lundi 31 août 2015

Ceci est un beau Côt (et non un bocal) !


J'avais dégusté ce Côt Vieilles vignes 2013 en cours d'élevage lors du salon des vins de Loire. J'en avais plutôt un bon souvenir, mais malgré tout, j'appréhendais un peu. 2013 n'a pas été un millésime facile dans le secteur, et faire bien mûrir un cépage comme le Malbec était une gageure (même à Cahors, ils ont eu du mal, c'est dire). La chance de Xavier Weisskopf, c'est que ce sont des vieilles vignes, avec des racines profondes et des rendements naturellement plus faibles. Cela donne un coup de pouce sérieux lorsque la situation n'est pas idéale.

Finalement, j'avais tort d'être inquiet. Comme le disent nos amis suisses, j'ai été déçu en bien :-)

Le vin est peu fermé à l'ouverture, mais au bout de 30 minutes, sans avoir besoin de carafer, il se présente très bien. 

La robe est grenat sombre translucide (non, pas de violacé malgré la jeunesse).

Le nez est fin et frais, pénétrant, sur le cassis, la violette, la terre fraîchement remuée (qui donne un côté pinotant), avec une touche de ronce.

La bouche est ample, étonnamment aérienne pour le cépage, avec des tanins qui démarrent sur un fin soyeux pour s'affermir ensuite à partir du milieu de bouche. L'ensemble est tendu par une fine acidité parfaitement intégrée.

La finale à la mâche généreuse est plus typique du Côt, dans un esprit Sud-Ouest. Ça accroche certes un peu, mais dans le genre "rustique gourmand et mûr" à tendance addictive. Prudence, donc. Pas plus de 6 bouteilles à la suite (je déc... Un verre, et stop !Non mais...).


vendredi 28 août 2015

Aldebertus : encore meilleur que 2013 !


J'avais dit le plus grand bien du millésime 2013 d'Aldebertus. Ça, c'était avant que je goûte 2014. Finalement, si l'on compare à son cadet d'un an, il apparaît juste correct. Bon, j'exagère sûrement un peu. C'est surtout pour vous faire comprendre que ce 2014 est une petite merveille, et qu'il serait dommage de passer à côté.

La robe est or pâle, aux reflets argentés.

Le nez réussit à être fin tout en étant très aromatique : fleurs (chèvrefeuille, rose), fruits (pêche, abricot), avec une pointe de coco/gingembre.

La bouche est ample, sphérique, avec une matière sachant être à la fois aérienne et voluptueuse, tout en gardant sa grande intensité aromatique. Le tout est élancé, sans lourdeur aucune.

La finale est dans la continuité, avec une fine mâche gourmande, et une belle rétro-olfaction qui pointe son nez. On perçoit un peu de sucres résiduels, mais ils sont parfaitement intégrés.

Bref, il offre toute la beauté d'un Condrieu lorsqu'il est réussi, si ce n'est qu'il ne vaut qu'un tiers du prix des cuvées abordables (11.80 €). Après, à vous de voir si vous servez à vos convives du vin ou une étiquette...


PS : le vin s'est en fait goûté de façon optimale à la température de  notre entrepôt (15-16 °C dans la partie non climatisée) à l'ouverture de la bouteille. Il correspond alors à la description faite ci-dessus. Lorsqu'on le rafraîchit, je trouve qu'il perd de sa complexité et de son harmonie. La texture est moins sensuelle. Le vin semble plus monocorde, presque raide. Seule la finale y gagne, plus expressive et plus longue. C'est bien sûr une perception très personnelle, mais je vous engage à faire le test.



jeudi 27 août 2015

Craquerez-vous pour Bergecrac ?


Au départ, j'ai cru à une coquille de l'imprimeur. Mais non, c'est volontaire, ce "c" en trop qui donne Bergecrac. J'vous le dis, ces jeunes vignerons, ils ne respectent plus rien. Mais bon, lorsqu'ils sont doués comme Vincent Alexis, on leur pardonne tout.


