lundi 29 juin 2020

Quand Barouillet se met à l'Oranch'


On pourrait croire que Vincent Alexis a un temps de retard par rapport à nombre de ses collègues vignerons dans la vinification orange. En fait, il fait plutôt partie du peloton de tête puisque O'Ranch dont je vais vous parler aujourd'hui est du millésime 2015 (il apparaît dans le numéro de lot). Allant à contre-courant de ce qui se pratique le plus souvent, il a attendu que le vin soit dans sa phase optimum pour le commercialiser. Et franchement, ça change pas mal les choses : on gagne beaucoup en complexité, profondeur et harmonie, laissant penser que cette attente mériterait d'être généralisée dans cette catégorie de vin. 

O'Ranch est issu à 100  % de sémillon dont les peaux ont macéré 4 mois. J'imagine que ça devait être assez "violent" au départ, car on sent qu'il y a des chevaux sous le capot. Mais le temps l'a patiné et adouci, et c'est très bien ainsi.

La robe est d'un or intense tirant vers l'orange, légèrement trouble. 

Le nez est captivant, profond, sur l'écorce d'orange séchée, le miel de châtaignier, les embruns salins, avec une pointe de résine... 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible (pas d'acidité perceptible), avec une matière ample, douce, aérienne, au toucher velouté/pulpeux, qui se dépose avec sérénité sur vos papilles. L'aromatique – puissante mais pas agressive – est dominée par l'écorce d'orange, complétée par le safran et le malt grillé.  

La finale est intense, alliant les amers de l'orange et du quinquina à la noble astringence du pamplemousse rose. Une très fine – et émouvante – acidité finit par surgir et  persister longuement, sur des notes citronnées et épicées. 

Je n'irais pas jusqu'à écrire que ce vin est fait pour toutes les papilles, mais il me semble plus abordable que 90 % des vins oranges (et plutôt moins cher que la plupart). 


vendredi 26 juin 2020

Viva Mexico !


L'histoire démarre il y a 12 jours précisément. J'avais accueilli à la maison des amis dégustateurs. Et je leur ai servi entre autres un  Nebbiolo mexicain que j'avais acheté il y a 2-3 ans chez un caviste bordelais. On avait incontestablement affaire à un vin étonnant  : il avait la fraîcheur et le fruit du cépage italien, tout en offrant plus de concentration et de maturité. J'en parle à Eric R.  qui doit justement préparer une nouvelle commande de vins étrangers. Il se trouve que le producteur mexicain est importé par notre fournisseur. Il commande ce Nebbiolo, bien sûr (qui est passé de 2013 à 2014), mais également un chenin et un zinfandel, histoire d'élargir notre palette sur ces deux cépages. A peine arrivés, ils ont été dégustés, parce que c'est difficile de vendre des vins sans les avoir bus. Parce que bon, sans vouloir être méchant, les commentaires sur les fiches techniques sont une vaste plaisanterie.. 

Si  je n'ai pas été trop surpris par le Nebbiolo, les deux autres m'ont vraiment impressionné au regard de leur prix. Le chenin ne ressemble à aucun autre chenin que j'ai pu boire, et le zinfandel possède une finesse et une complexité assez rares pour un vin à moins de 10 €. De belles découvertes, donc !

Chenin blanc 2018 (9.50 €)

La robe est jaune pâle. 

Le nez fin évoque la poire, la pêche blanche et la mangue, avec une touche florale. 

La bouche est toute en rondeur, avec une matière étonnamment grasse, limite glycérinée qui vous tapisse tout le palais, tout en réussissant à rester équilibrée et digeste (12 % Alc.). L'aromatique est plutôt sobre, entre poire et notes salines. 

Ces dernières sont encore plus marquées dans une finale à la fois fraîche et douce, sur la mangue et la poire, et l'ultime sensation de lécher une pierre de sel. 

Zinfandel 2016 (9.50 €)

La robe est rubis translucide. 

Le nez est raffiné, sur la cerise fraîche et confite, la violette,  le moka et les épices grillés. 

La bouche est ronde, aérienne, déployant une matière fine et soyeuse, élégante, avec une palette aromatique aussi complexe qu'au nez. La finale est un peu plus ferme, avec des tanins mûrs bien présents, sur la cerise confite et des notes toastées/épicées. 

Nebbiolo Reserve privée 2014 (17.90 €)

La robe est grenat translucide. 

Le nez est fin et profond, complexe, sur les petits fruits rouges confits, le tabac, le pot-pourri et les épices. Avec l'aération apparaît de l'écorce d'orange. 

La bouche est ronde, opulente, avec une matière veloutée qui  vous tapisse les papilles, tout en présentant ce qu'il faut de la tension et de fraîcheur aromatique.

