mardi 31 janvier 2017

Bourboulenc de Néga Saumas : égal à lui-même


Pour tout dire, je n'avais pas prévu d'ouvrir une bouteille de ce nouveau millésime du Bourboulenc de Nega Saumas. Pour deux raisons qui vont de paire : nous n'en recevons qu'une quantité limitée, et il se vend bien sans avoir besoin de le mettre en avant. Oui, mais voilà : un grand amateur de blancs sec est passé l'autre jour à l'entrepôt. Étant donné les autres cuvées qu'il apprécie, je me suis dit que ce vin devrait lui plaire. Tu peux bien sûr en parler des heures pour le convaincre, mais tu gagnes beaucoup de temps et d'énergie en jouant 30 secondes avec un tire-bouchon. Et voilà comment cette bouteille s'est trouvée ouverte. Ça lui a plu. Et je suis certain que vous aimerez aussi :-)

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est très expressif, sur de captivantes notes fumées/grillées – on passerait sa journée à les renifler – mêlées à l'agrume confit et au fruit blanc mûr.

La bouche est ronde, plutôt ample, avec une chair dense, trapue, limite tannique et une énergie contenue qui ne demande qu'à se libérer (= bombe à retardement liquide). L'ensemble est séveux et intense aromatiquement. En se réchauffant et s'aérant, il gagne en gras, ampleur ... et fraîcheur.

La finale dévoile une mâche puissante, revigorante, soulignée par de nobles amers et des notes grillées et réglissées. L'agrume (écorce de pomelo) vient aussi imprimer sa marque et apporte de la fraîcheur.

C'est bien sûr encore très (et trop) jeune. Mais on devine déjà le gros potentiel de la quille. Dans cinq ans, lorsque le boisé se sera totalement fondu, ça devrait faire un vin superbe qui ne déméritera pas avec un homard grillé (le plus dur étant de ne pas l'avoir bu avant). 


samedi 28 janvier 2017

Le vin est (plus qu') une fête


Le nouveau millésime du Vin est une fête d'Elian da Ros est arrivé. Et c'est 2015 ! Autant dire que la maturité est au rendez-vous. S'il n'y avait que du Merlot, on serait probablement à 14 %, mais comme il y aussi de l'Abouriou (40 %) et du Cabernet Franc (40 %), on reste dans le très raisonnable : 12.5 %. Nous avons donc affaire à un vin  qui devient rare de nos jours : mûr, sombre, séveux... mais frais et peu alcoolisé. Et tout ça pour (un tout petit peu moins) de 10 €. Ne nous remerciez pas : on adore rendre service :-)

La robe est pourpre sombre, limite opaque.

Le nez est gourmand, sur les fruits noirs bien mûrs, avec une touché lactée et une pointe de feuille de cassis/menthol (40 % de Cabernet Franc : ceci explique cela...)

La bouche est ronde, soyeuse, élancée, avec une matière séveuse/juteuse au fruit intense. Du pur bonheur !

La finale est finement mâchue, avec des tannins fins et bien mûrs et un fruit épicé très gourmand. Puis le cassis "mentholé" en ultime sensation. Dieu Élian, que c'est bon !


jeudi 26 janvier 2017

2015 de Barth : une réussite incontestable !


Nous avons reçu la semaine dernière la commande annuelle des vins de Laurent Barth. Je supposais que les 2015 seraient d'un bon niveau car l'été et l'automne furent splendides. Je ne craignais même pas un manque d'acidité : tous les blancs 2015, quelle que soit la région, ne m'ont jamais déçu sur ce plan. Après dégustation de ces quatre cuvées, j'oserais dire que c'est au-dessus de mes espérances, même pour une "petite cuvée" comme le Pinot d'Alsace.



80 % Auxerrois et 20 % Pinot noir

La robe est jaune pâle, avec de nombreuses fines bulles éparses et une mousse blanche qui se désintègre rapidement. 

Le nez est fin et frais, sur la pomme chaude légèrement beurrée, le zeste de citron et une petite touche fermentaire (yaourt).

La bouche est tendue, d'une fraîcheur vivifiante, renforcée par des milliers de bulles crépitantes, tout en ayant une matière ronde, fruitée, désaltérante. 