Vincent, nous l'avons rencontré dans plusieurs salons "nature", et à chaque fois que nous goûtions ses vins, nous nous disions qu'il fallait le référencer, car tout est vraiment très (très) bon, peu sulfité et de plus très accessible (gustativement comme économiquement). L'amie Sandrine (la mère de #lastagiaire) l'a déjà fait depuis un certain temps. Elle et ses clients ne le regrettent pas. Nous nous y mettons à notre tour en espérant que vous ferez un bon accueil à ses vins !

Au fil des semaines qui viennent, nous ferons le tour des différentes cuvées. Pour l'heure, je vous parle donc du Bergecrac 2014, un Berge(c)rac rouge à l'assemblage pas trop courant dans le secteur : 40 % de Malbec, 40 % de Cabernet Sauvignon, 10 % de

La robe est rouge violacée sombre, mais translucide.

Le nez est très expressif, donnant l'impression qu'il sort tout juste de la cuve, sur les fruit noirs (mûre, cassis) et les épices (poivre, cannelle).

La bouche est puissante, charnue, dense, avec un fruit très intense, vibrant dirai-je même. Cela s'affermit en milieu de bouche avec des tanins plus saillants, mais c'est du tanin bien mûr et très adapté aux plats du Sud-Ouest, un peu gras, genre cassoulet, confit de canard (mais c'est du BON gras).

La finale explose elle aussi de fruit, avec une matière que j'oserais qualifier de couillue. Ca envoie, mais c'est vraiment bon !

Le tout pour 7 €. Quand je vous disais que c'était abordable ;-)




mercredi 26 août 2015

Le pouvoir mystérieux de l'argile


Ca vous paraître étonnant, mais je n'avais encore jamais goûté cet Argile blanc du Domaine des Ardoisières. Il faut dire qu'il fait plutôt partie des vins qui se vendent tout seul. Bon, certes pas comme Ganevat, mais le domaine a acquis une belle réputation et a ses afficionadas, grâce en partie à des reportages comme celui de Vin-Terre.Net.
 
Ma problématique, c'est qu'à l'instar de nombreux amateurs de vins, nous rentrons à Vins étonnants beaucoup plus de vins rouges que de vins blancs. Comme je tente d'alterner sur ce blog les deux couleurs, j'ai l'embarras du choix en ce qui concerne les rouges ... mais c'est un vrai casse-tête de trouver LE blanc. Il faut me voir errer à l'entrepôt à la recherche de la bouteille du jour  : " non celle-là, déjà fait... Non, celle-là, déjà fait... Ah oui, celle-là, tiens. Zut, il n'en reste pas assez..." Et ça peut durer ainsi 10 minutes. 
 
Finalement, j'ai donc choisi cet Argile blanc  issu d'un assemblage d'Altesse, de Roussanne, de Mondeuse blanche, de Pinot gris et de Jacquère. Comme le nom de la cuvée l'indique, le sol est argileux, mais il est assez superficiel. En dessous, l'on trouve du schiste noir (d'où les Ardoisières !). L'élevage se fait pour un tiers en barriques (de plusieurs vins) et le reste en cuve. Aussi, le boisé n'est pas du tout perceptible.
 
La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est plutôt discret, sur la pomme mûre, le beurre frais et la fleur de tilleul. Avec l'aération arrive la poire.

La bouche est ronde et gourmande, envahissant le palais d'une fraîcheur zen, pure, pas du tout agressive, vous  donnant un sentiment de bien-être.  

La finale est très savoureuse, donnant l'impression d'avoir croqué une pomme, persistant sur des notes crayeuses vous aspirant la moindre particule de salive. Vous venez de découvrir le pouvoir adsorbant de l'argile ;-)

Ce vin sera parfait pour l'apéritif car il permet d'attaquer le repas en douceur, mais il ira très bien aussi avec du cabillaud, une  viande blanche,  un fromage de chèvre légèrement affiné...

