mardi 31 mai 2022

La beauté intérieure de John Wine


Clairement, l'étiquette peut décourager l'acheteur de tenter l'aventure signée John Wine. Si le domaine Cazes a voulu se démarquer de la concurrence, c'est réussi. Mais je ne suis pas certain que ça permettra de conquérir l'amateur. Et pourtant, cette cuvée est vraiment très bonne. On peut même considérer qu'elle fait partie de nos meilleurs vins rouges sans sulfites ajoutés. J'en avais servi il y a peu à une soirée d'un club oenophile. Il a fait l'unanimité ! Sa botte (de cuir) secrète: les 10 % de mourvèdre qui apportent ce supplément d'âme et de fraîcheur (complétés par 50 % de syrah et 40 % de grenache). 

La robe est pourpre sombre, à peine translucide. 

Le nez est mûr, gourmand, sur la crème de fruits noirs, le pain qui sort du four et les épices. 

La bouche est ronde, ample, enveloppante, avec une matière dense finement veloutée, charnue, au fruit mûr , intense, souligné par des notes fumées. 

La finale délivre une mâche savoureuse, avec un fruit encore plus intense, une fumée un peu plus marquée, et puis du laurier, du cacao et de la cerise noire.

À noter qu'il ne fait que 13.5 % d'alcool, ce qui est faible dans le Roussillon et ajoute à sa buvabilité. 


jeudi 19 mai 2022

Un Uchaux frais et sans sulfites

 

Cela fait quelques années que le Coteaux des Travers produit une cuvée sans soufre ajouté. Mais elle a changé régulièrement de nom et d'appellation. Sur 2021, elle est en Côtes du Rhône Massif d'Uchaux. Et c'est sans nul doute la plus réussie de la série. Elle est absolument incritiquable et peut être bue par tout amateur de vins, même ceux qui d'ordinaire se méfient des vins "nature". Pour ne rien gâter, il est d'une belle fraîcheur aromatique : l'effet millésime ne doit pas y être pour rien. Mais également la présence de mourvèdre (qui devrait être obligatoire dans tout assemblage sudiste). Et tout ça pour un prix plutôt doux : 10.50 €. 

La robe est pourpre très sombre, peu translucide. 

Le nez est fin, sur la confiture de mûre et les épices douces. 

La bouche allie ampleur et tension, avec un fil invisible qui étire le vin tout en offrant une matière dense et mûre, veloutée, soulignée par une forte minéralité qui apporte de la sève et de la profondeur. 

La tension se prolonge en finale, la minéralité aussi, encore plus "pierreuse",  sur les fruits noirs mûrs et les épices, avec une persistance sur la craie, le poivre et le laurier. Et une sensation de fraîcheur qui ne veut plus vous quitter :-)



mardi 17 mai 2022

Julien Auroux : sans bois ni baratin

Nous venons de recevoir les nouveaux millésimes des vins de Julien Auroux.  2021 pour les blancs et le Blablabla, 2020 pour le Sans bois  ni loi rouge. J'avais eu l'occasion de les déguster en février dernier lors d'un passage au domaine et je les avais adorés.  La mise en bouteille ne les a pas rendus ingrats, et c'est une bonne nouvelle. Il n'y a que trois bouteilles sur la photo parce que la 4ème ferait désordre, l'étiquette étant placée nettement plus haut...

La robe est or clair, brillante. 

Le nez est gourmand, sur la pomme chaude, le citron confit, les fleurs blanches et quelques épices. 

La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec une matière finement pulpeuse, savoureuse, souligné d'un léger trait de gaz carbonique. 

La finale gagne en concentration et en tonicité, avec des jolis amers (écorce d'agrume) qui  se mêlent à la pomme chaude, et une bonne persistance sur les notes crayeuses, épicées et salines. 



La robe est jaune paille brillante. 

Le nez est riche, intense, sur les fruits blancs rôtis au beurre contrebalancés par des notes d'agrume confit et une touche de fumée (rappelons que le vin ne voit pas le bois). 

