vendredi 30 septembre 2016

OSE SO2 !


C'est vrai, l'étiquette à la tête de mort  de cette bouteille peut faire un peu peur. Mais c'est pour rire ! Le vigneron a juste voulu rappeler la haute toxicité du dioxyde de soufre .... qu'il n'utilise pas pour protéger ce vin ! En fait, il faut lire un peu cela comme un Magritte : "ceci n'est pas un vin contenant du SO2"

Bon, OK pour la provoc, vous allez me dire. Mais est-ce que c'est bon ? Parce que si c'est encore un de ces vins qui sent la fiente de poule, non merci ! Eh bien, oui, c'est non seulement bien réussi. Mais ce vin mériterait servir de porte-drapeau à ces vins nature souvent vilipendés (et pas toujours à tort).

Il faut dire qu'on est sur le beau millésime 2015, très réussi en Loire. Lorsqu'on dispose de raisins sains et mûrs, cela facilite les choses. Vous ajoutez le savoir-faire de Fred Sigonneau. Et vous avez un SO2 sans SO2 des plus convaincants.

Certaines bouteilles ont un peu de gaz carbonique qui s'élimine facilement en secouant (prudemment) la bouteille.

La robe est grenat violacé translucide.

Le nez est fin et frais, sur des notes de cassis écrasé, avec une pointe de bourgeon de cassis.

La bouche est ronde, ample, charnue, avec une matière fruitée et veloutée, très gourmande. L'ensemble est d'une fraîcheur vivifiante.

La finale est mâchue, légèrement crayeuse, très marquée par le cassis, se poursuivant sur des notes mentholées et poivrées.

Le plus bluffant est la tenue de SO2 dans le temps : le lendemain, il est encore meilleur, plus ample et expressif. Et le surlendemain, il est toujours aussi bon. Après, il commence tout de même à décliner, mais tout de même, c'est impressionnant pour un vin non protégé. 


jeudi 29 septembre 2016

Soif d'idéal : la quête enfin terminée ?


J'avais fait un rêve : Olivier Pascal l'a réalisé. J'aimais bien son  12 de la noche en la Habana, mais je trouvais l'élevage en barrique un peu trop présent en jeunesse. Une version non boisée eût été géniale afin de mieux percevoir ce que apporte les schistes de Berlou à un vin blanc. Et bien c'est fait : même son nom correspond à ma Soif d'idéal. Elle est pas belle, la vie ?

La robe est jaune paille claire, brillante.

Le nez est fin et intense, sur des notes de fruits jaunes (abricot, pêche), de verveine et de citron confit, avec une touche pierreuse/fumée.

La bouche est fraîche, tendue, cristalline, avec une aromatique fruitée, mais aussi anisée/résineuse et une matière limpide, digeste, prenant un peu plus de gras au réchauffement

La finale est tonique, séveuse, typée, avec une amertume assez marquée, et un mix abricot/résine/fumée.

Et je ne vous ai pas annoncé la meilleure nouvelle : ce vin ne coûte que 7 € ! 


mercredi 28 septembre 2016

Et si vous buviez le meilleur rosé de votre vie ?


En 2008, Marjorie et Stéphane Gallet ont acheté une parcelle centenaire plantée de près de 15 cépages différents. Blancs, gris et noirs se côtoient, dont beaucoup de cépages oubliés. Ils ont choisi de pousser le métissage jusqu'au bout en cueillant la parcelle en une seule fois pour la travailler comme un blanc. La fermentation et l'élevage se font dans des pièces bourguignonnes de 5 vins. Il en résulte un vin ni vraiment blanc, ni vraiment rosé. 

Autant dire que j'avais plutôt hâte de déguster cette cuvée sortant des sentiers battus, et que l'on devait forcément référencer à Vins étonnants. J'ai tout de même réussi à tenir trois semaine avant de l'attaquer au tire-bouchon, ce qui démontre un certain self control. Certains disent que le plaisir est dans l'attente. Mouais, peut-être dans certain cas. Dans ce cas précis, il est nettement plus important lorsque l'on passe enfin à l'acte. Ce vin m'a absolument É-MER-VEILL-É !

Comme presque toujours, j'ai dégusté le vin à 15 °C.

La robe est or rose (ou de la couleur de certaines roses très pâles)

Le nez est très fin, sur des notes fumées/grillées/minérales avec une sensation de fraîcheur et de maturité. Avec l'aération, on arrive sur des notes de thé Ooolong,  avec une petite pointe de fruits rouges. Et puis finalement du floral : acacia, rose.