 

mardi 25 août 2015

Offrez-vous une fille de l'air


Il est tout de même temps que je vous parle du dernier rosé que l'on vient de faire rentrer, quand bien même je pense qu'il pourra se boire sans problème en plein hiver. Mais c'est vrai que souvent, le coeur n'y est plus vraiment. On devient plus manichéen. C'est blanc ou rouge. L'entre-deux a du mal à se faire une place.

Il n'est pas illogique le Domaine de l'R ait baptisé sa cuvée la plus "girly" : une fille de l'air. Frédéric Sigonneau a limité la provoc' en choisissant la Maja vestida et non la Maja desnuda de Goya (pour voir la différence entre les deux, lire ICI).

La robe est rose saumon pâle.

Le nez est fin et frais, entre groseille à maquereau, yaourt aux fruits jaunes (pêche/abricot), et bonbon acidulé.

La bouche est vive, élancée, soutenue par un léger perlant, avec une matière aérienne et digeste, légèrement fruitée et épicée.

La finale, acidulée et citrique rappelle certains bonbons de notre enfance, et se prolonge sur des épices et des nobles amers.

Ce vin supporte un réchauffement conséquent (16 °C). Il s'arrondit, alors, gagnant en gourmandise tout en restant très bien équilibré. Il fait alors un super vin d'apéritif. Alors que plus frais, il peut remplacer sans problème un vin blanc dont il partage la vivacité.



lundi 24 août 2015

Boutonnière : une perle n'est pas forcément chère


Lorsque je suis allé en juillet dans le Forez, je suis allé à la belle boutique de Vin & Pic. Et j'ai dégusté de bon matin toute la gamme, des blancs secs aux liquoreux en passant par le rosé et les rouges. Beaucoup de vins m'ont plu, mais l'un de ceux qui m'ont le plus marqué est le Boutonnière. Ce n'était pas le plus puissant, loin de là, mais il avait une finesse émouvante, avec un nez floral qu'on ne se lasse pas d'humer et qui donne envie de plonger dans le verre (ce qui est évidemment impossible ... et donc frustrant).
Il est vrai que l'année 2014 a été particulièrement réussie dans le Forez (cf la très belle Volcanique de Verdier-Logel ... et un magnifique Poycelan qui ne devrait plus tarder à arriver). Boutonnière à un petit quelque chose en plus par rapport aux autres vins du secteur : il  ne comprend que 50 % de Gamay. L'autre moitié est composée de cépages hybrides divers et variés créés dans les années 20-30 et qui ont quasiment disparu aujourd'hui. Le très chaud mois de septembre leur a permis d'arriver à parfaite maturité, ce qui évite d'avoir les désagréables notes foxées qu'on a pu leur reprocher. Du coup, ce n'est vraiment que du bonheur.
La robe est rouge violacé sombre, mais translucide.

Le nez est d'abord réduit. Non pas qu'il pue vraiment, mais il n'est pas avenant alors qu'il était très séduisant dans mon souvenir. Dix-huit heures plus tard (bouteille épaulée et rebouchée), c'est vraiment autre chose : on est sur le floral, entre pivoine et violette, avec même une pointe de rose, la  cerise bigarreau, noyau inclus, et une touche poivrée.

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec une matière douce et soyeuse aux tanins imperceptibles. Le fruit et les épices le sont, par contre. L'ensemble est d'une gourmandise assez irrésistible, tout en restant d'une grande sobriété.

