse, avec un surcroît de peps et de fraîcheur, avec une persistance sur le cacao et les épices. 

Gamay primeur Balaran 2021 (7.50 €)

100 % Gamay (de Gaillac)

La robe est pourpre translucide. 

Le nez est très expressif, sur des notes "carbo", mais aussi la framboise, la cerise, la violette et le poivre. 

a bouche est ronde, très ample, veloutée, à la matière pulpeuse et gourmande, et au fruit intense et épicé. 

La finale est tonique, avec une fine mâche savoureuse et un fruit encore plus intense et frais, et une persistance sur le poivre et la réglisse.  

Beaujolais nouveau 2021 (9.50 €)

100 % Gamay

La robe est pourpre sombre, à peine translucide. 

Le nez  est fin, profond, sur la mûre, la pivoine, le poivre blanc légèrement fumé. 

La bouche est ronde, ample, très fraîche, avec une matière fine, aérienne, au fruit PUR et intense, et en arrière-plan des tanins canailles. Mais surtout une belle énergie qui vous embarque dès l'attaque. 

La finale prolonge cette énergie en lui ajoutant un irrésistible mordant et un fond minéral /floral qui prend une ampleur inattendue avant de vous immerger totalement. 

Porc tout gai 2021 (11.50 €)

100 % Gamay

La robe est pourpre violacée translucide. 

Le nez est frais, pimpant, sur la cerise, le poivre et le yaourt aux fruits noirs. 

 bouche est ronde, croquante, éclatante de fruit., avec une matière finement pulpeuse et des tanins délicieusement accrocheurs. 

La finale repart sur les mêmes bases avec plus de concentration,  de tonicité et de gourmandise, rendant le vin totalement addictif. Vous êtes prévenus !


Syrah et Braucol

 la robe est violacée  légèrement trouble. 

Le nez  est  expressif, sur la framboise et la griotte, avec une touche fermentaire (yaourt, bonbon acidulé). 

La bouche est ronde, souple, fraîche, avec une matière très finement veloutée, au fruit gourmand et immédiat. 

La finale poursuit dans la lancée avec plus de tonicité, de fruit et de fraîcheur, avec une persistance sur la framboise et le poivre. 

PS : je ne vous ai pas parlé du Bojonouvo de Lapalu, car pour le moment, il ne se goûte pas très bien, comme souvent à l'automne. Il sera meilleur au printemps prochain !

mercredi 17 novembre 2021

Julien Auroux : encore un Bergerac à suivre !

 

Julien Auroux a grandi sur le domaine viticole paternel. Après un BTS viti-oeno, il part en Australie et en Nouvelle-Zélande pour se confronter au métier avant de revenir en France. Il travaille alors au Château l'Eglise Clinet chez l'un des meilleurs vinificateurs du Bordelais, Denis Durantou. Puis il prend en main les vinification du Château Montdoyen à Monbazillac. Avant, finalement de revenir au domaine paternel de 11 hectares qu'il décide de reconvertir au bio.

Je ne sais pas si ce sont ses expériences en dehors du Bergeracois ou des spécificités propres à son terroir de l'extrême-sud de l'appellation (je pencherais pour la première explication car il est proche de l'Ancienne Cure, de la Tour des Gendres et du terroir à rouges de Tirecul la Gravière), mais ses vins n'ont pas grand chose à voir avec ceux de ses confrères. Pas forcément mieux ou moins bien. Mais différents. 

Les vins sont en BIO certifiés, peu sulfités, voire pas du tout pour le Blablabla. 


Sauvignon blanc  et Muscadelle

La robe est d'un or intense, brillant. 

Le nez est gourmand, bien mûr, sur les fruits jaunes (abricot, pêche), noyau inclus, la galette des rois et la craie humide. 

La bouche est ronde, croquante, pulpeuse, avec une matière mûre et charnue, plutôt fraîche et digeste malgré les 14 % d'alcool grâce à un fond salin / minéral. 

La finale tonique mêle habilement les amers du noyau d'abricot à une fine astringence citronnée / crayeuse, contrebalançant les fruits jaune quasi-confits, avec une belle persistance sur les épices. 


Merlot, Malbec, Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon 

La robe est grenat très sombre, presque opaque. 

Le nez fin et profond mêle les fruits noirs bien mûrs à des notes nettement plus fraîches – menthol, rafle (?). 

La bouche est élancée, tonique, et fraîche, tout en déployant une matière mûre, veloutée, gourmande, formant un ensemble équilibré et méchamment séducteur. 

La finale gagne encore en fraîcheur et en peps,  mais aussi en concentration et en tension, avec une persistance sur le coulis de mûre, le menthol et le poivre. Délicieux !



