vendredi 31 mars 2017

La vieille mule : deux vins dans la même bouteille !


Au moment où je faisais la mise à jour du millésime, je me suis aperçu que la Vieille mule avait changé d'assemblage. Enfin, façon de parler, car en 2016, pas d'assemblage : c'est un 100 % Maccabeu. Après, au niveau stylistique, pas de grand bouleversement : on est toujours sur ce côté "brut de cuve, gaz à tous les étages" qui a fait le succès de la cuvée. 

La robe est jaune pâle, limpide.

Le nez est expressif sur la poire mûre, les fleurs blanches et des notes fermentaires (yaourt, bière blanche). 

La bouche est ronde, fraîche, avec des fines bulles (invisibles) qui crépitent en bouche et apportent dynamisme et tension. Derrière le fruit et les notes fermentaires, on sent aussi des notes fumées/caillouteuses, plus minérales. On serait presque tenté de virer le gaz pour voir le vin qui se cache derrière. 

La finale est plutôt intense, avec une amertume qui apporte de la niaque et des notes salines bien marquées, qui vraiment vous font penser que derrière le style "fun" de cette cuvée, il y a un vrai vin de terroir. 

Du coup, j'ai pris mon courage à deux mains – enfin, la bouteille, plutôt – et je l'ai agitée jusqu'à faire s'évaporer le gaz carbonique (attention au départ, ça risque de gicler...)

Le nez a perdu son côté "fermentaire" pour gagner en fruit et en minéralité. Les agrumes apparaissent... 

La bouche a gagné en ampleur, finesse et précision, et surtout en tension. Vous n'avez plus un "soda alcoolisé" dans votre bouteille, mais un chouette Macabeu sur schistes

La finale est plus raccord avec le vin, prolongeant celui-ci avec une certaine élégance, tout en gardant cette belle tonicité. On est clairement dans un autre monde.

Vous avez donc le choix : acheter un vin "rigolo qui picote" ou un joli Macabeu de la vallée de l'Agly. Z'avez de la chance. Vous avez les deux dans la bouteille pour 6.50 €. Ce que je vous conseille, c'est d'en acheter deux bouteilles, et de les faire déguster (à l'aveugle) l'un après l'autre. Étonnement garanti de vos convives lorsque vous leur direz que c'était le même vin, avec ou sans gaz carbonique.












jeudi 30 mars 2017

Burgenland rouge : toute l'Autriche dans votre verre


J'ai ouvert cette bouteille de Burgenland rouge vendredi dernier pour décider quels vins j'allais ouvrir pour une soirée de dégustation "Vins étrangers" à Guéret (eh oui, nous creusons lentement et sûrement notre sillon). Parmi les autres quilles dégustées, c'est celle-ci qui se goûtait le mieux. Hopla, sélectionnée. 

Mardi, je regoûte la bouteille que j'avais ouverte, mais pas servie – je n'amène pas de bouteilles entamées – et là, il s'avère encore nettement meilleur qu'à l'ouverture. Et voilà pourquoi je vous en cause aujourd'hui. 

Si le titre du billet est "toute l'Autriche dans votre verre", c'est que ce vin contient les trois cépages rouges principaux en Autriche : Blaufränkisch, Zweigelt et Saint-Laurent (non, ce n'est pas un cépage canadien).

La robe est grenat translucide. 

Le nez est juste incroyable : écorce d'orange, grenade fraîche, violette, rose, poivre blanc, avec une pointe de benjoin. Je passerais des heures à le renifler humer.

La bouche est ronde, fraîche, avec une fine acidité traçante et une matière soyeuse, légère, enveloppante, charmeuse, et surtout un fruit vibrant, limite hypnotique, ornementé de notes florales. Limite magique (j'arrive d'ailleurs à peine à comprendre/réaliser tout le plaisir que j'ai à boire ce "vin de peu"). 

La finale a une mâche suffisamment subtile pour ne pas nous sortir de ce rêve éveillé. Un peu de terre fraîche – très burgundian style – mais toujours la violette, la rose, l'écorce d'orange, et des notes fruitées/poivrées persistantes. Que c'est beau... 

J'ai omis de vous parler du prix : 8.50 €. Par contre, si vous voulez – plus ou moins – retrouver ce que j'ai éprouvé, il faut l'épauler 4 jours à l'avance (en refermant la capsule). 




mercredi 29 mars 2017

Sous la montagne ... du vin !


