mercredi 30 avril 2014

Jeu de quilles : un chouette resto au pays de Sagan et Papy Mougeot


L'un des tous premiers articles de ce blog avait été consacré au Rince-Cochon situé à Limogne en Quercy. Presque deux ans plus tard, nous retrouvons son chef Patrice Ponsolle à une dizaine de kilomètres plus à l'est à Cajarc, village natal de Françoise Sagan, et dont tombèrent amoureux le couple Pompidou (d'où la présence d'un musée d'art contemporain dans cette petite commune) et Coluche (qui lui rendit hommage dans le sketch du Schmilblick ). 


Vous l'aurez compris, Patrice partage notre philosophie et propose sur sa carte beaucoup de vins bios et/ou étonnants, sans tomber dans le barré ou le déviant. C'est un amoureux du goût et non un ayatollah du vin nature. Sa carte des vins comporte aussi de jolies références comme la Grange des pères ou le Clos des Rouliers à prix relativement doux.



Le resto de Patrice ne risque pas de faire partie du Top 50 des meilleurs restaurants du monde, car il n'y a rien de techno et de spectaculaire dans sa cuisine : que des bons produits, si possibles locaux et de saison, cuisiné le plus simplement possible, avec des cuissons précises.  Je m'en suis rendu compte pendant mon repas.


Le menu tient une seule page, roulée dans un porte-serviette


Le voilà déroulé :-)


Un oeuf de ferme poché et des asperges, avec une tranche de pancetta croustillante. Ce qui est remarquable ici, c'est la cuisson des asperges. Elles sont cuites, mais fermes, à la limite du croquant (sans pour autant être dures ou filandreuses) alors que la plupart du temps, elles sont servies molles, voire avachies, ce qui leur fait perdre une grande partie de leur intérêt.


Le porcelet noir de Bigorre était un délice, dont le merveilleux gras était tonifié par le gingembre et le citron. Là aussi, les légumes avait une cuisson d'une grande justesse, apportant du croquant à ce plat très tendre. 


La présentation du dessert fut une vraie surprise, car je m'attendais à un millefeuille classique. La pâte feuilletée était remplacée par de fines tuiles croustillantes et pas trop sucrées, et la mousse au chocolat, faite au siphon, était légère, et bien équilibrée la marmelade d'orange amère présentée à part, ce qui permettait de doser et varier  l'assemblage. La fève tonka apportait juste une légère touche épicée/vanilée, sans écraser l'ensemble.


L'autre dessert, un cheesecake à l'ananas rôti et citron vert, avait l'air bien sympa aussi. Je ne l'ai que photographié (snif...). En digestif, le chef m'a fait dégusté un Cahors que je ne connaissais pas et qui était extra. Je vous en reparlerai sûrement bientôt s'il passe le sévère comité de sélection...

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Le jeu de quilles
7 boulevard du tour de ville
46160 Cajarc
Tel : 05 65 33 71 40

mardi 29 avril 2014

Nuit grave : m'en fous, je continue !


Vous pouvez pas savoir combien je suis heureux que Vins étonnants référence le Mas des Chimères. Mon histoire avec ce domaine relève quasiment du karmique. Je vous raconte : dans une vie antérieure, il y a quatorze ans de cela, j'habitais à La Rochelle. Il y avait là-bas un caviste fantastique, anciennement sommelier à la Tour d'Argent, qui proposait une sélection de Languedoc assez incroyable pour l'époque. Je lui avais demandé conseil, et les premiers vins qu'il m'a conseillés de découvrir, ce sont ceux du Mas des Chimères. Je me suis pris alors une p...de baffe. Comme beaucoup, je n'imaginais pas que l'on puisse faire de pareils vins dans cette région.

En 2004, je me suis rendu sur place à Octon, à côté du Lac de Salagou, et j'avais acheté une caisse de blanc qui avait un rapport qualité/prix rien de moins qu'exceptionnel, et une caisse de vieux millésimes dont certains remontaient à une quinzaine d'années. Ce sont d'ailleurs les plus vieux qui m'ont bluffé, d'une finesse et d'une complexité étonnantes dans le Languedoc du tout début des années 90.

Quelques années plus tard, j'ai travaillé chez un caviste en Normandie où le Mas des Chimères fut  également référencé.

Et désormais, une partie de la gamme est désormais disponible dans les bacs virtuel de Vins étonnants, dont ce fameux blanc que j'adore, et puis Nuit grave, dont je vous cause maintenant. C'est un assemblage de Syrah (48%),Grenache (31%) et Mourvèdre (21%), avec un élevage en barriques de 400 et 600 litres afin de ne pas trop boiser le vin.

La robe est grenat sombre, translucide, avec des reflets pourpres

Le nez fin, élégant, évoque la  framboise, le poivre, le tabac hollandais, la violette...

La bouche est ample, douce, aux tanins fins, presque soyeux, avec une belle allonge et ce qu'il faut de fraîcheur, et surtout une évidence, un équilibre comme j'aime, même lorsqu'il est servi à température de notre cave, à 13 °.

La finale épicée est un peu plus ferme, mais sans dureté aucune. Ce n'est pas d'une longueur exceptionnelle, mais on s'en fiche un peu. On s'en reprend une autre gorgée, et puis voilà. 



lundi 28 avril 2014

Ca bosse dur, à Vins étonnants...


Il n'y a jamais de répit pour les braves. À peine les dernières commandes de la semaine envoyées,  voilà qu'il faut déguster une douzaine de bouteilles pour décider des prochaines cuvées à référencer. Nous allons élargir la gamme de Troteligotte dont je vous parlais il y a peu, avec entre autres un rosé, fruité et finement acidulé. Et comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, j'irais les chercher demain au domaine, ce qui me permettra de faire un petit reportage...

Nous avons aussi dégusté des nouvelles cuvées des Terrasses de Gabrielle. Entre les deux rosés proposés, nous avons craqué pour Summer of love, un 100 % Niellucio, épicé à souhait, rappelant un très bon Tavel, le prix élevé en moins. 

Mais mon gros coup de coeur, c'est Pompon le cheval, un rouge 100 % Counoise, qui évoque la confiture de cerise noire relevée d'une palanquée d'épices, tout en étant juteux et digeste. Une petite tuerie qui ne devrait pas dépasser les 6 €.  Là, je n'irai pas les chercher. Ca fait un peu loin. En plus, le reportage est déjà fait ;-)


vendredi 25 avril 2014

Collioure blanc du Pic Joan : deux vins dans une bouteille



C'est l'un de mes coups de coeur lors du dernier Vinisud où je fus envoyé en solo, Eric R étant condamné à rester à Limoges pour préparer vos commandes. Toute la gamme de Pic Joan que je ne connaissais pas m'a séduit, que ce soit les Banyuls ou les Collioure.

Ce Collioure blanc m'avait épaté par sa fraîcheur sur le stand du domaine, alors qu'il est à base de Grenaches blancs et gris, plutôt des cépages généreux en alcool.

J'avais tout de même bien envie de le regoûter, histoire de vous en parler.

Et là, je tombe sur un vin assez différent de celui que j'avais découvert fin février. Déjà, le nez sur la pêche, l'amande, la bergamote, avec une touche toastée/fumée, me semble plus riche (j'avais en mémoire un nez plus strict, minéral).

Mais ce qui me surprend le plus, c'est la bouche ample, douce, soyeuse, caressante, tout en étant dense et mûre, avec une fine acidité étirant l'ensemble, renforcée par un léger perlant (je le voyais beaucoup plus "tendu").

Le contrepoids de cette générosité, c'est la finale un peu chaleureuse, même si plutôt bien équilibrée par le duo amertume/astringence.

Sur ce,  je le mets au frigo pour quelques heures, histoire de voir si je vais retrouver le Collioure de février dernier. Et là, "miracle", ça marche. Le nez redevient plus "pierreux", iodé. La bouche est plus éclatante, tranchante comme une lame d'acier, avec une matière saline/huileuse me rappelant le Caol Ila (whisky d'Islay). Et la finale a perdu son côté solaire pour redevenir plus  minérale.

Cela peut être intéressant de servir ce vin à l'aveugle successivement à deux températures différentes (9 et 13 °C) et de voir les réactions des dégustateurs. Peu imagineront que c'est le même vin...

