lundi 30 juin 2014

En Barberon : du très très beau Chardonnay


Il est des vins qui se vendent tout seul : à peine arrivés, ils sont déjà partis. Il est même difficile de s'en garder pour soi, car le client passe en priorité. Comme l'on dit : ce sont les cordonniers les plus mal chaussés... Il en est ainsi des vins de JF Ganevat. Mais on commence à arriver au même phénomène avec certains vins de Tissot (Mailloche,  Bruyères, Graviers...). Je dis certains, car d'autres intéressent beaucoup moins les clients pour des raisons que j'ignore. 

C'est le cas de En Barberon, une cuvée 100 % Chardonnay (ouillé) élevé sans soufre et juste sulfité à la mise.

La robe est dorée, libérant des larmes sur les parois du verre.

Le nez est fin, intense, pénétrant, sur des notes de beurre fondu, de zeste de citron, de brioche chaude, avec une petite touche de grillé

La bouche est droite, nette, tendue, s'élargissant en milieu de bouche sur une matière pleine, concentrée, très aromatique sur les notes perçues au nez, avec même une sensation tannique (comme l'on peut trouver sur des Corton-Charlemagne blancs) et une grande fraîcheur.

La finale est puissante, expressive, avec une noble astringence et une explosion aromatique sur l'écorce d'agrume et la fumée/grillée

Vraiment un très beau Chardonnay, plus facile d'approche qu'une Mailloche – qui est un peu le Laphroaig du Jura – et qui peut s'apprécier des maintenant avec des crustacés  ou un poisson (bar) au beurre citronné. Ou être gardé une dizaine d'années pour offrir plus de complexité.



vendredi 27 juin 2014

Pipeño : un Chili authentique et attachant


Enfin : après six mois d'attente, les vins de Louis-Antoine Luyt sont de retour. Pour rappel, ce jeune homme qui a appris le métier de vigneron chez Marcel Lapierre s'est lancé dans l'aventure viticole au Chili en 2006. Il a ses propres vignes mais travaille aussi avec des apports de petits vignerons locaux. L'idée est de proposer des vins à l'antithèse de ce que propose le Chili aujourd'hui : des vins surmûrs, boisés, très concentrés, limite sirupeux. 

Ici, on est plus dans l'esprit du maître spirituel de Louis-Antoine, avec des vins plutôt légers (12-12,5 ° d'alcool), fruités et digestes, à base de Païs, le cépage qu'implantèrent les Espagnols au XVIème siècle, mais aussi de Carignan et de Cinsault. 

En plus des vins que nous proposions déjà, il y a un p'tit nouveau : Pipeño Portezuelo.  Il est élaboré dans la forme la plus traditionnelle chilienne : la vendange est foulée puis égrappée à la main sur une zaranda (tamis de coligue), puis vinifiée dans un lagar (cuve ouverte). Le jus est ensuite gardé en pipas, d’où le nom Pipeño. Vous pouvoir ICI un film qui montre les vignes cent-cinquantenaires et les méthodes de vinification. C'est assez troublant, car on se croirait plongé dans les vendanges en France il y a un siècle.





Forcément, le vin qui en sort est assez différent de nos standards habituels, sans pour être autant déstabilisant (on n'est pas dans le bizarre façon vins géorgiens).

La filtration quasi-systématique ne nous a pas habitué à cette robe vermillon légèrement trouble.

Au départ, le nez est assez discret, puis s'en dégage des notes d'humus frais, de feuille de tabac et d'herbes aromatiques. La  fraise et la prune arrivent enfin, attirées par l'agitation.

La bouche est ronde, douce, légère, avec une matière d'abord soyeuse, puis gagnant progressivement en mâche. Bu à 16-17 °, elle présente beaucoup de fraîcheur et de peps (donc servir à 14-15 ° car en été, on prend rapidement deux degrés). 

La finale est jouissivement rustique, mêlant la terre, la garrigue (thym sauvage, origan), la cendre, avec une belle persistance. Pour être plus précis, je dirais même plutôt présence. En fait, tu as l'impression de t'être fait un nouvel ami, sincère et attachant, avec qui tu vas passer une chouette soirée (en tout honneur et avec modération, ça va de soi).