Sous la montagne... Le nom peut surprendre. On ne peut s'empêcher de penser aux Gobelins en train de forger des anneaux d'or ou plein d'autres objets aussi jolis qu'ils sont vilains. En fait, l'explication est toute bête : les vignes qui ont donné naissance à cette cuvée sont situées juste sous la montagne sacrée des Catalans : le Mont Canigou. La spécificité de ce vin, c'est qu'il n'a pas un ml de Grenache dans l'assemblage. On perd donc en degré d'alcool ce que l'on gagne en fraîcheur. Et on ne va pas s'en plaindre. Ça ne se voit pas sur l'étiquette de devanture ... mais c'est encore un vin signé Jeff Carrel



La robe est grenat violacé très sombre ... mais légèrement translucide, avec pas mal de larmes sur les parois du verre.

Le nez est riche, sur des notes de fruits noirs confits, d'épices, avec une pointe de café et un carré de chocolat noir.

La bouche est sphérique, très ample, avec une matière charnue et veloutée  qui vous tapisse généreusement le palais. L'ensemble est bien équilibré, avec ce qu'il faut de tension et de fraîcheur pour ne pas tomber dans le too much.

La finale est plus ferme, avec des tannins puissants – mais parfaitement mûrs – qui dévoilent leurs gros bras musclés. L'aromatique reste celle du nez : fruits bien mûrs, épices, cacao, notes grillées.

Un vin qui risque d'être trop puissant pour l'apéro, mais qui sera parfait sur une épaule d'agneau confite dont le gras goûtu gommera les tannins. Le prix  ? 9.90 €




mardi 28 mars 2017

Pinot d'Alsace : régressif !


Il ne s'appelle ni Pinot blanc, ni Pinot noir, car ce Pinot d'Alsace n'est pas vraiment l'un, ni vraiment l'autre. Il contient surtout de l'Auxerrois qui est l'un des nombreux fils du Pinot noir et du Gouais blanc (comme le Chardonnay) et qui est souvent associé avec le Pinot blanc dans les crémants et les vin de soif alsaciens (au point qu'on les confonde souvent). Il contient aussi un peu de Pinot noir en pressurage direct  qui lui apportera plus de caractère, de vinosité, comme on dit. Façon Champagne. Mais sans les bulles.

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est expressif, sur la poire et la mirabelle, avec des notes miellées et une petite touche citronnée pour la fraîcheur.

La bouche est éclatante de fraîcheur, avec une matière ronde, pure, digeste, avec un bon goût de fruit mûr et de bonbon acidulé (grâce à un peu de gaz carbonique). On a l'impression de mordre dans le grain de raisin !

La finale est gourmande, avec une fine mâche savoureuse, avec juste ce qu'il faut d'amertume pour équilibrer, avec ce bon goût de prune jaune, mais aussi du p'tit beurre de votre enfance. Beaucoup de régressivité dans ce vin, et ma foi, ça ne fait pas de mal ;-)

Pour un peu moins de 10 €, vous avez un super vin d'apéro qui plaira à tous. Il ira aussi très bien avec un plateau de fromage, voire une viande blanche (blanquette?).




lundi 27 mars 2017

Un Pourboire, ça ne se refuse pas !...


Je vous avais parlé du millésime précédent de Pourboire Nature lorsque nous avions commencé à référencer les vins du domaine Sainte-Croix. Nous venons de recevoir le 2014, et je voulais voir s'il était proche stylistiquement du 2013. Après relecture de mon billet de février 2016 – le temps passe vite... –  il n'y a pas trop de points communs. Il faut dire que le terroir et l'encépagement on changé. Donc forcément...

Sur 2014, le vin est uniquement issu de vieilles vignes de Carignan sur argilo-calcaire. Et quand je dis vieilles, c'est vieilles, puisqu'elles ont été plantées... en 1905 ! Cette cuvée est sans sulfites ajoutés, y compris à la mise. 

La robe sombre fait penser à de l'encre violette.

Le nez est à la fois aérien, intense et profond, sur des notes de crème de fruits noirs (mûre, cerise noire), de poivre blanc, et une pointe d'olive noire.

La bouche est élancée, avec une matière dense et veloutée, juteuse, au fruit frais et expressif. Il y a un côté séveux/vineux assez impressionnant. L'âge des vignes ne doit pas y être étranger.

Au moment de déguster le vin, je n'avais pas lu sur le site du producteur que ces vieilles vignes étaient sur argilo-calcaire (et non sur schistes comme l'année dernière). Mais je l'avais pressenti, car la finale possède une mâche puissante et crayeuse, avec toujours un fruit très présent, et une p... de fraîcheur soulignée par des notes mentholées. Sur ce millésime, ce vin est plus fait pour un accompagner un plat riche qu'être bu distraitement à l'apéro. 





vendredi 24 mars 2017

Cabretta, perle du Languedoc


À plusieurs reprises, j'ai dégusté Cabretta sur le stand d'Alezon/Clovallon. Et à chaque fois, il m'a touché. Il fallait bien se décider à le rentrer un jour. Et il est arrivé hier. Cabretta, c'est un Faugères blanc provenant du secteur le plus élevé en altitude de l'appellation. L'encépagement n'est pas totalement classique pour le secteur : en plus des habituels Roussanne et Grenache blanc, il y a de la Clairette, de plus en plus rare. 

La robe est dorée, brillante.

Le nez est fin et complexe, sur des notes d'écorces d'agrumes séchées, de fruits blancs mûrs légèrement beurrés, de miel et de garrigue. 

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière qui réussit à être dense et aérienne. Un côté faussement léger/détaché, alors que ce vin s'insinue avec persistance dans la moindre cellule de votre palais. Et puis il y a cette tension du schiste qui n'a ici rien de raide/tranchant. Tout se fait en douceur. 

La finale intense d'abord amère – quinquina, écorce d'orange – puis finement astringente, fait irrésistiblement penser à un Chenin, plutôt côté angevin. C'est un peu le Quart des Noëls du sud, cette cuvée. Ce sont les amers – gentiane – qui ont finalement le dernier mot, ne vous lâchant qu'après plusieurs dizaines de secondes. Amateurs de vins faciles et charmeurs, passez votre chemin !


jeudi 23 mars 2017

Pinot noir Mysty Cove : révélation


Eh oui, encore un vin du nouveau monde. Mais non, pas bodybuildé, pas maquillé, pas caricatural. Bio, même. Fermenté avec les levures indigènes. Avec juste un peu de sulfites pour qu'il ne parte pas en vrille. Franchement, à l'aveugle, je pense que ce Pinot noir de Misty cove passerait sans souci pour un Bourgogne de belle origine (style Chambolle Village). Lorsqu'on goûte ce vin, ou les frangins de Patagonie dont je causais il y a peu, on comprend mieux pourquoi les vins français se font tailler de plus en plus de croupières à l'export. Ces pays longtemps méprisés savent faire aussi bon que nous, souvent à des tarifs plus compétitifs. Et eux aussi, même si le mot n'existe pas dans leur langue, ont des terroirs qui n'ont rien à envier aux nôtres. 

Mais bon, une dégustation vaut mieux que mille mots. Buvez ce vin : vous comprendrez... 

La robe est rubis sombre, avec des reflets légèrement orangés.

Le nez évoque la cerise fraîche,le sous-bois d'automne et les épices. Un peu de noyau de cerise également.

La bouche est ample, aérienne, d'une légèreté irréelle, avec une matière soyeuse limite impalpable. Et pourtant, le fruit charnel est bien là. La terre nourricière aussi. L'ensemble est d'une fraîcheur et d'une pureté réjouissantes.

La finale possède de la niaque, avec des subtiles notes de rafle qui apportent cette "touche de vert", et une fine mâche savoureuse, légèrement crayeuse. Le tout se prolonge longuement sur les épices et la cerise mûre. 'tain, c'est super bon !




mercredi 22 mars 2017

Cep d'Antan 2015 : l'année de la consécration ?


Cep d'antan fait partie des cuvées à observer chaque année, car elle est composée de trois cépages très réactifs à l'effet millésime : Carmenère, Petit Verdot et Malbec. Oui, oui, nous sommes bien à Bordeaux. Et ces trois variétés étaient présentes dans cette région des siècles avant que le Merlot ne prenne son essor (à partir de 1860). 

2015 a été une année plutôt facile pour la vigne, du moment qu'elle était plantée sur des sols  assurant une alimentation hydrique régulière. C'est le cas du secteur argilo-calcaire de Gironde sur Dropt. Les raisins ont pu mûrir en toute quiétude et être ramassés au moment désiré par Thierry Bos, sans être précipités par des évènements climatiques.

Vous l'aurez compris : ce Cep d'Antan est une réussite. Il peut déjà se boire avec beaucoup de plaisir. Tout en ayant une matière dense qui devrait lui permettre de tenir sans souci une dizaine d'années.

La robe est violacée sombre, à peine translucide.

Le nez fin et frais, sur la mûre et le cassis, avec une pointe de rafle et de menthol.

La bouche est d'abord élancée, tendue, s'élargissant rapidement sur une matière ronde, assez dense, d'abord soyeuse, puis veloutée, avec un fruit très frais et épicé – et toujours cette impression de rafle.

La finale a une mâche gourmande très Sud-Ouest, avec du fruit noir à gogo, du peps et des épices. Elle invite à cette cuisine régionale que nous aimons tant. Tout cela pour prix très raisonnable : 8.95 €.


mardi 21 mars 2017

Aniello : le Malbec a des chouettes (et élégants) frangins


Il n'y a pas très longtemps, je vous ai parlé d'un Malbec provenant de Patagonie (sud de l'Argentine). Ça passait ICI. Lorsque nous avons l'impact de cette région fraîche sur ce cépage habituellement puissant – il se transforme quasiment en Bourgogne – nous n'avons pu résister à la commande suivante de prendre le Chardonnay et le Pinot noir du même producteur. Rien qu'en lisant les fiches techniques, on sent que le producteur a tout mis en œuvre pour ne pas produire des vins caricaturaux : malo très partielle pour le Chardonnay (20 %) et un élevage principalement en cuve béton (seulement 10 % de barriques). Itou pour le Pinot noir, avec un égrappage partiel, histoire d'avoir cette typicité "rafle", des températures de fermentation basses et un élevage dominé par le béton (seulement 20 % de barriques). Le résultat est là : des vins fins, sobres, élégants, sans la moindre de trace de vulgarité. Il y a 20 ans, cela aurait frôlé le suicide commercial. Aujourd'hui, c'est de l'avant-gardisme. 



La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est très "chardo", sur les fruits blancs bien mûrs, une pointe d'ananas, et une (très) petite touche beurrée/fumée/grillée.

La bouche est ronde, fraîche, éclatante, avec une matière dense, fruitée et minérale et une tension qui ne faiblit pas. Un vin bien équilibré qui dégage une belle énergie.

Celle-ci se remarque particulièrement dans une finale pêchue, mêlant habilement noble amertume et savoureuse astringence, sur des notes d'ananas frais, de poire et de gingembre, puis se prolonge sur de subtiles notes beurrées/fumées.




La robe bien translucide est entre le rubis et le vermillon. On pourrait se croire en Bourgogne. 

Le nez est fin, aérien, sur les petits fruits rouges chauffés au soleil, le pain grillé et une touche d'écorce d'orange. 

La bouche est ample, sphérique, avec une matière soyeuse à la délicatesse arachnéenne, C'est vraiment un fin voile qui se dépose sur votre palais. L'ensemble est frais et fruité, souligné par des notes terriennes (terreau, rafle). 

La finale a une fine mâche savoureuse qui poursuit cette aromatique fruit/terre, avec une persistance sur des notes fumées  légèrement poivrées.

lundi 20 mars 2017

Wonderland : forcément extra-ordinaire !


Lorsque nous avions reçu ce vin, je l'avais dégusté, et il ne m'avait plus emballé que cela. Aussi avais-je préféré faire jouer mon droit de réserve ;-) Pourtant, la grande Jancis Robinson en a dit le plus grand bien à sa sortie "Light crimson and super-aromatic. Remarkably true Cabernet Franc fragrance. Nice crackling ripe fruit and light tannins and excellent acidity. An early ripener with a long finish, should be great with the roast tuna we're about to enjoy. Amazing persistence and VGV (very good value) " 16.50/20.

Il y a quelques jours, je me suis dit que je devais lui donner une autre chance. Et là, miracle : c'est franchement bon ! (enfin, un miracle des plus courants : beaucoup de vins se goûtent mieux une fois le deuxième hiver passé).

La robe est pourpre sombre violacée, totalement opaque. Visuellement, on dirait plus une crème de cassis qu'un vin... 

Au nez aussi, on pourrait s'y tromper : on a du cassis dans toutes ses phases de maturité. Du bourgeon (ou la feuille qui sent pareil), du fruit frais, et du fruit confituré. Il y a aussi une pointe de menthol qui apporte une fraîcheur bienvenue. 

La bouche est ronde, charnue, veloutée, avec une matière d'une densité assez impressionnante qui vous tapisse le palais. Comme dirait l'autre,  'y a du vin ! En même temps, cette matière est parfaitement équilibrée par une fraîcheur aromatique toute aussi impressionnante, très marquée par le cassis frais et le menthol.