Autant le premier ira bien avec un tartare de dorade aux agrumes, autant le second peut accompagner une viande blanche épicée, un tajine, voire un dessert aux pêches.

jeudi 24 avril 2014

K-nom : Komme son nom l'indique


Nous venons de référencer un nouveau producteur de Cahors, car nous n'arrivons pas à proposer toute l'année les Escures du Mas del Périé. Et ce n'est pas la faible production de 2013 qui va arranger les choses...

Après avoir testé,  nous avons choisi le Clos Troteligotte qui présente tous les avantages : ils travaillent en bio (début de conversion officielle en 2011), font de très bons vins, ont des étiquettes rigolotes et pratiquent des prix-cavistes permettant quasiment de vendre les bouteilles au même tarif qu'à la propriété.

K-nom est le "petit" Cahors de la propriété, issu d'un assemblage de MalbeK (85 %) et de Merlot (15 %). Il est vinifié et élevé en cuve, ce qui permet de le vendre pas trop cher (7,00 € !) et de préserver le fruit.

La robe est pourpre violacé, sombre et opaque. On ne voit RIEN à travers...

Le nez est très expressif, sur la crème de fruits noirs (mûre, myrtille), avec des notes lactées, voire miellées (dixit Zeboss).

La bouche est ronde, pulpeuse, veloutée, avec des tannins denses mais plutôt civilisés au vu de la concentration. Ça accroche un petit peu si vous le servez à l'apéro, mais avec un bon plat du Sud-Ouest, ça glissera tout seul ;-)

Cela se conclut sur une mâche cadurcienne de caractère, entre fruits et épices (je vous renvoie à la remarque précédente : faut le plat qui va avec).

À noter aussi la cuvée K-Pot, dont le nom frôle l'oxymore, vu que c'est une version non-protégée (pas de SO2, quoi). Cela ne se sent pas du tout à la dégustation, et même plusieurs jours durant. Ce vin qui ne fait pas du tout "nature" a une résistance à l'air impressionnante.






mercredi 23 avril 2014

Maccabeu : le Sancerre du Sud


Il n'existe pas beaucoup en France de vin 100 % Maccabeu. Les quelques cuvées existantes sont pour la plupart traitées en mode oxydatif, dans la tradition des vins du Roussillon, proche des finos espagnols. Ce n'est pas le cas de celui-ci qui pourrait quasiment passer pour un très bon Sancerre si l'on ne savait pas qu'il provient des Corbières. Mais bon, ça, on n'a pas le droit de le dire : c'est un Vin de France...

La robe est jaune pâle brillante

Le nez évoque le beurre au zeste de citron, la pierre chauffée au soleil, avec une légère touche florale (acacia).

La bouche est ample, pleine de fraîcheur, vous caressant le palais d'une matière douce, soyeuse, très gourmande, marquée par les agrumes.

La finale est délicieusement astringente avec un retour expressif sur le zeste de citron. L'ensemble est vraiment frais et digeste, sans la moindre trace d'alcool. Un beau moment en perspective pour les heureux propriétaires de ce flacon!


mardi 22 avril 2014

Non, le Marcillac n'est pas un vin rustique !


Avant la catastrophe du phylloxera, on produisait du vin dans toutes les régions françaises, Haute-Normandie comprise (c'est dire!). Beaucoup de vignobles n'ont ensuite jamais été replantés. Celui de Marcillac (Aveyron) a survécu, même si la production est modeste (160 hectares de vignes, soit l'équivalent de deux domaines médocains). Le cépage principalement utilisé est le Mansois, appelé ailleurs Fer Servadou (que l'on retrouve de Bergerac jusqu'au Languedoc) ou Braucol à Gaillac. Il n'est pas vraiment réputé pour sa finesse, mais lorsqu'il est issu de vieilles vignes et traité avec douceur, on obtient de jolies choses, comme ce Vieilles Vignes 2011 du domaine du Cros.

La robe est grenat translucide.

Le nez sent la prunelle et le poivre noir, rappelant le Pineau d'Aunis. On peut alors s'attendre à un vin un peu dur. Il n'est en rien.

En effet, la bouche étonne par sa texture douce, ronde, ou rien n'accroche. L'ensemble est bien équilibré, sans aucune sensation d'alcool, d'amertume ou d'astringence.

La finale se conclut sur des notes épicées, toujours sans dureté aucune. 

Il ne faut néanmoins pas croire que sa douceur en fasse un vin sans caractère. Testé sur un plateau de fromages variés, dont certains bien relevés, jamais il n'a cédé du terrain, sans durcir ou s'évanouir. Il est resté lui-même, sans agressivité. 

Ce vin accompagnera aussi bien un plateau de charcuterie qu'un pot au feu. 



mardi 15 avril 2014

Le chant du Pinot noir




C'est même pas fait exprès : hier, j'évoquais un Pinot blanc. Aujourd'hui, c'est au tour du Pinot noir. J'avais dégusté le millésime 2011 du Chant de la tour il y a tout juste un an (lire ICI). Nous venons de passer au 2012, et je voulais m'assurer qu'il avait autant de charme que son grand frère.
La réponse est assurément un grand OUI. Je pourrais quasiment faire un copié/collé.
La robe est rubis translucide.
Le nez est un peu discret à l'ouverture, gagnant beaucoup à l'aération. On découvre alors des notes de griotte, de groseille, d'épices et de terre fraîchement retournée.
La bouche est d'une pureté totale, avec un côté cristallin, des tannins en soie arachnéenne, et un fruit croquant, d'une grande évidence. Le Pinot noir tel que je l'aime, simple et grand à la fois, sans le fard de l'élevage en barrique.
La finale toute en finesse ne casse pas ce moment de grâce. Au contraire, elle donne envie de se resservir. La bouteille n'a d'ailleurs pas fait un pli (j'étais pas tout seul...).
PS : il faut bien sûr aimer ce style de vin évanescent. Le millésime 2012 a été compliqué en Bourgogne, particulièrement pour les rouges. Je pourrais parfaitement comprendre que l'on puisse passer totalement à côté en le trouvant sans matière ni intensité aromatique. Pour ceux-là, nous avons plein d'autres vins qui correspondront à leurs attentes.

lundi 14 avril 2014

Pinot blanc "les terres chaudes" 2012 + 2013




Non, je ne vous convie pas à la dégustation de deux vins aujourd'hui, mais à celle d'une cuvée assemblant deux millésimes. En 2012, les levures étaient particulièrement fainéantes, et elles n'avaient pas fini leur job (transformer les sucres en alcool) à l'automne 2013. Du coup, Patrick Meyer a décidé de faire jouer la solidarité : ce sont celles du 2013, en pleine forme, qui ont terminé efficacement le travail.
Eh bien ma foi, l'idée était bonne, car ce  Pinot blanc est des plus harmonieux, ne trahissant pas  sa conception pour le moins chaotique.
La robe a un beau doré clair.
Le nez, tout en finesse, évoque la poire, le miel, l'amande, avec une touche de cire.
La bouche se fait d'abord pure, élancée, avant  de gagner en ampleur et dévoiler une matière douce, soyeuse, enveloppante, légère comme  une caresse. On retrouve ce toucher de bouche magique de certains 2012, comme le Riesling Grittermatte ou le Gewurztraminer les Pucelles. Un fin filet de gaz amène juste ce qu'il faut de peps.
La finale conclut ce vin sans à coup, avec une très fine mâche savoureuse, sur des notes mellifères.
Un  vin que l'on imagine bien avec une chair tendre et blanche,  que ce soit celle  d'une Saint-Jacques ou d'une volaille. Après, vous l'aurez compris par la description des arômes, on reste tout de  même sur le registre du vin "nature", mais il n'en a pas les  défauts rédhibitoires (réduction, oxydation, volatile...). La mise est toute récente, quelques mois de repos en cave ne seront pas superflus.
PS : vous aurez remarqué le décor inhabituel des  photos : je suis en vacances  itinérantes, et il changera au fil de mes déplacements...


jeudi 10 avril 2014

Dégustation des vins du Sud Ouest


Tel était le thème de ma soirée mensuelle avec les amateurs de Saint-Yrieix. Le plus dur était de choisir les vins parmi la large gamme que nous proposons,  puis de trouver le bon ordre. Comme à chaque dégustation, je voulais placer une bulle. La plus typique me paraît être la méthode ancestrale de Gaillac, mais comme elle est de type demi-sec, j'ai fait le choix de la placer en dernier avec le dessert. En même temps, ça me gênait de ne pas mettre de liquoreux. J'en ai donc choisi un avec le fromage. Le reste a suivi naturellement. Un blanc bien sec pour l'apéro, un rouge assez léger pour l'entrée, et un plus costaud pour un plat régional.



Nous avons donc démarré avec le Pacherenc de Vic Bilh 2013 du domaine Capmartin, composé de 80 % de Petit Manseng, 10 % de Gros Manseng et 10 % d'Aruffiac. Un vin vif, mais pas acide, tonique de par sa grande jeunesse, marqué par les agrumes et le fruit de la passion. 



C'était pas super régional comme accord, mais j'avais suggéré au chef de le servir avec des rillettes de poisson (thon, au final), car ce vin me fait en effet penser à un (bon) Muscadet du Sud. Ce sera sûrement moins vrai dans 3-4 ans car il acquerra alors des arômes truffés typiques du Manseng.



Cela fait pas loin d'un an que je voulais faire déguster ce vin au groupe, car cela n'aura pas échappé au lecteur de ce blog : la Folle noire d'Ambat est l'un de mes "chouchous". Sûrement parce qu'elle ne contient que de la Négrette, cépage que j'apprécie beaucoup, mais peut-être plus encore parce que les extractions se font de plus en plus douces d'année en année, et que l'on atteint en 2012 une finesse que l'on ne trouve que rarement dans la région. 



L'accord avec la terrine de foie m'est venu instinctivement. Je me suis dit que cela devrait fonctionner aussi bien terme de texture que de saveurs. Je pressentais que cela renforcerait encore plus le côté floral de la Négrette. Eh bien, cela a parfaitement fonctionné, et effectivement la Négrette se faisait plus florale après une bouchée de terrine.


J'aurais bien aimé qu'il nous reste encore des Escures du Mas del Périé. Il faudra attendre quelques jours encore mais il y en aura peu En effet, la grêle de 2013 fut un véritable fléau en pays cadurcien et la récolte fut très minuscule. Je me suis donc rabattu sur la cuvée supérieure, La Roque, plus riche et plus structurée, tout en restant abordable dans sa jeunesse pour peu de trouver un met qui la mette en valeur.



Ce fut le cas avec cette poularde farcie. L'alliance avec le vin était une grande réussite. C'était étonnant de voir comment le vin perdait tout ses tannins puissants au contact du plat, tout en gardant du fruit, de sève et de fraîcheur.



La Muscadelle des Plageoles n'est pas qu'un simple petit vin moelleux, mais un grand liquoreux. Ne le servant pas en dessert (où il aurait pu paraître lourd), je me suis dit qu'il pourrait briller avec une fourme d'Ambert. Ce fut le cas, le fromage renforçant encore plus l'acidité du vin, ce dernier brillait de milles feux. Résultat : on est en quasi-rupture sur le site...



Même si ce n'est pas marqué sur l'étiquette, Presqu'Ambulles est une méthode ancestrale de Gaillac. À savoir un vin qui a fini sa fermentation en bouteille tout en ne transformant pas tous ses sucres. Elle est à base du cépage Mauzac que l'on retrouve dans la Blanquette de Limoux. Ce vin plus frizzant qu'effervescent, de type demi-sec, convient parfaitement pour un dessert avec l'avantage d'être très léger.


Avec ce crumble crémeux à la pomme, c'était rien moins que parfait, le Mauzac étant très typé sur les arômes de ce fruit. Les bulles très fines réveillaient les papilles alanguies par le dessert. Une belle conclusion à cette soirée qui a montré ce que le Sud-Ouest pouvait offrir de meilleur.


Photo prise par mon voisin de table. Je lui avais promis de la mettre sur le blog ;-)

mercredi 9 avril 2014

Encore plein de petits nouveaux...


À peine la newsletter envoyée, celle-ci est déjà caduque, puisque viennent d'arriver encore plein de nouveautés...