La bouche est d'une ampleur impressionnante, avec une matière charnue/charnelle/émouvante, d'une grande douceur tactile, le tout tendu par une acidité "rayon laser". L'ensemble est d'une harmonie quasi-irréelle que l'on ne rencontre que trop rarement (et c'est tant mieux : on s'y habituerait, et ce serait bien dommage). Il y a aussi un très subtil perlant qui apporte encore plus d'élégance.

On y retrouve aussi une vinosité très "blanc de noir champenois" qui se prolonge dans une superbe finale, intense sans être rentre-dedans, finement mâchue, avec de discrètes notes framboisées / citronnées / épicées. Et pour finir, du salin qui dure longuement.  Vraiment LA classe !

À 15.90 €, ce n'est pas donné pour un rosé, mais ce n'est vraiment pas cher pour un blanc de ce niveau (même s'il n'a pas une appellation ronflante...)


mardi 27 septembre 2016

Chardonnays de Morel : lequel choisir ?


Nous avons reçu il y a peu les vins de Valentin Morel, symbole d'une nouvelle génération de producteurs jurassiens. Contrairement à certains, il n'est pas parti de zéro : il a repris le domaine familial en 2014 dans le cadre d’une reconversion professionnelle. C’est en effet après des études de Droit et un poste de fonctionnaire-attaché de préfecture qu'il a décidé de revenir à ses origines paysannes. Sa reconversion lui a été inspirée par Matthew B. Crawford ( dont l'éloge du carburateur peut être considéré comme un manifeste pour une approche intellectuelle des métiers considérés à tort comme « manuels »), Rudolf Steiner (sa puissance de perception du monde sensible et ses nombreuses prémonitions dans le domaine agricole via son Cours aux agriculteurs font de lui un penseur dont l’invitation à l’observation et à la méditation nous accompagne au fils des saisons) et Masanobu Fukuoka, fondateur de la permaculture.

« Les pieds sur terre » traduit d’abord un état d’esprit, mais également, s’entend comme un hommage à nos pairs pionniers du « bio » qui, souvent raillés, ont en réalité choisi ce mode de culture de manière pragmatique et visionnaire. C'est aussi un hommage à une émission de France Culture qui porte le même nom et qu'il écoute quotidiennement en travaillant dans les vignes.

Photo : Léa Crespi pour Télérama

Un bel article lui est en partie consacré dans un récent Télérama.

En attendant des Savagnins pas encore en bouteille, nous avons déjà reçu deux Chardonnays assez différents l'un de l'autre. Afin de savoir lequel correspond le plus à votre sensibilité, voici une dégustation comparative des deux cuvées (comme d'hab, aux alentours des 14-15 °C).




Vignes de 30-40 ans sur éboulis calcaires très caillouteux sur des marnes grises et bleues. Fermentation alcoolique en cuve inox, , fermentation malolactique et élevage en demi-muids de 500 litres pendant 10 mois. Léger sulfitage de 15 mg/l).

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est marqué par la réduction, sur des notes de coquilles d'huître et de pierre mouillée.

La bouche est tendue, avec une fine acidité traçante, limite tranchante, et une matière ronde, friande, digeste, aux accents minéraux, encore sur la réserve. 

La finale délivre une mâche puissante, crayeuse, persistant sur des notes citronnées/salines.

Définitivement à attendre, mais beau potentiel.



Vignes d'une trentaine d'années sur un haut de coteau exposé  plein sud, avec des sols argilo-calcaire sur socle calcaire. Le moût est entonné en fûts de 228 l (d’une dizaine d’année) dès le début de la fermentation alcoolique. Le vin n’est plus jamais manipulé avant la mise en bouteille à l’été suivant la récolte. Aucun sulfite n'est ajouté, y compris à la mise.

La robe est d'un jaune un peu plus doré, également brillante.

Le nez est beaucoup plus expressif, sur la pâte d'amande, la pomme chaude, la poire mûre, avec une petite touche fumée.

La bouche est ronde, pulpeuse, terriblement savoureuse et aromatique, avec ce qu'il faut de peps et de fraîcheur. Pour résumer en un mot, c'est une tuerie. Bu plus frais, l'acidité ressort plus. 

La finale est aussi mâchue que le vin précédent, mais l'aromatique moins austère – très galette beurrée à la frangipane – fait qu'elle est beaucoup plus gourmande. Belle persistance sur des notes fruitées/épicées/grillées.

