vendredi 22 janvier 2021

C'est bon de retourner parfois au Classic


Je ne crois pas avoir eu l'occasion de goûter ce nouveau millésime du Grüner Veltliner Classic de Sepp Moser, si ce n'est peut-être à Millésime Bio il y a un an. À tort, car ce 2019 est peut-être le plus réussi depuis qu'on le référence, et certainement le plus "grand public". Car parfois, ce cépage peut présenter des notes végétales (sauge, herbe froissée) que j'aime plutôt bien, mais qui peuvent déranger. Là, rien de cela : il y la maturité, mais celle-ci est équilibrée par une grande fraîcheur. Ça se boit vraiment tout seul (ou à plusieurs). Un peu trop bien, même. Le format magnum serait plus pertinent ;-) 

La robe est or pâle aux reflets verts/argentés. 

Le nez est fin mais profond, sur la craie mouillée, la pomme fraîche, la fleur d'acacia, et une légère touche grillée /épicée. 

La bouche est pure, éclatante, avec une matière limpide et cristalline qui dévale dans le palais tel un rû printanier, soulignée par une belle tension saline /minérale. On retrouve les notes perçue au nez dans un registre un peu plus mûr; contrastant avec la fraîcheur ressentie. 

La finale gagne en concentration sans perdre en tension, avec un subtil triple A : Acidité de la pomme verte, Amertume et Astringence de l'écorce de citron, et une petite touche de quinquina, et une persistance sur les notes salines et épicées.  

Le prix, lui, évolue peu : 8.50 €. C'est franchement cadeau. Dans cette gamme tarifaire, peu de vins français peuvent s'aligner. 

lundi 18 janvier 2021

Je suis retourné sous la montagne ...

... et je me suis régalé ! Après un petit travail de préparation, tout de même. Car ça y est, Jeff Carrel, à l'instar de nombreux vignerons à tendance bio/nature, commence à laisser du gaz dans ses  vins rouges – je ne m'y attendais pas, à celle-là.  Je n'avais pas goûté cette cuvée depuis trois ans. C'était alors le 2015. Nous sommes aujourd'hui Sous la Montagne 2017.  Entre temps, le style a évolué, suivant l'air du temps : un peu plus de finesse et de fruit frais, une maturité moins poussée. Et un peu de gaz, donc. C'est un assemblage 2/3 Syrah 1/3 Carignan, pas si courant que ça dans le Roussillon. Aromatiquement, la première domine, sans en faire des tonnes. Le Carignan est plus là pour le fond et la "minéralité". En tout cas, ça matche bien, comme on dit de nos jours !

La robe est grenant sombre, mais reste translucide. 

Le nez est au départ un peu fermentaire – yaourt aux fruits noirs – avant d'évoluer avec l'aération sur la tapenade, le bonbon au cassis, le poivre et la violette, d'une façon fine et fraîche.

La bouche est ronde, ample, aérienne, déployant une matière fine et diffuse, quasi impalpable, tout en vous filant un uppercut aromatique sur les notes perçues au nez, doublées d'une fraîcheur de ouf'. Puis l'on gagne en corps et en puissance, avec des tanins poudreux qui font leur apparition, sans abandonner le fruit et la fraîcheur, bien au contraire. 

La finale démarre par une mâche crayeuse, avant d'exploser sur le cassis, la violette et le poivre ... et toujours cette fraîcheur de dingue, renforcée par des notes de menthol et d'eucalyptus, et une persistance sur la fumée et les épices. 

Rarement un "petit vin" n'a été aussi généreux !





vendredi 15 janvier 2021

Un Clocher peut en cacher un autre

Il y a un peu plus d'un mois, je vous avais parlé du Clocher 501 (2018), la version "sans sulfites ajoutés" du Mâcon-Loché du domaine Tripoz.  Résultat : 90 % de notre stock s'est évaporé, au dépens de la version normale (2019)  qui se vendait très bien d'ordinaire. Ce billet vient lui rendre justice, car non seulement il n'a rien à envier à son faux-jumeau, mais il me paraît plus abordable pour une majorité de dégustateurs : ici, pas de gaz carbonique, et un style moins "brut de cuve". Et puis, on ne peut pas dire qu'il contienne beaucoup de soufre : il y a juste 15 mg/l d'ajouté à la mise, ce qui fait un total de 23 mg/l en ajoutant celui qui s'est formé naturellement. Il y a quelques années, il aurait eu l'agrément de l'Association des Vins Naturels qui autorisait jusqu'à 40 mg/l pour les blancs secs. 