On retrouve ce duo dans une finale pêchue, pas lourde pour un sou. Tout en étant loin d'un Chambolle, hein. Il y a de la mâche, mais elle est gourmande, savoureuse, pleine de fruit. C'est d'ailleurs celui-ci qui persiste assez longuement. Si vous n'aimez pas le cassis, laissez tomber ;-)

Ah oui, je ne vous ai pas dit le prix : 6.20 €... 


jeudi 16 mars 2017

LA PROMO DE PRINTEMPS EST ARRIVEE !
-50% SUR LE FRAIS DE PORT ET FRANCO A 200€
Offre valable jusqu'au 31 mars 2017


Franco à 370€ pour Benelux et Allemagne - 390€ pour le Royaume Uni
Autres pays : nous consulter

Non applicable aux professionnels et pour les envois vers la Suisse

Touche-Mitaine : à encaver !


J'avais dégusté ce Touche-Mitaine 2015 lors du dernier salon des Vins de Loire. Entre temps, il est arrivé dans notre entrepôt. Ce matin, lorsque je suis passé à côté des cartons, j'ai ressenti cette nécessité intérieure * d'en déboucher une bouteille et de vous en parler. 

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est fin et profond, sur la poire mûre, la fleur de tilleul, avec une petite touche de miel et de coing. Et puis ce côté "craie humide" qui te donne l'impression d'être dans la cave de tuffeau.

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière pure et aérienne, presque plus gazeuse que liquide. Elle frôle la langue et la palais plus qu'elle ne les humecte. Il y a de la tension, mais elle est d'une grande délicatesse, sans rien de forcé.  On retrouve l'aromatique du nez – fruits blancs mûrs, miel – avec en plus ce goût de "jus de caillou", très légèrement fumé.

La finale est bien crayeuse, à la limite de l'agressivité – mais bon, de l'agressivité comme ça, j'en veux bien tous les jours – avec aussi une astringence/amertume évoquant l'écorce d'agrume frais, avec une bonne persistance sur des notes salines/végétales (wasabi light). 

Ce Montlouis peut déjà faire votre bonheur à un prix – relativement –  raisonnable. Mais je vous conseille de le garder 5 ans (grand !) minimum pour profiter de toute la complexité qu'il acquerra. Il pourrait être intéressant de le faire vieillir en compagnie d'un Vouvray de Pinon du même millésime, histoire ce que peut donner le Chenin en 2015 sur l'autre rive de la Loire.


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* "Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier" de Kandinsky fut mon livre de chevet de mes années estudiantines. 

mercredi 15 mars 2017

Sens du Fruit ou Classik ? Les deux !...


Lorsque certains d'entre vous se retrouvent sur la page Jonc Blanc, ils doivent se demander quel vin rouge acheter. Sens du fruit (à 8.50 €) ou Classik (à 11.95 €) ?  L'air de rien, le second 40 % plus cher. Donc, autant trouver le vin qui correspond à votre goût. Voilà donc ma mission du jour : vous faire la description la plus honnête de ces deux cuvées afin que vous puissiez faire votre choix en connaissance de cause. Ne me remerciez pas : c'est mon job ;-)



La robe est pourpre sombre, difficilement translucide. 

Le nez est gourmand, sur les fruits noirs qui mijotent dans le chaudron à confiture (cassis, myrtille) avec une belle pincées d'épices (cannelle, muscade).

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec un fruit expressif et une p... de fraîcheur. Il y a aussi une belle tension qui l'allonge et le dynamise. 

La finale est plus "sud-ouest" avec une mâche savoureuse, fruitée et épicée. Elle est suffisamment modérée pour que ce vin passe à l'apéro, mais ce vin sera tout de même plus à son aise avec un magret de canard cuit comme il faut (rosé, donc) et des pommes de terres sarladaises. Ou un plateau de charcutailles... Hum, pas très vegan, tout ça... 



La robe est atramentaire (elle fait penser à de l'encre, quoi, avec ce noir qui tire vers le violet, ou l'inverse...).

Le nez est fin, élégant, sur des notes de crème de fruit noirs, avec en arrière-plan des senteurs d'élevage noble (grillé/toasté/épicé).

