vendredi 21 août 2015

L'art du grand écart


Au fil des dégustations avec le club de Saint-Yrieix (pas loin d'une trentaine à ce jour), je m'aventure  de plus en plus loin dans l'éclectisme, abandonnant toute thématique classique. C'était particulièrement criant hier soir où je passais d'un Bergerac "nature" à un "grand cru exceptionnel de Margaux" pour basculer ensuite sur un Riesling mosellan doux et tranchant à la fois. Et non seulement, les Gentils Membres ne rechignent pas, mais ils sont de plus en plus nombreux et enthousiastes.
 
 
J'étais curieux de tester avec eux notre dernière nouveauté (dont j'avais vanté les mérites le matin-même sur le blog) : le Rosé d'une nuit Brut de Syrah de Jean-Louis Denois. Plus fruité et guilleret que le précédent Bulles de Syrah, il s'adresse je pense à un plus large public. Impossible de ne pas aimer ça. Après, certains l'ont trouvé léger. Oui, c'est vrai.  Ce n'est pas vineux ni intense.  Mais c'est justement ce qui fait son charme, cette légèreté. On n'est pas sur une bulle "prise de tête". Just enjoy, dirait un américain. En tout cas les retours ont été bons : il s'est vendu par caisses... (mais il en reste pour toi, ami lecteur). Si le vin avait été plus concentré l'accord avec la mise en bouche (pommes de terre/hareng fumé) eût  été certainement dissonant. Mais là, il s'accordait sans trop de souci même si ce n'était pas le mariage du siècle. 
 
 
Pour accompagner  l'Equinoxe 2013 de l'Arjolle dont j'ai aussi parlé il y a peu, j'avais demandé au chef de refaire une recette qui s'était mariée en décembre 2013 avec un Riesling Grittermatte de Meyer. Du merlu enrobé dans de la poitrine fumée et une sauce à l'orange et aux carottes. Les deux se sont très bien accommodés : le plat a arrondi le vin qui peut paraître too much lorsqu'il est bu seul. On n'était pas loin de la fusion. Beau moment gastronomique.
 
 
La photo ne fait pas vraiment honneur au plat. Les pommes de terre étaient fondantes et carrément délicieuses, volant la vedette au bœuf. Avec ces pommes sarladaises, j'ai pris un vin "local". Un Bergerac la Vigne d'Albert 2014 de la Tour des Gendres. Un bel essai transformé de vin nature (zéro sulfite ajouté, même à la mise) issu d'une parcelle de vigne plantée par le grand-père Albert de Conti avec cinq cépages, dont du Fer et du Périgord, quasiment disparus aujourd'hui. Le millésime 2014 lui a apporté une grande fraîcheur (et un fruit pétaradant) qui placerait presque le vin en Bourgogne, mais aussi une sacrée digestibilité. Tu en boirais des litres sans t'en rendre compte.
 
 
Après ce vin tout en légèreté, on est passé à un vin beaucoup plus concentré : le Margaux Bel  Air Marquis d'Aligre 2009. Ouvert 24 h à l'avance puis carafé deux heures avant de le servir, il était juste parfait ! Très intense, avec tannins veloutés, un fruit bien mûr, des épices et une touche de cèdre mentholé, il présentait l'avantage pour de nombreux convives de ne pas sentir du tout le bois. Car c'est le seul Margaux à ne jamais voir une barrique. Que de la cuve béton. Si au départ, je n'étais pas trop sûr de mon coup, j'ai été vite rassuré. Tout le monde l'a beaucoup apprécié ! L'accord avec le Saint-Nectaire, fondant à souhait, était parfait.
 
 
Nous avons fini avec un Riesling Kabinett 2013 de Clemens Busch, accompagné d'une tarte au citron. Les deux se complétaient très bien. Le dessert gommait légèrement l'acidité tonique du vin. Le vin donnait du peps et de la profondeur à la tarte. L'ensemble était frais et digeste, ce  qui était bien pour finir une soirée d'été. Tout le monde est reparti le ventre et l'esprit léger, avec le sourire aux lèvres.
 
 
 Merci à tous pour ce beau moment de partage !

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire