mercredi 31 mars 2021

Vous avez dit Atypique ?


Tout amateur curieux qui voit cette contre-étiquette de vin sera interpelé :


On comprend mieux le nom de la cuvée : cet assemblage a priori improbable est certainement unique en France. L'année dernière, nous en avions eu très peu. J'avais donc fait l'impasse sur une dégustation. cette année, nous en avons reçu nettement plus – le domaine vendant d'habitude beaucoup aux restaurateurs locaux. Je peux donc vous en parler sans avoir peur d'en manquer. 

Je ne sais pas si le producteur a craint une forte montée des degrés en août 2020, mais il pris les devants en ramassant tôt. Résultat : il n'a que 11.5 % d'alcool, ce qui devient rare de nos jours. On sent tout de même qu'il aurait pu pousser un peu plus la maturité, histoire d'avoir une aromatique plus gourmande. Pour l'heure – la mise en bouteille est toute récente – c'est un brin austère.  

La robe est or très pâle, aux reflets argentés. 

Le nez est fin, frais, mêlant le végétal du bourgeon de cassis et de la menthe à l'exotisme de l'ananas. Débarquent aussi l'agrume (pomelo, citron) et le minéral (pierre chaude, fumée). 

La bouche est élancée, tonique, sans qu'il n'y ait d'acidité perceptible – on est sur une fraîcheur diffuse –  avec une matière ample, douce, enveloppante. Aromatiquement, le fruit jaune mûr prédomine, équilibré par une fin trait végétal. 

On retrouve ce dernier en  finale, tenant lieu de colonne vertébrale, avec un retour du citron et du pomelo, et une étonnante persistance sur la pomme verte. 

lundi 29 mars 2021

Terrasses de Gabrielle : les nouveautés !


Comme tous les ans, les nouveautés des Terrasses de Gabrielle arrivent en même temps que le printemps. Sur les trois premières cuvées, nous sommes en 2020, et prouve une fois de plus que ce fut une belle année viticole même si ce fut par ailleurs une annus horribilis. Sur les deux rouges suivants, je trouve qu'il y a un gros gros mieux par rapport aux millésimes précédents qui  ne m'avaient pas emballé, même si je reste nostalgique des vins de 2013-2014, "avant"  le réchauffement climatique. Mais bon, faut que j'arrête d'y penser. Ca ne reviendra pas... 

Huracan 2020 (9.90 €)

Grand cépage grec X Grand cépage espagnol

La robe est or pâle, brillante. 

Le nez  est fin, profond, sur le citron confit, l'ananas frais, avec une touche de pierre humide. 

La bouche est très ample, aérienne, enveloppante, déroulant une matière douce, caressante, très fraîche, le tout étiré par une tension classieuse. L'ensemble est harmonieux, d'une évidence totale, avec ce qu'il faut de minéral, de pierreux, sans que ce soit ennuyeux.   

La finale dynamique prolonge la tension sans faillir, sur l'ananas et  le fruit de la passion, avec une bonne persistance sur des notes crayeuses et citronnées (et même un peu poivrées). 

Kalash 2020 (9.00 €)

70 % Altesse et 30 % Petit Manseng

La robe est jaune pâle, brillante. 

Le nez est plutôt discret, sur la poire mûre, la bergamote et la pierre chauffée au soleil.

La bouche est droite, longiligne, avec une matière dense, séveuse, tellement concentrée qu'elle enrobe une acidité qui devient imperceptible. On est sur un vin sérieux, limite austère, doté d'un extrait sec impressionnant, qui gagnera à être attendu pour profiter des arômes tertiaires des deux cépages. 

La finale est encore plus intransigeante, avec une noble amertume prononcée (écorce d'agrume, quinquina), et des notes salines et épices qui persistent longuement. 

Ponpon le cheval 2020 (7.25 €)

100 % Counoise

La robe est grenat bien translucide. 

Le nez est appétant, sur la cerise, la framboise et le poivre blanc,

La bouche est ronde, fraîche, super-fruitée, avec une matière très fine, soyeuse, d'une irrésistible gourmandise. L'équilibre est topissime, d'une torchabilité maximum. 

La finale est toute aussi fraîche et fruitée, encore plus gourmande et addictive, vous donnant une méchante envie d'y retourner encore et encore... 


Syrah, Grenache et   Mourvèdre

La robe est pourpre très sombre, presque opaque. 

Le nez est fin, intense, sur la crème de fruits noirs, la réglisse et des notes de garrigue résineuses. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, dotée d'une matière dense et mûre, charnue, et de tanins qui gagnent progressivement en intensité. 

La finale délivre une mâche solide, avec toujours cette aromatique de fruits noirs, de réglisse et de notes résino-balsamiques qui persistent agréablement. 


Syrah (35%), Lledonner Pelut (35%), Mourvèdre (20%) et Carignan (10%) 

La robe est grenat très sombre, aux reflets violacés. 