Conclusion : pour une consommation immédiate, il faut mieux choisir les Trouillots, déjà hyper accessible (grâce à l'absence de sulfites ?). On peut même se demander s'il sera meilleur un jour. Mais je n'ai aucun doute sur l'avenir de Saint-Savin : d'ici 3-5 ans, cela devrait donner un très joli vin. Ce dernier est bien sûr consommable dès maintenant comme on le ferait d'un jeune Chablis, mais ça me paraît tout de même relever de l'infanticide.

lundi 26 septembre 2016

Toujours aussi Baux... mais pas pareil.


J'avoue que j'étais limite inquiet à l'ouverture de ce millésime 2013 de la cuvée Tradition. Le 2012 m'avait tellement plu que je me demandais si son successeur pourrait faire aussi bon (je n'imaginais même pas qu'il puisse être meilleur). Et bien ma foi, comme vous allez le voir, il se sort plutôt bien de ce challenge. Même s'il ne détrônera jamais le 2012 dont je regrette de ne pas avoir mis un carton de côté, il est vraiment réussi. Il demande juste d'être attendu jusqu'au printemps prochain pour gagner encore en harmonie (c'est à ce moment-là que j'avais dégusté son prédécesseur).

La robe grenat sombre est plus intense que le 2012.

Le nez est fin et subtil, sur les fruits rouges bien mûrs (framboise fraise) et le poivre blanc, avec une pointe d'encens et de pivoine.

La bouche est droite, tendue, d'une fraîcheur impressionnante pour un vin du secteur. Elle est enrobée d'une matière soyeuse et aérienne, plutôt classieuse,  avec un fruit épicé expressif.

La finale n'est pas encore tout à fait en place, asséchant un peu les papilles, mais rien de rédhibitoire : le fruit finit pas l'emporter, sur des notes de cerise confite, goût de noyau inclus. Au bout de 24 h d'aération (en bouteille) cette sécheresse avait disparu, preuve que le problème est passager. Donc, un peu de patience, cette bouteille sera au top dans 6 mois. 




vendredi 23 septembre 2016

Rentrée éclectique !


Après la rentrée au club de Saint-Yrieix il y a 15 jours, nous avons fait mercredi dernier celle du "club Vins étonnants de Limoges". J'ai retrouvé avec plaisir des têtes connues, mais rencontré aussi deux nouveaux qui se sont vite intégrés à notre dream team. Le thème de la soirée était des plus larges puisqu'il consistait en un choix de coups de cœur de ces derniers mois. Il est donc normal que les lecteurs réguliers du blog aient une impression de déjà vu. 


Avec des toasts à la tapenade (et crème aux herbes ?), nous avons bu en apéro le "rosé" Salmonido de Barranco Oscuro. Enfin, rosé, c'est histoire de catégoriser. En fait, c'est plutôt rouge vermillon translucide aux reflets orangés. Au nez, comme la première fois où j'ai bu ce vin, on a plutôt l'impression d'avoir dans le verre un Chardonnay jurassien. Et même en bouche, il y a un tranchant ciselé qui ferait penser aux graviers de Tissot. Seule une certaine vinosité pourrait orienter sur une autre piste. Et puis la finale mêlant amertume, acidité et astringence, qui ne ressemble ni à un blanc, ni à un rouge, pas plus qu'à un rosé. Unique, quoi


J'aurais pu servir le Salmonido avec le délicieux saumon mariné qui nous fut ensuite servi. Mais un duo de vins était déjà prévu pour l'accompagner : à ma gauche, un Vouvray Silex noir 2015 de François Pinon, un Chenin à l'acidité tranchante, équilibré par une matière bien mûre et un sucre discret. À ma droite, un Loyela Blues 2015 de Verdier &Logel, un Riesling volcanico-forézien qui possède bien l'aromatique typique de ce cépage, mais sans avoir son acidité acérée (tout en étant loin d'être mou, hein). Pour les deux vins, il y eut des fans et des moins fans, avec des discussions très intéressantes sur ce que les uns et les autres attendaient de ces deux cépages. La passion du vin comme je l'aime !


Avec un pavé de boeuf, nous avons bu un Gaillac Enclos des Roses 2009 d'Aurélie Balaran. Peut-être le vin qui a le plus bluffé l'assistance. C'est vrai que le temps a patiné les tannins et apporté de la complexité aromatique, mais sinon, il est d'une jeunesse impressionnante, avec un fruit expressif et une fraîcheur pulsant grave. Le tout donne un vin des plus captivants, pas ennuyeux une seconde. Je réitère ce que j'ai déjà écrit ICI : c'est sans aucun doute l'un des plus beaux vins du Sud-Ouest (pour un prix des plus raisonnables : 12 €).