La finale gagne en concentration, avec les les tanins du bois qui apparaissent, avec un retour des fruits rouges confits, et une persistance sur  le pain grillé et la réglisse.  Et, alors que l'on ne s'y attend plus, de nouveau l'écorce d'orange. 

jeudi 25 juin 2020

Les Pesnot 2019 sont arrivés !


Pour les amateurs des vins de la Sénéchalière, l'arrivée du nouveau millésime est toujours un événement. Si le style de Marc Pesnot affiche une certaine continuité, on note des évolution dans les différentes cuvées. La Bohème me paraît plus aérienne et délicate que les années passées. Et Coeur de raisin me fait penser plus des anciens millésimes de Bohème. La Folle blanche a un profil moins éclatant à l'attaque tout en étant plus pulpeuse en bouche. Voilà pour un rapide résumé. Passons plus en détail...



Folle blanche 2019 (14.95 €)

La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est plutôt discret, sur la poire fraîche, la fleur d'acacia et la pierre mouillée. 

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière ronde et enrobante, à la chair finement pulpeuse, et une belle tension qui l'étire en douceur, soutenue par un fin filet de gaz carbonique. 

La finale très fraîche délivre une mâche finement crayeuse, avec un retour de la poire et de la pierre mouillée, et une persistance sur la Granny Smith et le pomelo. 



La Bohème 2019 (13.95 €)

La robe est jaune paille, brillante

Le nez est mûr et gourmand, évoquant la pomme chaude beurrée et le miel d'acacia. 

La bouche est énergique, traçante, tout en déployant une matière douce et aérienne , très caressante. On retrouve un filet de gaz un peu plus marqué qui titille les papilles et apporte de la fraîcheur. 

La finale joue la continuité, accentuant juste les amers – écorce d'agrume – et concentrant la "minéralité", avec des  notes salines bien présentes. 


La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est intense, sur la poire et la pomme tapées, le beurre noisette.

La bouche est encore plus énergique que Bohème, avec une matière plus mûre et douce, plus concentrée, mais tout aussi caressante. On reste sur cette aromatique de fruits blancs séchés enrobés par le beurre, avec un trait de poire fraîche. L'ensemble est très bien équilibré. 

La tension se poursuit en finale sans à-coup, sur des notes de poire au sirop et de miel d'acacia, contrebalancé par la pomme fraîche  et le zeste de citron,  puis se conclut sur des notes salines et épicées. 

mardi 23 juin 2020

Grande Cuvée Denois : !a verticale !


Cela faisait 2-3 mois que j'envisageais de faire cette mini-verticale des Grandes Cuvées de Jean-Louis Denois. Mais le flot de nouveautés auquel j'ai dû faire face a retardé l'opération. Maintenant que ça s'est un peu calmé, la voici donc. Elle est vraiment intéressante, car même si le vigneron a beaucoup changé de style entre temps, il y a une véritable continuité aromatique –  essentiellement due aux cabernets, pourtant minoritaires.  C'est en effet le merlot qui domine dans l'assemblage (65 %), complété par les cabernets franc et sauvignon, donc, et le malbec.  Ce dernier est imperceptible, à part peut-être dans la structure générale (tanins). 

La bonne nouvelle, c'est que pour l'instant, tous les millésimes sont disponibles, et ils sont tous au même prix (13.50 €) qui est très raisonnable au vu de leur grande qualité. Et ce qui est rare de nos jours, c'est de pouvoir acheter des vins "à point", avec ce beau mix du fruit de jeunesse et des notes tertiaires. 


La robe est grenat translucide, aux reflets tuilés. 

Le nez est fin, complexe, sur les fruits rouges confits, le cigare, l'humus et le bois précieux. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible tout en déployant une matière finement veloutée, plutôt aérienne, qui gagne progressivement en densité. L'aromatique allie les notes tertiaires et toastées, complétée par le cassis et le cèdre qui apportent de la fraîcheur. 

La finale gagne en concentration, avec une mâche tannique contrebalancée par une sève balsamico-résineuse donnant l'impression de boire un Chianti d'un âge vénérable, et une persistance sur la réglisse, le café et le camphre.

Un vin destiné aux amateurs de vins patinés mais non dénués de vigueur. Par contre, ne tardez pas trop à le boire, car il ne va se figer ainsi durant des années.  




Grande Cuvée 2011 (13.50 €)

La robe est grenat translucide, sans trace d'évolution. 

Le nez est très fin, aérien, sur le cassis, le cèdre et l'âtre de cheminée, complété par des épices. 

La bouche est énergique, immergeant tout le palais d'une matière fraîche et fruitée, d'une évidence totale, dont la complexité et la densité vous apparaissent une demi-seconde plus tard. Le séveux et le balsamique qui apparaissaient dans la finale du 2008 sont présents dès le milieu de bouche, amenant de la douceur et une grande fraîcheur aromatique. 