La robe est or clair, brillante. 

Le nez est fin, complexe, profond, sur la bergamote, la pomme chaude, le silex frappé, la craie humide, avec même une petite touche d'embrun marin. 

La bouche est vive, élancée, avec ce côté "lame d'acier" qui vous tranche le palais en deux, soutenu par une minéralité intense, et déroulant une matière pure, fraîche, désaltérante, tout en n'excluant pas une maturité certaine : la pomme mûre est toujours là, accompagnée par le coing, au point que l'on pourrait presque croire boire un chenin* – d'autant que la très belle acidité renforce cette impression.     

La finale prolonge la dynamique sans fléchir, se contentant d'ajouter juste ce qu'il faut d'astringence et d'amertume (écorce de citron, craie) et toujours ce superbe coing (limite confit) qui vous emmène en Loire, agrémenté de quelques épices et de notes salines. Du bel ouvrage !

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* le plus beau des compliments, il va sans dire...  

jeudi 14 janvier 2021

Black Giac : soyez joueurs !

Tant qu'à faire, j'essaie de vous proposer les vins les plus variés possible sur ce blog. Aujourd'hui, je vous propose une Mondeuse, ce cépage savoyard apparenté à la Syrah – cela se ressent dans l'aromatique. La cuvée Black Giac du domaine Giachino en est une belle représentante : du fruit à foison, des épices, du floral ... et des tanins. Mais comme je l'écris un peu plus loin, des BEAUX tanins qui lui permettent de résister sans faillir à des plats hivernaux dont nous avons bien besoin en ce moment. 

La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est très expressif, sur la crème de mûre, la violette, la pivoine et le poivre blanc, avec une petite pointe fermentaire. 

La bouche démarre ronde et ample et soyeuse, avant de passer rapidement au velouté caressant, et finir sur de la mâche solide et puissante. Tout cela en quelques secondes sans avoir le temps de dire ouf  – de toute façon, vous avez la bouche pleine. Toutes les transitions se font harmonieusement, sans raccord visible, avec un fruit frais et intense, relevé par les épices. 

La finale, vous vous en doutez, est tannique à souhait, mais on est sur du tanin mûr, élégant, déjà bien fondu, et puis surtout, il y a un fruit éclatant, explosif même, et la violette et le poivre qui font leur come-back. C'est d'une joyeuseté et d'une gourmandise des plus communicatives. 

Reste plus qu'à trouve le plat d'hiver un peu gras (pot au feu ? Morteau ?) qui lisseront encore mieux les tanins et rendront ce vin absolument irrésistible !



mercredi 13 janvier 2021

Pie Colette : impressionnant "petit vin" !

Je me rappelle avoir bu la Pie Colette blanc sur un salon il y a un an ou deux. J'avais trouvé ça sympa, mais ce ne fut pas un choc esthétique. Autant dire que lorsque j'ai ouvert par curiosité cette bouteille de 2018, je ne m'attendais pas  à être particulièrement ému. Et puis voilà qu'elle vous met une grosse baffe, au point où vous vous demandez si vous ne vous êtes pas trompé de bouteille. Alors, il y a sûrement l'effet millésime, pour le moins généreux, et puis l'effet cépage – on a désormais le droit de mettre du chenin dans l'assemblage en Côtes de Duras, comme à Bergerac. En tout cas, le résultat est impressionnant : rarement un vin en dessous des 10 € m'a autant bluffé. Respect, comme on dit. 

La robe est d'un bel or brillant. 

Le nez est riche, sur l'agrume confit, la pomme rôtie, avec une touche de fraîcheur apportée par le zeste de citron et la craie humide. 

La bouche est ronde, enveloppante, avec une matière dense, mûre, moelleuse au toucher, qui se dépose en douceur dans tout le palais. En même temps, vous êtes saisis dès l'attaque par une fraîcheur aussi vivifiante qu'inattendue qui prend de plus en plus d'ampleur et ne vous lâche qu'une fois la dernière goutte avalée. 

La finale est à la fois concentrée et subtile, avec juste ce qu'il faut d'Amertume et d'Astringence (écorce de citron confit, pomme verte) mais aussi d'Acidité (rhubarbe ?) * et un superbe "trait vert" qui prolonge classieusement le tout, souligné par la bergamote. P... bon, quoi. 