La bouche allie ampleur et tension,  avec une fine acidité traçante qui étire le vin, et une matière ronde, enveloppante, très friande, d'une grande intensité gustative. 

La finale est une explosion de saveurs et de sensations, doublée d'une fraîcheur hyperlative, avec une persistance sur la pomme chaude beurrée et la fumée. J'a-dore !


La superbe robe translucide est d'un grenat profond. 

Le nez est fin, fruité, sur la cerise et la mûre, avec une légère touche yaourtée. 

La bouche est ronde, ample, pleine de fraîcheur, déployant une matière souple, fine, au fruit intense, formant un ensemble digeste, très bien équilibré. 

La finale dévoile une mâche gourmande, savoureuse, encore plus fruitée, avec une persistance sur la mûre et les épices. 




La robe est grenat très sombre, peu translucide.  

Le nez est fin, gourmand, sur la confiture de mûres qui mijote, complétée par une pincée d'épices. 

La bouche est ronde, très ample, enveloppante, avec une matière dense au toucher velouté,  et toujours cette mûre gourmande et les épices qui l'accompagnent. 

La finale déroule une mâche charnue, pulpeuse, pétante de fruit, avec une persistance sur des notes poivrées et salines.  

lundi 16 mai 2022

Galets 2021 : encore meilleur que 2020

Je n'avais pas prévu d'ouvrir de sitôt le nouveau millésime de la Cuvée des Galets des Vignerons d'Estezargues, mais nous avons eu un retour négatif d'un client à son sujet. J'ai donc "sacrifié" une bouteille pour voir si elle ressemblait à sa description. Eh bien, pas du tout. Ce 2021 est encore meilleur que le 2020 (et un peu moins alcoolisé, en plus). On va dire que c'est un problème de bouchon – ça arrive – mais le vin est en lui-même irréprochable. Il y en a même qui sont nettement plus chers et nettement moins bons...

La robe est grenat sombre bien translucide. 

Le nez est fin et tentateur, sur la framboise confite, la violette, l'encens et le poivre blanc. 

La bouche est ronde, ample, finement veloutée, avec une matière douce, enrobante, au fruit gourmand et épicé. 

La finale dévoile une accroche canaille qui fait claquer la langue de plaisir, avec un retour de la framboise et du poivre, et une persistance sur les épices douces. 

vendredi 13 mai 2022

Le retour des pépettes

Comme chaque année, les Pépettes reviennent avec le beau temps. Et c'est toujours un plaisir de les redécouvrir, d'autant que c'est le retour de l'apéro sur la terrasse, et y a pas mieux que cette cuvée 100 % Muscat petit grain pour l'accompagner (et ça marche sans terrasse, en plus). Beaucoup d'entre vous ont dû voir les raisins qui lui ont donné naissance, car chaque année, les chaînes TV y passent en août pour filmer les premières vendanges du millésime. Malgré cette précocité, les raisins sont bien mûrs. Et c'est pour ça que nous sommes pépétophiles !

La robe est or clair aux reflets argentés. 

Le nez est charmeur, sur la fleur d'oranger, la rose, l'abricot mûr .... et le muscat, tout simplement. C'est expressif, sans que ça tombe dans l'exubérance. 

La bouche est ronde, fraîche, désaltérante, avec bien sûr une aromatique muscatée, mais là encore, ça n'en fait pas des tonnes. Et surtout, il n'y aucune note végétale, assez souvent présente dans les muscats secs. 

La finale est tonique avec une belle amertume – très noyau d'abricot–  qui fait son apparition et apporte une touche traçante, complétée par des notes de verveine, avec une persistance sur l'abricot et la rose. 

A 8.50 € la bouteille (7.95 € par 6), il n'y a rien à dire, à part "mettez-moi z'en douze !"



mercredi 11 mai 2022

Pin'Oh ou Syr'Ah ?

 

Ces deux cuvées signées Jean-Louis Denois risquent d'avoir un goût de trop peu. Dès le lancement, il nous a annoncé que les quantités seraient limitées car contrairement à son Pet'Nat (momentanément en rupture), les raisins proviennent de son domaine en bio depuis 2008. C'est bien dommage, car les deux sont vraiment réussies, chacune dans son style. En effet,  malgré la couleur qui est proche, ce qu'il y a dans le verre n'a pas grand chose à voir. Le pinot noir, c'est le pinot noir, et la syrah ... la syrah. 