La finale est dans la continuité, sans à-coup, se contentant d'intensifier les sensations sur le cèdre, le cassis et le café très torréfié, limite brûlé, avec une persistance sur le menthol et le tabac.

Un vin plus élégant et fruité que le précédent, très médocain dans l'esprit, qui est parfaitement à point, ni trop jeune, ni trop vieux. A servir à l'aveugle à des amateurs : ils risqueraient d'être surpris. 


Grande Cuvée 2013 (13.50 €)

La robe est grenat translucide, avec une légère évolution. 

Le nez est intense mais très aérien, sur le cassis et la framboise confit(e)s, le bois précieux, le menthol, les épices douces...

La bouche est  plus ample que ses deux grands frères, avec une matière plus dense et charnue, au toucher doux et enveloppant, alliant un début de tertiaire à une énorme fraîcheur aromatique (le classique cèdre/cassis/menthol). 

La finale est une explosion de fraîcheur, avec un cassis et un menthol encore plus présents, et des tanins encore un peu fermes, mais qui devraient permettre de tenir le choc en face d'une côte de bœuf persillée (l'accord idéal). Et sacrée persistance sur le cassis et le menthol, complétés par la cendre de cigare.

Ce vin est dans la phase que Robert Parker appelait "early matured". : il y a encore un fruit intense, mais il est complexifié par les  notes tertiaires qui apparaissent. J'aime beaucoup !


Grande Cuvée 2016 (13.50 €)

La robe est grenat translucide. 

Le nez est nettement plus frais, sur le cassis et le menthol, avec une touche de cèdre et d'épices. 

Ce qui frappe d'abord en bouche dès l'attaque, c'est une  très grande fraîcheur aromatique qui vous envahit totalement. Ensuite, seulement, vous pensez à la texture finement veloutée, caressante. Et puis au fruit : un cassis de ouf  qui explose totalement, complété par le poivre et le menthol. 

La finale ne fait que confirmer tout ce qui précède, mais multiplié par 3 ou 4, avec un cassis et un menthol plus intenses, souligné par des notes crayeuses. Jubilatoire ! 

J'avoue avoir été très agréablement surpris par ce 2016, car lorsque je l'avais dégusté en début de commercialisation, il n'était pas du tout place. Là, il est déjà top, et devrait pouvoir tenir encore une décennie sans souci. 





lundi 22 juin 2020

Crémant Bannwarth : une belle surprise !


Ce crémant brut nature de Bannwarth est arrivé en même temps que les Qvevris, mais je ne l'ai découvert que vendredi dernier, et c'est une belle surprise : je ne  l'attendais pas à ce niveau. Nous sommes sur un assemblage riesling /pinot blanc /pinot gris, ce qui permet d'avoir de la rondeur et de la fraîcheur. Comme le font également Stéphane Tissot et Jean-Pierre Rietsch, la prise de mousse se fait avec du moût de raisin où les levures ont commencé à se développer. Lors du dégorgement qui se fait près de trois ans plus tard, il n'y a pas d'ajout de liqueur de dosage, pas plus que de sulfites. Un vin 100 % raisin, donc. 

La robe est bien dorée pour un crémant, avec un cordon de bulles central très actif 

Le nez est fin, complexe, sur la pomme rôtie au beurre, la poire séchée, le miel et la brioche toastée.

La bouche est tendue, étirée par une fine acidité, avec une matière dense et mûre au toucher crayeux, rafraîchie et dynamisée par des milliers de micro-bulles crépitantes. Le tout est enrobé par une couche plus "crémeuse" qui apporte plus de douceur et  une belle harmonie générale.

La finale est Triple A++,  avec une Astringence et une Amertume évoquant l'écorce de pomelo, la fine Acidité qui poursuit sa course folle, sur une aromatique de tarte tatin et de brioche chaude, et une persistance sur des notes crayeuses et citronnées.

Franchement, pour 16.50 €, je trouve le rapport qualité/prix vraiment remarquable. Ceux qui recherchent une bulle biodynamique / sans sulfites / pas trop barrée / complexe / fraîche et nette en finale, devraient y trouver leur bonheur !


vendredi 19 juin 2020

Gazouillis rouge : le malbec occitan


Ben oui, encore un vin de Jeff Carrel. Ce n'est pas de ma faute s'il sort des nouveautés à un rythme impressionnant. Et qu'en plus, elles valent vraiment le détour. Ce Gazouillis rouge ne ressemble à aucun autre de vin de notre eclectic winemaker,  puisque c'est un 100 % Malbec provenant de ... Béziers. Certains diront avant même de l'avoir bu que la chaleur languedocienne va lui apporter une maturité rappelant les pires vins argentins. Eh bien, ils auront tort : le vin n'a que 12.5 % d'alcool  et il est plus frais et digeste que nombre de Cahors. Ajoutons qu'il est BIO, vinifié/élevé sans sulfite (il y en a juste un peu d'ajoutés avant la mise en bouteille) et uniquement avec les levures indigènes. Et le principal, tout de même, c'est que c'est  franchement bon, gourmand, rappelant les "malbecs de soif" produits par les meilleurs vignerons cadurciens.