Le nez est riche, sur les fruits noirs confits, la laurier, le chocolat noir et le pain grillé. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, tout en déployant une matière imposante, très mûre, à la chair dense et pulpeuse. On retrouve les arômes du nez avec en plus des notes de menthol et d'eucalyptus qui apporte une fraîcheur bienvenue. 

La finale délivre une mâche crayeuse affirmée, dont l'austérité est contrebalancée par la palette aromatique généreuse et décadente : confiture de cerise noire, pain d'épices, moka, réglisse, cacao...

Avec l'aération (rebu trois jours plus tard), le vin gagne en tension, en finesse et en fraîcheur, avec un gros "menthol" final. C'est très très bon !

vendredi 26 mars 2021

Ça bouge à Cazaban (1) : les rouges

Le domaine de Cazaban a changé de main en 2017. Clément Mengus a passé le relais à Emmanuel Taillet. Comme celui-ci n'était pas vigneron de formation, il a eu la lucidité d'embaucher un homme du métier en la personne de Joseph Parcé. Si son nom dit forcément quelque chose aux amateurs du Roussillon, son prénom peut-être moins. Sachez donc qu'il a dirigé la Préceptorie de Centernach durant une dizaine d'années. Il y a quelques jours, Emmanuel est passé nous voir pour nous faire déguster sa production. Eh bien, ce fut une grosse baffe ! On sort clairement de l'appellation Cabardès pour la plupart des cuvées, mais vu ce qu'il y a dans le verre, on pardonne volontiers ces écarts  à l'équipe de Cazaban. Mieux, on en redemande !

C' les amis 2019 (15.00 €)

100 % grenache  noir

Macération à froid de 10 jours, pressurage,  puis vinif et élevage en fûts de 500 l à 18 °C

La robe claire est entre le vermillon et l'incarnat, avec des reflets orangés. 

Le nez est très fin, sur la fraise confite, l'orange sanguine, le pain grillé et les épices douces. 

La bouche est très (très) ample, (hyper) aérienne, dotée d'une matière qui mérite à peine ce terme tant elle est quasi-impalpable : c'est plus une caresse délicate qui vous effleure les papilles, distillant des notes d'oranges amères, de fruits rouges confits, de fleurs séchées et de tabac hollandais. Il y a également une belle vinosité rappelant certains champagnes "blanc de noirs".  L'ensemble est d'une harmonie et d'une évidence totales, et en même temps, très émouvant : on a enfin l'impression de rencontrer en vrai  le grenache de nos rêves !

Dieu merci, la finale est totalement raccord : si le vin gagne en intensité, on conserve la même trame, avec juste plus de sève et d'énergie, et une belle persistance sur le curaçao, le cuir de Russie, les épices grillées... 


Jours de vigne 2018 (10.90 €)

51% Syrah, 48% Grenache, 1% Carignan

La robe est pourpre très sombre, limite opaque. 

Le nez est gourmand et complexe, sur les fruits noirs frais et confits, des notes résino-balsamiques, l'écorce d'agrume...

La bouche est ronde, ample, veloutée, déployant une matière douce, finement pulpeuse, qui vous nappe tout le palais, et évoque la cerise noire, la mûre et le cacao. 

La finale possède une (subtile) mâche gourmande, délicieusement mordante, avec un fruit plus frais et expressif qu'en bouche, complété par l'orange sanguine et les épices. Un régal d'une fausse simplicité


Parti pris 2019 (18.00 €)

100 % Pinot noir

Causse calcaire de Montolieu

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est  fin, profond, sur la cerise rouge et noire, le poivre timut, les épices douces... 

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une matière enveloppante d'une grande finesse, à la fois mûre et fraîche, harmonieuse, donnant un sentiment de quiétude totale. Vous êtes bien

La finale prolonge la bouche sans la moindre interruption,  se contentant d'apporter en sus des notes plus terriennes et épicées, avant de partir sur la cerise confite, soulignée par le café et l'écorce d'orange.  Vous êtes bien (bis). 


Les petites rangées 2018 (15.00 €)

60 % syrah,  40 % cabernet-franc

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est superbe, complexe, alliant le fruit noir confit à des notes fraîches et mentholées; le poivre cubèbe, le ciste... 

La bouche possède la tension et la fraîcheur du cabernet-franc, tout  en exprimant avec force les épices et la jutosité veloutée de la syrah,  formant un ensemble cohérent et enthousiasmant. Euh non, carrément jouissif. On est dans le Cabardès dans toute sa splendeur, alliant la fraîcheur océanique à la générosité méditerranéenne.

La finale préserve la tension de la bouche, mais apporte encore plus de fruit et de gourmandise, tout en excluant pas la race, le style (et la fraîcheur – au risque de se répéter). C'est su-per-be !


jeudi 25 mars 2021

Crémant chardonnay de Neumeyer : y a bon !!!