La finale est nette, bien sèche, avec une mâche crayeuse finement amère qui vous nettoie illico le palais, sur des notes d'agrumes et de pomme fraîche. Cela ne peut faire que le bonheur des amateurs de Brut nature (dont je fais partie). Pour ceux qui aiment les finales plus confortables, il vaut mieux s'orienter vers des vins plus dosés. 


Riesling 2015 (14,20 €)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est exotique, sur des notes d'ananas, de mangue, avec une pointe de citronnelle et de yuzu.

La bouche est élancée, avec une fraîcheur omniprésente en lieu et place de l'acidité typique du cépage, avec une matière fluide, digeste, cristalline, qui coule en vous comme l'eau d'un torrent.

La finale est savoureuse, avec un subtil duo amertume/astringence et un retour sur des notes exotiques, pour finir par du zeste d'agrume (mandarine/pomelo) et une touche de gingembre. Il doit y avoir quelques grammes de sucre, mais ils sont totalement fondus dans l'ensemble.



Pinot d'Alsace (9.90 €)

Auxerrois et Pinot noir

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est expressif régressif sur les fruits blancs rôtis au beurre, la fleur d'acacia et le sucre d'orge.

La bouche est ronde, mûre, limite moelleuse (en texture), heureusement équilibrée par une acidité tonique et un perlant bien perceptible – qui n'est pas de trop : il est préférable de le garder, je pense.

La finale ne manque pas de niaque, mêlant avec brio acidité, astringence, amertume ... et douceur. Vos papilles ne savent plus trop où donner de la tête . Mais en fait, c'est super bien foutu, et indispensable pour "absorber" les quelques grammes de sucres résiduels. Et on redemande. Vite. 





La robe est d'un or intense.

Le nez est fin, aérien, sur la rose ancienne, la pêche blanche et les épices douces.

La bouche est pure, longiligne, d'une fraîcheur éclatante qui équilibre avec maestria une matière riche, généreuse, au toucher doux, quasi onctueux. Perfect balance, dirait nos amis d'outre-manche. 

La finale est des plus expressives, mais sans vulgarité aucune, avec des nobles amers qui équilibrent la douceur des sucres résiduels. Et puis viennent ensuite des notes très fraîches en rétro qui allègent l'ensemble et persistent longuement. Superbe

Ce vin n'est pas déclaré en "Vendanges tardives", mais pourrait certainement y prétendre. 

Pour en savoir plus sur ce vigneron, c'est ICI

mercredi 25 janvier 2017

Hurluberlu : densification confirmée


Je ne sais pas si Sébastien David a définitivement changé de formule pour son Hurluberlu. Il fera certainement des heureux – il existe beaucoup de personnes qui  aiment avoir du "lourd" dans le verre  – mais aussi des nostalgiques. Je fais partie du second groupe : j'aimais l'Hurluberlu pour son ambiguïté. On ne savait pas trop si l'on dégustait un rosé de Loire un peu plus coloré que la normale ou un Saint-Nicolas de Bourgueil plus léger que d'ordinaire. Il a maintenant clairement choisi son camp : c'est un vrai rouge !

La robe est pourpre sombre, limite opaque. 

Le nez est fin et frais, sur la gelée de fruits noirs, avec une petite touche amylique – bonbon anglais, comme on dit – et une pointe de poivre mentholé ( c'est du Cabernet !).

La bouche est ronde, juteuse, à la chair veloutée, d'abord glissante, puis un peu plus accrocheuse. Le fruit réussit à être bien mûr tout en exprimant beaucoup de fraîcheur.

On retrouve cette accroche en finale, avec ce qu'il faut de fruit et d'épices. Ce côté – agréablement – rustique plaira assurément aux amateurs de vins canaille qui déménagent (et pas très cher : 10.90 €). Pour les amateurs de vins plus légers, il y a Ponpon le chevalUn jour au cirque, les Drilles, Rézinet, Montplaisir...  



mardi 24 janvier 2017

Vol de petits dragons annoncé


Il n'y a pas encore eu d'études de réalisées pour savoir si les dragons contribuaient à l'émission de particules fines lorsqu'ils crachaient leurs flammes. Toujours est-il qu'ils avaient le droit de circuler hier lundi dans le Limousin puisqu'ils ont atterri dans notre entrepôt à 14h32. À peu près aussi populaires que Eliott, les Petits dragons de Malavieille sont de retour ! Vous pourrez faire autant de fois que vous voulez le tour de la bouteille : vous ne trouverez pas le millésime. Celui n'apparaît que sur le bouchon une fois la capsule étêtée : 2015. 