La robe est grenat sombre translucide aux nuances violacées. 

Le nez évoque la mûre et la cerise noire, avec une touche poivrée/cacaotée. 

La bouche est ronde, ample, enveloppante, déployant une matière à la chair juteuse, au toucher finement velouté. On reste sur la cerise et la mûre auxquelles s'ajoutent des nuances salines et épicées, tout en restant bien frais et équilibré.

La finale gagne en intensité, avec l'apparition de tanins mûrs et savoureux. Les fruits cèdent du terrain aux épices et au pain grillé, pour basculer ensuite sur des notes persistantes de réglisse et de café.

Ce vin sera parfait avec des grillades, des plats du Sud-Ouest, des fromages (Saint-Nectaire, tomme de brebis) et sûrement plein d'autres choses tant il est facile d'approche.




jeudi 18 juin 2020

Torrontés Maceracion Prolongada : ils sont fous, ces Argentins !



Nous avions essayé il y a quelques mois trois vins du domaine Chakana en Argentine qui travaille en biodynamie, avec peu de soufre, voire pas. Ils nous avaient bien plu. Nous nous sommes dits que nous pouvions élargir l'expérience à d'autres cuvées. Tiens, pourquoi pas ce Torrontés Maceracion Prolongada (un vin "orange", quoi) ? Allez, on prend ! Il est chez nous depuis quelques semaines, et depuis... pas grand chose. Faut dire que nous proposons tellement de nouveautés qu'il faut suivre. Même moi, je m'y perds un peu ;-) À force de passer tous les jours devant, je me suis dit qu'il fallait que je le goûte. Et là, la GROSSE baffe. Jamais bu un vin pareil. C'est vraiment un truc de dingue, et en même temps, rarement un vin orange ne m'a paru aussi abordable pour un non-initié. Sérieux, goûtez ça : vous n'en reviendrez pas !

La robe est  jaune paille légèrement trouble. 

Le nez  est d'une intensité folle sur  le pomelo, le cédrat, le pétale de rose séchée  et le fruit de la passion. On passerait des heures à  le humer. La bouche allie ampleur et tension, avec une acidité ciselée qui trace grave et semble ne jamais vouloir s'arrêter, et une matière pulpeuse donnant l'impression de manger un suprême de pomelo croisé avec de la pêche de vigne. L'intensité aromatique est toute aussi incroyable – on a du mal à y croire, pour tout dire. 

La finale est explosive, jubilatoire : on monte encore d'un cran dans l'intensité aromatique (si, si, c'est possible) et se rajoutent de splendides amers (écorce de pomelo, of course) et une délicieuse astringence, avec une grande persistance  sur le ...pomelo. Si vous détestez ce fruit, fuyez !

PS : le vin a toutes ses lies au fond de la bouteille. Il est donc conseillé de le mettre en position verticale 24 h avant de le déguster puis éventuellement le transvaser dans une carafe pour le séparer de la lie déposée au fond de la bouteille. 


mercredi 17 juin 2020

Cuvée n° 25 : la bombe est de retour !


L'année dernière, je vous avais fait part de mon enthousiasme pour la nouvelle cuvée n°25 du domaine du Cros , un essai réussi de "non sulfitage" par Julien Teulier qui prend progressivement les rênes de la propriété. Hélas, les quantités avaient été très (trop!) limitées. Au bout de 15 jours, il n'y avait plus rien. Cette année, nous avons pris les devants en en réservant plus. Nous devrions pouvoir tenir plus longtemps. 

Ce vin donne un visage plus fruité et pulpeux du mansois, se rapprochant plus de certains braucols gaillacois vinifiés dans le même esprit nature. Et c'est vraiment réjouissant à tous points de vue !

La robe est pourpre très sombre, mais pas totalement opaque.

Le nez est très expressif, sur le coulis de fruits noirs, les épices douces, avec en arrière-plan du poivron rouge grillé et une pointe lactée.

La bouche est ronde, très ample, enrobant le palais d'une matière fraîche et veloutée, pulpeuse, réussissant à être à la fois dense et digeste. On sent un léger perlant, mais pour le coup pas vraiment dérangeant : il apporte du peps et une fraîcheur supplémentaire. Le fruit est omniprésent, tout en n'étant pas lassant.