Comme Louis-Antoine pressentait que la soirée serait longue, il a prévu le coup en proposant Pepiño en bouteille d'un litre (13.90€, soit l'équivalent de 10.42 € la bouteille de 75 cl).


jeudi 26 juin 2014

Pavillon de Saint-Jacques : retour aux fondamentaux


Lorsque l'on boit beaucoup de vins "étonnants", il est bon parfois de revenir à des vins plus traditionnels. Cela permet de se re-étalonner les papilles et de voir si l'on y prend toujours autant de plaisir. Bon, c'est un traditionnel tout relatif. Certes, on est sur une appellation Lalande de Pomerol avec une dominante Merlot complétée par du Cabernet-Franc. Mais après, comme l'a dit Eric R. lorsqu'il l'a dégusté : "on dirait pas un Bordeaux". Dans sa bouche, je crois que c'était plutôt un compliment. Ça sent pas le fruit noir super mûr toasté vanillé avec une bouche méga-opulente (version parkero-putassière), ni le poivron vert avec corps maigrelet (version mauvais Bordeaux à l'ancienne). Non, il y a juste du vrai fruit, mûr juste comme il faut, un très léger boisé histoire de complexifier le vin, et surtout une grande digestibilité (on ne crie pas grâce après la première gorgée avalée).

Ce Pavillon de Saint-Jacques est produit par Gonzague Maurice, dont j'avais déjà dit beaucoup de bien de la Petite Folie.

La robe est grenat sombre, reflets légèrement violacés

Le nez est fin, fruité, élégant, sur la violette, la cerise noire, rehaussé de notes de fumée d'encens et de vanille.

La bouche est de belle ampleur, sphérique, avec une matière douce, veloutée, et un fruit croquant et joyeux (ce qui n'est pas rien en Bordelais).

La finale est finement mâchue, séveuse, sur des notes de prune et d'épices grillées qui durent, durent...

Bref, ce vin ira parfaitement avec le rôti du dimanche ou une côte de boeuf avec des potes. Il devrait surtout plaire à tout le monde, ce qui n'est pas toujours le cas des vins que je présente. Là, vous devriez entendre "waoh, il est bon, ton vin ! Tu l'as acheté où ?"


Une soirée 100 % Pinot noir


Cela faisait un petit bout de temps que je voulais faire une soirée monocépage, de la bulle de l'apéro jusqu'au vin de dessert. Ceci dit, les possibilités sont relativement réduites, surtout en rouge (en blanc, je peux faire Chardonnay, Riesling, Chenin). En tout cas, avec le Pinot noir, la mission fut parfaitement réussie, et la soirée fut l'une des plus meilleures que nous ayons jamais faites (les absents ont eu vraiment tort).


Avec le chorizo et le jambon cru, le Pinot noir brut rosé de Denois se goûtait super bien. Pour beaucoup, il était meilleur que pas mal de champagnes rosés, si ce n'est qu'il vaut ... 8.40 €. Et c'est vrai que la bulle est fine, qu'il avait un joli fruit et un côté légèrement vineux, avec une finale nette, ni trop douce, ni trop abrupte. Bref, vraiment une jolie bulle !

Avec la terrine maison, j'ai servi le Pinot noir de Jeff Carrel. Le coup de coeur que j'avais eu il y a un mois, tout le monde l'a eu aussi. C'est super fin, élégant, avec un joli fruit frais, croquant. Et puis léger comme une plume, digeste. Parfait pour les repas d'été. Et puis à 7.90 €, c'est vraiment une super affaire. Résultat : je me suis fait littéralement dévalisé le Kangoo... et j'aurais dû en amener encore plus.


Avec le filet de canette aux cerises, l'accord avec le Les Pomarèdes  de Clovallon était juste magique. Plus dense, plus énergique et complexe que le vin précédent, il était tout aussi élégant et soyeux. Et  puis toujours de la fraîcheur et de la  digestibilité. Le prix est certes plus élevé (14.50 €), mais je le trouve vraiment justifié car il pourrait mettre des jolies claques à pas mal de Bourgognes.


En parlant de Bourgogne, il fallait forcément que j'en serve un, histoire de défendre l'honneur régional (je suis Bourguignon du côté de ma mère). Et il a été sacrément bien défendu par le Côtes de Nuis Village 2010 de Naudin-Ferrrand. Rien que le nez était une petite tuerie, entre fruits rouges, pivoine et musc. Et la bouche avait une énergie et une complexité qui renvoyait les deux vins précédents à leurs (pas) chères études. Dediou que c'était bon ! Malgré le prix plus élevé (17.90 €), il s'est mieux vendu que Les Pomarèdes.


