vendredi 29 janvier 2016

Coteaux bourguignons rouge : a star is born !


La dégustation du Beaujolais primeur du Château de Bel Avenir, acheté en août 2015 par l'équipe de PUR, nous avait paru très prometteuse, et on attendait avec impatience et optimisme les autres cuvées du domaine. Cyril et Florian sont sympas : ils ne nous ont pas fait trop attendre car les voilà déjà en bouteilles ! 

Même si elle revendique l'appellation Coteaux Bourguignons à laquelle elle peut prétendre, cette nouvelle cuvée est issu du Gamay noir à jus blanc (vignes en gobelet de 50 à 80 ans). L'été 2015, généreux en soleil, a donné des raisins bien mûrs (15 % d'alcool), mais l'équilibre est juste parfait : on n'a pas l'impression d'avoir du Grenache surmûri dans le verre, mais bien du Gamay à maturité idéale. La vinification et l'élevage se sont faits sans aucun intrant. Seul une dose minime de dioxyde de soufre a été ajoutée à l'embouteillage (15 mg/l de SO² total) afin de garantir une conservation optimale. 

La robe est pourpre sombre, limite opaque.

Le nez est explosif, sur les fruits rouges et noirs, la violette, le poivre blanc et une touche "yaourtée"(= note fermentaire : il est jeune, encore...)

La bouche est ample, ronde, dévoilant une matière charnue et veloutée, goûteuse à souhait, avec une profondeur et une densité qui forcent le respect.

La finale est délicieusement mâchue, avec un fruit tonique enrobé par du cacao, et s'éternisant sur des notes de réglisse et de poivre.

Pour une première, ce Coteaux bourguignons est une grande réussite, avec un rapport qualité/prix (11.80 €) à faire frémir les Crus réputés du Beaujolais. Après, c'est sûr, le millésime y est pour quelque chose. Pas dit que le duo puisse nous sortir un vin de ce calibre tous les ans (ceci dit, ils ne savent pas faire mauvais...). 

Bon, en tout cas, si j'étais vous*, je ne tarderais pas trop, car il est probable que cette cuvée soit sold out très rapidement. 

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* je suis en fait très mal placé pour écrire ça... Comme on dit, ce sont les cordonniers les plus mal chaussés : 99 fois sur 100, je ne m'y prends pas à temps pour mettre une ou deux bouteilles de côté : tout est déjà vendu  ou réservé (soupirs...)


Grüner Veltliner von den Terrassen : l'anti-gewürz


Nous proposions jusqu'à maintenant trois Grüner Veltliner signés Sepp Moser. En voici un quatrième pour simplifier les choses ;-)  C'est en fait sa vraie "entrée de gamme", car le Sepp est une cuvée issue d'achats de raisins (c'est pour cela qu'elle est seulement en bio, et non en biodynamie comme les autres vins du domaine). Comme son nom l'indique, ce Grüner Veltiner von den Terrassen provient de plusieurs vignobles en terrasses (loess et calcaire).  




Ce vin n'a pas vocation à être conservé plusieurs années ni être ouvert à de grandes occasion. On est plus dans le registre "vin blanc que l'on garde au frigo au cas où des amis viendraient prendre l'apéro" (catégorie que nous n'avons pas choisi pour le site : "intitulé trop long" m'a-t-on rétorqué!).

La robe est jaune pâle aux reflets argentés.

Le nez tonique évoque l'herbe fraîchement coupée, la menthe poivrée, la craie humide et le zeste de citron.

La bouche est fraîche, éclatante, avec un léger perlant qui titille la langue. Une fois le gaz parti, on est plus sur le minéral, avec l'impression de "sucer le caillou".

La finale est nette sur des notes poivrées/herbacées/citronnées, avec une persistance sur des notes salines/caillouteuses.

Ce vin ne s'adresse clairement pas à tous les publics. Ceux qui aiment les vins démonstratifs/exacerbés genre Gewürz/Viognier vont rester sur leur faim. Itou pour ceux qui aiment le Chardo boisé bien mûr et boisé. Par contre, les amateurs de vins purs, tendus, austères sans être ch... pourraient trouver en cette cuvée leur p'tit vin quotidien ;-)

Accords conseillés : huîtres fines de claires, tartares/carpaccio de poissons aux agrumes, poissons grillés relevés de jus de citron, fromage de chèvre demi-sec



jeudi 28 janvier 2016

Roboul : le miracle renouvelé


Je vous avais écrit tout le bien que je pensais de Roboul 2013 de Danjou-Banessy. Eh bien je pourrais faire un quasi copier-coller sur Roboul 2014. Toujours aussi fin et élégant, donnant une grâce incroyable au cépage Mourvèdre, si souvent trop extrait, prenant alors une carrure de rugbyman.  Du coup, je ne l'apprécie quasiment qu'en assemblage où il apporte une fraîcheur souvent bienvenue.