Avec de la tomme de brebis et du coulis de cerise noire, j'ai servi un Irouléguy 2014 du domaine Bordaxuria. Bu seul, il paraissait plus renfermé qu'il y a quelques mois, limite austère. Je subodore la mal du pays, car dès que l'on a attaqué la tomme de brebis, je retrouvais le vin que j'avais tant apprécié au mois de juin dernier. Certes d'une densité assez impressionnante, mais précis, frais, avec une énergie communicative. Une découverte pour beaucoup !


Pour le dessert – des figues rôties et glace vanille – je n'ai pas pris un coup de cœur récent, car il n'y en avait pas qui pouvaient s'accommoder des arômes particuliers de ce fruit. J'ai donc ressorti un vin qui repose depuis quelques années dans les caves de Vins étonnants, oublié par beaucoup. Lorsque l'on goûte cette Ille 1998 du domaine de Ravanès, on se dit que c'est un tort, car cette vendange tardive d'Ugni blanc (100 % raisins botrytisés) est une petite merveille : un nez riche marqué par les notes rôties, le miel et les fruits secs. Une bouche onctueuse/séveuse/intense équilibrée par une acidité impressionnante. Et une finale sacrément persistante, pas lourde pour un sou. Superbe !

La prochaine fois, nous reviendrons à une thématique : la Loire !

jeudi 22 septembre 2016

La petite Bette a grandi depuis 10 ans.


Avec ses millésimes qui se succèdent chaque année, le vin vit une forme d'éternelle jeunesse. Ainsi, j'ai découvert la première Bette il y a bientôt 10 ans. Je m'en souviens encore. Elle était alors très marquée par le cassis, l'une des signatures aromatiques du Carignan. Aujourd'hui, je découvre la version 2015. Évidemment jeune et pimpante, alors que de mon côté, j'ai pris un sérieux coup de vieux (là, vous devez dire : "mais non, mais non"). Pour paraphraser un gimmick de critique musical, on pourrait dire que ce 2015 est LE millésime de la maturité. Ce vin est effet plus complexe et plus profond que son aîné de 10 ans. On sent que ses géniteurs ont appris beaucoup de choses entre temps, et qu'ils les ont appliquées à ce vin.  Alors que le prix, lui, est resté des plus sages. 

La robe est pourpre sombre violacée.

Le nez est charmeur, sur la crème de fruits noirs, les épices (cannelle, muscade, poivre), le benjoin et une pointe lactique.

La bouche est élancée, tonique même, avec une matière fraîche et veloutée, sans un tannin qui ne dépasse.

La finale est un tantinet plus ferme – la mise est toute récente – mais elle réussit à rester gourmande, avec les notes perçues au nez, avec une bonne persistance sur les épices.

Si le vin offre déjà bien du plaisir, je suis certain que 3-5 ans de garde le rendront encore meilleur. À 7.50 € la bouteille, y a pas, c'est vraiment cadeau !


mercredi 21 septembre 2016

Terret : la simplicité pour seule ambition


Je ne vous referai pas le topo sur le Terret, autrefois star du Languedoc, aujourd'hui quasi disparu. Je l'ai déjà fait ICI. Cette cuvée est l'une des seules à l'utiliser en monocépage. Cela permet de comprendre pourquoi il a été délaissé. En effet, il n'est pas du tout du genre à épater la galerie, avec une profusion d'arômes de fleurs ou de fruits exotiques. Il n'a pas la puissance et le gras d'une Roussanne, le bouquet affriolant du Muscat ou la générosité d'un Grenache. Nous sommes plutôt dans la catégorie "cépage modeste". Mais justement, c'est cela qui me plaît dans ce vin. Ce côté simple, pas surjoué, qui est très reposant pour le dégustateur aux papilles sur-sollicitées. Zen attitude.

La robe est jaune pâle aux reflets argentés.

Le nez assez discret, évanescent, sur le zeste de citron, la poire et la craie humide.

La bouche est ronde, croquante, savoureuse, avec un léger gaz qui  apporte du peps.  Ce qui frappe le plus, c'est sa fraîcheur joyeuse, pas agressive pour un sou.

La finale est saline, légèrement citronnée, avec des notes crayeuses persistantes.

Bref, on est a l'opposé de l'image du vin blanc sudiste, souvent un peu lourdingue, sans tomber dans le mode acide/agressif. Il sera parfait pour un apéro digeste, mais aussi tout un repas : carpaccio de boeuf, dos de cabillaud/purée citronnée, fromages de chèvre..


mardi 20 septembre 2016

Jours de vigne : tip-top !