La bouche est plus en longueur qu'en largeur – elle trace, comme on dit  – avec une matière plus dense mais toujours soyeuse. Séveuse, aussi. Le fruit et la fraîcheur sont toujours là, mais avec plus de dynamique et d'intensité (j'oserais bien "plus de race", mais il y a un risque de déclencher une polémique, pour le moins inutile).

La finale est elle aussi plus concentrée, avec des tannins plus présents. Plus pêchue, aussi, avec une fine acidité fruitée/épicée qui prolonge le plaisir. Le tout vous escagasse plaisamment les papilles qui en redemandent.

Ce coup-ci, j'éviterais l'apéro. Je resterais sur le canard, mais cette fois-ci les cuisses confites, avec toujours les pommes de terres sarladaises. Ou alors une côte de boeuf, forcément maturée (quel boucher ose encore vendre une côte de boeuf "normale" ?). 

Conclusion : si vous cherchez un vin facile à boire, fruité sans être vulgaire, Les sens du fruit est fait pour vous.  Si vous êtes à la recherche d'un vin plus ambitieux qui peut mettre une claque à ses voisins bordelais – avec l'avantage d'être beaucoup moins marqué par le bois * – vous pouvez tenter Classik. Dans les deux cas, je pense que vous en avez vraiment  pour votre argent.  

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* et c'est le problème de nombreuses cuvées bergeracois "haut de gamme", fardées comme si elles participaient au Satyricon de Fellini. 

mardi 14 mars 2017

Et si vous vous mettiez au Grüner Veltliner ?

Il existe dans la commune de Saint-Georges (à côté d'Eisenstadt) une parcelle de vigne qui est est là depuis plus de 4 siècles et qui a résisté à toutes les maladies et autres sales bestioles, phylloxera inclus. En 2000, Michael Leberl retrace l'histoire de cette vigne dans des registres jusqu'à 1580 (ce qui veut pas dire qu'elle n'est pas plus ancienne). Conscient du trésor qu'il possède, le vigneron Hans Moser la bichonne depuis le mieux qu'il peut. Ce qui n'a pas empêché que des vandales tentent de la détruire en 2011. Mais elle s'en est remise, comme d'habitude. Elle est maintenant considérée comme patrimoine culturel national. En 2016, elle a produit 480 kg de raisin ... et 300 litres de vin blanc.


Mais pourquoi je vous cause de ça ? Parce de récentes études ADN ont montré que ce cépage – appelé Saint-Georges à défaut de retrouver son nom d'origine – s'avère être l'un des deux parents du Grüner Veltliner, l'autre étant le fécond Traminer. Etonnant, non ?


Tout ça pour vous parler du Grüner Veltliner 2015 d'un autre Moser. Il m'a paru d'un abord plus facile que les autres années. Il était très marqué "sauge/herbes froissées", ce qui pouvait plaire aux amateurs de sensations rares, mais pouvait aussi perturber les palais non avertis. En 2015, donc, il me semble vraiment tout public. D'ailleurs, je vais le faire découvrir à un groupe demain : on verra bien ce qu'ils en pensent...

La robe est jaune pâle, brillante, aux reflets verts.

Le nez est fin, charmeur, sur le zeste de bergamote, les fruits blancs mûrs, avec une toute petite pointe de menthe – pour la fraîcheur aromatique – et une lichette de beurre – pour la gourmandise.

La bouche est ronde, charnue/pulpeuse, avec l'impression de croquer dans la baie... si ce n'est qu'arrive un léger perlant,  rendant soudainement la chose moins crédible (c'est rare, une baie de raisin qui gazouille...). Par contre, il apporte du peps, de l'allant, et une belle sensation de fraîcheur. 

La finale est pleine de niaque, mêlant une fine mâche à une amertume très Chenin, mais aussi une acidité (pas agressive) qui monte crescendo et vous emmène dans un voyage que vous n'aviez pas prévu. Et puis, au final du final, ces notes de menthe poivrée qui perdure assez longuement.

Tout ça pour 7.90 €. Que demande le peuple ?




lundi 13 mars 2017

David Reynaud : 2016 s'annonce bien !


Ben oui, les 2016 commencent à arriver d'un peu partout. Après Verdier-Logel, Reynaud (David, pas Emmanuel). Je ne sais pas si cela vient des bouchons qu'il utilise (lire ICI), mais les vins me semblent moins fermés qu'avec ceux en liège. La mise en bouteille récente se sent surtout dans les nez, un peu brouillons/racinaires sur les rouges. Mais en bouche, c'est déjà très bon. Et je peux déjà dire que j'adhère plus au style 2016 qu'au 2015, que je trouvais un peu massif. Là, il y a de la tension et de la finesse. Après, peut-être que dans dix ans, la donne aura changé. Mais qui aura encore ces vins dans dix ans ? 