Il est conseillé de d'ouvrir la bouteille quelques heures à l'avance pour la laisser respirer. Le vin n'en sera que meilleur.

La robe est grenat translucide, aux reflets bruns.

Le nez est vaporeux, plus suggestif que démonstratif, sur des notes florales (violette, rose fanée), de fruits rouges (framboise, fraise), d'encens, d'épices, avec uine touche légèrement fumée.

La bouche est très ample, d'une douceur zen, tranquille comme la très proche Méditerranée, sans le moindre tanin qui dépasse, aussi aérienne que le nez, et en même temps, d'une grande force de persuasion et de séduction. C'est Salomé qui vous fait la danse des sept voiles.

La finale est plus terrienne, rappelant le terroir argilo-calcaire, mais elle a une énergie et une fraîcheur vivifiante, avec des épices et des – discrètes –  notes résineuses/camphrées, signature du Mourvèdre.

Servi avec une selle d'agneau cuite en basse température et agrémentée d'herbes méditerranéennes, ce vin peut vous emmener sans nul doute au nirvana... 


mercredi 27 janvier 2016

Isère, terre de métissage


Peu de vins blancs peuvent revendiquer un assemblage 50% Viognier, 30% Altesse,15% Chardonnay et 5% Pinot gris ... sans se retrouver en "Vin de France". On sent que l'Isère est tiraillée entre différentes influences (bourguignonne, savoyarde, rhodanienne ... et alsacienne ?) et qu'elle essaie d'en faire une sorte de synthèse ma foi plutôt cohérente, même si elle pourra surprendre le dégustateur. 

Ce vin blanc est l'entrée de gamme du domaine de Nicolas Gonin. Nous parlerons des autres prochainement (entre autres une Verdesse qui m'intrigue) mais laissons-les se reposer de leur embouteillage et de leur voyages récents.

La robe est jaune paille brillante.

Le nez est expressif et bien mûr, entre pomme au four beurrée, miel, abricot et fleur d'acacia.

On pourrait s'attendre à une bouche riche et onctueuse. Elle est en fait ronde, fraîche et croquante, tendue par une fine acidité. 

Celle-ci s'accentue en finale, renforcée par une légère amertume et une sensation "verte" qui apporte de la niaque et l'impression de se dessoiffer (l'effet Force 4 !).

Bref, un vin vraiment étonnant du début jusqu'à la fin. Votre curiosité ne sera des plus ruineuses : à 8,90 € la bouteille, l'expérience mérite vraiment d'être tentée. Si le vigneron imagine bien ce vin avec du cervelas ou des viandes blanches, je le vois bien avec des huîtres ou des ceviches.





mardi 26 janvier 2016

L'harmonie a un prix : 6.70 €


Beaucoup de choses n'ont pas de prix : le sourire d'un enfant, un paysage à couper le soufle, un baiser de l'être aimé... Mais l'Harmonie en a un : 6.70 €. Ce vin fut l'un des tous premiers dont j'ai vanté les mérites il y a plus de trois ans. C'était alors le 2009. J'avais écrit ceci :

"Du plaisir, il en offre, cet Harmonie 2009 ! Dans un genre assez différent d'un vin ordinaire. Il ne donne pas dans la richesse, la puissance ou la complexité. Lui, son truc, c'est la buvabilité. Et c'est là que je dis que Môssieur Guillaume Bouvet est un dangereux individu. Car on n'a pas le droit de produire des vins qui se boivent aussi aisément. C'est tellement rond, glissant, juteux ... qu'on a pas l'impression de boire de l'alcool ni de commettre péché. Du coup, vous en buvez beaucoup plus que de raison, d'autant qu'il est peu onéreux (6 €). Et là, vous êtes sur la mauvaise pente : votre conjoint(e) vous intime de choisir entre l'Harmonie de Gaïa et celle de votre couple. Le curé de votre paroisse ne souhaite plus votre présence à l'office dominical (vous chantez trop fort et trop joyeusement). Bref, votre vie risque de partir en éclats. Cela explique pourquoi nous avons longtemps hésité avant de vous le vendre, car nous ne sommes pas là pour briser des existences. Mais en même temps, par les temps qui courent, y a pas de mal à se faire plaisir. Nous vous mettons donc ces bouteilles à disposition si vous nous promettez que vous serez raisonnable. Promis ?"



Le 2013 est de la même veine.  A l'instar de Rayas, il demande une ouverture de 24 heures à l'avance (sans reboucher) afin de perdre ses notes fermentaires/lactiques (pas désagréables, mais pas spécialement intéressantes).