Cela fait plusieurs années que Clément Mengus cherchait la meilleure formule pour Jours de vigne, son vin d'entrée de gamme (le seul qui ne soit pas en AOP Cabardès). Sur 2015, j'ai le sentiment qu'il l'a trouvée avec 50 % de Grenache (pour la rondeur et le soyeux), 25 % de Syrah (pour le fruit et les épices) et 25 % Carignan (pour la profondeur et la structure). Avec l'effet millésime, il y a n'a pas de reproductibilité absolue possible. L'essentiel est d'en garder l'esprit : un vin gourmand, facile à boire, mais qui ait aussi un certain fond, de la personnalité. Dès que je l'ai bu, je me suis dit : "faut que je fasse découvrir cette petite merveille au Club de Saint-Yrieix." Et comme ils ont souhaité pour la prochaine fois une soirée Languedoc, on ne pouvait pas mieux tomber... Reste plus que 4 vins à trouver ;-)

La robe est grenat bien translucide, brillante.

Le nez est pimpant, sur la prune et la cerise, avec une touche de fraise confite, une pincée d'épices douces et une autre de poivre.

La bouche est ronde, soyeuse, d'une fraîcheur éclatante, avec un fruit expressif et une sacrée buvabilité. L'ensemble est parfaitement équilibré, avec une juste tension.

La finale est nette, tonique, gourmande, avec une fine mâche soulignée par une noble amertume (noyau de cerise) et des notes épicées. C'est pas super long, mais c'est p... bon ! 


lundi 19 septembre 2016

Blanc de Lapalu : de toutes les couleurs ?


Ce n'est pas parce que vous êtes un vigneron rebelle que vous renoncez à utiliser toute méthode de marketing. Pour ce Beaujolais-Villages blanc 2015, Jean-Claude Lapalu fait assez fort avec cette étiquette qui intrigue forcément l'amateur. "Ce BLANC vous en fera voir de toutes les couleurs" est-il annoncé. Cette formule est plutôt maline : elle peut être interprétée très différemment, mais dans tous les cas, cela donne envie de le découvrir. Après, c'est à double tranchant : il y a intérêt à ce que le consommateur "en ait vu de toutes les couleurs". Sinon, il sera déçu, avec l'impression de s'être fait un peu avoir. 

Même si je ne suis pas du tout réceptif à toutes les pubs diverses et variée, j'avoue être tombé dans les mailles du filet de Jicé. À peine j'avais lu l'étiquette que je dégainais le tire-bouchon pour savoir ce qu'il pouvait bien y avoir dans cette bouteille... Alors, alors ?...

La robe est d'un or intense.

Le nez est aérien et expressif, sur des notes de pomme chaude, de poire séchée, avec une touche de tarte à la mirabelle et une pointe de résine.

La bouche est ronde, fraîche, avec une matière mûre et charnue, et juste ce qu'il faut de tension. Il y aussi de la vinosité qui évoquerait un Champagne sans bulle.

La finale dévoile une fine mâche savoureuse, avec toujours ces fruits blancs bien mûrs et des notes épicées et salines.

Conclusion ? Comme je ne sais pas trop ce qu'a voulu dire notre vigneron, je ne pourrais dire si j'en ai vu de toutes les couleurs. Par contre, je sais que j'ai bu un Beaujolais blanc qui sort plutôt de l'ordinaire, avec une maturité plus poussée tout en restant très digeste. J'ai bu un vin qui est "nature" juste ce qu'il faut pour qu'il soit accessible à tous, même si je ne pense pas que le dégustateur orthodoxe y trouvera son compte (on s'écarte sérieux du Chardonnay classique...) Le public visé est clairement les amateurs de vins naturels. Ceux-ci devraient beaucoup aimer ce vin car il réussit à avoir du fond tout en étant glou-glou. 


vendredi 16 septembre 2016

Syrah 2015 de Reynaud : tout a changé !


2015, l'année du changement chez David Reynaud ? En tout cas, les étiquettes de ses vins de pays des collines rhodaniennes ont été joliment relookées. Mais ça ne s'arrête pas là. Dès que l'on ôte la capsule, il y a une autre découverte : le bouchon est un Ardeaseal ®.