Et pour finir, une rareté : un Macvin de Pinot noir de Tissot. En fait, un assemblage de jus de Pinot noir avec de l'alcool de marc maison. Comme beaucoup de Macvin, le nez est un peu dominé par l'odeur du marc, même si l'on perçoit un peu de mûre et de cerise, en bouche, ça pète de fruit, avec de la rondeur et de la gourmandise. Et avec un sucre assez discret en final. Très joli mariage avec le dessert aux framboises.

En tout cas, vraiment une grande soirée qui a fait découvrir à beaucoup toute la magie de ce cépage. 

mardi 24 juin 2014

Boutine : la beauté est intérieure


Difficile de savoir si c'est le nom qui sort de l'ordinaire, l'étiquette surprenante, l'assemblage peu banal.... mais vous boudez ce vin. Il peut se passer des mois sans que personne ne nous en achète une. Je trouve cela particulièrement injuste, car ce vin ne mérite pas cet ostracisme. Il est vraiment très bon tout en restant plus qu'abordable (8.20 €). Je vous demande donc d'arrêter de bouder Boutine !


Boutine, c'est le nom de cette colline qui surplombe le domaine, où est construit l'ancien château de Malavieille, aujourd'hui en ruine.  Cette cuvée est issu principalement de vieilles vignes de Chenin (dans les premières installées dans le Languedoc) complétée par 10 % de Chardonnay et 5 % de Viognier. Tout est est  vinifié et élevé en barrique (10 % de neuves).

La robe est d'un beau doré, laissant échapper des larmes à l'agitation.

Le nez est mûr et très expressif,  sur l'abricot, la violette (Viognier), la poire (Chenin) , avec une touche de beurre ( Chardonnay)  et de caillou mouillé.

La bouche est fraîche, éclatante, prenant rapidement du  volume, laissant place à une matière riche, limite grasse, d'une grande intensité aromatique, sur des notes de fruits jaunes et de brioche toastée.

L'ensemble est bien tendu, vous emmenant sans relâche vers une  finale pêchue aux nobles amers (signature du Chenin), avec l'impression d'avoir mangé une tartelette aux abricots, amandons inclus.

C'est un vin parfait pour l"apéritif, mais qui devrait aussi accompagner des Saint-Jacques poêlées, un rôti de lotte (aux abricots, par ex), du filet mignon, etc...




lundi 23 juin 2014

Rendez-vous du Soleil : un vin pour démarrer l'été !


Même si je peux paraître un garçon sûr de moi, en fait, je suis bourré de doutes. J'ai conseillé Rendez-vous du soleil 2010 du Clos de Gravillas il y a peu à un ami et client. Du coup, je voulais le regoûter avant qu'il ne le déguste, histoire de bien l'avoir en tête au moment où il me donnerait ses impressions. Oui, ça va loin, la conscience professionnelle ;-)

Cette cuvée ne serait certainement pas née si Nicole Bojanowski n'avait pas travaillé à la Grange des Pères avant de s'installer dans le Minervois. C'est Laurent Vaillé qui lui a montré tout l'intérêt que pouvait avoir le Cabernet Sauvignon dans un assemblage languedocien (quitte à ne pouvoir obtenir l'AOC). Longtemps, cette cuvée a contenu aussi du Mourvèdre comme la GdP, mais elle a été simplifiée depuis. Elle ne contient désormais que 1/3 Cabernet Sauvignon, 1/3 Syrah et 1/3 Carignan.

A noter que les sols des deux domaines sont proches, dans un style "lunaire" (pas au sens négatif lorsque tout est désherbé chimiquement. Au contraire, les deux ont une démarche bio)




Grange des Pères (source photos : vin-terre-net.com)


Clos du Gravillas (site du domaine)

Étonnant, non ?

La robe est pourpre vraiment sombre, impénétrable.

Le nez frais, tonique, dominé par la baie de cassis, complété par la mûre, la tarte à la quetsche et les épices. Avec l'aération, le cassis perd un peu de son hégémonie, laissant plus de places aux autres arômes. 

La bouche est élégante, à la fois sphérique et tendue, avec des tannins soyeux et une sacrée fraîcheur aromatique et structurelle. Et puis surtout, un fruit éclatant, joyeux.

La finale, avec juste ce qu'il faut de mâche, est marquée par le cassis et les épices, soulignés par une fine amertume.

Eh bien, il me plaît beaucoup, ce vin, même si c'est vrai qu'on aimerait qu'il commence à basculer plus sur le tertiaire afin qu'il gagne en complexité. Pour l'instant, il est toujours d'une jeunesse insolente et devrait pouvoir se garder longtemps.


jeudi 19 juin 2014

Pure ? Tout à fait!