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* Un triple A comme on aime, quoi 

mardi 12 janvier 2021

Langhe rosso, le retour

Le lancement de la gamme piémontaise de Giribaldi a été un succès : nous avons presque tout vendu la grosse palette que nous avions reçue. Pendant ce temps, le domaine a continué à vendre son vin. Résultat :dans la nouvelle livraison, le Langhe rosso est de 2018 et non 2016. Même si un client nous a reproché de vendre un vin en bout de course, je trouve au contraire que le 2016 était "à point", alors que ce 2018 me semble encore un chouïa jeune et aurait besoin de se patiner un peu. Cela dit, il est déjà très agréable à boire du moment qu'on l'accompagne d'un mets qui arrondira ses tanins. En tout cas, pour 7.50 €, il offre une complexité que l'on trouve rarement dans un vin français. 

La robe est grenat sombre translucide, avec de légers reflets violacés. 

Le nez est fin et étonnamment complexe pour un "petit vin" : fruits rouges confits, quetsche, noyau, cuir, épices douces, laurier... 

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière qui démarre enveloppante et soyeuse pour devenir ensuite plus dense  et légèrement accrocheuse. Mais il y a un tel entrain qui anime ce vin qu'on lui pardonne. Et il y a toujours cette aromatique fruitée et décadente assez irrésistible. 

La finale monte d'un cran dans l'intensité aromatique et les tanins, et une fraîcheur qui va crescendo, avec une persistance sur des notes crayeuses, mentholées et épicées.


 


lundi 11 janvier 2021

Chardonnay Finot : retour à la fraîcheur


Lors de mon passage au domaine Finot  en août dernier, j'avais eu l'occasion de déguster ce Chardonnay 2019. J'avais été frappé par sa différence avec le 2018. Même si les terriens que nous sommes n'avons pas ressenti particulièrement le rafraîchissement climatique en 2019, force est de reconnaître que d'une façon générale, il a bien eu lieu dans les bouteilles. C'est pour cela que j'étais curieux de le regoûter quelques mois après sa mise : je ne suis pas déçu. La fraîcheur est toujours bien là. Les amateurs de chardonnay devraient être ravis. Ceux qui préfèrent le chenin ou le riesling, on en a aussi en boutique. La vie est belle, non ? 

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est plutôt fin, sur le citron confit, le beurre noisette, la pomme rôtie,  le pain grillé et une (toute petite) touche vanillée. 

La bouche est ample, très enveloppante, nappant chaque recoin du palais d'une matière douce et aérienne, à la fraîcheur diffuse – on a un peu l'impression d'avoir une clim' dans la bouche. L'équilibre est remarquable : on a de la générosité sans la moindre lourdeur. 

La finale mêle l'astringence et l'amertume de l'écorce d'agrume et de l'élevage en barrique, avec des notes caramélisées/grillées/légèrement vanillées qui réjouiront certains, et exaspéreront d'autres (perso, malgré mon allergie au boisage, je trouve ça plus que supportable). Il faut souligner que la fraîcheur persiste jusqu'au bout, ce qui est appréciable par les temps qui courent... 







vendredi 8 janvier 2021

Le cabernet-franc sans soufre qu'on attendait !

Avec la cuvée Extra-Libre, le Château du Cèdre a montré que l'on pouvait un superbe Malbec sans ajout de sulfites. Tout comme Stéphane Lucas a créé un grand Braucol avec son Champ d'Orphée. Pour le Cabernet-Franc, je n'avais pas encore trouvé la cuvée qui transcende le cépage, mais j'en rêvais depuis longtemps. Le domaine Amirault l'a fait avec cette Ferme des Fontaines. Je ne suis même pas certain que Agnès et Xavier aient conscience du chef d'œuvre qu'ils ont produit, car si on lit leur fiche technique, on a plutôt l'impression d'avoir affaire à l'énième "vin glougou /bombe de fruit" . Alors que ce n'est pas ça du tout : il y a une pureté, une finesse, une délicatesse... tout simplement renversantes. L'on voit ici le seul véritable intérêt du "sans soufre" : exprimer un cépage dans ce qu'il a de plus pur et profond, sans fard.  Essayez, vous comprendrez. 

La robe est grenat sombre, presque opaque. 

Le nez est fin, délicat et profond, sur le cassis (fruit et feuille), la pivoine, avec une petite touche mentholée / poivrée. 