Sauvignon blanc et Sauvignon gris

La robe est jaune paille brillante. 

Le nez est à la fois fin et riche, sur la pêche, le miel d'acacia et une pointe fumée/beurrée. 

La bouche allie ampleur et tension, avec un fil invisible qui étire énergiquement le vin, et une matière ronde, aérienne, qui vous dépose un film doux et frais sur toutes les parois du palais. L'ensemble réussit à conjuguer maturité aboutie et fraîcheur croquante. 

La finale poursuit la tension de bouche tout en la concentrant fortement, mêlant l'abricot à des notes fumées et épicées qui persistent longuement. 


Blablabla rouge 2020 (9.90 €)

100 % Merlot 


La robe est grenat très sombre, presque opaque. 

Le nez est tout aussi ténébreux, sur la crème de mûre, le graphite et le poivre (noir, forcément), ainsi qu'une touche de rafle. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière pulpeuse, charnue, au fruit bien expressif, souligné par le poivron rouge bien grillé sur la plancha. 

On retrouve celui-ci dans une finale tonique, juteuse, pleine de fruit et d'épices. 

mardi 16 novembre 2021

Courbet : éloge de la finesse

J'avais prévu de vous parler hier des vins du Domaine Courbet. Et puis des clients professionnels sont passés, compliquant sérieusement mon planning originel. La bonne nouvelle, c'est que j'ai goûté depuis le Château Chalon qui est une petite merveille. Vous êtes donc récompensés de votre attente ;-) 

J'avais eu l'occasion de goûter les vins du domaine il y a 3 ans au Nez dans le vert, et j'avais adoré. Ce qui fait que deux jours plus tard, j'étais allé faire un tour au domaine à côté de Château Chalon, où mes impressions avaient été confirmées. Il a fallu ensuite du temps pour convaincre le boss de le référencer... 

Les vins sont arrivés il y a quelques jours. Il n'y a hélas pour l'instant plus de rouges qui font partie à mon avis des meilleurs du Jura. Mais bon, comme vous verrez, il y a de beaux restes... 


Chardonnay de la Vallée 2019 (18.00 €)

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est fin, sur le beurre noisette, la pomme chaude, avec une pointe de sésame grillée et de pralin. 

La bouche est ronde, ample et énergique, avec une tension qui vous happe dès l'attaque pour ne plus vous lâcher. Elle est soulignée par un fin filet de gaz apportant un supplément de peps et de fraîcheur. La matière est mûre, au toucher moelleux, sur une aromatique de fruits blancs et de noisette légèrement torréfiée. 

La finale prolonge la tension tout en  gagnant en concentration et en puissance, avec un savant mélange d'amertume et d'astringence, suivi d'une belle accroche acidulée qui relance la dynamique, avant de s'achever sur des notes épicées et grillées. 

Savagnin l'Origine 2019 (23.50 €)

100 % Savagnin ouillé

La robe est dorée, brillante. 

Le nez est fin, mûr, sur les fruits blancs rôtis au beurre, avec une touche tourbée / minérale, et un léger grillé. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible,  tout en déroulant une matière ample, mûre et douce, très finement tannique, sur une aromatique proche du nez, avec une dominante fumée. 

La finale est tonique, très concentrée, avec une touche acidulée, sur la poire séchée, la tourbe et une touche de fénugrec. 

Côtes du Jura Tradition 2019 (18.00 €)

70 % Chardonnay ouillé, 30 % Savagnin sous voile

La robe brillante est d'un or de belle intensité. 

Le nez est très fin, sur la noisette, l'amande grillé, la poire au sirop, puis arrivent de fines notes de curry et de pralin. 

La bouche se déploie autant en longueur qu'en largeur, avec une matière ample qui envahit le moindre espace du palais tout en allant de l'avant grâce à une belle tension sans raideur. La texture est douce, aérienne, élégante, avec une palette aromatique très délicate, évoquant une aquarelle de Turner. 

Même si elle est plus concentrée, la finale conserve cette élégante délicatesse, sur des notes fruits secs, de noix verte et de gouda au fénugrec. Une petite merveille !


Savagnin 2019 (24.00 €)

100 % Savagnin sous voile 

La robe est d'un or éclatant.

Le nez est puissant, tout en réussissant à rester fin et aérien, sur des notes de fumée, de morille et de croûte de comté, mais aussi de fruit blanc séché (pomme tapée). 

La bouche est ronde, très ample, aérienne, d'une grande douceur tactile, presque plus gazeuse que liquide, avec une aromatique proche de celle du nez, elle aussi dans un registre délicat,  même si particulier, il faut le dire. 

La finale est plus terrienne, avec une fine mâche crayeuse, sur des notes de pomme rôtie et de noix grillée, avant que ne revienne le comté, la morille et la fumée (de la Morteau ?). Vous êtes bien en Juraland !