Les premières cuvées du millésimes 2013 de Patrick Meyer avec le Pinot Blanc, Mer et coquillages, et le Muscat "petite fleur" que vous nous réclamiez à cor et à cri.

Les blancs de Patrimonio de Nicolas Mariotti Bindi.

Le Vermouth et l'Americano de Mauro Vergano (Piémont).

Un nouveau vin orange, le  Ribolla Gialla 2009 , provenant de l'un des maîtres du genre : Dario Princic (Frioul).

Un p'tit nouveau dans la gamme de Pheasant's Tears : le Chinuri (blanc orange)

Le Maccabeu 2013 du domaine Lédogar (superbe !)

Le Racines blanc lot 11 de Courtois (Chenin, Sauvignon, Menu Pineau et Romorantin)

Et d'autres encore...

Dans la rubrique "Ca, c'est palace chez vous" 
Ci dessous un accessoire fort utile, quoique un peu encombrant, pour ouvrir vos bouteilles !



L'aligoté comme vous ne l'avez jamais bu !...


L'Aligoté, même s'il a les mêmes parents que le Chardonnay (le Pinot noir et le Gouais blanc), est un peu l'oublié et le miséreux de la Bourgogne. Même si cela partait d'un bon sentiment,  il n'est pas certain que l'idée du chanoine Kir d'ajouter de la crème de cassis au vin d'aligoté ait amélioré la réputation de ce cépage.
Anybref, comme dirait Sandrine, beaucoup n'osent même plus en acheter ou en boire, de peur de se faire un trou dans l'estomac.

Et puis, il y a la découverte de cette Fleur d'Aligoté qui nous fait carrément changer de paradigme et bouleverse à jamais la vision que vous pouvez avoir de ce cépage maudit.

Déjà, il y a la robe, étonnamment dorée.

Le nez est également surprenant : brioche chaude, coing, mirabelle bien mûre. On imaginerait plus un crémant de Loire à base de Chenin.

Quant à la bouche, elle est fine, fraîche, à la bulle bien présente mais pas du tout agressive, avec une matière ronde, moelleuse, et une belle vinosité. Ce qui peut en faire un vin de repas. 

La finale est expressive, finement mâchue et amère, avec une bonne persistance sur le coing et le miel de châtaignier.

Un vin de caractère, donc, qui impressionne par son équilibre et sa personnalité, d'autant qu'il n'a subi aucun dosage ni sulfitage, et qu'il est comme le reste de la production des Tripoz en biodynamie. Il joue dans la cour des très bons crémants.


mardi 8 avril 2014

Comme avant... disponible aujourd'hui



C'est une histoire de famille, de racines. En 2007, le père de Philippe Modat hérite de quelques vignes familiales situées dans la vallée de l'Agly qu'il se décide à exploiter. Son fils, tout en gardant son travail de greffier en région parisienne, lui propose de s'associer avec lui. Ils rachètent d'autres parcelles pour arriver finalement à un domaine de 19 ha. Son temps est désormais partagé entre ces deux métiers fort différents (2/3 greffier, 1/3 vigneron). Dès le départ, il est décidé de passer en bio, puis en biodynamie à partir de 2012. Le terroir de Cassagnes est unique en son genre : ici, pas de schistes noirs, mais du gneiss, un sable granitique qui permet d'obtenir des vins d'une grande finesse.

Comme avant 2010 est composé de Syrah (40 %) Carignan (30 %) et Grenache noir (30 %). L'idée de cette cuvée est de retrouver l'esprit des vins du Roussillon, digestes, non boisés, tout en lui apportant une fraîcheur et une élégance contemporaines.

La robe est grenat translucide.

Le nez est fin, expressif, sur le fruit  (framboise, prune) chauffé au soleil, la pierre chaude, les épices, avec une touche lard fumé. Un peu dans l'esprit d'un Crozes-Hermitage, avec un côté "pierreux" plus marqué.

La bouche pure, fine, élancée, savoureuse,  d'une rare élégance pour un vin de cette région, avec des tannins soyeux quasi impalpables. 