Je n'avais pas encore eu l'occasion de déguster le Crémant d'Alsace Chardonnay de Neumeyer. Vu que tout ce que j'avais bu jusqu'à présent était au minimum très bon, je ne m'en faisais pas trop. Eh bien, j'avais raison de ne pas m'inquiéter. Cette cuvée est raccord avec le reste de la gamme : on se régale sans se prendre la tête. Ce n'est pas d'une complexité folle, mais qu'est-ce que c'est bon ! C'est bien sûr bio, raisonnablement sulfité (33 mg/l de SO2 total) et d'un bon rapport qualité/prix (12.50 €). 

La robe est jaune pâle, brillante, parsemée de fines bulles. 

Le nez est fin, frais, sur le zeste de citron confit, le pomelo et la craie humide. 

La bouche est tonique, vous happant par sa fraîcheur dès l'attaque, avant de déployer une matière ronde, aérienne, finement pulpeuse, parsemée de milliers de  micro-bulles apportant un toucher crémeux. L'ensemble est d'une élégante légèreté, telle une brise qui vous caresse agréablement tout le palais. 

La finale est nette, savoureuse, mêlant la crème au citron à la noble astringence de la craie et de l'écorce de pomelo. La craie finit par prendre le dessus et à persister longuement, complétée par la bergamote. 

On l'imagine bien sûr à l'apéritif, mais il devrait superbement faire le job avec un carpaccio de Saint-Jacques ou de bar accommodé de zestes d'agrumes,  ou  pourquoi pas un risotto aux asperges ?  

mercredi 24 mars 2021

Quand les Terres blanches voient rouge...


Eric R. et moi avions découvert les vins des Terres blanches à la Levée de la Loire à Angers. Ils ont une présence et une authenticité qu'il est difficile d'oublier. A peine avions-nous un peu plus de place dans notre nouvel entrepôt qu'Eric R a fait une commande chez Céline et Benoit Blet. Leur spécificité est d'être à l'extrême sud de l'Anjou puisqu'ils sont dans les Deux-Sèvres, près de Thouars. Je vous parle de leurs rouges aujourd'hui, mais leurs blancs valent aussi le détour. Le Gamay de Bouze est dans un registre plus classe que ceux que j'ai pu boire jusqu'à présent. Et Anjou Démon est un cabernet d'une impressionnante densité, avec un très beau travail sur les tanins, d'une grande douceur. Du bel ouvrage, quoi !

Gamay de Bouze 2018  (18.50 €)

La robe est grenat bien sombre, presque opaque. 

Le nez réussit à être à la fois gourmand et classieux, sur les fruits rouges et noirs confits, le noyau de cerise et les épices finement cacaotés. 

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière dense et veloutée, enrobante, d'une grande fraîcheur aromatique, et un fil invisible qui étire celle-ci autant que possible, sans la faire craquer (le dégustateur, c'est  une autre histoire). L'ensemble est harmonieux, d'une sensualité distinguée (la robe noire qui couvre tout mais ne cache rien). 

On retrouve en finale le velouté, la fraîcheur et cette grande distinction, mais à un degré supérieur, soulignés par une fine mâche crayeuse, avec une persistance sur la cerise noire (et son noyau), le cacao. 

Anjou  démon 2019 (17.50 €)

100 % Cabernet-Franc

La robe est pourpre très très sombre. 

Le nez est du genre brun ténébreux, sur le cassis, l'encre, le graphite,  le poivre noir, avec une pointe de volatile. 

La bouche est élancée, avec elle aussi le "fil invisible" qui fait le job, et déploie une matière d'une impressionnante densité, tout en réussissant à la rendre sensuelle, caressante, et très fraîche et équilibrée malgré les 14 % d'alcool, imperceptibles. 

La finale poursuit dans la fraîcheur et lui ajoute la tonicité : c'est enlevé, réjouissant, avec toujours une tannicité remarquablement maîtrisée, et un p... de fruit vibrant, renforcé par un obsédant menthol. 

lundi 22 mars 2021

Léonides blanc : la magie des schistes


Jusqu'à maintenant, le domaine du Météore ne nous a jamais déçu. Et ce ne sera pas le cas non plus avec ce Léonides blanc qui coche toutes les cases des vins qu'on aime. Comme je l'écris un peu plus bas, il fait partie de ces cuvées "tout public" qui séduira autant le néophyte que l'amateur pointu (je vous épargne l'écriture inclusive, mais je pense également aux femmes lorsque j'emploie ce masculin "généralisateur" ). Rarement un vin qui contient de la roussanne m'a autant séduit, car je la trouve souvent lourdaude. Ici, les schistes de Cabrerolles lui apportent de la finesse et de la tension et réussissent à la rendre addictive, ce qui n'est pas un mince exploit...

La robe est jaune très pâle, brillante. 

Le nez est expressif, sur les fruits jaunes (abricot, melon), la violette, le chèvrefeuille, avec une touche fumée des plus racées. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible – la magie des schistes –  et déroule une matière mûre, plutôt dense, tout en étant  fraîche, "caillouteuse" à souhait, avec toujours ces notes fumées qui ne viennent pas de l'élevage puisqu'il se fait en cuve inox. Le tout est très bien équilibré, (trop ?) facile à boire, et en même temps, il réjouira les amateurs de vins de terroir, marqués par la minéralité. 