100 % Savagnin sous voile 

La robe est jaune paille intense. 

Le nez est délicatement fumé / tourbé, complété par des notes de froment, de croûte de comté, de noix grillé et une pointe de curry. La bouche est ronde, ample,  enveloppante, déployant une matière bien mûre, profonde, au toucher doux /moelleux, réussissant à rester aérienne et digeste malgré la grande intensité aromatique. Cette dernière n'a rien de bourrin, toutefois : on est plutôt dans la suggestion subtile (mais très forte) sur un mix de tourbe fumée, de noix et de fénugrec. 

La finale prolonge la bouche sans la moindre brusquerie : on reste dans le registre de la délicatesse, tout en envoyant un message d'une rare puissance sur la tourbe, la noix grillée, la morille et le curry. Superbe !


mercredi 10 novembre 2021

Y a du monde dans les Cazes !

 

Ce matin, 4 nouveautés du domaine Cazes m'attendaient sur une palette (bon, en fait 5, mais je n'ai pas encore eu le temps de créer le Muscat de Rivesaltes 1995 dont je n'ai aucun doute qu'il est exceptionnel). Comme je suis un caviste consciencieux, je les ai goûtées au fur à mesure que je mettais en ligne les fiches techniques. J'avoue avoir été impressionné par le niveau des vins. Tout comme la Croix Saint-Eulalie dont je parlais hier, les rapports qualité/prix sont assez bluffants. Avec les félicitations du jury pour le délicieux Nature rouge qui prouve que l'on peut produire des vins sans intrants sans laisser plein de gaz carbonique. Et la palme pour l'Ego qui est une merveille de vin à prix tout doux. 


Colombard (sic) et Viognier - Sans sulfites ajoutés

La robe est or rose. 

Le nez est gourmand, sur l'abricot, la nectarine,  la violette et une touche fumée. 

La bouche est ronde, éclatante de fraîcheur, avec une matière à la fois mûre et croquante, très fruitée,  tonifiée par un perlant bien présent (gaz carbonique). 

La finale tonique allie de nobles amers (noyau d'abricot, écorce de pomelo) à une fine astringence, tout en persévérant sur la fraîcheur,  la pêche jaune et les épices. 


Merlot et Grenache - Sans sulfites ajoutés

La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est plutôt discret, sur la mûre, la myrtille et le cacao, avec une touche yaourtée. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, déployant une matière douce, caressante, délicate, même, sur des notes pures de cerise noire cacaotée. 

La finale est finement mâchue, savoureuse, avec un surcroît de peps et de fraîcheur, avec une persistance sur le cacao et les épices. 

Hommage 2020 (11.90 €)

50% Syrah, 40% Grenache, 10% Mourvèdre

La robe est pourpre très sombre, ressemblant à de l'encre. 

Le nez est fin, complexe, sur la crème de mûre, la violette, l'encens, et une pincée de poivre blanc. 

La bouche est ronde, ample, sensuelle, avec une matière dense et douce qui caresse le palais tout en apportant une belle sensation de fraîcheur.  On retrouve la complexité du nez, avec ce mélange de mûre, de violette, de poivre, d'encens mais aussi de fumée. 

La finale prolonge la bouche sans le moindre à-coup ni durcissement, se contentant d'intensifier les sensations, avec une belle persistance sur des notes salines et épicées.

Ego 2020 (13.00 €)

60% Syrah, 30% Grenache, 10% Mourvèdre

La robe est pourpre très sombre, opaque. 

Le nez est expressif,  à la fois mûr et frais, sur la framboise, le poivre, le laurier, le cacao, et une touche de garrigue et d'eucalyptus.  

La bouche est élancée, puissante, déroulant une matière très concentrée, juteuse, au toucher velouté, avec des tannins qui transparaissent en arrière-plan. Si l'aromatique est bien mûre – coulis de myrtille et de cerise noire – l'impression de fraîcheur est impressionnante. 

La finale est aussi élancée que la bouche, avec les tannins qui ressortent un peu plus tout en étant bien polis et intégrés, un fruit encore plus expressif, gourmand, et une explosion ultime pleine de fraîcheur, sur la cerise noire, le cacao et les épices. 

mardi 9 novembre 2021

Croix Sainte-Eulalie : ils sont arrivés !

 

Les vins de la dernière vente privée sont (enfin) arrivés. Et donc livrés d'ici peu à ceux qui nous les ont commandés. La dernière fois que je les ai goûtés, c'était fin 2020. Je n'avais donc pas eu l'occasion de découvrir ce millésime en bouteille. J'ai donc tout re-dégusté hier, et on est très au-dessus de tout ce que j'avais imaginé. Il y un p... de niveau pour des prix tous doux. S'il y a bien un domaine à découvrir, c'est la Croix Sainte-Eulalie !