La finale légèrement mâchue est dominée par le noyau et le poivre blanc, toujours dans un registre sobre et élégant.
Cette petite perle est à seulement 6,70 €. On est à la limite de l'indécence. Mais en même temps, on ne va pas s'en plaindre. Autant en profiter tant que ça dure...

vendredi 21 août 2015

L'art du grand écart


Au fil des dégustations avec le club de Saint-Yrieix (pas loin d'une trentaine à ce jour), je m'aventure  de plus en plus loin dans l'éclectisme, abandonnant toute thématique classique. C'était particulièrement criant hier soir où je passais d'un Bergerac "nature" à un "grand cru exceptionnel de Margaux" pour basculer ensuite sur un Riesling mosellan doux et tranchant à la fois. Et non seulement, les Gentils Membres ne rechignent pas, mais ils sont de plus en plus nombreux et enthousiastes.
 
 
J'étais curieux de tester avec eux notre dernière nouveauté (dont j'avais vanté les mérites le matin-même sur le blog) : le Rosé d'une nuit Brut de Syrah de Jean-Louis Denois. Plus fruité et guilleret que le précédent Bulles de Syrah, il s'adresse je pense à un plus large public. Impossible de ne pas aimer ça. Après, certains l'ont trouvé léger. Oui, c'est vrai.  Ce n'est pas vineux ni intense.  Mais c'est justement ce qui fait son charme, cette légèreté. On n'est pas sur une bulle "prise de tête". Just enjoy, dirait un américain. En tout cas les retours ont été bons : il s'est vendu par caisses... (mais il en reste pour toi, ami lecteur). Si le vin avait été plus concentré l'accord avec la mise en bouche (pommes de terre/hareng fumé) eût  été certainement dissonant. Mais là, il s'accordait sans trop de souci même si ce n'était pas le mariage du siècle. 
 
 
Pour accompagner  l'Equinoxe 2013 de l'Arjolle dont j'ai aussi parlé il y a peu, j'avais demandé au chef de refaire une recette qui s'était mariée en décembre 2013 avec un Riesling Grittermatte de Meyer. Du merlu enrobé dans de la poitrine fumée et une sauce à l'orange et aux carottes. Les deux se sont très bien accommodés : le plat a arrondi le vin qui peut paraître too much lorsqu'il est bu seul. On n'était pas loin de la fusion. Beau moment gastronomique.
 
 
La photo ne fait pas vraiment honneur au plat. Les pommes de terre étaient fondantes et carrément délicieuses, volant la vedette au bœuf. Avec ces pommes sarladaises, j'ai pris un vin "local". Un Bergerac la Vigne d'Albert 2014 de la Tour des Gendres. Un bel essai transformé de vin nature (zéro sulfite ajouté, même à la mise) issu d'une parcelle de vigne plantée par le grand-père Albert de Conti avec cinq cépages, dont du Fer et du Périgord, quasiment disparus aujourd'hui. Le millésime 2014 lui a apporté une grande fraîcheur (et un fruit pétaradant) qui placerait presque le vin en Bourgogne, mais aussi une sacrée digestibilité. Tu en boirais des litres sans t'en rendre compte.
 
 
Après ce vin tout en légèreté, on est passé à un vin beaucoup plus concentré : le Margaux Bel  Air Marquis d'Aligre 2009. Ouvert 24 h à l'avance puis carafé deux heures avant de le servir, il était juste parfait ! Très intense, avec tannins veloutés, un fruit bien mûr, des épices et une touche de cèdre mentholé, il présentait l'avantage pour de nombreux convives de ne pas sentir du tout le bois. Car c'est le seul Margaux à ne jamais voir une barrique. Que de la cuve béton. Si au départ, je n'étais pas trop sûr de mon coup, j'ai été vite rassuré. Tout le monde l'a beaucoup apprécié ! L'accord avec le Saint-Nectaire, fondant à souhait, était parfait.
 
 
Nous avons fini avec un Riesling Kabinett 2013 de Clemens Busch, accompagné d'une tarte au citron. Les deux se complétaient très bien. Le dessert gommait légèrement l'acidité tonique du vin. Le vin donnait du peps et de la profondeur à la tarte. L'ensemble était frais et digeste, ce  qui était bien pour finir une soirée d'été. Tout le monde est reparti le ventre et l'esprit léger, avec le sourire aux lèvres.
 
