Monbazillac 2014
C'est le seul de la sélection à être en dessous de la barre des 10 euros, et pourtant, on est loin d'un liquoreux au rabais comme on en trouve beaucoup trop à Monbazillac (la chaptalisation est quasi-généralisée). Là, on sent que c'est produit à base de raisins vraiment botrytisé, car il y a bien des arômes de grains rôtis, de la fraîcheur en bouche et une finale pas lourde du tout. Du même producteur, je vous conseille aussi l'Apicula 2009 et le Monbazillac 1990 à prix très doux.
C'est un sacré travail pour produire cette cuvée : si le Len de l'oeil prend bien la pourriture noble, le Mauzac et l'Ondenc ne l'apprécient guère. Le premier cépage est donc vendangés par tries successives comme à Sauternes et Monbazillac, tandis que les deux autres sont ramassés juste mûrs, puis sèchent trois mois dans un local aéré sur des clayettes, passant de 12 à 22 ° potentiels. Puis ils sont pressurés et fermentent en fûts de chêne (1/5ème neufs). Cela explique probablement que ce vin ne ressemble à aucun autre : on retrouve la fraîcheur des raisins passerillés ( comme les vins de paille du Jura ou les Jurançon) tout en ayant le gras des vins issus de botrytis). Et ce pour un prix relativement ridicule au vu de sa grande qualité (et du process mis en oeuvre) : 11,50 € les 50 cl.
Oubliez les Maury ou même Maydie et découvrez ce Malbec Vintage. Ce vin muté 100 % Malbec est une vraie réussite. Du fruit noir bien mûr, des épices, une matière veloutée sans lourdeur, et un sucre assez discret en finale. Vraiment une réussite à un prix correct (13.90 € les 50 cl).
Une rareté due au soin et à la patience de la famille Daviau du Domaine de Bablut. Depuis des décennies, ils conservent des Cabernets d'Anjou moelleux dans des conditions parfaites et les proposent à des prix quasi dérisoires. J'avais lu que 1980 était une belle année pour ce type de vins. C'est donc ce millésime que j'ai choisi pour la soirée. Comme tous les autres vins, il a été ouvert le midi pour le soir, et cela lui a été particulièrement profitable. Sa robe est entre le cuivre et le saumon. Son nez est très fin, aérien, d'abord sur le bourgeon de cassis (réminiscence du cépage), puis la rose séchée, le coing confit. La bouche est toute en rondeur élégante, très douce, caressante, avec un sucre légèrement présent mais totalement intégré. La finale revient sur la rose épicée, les épices le coing. Hors du commun (13.95 €). Pfff... il est tombé en rupture cette nuit, mais il va revenir bientôt :-)
Ce vin "naturellement doux" est issu d'une vendange sûrmurie et non mutée de Muscat Petit grain à 20° d'alcool potentiel. Normalement, pour produire un vin muté, il faut rajouter de l'alcool à 96 % vol. sur le moût en début de fermentation afin d'atteindre un total de 17-18%. Ce mutage va tuer les levures présentes dans le vin et mettre fin à la fermentation. Il restera donc une quantité importante de sucres résiduels (120-180 g/l) qui peuvent parfois être un peu écœurants. Ici, les Bojanowski ont laissé la fermentation aller à son terme, et ont obtenu 14.5% d'alcool et 95 g/l de sucre résiduel. Un vin moins alcoolisé et moins sucré. Un équilibre différent donc, avec plus de de vivacité (15.50 € les 50 cl)
Cette vendange tardive de Mourvèdre ne ressemble à pas grand chose de connu. Fruits noirs, résine, eucalyptus, poivre cubèbe. La matière est souple et pas lourde pour un sou ("seulement" 90 g/l de sucres résiduels). Ce vin peut être bu pour lui même ou accompagner un fondant au chocolat un peu relevé, ou servir de digestif (15.90 € les 50 cl)
Cette cuvée va à l'encontre de l'approche traditionnelle de Madère, monovariétale. La volonté de Blandy's était de créer une cuvée d'un style plus moderne, plus facile dans l'approche, y compris dans le packaging. Ils ont donc assemblé l'opulente Malvasia avec le subtil et aromatique Boal. Le résultat est un vin aux parfums intenses, riche mais pas lourd, du fait d'une grande fraîcheur. Si le sucre est présent, il se fait très discret. Le nez intense sur le café, le pralin, le cacao et les épices de Noël. La bouche est riche aromatiquement tout en étant d'une grande droiture, avec une fraîcheur évoquant les agrumes. La finale est longue et intense sur les fruits secs et les épices. À goûter absolument (19 € les 50 cl)
Le millésime 2014 a particulièrement réussi à ce Jurançon, avec l'été frisquet et la superbe arrière-saison. Le passerillage a concentré une matière bien mûre et particulièrement fraîche. Le vin est déjà excellent aujourd'hui, sûrement grand dans une dizaine d'années (22.50 €). Coïncidence ? Il est en rupture hier soir, mais nous allons nous réapprovisionner bientôt...
Cette version longuement vieillie en fûts de l'Archaïque – une vendange tardive de Mourvèdre – est un must pour les amateurs de vieux rancios, voire de vieux alcools. En effet, ce vin a perdu son fruit d'origine, mais il a gagné à la place une palette d'arômes tertiaires assez impressionnante. Mais comme ce n'est pas un vin muté, l'alcool ne ressort pas, ne perturbant pas la dégustation. Une fois la bouteille ouverte, il peut tenir des mois au frigo sans se dégrader (39.90 €).
Bon allez, on termine par le seul vin qui contient un peu de mon ADN. En effet, j'ai participé aux vendanges de ce 2008, et j'y ai mis pas mal de sueur ... et de sang – on se coupe assez facilement avec un sécateur. Il y avait deux barriques exceptionnelles dans le chai qui étaient destinées à être le cœur de cette Madame. Elles dépassaient les 30 ° potentiels (soit plus de 300 g/l de sucres résiduels pour un vin à 12 °). Mais l'acidité n'avait pas grand chose à envier à un Riesling mosellan. Le tout était juste splendide, et je le faisais – un peu trop ?– déguster aux amateurs qui passaient au domaine. Ce qu'il en reste a été mis en bouteille deux ans plus tard. C'est certainement avec la 2001 l'une des plus belles Madames de Tirecul la Gravière. Et donc l'un des meilleurs liquoreux du monde. Alors certes, 79 €, ce n'est pas donné. Mais c'est moins cher qu'une demi-bouteille d'Yquem dans un mauvais millésime. Et c'est trèèès nettement supérieur. Si vous voulez savoir ce qu'est un grand liquoreux, vous devez goûter ce vin.
Salut Eric,
RépondreSupprimerC'est étrange parce que mes Madame 2001 et 2005 sont en 75cl.
Ou c'est moi qui me trompe ?
(J'ai même une 2006 en magnum...)
Je pense que tu te trompes. Tirecul n'a jamais fait de 75 cl. Soit 50 cl, soit 150 cl.
RépondreSupprimerMerci Éric pour ce 4 x top ten, cela augure de futures belles dégustations !
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