Quant au blanc, eh bien, c'est le Viognier comme j'aime : de la fraîcheur sans exubérance. Ce qui m'a marqué dans cette mini-horizontale, c'est que l'on trouve des points communs entre la Syrah et le Viognier du même terroir, avec la même tension et cette finale poivrée (rarement autant ressenti cela dans un blanc sec).





La robe est grenat bien sombre (mais translucide) avec une touche violacée.

Le nez est un peu réduit, mais on sent (juste) derrière les fruits noirs en pagaille, le poivre et la violette.

La bouche est ronde, ample, caressante, avec une matière douce, veloutée, au fruit frais et expressif, et une subtile tension qui étire l'ensemble, totalement harmonieux.

La finale a une mâche gourmande, bien fruitée, et encore plus épicée, avec un poivre bien persistant, et quelques notes fumées/réglissées.



La robe est proche mais un peu plus sombre.

Le nez est un peu plus fermé, avec une aromatique proche, mais des notes de rave (la racine, pas la teuf' de djeunz)  qui parasitent.

La bouche gagne en ampleur et en tension, avec une matière plus fine et aérienne, tout en ne perdant pas en intensité de fruit. On va dire que c'est juste la classe au-dessus (sans être la grande classe : ce n'est que le "petit" crozes de David Reynaud).

La finale savoureuse est un hymne à la gourmandise, avec le poivre, le fruit exubérant mais pas putassier, le lard fumé, la pointe d'olive noire, la réglisse... Le truc qui te faire dire sans te forcer que la Syrah, c'est l'un des meilleurs cépages du monde. Non pas que ce soit d'une complexité folle, mais c'est méchamment bon !




La robe est or clair, brillante.

Le nez est des plus expressifs, sur les fruits jaunes (pêche, abricot) et les fleurs (chèvrefeuille, violette).

La bouche est ronde, fraîche, pulpeuse/croquante, avec l'impression de mordre dans la baie de raisin. On est là encore dans la gourmandise, sans tomber dans la vulgarité assez courante de ce cépage. Un très léger perlant allège encore l'ensemble et lui apporte une certaine tension.

La finale n'est pas si éloignée des deux rouges précédents : on retrouve du poivre et de la violette. Viennent en plus les fruits jaunes, une pointe  de berlingot. Mais c'est le poivre qui gagne la partie.




vendredi 10 mars 2017

Les 2016 de Verdier-Logel : TOP... dans quelques mois !


Lors de la Levée de loire début février, j'avais pu déguster les 2016 de la cave Verdier-Logel. Ces "bruts de cuve" m'avaient vraiment épaté. On va dire le fruit et la fraîcheur de 2014 avec tout de même une acidité moins saillante (et donc, plus abordable par tous). Un Gourmets qui retrouvait de la finesse après un puissant 2015. Un Poycelan d'anthologie. Et des très jolis Rézinet et Volcanique

Et puis, début mars, il y a eu la mise en bouteille. Beaucoup d'entre vous le savent : celle-ci a tendance à fermer/durcir/assécher les vins. Ça les rend grognons. Dieu merci, c'est temporaire. D'ici 2-3 mois, ils devraient retrouver leurs qualité d'origine. 

Ceci dit, chaque cuvée réagit différemment. Un coup c'est le nez qui prend, une autre fois la bouche, totalement cadenassée, parfois c'est la finale un peu dure. Nous faisons donc le point maintenant, histoire de prévenir les gens pressés. Et on le refera au mois de juin. Nous devrions être alors repassés du bon côté de la force. Patience, tu auras.. 


Les gourmets 2016 (6.50 €)

La robe est grenat sombre translucide tirant vers le violacé.

Le nez est expressif, sur des notes fruitées (mûre), florales (pivoine, violette), épicées (poivre, cannelle) et donne envie d'y tremper les lèvres.

La bouche n'est pas encore en place (mise en bouteille récente). C'est encore serré et ça accroche un peu. Derrière cela, de très belles promesses, avec un fruit frais et gourmand, un bel équilibre et une finale épicée qui ne manque pas de charme.



La robe est pourpre translucide bien violacée.

Le nez gagne encore en intensité, avec un fruit totalement irrésistible, une violette canaille et des notes épicées/minérales (fumée).