La robe est grenat sombre, peu translucide, laissant s'échapper des larmes sur les rebords du verre.

Le nez est fin et frais, sur les fruits rouges compotés (fraise, prune), le poivre et les épices douces,  avec une pointe d'encens.

La bouche est ample, douce, finement veloutée, sans le moindre tanin qui dépasse. Les fruits, les épices et la fraîcheur perçus au nez sont bien présents. La promesse du nom – Harmonie pour ceusses qui ont une mémoire de poisson rouge – est tenue : c'est harmonieux !

La finale a une mâche canaille sur des notes de fraises, de lard fumé et de poivre. Et puis ce fameux goût de revienzy qui fait que l'on ne peut s'empêcher d'en boire une nouvelle gorgée. Puis une autre. Puis... Bref, n'achetez pas ce vin. C'est la perdition de votre âme qui est en jeu. Faut pas déc... avec ça. 

lundi 25 janvier 2016

Et si vous adoptiez un renard ?


Si vous n'avez pas lu le reportage que j'avais publié en juillet dernier sur Thierry Renard, il est temps de faire une leçon de rattrapage. Car le contexte dans lequel est produit ce Renard des côtes blanc explique pas mal de choses, dont le prix (19 €), élevé pour un vin de France. Quand on sait que les rendements sont inférieurs à 10 hl/ha, que tout est fait à la main ( et à la débroussailleuse) car aucun tracteur ne peut se faufiler à travers les pavillons de Chanturgue, et que même à ce prix, le producteur est incapable d'en vivre, cela donne envie de l'aider à continuer son oeuvre, d'autant que le sacrifice financier n'est pas vain : ce Renard  des Côtes est une bouteille hors-norme qui ne ressemble à nulle autre. Ce 100 % Chardonnay explose toutes les idées que l'on peut se faire sur ce cépage, mais aussi sur les "blancs sans sulfites", souvent moins convaincants que les rouges (car non protégés par les tanins, anti-oxydants). Bref, cette quille est autant une leçon de vie que d'œnologie. 


La robe est d'un or très intense, avec des belles larmes sur les parois.

Le nez est riche et tout aussi intense, sur le beurre noisette, le miel, la vanille, avec une pointe de parquet ciré (mélange de bois fraîchement poncé, de cire d'abeille, de thérébentine...)

La bouche allie ampleur et densité, fraîcheur et générosité, rondeur et tension. Tout est équilibré et parfaitement en place, et en même temps, on est dans le baroque total !  Un vin qui réussi à être sérieux et jouissif à la fois.

La finale est puissante, (agréablement) tannique, impétueuse, avec un retour très remarqué sur les arômes perçus au nez. On est à la limite du monstrueux, mais de ce genre de bête dont tombe amoureux la belle...

Il est clair qu'il faut un p...de plat pour supporter la puissance de vin. Une volaille aux morilles, par exemple. Ou un tajine aux agrumes confits. Mais si vous n'avez pas le temps de cuisiner, un morceau de vieux parmesan fonctionne  impec !


vendredi 22 janvier 2016

Immersion jurassienne


Mercredi soir, c'était la grande plongée dans le monde merveilleux du Jura pour le "Club Vins Etonnants" de Limoges. Pour quelques-uns, c'était une révision des classiques, mais pour une majeure partie des convives, c'était une vraie découverte. 

J'ai essayé d'être relativement exhaustif, même s'il manquait le Poulsard à l'appel. Mais sinon, je pense que cette soirée donnait une belle idée des vins de la région. Jugez-en vous même.


Avec des allumettes au comté, nous avons démarré par un Crémant Indigène de Stéphane Tissot. Un assemblage très jurassien, puisqu'il comprend du Chardonnay, du Pinot noir, du Trousseau et du Poulsard. Stéphane se sert d'un moût de vin de paille pour la prise de mousse afin d'en faire un vin 100 % raisin (et des levures ... indigènes). Le nez est très miel/fruits rouges/fruits secs, avec une bulle fine, beaucoup de fraîcheur, et une finale nette et fruitée. Un vin facile à accorder avec pas mal de plats, de l'entrée au dessert.


Puis nous avons dégusté les vins rouges avec un pot au feu à la saucisse de Morteau. Un Pinot Noir 2014 du domaine Thill, fruité, charnu et épicé, sur la gourmandise, et un Trousseau 2012 de Philippe Bornard (ouvert 24 h à l'avance), au nez absolument superbe (floral, fruits rouge, fumée) et à la bouche toute en finesse tendue par une belle acidité. Il était difficile de les départager : les deux s'accordaient bien avec le plat, même si le premier jouait plus sur le contraste, le second sur la fusion. Mais avant de passer aux choses sérieuses, nous avons déjà vécu un beau moment gastronomique.