Depuis quelques mois, le domaine des Huards a relooké l'ensemble des étiquettes. C'est plutôt une bonne chose, car cela devait faire une dizaine d'années qu'elles n'avaient guère changé. Du coup, certaines sont (re)baptisées. Le Cour-Cheverny "ordinaire" s'appelle désormais Romo. Le Cheverny rouge, Envol. Et le Cheverny blanc, Pure

Cela lui va plutôt bien, à cette cuvée qui ne voit que l'inox dans le but de préserver sa spontanéité et sa fraîcheur. 

Sa robe est jaune pâle, aux reflets argentés.

Le nez est fin, plutôt discret sur le bourgeon de cassis (version distinguée), le zeste d'agrume, avec une touche de fleur blanche.

La bouche est  ronde, pulpeuse dans le sens littéral  – on a la sensation de croquer dans la pulpe du raisin – avec un équilibre remarquable : l'acidité n'est pas perceptible, et pourtant, ce vin est d'une fraîcheur évidente. Lorsque je l'ai ouvert, il était à 15 °, et il s'est révélé d'une grande harmonie, sans aucune sensation alcooleuse. Bu plus frais, il gagne en tension et en éclat, tout en gardant ce côté pulpeux.

La finale possède une mâche gourmande et savoureuse, entre chair de pomelo et cassis végétal.

Un vin de Loire pur, attachant, plus rond et gourmand que la plupart des Sancerres (dû à la présence de 20 % de Chardonnay) qui pourrait bien plaire à ceux qui boudent habituellement le Sauvignon.


mercredi 18 juin 2014

L'insolite : de l'amour en bouteille !


On ne parle pas assez des vins de Frédéric Palacios, et c'est un tort. Car ils méritent vraiment d'être mis en avant. Situé dans les Côtes de Malepère, l'AOC languedocienne la plus éloignée de la Méditerranée, il bénéficie d'un climat plus frais, et disposent de cépages plus "atlantiques". Cette cuvée L'insolite ne peut avoir l'appellation car c'est .un monocépage (alors que l'assemblage est la règle). Nous avons affaire à un pur Malbec, ce qui est rarissime dans la région (d'où insolite). Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas goûtée (c'était ICI, avec le même millésime 2010, tout jeune, alors). Et il est resté d'une jeunesse incroyable. 

La robe est  toujours d'un pourpre violacé opaque, avec des larmes qui teintent le verre.

Le nez est puissant et profond, gourmand et sensuel, sur la crème de mûre, la violette, l'encens, et une pointe d'épices.

La bouche est ample, généreuse avec une matière dense et veloutée, bien épicée et une fraîcheur fruitée revigorante.

La finale est tonique, aux tannins fermes mais bien mûrs, et des épices à revendre (qui n'en veut ?)

Bref, un Malbec riche et généreux, sans rusticité, qui sera parfait avec une côte de boeuf cuite sur la braise.

Je vais m'autociter pour la conclusion, car ce que j'avais écrit en 2012 sur le vigneron était ma foi pas trop mal : "certains ont pu décrire une trame commune entre les différents vins de Frédéric Palacios, attribuée au terroir. Il est là, sans aucun doute, d'autant que Frédéric Palacios fait tout pour le mettre en valeur. Mais j'ai envie d'y voir avant tout une liberté totale, hors de tout carcan oenologique, et une générosité pas croyable. Ces vins, c'est de l'amour en bouteille ! 

 Tout ça me fait penser à un article très récent d'une autre vigneronne qui a reçu il y a quelques jours un appel ému d'une personne qui a bu l'un de ses vins. Elle écrivait : "on touche là au but ultime de notre travail, donner un instant particulier à une personne que l’on ne connait pas mais qui va, à travers cette boisson magique qu’est le vin, ressentir un terroir, un travail, une philosophie." Eh bien voilà, elle a a tout dit. Le plus drôle dans l'histoire, c'est que que la première personne qui m'a dit "il faut goûter les vins de Frédéric Palacios", c'est précisément cette vigneronne... Je t'embrasse, Corinne ! "


mardi 17 juin 2014

Grande cuvée : tout est dit.


La Grande Cuvée de Denois est un assemblage de Chenin et de Chardonnay comme il est autorisé à le faire à Limoux (probablement la seule AOC dans ce cas). Les deux cépages sont plantés en altitude sur des sols argilo-calcaires, ce qui apporte beaucoup de fraîcheur. Mais comme le Roussillon est proche, la maturité est bien là. Au final, un vin à 12,8 % vol. d'alcool, ce qui n'est pas excessif dans le secteur. 