La finale possède une mâche gourmande, montant encore d'un  cran dans l'expression du fruit et de la fraîcheur, avec une persistance sur le poivre et des notes crayeuses. 

Et  la bonne nouvelle, c'est qu'on ne franchit pas (de très très peu) la barre symbolique des 10 € !


lundi 15 juin 2020

Terrasses de Gabrielle : retour des blancs et du rosé


L'été est arrivé en avril et l'automne au mois de juin. Heureusement, Summer of love et ses deux acolytes remettent les pendules à l'heure en nous amenant le soleil du sud. Si le premier ne change guère par rapport aux années précédentes, Soif d'idéal élargit la palette de ses cépages, tandis que Huracan n'a conservé que son étiquette : tout le reste a changé ! Sur le papier, les degrés sont élevés. Mais dans le verre, les équilibres sont là grâce à de bonnes acidités. Comme tous les vins d'Olivier Pascal,  les rapports qualité/prix sont excellents. Pourvu que ça dure... 

100 % Nielluccio

La robe est rose très pâle, tirant vers le gris.

Le nez est fin et concentré, sur la fraise confite; le zeste d'orange et le p'tit beurre.

La bouche est à la fois ronde et élancée, avec une matière mûre , vineuse, rafraîchie et étirée par une acidité arachnéenne.

La finale prolonge l'élan sans interruption, accentuant juste les amers (orange) et les épices, ainsi qu'une fine mâche crayeuse.

Huracan 2019 (9.90 €)

Assyrtiko & Godello

La robe est jaune pâle, aux reflets argentés.

Le nez est plutôt discret, sur le citron frais, la fleur d'aubépine  et la craie humide.

La bouche est longiligne, tendue par un fil invisible, avec une matière charnue au toucher doux, caressant, très marquée par l'agrume confit, complété par des notes "caillouteuses".

La finale poursuit sur la même dynamique, avec un agrume qui redevient plus frais et une minéralité plus  présente, et se conclut sur le pomelo (pulpe + écorce) et des notes finement crayeuses.



Vermentino (40%), Grenache blanc (25%), Roussanne (30%) et Viognier (5%)

La robe est or pâle aux reflets légèrement rosée

Le nez est expressif sur les fruits jaunes bien mûrs, le miel et les épices.

La bouche est ronde, ample, enveloppante, déployant une matière mûre et sensuelle, alliant les notes confites à la fraîcheur aromatique limite décoiffante. Un paradoxe liquide.

C'est la seconde qui l'emporte en finale (ouf !), soulignée par de très beaux amers qui persistent, sur l'écorce de citron confit et le quinquina.

jeudi 11 juin 2020

Pinot noir Carrel : le grand retour !


Les lecteurs les plus observateurs ont peut-être remarqué que j'avais exercé mon droit de réserve sur le Pinot noir 2018 de Jeff Carrel alors que j'avais dit tout le bien que je pensais des millésimes précédents.  Lorsqu'il est arrivé l'année dernière, je l'ai trouvé plus dur et fermé que d'ordinaire – même si loin d'être désagréable, hein. Mais pas comme je l'aime. J'espérais qu'il finisse par s'ouvrir. Je l'ai goûté à 3-4 reprises. Déception à chaque fois. Aussi, dès que j'ai vu les premières bouteilles de  2019, je m'en suis saisi d'une, l'ai photographiée pour le site et débouchée illico ... à 10 h du matin. Verdict ? Il est à mon goût : tout en finesse, sans la moindre dureté, finale incluse,  avec un très beau fruit. Une belle alternative aux pinots bourguignons de plus en plus hors de prix. Et parfait pour les gens qui n'en peuvent plus des vins très colorés à 14-15 % d'alcool. Merci Jeff ! 

La robe est rubis sombre, mais bien translucide. 

Le nez est fin, sur la griotte confite,  le noyau, le poivre blanc, avec une subtile pointe de terre fraîche. 

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une matière délicate, aérienne, qui vous caresse sensuellement le palais. L'aromatique est dominée par la cerise rouge fraîche, complétée par l'écorce d'orange et le cacao en poudre. 

On retrouve ce trio dans une finale à la mâche fine et  savoureuse, avec une persistance sur l'orange amère, les épices et une touche crayeuse. 

Voilà un rouge qui peut être servi pour l'apéro avec quelques grignotteries carnées (ou pas), ou accompagner une viande blanche (ou n'importe quel plat vegan), des fromages frais, voire même un dessert aux fruits rouges. 



mercredi 10 juin 2020

Les espagnols arrivent en troupe (2) : rosés et rouges


Dans les rosés et rouges arrivés la semaine dernière d'Espagne, il y en a vraiment pour tous les goûts, avec des cépages et des vinifications très différentes. On va du presque "classique" au plutôt barré (mais pas tanqt que ça. Et c'est tout le charme de cette dégustation très éclectique !