La bouche est ronde, ample, très aérienne, avec une matière douce, caressante, entre soie et velours, exprimant un fruit d'une grande pureté, avec en arrière-plan de la violette gagnant progressivement en intensité. L'ensemble est harmonieux, alliant la précision et le sfumato d'une toile de Turner. 


Même si elle est plus "terrienne" que la bouche, la finale dévoile des tanins doux, gourmands, avec cette délicate palette fruitée / florale, et une belle persistance sur le cassis, la violette, la rose et le poivre (mais toujours dans cet esprit sfumato). Un grand "petit vin"







jeudi 7 janvier 2021

L'autre Chalasse



Si le secteur des Chalasses a été rendu célèbre par un vigneron jurassien, ce dernier n'en a pas le monopole. Ainsi le Domaine des Ronces situé dans un village voisin (Orbagna) produit également une cuvée Chalasse. Celle-ci est composée à 70 % de Chardonnay et 30 % de Savagnin, donnant un vin assez différent de celles de Ganevat (ah ben voilà, je l'ai nommé). Le vin est ouillé durant son élevage, ce qui ne l'empêche  pas d'acquérir un caractère typiquement jurassien, plus fumé que ses voisins bourguignons. J'avais bien aimé le 2015, mais j'avoue préférer ce 2016, plus "caractériel". 

La robe est jaune d'or, brillante. 

Le nez à la fois intense et aérien, profond, sur des notes fumées (tourbe, pétard), la frangipane et la pomme rôtie au beurre. Difficile de ne pas penser à certains chardonnays de Tissot (Graviers, Bruyères). 

La bouche est élancée, étirée par un fil invisible – l'acidité est à ce stade-là totalement invisible – tout en déroulant une matière à l'image du nez : intense, aérienne et profonde. Mûre, aussi, et puis charnue, fraîche, avec toujours ces notes de fumée et de pomme beurrée. 

La finale gagne en puissance et concentration, avec une fine astringence  évoquant la craie et l'écorce d'agrume, mais les notes fumées/beurrées reprennent le dessus, prolongées par les épices. 



mercredi 6 janvier 2021

Griottiers : du soleil dans les verres

Depuis quelques jours, on ressent comme un besoin de se réchauffer, et de donner dans le réconfortant. Ce nouveau millésime des Griottiers du Mas de la Seranne me parait idéal pour une séance cocooning : il va vous ensoleiller les verres et l'âme et apporter la chaleur qui manque tant, sans vous cramer les papilles. Il sera parfait avec de l''agneau longuement mijoté,  dont le gras gommera les tanins du vin comme par magie. 

La robe est grenat très sombre, mais translucide. 

Le nez est avenant, sur la confiture de cerise noire en train de mijoter – noyau inclus – l'encens et le cacao en poudre .

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière pulpeuse/juteuse qui vous enrobe le palais. Aromatiquement, on  reste plutôt sur un fruit "cuit" – là, difficile de ne pas penser à une tarte aux quetsches sortant du four. Des tanins commencent à exhiber leurs muscles à partir du milieu de bouche, mais ils sont bien intégrés dans le décor. 

La finale dévoile une mâche gourmande à l'assise crayeuse, sur un mix quetsche / cerise / épices, avec une fine persistance sur le cacao. 




mardi 5 janvier 2021

Coeur de raisin : 20/20 !


D'abord,  bonne année à tous, en espérant que 2021 sera boooocoup mieux que 2020. Je précise de suite que la le titre  plus un hommage au millésime 20.20  de ce Coeur de Raisin qu'une vraie note, même si je lui attribuerais bien un 16 ou un 17/20. Par rapport au 20.19, ce vin a plus de fraîcheur et de peps, tout en présentant une bonne maturité. Et même si ce vin peut être considéré comme "nature" (20 mg/l de SO2 total), il est "tout public" (approuvé par notre étonnant Arthur). 

La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est fin, aérien, sur la pomme fraîche, la fleur de tilleul, le zeste de bergamote et la pierre humide. 

La bouche est ronde, très ample, bourrée de fraîcheur, déployant une matière pure et limpide; désaltérante, et en même temps douce, caressante, très aérienne. C'est comme un délicat voile de fraîcheur qui se dépose sur la langue, sans la moindre agressivité. 

La finale est tonique, très finement mordante, mêlant  l'écorce de citron à la pomme fraîche, puis se prolongeant sur des notes salines et légèrement épicées.