La finale tonique est bien épicée (poivradonf', mais aussi clou de girofle, cannelle) sans aucune dureté. Vraiment un très joli vin qui vous fera voir autrement les vins du Roussillon. Et profitez-en : nous accordons 3 points cadeaux par bouteille (=3 euros à valoir sur une prochaine commande), ce qui fait que ce vin ne vous revient qu'à 9.95 €.



lundi 7 avril 2014

Voyage en terre géorgienne : l'étalon or(ange) !


Jusqu'à aujourd'hui, à part le Klevener de Rietsch,  je n'ai jamais trop accroché aux vins oranges, un peu trop bizarres pour le garçon très conventionnel que j'admets être. Et puis, arriva cette petite merveille dont je vais vous parler aujourd'hui.

Marcel Gisclard – Emile et Rose –a fait partie des premiers producteurs français à être allé en Géorgie pour visiter les exploitations viticoles et comprendre leurs méthodes de vinification et d'élevage. Il en a fait une interprétation languedocienne avec son cépage fétiche, le Carignan blanc, et c'est peu de dire que c'est une réussite.

La couleur oscille entre le doré, l'orangé et le rosé. Le nez est fin et complexe, sur le raisin mariné au rhum, la banane séchée, avec très une légère touche résineuse (ciste). Il ne cesse d'évoluer avec l'aération.

La bouche est ample, aérienne, avec une matière mûre, riche, suivie par une vague de fraîcheur l'empêchant de tomber dans la lourdeur. L'équilibre frôle vraiment la perfection. 

Et celle-ci n'est pas du tout remise en cause dans la finale. Bien au contraire : puissante sans être agressive, savoureuse à la limite du jubilatoire – persistant longuement sur des arômes d'abricot secs mêlés de coing et de résine... 

Pfffiou. Y a pas mensonge sur l'étiquette : Emile et Rose nous emmène vraiment dans un voyage dont on ne revient pas totalement indemne.


vendredi 4 avril 2014

La lettre (presque) mensuelle d'avril est maintenant disponible !

Cliquez ICI et vous saurez tout sur l'actualité, forcément brûlante et nullement lassante, de Vins Etonnants !

À peine le solstice passé, voici l'Équinoxe



Nous venons de changer de millésime sur l'un des grands classiques de Vins Etonnants : l'Équinoxe de L'Arjolle. Le 2011 avait un boisé assez marqué lorsque je l'avais dégusté l'année dernière. Qu'allait donner 2012 ?

Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette cuvée est un assemblage étonnant de Sauvignon (40 %), Viognier (40 %) et Muscat (20%), vinifié et élevé moitié en barrique, moitié en cuve. Cela donc quelque chose ... d'intense, on va dire ;-)

La robe est d'un or lumineux.

Le nez est puissant, complexe évoque  l'agrume confit, la verveine, le thé fumé, le beurre noisette, avec une petite touche vanillée.

La bouche est tendue, élancée, avec une matière riche, intense, concentrée, une acidité finement saillante servant de colonne vertébrale, mais aussi un léger filet de gaz qui donne de la tonicité et de la fraîcheur. L'impression de boire un liquoreux, mais totalement sec.

La finale est très expressive, avec une superbe amertume, entre écorce de citron confit et légères  notes beurrées/grillées, mais aussi une fraîcheur quasi mentholée.

Un vin un peu trop puissant pour être bu distraitement à l'apéro, mais qui pourrait être tout simplement magnifique avec un plat adapté (homard ou langouste au citron confit/vanille, tajine aux agrumes...)



Vous pouvez consulter ICI une recette s'accordant parfaitement avec ce vin.

jeudi 3 avril 2014

En communion avec la terre


Terre, c'est le nouvel opus de l'équipe de P-U-R, après Création (1), Yin & Yang (2) et Artiste (3). Le premier était une pure Syrah, le second un assemblage Cinsault-Grenache, le troisième un pur Mourvèdre. Nous avons affaire ici à un pur Cinsault, toujours vinifié en macération de grappes entières, sans sulfite ni autres artifice œnologique. Ce qui n'empêche pas que le vin soit d'une netteté totale, sans le moindre début de déviance. P-U-R, quoi.

La robe est d'une couleur violacée sombre, étonnante pour un Cinsault

Le nez est riche et frais, sur la mûre, la cerise, les épices, et une jolie pointe de rafle.