L'élevage se fait en partie en cuve, en partie en fûts, ce qui permet au vin de garder du fruit, tout en gagnant en complexité. Le boisé est déjà très discret, et ne fera que se fondre encore plus dans les années qui viennent. Car je n'ai pas de doute sur la capacité de ce vin  à vieillir harmonieusement.

La robe est d'un or clair et lumineux.

Le nez fin et pénétrant évoque le zeste de pomelo, la pierre mouillée, le beurre, avec une pointe de grillé/beurré et de champignon fraîchement cueilli (style rosé des prés).

La bouche est pure et élancée – une vague de fraîcheur vous fouettant le palais (mais ça fait du bien !) avec une matière citronnée désaltérante, légèrement accrocheuse (un peu comme une citronnade, le sucre en moins).

Finale persistante, voire prégnante, mêlant l'amertume et l'astringence de l'agrume (très Chenin), et toujours ce grillé/beurré associé à des notes de mousseron (très Chardonnay).

Bref,  ce vin peut sembler être un croisement improbable entre un Anjou blanc et un Chablis, si ce n'est que c'est remarquablement réussi, avec une belle harmonie. Il pourra accompagner avec bonheur coquillages, poissons et crustacés ... sans vous ruiner (9.80 €).

Un carafage d'une à deux heures est conseillé.


lundi 16 juin 2014

Tentation : ange ou démon ?


Cette question théologique est en fait suggérée par l'étiquette affichant une paire d'ailes et un trident semblant provenir tout droit des Enfers. Et ma foi, c'est vrai qu'en buvant ce vin, on se dit que l'on tient enfin une preuve tangible de l'existence de Dieu ; mais que la tentation diabolique d'en boire plus que de raison n'est jamais bien loin, vous condamnant à la damnation éternelle. 

Pour éprouver notre force intérieure, il est toutefois nécessaire de se soumettre régulièrement à la Tentation 2013. Puis de résister à ne pas s'enquiller toute la bouteille. J'ai réussi cette épreuve haut la main tout en avouant une petite tricherie. Après trois verres, j'ai amené la tentatrice chez Eric R. , histoire de ne plus l'avoir à portée de verre. Ce fut un déchirement, mais au moins, je ne suis pas tombé du côté obscur de la force. 

La robe est rubis translucide.

Le nez est fin et épicé, avec des notes de cerise noire, de noyau et de pivoine.

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec une matière soyeuse et un côté juteux vivant, spontané.

La finale est tonique, légèrement  mâchue, fruitée et bien épicée, gourmande en diable, avec un sévère goût de revienzy.

Il  y a du gaz carbonique dans la bouteille (qui sert à protéger de l'air ce vin non sufité) : je vous conseille de bien secouer la bouteille pour l'éliminer (en bouchant la bouteille avec le pouce si vous ne voulez pas repeindre votre plafond). C'est le jour et la nuit entre l'avant et l'après-secouage.






vendredi 13 juin 2014

Petit chaperon rosé : laissez-vous tenter !...


Nous savons maintenant que Perrault nous a menti sur la vraie histoire du petit chaperon. D'abord, il était rosé et non rouge (c'est plus girly). Et puis le loup ne l'a pas mangé. Il en est tombé follement tombé amoureux, l'a épousée, et sont devenus viticulteurs dans le Languedoc. Il l'a bu.

Et on le comprend : ce chaperon rosé est unique par sa composition (60 % de chenanson (ou chenançon) noir et 40 % de Cinsault), et par son style, à la fois vineux et croquant, ses notes de rose et d'agrume, et un côté bonbon à la pêche (le sucre en moins), de la fraîcheur à revendre, mais aussi plein d'épices. Ceux ci persistent dans une finale à la fine astringence. 

Bref, un rosé multifonction qui ira aussi bien en fin d'après-midi au bord de la piscine qu'avec les grillades sur la plancha qui suivront.


jeudi 12 juin 2014

Mas des Chimères : enfin... le blanc !


Allez, je vous mets la dernière couche sur le Mas des Chimères. Après Nuit grave et Caminarèm, voici donc le blanc qui n'a pas de nom. Il faut dire qu'il est le seul blanc du domaine. Cela explique pourquoi on y trouve en vrac du Terret Bourret, du Carignan blanc, du Grenache blanc, du Chardonnay et du Viognier. Euh, c'est tout ? Oui, je crois.