Le fil invisible ne se rompt pas dans la finale, mais tout se concentre, s'accentue, particulièrement les amers qui évoquent l'écorce d'orange séchée. On a aussi pas mal d'épices, du fenouil qui vous embarque en Provence. Et puis la fumée revient comme un leitmotiv et persiste longuement, soulignée par une agréable touche citronnée. 



vendredi 19 mars 2021

À p'tit Vaillant, rien d'impossible !

Pour être honnête, je ne m'attendais pas à être ébloui par ce P'tit Vaillant 2019, car le 2018 ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable – même s'il n'était pas mauvais, hein. En fait, j'espérais surtout qu'il ne contienne pas de gaz carbonique, car ceux qui me lisent ici savent que ça m'agace dans les vins rouges – dans les blancs, j'aime plutôt bien. Je débouche donc avec un peu d'appréhension. Je m'en verse un verre. Déjà, la robe est un peu plus claire que l'année dernière – sans ressembler aux Grenadines de Carrel. Mais c'est surtout le  nez qui m'interpelle : il ne fait pas du tout brut de cuve, avec des notes fermentaires ou amyliques : on a au contraire un nez de cabernet-franc complexe, profond. Faut savoir qu'il y a du groslot dedans ! Allez, on goûte : c'est étonnamment fin ... et sans gaz ! Ouf. Et plus je goûte, plus j'aime. Et plus j'aime, plus je goûte. Décidément, j'ai l'impression que Jean-François Vaillant essaie de piquer le titre de magicien du vin à Alain Tourenne de Château Beynat. Il m'avait déjà impressionné il y a une quinzaine de jours avec son Pineau d'Aunis. J'ai déjà hâte d'ouvrir une nouvelle cuvée du domaine ! 

 La robe est grenat sombre translucide aux reflets pourpres. 

Le nez est fin, profond, sur le cassis (fruit frais et feuille), la ronce, l'âtre de cheminée, avec fine pointe mentholée. 

La bouche est toute aussi fine, élancée, avec une matière souple, soyeuse, s'ébaubissant avec grâce dans le palais,  et diffusant une aromatique étonnamment complexe sur le floral (violette, rose), le fruité (cassis, griotte), l'encens, le poivre fumé... Tout en étant d'une fraîcheur insolente et d'une grande digestibilité (11.5 % Alc). 

La finale est divinement mordante, avec une matière qui se condense l'espace d'une fraction de secondes avant d'exploser et de vous en mettre plein les papilles, cassis en tête, suivi par la violette, la ronce, l'encens.... pour finir la rose fanée qui persiste agréablement.  

Tout ça pour 9 € la bouteille. Est-ce vraiment raisonnable ? 

jeudi 18 mars 2021

Bonnets blancs : toujours aussi bon en 2020 !

En deux ans, Les bonnets blancs de Bonnet-Huteau sont devenus une valeur sûre de Vins étonnants. Et ce n'est pas le 2020 qui devraient démentit son succès, car ce vin est vraiment "multi-public" : il plaira autant aux amateurs qu'aux "non-initiés", et ravira tout aussi bien les mordus de la minéralité que ceux qui recherchent simplement un vin frais, mais pas acide. Il y a même un petit clin d'oeil aux fans du Sud-Ouest, avec des notes exotiques qui peuvent rappeler le manseng, qu'il soit gros ou petit – ici, nous ne faisons pas de discrimination... 

La robe est jaune très pâle, aux reflets verts-argentés. 

Le nez est discret, sur le fruit de la passion, le zeste de citron,  la pierre humide et les embruns. 

La bouche est ronde, fraîche, tonique, avec une matière friande et savoureuse parsemée de milliers de micro-bulles. Aromatiquement, on reste dans le registre citron / pierre, même si la seconde a tendance à prendre le dessus. Y a d'la pomme verte aussi, renforçant le côté désaltérant. 

Ce dernier se renforce en finale grâce au fameux duo amertume/astringence évoquant l'écorce de pomelo jaune, avec une persistance sur des notes crayeuses et  citronnées – et une pointe d'ananas frais. 

mercredi 17 mars 2021

La révolution grenadine


Les grenadines 2019 était déjà le vin rouge le plus light de la galaxie Carrel. Avec les Grenadines 2020, on franchit un nouveau palier, au point que l'on peut se demander dans quelle catégorie le classer : rouge ou rosé ? Grenadine, peut-être, tout simplement. 

La  robe est entre le vermillon et le pourpre translucide. On ne sait pas trop si on a affaire à un rosé foncé ou à un rouge très clair. 

Le nez très discret évoque les petits fruits rouges, avec une pincée d'épices. 

La bouche est ronde, très ample, dotée d'une fraîcheur éclatante et d'une matière soyeuse quasi-impalpable. Le fruit  (griotte, grenade) est bien présent sans en faire des tonnes, avec juste ce qu'il faut d'épices (poivre, laurier, muscade). On est dans le glougloutissime qui réjouira certains et frustrera les amateurs de vins charpentés. 