Pour accompagner une volaille aux champignons et sauce aux morilles, nous avons continué avec deux vins blancs ouillés : un Chardonnay (Graviers 2014 de Tissot) et un Savagnin (Chalasses Marnes bleues 2008 de Ganevat - provenant de ma cave). Le premier avait un nez magnifique sur des notes fumées/tourbées/noisettées et une bouche longiligne tendue comme un arc. Il est encore très jeune, mais offre déjà beaucoup de plaisir. Le second avait un nez plus évolué, sur la pomme rôtie au beurre, les épices, les fruits secs, et une bouche beaucoup plus riche et puissante, soutenue par une fine et persistante acidité. Il commence à être à point, mais peut encore tenir une décennie sans souci.


Avec un comté de 40 mois (une tuerie !), nous sommes passés aux vins non ouillés. Pour démarrer, un Savagnin 2012 de Tissot qui n'a été élevé que trois ans sous voile. Le nez sent déjà le "jaune" avec des notes de noix et de pomme verte, et une pointe d'alcool à brûler. La bouche est puissante, intense, avec une acidité bien présente sans qu'elle soit agressive. Elle est finement oxydée. Seul, c'est un peu brutal, mais dès qu'on grignote le comté, ça passe tout seul, et avec le curry, ça va encore mieux !

Puis, nous avons dégusté une rareté : un Chardonnay élevé 7 ans sous voile par Jean-François Ganevat : la Cuvée du Pépé 2008. Le nez sur la noix, la croûte de pain, avec une pointe de curry, fait bien "jaune". Mais il y a une touche noisettée moins habituelle qui rappelle le Chardonnay. En bouche, c'est droit et tendu, "minéral" comme on dit, et encore un peu austère, même si la matière est très prometteuse. Je ne peux que conseiller à ceux qui en ont déjà acheté ou en achèteront de patienter au moins 2-3 ans avant de le consommer. Il n'en sera que meilleur.

Afin de montrer à quoi pouvait ressembler un vin jaune à maturité, j'ai sorti de ma cave un Château Chalon Réserve Catherine de Rye 1982 de la maison Henri Maire (qui commercialise la moitié des vins de cette appellation. Le nez est riche, complexe, sur des notes de fruits secs, d'épices, faisant plus penser à un vieux Champagne (ou à un vieux Bourgogne blanc) qu'à un vin jaune. Par contre, en bouche, on a cette longue trame acide du Savagnin, mais elle est enrobée par une matière ronde, limite suave. Quand le vin jaune devient sensuel. L'accord avec le comté est évidemment superbe, d'une évidence totale.


Enfin, avec une tarte aux poires et amandes, nous avons bu la liqueur de Chardonnay concoctée par Eric et Bérengère Thill. J'avais pressenti que l'accord serait bon, mais pas à ce point. C'était un régal absolu ! Le vrai-faux Macvin avait un fruit et une fraîcheur qui a enthousiasmé les convives, et  permis de finir le repas sur une note digeste.

En tout cas, ma mission a été remplie : tout le monde est devenu Jur'addict ;-)




jeudi 21 janvier 2016

Pipeño de Coelemu : l'antithèse chilienne


Il n'était pas prévu d'ouvrir cette bouteille de Pipeño de Coelemu dans les prochaines semaines. Mais il se trouve que nous avons reçu un mail d'un client mécontent de cette cuvée : " il était trouble(genre vin nouveau mais rose/rouge pas défini), et avait un goût de vinaigre". Afin de ne pas avoir d'autres clients mécontents, il fallait que l'on vérifie qu'il n'y ait pas un souci...

Alors effectivement, la robe est très claire pour un rouge. On est proche d'un clairet bordelais. Et c'est vrai qu'il est trouble. C'est sûr que lorsqu'on est habitué aux vins filtrés, ça peut surprendre.

Par contre, le nez est délicat et floral dès l'ouverture. Pas d'oxydation, pas d'acidité volatile. Et donc, probablement pas de coup de chaud comme avait pu l'imaginer notre client. 

En bouche, en effet, ça picote. Mais ce n'est pas dû à la présence d'acétique (vinaigre). Mais à du gaz carbonique qui n'a jamais été enlevé par le producteur pour le protéger de l'air (vin très peu sulfité).

Si le goût de vinaigre ne peut disparaître, le gaz carbonique, si. Il suffit d'agiter la bouteille en laissant s'échapper le gaz tous les 4-5 allers-retours On fait ça une minute. On laisse reposer tranquillou 20 minutes. Et on recommence tant qu'il en reste. Oui, c'est un travail en soi, buveur de vins naturels. C'est marrant, d'ailleurs, ses défenseurs acharnés n'en parlent jamais dans leur interview, de ce p... de gaz carbonique.