Il est vinifié et élevé en barriques de 400 litres, histoire de ne pas trop le boiser.

La robe est or clair, brillante

Le nez expressif évoque les fruits jaunes (pêche et abricot chauffés au soleil d'été), la poire confite, la fleur d'acacia,  avec une petite touche beurrée/grillée.

La bouche est élancée, bien tendue, gagnant vite en rondeur et en chair, dévoilant une matière mûre tonifiée par un léger perlant (qui peut s'éliminer en agitant la bouteille pour ceux que ça dérange).

Finale assez intense sur de nobles amers, avec toujours ces saveurs fruitées et grillées. 

C'est vraiment très bon, mais il va falloir se creuser la tête pour lui trouver un accompagnement gastronomique qui lui convienne. Style feuilleté de chèvre et poire. Ou filet mignon aux pêches. Sinon, à l'apéro, juste pour lui-même, c'est parfait. 

J'attends évidemment le retour de Thierry V. sur cette cuvée, puisqu'il fait partie des 18 commandées. Va-t-il trouver que 8.40 € est un excellent rapport qualité/prix ? Nous le saurons bientôt (moi, je pense que oui).


mercredi 11 juin 2014

Oh la belle bette !


Je connais La Bette depuis sa naissance en 2005, et j'ai toujours du plaisir à en découvrir une nouvelle version, millésime après millésime. Pour rappel, c'est un assemblage de Carignan, Grenache et Syrah, tous provenant des sols schisteux de la vallée de l'Agly, vendangés le même jour et vinifiés ensemble. Sous le contrôle de l'eclectic winemaker, Jeff Carrel. L'élevage (court) se fait en cuve pour garder tout le fruit.

Nous avions du 2010 jusqu'à maintenant (dont les quelques bouteilles qui restent sont en promo). Nous sautons directement au 2013 (il n'y a pas de 2011 et 2012). Si ce millésime est assez catastrophique dans pas mal de région française, ce n'est pas le cas dans le Languedoc-Roussillon où tout le monde s'accorde à dire qu'on est dans l'excellence, avec une rare combinaison maturité/fraîcheur.

La robe est grenat translucide, légèrement violacée.

Le nez est frais, tonique, sur les fruits noirs sauvages, une petite touche yaourtée et les épices. 

La bouche est ronde, souple, au fruit intense (cassis), avec un côté juteux, gourmand, d'une grande buvabilité pour un Roussillon.

La finale est légèrement mâchue, mais sans dureté, sur le cassis et les épices.

Trois jours après ouverture, le vin a gagné en ampleur et en intensité, avec encore plus de gourmandise. Une bonne aération (carafage) est donc conseillée.

lundi 9 juin 2014

Vins étonnants passé au crible, la suite


Mise à jour au 6/07 de de l'article d'origine 

Je connais depuis quelques années Thierry V. grâce au forum La Passion du Vin. Il tient avec assiduité un blog, Escapade oenophile. Cela faisait un petit bout de temps que ça lui trottait dans la tête : à force de lire ce blog, il a eu envie de découvrir un certain nombre de nos vins (ça tombe bien, c'est un peu le but...). Il a fait donc une commande il y a 8 jours, et à peine, reçu, il s'est mis à l'ouvrage avec une régularité qui force le respect (et c'est pas fini...)

Vous pouvez donc lire :

Ce qu'il en ressort pour l'instant, c'est que mes descriptifs sont fidèles aux vins que je commente, si ce n'est que je fais preuve d'un lyrisme peut-être un peu trop enthousiaste. Mais sinon, Thierry ne peut constater que ces vins ont pour la plupart de très bons voire d'excellent rapports qualité/prix. Ouf !

Par rapport à mon enthousiasme, je répondrais juste qu'il n'est pas feint. J'en suis absolument incapable. D'ailleurs, certains lecteurs fidèles réussissent à repérer les vins qui m'ont moins plu. Et ce n'est pas trop difficile, je pense.

Comme je l'avais expliqué ICI, je ne suis évidemment pas enthousiasmé par tous les vins que je bois. Certains me laissent indifférent, voire me déplaisent. Dans ce cas, je n'en parle pas, ce qui ne les empêche pas de se vendre (car d'autres les aiment, et en recommandent encore et encore).

Je pense d'ailleurs que cette sincérité plaît plutôt bien, puisque vous êtes de plus en plus nombreux à commander les vins que je conseille. Et je vous en remercie du fond du coeur :-)

samedi 7 juin 2014

L'icaunais : icône en devenir ?