 
 Merci à tous pour ce beau moment de partage !

 

mercredi 19 août 2015

Brut de Syrah : parce que le bonheur doit être accessible à tous


Ce n'est pas la première - et probablement pas la dernière fois - que je m'enthousiasme pour une bulle de Jean-Louis Denois. Mais ce Rosé d'une nuit 100 % Syrah est une belle réussite. Plus coloré et fruité que sa précédente Bulles de Syrah, il est en plus certifié bio... et moins cher (9,90 €) ! Au risque de défriser l'ANPAA qui lutte par tous les moyens pour faire disparaître le vin et ses zélateurs, je serais tenté de lancer une pétition pour que Jean-Louis Denois soit reconnu bienfaiteur de l'humanité.
La  robe est rose framboise (ou  rose Monaco de notre adolescence ?) avec des bulles fines.

Le nez est joyeux, sur les petits fruits rouges, la grenadine et la bière blanche.

La bouche est tonique, au fruit pimpant, avec des bulles froufroutantes qui vous chatouillent le palais

La finale savoureuse, gourmande, s'équilibre par le duo amertume/astringence qui gomme le dosage. La bouche reste fraîche et nette.
En bref, un vin vraiment réjouissant, qui devrait plaire autant aux amateurs exigeants qui ne peuvent ouvrir des quilles à 50 € tous les jours qu'aux gens qui n'y connaissent rien et qui ont juste bon goût ;-)


mardi 18 août 2015

TP3 : Toujours Parfait !

La dernière fois que je vous ai parlé du TP3, il s'agissait du 2011. C'était il y a plus de deux ans. Pas étonnant que nous en soyons aujourd'hui au 2013.
TP3, c'est le nom du camion qui figure sur l'étiquette et participe à la vie du domaine, mais on lui donne bien la signification que l'on veut, comme Top Perfect, Toujours Parfait, Trop Pon (avec l'âksent âlsacien)... Plus prosaïquement, c'est un assemblage de Lledoner Pelut (variété locale de Grenache aux feuilles velues), Syrah et Grenache. Il résulte principalement des presses de la cuvée Byzance, ce qui explique sa mâche en fin de bouche mais aussi son fruit d'une rare intensité (et la grande finesse de Byzance).
La robe est grenat sombre aux reflets violacés.

Le nez est intense sur les fruits noirs bien mûrs (cerise, mûre, myrtille), le cacao et le poivre blanc.

La bouche est ronde, charnue, avec une matière veloutée et un fruit expressif et gourmand.

La finale bien épicée se montre plus tannique, mais cela devrait permettre à ce vin de résister sans faillir au gras d'une côte de bœuf ou de porc grillée au barbecue. TP3 a aussi un Top Prix : 7,80 €.

lundi 17 août 2015

Le Saut Mignon, Saut Vignon hors norme




Lorsque Sylvain Dittière s'attaque au Sauvignon, le résultat ne ressemble à aucun vin connu, sauf peut-être si vous avez déjà dégusté les Pouilly-Fumé d'Alexandre Bain. Ils ont en commun des notes de roses auxquelles on ne s'attend pas sur ce cépage. Pour ce qui est de la structure, on partirait plus sur le Chenin, également vinifié par le vigneron angevin. Bref, on est en plein OVNI sans que cela tombe dans le bizarre.

Le Saut Mignon a été vinifié puis élevé 20 mois en barriques de deux vins. Cela explique  certainement sa belle couleur dorée. 

Il ne sent pas le pamplemousse et encore moins le pipi de chat. On est plutôt sur le chèvrefeuille, la citronnelle, la rose et le zeste de mandarine, avec une légère touche beurrée/grillée.

La bouche est concentrée, intense, virile sans être bourrin(e), avec une sacrée tension.

La finale est puissante, avec de nobles amers qui ne sont pas sans évoquer le Chenin, mais aussi florale, avec un retour sur la rose perçue au nez, pour se conclure finalement sur la mandarine japonaise (yuzu).