Une heure trente plus tard, y a plus de gaz. On peut déguster. 

La robe, je vous en ai déjà causé.

Le nez, très aérien, est encore plus beau qu'à l'ouverture : rose, pivoine, framboise avec une légère touche fumée. 

La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec des tanins quasi imperceptibles et un fruit en filigrane. 

Ceux-ci apparaissent en final, assez serrés sans être agressifs, avec un côté terrien/terreux. Après avoir touché le ciel, on s'enfonce dans le sol. Il est recommander de manger un produit contenant du gras (coppa ?) pour les lisser.

Conclusion : ce vin n'a pas souci particulier (ouf !). Par contre, il peut surprendre par sa couleur, sa turbidité et la présence de gaz carbonique. Surtout, il ne ressemble pas du tout à l'idée que l'on se fait d'un vin chilien. Je peux donc comprendre que des clients soient déconcertés. C'est certainement de notre faute : nous devrions être plus précis sur le style de vin que produit P.A. Luyt (qui a ses fans qui achètent ses vins chaque année). Mais bon, avec 1300 références, nous avons un peu de mal à tout border parfaitement... 





mercredi 20 janvier 2016

Un repas ... très étonnant !


Après une jolie fin d'année chez Claudine à Saint-Yrieix, j'ai bien démarré 2016 chez l'ami Christian ... à Saint-Yrieix. Son épouse Dominique nous avait préparé un beau et bon repas, arrosé de vins que je connais bien ... puisqu'ils viennent presque tous de Vins Etonnants ! 

Comme les accords mets et vins étaient très réussis, ça me semblait intéressant de vous parler de ce repas sur le blog du site "pro".

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Nous démarrons avec un Champagne Blanc de Blancs Ultradition de Laherte : bulles fines, belle tension, grande fraîcheur sans acidité excessive, finale à la mâche crayeuse qui équilibre bien le dosage. Une valeur sûre qui ne déçoit jamais.  

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Trois mises en bouche pour démarrer : une terrine foie gras et boudin (les deux produits sont d'excellente qualité et se marient bien ensemble), un toast au saumon bio et betterave chiogga (avec des beaux contraste de texture et de saveurs avec l'apparition surprise du sésame et de la coriandre fraîche) et des crevettes à l'assaisonnement très asiatique : combava, gingembre, citronnelle, coriandre). On se régale !

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Puis il nous a été servi un velouté de courge italienne et sa crème aux herbes (avec quelques graines de courge et une pousse de betterave). Lorsque Christian m'avait consulté pour les accords, je lui avait dit que Bistrologie blanc devrait convenir. 

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Bistrologie, c'est un assemblage de Sauvignon, Colombard et Chenin (en vin de France, mais provenant du Languedoc). C'est rond, gourmand, fruité, avec un très très léger perlant qu vous titille les papilles. Avec le velouté, il gagne en classe et en ampleur et devient juste délicieux. Comme le faisait remarquer Christian, un vin à 20 € n'aurait pu être meilleur. Autant dire que les convives ont été bluffés lorsqu'ils ont appris qu'il valait moins de 7 €.
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Dans de superbes assiettes signées Jaune de Chrome (produites à 20 kms de chez nous), une carbonade flamande accompagnée d'une purée de pommes de terre. C'est un "bourguignon" où l'on remplace le vin par de la bière brune et que l'on épaissit avec du pain d'épices. C'est d'une grande intensité en bouche, légèrement sucré/amer. Beaucoup de vins en souffriraient. Mais pas le Bacco.  

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Ce vin 100 % Baco noir (cépage hybride créé au début du XXème siècle afin de résister au phylloxéra) est sombre, velouté, séveux, très marqué par les fruits noirs, le noyau, la réglisse et les épices. Non seulement il  n'est pas écrasé par la carbonade, mais il apporte un fruité et une fraîcheur qui sont les bienvenus. Très joli accord ! 

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Le plateau de fromage était extra ! Le camembert affiné au calva était rien moins qu'explosif. Alors que l'ami du Chambertin, même s'il parait violent au premier abord, s'avère d'une grande douceur en bouche. Le fromage affiné au marc de raisin est très bon aussi.

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Je suis descendu dans la cave de Christian pour choisir une bouteille. Lorsque j'ai vu la Grande cuvée 2005 du Mas Laval, j'ai pensé que ça devrait le faire. Finalement, j'ai été un peu déçu : le boisé n'était toujours pas totalement intégré, et les tanins étaient un peu asséchants. Bref, le vieillissement ne l'a pas fait vraiment gagner en harmonie. Ceci dit, une fois carafé et servi avec les fromages, c'était pas mal, mais il manquait un p'tit quelque chose pour y prendre totalement son plaisir.