Mourvèdre et Forcallat noir

La robe trouble  est entre le vermillon et le tuilé.

Le nez évoque les fruits rouges confits, avec une pointe de volatile. La bouche est élancée, tendue par une acidité quasi imperceptible,  et possède une matière ronde, souple, plutôt aérienne, sur la groseille à maquereau et la griotte. 

La finale associe une fine mâche à des notes acidulées, avec une persistance sur la terre et les épices. 

Au départ, on peut être décontenancé, mais on s'y habitue étonnamment vite, et on en redemande.



Syrah et Grenache

La robe est entre la rouge cerise et le rose framboise, avec des fines bulles et un léger cordon de mousse qui disparaissent rapidement.

Le nez est gourmand, sur la griotte et la groseille, avec une touche fermentaire (Kriek).  La bouche est éclatante de fraîcheur, avec un cordon rectiligne de micro-bulles crépitantes qui tient lieu de colonne vertébrale, et une matière friande, intensément fruitée, donnant l'impression de croquer dans une griotte acidulée. Le tout est harmonieux et d'un charme assez irrésistible. 

On retrouve la griotte acidulée dans la finale tonique, associée à la pulpe de pomelo et d'orange sanguine, avec une persistance sur des amers évoquant une (très bonne)  Kriek. Addictif !




90 % Alicante Bouschet, 10 % Mencia

La robe est grenat sombre bien translucide. 

Le nez  est fin, sur la cerise et la framboise, avec une pincée de poivre blanc. La bouche est ronde,  ample, très fraîche, avec une chair juteuse et fruitée, finement veloutée. La pureté aromatique est carrément bluffante. 

La finale conserve le même fruit tout en gagnant en densité, pour s'achever sur une explosion de cerise fraîche saupoudrée de cacao. Que du bonheur !  


Palomo negro L2018 (19.90 €)

Listan noir 

La robe est rubis translucide. 

Le nez pinote, sur la cerise, le noyau, la pivoine et le poivre, avec une touche de terre humide. La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une matière fine et aérienne, au fruit pur, intense et très frais. Inimaginable de penser que ce vin provient du sud de l'Espagne ! 

La finale légèrement mâchue gagne encore en fraîcheur, sur la griotte et la groseille, avec une persistance sur des notes crayeuses et  terriennes. 




Grenache noir, cuve

La robe est grenat translucide. 

Le nez est frais et fruité sur la quetsche, la cerise, avec une touche florale, une pointe d'orange et quelques épices. 

La bouche est ronde, fraîche, friande, avec une matière souple et gourmande au fruit intense, s'affermissant un peu ensuite. Si la cerise est dominante, on retrouve aussi l'orange sous forme d'écorce, et un peu de cacao. 

La finale possède une mâche gourmande, acidulée, sur la griotte et la bigarade, et un prolongement sur les épices. 



Grenache noir, 12 mois en barrique

La robe est grenat translucide. 

Le nez est fin et complexe, sur la liqueur de cerise, le bois précieux, l'encens... La bouche est ronde, ample, enveloppante, avec une matière finement veloutée qui vous tapisse le palais. Dans un deuxième temps, elle se fait un peu plus accrocheuse,  mais dans un esprit gourmand/canaille. Aromatiquement, on reste sur la cerise confite, avec en plus l'acidité de la griotte et l'amer de la bigarade.

La finale prolonge toutes ces sensations, avec juste une intensification de la fraîcheur et de l'amertume, avec une grande persistance sur l'écorce d'orange. 



Mourvèdre, cuve

La robe est grenat bien sombre, limite opaque. 

Le nez évoque les fruits noirs bien mûrs, les épices, relevés par une pointe mentholée/balsamique.  

La bouche est ronde, ample, veloutee, déployant une matière à la chair dense, profonde, et délivrant un fruit pur et intense. Ce n'est pas d'une complexité folle, mais d'une totale évidence. 

La finale arrive sans la moindre rupture, si ce  n'est une accentuation de la fraîcheur aromatique, avec le retour du menthol et des notes balsamiques, et une persistance sur des notes crayeuses et cacaotées. 






mardi 9 juin 2020

Les Espagnols arrivent en troupe (1) : les blancs


Notre commande bisannuelle de vins espagnols est arrivée la semaine dernière, avec le retour de valeurs sûres comme le Purulio blanc ou Vindemiatrix, et pas mal de nouveautés, notamment chez Barranco Oscuro. Histoire de ne pas faire un billet trop long,  je le divise en deux. Je commence aujourd'hui par les vins blancs, et je parlerai des rosés/rouges demain. Tous les vins sont sans sulfites ajoutés et de culture bio (mais pas forcément certifiées). 