Il est en plastique, avec une forme inhabituelle – selon l'esprit que vous aurez, vous pourrez y voir un tonneau ou un suppositoire. Evidemment, aucun risque de TCA, mais aussi un meilleur vieillissement qu'avec un bouchon synthétique classique. Sa couleur et son graphisme sont en harmonie avec l'étiquette. Plutôt classieux, donc. Mais vous allez me dire : le plus important, c'est le vin qui est à l'intérieur. Tout à fait. Et lui aussi a changé par rapport aux années antérieures. Bon, le solaire millésime 2015 y est certainement pour beaucoup. Mais rien n'aurait empêché David Reynaud de faire une extraction plus en retenue. Là, il s'est clairement lâché, et ce n'est pas pour me déplaire. Il gagne en gourmandise canaille ce qu'il perd en élégance, retrouvant finalement plus sa vocation d'origine de vin de pays (et non plus un "mini-Crozes"...)

La robe est d'un pourpre très sombre, aux reflets violacés.

Le nez est intense, sur la crème de fruits noirs (mûre, myrtille), les épices (poivre, 5 épices),  une petite touche de lard fumé, et une pointe de tapenade.

La bouche est ronde, très ample, avec une matière assez dense qui commence veloutée pour devenir ensuite plus puissante/tannique à partir du milieu de bouche.

Cette sensation se prolonge dans une finale généreuse/expressive à la mâche affirmée. Mais comme la matière est bien mûre, cela se passe sans souci. Cela demande tout de même un plat qui puisse non seulement supporter la puissance du vin, mais tant qu'à faire le rendre meilleur. Un confit de canard sera parfait ! Ou pourquoi pas un agneau de 7 heures ?


jeudi 15 septembre 2016

Mon TOP 4 X 10 (4ème partie) : les vins doux


La partie 1 (les bulles), c'est  ICI, la partie 2 (les blancs secs), c'est LÀ 
et enfin  ICI pour la partie 3 (les vins rouges)


Monbazillac 2014

C'est le seul de la sélection à être en dessous de la barre des 10 euros, et pourtant, on est loin d'un liquoreux au rabais comme on en trouve beaucoup trop à Monbazillac (la chaptalisation est quasi-généralisée). Là, on sent que c'est produit à base de raisins vraiment botrytisé, car il y a bien des arômes de grains rôtis, de la fraîcheur en bouche et une finale pas lourde du tout.  Du même producteur, je vous conseille aussi l'Apicula 2009 et le Monbazillac 1990 à prix très doux. 



C'est un sacré travail pour produire cette cuvée : si le Len de l'oeil prend bien la pourriture noble, le Mauzac et l'Ondenc ne l'apprécient guère. Le premier cépage est donc vendangés par tries successives comme à Sauternes et Monbazillac, tandis que les deux autres sont ramassés juste mûrs, puis sèchent trois mois dans un local aéré sur des clayettes, passant de 12 à 22 ° potentiels. Puis ils sont pressurés et fermentent en fûts de chêne (1/5ème neufs). Cela explique probablement que ce vin ne ressemble à aucun autre : on retrouve la fraîcheur des raisins passerillés ( comme les vins de paille du Jura ou les Jurançon) tout en ayant le gras des vins issus de botrytis). Et ce pour un prix relativement ridicule au vu de sa grande qualité (et du process mis en oeuvre) : 11,50 € les 50 cl.



Oubliez les Maury ou même Maydie et découvrez ce Malbec Vintage. Ce vin muté 100 % Malbec est une vraie réussite. Du fruit noir bien mûr, des épices, une matière veloutée sans lourdeur, et un sucre assez discret en finale. Vraiment une réussite à un prix correct (13.90 € les 50 cl).



Une rareté due au soin et à la patience de la famille Daviau du Domaine de Bablut. Depuis des décennies, ils conservent des Cabernets d'Anjou moelleux dans des conditions parfaites et les proposent à des prix quasi dérisoires. J'avais lu que 1980 était une belle année pour ce type de vins. C'est donc ce millésime que j'ai choisi pour la soirée. Comme tous les autres vins, il a été ouvert le midi pour le soir, et cela lui a été particulièrement profitable. Sa robe est entre le cuivre et le saumon. Son nez est très fin, aérien, d'abord sur le bourgeon de cassis (réminiscence du cépage), puis la rose séchée, le coing confit. La bouche est toute en rondeur élégante, très douce, caressante, avec un sucre légèrement présent mais totalement intégré. La finale revient sur la rose épicée, les épices le coing. Hors du commun (13.95 €). Pfff... il est tombé en rupture cette nuit, mais il va revenir bientôt :-)