Allez, pour être honnête, je n'attendais pas grand chose de cette bouteille d'Icaunais d'Etienne Courtois. L'année dernière, je n'avais pas vraiment été emballé, et j'avais préféré m'abstenir de tout commentaire. Comme tout était parti finalement très vite, ce n'était pas bien grave.

Et puis, cette fois,  à peine le vin versé dans le verre, la magie opère. Ne me demandez pas pourquoi. C'est comme ça, le vin ;-)

La robe est claire, d'un rubis translucide, montrant déjà une légère évolution.  

Le nez est fin, frais, sur la rose ancienne, la griotte, l'origan, avec une pointe résineuse.

La bouche est pure, élancée, aérienne, avec un toucher de bouche d'une finesse arachnéenne, et une fraîcheur traçante, balsamique, très transalpine. Une sorte de croisement improbable entre un Chambolle-Musigny et un Brunello di Montalcino.

La finale prégnante est de belle intensité, sans aucune dureté, avec toujours ces notes résineuse, à la limite du camphré (rappelant le poivre cubèbe, si vous connaissez).

Alors qu'il semble d'une constitution malingre, ce vin vous colle une grosse baffe !

24 h plus tard, ce vin pourtant très peu protégé est encore meilleur. Le nez gagne en "floralité" et la bouche présente toujours ce mix paradoxal entre légèreté apparente et puissance dévastatrice. La finale a encore gagné en intensité, à en devenir obsédante. Ne pas hésiter à bien l'aérer, donc.


vendredi 6 juin 2014

Gris-Gris : Grisant...


De même qu'un seul regard peut vous donner envie d'en connaître beaucoup plus d'une personne (love at first sight, dit-on en Anglais), la vue d'un joli flacon peut faire naître en vous en un besoin irrésistible de vous saisir d'un tire-bouchon et d'en partir à l'assaut. En gentleman, évidemment. Il en est ainsi de ce Gris Gris 2013 du Mas des Caprices dont l'étiquette est à la fois attirante et mystérieuse. Blanc de gris, on ne voit pas ça tous les jours, même si  tout amateur en a forcément bu (du Pinot gris par exemple en est un même si ce n'est pas pas marqué sur la bouteille). Le gris, c'est ici des vieilles vignes de Grenache gris poussant sur le plateau sablo-calcaire de Leucate, visité en août dernier :


 C'est-y pas beau, ça ?


Le Grenache gris représente 80 % de l'assemblage qui est complété par du Grenache blanc provenant du secteur schisteux de Fitou (proche des vignes du Champ des Soeurs). Cela peut sembler beaucoup de Grenaches pour certains, ce cépage ayant la réputation de donner des vins alcooleux. Ce serait mal connaître Mireille et Pierre Mann qui aiment les vins frais et digestes. Et ce Gris Gris ne déroge pas à la règle.



La robe est d'un jaune très pâle, aux reflets argentés.

Nez fin, subtil, entre fleurs blanches, fruits jaunes et amande fraîche.+ pierre chaude

La bouche est élancée, avec une acidité ciselée qui tend et étire le vin, et une matière douce, aérienne,  rafraîchissante, prenant progressivement  de l'ampleur dans le palais, et le caressant avec délicatesse.

La finale est charnue, délicieusement astringente, se poursuivant longuement sur des notes épicées. Grisant.

Ce vin ira parfaitement sur des crustacés (homard, langoustes, gambas) ou même un poisson à la chair délicate (cabillaud, bar) que l'on pourra épicer à loisir, car ce vin malgré sa finesse a du répondant.


jeudi 5 juin 2014

Cabernet Franc la Bourdette : et si la perfection était de ce monde ?


C'est ma troisième rencontre avec cette cuvée. Je l'ai dégustée une première fois "brut de cuve" l'année dernière, et il m'avait fait forte impression. Je l'ai regoûtée au stand de Jean-Louis Denois à Millésime bio en janvier dernier, et là aussi, ça avait été un choc. Je me demandais donc si l'expérience se renouvellerait une troisième fois...

Ici, pas d'assemblage de cépages et de parcelles. Du pur Cabernet Franc cultivé en altitude à Limoux sur des sols argilo-calcaires. Et au vu de la qualité de la matière, Jean-Louis Denois a renoncé sur ce millésime à utiliser la moindre barrique.  Cela n'aurait pu que nuire au résultat final. Il accomplit ici un acte que j'aimerais voir plus souvent dans le Bordelais, où l'élevage souvent trop marqué gâche le potentiel de départ. Ajoutons qu'il est bio et peu sulfité (35 mg/l en SO2 total).