La finale est tonique, finement mâchue et acidulée, mêlant les notes fruitées (griotte, orange sanguine) et salines / épicées. 





mardi 16 mars 2021

Existe aussi en blanc...


Il y a un an quasiment jour pour jour, je vous avais parlé de En blanc aussi,  le pét' nat' blanc de Renardat-Fache, producteur reconnu de Cerdon du Bugey. En le relisant, je m'aperçois qu'il y a des points communs, mais aussi quelques différences. Entre autres, une maturité qui semble plus poussée, alors que sur le papier, elle reste la même. En tout, c'est d'une évidence et d'une facilité totale, accessible à tous dans les différents sens du terme. Et cette année, nous en avons acheté un peu plus, histoire de ne pas être en rade au bout d'un mois... 

La robe brillante est d'un jaune paille intense. 

Le nez est bien expressif, sur la pomme rôtie au beurre, la noisette grillée et la  pêche de vigne. Pas de doute : vous êtes en Chardoland !

La bouche est vive, élancée, avec une acidité traçante qui apporte ce qu'il faut de tension, et une matière ronde, fraîche, croquante, à la chair finement pulpeuse, parsemée de bulles toniques qui demandent quelques minutes pour s'assagir. Elles devient alors plus "crémeuses". Aromatiquement, on reste dans l'univers chardonnesque perçu au nez, avec une impressionnante sensation de maturité pour un vin sec à 10.5 % d'alcool. 

La finale est pêchue, dans l'esprit Triple A qui nous est cher : l'Acidité perçue en bouche se prolonge, soulignée par des Amers rappelant l'écorce de cédrat et l'Astringence de la craie et du ziste de citron. Ça vous remet le palais à neuf, et donne l'envie d'en reprendre une p'tiote goutte... 





lundi 15 mars 2021

Eclat de granite 2020 : p... de jus !

Décidément, s'il est difficile d'être nostalgique de l'année 2020 pour de nombreuses raisons, il faut admettre qu'elle a engendré des vins de dingue. Cet Éclat de granite du domaine Sérol le confirme : je n'ai jamais rencontré une telle densité et maturité  dans un vin ne pesant que 12.5 % d'alcool. Cela fait des années que les vignerons se plaignent du décalage entre maturité "alcoolique" (celle du jus) et "phénolique" (celle de la peau). J'ai l'impression que les vendanges précoces de 2020 ont réussi à résoudre cette quadrature de la baie. Résultat : un vin d'une grande expressivité avec une teneur alcoolique étonnamment faible. Merci 2020 !

La robe est pourpre très sombre, à peine translucide. 

À l'ouverture, le nez est un peu bougon/fermé, tout en étant tout de même agréable : fruits noirs sauvages, poivre, ronce, fumée. Avec l'aération, la framboise et les épices douces émergent et finissent par prendre le dessus 

La bouche est tonique, élancée, tout en étant doté d'une belle ampleur, déroulant une matière dense et juteuse, à la la texture veloutée et sensuelle. Seul un peu de gaz carbonique vient perturber le tableau, mais en agitant le verre, il disparaît assez rapidement. Le fruit est d'une grande intensité, la fraîcheur omniprésente. On peut dire sans exagérer que c'est d'la bombe !

La finale délivre une mâche d'une irrésistible gourmandise, avec un fruit encore plus intense – sans jamais être too much – et une sacrée persistance sur la mûre, la cerise noire, le cacao et le poivre. 




vendredi 12 mars 2021

Bourboulenc is back !

Ce serait une faute professionnelle de ne pas déguster le nouveau millésime du Bourboulenc de Christophe Barbier, car il fait partie des vins "historiques" de Vins étonnants. Le 2020 s'avère dans la lignée des précédents, avec peut-être un plus de rondeur que d'habitude. La bonne nouvelle, c'est qu'il reste à un prix très raisonnable, alors qu'une bonne partie du vignoble français inflationne sévère... Une valeur sûre que vous pouvez servir aussi bien à Tata Josette qu'à  un amateur averti. Il devrait plaire aux deux. 

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez évoque les fruits jaunes (pêche, melon) et la sauce au beurre blanc citronnée, avec une pointe de fraîcheur. 

La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec une matière finement pulpeuse, toujours sur les fruits jaunes, mais associés à un léger grillé/toasté dû à l'élevage partiel en barriques. 

La finale est très finement mâchue, sur le lemon curd et le pain grillé, et une persistance épicée. 





jeudi 11 mars 2021

La Madone est parmi nous !


Je vous avais parlé il y a quelques semaines du "petit vin" du domaine de la Madone. Il était excellent, et laissait imaginer le niveau des cuvées "supérieures". L'imagination, c'est bien, mais rien ne vaut le réel. Dans le cas d'espèce, quand bien même la mienne est fertile, je n'avais pas du tout envisagé cette incroyable alliance entre une maturité assumée et une fraîcheur ébouriffante. Tous les vin sont entre 12 et 13 % d'alcool, ce qui est un exploit de nos jours. Alors, c'est sûr, il faut oublier ce que proposait le gamay il y a quelques années : nous sommes dans un autre monde dont nous ne sommes pas prêt de sortir. Mais bon, est-ce plus mal ? Au vu de que j'ai bu aujourd'hui, je dirais non. Je veux bien être condamné à en boire tous les jours !