Ce vin "naturellement doux"  est issu d'une vendange sûrmurie et non mutée de Muscat Petit grain  à 20° d'alcool potentiel. Normalement, pour produire un vin muté,  il faut rajouter de l'alcool à 96 % vol. sur le moût en début de fermentation afin d'atteindre un total de 17-18%. Ce mutage va tuer les levures présentes dans le vin et mettre fin à  la fermentation. Il restera donc une quantité importante de sucres résiduels (120-180 g/l) qui peuvent parfois être un peu écœurants. Ici, les Bojanowski ont laissé la fermentation aller à son terme, et ont obtenu 14.5% d'alcool et 95 g/l de sucre résiduel. Un vin moins alcoolisé et moins sucré. Un équilibre différent donc, avec plus de de vivacité (15.50 € les 50 cl)



Cette vendange tardive de Mourvèdre ne ressemble à pas grand chose de connu. Fruits noirs, résine, eucalyptus, poivre cubèbe. La matière est souple et pas lourde pour un sou  ("seulement" 90 g/l de sucres résiduels). Ce vin peut être bu pour lui même ou accompagner un fondant au chocolat un peu relevé, ou servir de digestif (15.90 € les 50 cl)



Cette cuvée va à l'encontre de l'approche traditionnelle de Madère, monovariétale. La volonté de Blandy's était de créer une cuvée d'un style plus moderne, plus facile dans l'approche, y compris dans le packaging. Ils ont donc assemblé l'opulente Malvasia avec le subtil  et aromatique  Boal. Le résultat est un vin aux parfums intenses, riche mais pas lourd, du fait d'une grande fraîcheur. Si le sucre est présent, il se fait très discret. Le nez intense sur le café, le pralin, le cacao et les épices de Noël. La bouche est riche aromatiquement tout en étant d'une grande droiture, avec une fraîcheur évoquant les agrumes.  La finale est longue et  intense sur les fruits secs et les épices. À goûter absolument (19 € les 50 cl)



Le millésime 2014 a particulièrement réussi à ce Jurançon, avec l'été frisquet et la superbe arrière-saison. Le passerillage a concentré une matière bien mûre et particulièrement fraîche. Le vin est déjà excellent aujourd'hui, sûrement grand dans une dizaine d'années (22.50 €). Coïncidence ? Il est en rupture hier soir, mais nous allons nous réapprovisionner bientôt... 




Cette version longuement vieillie en fûts de l'Archaïque  – une vendange tardive de Mourvèdre – est un must pour les amateurs de vieux rancios, voire de vieux alcools. En effet, ce vin a perdu son fruit d'origine, mais il a gagné à la place une palette d'arômes tertiaires assez impressionnante. Mais comme ce n'est pas un vin muté, l'alcool ne ressort pas, ne perturbant pas la dégustation. Une fois la bouteille ouverte, il peut tenir des mois au frigo sans se dégrader (39.90 €).



Bon allez, on termine par le seul vin qui contient un peu de mon ADN. En effet, j'ai participé aux vendanges de ce 2008, et j'y ai mis pas mal de sueur ... et de sang – on se coupe assez facilement avec un sécateur. Il y avait deux barriques exceptionnelles dans le chai qui étaient destinées à être le cœur de cette Madame. Elles dépassaient les 30 ° potentiels (soit plus de 300 g/l de sucres résiduels pour un vin à 12 °). Mais l'acidité n'avait pas grand chose à envier à un Riesling mosellan. Le tout était juste splendide, et je le faisais – un peu trop ?–  déguster aux amateurs qui passaient au domaine. Ce qu'il en reste a été mis en bouteille deux ans plus tard. C'est certainement avec la 2001 l'une des plus belles Madames de Tirecul la Gravière. Et donc l'un des meilleurs liquoreux du monde. Alors certes, 79 €, ce n'est pas donné. Mais c'est moins cher qu'une demi-bouteille d'Yquem dans un mauvais millésime. Et c'est trèèès nettement supérieur. Si vous voulez savoir ce qu'est un grand liquoreux, vous devez goûter ce vin. 

mercredi 14 septembre 2016

Mon TOP 4 X 10 (3ème partie) : les vins rouges


La partie 1 (les bulles), c'est  ICI, la partie 2 (les blancs secs), c'est !


Permien 2014

Sur le millésime 2014, j'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans Permien en 2010/2011. Un vin délicatement fumé, élégant, racé, d'une classe assez incroyable pour un vin à 7.30 €. La magie du terroir de Salagou qui donne aussi naissance aux vins du Mas des Chimères. Et puis 15 ans de biodynamie et le savoir-faire d'Eric Supply-Royer. Le vin sera de nouveau dispo dans quelques jours. 