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En dessert, une Pina Colada façon El Bulli, avec de la meringue pour donner du croquant. L'ananas apporte de l'acidité, du fruit et de la fraîcheur. Parfait pour terminer le repas sans l'impression de s'alourdir. J'avais choisi un vin dans le même esprit. 

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Ultime récolte est une vendange tardive de Muscat. Contrairement à son voisin de Rivesaltes, il n'a pas été muté à l'alcool. Il est donc moins sucré et moins alcoolisé, tout en ayant ce goût de Muscat bien mûr et une grande fraîcheur. L'accord avec le dessert était plus que correct, même si moins magique que Bistrologie et le velouté.

Pour finir, nous avons mangé des truffes à l'avocat que j'avais préparé le matin-même.

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mardi 19 janvier 2016

La potion de Marcel : extra-ordinaire !


Lors de l'avant-dernière livraison d'Emile et Rose, il y avait dans le carton d'échantillons une bouteille pas comme les autres qui a attiré notre  regard : la potion de Marcel. La contre-étiquette n'indique rien de particulier : c'est un vin de France sans millésime indiqué. Téméraires, nous dégustons sans savoir dans quoi nous trempons les lèvres. On verra bien. Eh bien, c'est super bon. D'une finesse superlative, avec des arômes de rose ancienne, d'encens. Top slurp. Je fais un tour sur le site du producteur pour en savoir plus. Nada. Allez, j'appelle. Je tombe sur Caroline Gisclard qui m'explique que c'est un nouvel essai de vinification en amphore, avec tous les cépages du domaine, rouges comme blancs. La quantité produite est faible, et il n'en reste que quelques cartons. Nous n'hésitons pas longtemps : nous prenons le maximum possible. Nous trouverons bien preneurs...


Il y a quelques jours, une nouvelle palette d'Emile et Rose est arrivée, avec 42 précieuse bouteilles de Potion de Marcel. Maintenant, il est temps d'en parler, car du Vin de France à 16.50 € la bouteille, ça ne se vend pas comme ça... 

J'appréhende un peu à l'ouverture de la nouvelle bouteille. Sera-t-il aussi bon que l'échantillon qui nous avait enthousiasmé. Première impression : oups, ça a l'air fermé, réduit. Grrr... J'en verse une jolie dose dans le Riedel. J'en profite pour faire les photos tant que le verre est propre. Et  je laisse le tout doucement se réchauffer et s'aérer. 

Au bout de deux heures (pour ceux qui n'ont pas lu un récent billet, la température du bureau est de 16 °C, ce qui permet de ne pas avoir des vins trop chauds), ça va beaucoup mieux, sans avoir rien fait d'autre que patienter. 

La robe est grenat bien translucide, avec des reflets légèrement bruns.

Le nez est aérien, vaporeux, sur des notes de rose fanée, de résine, d'épices douces, avec une légère touche fumée.

La bouche est très ample, avec une matière douce à la limite de l'impalpable qui vous effleure le palais. Une ultra-fine – mais néanmoins inflexible – acidité tend parfaitement l'ensemble, lui évitant de tomber dans la mollesse ou l'inconsistance. Si ce n'est l'aromatique floralo-résino-fumée qui rend le vin plutôt atypique, on pourrait avoir l'impression de boire ce qui se fait de plus subtil en Bourgogne (Chambolle tendance Musigny).

La finale intense allie une mâche expressive à des notes salines/résineuses, et toujours cette rose fanée, cette fumée, ces épices... Peut-être même de la lavande ? Bref, vous êtes vraiment transportés ailleurs

Je ne peux m'empêcher de penser aux écrits d'amateurs fortunés qui résument l'aromatique la Romanée-Conti aux notes de rose et de sel. Ah, c'est donc, cela, la potion que Marcel nous a concoctée :  une Romanée-Conti pour amateurs désargentés ? N'ayant pas goûté la version originale, je ne saurais me prononcer. En attendant qu'un lecteur m'en envoie une pour confirmer la chose, je me contenterai avec délice de l'ersatz de Corneilhan ;-)




lundi 18 janvier 2016

La Boulzane : tout pour plaire !


Le Saint-Paul Blanc n'est plus disponible pour le moment chez Jean-Louis Denois. Nous étions donc orphelins d'un bon Chardonnay bio, peu/pas sulfité et pas trop cher. Dieu merci, ce vigneron est plein de ressources et nous a proposé illico une nouvelle cuvée : la Boulzane

La Boulzane, c'est une petite rivière affluente de l'Agly dont la vallée est célèbre pour ses vins de Maury. Elle forme elle-même une vallée plus resserrée, avec des montagnes au nord et au sud, lui garantissant une bonne fraîcheur.  