Sauvignons gris et blanc 2020 (13.90 €)

 Sauvignon gris (60 %)  et Sauvignon blanc (40 %)  sur basalte

La robe est jaune pâle, avec des reflets argentés. 

Le nez est plutôt discret, sur le zeste de citron, la craie humide, et une minuscule pointe de bourgeon de cassis. 

La bouche est à la fois ample et élancée, alliant une matière ronde à la fraîcheur croquante, savoureuse – on mord dans la baie de raisin – et une belle tension qui trace, sans avoir recours à une acidité marquée. C'est gourmand, digeste, (trop ?) facile à boire. 

C'est la finale qui possède le plus de caractère, avec le duo amertume / astringence évoquant l'écorce et la chair de pomelo, et une persistance sur des notes crayeuses et mentholées. 


Dacite 2020  (12.50 €)

Gamay sur granodiorites à dacites

La robe est pourpre sombre, opaque. 

Le nez fin et mûr évoque la crème de fruits noirs, rafraîchie par du cassis frais et des notes de rafle et de poivre du Sichuan. 

La bouche est sphérique,  très ample, vous enveloppant le palais d'une matière douce, caressante, (très) finement veloutée. On se rapproche du toucher "cashmere" de certains GC bordelais. En même temps, une fraîcheur aromatique apparaît dès l'attaque et monte crescendo jusqu'à prendre le premier rôle. 

C'est sans surprise qu'on la retrouve en finale, triomphante, avec ce mix cassis/rafle déjà perçu au nez, complété par des notes d'agrumes –  orange sanguine –  et une prolongation sur le poivre de Cubèbe et le menthol. 

Les Rougeots du Clos 2020 (14.50 €)

Gamay de Bouze Gamay de Chaudenay et Gamaret sur migmatite 

La robe est encore plus sombre. Là, on est dans l'atramentaire (= on dirait de l'encre).

Le nez est superbe, complexe, profond, sur le cassis (fruit et bourgeon), le graphite, la cerise noire, le poivre fumé...

La bouche est longiligne, tendue par une acidité arachnéenne, tout en déployant une matière veloutée, sensuelle, d'une irréelle douceur. Et puis un fruit à la fois mûr et  frais, vibrant, immergeant totalement le dégustateur. 

La finale prolonge ces sensations sans la moindre rupture, se contentant de les intensifier, avec encore plus de fruit et de fraîcheur, tout en gardant cette irréelle douceur. Magnifique !


Gamay's 2020 (14.50 €)

Gamay noir  et Gamay de Bouze sur balsalte

La robe est pourpre sombre, opaque. 

Le nez tonique  marie le poivre au fruit noir mûr et la rafle. 

La bouche est aussi longue que large, pour paraphraser Hubert de Montille*, avec une p... de tension qui ne vous lâche pas  et une matière pulpeuse, veloutée, gourmande, d'une belle fraîcheur aromatique. On a une sensation de plénitude sans l'impression de se murger (12.5 % alc). 

La finale est fraîche, tonique, finement tannique, sur la cerise noire, la myrtille, le poivre, la baie de cassis et la rafle. Délicieux ! 


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* Il faut avoir vu Mondovino pour comprendre... 

mercredi 10 mars 2021

ndd, le revoilou...

Je vous avais parlé en octobre de ndd.pn , le nectar des dieux à base de pinot noir. Il a fait un tabac. Un peu trop, même. Nous avons réussi à en avoir quelques cartons de plus, et après, finito. Lorsque Fabien Jouves nous a proposé un ndd 2020, nous avons cru naïvement que nous repartions sur le même cépage, l'étiquette étant très proche du précédent et le nom de la cuvée pas particulièrement mise en évidence. C'est un client qui nous a avertis de notre erreur : nous sommes maintenant sur ndd.gchm, à savoir grenache cinsault muscat de Hambourg et malbec. C'est sûr que ça change du pinot noir ! On pourrait s'attendre à un vin très floral, voire muscaté. Mais on est en fait plutôt sur une certaine sobriété aromatique. La bouche, par contre se rapproche du ndd précédent en terme de texture, sans avoir l'aromatique incomparable du cépage bourguignon. Au final, même si on est moins remué intérieurement qu'avec la version 2019, c'est tout de même très bon. Encore un vin nature qui a beaucoup de charme !

La robe est entre le grenat et le pourpre translucide. 

Le nez est assez discret, sur les fruits rouges confits, les épices et une légère touche lactée / fermentaire. 