La bouche est ronde, ample, avec une matière charnue, un toucher qui hésite entre le velours et la soie, et l'irrésistibilité du fruit qui se fait encore plus flagrante. C'est monstrueusement bon, avec une fraîcheur tonique, qui plus est.

La finale finement mâchue poursuit dans la gourmandise, même si l'on a là aussi un p'tit côté serré. Ça devrait passer rapidement. Mais on régale déjà sacrément !



Rézinet 2016 (8.95 €)

La robe est toujours translucide, et gagne encore en violacé.

Le nez est plus discret, tout en restant sur une aromatique fruits noirs/épices.

La bouche est plus fine et traçante, avec une matière plus fluide/aérienne, mais toujours un très beau fruit et de la fraîcheur à revendre. P... bon, là aussi, avec une délicatesse presque bourguignonne.

La finale est comme le précédent encore un peu ferme, mais déjà gourmande et pleine de promesses.



Poycelan 2016 (9.20 €)

Retour au pourpre sombre pour la robe, légèrement translucide.

Le nez est encore sur la retenue, plus sur le floral/minéral que sur le fruit.

La bouche est plus tendue que les trois précédents, avec une matière plus concentrée, séveuse, au toucher soyeux, d'une belle intensité aromatique. Incontestablement le plus racé.

La finale est elle aussi plus intense, avec une classe que n'avait pas les autres. Il y a encore une légère trace de la mise récente, mais moins marquée. Dans quelques mois, et encore plus dans quelques années, ça devrait être superbe.






mercredi 8 mars 2017

#womendowine : sans elles, le vin ne serait pas pareil...


Womendowine est un mouvement né de l'exaspération d'un certain nombre de professionnelles du vin qui avaient le sentiment que les femmes étaient peu reconnues dans le milieu viticole. Chaque année, au moment de la remise des trophées RVF, plein de gouttes tombent dans le vase. Non seulement très peu de femmes en reçoivent, mais la revue, histoire de se déculpabiliser un peu, décerne un prix pour la "femme de vigneron de l'année". Un strapontin misogyne pour beaucoup de ces dames. 


En janvier 2017, elles ont pris le taureau par les cornes et décidé de créer une association destinée à promouvoir le travail des femmes dans le monde du vin, avec un site en construction, et plein de projets : 

- Fédérer l’ensemble des actrices autour du hashtag womendowine pour s’entraider, faire parler de nous, et sortir de l’ombre.

- Créer des trophées récompensant les personnalités féminines de la filière vin et leur donner enfin la lumière qu’elles méritent.

- Organiser des évènements Women Do Wine pour faire vivre notre réseau et faire connaître nos métiers, nos compétences ….

- S'entraider: que les expériences des unes profitent aux autres, et vice versa. 

- Faire parler de nous, toutes, qui, bien que faisant partie intégrante du monde du vin, sommes encore trop souvent reléguées à l'ombre, ou, au mieux, au rôle de soutien.

Vous pouvez faire un don pour les soutenir ICI.  Et aller voir leur page Facebook .

Une visite au "mur de photos" de ces dames est à voir absolument ICI. Émotion garantie :-)

A l'occasion de cette journée de la femme, nous participons avec plaisir à la promotion de toutes celles qui contribuent au plaisir de nos papilles. Voici celles qui travaillent avec nous à Vins étonnants:

(Clos de Gravillas)


(Domaine S et B Tissot)


(Domaine Lassolle)


 (Domaine Naudin-Ferrand)


(Roc des Anges)

(Campi di Fonterenza)


(Grange de 4 sous)


(Domaine la Cabotte)


(Domaine Occhipinti)


(l'Enclos des roses)


(Champ des Treilles)


(domaine Bordaxuria)


Château Haut-Lavigne


(Domaine du Joncier)

(Alezon et Clovallon)


(Foradori)


(Champagne Bedel)


(Cru Barréjats-Daret)


(Cascina Tavijn)


(Causse Marines)


(Champagne Boulard)


(Domaine des Rouges Queues)


(Champagne Tarlant)



Caroline Gisclard
(Emile et Rose)


Fabienne Mann
(Mas des Caprices)


Mireille Meyer
(Domaine Julien Meyer)


Ève Cartier
(Mas de Gourgonnier)


Pierrette Guillemot-Michel
(Domaine Guillemot-Michel)


Palma Dardé
(Mas des Chimères)


(Cave Verdier-Logel)


Et toutes celles que j'ai oubliées...