Si cette parcelle était plantée de Macabeu ou de Grenache, le vin pourrait être en AOC. Mais, voilà, le Chardonnay et le Roussillon, ça ne va pas trop ensemble. Retour donc à la case Vin de France (même si je présume qu'il pourrait être aussi en IGP Oc).

Le process est très "Denois" : vendange en cagettes, pressurage sans foulage, vinification et élevage sans sulfite, avec un juste un léger ajout à la mise (moins de 20 mg/l de SO² total). Le millésime a permis un taux d'alcool remarquablement bas, tout en étant mûr et équilibré.

La robe est or pâle, bien brillante.

Le nez est fin, subtil, sur des notes de fleur blanche, de beurre frais, de fruits blancs et jaunes (poire, pêche blanche).

La bouche est ronde, fraîche, avec une matière friande, goûtue, qui sait rester légère et digeste sans tomber dans l'insignifiance. Un très léger perlant lui donne de la tonicité et du relief.

La finale associe les arômes du nez à une mâche crayeuse lui donnant du caractère et de la persistance, s'éteignant doucement sur des notes beurrées/grillées.

Un vin parfait pour être bu seul à l'apéro, mais qui ira aussi très bien avec un carpaccio de Saint-Jacques ou avec la chair subtil du cabillaud. À 7.70 €, c'est une jolie affaire. 


vendredi 15 janvier 2016

Bohème 2009 : histoire d'une résurrection


Je vous parle d'un temps que les moins de moins de vingt ans ne peuvent pas connaître où je ne travaillais pas encore à Vins étonnants. Eric R avait eu le retour d'une douzaine de bouteilles qui étaient restées trois semaines chez le transporteur et qui avaient eu apparemment un coup de chaud. Evidemment, elles n'avaient pas été remises en vente. Elles attendaient tranquillement leur heure dans l'un des recoins de notre entrepôt.

Et puis hier, le même Eric R. ouvre par curiosité une bouteille de ce Bohème 2009. Me le fait déguster : "P..., c'est bon !" m'exclamai-je. 

La robe n'a rien d'oxydé : peut-être juste un peu plus dorée que la 2014 actuellement en vente.

Le nez évoque la pâte d'amande, le coing, et une légère touche résino-pétroleuse qui me rappelle les vins issu de Romorantin avec quelques années de bouteille. Pas plus étonnant que ça, lorsque l'on sait que le Romorantin a les mêmes parents que le Melon de Bourgogne.

La bouche est ronde, ample, avec une matière assez dense, limite vineuse, et une fine acidité qui apporte ce qu'il faut de tension. Il y a même encore un peu de gaz carbonique qui vient vous titiller les papilles. Il y a peut-être surtout une aromatique sur le beurre, les fruits blancs et le mousseron qui pour le coup vous emmènent sur Chablis.  Pas plus étonnant que ça, lorsque l'on sait que le Chardonnay a les mêmes parents que le Melon de Bourgogne.

La finale est puissante, avec un côté tannique bien marqué, qui me rappelle ce que j'ai déjà ressenti en buvant certains Corton-Charlemagne (mais on n'est pas au même niveau, hein. Faut pas exagérer, non plus). Là, c'est le coing qui domine, avec pas mal d'épices, et toujours ce côté fumé/beurré.

La description que je viens de vous faire est celle du vin ouvert depuis 30 heures, conservé à température de bureau (16-17 °C - eh oui, nous sommes des durs, à Vins étonnants. Mais il y fait très bon par rapport à l'entrepôt). Bref, I-NO-XY-DA-BLE ! Alors que ce vin a vu une minuscule dose de sulfites (20 mg/l) à la mise en bouteille. Ca laisse songeur, non ?

Nous pourrions nous les garder pour notre consommation perso, mais nous ne sommes pas comme ça. Le sens du partage fait partie de notre ADN. Aussi, nous vous les proposons à 9 € la bouteille. Franchement, ça vaut plus, mais comme nous n'avons pas testé chaque bouteille, il y a tout de même un côté roulette russe... Êtes-vous joueur ?


jeudi 14 janvier 2016

Toujours plus éclectique ... et carrément Carrel


En janvier, après les fêtes et au moment des soldes, j'essaie de proposer des vins pas trop chers. Pour cela, difficile de faire des meilleurs rapports qualité/prix que Jeff Carrel. Mais comme j'ai toujours le même "budget vin", je peux proposer au club de Saint-Yrieix  deux vins plus chers et néanmoins originaux : un 100 % Pinot blanc de Champagne et un Petit Manseng du Languedoc


Le chef Gilles Tigoulet nous avait préparé pour l'apéro des rillettes de poule au pot enrichies au foie gras. J'avais amené le Pinot Blanc Brut Nature de François Diligent. Le Brut Nature comme il faudrait qu'il soit toujours : fin, cristallin, vif, mais pas agressif, d'une grande pureté gustative. Je l'avais servi un peu frais, mais  dès qu'il se réchauffait un peu et que son effervescence s'atténuait, il était vraiment top. Idéalement, je le verrais bien avec des huîtres fines de claire.