Mais partons à la rencontre de ce Cabernet Franc la Bourdette 2012...

La robe est pourpre sombre, aux reflets violacés, pas totalement opaque. 

Le nez est mûr et harmonieux, sur la violette, la framboise, la crème de mûre, le poivre blanc, la cannelle...

La bouche réussit à être à la fois tendue et élancée, tout étant ronde, pulpeuse avec une matière d'une grande douceur, sans aspérité, et une trame acide très précise. L'équilibre en bouche est juste parfait. 

En finale, une mâche gourmande et savoureuse prend le dessus, avec des tanins bien mûrs et des notes épicées et fruitées. 

A mes yeux, ce vin est juste parfait. Ca ne signifie pas qu'il est le meilleur vin que j'ai bu, ni  que c'est celui qui m'a le plus ému. Mais il exprime un idéal de perfection rarement atteint. Car souvent, à ce niveau de maturité, les vins sont lourds, trop riches. Ici, la magie de Limoux opère en préservant la fraîcheur. Trouver cela à moins de 10 €, c'est tout juste surréaliste.


mercredi 4 juin 2014

Terres salées : hymne à la mer (et à l'amer)


J'ai fait preuve d'un sacré self-control en ne touchant pas à une bouteille de Terres salées blanc depuis son arrivée en mars dernier. Car depuis que je suis client de Vins étonnants (une dizaine d'années), je suis un inconditionnel de cette cuvée. Si  vous avez le malheur le bonheur de l'oublier 4-5 ans dans votre cave, vous obtenez une petite merveille qui n'a rien à envier aux meilleurs blancs de de France, quand bien même ce n'est qu'un IGP "Terres de Pérignan".

Pour rappel, ce vin est un 100 % Bourboulenc planté en franc de pied  au pied du Massif de la Clape sur des anciens marais salants. Ils doivent être inondés en hiver pour limiter les remontées de sel. Il n'y a donc aucune chance que le phylloxéra s'installe.

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est intense et profond,  sur le zeste de citron confit, le beurre aux algues, le pain grillé, avec une fine touche de fumée.

La bouche est de grande ampleur,  immergeant le palais d'une vague de fraîcheur, avec une belle tension sans que l'acidité soit saillante, une matière dense et mûre d'une rare intensité aromatique (toujours le citron confit complété par des embruns marins).

La finale est tonique, enthousiasmante, avec une amertume limite violente, mais limite sublime, aussi. Un véritable hymne à l'agrume confit, beaucoup plus émouvant que la Marseillaise. Et plus long encore que les 14 couplets de la pré-citée. Et cette envie d'en reboire qui vous tenaille. Infernal.

Cerise sur le gâteau, il accompagne avec bonheur tout les produits de la mer, cuisinés ou pas, même les huîtres.





mardi 3 juin 2014

Les Escures : il vous réconciliera avec le Cahors



Vous aviez abandonné l'idée de boire du Cahors car il était trop puissant, tannique, voire rustique pour votre palais délicat  ? Les Escures 2013 du Mas del Périé vous réconciliera avec cette appellation et son cépage fétiche, le Malbec (appelé aussi Auxerrois, ou Côt). 

La couleur est pourpre sombre violacée, quasi opaque.

Le nez, frais et intense, est dominé par la crème de fruits noirs (mûre, sureau, myrtille) avec une petite touche lactique, et relevé par des épices évoquant un peu le "vin de Noël".

La bouche est ample, ronde et veloutée, avec des tanins parfaitement fondus, un fruit mûr intense et une sacrée fraîcheur qui tonifie le tout.

La finale a une mâche savoureuse, gourmande, bien épicée, avec juste ce qu'il faut d'astringence pour donner un peu plus soif et l'envie d'en reprendre une gorgée.

Bref, si ce vin est probablement l'un des Cahors qui présente la plus grande buvabilité, il a néanmoins suffisamment de niaque et de matière pour accompagner avec bonheur magret, confit  et autres plats gourmands du Sud-Ouest.

Ce millésime 2013 a failli ne jamais voir le jour, car les éléments climatiques se sont déchaînés contre les pauvres vignes. Les rendements ont été nettement plus faibles que d'ordinaire (le domaine a été grêlé à 80%) , mais le résultat est néanmoins de (très) belle qualité. Cela explique la légère augmentation de prix,  faisant passer ce vin juste au-dessus de la barre des 10 euros, mais cela reste encore une (très) bonne affaire, il me semble.