Si l'on reste sur un profil aromatique assez proche – peut-être un boisé un peu plus discret ? – ce 2015 a un peu moins de sucre résiduel que le 2014 ou le 2013. On va dire que l'on est entre un sec et un demi-sec (je dirais entre 5 et 10 g). Ce qui fait que ce vin conviendra très bien pour l'apéro, mais aussi le foie gras, les crustacés, les viandes blanches, les fromages à pâtes dures...  (j'éviterais les desserts). Bref, à part les enfants qui n'ont pas le droit d'en boire, c'est l'ami d'à peu près tout le monde :-)

La robe est or clair, avec des larmes sur les parois du verre.

Le nez est intense tout en restant aérien, sur l'ananas rôti au beurre, la poire au sirop et une touche fumée/grillée.

La bouche est traçante, tendue par une acidité "laser", mais heureusement enrobée d'une matière dense et mûre, charnue, au fruit (exotique) expressif.

La finale est tonique, puissante, mêlant les amers typiques du Chenin à la fraîcheur exacerbée du Petit Manseng. Il y aussi une p'tite astringence qui vous agace les papilles, mais on est dans l'agression jouissive, si bien que l'on en redemande encore. À 9 €, faut pas se priver... 


lundi 23 janvier 2017

Rouges "négoce" de Ganevat : 1ère salve !


Maintenant que la folie Ganevat est passée, il nous reste encore quelques caisses des différentes cuvées de négoce d'Anne et Fanfan. Derrière leurs noms et leurs étiquettes qui sortent de l'ordinaire, il y a des vins très différents les uns des autres. Beaucoup ont du Gamay en commun, mais certains sont complétés par du Pinot noir, d'autres par de la Mondeuse ou de la Syrah, voire des deux. 

Toutes sont du millésime 2015, ce qui est un garant de bonne maturité et de raisins sains. 

Je vous propose de démarrer avec 4 cuvées prises au hasard. Nous ferons une deuxième salve d'ici une semaine ou deux. 

Nota : les vins ont été dégazés avant dégustation.



Le Jaja du Ben  (14.90 €)

(Vieilles vignes de Gamay du Beaujolais + 10 vieux cépages jurassiens)


La robe est rubis translucide, brillante.

Le nez fumé/grillé/pétard fait penser à un blanc bourguignon réduit (ou à la Mailloche). En arrière-plan, de la cerise, de la prune rouge et des épices. 

La bouche est élancée, aérienne, fraîche, avec des tannins soyeux et élégants, presque imperceptibles, et un fruit des plus purs (cerise à donf). 

La finale est plus terrienne, avec une mâche crayeuse sur des notes fruitées/épicées et l'impression de croquer dans le terroir beaujolo-jurassien. 


De toute beauté (21.50 €)

(Gamay du Beaujolais + Pinot alsacien + vieux cépages jurassiens)

La robe est pourpre/grenat très translucide.

On retrouve d'une façon plus discrète le fumé/grillé du vin précédent, avec aussi des petits fruits rouges (griotte, framboise), des épices et cette terre fraîchement retournée, très pinotante. 

La bouche est ronde, ample, avec une matière "cashmirienne" qui vous caresse le palais. C'est épais, profond, tout en restant aérien.

La finale savoureuse vous claque le palais avec bonheur, avec une cerise fumée éclatante. C'est long et  p... bon ! C'est vraiment ... de toute beauté !

PS : 3 jours après l'ouverture (bouteille au 3/4 vide), il était toujours aussi beau 



Le p'tiot roukin (15.50 €)

(40 % Gamay + 30 % Syrah + 30 % Mondeuse)

La robe est grenat sombre à peine translucide.

Le nez est touffu et gourmand, sur des notes fruitées (cerise et son noyau, quetsche), florales (pivoine)et épicées (poivre, cannelle).

La bouche est ronde, charnue, juteuse, avec des tannins veloutés et une fraîcheur extravertie. L'ensemble trace grâce à une belle tension. 