Rézinet 2015

Comme je l'ai écrit il y a peu, Rézinet est la grande réussite de la cave Verdier-Logel en 2015. Un Gamay parfaitement mûr mais avec une fraîcheur et une finesse qui font plus penser à du Pinot noir qu'à du Gamay. C'est déjà super bon aujourd'hui, mais ce serait intéressant d'en faire vieillir quelques bouteilles. À 8.95 €, c'est une belle affaire !


La Ripassa de Montagne 2014

Pour savoir tout sur ce vin pas comme les autres, je vous invite à lire cet article. Il y a un peu plus d'un mois, je l'ai fait déguster à un groupe d'amateurs juste après une Côte rôtie de Texier. Ils ont adoré cette dernière – ils m'en ont fait ouvrir 4 bouteilles ! – mais ça ne les pas empêchés de trouver ce vin très à leur goût : ils m'ont dévalisé ! Cela m'a confirmé que je n'avais pas la berlue : ce vin est une petite bombe dans un style totalement à part. Goûtez : vous comprendrez ! (9.90 €)


Seibel 2014

Je n'ai pas oublié cet habitué de mon TOP 10 annuel. Ce vin ne réussit jamais à me décevoir depuis son premier millésime, et je peux d'ores et déjà dire que le 2015 sera une grande réussite. Ce que j'aime dans ce vin. Son côté charmeur sans tomber dans le putassier, avec juste ce qu'il faut de floral et de fruité, des tannins soyeux, une chair dense, mais pas trop. Je suis persuadé qu'à l'aveugle, on pourrait partir sur un vin d'une appellation/cépage beaucoup plus renommé. Il ne vaut n'est vendu que  11.50 €. 


Coteaux Bourguignon 2015

Première cuvée du domaine repris en août 2015 par l'équipe de PUR, on peut dire que c'est une réussite. Une maturité très aboutie (un bon 15 °) mais parfaitement équilibre, une matière charnue, gourmande. Et un prix tout doux : 11.80 € (lire article ICI).


Champ d'Orphée 2014

J'avoue avoir hésité entre ce vin et l'Enclos des roses 2009 d'Aurélie Balaran. Dans les deux cas, l'on voit que le Braucol est un sacré beau cépage, injustement méconnu. Ici, il est pur dans tous les sens du terme, avec une culture biodynamique et une vinif sans soufre. Mais aussi pur gustativement, avec un fruit superbe, vibrant. Lorsque le Sud-Ouest s'exprime ainsi, il fait partie de l'élite des vins français (14.95 €).


El Pino Rojo L14

Je ne pouvais pas ne pas citer l'un des vins de Barranco oscuro qui fut mon choc de l'année 2016. Le Pinot noir est peut-être le plus symbolique, car oser cultiver ce cépage au sud de l'Andalousie était un pari osé. C'était sans compter les 1300 m d'altitude qui apportent la finesse et la fraîcheur nécessaires. Le résultat est juste bluffant surtout lorsqu'on sait qu'il n'y a aucun sulfite ajouté (il nous en reste que 5 bouteilles, mais une commande sera faite prochainement). Le prix ? 19.90 €.


Esprit de la terre 2014

À chaque nouveau millésime que nous recevons, je suis estomaqué par ce vin (qui demande une bonne aération après ouverture pour s'exprimer). Rarement une cuvée n'a jamais aussi bien porté son nom. On a en effet l'impression de capter dans le verre la quintessence de la terre corse, que ce soit par les odeurs de myrte/ciste ou par la bouche fine et très intense à la fois, profondément minérale. Probablement l'un des vins qui me procurent le plus d'émotion (21.90 €)


Amphore 2015

S'il y a un Cahors à goûter une fois dans sa vie, c'est celui-là. Fabien Jouves nous a livré de très belles bouteilles depuis quelques années, mais cette Amphore 2015 est certainement son chef d'oeuvre. En génal,  le Malbec de haut niveau est élevé en barrique, lui enlevant une partie de son charme. Ici, le contenant respecte le cépage, et on peut l'apprécier dans sa beauté originelle  (27.95 €).


Viola odorata 2014

Je devais forcément conclure par une cuvée de Claire Naudin. Il se trouve qu'il  ne nous reste quasiment plus que cette cuvée  pour l'instant, mais j'aime tout autant Orchis Mascula ou Myosotis Arvensis. J'aime la façon dont cette vigneronne transcende des appellations de peu en obtenant des vins qui n'ont pas grand chose à envier à Chambolle ou à Vosne. Même dans les années faibles, ses vins sont top. Pour les avoir fait déguster à des groupes à de nombreuses reprises, j'ai pu constater que je n'étais pas le seul à être profondément ému par ses vins (36.90 €).