Un vin vraiment unique en son genre ... et rare (600 bouteilles produites).



vendredi 7 août 2015

Accro au sang (del païs)?


Pour découvrir Marcillac, il n'y a rien de mieux que de goûter Lo Sang del Païs. Cette cuvée reflète bien l'ambiance de cette région. Au premier abord, elle peut paraître rude, limite inhospitalière. Mais si l'on s'y attarde un peu, on se prend à l'aimer. Le cépage Mansois (= Fer Servadou ou Braucol)  participe à cette ambiance rustico-hédoniste. Son nez n'aura jamais le charme sensuel d'une Syrah rhodanien, mais il s'en dégage une sincérité, une authenticité qui vous rendrait presque Maurassien. Un tel vin ne peut mentir.
La magie 2014 a aussi opéré à Marcillac. Le vin est plus dense que les années précédentes, tout en restant d'une grande souplesse, y compris en finale. S'il est une année pour découvrir cette cuvée, c'est bien celle-ci, car le Mansois n'a rarement été autant à son avantage. Par beaucoup d'aspects, ce vin fait penser au Papillon d'Orphée, ce qui est relativement logique : si le nom change, le cépage est le même ;-)

La robe est d'un pourpre intense tout en restant translucide.

Le nez est frais et épicé, sur les fruits noirs sauvages (prunelle, sureau), le tabac gris, le poivre et ce côté ferreux/sanguin si typique.

La bouche est ronde, douce, veloutée, à la fois tonique et digeste, avec un fruit poivré bien présent.

La finale est savoureuse, intense sans être dure, très marquée par le poivre et le sang. Lo Sang del Païs.


jeudi 6 août 2015

Equinoxe 2013 : monstrueuse, toujours.


L'Equinoxe, c'est un peu comme la drogue. On se dit que l'on n'y touchera plus. Et puis, dès que l'occasion se présente, on replonge. Là, l'occase, c'était l'arrivée du millésime 2013. Il y avait une forte chance qu'il ressemble diablement au 2012 vu la maîtrise du domaine de l'Arjolle sur cette cuvée. Mais bon, on ne sait jamais, hein ? J'en ai donc ouvert une bouteille, pour voir. J'ai vu !
 
La  seule chose qui soit modérée dans ce vin, c'est sa robe, juste dorée.

Le nez est riche et intense sur le zeste d'agrume confit (citron, bergamote, mandarine), le beurre frais, un soupçon de vanille et une tranchette de pain grillé.

La bouche envoie du lourd, avec une matière très concentrée, qui tomberait presque dans le moelleux/suave si elle n'était pas équilibrée par une fraîcheur vivifiante, mais aussi la noble et puissante amertume de l'écorce d'agrume. Ce vin est un monstre (d'équilibre).

La finale s'enchaîne dans une explosion baroque d'une excitante violence où l'on retrouve pêle-mêle tous les éléments du nez et de la bouche, en plus intense.
 
Bref, l'Equinoxe reste l'Equinoxe, quel que soit le millésime. Le génie de ses créateurs, c'est d'en faire un vin sur le fil du rasoir, totalement borderline. Il est bourré d'excès de toutes sortes, mais  ils réussissent à s'équilibrer les uns les autres et à s'harmoniser. On est donc toujours à un quart de doigt du too much, mais sans jamais tomber dedans. C'est probablement ce qui me fascine dans ce vin hors norme. Déjà, je sais que lorsque le 2014 sortira, je cèderai avec délice à la tentation...