La bouche est d'un doux velours, assez dense, avec un fruit d'une belle pureté, une sorte d'évidence et toujours cette fraîcheur végétale due à la rafle, très bourguignonne dans l'esprit.

La finale est salivante, épicée, sans dureté... mais avec une sensation un peu alcooleuse (il fait tout de même 14°, le bébé). Il faut préciser également que la bouteille vient juste d'arriver après 300 km de route et que le mise en bouteille est très récente. 2/3 mois de repos seraient idéals pour que le vin s'harmonise.
Personnellement, ça ne me dérange pas, car c'est plutôt bien intégré, mais je ne le conseillerais pas à ceux qui recherchent des vins légers à 11 °... Avec un plat approprié (couscous, agneau provençal), ça doit passer comme une lettre à la poste.


mercredi 2 avril 2014

Maëva au bord de l'amer


Il y avait eu Martine à la plage. Il y aura désormais Maeva au bord de l'amer. Pourquoi ce titre étonnant ? Parce que vous êtes sur Vins Etonnants, pardi. Mais surtout parce que l'on a dans cette cuvée Maëva une belle démonstration de ce que peut apporter l'amertume dans le vin. Ce n'est d'ailleurs pas une spécificité de ce millésime, puisque j'ai lu un certain nombre de compte-rendus qui relevaient cette amertume dans le 2007.

Peut-être est-ce une signature du Colombard lorsque sa maturité est plus poussée que d'ordinaire, car on est loin ici des techniques et un peu froids Florembelle et Tariquet. Au vu du nez et de la matière, on sent que le raisin était doré, riche, généreux (mais  comme le Colombard produit peu d'alcool, cette "vendange tardive" ne fait que 13 °.

La robe est donc d'une belle couleur dorée, laissant échapper des larmes (de joie!)

Le nez est assez incroyable, riche, expressif, entre bonbon rappelant l'enfance, pêche rôtie au beurre et mangue.

La bouche est à la fois vive, tonique, et ronde, à la chair mûre et dense, limite onctueuse, avec une amertume qui monte crescendo pour exploser en finale, se mêlant a des notes de fruits confits et de compote de poire. À noter que s'il y a une certaine forme de douceur, il n'y a pas de sucre perceptible.

La belle Maeva danse vraiment sur le fil du rasoir sans toutefois s'y couper les pieds. Elle réclame par contre des plats qui s'en accommode : tajines au fruits secs, carbonade flamandes, fromages à pâte dure puissants (parmesan, Beaufort)... Une expérience qui ne sera en tout cas pas ruineuse, puis qu'elle ne coûte que 7.20€ la dose de 75 cl.



mardi 1 avril 2014

Magnus : petit mais costaud


Lorsque j'ai jeté mon dévolu sur cette bouteille de Magnus pour en faire ma bouteille du jour, je n'avais pas percuté que c'était le même producteur que le vin de la veille, à savoir Dominique Andiran. Ceci dit, ils n'ont pas grand chose à voir. L'un est blanc, l'autre rouge. L'un est à base de Colombard. L'autre des cépages bordelais (Merlot, Cab Franc, Cab Sauvignon ) complété de Tannat. Ils ont en commun d'être des vins simples dans le bon sens du terme (pas prise de tête, quoi), expressifs gourmands, sans chercher midi à quatorze heures. Et j'oubliais ... abordables (8.00 € pour le Magnus).


La robe est rubis sombre, un peu trouble (probablement non filtré)


Le nez sur le fruit bien mûr (fraise, cassis, grenadine) épices, poivre, et même floral, avec beaucoup de peps et de fraîcheur.

Bouche ronde, gourmande, finement veloutée, tonique, au fruit intense, avec une belle acidité très "Cabernet" bien fondue et qui étire l'ensemble.

La finale épicée, charnue, fraîche, a une mâche délicatement rustique qui réclame un plat ad hoc (non, pas du haddock..). Diablement bon, surtout après une bonne aération.

À noter qu'au bout de deux jours d'ouverture, il prend des accents floraux au nez comme en bouche, tout en gagnant en finesse et en légèreté. N'hésitez donc à pas à le carafer longuement.

PS : il y a un peu de gaz au départ qui disparaît à l'aération ou en secouant énergiquement la bouteille.