La bouche est ronde, très ample et arienne, déployant une matière diaphane, fraîche, au fruit très expressif. Difficile de ne pas parler du perlant  qui, pour le coup, participe harmonieusement à l'ensemble. Il apporte une colonne vertébrale et titille agréablement la langue. Faut dire qu'il n'a pas de tanins à durcir : il n'y en a pas – ou si peu. Et puis il est délicat, faisant penser à des vieux champagnes – dans le tactile, rien à voir pour le reste. 

La finale est subtilement et délicieusement mordante, avec un fruit croquant légèrement lacté (yaourt)  et une persistance acidulée sur la framboise fraîche, la griotte et les épices. 

On est à 15 € la quille, comme le vin d'hier, mais c'est une bouteille de 1 litre. On peut donc dire qu'il y a 25 % d'offert ;-)

PS : non, nous ne sommes pas sponsorisés par Fabien Jouves – nous n'avons pas eu d'échantillons gratuits, d'ailleurs. C'est juste les circonstances qui font que j'ai mis en avant plusieurs de ses cuvées ces derniers jours. Mais promis, je m'arrêterai là pour au moins un mois ! 

mardi 9 mars 2021

Skin contact : un vin orange d'une grande finesse

Ayant lu récemment un commentaire très positif sur ce Skin-Contact – en version 2019 – je me suis laissé tenté par le millésime 2020 arrivé il y a quelques jours. Nous sommes sur un assemblage improbable et certainement unique de gros manseng, d' ugni blanc et de muscat d’Alexandrie. Avec une macération (égrappée) de trois mois en cuve inox. A priori, on pourrait se dire que ça va être plutôt violent, ou exubérant (ou les deux). Eh bien, pas du tout. C'est d'une inattendue finesse, d'une grande complexité. D'un charme rare pour un "vin orange".  S'il y a un vin de macération à portée de tous, c'est bien celui-là !

La robe est jaune paille légèrement trouble. 

Le nez est fin, frais, sur des notes muscatées, l'abricot, l'ananas et la mandarine. 

La bouche est très ample, sphérique, avec une matière dense et douce qui enveloppe tout le palais, semblant déposer un voile délicat, caressant, parsemée de micro-bulles étincelantes apportant du peps et de la fraîcheur. À ce stade, l'aspect "macération" n'apparaît que dans la structure solide que l'on perçoit très vaguement en arrière-plan. 

C'est dans la finale intense que l'orange pointe son nez : superbes amers évoquant la bigarade, le gingembre et le quinquina, subtile astringence de l'écorce d'agrume et de la craie, puis arrive l'ananas, le pétale de rose, la fleur d'oranger, les épices, sans agressivité aucune. En un mot, superbe !

Pour 15 €, le consommateur n'est vraiment  pas volé...

lundi 8 mars 2021

Pineau d'aunis 2020 : enthousiasmant !

Un client avait commandé deux bouteilles de 100 % Pineau d'Aunis. Problème (qui arrive tous les jours) : il ne restait qu'un 2019, puis on passait en 2020 J'ai contacté le client pour savoir s'il était OK. Oui, aucun souci. Sur le site, j'ai changé le millésime. J'ai regardé l'étiquette pour voir le degré alcoolique : 10.5 % ! Ça m'a donné de suite l'envie de le déguster, car à part sur certaines mondeuses savoyardes, ce genre de titrage devient rarissime. Il y a un peu de gaz carbonique, mais pour le coup, il n'est pas vraiment dérangeant. Rien qu'en agitant le verre, il disparaît au 3/4 ( et le quart restant n'est pas gênant). Je ne regrette pas ma curiosité : c'est un  pur régal, et il faut se faire violence pour ne pas se boire toute la bouteille !

La robe est grenat bien translucide, limite vermillon. 

Le nez est fin, délicat sur des notes florales (rose, violette), fruitées (griotte, framboise), fumées et minérales. 

La bouche est ronde, ample, aérienne, avec une matière très légère au fruit pur et intense, mâtiné des notes florales perçues au nez, puis basculant sur un fin mordant canaille des plus réjouissants. 

Celui-ci se renforce en finale, accompagné d'une intensification du fruit à un niveau jubilatoire, avec ce mélange de griotte, de violette et de  poivre fraîchement moulu. Enthousiasmant !



vendredi 5 mars 2021

Le pét' nat' rose by Barth

 

Il fut une époque où la plupart des pinots noirs alsaciens étaient vinifiés en rosé (ou en rouge très légers) avant de s'apercevoir que ce cépage pouvait donner de très bons vins rouges. Dans les crémants, on retrouve souvent le pinot noir assemblé avec d'autres cépages, mais plutôt dans le registre "blanc de noir". Pour cet Extra-Brut rosé, Laurent Barth a fait un assemblage 80 % auxerrois et 20 % pinot noir , étonnamment en pressée directe. Il faut dire qu'en 2018, les peaux relâchaient facilement de la couleur. Puis le vin a été vinifié et élevé en foudre durant 8 mois. Avant d'être mis en bouteille alors qu'il restait 20 g/l de sucres. Ce qui a donné un pétillant naturel extra-brut un an plus tard. Même s'il est bio et nature, on est très loin des pét' nat' habituels. On côtoie plutôt les bons champ's pour un prix nettement inférieur (14.50 €). Il faut tout de même être fan des "brut nature", car il n'y a pas de dosage, et c'est très bien ainsi !

La robe est entre le saumon et le pétale de rose, avec des bulles plutôt discrètes. 

Le  nez est expressif, sur les épices, l'écorce d'orange, les petits fruits rouges et la viennoiserie chaude. 

La bouche est vive, tendue par une fine acidité tranchante, tout en déployant une matière fraîche et aérienne, tonifiée par des milliers de micro-bulles crépitantes. Sans oublier une belle vinosité rappelant certains blancs de noirs champenois, qui  sera parfaite avec de grands jambons secs ou des fromages affinés. 

La finale est Triple A +++ avec cette Acidité tranchante qui poursuit sa course; une Astringence crayeuse bien marquée, et une Amertume évoquant l'écorce d'agrume et le quinquina, avec une belle persistance sur les épices et les petits fruits rouges. 



jeudi 4 mars 2021

La sorcière ou l'ensorceleuse ?

 

L'année dernière, lorsque les deux "vins de soif" de Borie de Maurel étaient arrivés, il est peu de dire qu'ils étaient fermés à triple tour. Du coup,  j'avais évité d'en parler ici, ce qui n'avait pas été un frein à leur vente : tout était parti avant même qu'ils soient prêts à être bus. Je n'ai donc jamais eu l'occasion de les déguster à point. Cette année, à l'instar du Gamay sur volcan, les deux cuvées sont nettement plus accessibles, même si je pense qu'elles seront encore meilleures d'ici quelques mois, le temps qu'elles se remettent de leur mise. 

Sur la photo, les verres sont involontairement inversés : à gauche, vous avez le Charivari, un jus (assez) léger de grenache ;  à droite, le Vin du sorcier  –  qui est cette année une sorcière, Mystic, une petite chatte noire. C'est un assemblage de mourvèdre (90 %) et de syrah (10 %). 

Charivari 2020 (7.95 €)

La robe est grenat sombre bien translucide. 

Le nez est fin, sur la framboise et la cerise confite, l'écorce d'orange séchée et les épices douces. 

La bouche est sphérique, aérienne, avec une matière d'abord fine et délicate, puis passant dans un registre plus mordant et canaille, sur des notes  fruitées et florales dans un style assez décadent (pot-pourri). 

La finale poursuit sur les mêmes sensations avec un peu plus de mâche, et  une belle palette d'épices et de fleurs séchées. 


La  robe est pourpre très sombre, presque opaque. 

Le nez est expressif, sur la crème de fruits noirs, la violette, la pierre chauffée au soleil et une touche fumée / poivrée.  

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière dense à la chair pulpeuse, très fruitée, soulignée par le poivre et la garrigue. Même si l'ensemble ne manque pas de générosité, il reste très frais et digeste (magie du mourvèdre ?). 

La finale dévoile une mâche affirmée, crayeuse, mais son côté juteux – cerise noire à donf' – la rend gourmande, avec une belle persistance sur le cacao en poudre  et le poivre. 

mercredi 3 mars 2021

Gémini : ça décoiffe !

C'est annoncé quasiment comme un scoop sur la contre-étiquette : Charles Hours ose marier pour la première fois petit et gros manseng. D'où ce nom de Gemini, constellation qui réunit les frères Castor et Pollux. Toute personne qui connaît un peu l'appellation Jurançon sait que ça n'a rien d'extravagant. Nombres de cuvées comprennent déjà ces deux cépages, et même quelques autres en bonus comme le courbu et le camaralet

Pour une raison que je ne connais pas, la cuvée est en Vin de France. En tout cas, ce n'est pas pour une question réglementaire :  un vin à 13.5 % d'alcool et 16 g/l de sucres résiduels peut avoir l'AOC Jurançon. Enfin, peu importe : le principal est que le vin soit bon. 

À l'ouverture, il  peut paraître un peu austère, mais en s'aérant et en se réchauffant, il devient plus causant, sans tomber dans l'exubérance. Mais son point fort est une très belle acidité. Une de celle que l'on croyait disparue avec le réchauffement climatique. Et p.... ça fait du bien de la retrouver !

La robe est  jaune paille, brillante. 

Le nez est fin, sur l'ananas frais et le fruit de la passion. 

La bouche est vive, élancée, avec une matière cristalline et une grande tension renforcée par une fine acidité tranchante – et traçante. L'aromatique reste sur l'exotique, sans exubérance. Il y a tout autant de minéral / caillouteux, légèrement fumé. 

La finale est énergique, Triple A++ , avec l'Acidité toujours aussi traçante, très fruit de la passion, et un mix Amertume / Astringence sur l'écorce de pomelo et d'orange. Le tout se prolonge sur le coing confit et l'ananas, avec une légère sucrosité totalement équilibrée par l'acidité.

Je ne vous ai pas mentionné le prix : 7.50 €. Pas assez cher, mon fils, disait une célèbre pub ;-)