100 % Chardonnay

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez fin  évoque le beurre frais et le lemon curd, avec une touche de craie humide. La bouche est hyper tendue par une acidité arachnéenne qui trace au-delà  même de la finale; tout en déployant une matière ronde et fraîche au toucher moelleux,  juste mûre comme il faut, dans un registre aromatique très  "Bourgogne du nord". 

La finale est tonique, acidulée, très légèrement crayeuse, sur un mix citron/beurre frais qui persiste assez longuement. 




100 % Viognier

La robe est jaune d'or, brillante, avec des fines bulles qui disparaissent rapidement.  

Le nez expressif évoque la pêche et l'abricot séchés, avec une pointe de gingembre et de curry. La bouche est vive et élancée, étirée par une acidité tonique – renforcée par un filet de gaz carbonique – avec une matière mûre et dense, presque tannique, sur les fruits jaunes bien mûrs et des notes plus minérales.  

La finale est punchy, avec un perlant qui se renforce encore (on a presque l'impression de boire un vin effervescent – avec les amers typiques du cépage et un toucher crayeux, persistant sur des notes de citron et gingembre. 



100 % Muscat

La robe est entre l'or et le cuivre, avec une très légère effervescence perceptible. 

Le nez est puissant, sur la pêche confite, l'écorce d'orange, la pomme séchée et la fleur d'oranger. La bouche est très vive, avec une acidité qui vous transperce le palais et l'âme, contrebalancée par une matière mûre et moelleuse, très dense pour un vin blanc.

L'acidité se poursuit en finale,  renforcée par les amers de la bigarade et du quinquina; et l'astringence de l'écorce de pomelo qui persiste longuement. Sensation forte assurée

PS : le lendemain, le vin s'est harmonisé et devient presque "tout public". 




100 % Riesling (demi-sec)

La robe est jaune clair, légèrement trouble, avec des fines bulles qui s'évanouissent rapidement. 

Le nez est fin et intense, sur la tarte tatin, la poire séchée, le miel et les épices. 

La bouche est vive, longiligne, tendu par une acidité traçante et impétueuse, enrobée par une matière mûre et pulpeuse, sur des notes de pêche jaune et de gingembre. Un léger perlant accentue encore la fraîcheur. 

La finale est concentrée et intense, très Triple A ++ sur l'Amertume et l'Astringence de l'agrume (orange, pomelo, citron) et du quinquina, avec toujours cette Acidité traçante qui se prolonge longuement et sert de colonne vertébrale, gommant les sucres résiduels du vin. 



100 % Vermentino, pétillant naturel

La robe est jaune d'or, avec une légère effervescence. *

Le nez est concentré,  sur les agrumes confits, les épices et une touche d'encaustique. 

La bouche est ronde, ample et fraîche, avec une matière pulpeuse, gourmande, tonifiée par des bulles crépitantes, et un toucher presque crémeux. L'aromatique évoque la pomme rôtie et l'écorce de citron. 

La finale est énergique et savoureuse, très marquée par le pomelo (pulpe et écorce), avec des fins amers rappelant un célèbre  Indian Tonic. 



100 % Forcallat blanc

La robe est or pâle, très légèrement trouble.  

Le nez frais  est un panier d'agrumes et de fruits blancs. La bouche est longiligne, étirée par une fine acidité énergique, et  présentant une matière ronde, fraîche, pulpeuse, très désaltérante. 

La finale tonique allie  l'acidité à l'astringence du citron; complétée par des notes crayeuses. Pour les amateurs de vins très vifs !




Godello, Verdejo, Chasselas, Albillo Real, Palomino fino

La robe est jaune pâle trouble, avec des fines bulles disparaissant rapidement. 

Le nez est fin, frais, sur des notes lactiques (yaourt) et citronnées. 

La bouche est traçante dans un style élégant, avec une matière ample, aérienne, aux bulles délicates, crémeuses. L'ensemble est harmonieux, frais, et d'une méchante (?)  buvabilité. 

La finale est fraîche, gourmande, toujours entre yaourt et citron, avec une fine astringence canaille. C'est très addictif !... 



Godello, Verdejo, Chasselas, Albillo Real - Vin orange

La robe est entre l'or et l'or-ange, légèrement trouble. 

Le nez frais évoque la marmelade d'orange; la gelée de coing, avec une pointe de volatile. 

La bouche est vive, tendue par une acidité tranchante sans concession qui se poursuit longuement. Elle est enrobée d'une matière dense, légèrement tannique, très marquée par l'écorce d'orange et la pulpe de citron. 

La finale est triple A+++(+), avec toujours cette Acidité tranchante, renforcée par le duo Acidité/Astringence très citron/pamplemousse, et une persistance très crayeuse.  Ça envoie !




vendredi 5 juin 2020

Mas Mellet : une révélation !