Syr'Ah !  (10.90 €)

La robe est entre le rose bonbon et le rose framboise. 

Le nez est tentateur, sur les petits fruits rouges confits et les épices douces. 

La bouche est ronde, ample, éclatant de fruit et de fraîcheur, avec des milliers de micro- bulles qui vous envahissent le palais  et une aromatique intense sur la framboise, soulignée de poivre blanc. L'ensemble est digeste  (11 % d'alcool) et d'une rare gourmandise. 

La finale tonique confirme ces impressions, en y ajoutant une fine mâche crayeuse et une noble amertume (écorce d'orange confite, léger quinquina), avec toujours la framboise dans le premier rôle, encore plus pimpante. 


Pin'Oh ! (10.90 €)

La robe est d'un joli rose bonbon (sans colorant artificiel). 

Le nez est très discret, avec juste quelques notes fermentaires, une touche d'épices et une pointe d'agrume.  Avec l'aération, les fruits rouges arrivent sous la forme de griotte acidulée.  

Dès l'attaque en bouche, vous êtes happé par une tension qui ne vous lâche plus jusqu'en finale. La matière est ronde, fraîche, avec un fruit plus discret  que la cuvée Syr'Ah,  mais tout de même bien présent, dans un style sobre / élégant. Itou pour les bulles, plus raffinées et crémeuses, qui rappellent plus un champ' qu'un pet'nat.  À cela s'ajoute une vinosité de belle intensité, ne manquant pas de race. 

La finale poursuit la tension de la bouche avec toujours cette finesse et cette élégance, mais aussi une concentration des arômes, amenant une vinosité accrue. Elle est contrebalancée par des sucres résiduels (8 g/l) à peine perceptibles tellement l'équilibre est optimum, avec une persistance sur la framboise et les épices.

lundi 9 mai 2022

Météore, j'adore !

 

Les météores, contrairement aux astéroïdes, arrivent sans prévenir. Celui-ci était sur mon bureau ce matin. Comme je suis curieux de nature, je l'ai goûté. Et c'était p... bon ! Même pas besoin de dire au chef d'en acheter : il y en avait déjà plusieurs cartons sur une palette livrée vendredi. Et le voilà déjà "vedette du jour" sur mon blog. Si c'est pas une ascension rapide !

Pour résumer; on va dire que c'est le "petit vin" du Domaine du météore dont je vous ai déjà parlé. Il a la bonne idée d'ajouter un peu de mourvèdre à la syrah et au grenache. Le petit plus qui fait toute la différence. Le rapport qualité/prix (9.90 €) me semble particulièrement bon. 

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est fin, complexe, sur le coulis de mûre, le laurier, le poivre, la violette, la garrigue... 

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière plutôt dense,  à la texture douce, charnelle, finement  pulpeuse,  et un fruit bien présent, gourmand,  souligné par une minéralité affirmée, et toujours cette violette en arrière-plan. 

La finale gagne en concentration, avec une mâche tonique  encore plus gourmande, sur un mix cerise noire / cacao / violette / fumée des plus irrésistibles.




jeudi 5 mai 2022

Seibel Authentique : s'il n'y avait qu'un rosé à boire...

 

Ce n'est pas la première fois que je vante les qualité de ce rosé issu de Seibel signé Vin & Pic. Ni sans doute la dernière. Car c'est certainement l'une des plus belles pépites du site. On est au niveau des meilleurs Tavels pour un prix nettement moindre (8.50 €). Et je gage qu'il fasse aimer le rosé à ceux qui disent le détester.  

Le Seibel est un cépage hybride créé au début du XXème siècle (par Monsieur Seibel) afin de résister au phylloxera. Mais lorsque les AOC furent créées dans les années 30, ils furent abandonnés au profit des variétés anciennes sur porte-greffe. Il en reste encore quelques pieds ici et là, dont cette très vieille parcelle dans le Forez. 