mercredi 5 août 2015

Lirac rosé, un vin de gastronomie


Trouver le juste timing. J'ai ouvert la semaine dernière cette bouteille de Lirac rosé du Domaine du Joncier. Et bing, le temps devient gris et froid, ne donnant pas vraiment envie d'ouvrir ce genre de bouteille. On attendra donc un peu pour en parler... Ouf, le soleil est maintenant est de retour, les grillades de nouveau de sortie, dépêchons-nous d'en parler avant que l'automne arrive !
Ce Lirac est fait dans le même esprit que son voisin Tavel. On n'est pas sur un rosé de piscine à boire glacé à l'heure de l'apéro, mais un vin de gastronomie qui accompagnera à merveille les plats méditerranéens où souvent blancs et rouges échouent (ceux à base de tomate et d'ail, par ex). En ce moment, les côtelettes d'agneau ou les travers de porcs, mais aussi les paellas, la bouillabaisse, les pizzas... Multifonction, quoi.
  
La robe est rose saumon intense.

Le nez est fin, sur la fraise confite et le poivre blanc.

La bouche est élancée, toute en longueur, avec une matière concentrée au toucher moelleux, vineuse et épicée, très marquée par les fruits rouges confits.

La finale est riche et épicée, de belle longueur, se prolongeant sur des notes fruitées et poivrées.

mardi 4 août 2015

Canal des Grands pièces 2014 : future grande quille !


Même si nous ne sommes que début août, nous recevons pas mal de nouveautés en ce moment. Nous venons de recevoir les nouveaux millésimes du Rocher des violettes, de la Porte Saint-Jean, de David Reynaud, du domaine de la Pépière, et donc, en ce qui concerne la bouteille du jour, du domaine de l'R.
 
Le Canal des grands pièces est pour l'instant la seule cuvée que j'ai dégustée. Elle n'échappe pas à la réussite de 2014. La maturité est juste parfaite, et la fraîcheur omniprésente, sans être jamais agressive. Il y a de plus dans ce vin une matière suffisante pour donner un excellent vin dans quelques années. 
 
La robe est pourpre translucide.

Le nez est fin et frais, sur la crème de mûre, le poivre blanc et une touche de menthol.

La bouche est ronde, fraîche, avec une matière mûre et veloutée et une belle tension qui ne tombe pas dans la raideur. Bien au contraire, on est dans la totale gourmandise (ce qui est loin d'être toujours évident avec le Cabernet-Franc).

La finale dévoile une mâche savoureuse où l'on retrouve les arômes perçus au nez (fruits noir, poivre et menthol) et toujours cette superbe fraîcheur. Très bon aujourd'hui... et grand demain. Tout ça pour un (tout petit peu moins) de 10 €. Etonnant, non ?

 

dimanche 2 août 2015

Venez à moi, les Gras Moutons !


J'ai dit tous le bien que je pensais des vins rouges du millésime 2014, à la fois bien mûrs et très frais. Les blancs ne sont pas en reste. Comme leurs frères de couleur, ils ont beaucoup de fraîcheur, tout en n'étant jamais mordant/agressif comme cela pouvait arriver sur les 2013. Je l'avais constaté en dégustant le Muscadet "de base" de la Pépière en janvier 2015, puis le Clos des Briords et les Gras Moutons à Haut les vins au mois de juin. Quand j'en ai ouvert une bouteille vendredi dernier, je savais donc à peu près quoi m'attendre. Eh bien, elle était encore meilleure que dans mon souvenir qui était pourtant très bon. Du blanc comme ça, je veux bien être condamné à en boire tous les jours !

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est à lui seul tentateur, sur le zeste de citron, la pomme poêlée au beurre, la craie humide, le miel d'acacia...

La bouche est de belle ampleur, toute en fraîcheur tonique, avec une acidité tellement bien intégrée qu'on ne la sent pas - alors que le vin ne doit pas en manquer. Un léger gaz carbonique apporte un subtil perlant qui rend l'ensemble encore plus frétillant. L'ensemble est digeste et cristallin.

La finale mêle délicieusement amertume et astringence (écorce de pomelo). S'y ajoutent des notes salines prolongeant agréablement le plaisir.
Bref, pour 8 € (si, si) c'est une sacrée belle affaire :-)