A noter que le domaine est en conversion bio depuis 2019. Tous les vins devraient donc être certifiés AB sur le millésime 2022. Peu de sulfites utilisés, voire pas du tout pour les deux cuvées "Il était une fois". 

Viognier 2020 (8.90 €)

La robe est jaune paille intense. 

Le nez est très expressif, sur des notes fruitées (pêche, abricot, melon), florales (violette, acacia), épicées, grillées... 

La bouche est élancée, étirée par un fil invisible, et délivre une matière riche, concentrée, séveuse, tout en donnant une impression de droiture et d'intense minéralité. 

La finale prolonge la bouche sans à-coup, tout en intensifiant encore plus les sensations, avant de conclure sur une explosion jubilatoire de fraîcheur et d'arômes. Excellent rapport qualité/prix !

Roussanne 2020 (8.90 €)

La robe est d'un or intense, brillant. Le nez  est fin, mûr, sur l'abricot confit, le chèvrefeuille et la fleur d'oranger, avec une touche beurrée / fumée / grillée. 

La bouche, pleine de fraîcheur, allie ampleur et tension, avec une matière ronde, moelleuse, enrobante, et une fine acidité tonique qui étire le vin en longueur. L'ensemble est très bien équilibre, dominé par l'abricot bien mûr, complété par la violette et la fumée. 

La finale  est énergique et savoureuse, avec de superbes amers qui évitent toute lourdeur, et toujours ces belles notes fumées/grillées qui perdurent. Excellent rapport qualité/prix (bis) !



 50% de Grenache Blanc, 25% de Roussanne et 25 % de Viognier.

Sans sulfites ajoutés

La robe est d'un or intense, brillant. 

Le nez est riche, sur les fruits jaunes rôtis et les agrumes confits, avec une fine touche fumée / grillée. 

La bouche est fraîche,  tendue, étirée par une fine acidité traçante, tout en déroulant une matière mûre, concentrée, aussi moelleuse que séveuse, sur une aromatique proche du nez, complétée par la réglisse. 

La finale prolonge la dynamique de la bouche en intensifiant les saveurs et concentrant la matière, et se permettant une grande fraîcheur finale, sur l'agrume confit et le noyau d'abricot. Superbe vin sans soufre !



80% Syrah,  20 % Mourvèdre

La robe est pourpre très sombre, limite opaque. 

Le nez est très beau, sur les fruits noirs, la violette, le poivre fumé, la baie de genièvre... 

La bouche est droite, élancée, pleine de fraîcheur, avec une matière finement veloutée, alliant un fruit noir intense à des notes lardées,  mais aussi florales. 

La finale prolonge la dynamique avec encore plus de fraîcheur et de peps, sur la myrtille et le cacao en poudre.

Là aussi, superbe vin sans soufre !


Laia 2018 (8.50 €)

80% Syrah,  20% Grenache

La robe est pourpre très sombre, opaque. 

Le nez est gourmand et classieux,  sur les fruits noirs, le graphite, l'encens et la violette. 

La bouche est énergique, tendue, fraîche, avec  une matière souple, fruitée, aux accents minéraux / fumés, mais aussi floraux. 

La finale ne change rien à la donne, avec toujours autant de fruit et de fraîcheur, et une belle persistance sur la violette et le poivre fumé. Excellent rapport qualité/prix (ter) !


Espéranto 2019 (9.90 €)

60 % Syrah,  20% Carignan, 20 % Grenache

La robe est pourpre très sombre, opaque. 

Le nez est très séducteur, mêlant la prune au tabac blond et la violette, ainsi que des notes d'ardoise chauffée au soleil. 

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une matière à la fois fine et concentrée qui vous nappe tout le palais. Le fruit est bien présent, sans en faire des tonnes, contrebalancé par de forts accents minéraux et une fraîcheur intense. 

La finale est superbe, avec un fruit éclatant, une minéralité encore plus marquée, de classieuses notes de violette et de fumée. Exaltant ... et rapport qualité/prix démentiel !

Armandélis 2019 (11.50 €)

80% Syrah,  20 % Mourvèdre

La robe est  pourpre très très sombre, totalement opaque. 

Le nez est gourmand, sur la crème de fruits noirs, avec une touche d'encens et de lard fumé. 

La bouche est ronde, ample, opulente, avec une matière élégante, faussement légère, dotée d'une grande profondeur sous ses airs vaporeux. 

La finale poursuit dans l'élégance sans l'air d'y toucher, sur la framboise, le poivre blanc et l'encens, avec une belle persistance minérale / fumée. Très très bon !