La robe est rouge vermeil, brillante. 

Le nez est intense, sur la liqueur de framboise, la grenadine, l'orange confite, les épices douces. On pourrait avoir l'impression que le vin est liquoreux. 

C'est détrompé par une bouche longiligne, tendue par une acidité arachnéenne, offrant une matière intense, vineuse, au toucher moelleux / séveux, équilibrée par une inattendue fraîcheur aromatique et un fin filet de gaz carbonique. 

La finale prolonge la tension de la bouche tout en gagnant encore en intensité, avec une fraîcheur qui monte crescendo, suivie de près par les fruits rouges confits et les agrumes, et une longue persistance sur les épices et le quinquina. Ce vin est tout simplement incroyable ! 





mercredi 4 mai 2022

La potion de Marcel est magique !


Il y a bientôt trois ans, j'avais écrit un commentaire sur ce blog à propos de la Potion de Marcel d'Émile et Rose où j'avais comparé ce vin à un "rive gauche" bordelais.  Sur le site, j'avais ajouté "Au risque de décevoir les fans de la première version, ce vin est beaucoup plus classique que le précédent, autant dans l'aromatique que la structure. Néanmoins, nous connaissons  assez peu de vins languedociens qui ont ce profil frais et élégant, sans aucune note "sudiste". Et nous sommes prêts à parier que le vieillissement va énormément le complexifier. Car lorsque le fruit aura perdu de sa prédominance, les 8 cépages qui composent le vin vont beaucoup plus s'exprimer, et il va y avoir une vraie symphonie dans le verre !"

Trois années ont passé, donc. Et effectivement, le vin a bien évolué tout en donnant l'impression qu'il a encore quelques années devant lui. Car oui, il nous en reste encore quelques cartons. À l'époque, nous en avions acheté pas mal, car le millésime précédent avait fait un malheur. 

Ce vin est également le dernier témoignage du travail de Caroline et Marcel Gisclard.  Toutes les autres cuvées du domaine ont été vinifiées par les nouveaux propriétaires (qui sont là-bas depuis 3 ans, maintenant).  La prochaine potion sera certainement très différente. Je vous en parlerai quand on la recevra !

La robe est rubis profond, sans trace d'évolution. 

Le nez est fin , complexe, sur le pot-pourri floral, le sous-bois humide, la cerise confite et les épices douces.

La bouche est ronde, très ample, enveloppante, dotée d'une grande fraîcheur aromatique qui apporte du du dynamisme et de la tension. La matière est  profonde, séveuse, plus dense qu'elle n'y parait pas au premier abord. Aromatiquement, les fruits confits se mêlent à des notes résino-balsamiques.  

La finale prolonge la tension de la bouche tout en présentant une matière plus concentrée, mais encore plus fraîche et séveuse, sur les fruits noirs confits et la garrigue, avec une grande  persistance sur la réglisse, le menthol  et le poivre cubèbe. 

lundi 2 mai 2022

Ca sulfit .... mais on en veut encore !

 

La gamme Ça sulfit  de l'Ancienne Cure est vraiment l'une des plus recommandables dans l'univers des vins "nature". Financièrement comme gustativement, elle est accessible à tous. Comme par exemple ce Pet Nat, composé à 70 % de Chenin et 30 % Sauvignon qui est une pure gourmandise très rafraîchissante,  au point où l'on se demande si elle contient bien 75  cl  de vin, car elle se descend à vitesse grand V !

 La robe est jaune pâle, voilée, avec un fin cordon de mousse. 

Le nez est fin, sur la poire, la pomme fraîche, le miel d'acacia, la fleur de tilleul... 

L'attaque en bouche est très fraîche,  tonique, avec une matière croquante, finement pulpeuse, portée par des milliers de micro-bulles frétillantes, sur une belle aromatique de poiré normand, complété par des notes florales.

La finale est très "Chenin", avec ce mix entre astringence et amertume (citron / pomelo), avec une persistance sur la citronnade et des notes crayeuses.