Puis nous avons démarré le repas avec une chartreuse de Saint-Jacques et une crème de chou-fleur. J'avais choisi pour ce plat un Puydeval blanc de Jeff Carrel. Un pur Sauvignon MÛR vinifié et élevé en barriques. mais à l'élevage finalement très discret.  Ceux qui ont bu déjà LBV, c'est un peu pareil, mais un peu moins concentré et un poil plus vif ... et 3 € moins cher ;-) Un vin de ce niveau à 8,90 €, c'est presque surréaliste. Si vous le faites déguster à un  amateur pointu, je suis quasi certain qu'il l'estimerait plutôt à 15-20 €.  Les convives d'hier soir ne s'y sont pas trompés. Il ne me restait plus une seule bouteille dans la Kangoo en fin de soirée...


Nous avons continué avec une "bizarrerie" toujours signée Jeff Carrel : Vulcani. Une cuvée faite à la demande d'un client fan du film d'Audiard : "Comment réussir dans la vie quand on est con et pleurnichard".  Jean Carmet y vendait le Vermouth Vulcani, avec un argumentaire assez hallucinant. L'étiquette est conforme à celle du film. Mais ouf, pas le contenu. Là, c'est du Pinot noir et du Cabernet Franc, rarement réunis dans la même bouteille. C'est un vin frais, souple, avec une belle fraîcheur et une aromatique assez marquée par le cassis, et une touche de cerise/noyau. Ca descend tout seul. Avec le filet mignon et sa sauce aux fruits noirs, c'était juste parfait.


Avec la tome de Brebis, un dernier vin signé Jeff Carrel :  la Tire. A ne pas confondre avec la Tyre d'Alain Brumont, nettement plus onéreuse. Nous ne sommes pas à Madiran, mais à Fitou qui a obtenu son AOC en 1947. L'année de la sortie commerciale de la 2 CV de Citroën. D'où la Deudeuche sur l'étiquette ;-) Dans la bouteille, c'est un assemblage de Carignan et de Syrah provenant du superbe terroir de schistes de Villeneuve--les-Corbières, sans une once de bois. Du fruit, rien que du fruit, dense, charnu et frais. Et puis des épices, tout de même, et de la générosité. Et à 8,90 €, on est encore dans l'irréprochable.


Pour finir, une cuvée d'exception (c'est pas moi qui le dit : c'est marqué sur l'étiquette) : Passidore Exception 2008 du domaine Belles Pierres. Composé à 90 % de Petit Manseng vendangé au mois de décembre 2008 (et 10 % de Viognier), il a pris avec le temps des notes truffées, comme souvent  avec ce cépage. D'où mon idée de proposer au chef qu'il nous fasse un riz au lait à la truffe. L'intuition était bonne : le mariage entre les deux était vraiment chouette : vin et dessert se mettaient mutuellement en valeur, vibrant à l'unisson sur ces notes truffées. Un joli final  à cette (encore) belle soirée !

mercredi 13 janvier 2016

Pressoir romain : la Provence dans votre verre


C'est toujours un plaisir de revenir vers ce Pressoir Romain, millésime après millésime. Le seul souci, c'est qu'il semble avoir de plus en succès : le vigneron est donc obligé de les commercialiser de plus en plus jeune. Le 2014 que nous vendons depuis peu, s'il est déjà très agréable, demanderait au minimum un an de plus pour être à son meilleur (et si vous pouvez encore attendre 2-3 ans, c'est encore mieux).

Pour rappel, ce vin est un assemblage d'Ugni blanc (Trebbiano en Italie), de Rolle - appelé aussi Vermentino - et de Chardonnay, vinifié et élevé en fûts de chêne. D'où mon conseil de patience quant à sa consommation.

La robe est d'un joli doré.

Le nez  est fin et frais, sur le citron confit, l'aiguille de pin, le beurre et une pointe de vanille.

La bouche est d'abord fraîche,  limpide, prenant ensuite du corps, de l'ampleur et de la richesse tout en gardant ce qu'il faut de rectitude pour l'équilibrer.

La finale est intense, soulignée par une noble astringence, avec un retour sur le citron, le beurre et la résine, avec une touche de fumé/grillé.

Un vin qui ira aussi bien avec des Saint-Jacques poêlées qu'avec un poisson de rivière (ou une viande blanche) et une sauce crémée. Mais il peut aussi faire le bonheur d'un apéro, si vous évitez les Curly(s) et les olives noires. Préférez des amandes grillées, des feuilletés au fromage ou du jambon cru.