J'ai échangé il y a quelques temps avec un amateur du forum La Passion du Vin (LPV pour les intimes) et ce dernier m'a conseillé de m'intéresser à un domaine que je ne connaissais pas : il ferait des vins dans l'esprit d'un célèbre domaine de Tavel qui n'a rien à vendre (je vous laisser chercher, pour citer Gustave Parking). Nous contactons donc le Mas Mellet pour avoir les tarifs et commandons six références ... sans les goûter (c'est dire si nous faisions confiance au LPVien). La palette est arrivée ce matin à 8h30 en camion réfrigéré. À 11h30, les six cuvées étaient débouchées et prêtes à être dégustées. J'ai un peu débordé sur mon horaire normal, mais ça en valait la peine. De la première à la dernière, je me suis régalé. Et en effet, il y a comme un air de famille avec le domaine mystère. La différence, c'est que c'est dispo ... et  moins cher. En tout cas, merci à cet amateur : il va faire des heureux ! 

Le B... 2019 (10.50 €)

30% roussane, 30% vermentino, 30% grenache blanc, 10% viognier

La robe est jaune paille aux reflets rosés.

Le nez est intense, sur le coing, l'abricot sec et le miel de châtaignier.

La bouche est élancée, tonique, avec une matière mûre et pulpeuse,  d'une impressionnante fraîcheur,  qui vous tapisse très agréablement le palais.

La finale poursuit l'élan sans le moindre à-coup, soulignés par des nobles amers évoquant le pamplemousse et des notes plus confites, tout en conservant une grande fraîcheur aromatique. Bluffant !


Gapan 2018 (14.50 €)

50% vermentino, 50% grenache blanc

La robe est doré, très légèrement trouble.

Le nez est frais et profond, sur le zeste d'agrumes confit (citron, mandarine), le beurre noisette et le pain grillé (d'une façon subtile).

La bouche est longiligne, tendue par un fil invisible, déployant une matière aérienne, quasi impalpable, d'une enrobante douceur, avec une fraîcheur très diffuse, mais d'une efficacité redoutable. L'équilibre est magistral.

La finale réussit à ne pas rompre le charme, se contenter d'intensifier les sensations, et de conclure sur un Triple A que nous aimons beaucoup à Vins étonnants : orange Amère, fine Astringence du citron et Acidité arachnéenne, enjoleuse plus qu'agressive. Un p... de vin !


Lily Rose 2019 (8.50 €)

Grenache noir, mourvèdre et cinsault

La robe est rose saumon /oeil de perdrix

Le nez est fin, sur la fraise confite, le zeste d'orange et les épices.

La bouche est ronde, très ample, avec une matière d'une grande finesse, limite gazeuse, qui vous submerge totalement, et une fine acidité traçante tenant lieu de colonne vertébrale. La fraîcheur est bien présente, équilibrant l'aromatique bien mûre, vineuse et épicée.

La finale est tonique, finement mordante, avec un retour de la fraise confite et de l'orange, et une belle persistance sur le quinquina et les épices.


Les salines 2019 (13.50 €)

100 % Carignan (vigne de 55-70  ans)

La robe est rubis translucide.

Le nez est élégant, sur la cerise, le noyau et le poivre blanc.

La bouche est encore plus ample que Lily Rose : c'est un tsunami buccal, avec une matière superbe qui réussit l'exploit d'être très aérienne tout en développant un gras sensuel. Aromatiquement, on est toujours sur la cerise – plus griotte que Burlat– d'une fraîcheur enthousiasmante !

La finale est vive, délicieusement acidulée, avec toujours la griotte en étendard, soulignées par des notes terreuses et épicées. Enthousiasmant !


Cinsault majoritaire et grenache

La robe est grenat translucide

Le nez est fin, sur les fruits noirs (cerise, mûre) et les épices douces.

La bouche est ample, sphérique, déroulant avec grâce une matière soyeuse et caressante. Le fruit (cerise essentiellement) est pur et intense, d'une fraîcheur toute aussi enthousiasmante que Salines.

La finale est une bombe de fruit, montant encore dans les tours en pureté et fraîcheur, avec une légère astringence crayeuse qui apporte une touche terrienne.


Pari finesse 2019 (9.50 €)

Syrah 80% et grenache 20%

La robe est grenat sombre, limite opaque.

Le nez est gourmand, sur le coulis de mûre/myrtille, la poudre de cacao et les épices.

La bouche est ronde, très  ample, déployant une matière fine au toucher soyeux, gagnant progressivement en densité, avec toujours cette aromatique "fruits noirs" dans un style frais et juteux.

La finale accroche légèrement, mais d'une façon des plus enthousiasmantes, sur la cerise noire et l'écorce d'orange, avec une persistance dans le crayeux. Très sympa et super rapport Q/P !