La finale a une mâche prononcée, mais ça reste friand/savoureux, avec un fruit gourmand épicé. 


J'y aime (12.90 €)

(majoritairement Gamay du Beaujolais + vieux cépages jurassiens)

La robe est pourpre sombre, quasi opaque.

Le nez est charmeur, sur les fruits noirs bien mûrs, avec une petite touche lactée et pas mal d'épices.
Et puis des notes ferreuses/sanguines.

La bouche est ronde, fraîche, veloutée, avec une matière pulpeuse et toujours ces notes ferreuses/sanguines. 

La finale a une mâche puissante, presque Sud-Ouest, mais d'une gourmandise communicative, et encore et toujours ces notes ferreuses/sanguines. J'y aime (beaucoup) !

Conclusion : c'est tout de même dommage d'avoir des étiquettes qui ne valorisent pas franchement les vins. Car ces quatre vins de cette première salve sont tous réussis et valent leur prix de vente (même si on a des rapports qualité/prix plus affolants à Vins étonnants). Je suis persuadé que même le plus onéreux, De toute beauté, peut mettre la fessée à pas mal de Bourgognes rouges aux tarifs plus élevés. 

Ce qui est peut-être le plus bluffant, c'est qu'ils sont tous "sans sulfites ajoutés". Aucune déviation n'est à signaler. Le prix à payer est un gaz un peu envahissant, mais qui finit par disparaître après force agitation. 

vendredi 20 janvier 2017

Strangers in the night


Mercredi soir, alors que la nuit était tombée,  le "club Vins étonnants" de Limoges s'est attaqué à une dégustation 100 % vins étrangers. Au programme : des vins italiens, espagnols, autrichiens, australiens et slovènes. Pour beaucoup, ce sont des vins arrivés récemment que nos amis n'ont pas encore eu l'occasion de déguster. Je suis évidemment curieux de connaître leurs réactions face à ces cuvées qui sortent de l'ordinaire.


On démarre avec l'Italie avec le Riseis 2009 dont je vous ai parlé récemment ICI. Ce Trebbiano d'Abruzzo (Ugni blanc en Français) est plutôt destiné à être bu dans les 2-3 ans qui suivent sa mise en bouteille. Au bout de six ans, il ne ressemble plus du tout au vin de départ : il est parti sur des notes tertiaires faisant plus penser à un liquoreux qu'à un blanc sec (agrumes confits, encaustique, truffe). Par contre, en bouche, il a la même fraîcheur que dans sa jeunesse, et bien sûr, pas un gramme de sucre. Perso, ce vin m'avait vraiment séduit. Mais j'ai intéressé du retour de mes convives qui le découvraient : 100 % positives ! Il a plu à tout le monde, y compris à une dame qui d'ordinaire est fâchée avec les vins blancs. L'accord avec le jambon cru, le parmesan et les amandes grillées le rendait encore meilleur. Bref, tentez à votre tour l'expérience Riseis (nous en avons recommandé chez notre fournisseur) pour la modique somme de 5.50 €.


Nous avons poursuivi avec deux Rieslings : un Autrichien – un Gebling 2013 de Sepp Moser et un Australien – le Trial Hill 2010 de Maverick. Le premier est fin, frais, élégant, avec une aromatique pêche/ananas/agrumes, et quelques grammes de sucres résiduels en final (équilibrés par l'acidité). Le second a un nez beaucoup plus corsé : certains diraient pétrolé. Je dirais plus terpènes d'agrume (sentez une lasure allemande à base de ces terpènes : vous comprendrez). Mais aussi aiguille de pin, zeste de mandarine. En bouche, ça envoie sévère, avec une matière dense, puissante, très aromatique, et une acidité des plus toniques. La finale poursuit sur la lancée, avec toujours ces terpènes bien marqués. Je vois se former deux écoles : ceux qui préfèrent le vin autrichien, car il est plus fin et plus confortable, dirons-nous. Et ceux qui sont enthousiasmés par le second, hymne au Riesling punchy. Autant je suis palais de fillette sur les rouges, autant les blancs comme ça, j'adore ! L'accord avec le saumon basse température, réduction mandarine/fruit de la passion, courgette/fenouil poêlés se fait mieux avec le Trial Hill, surtout lorsque vous slurpez la sauce, très concentrée.


Deuxième duel de la soirée : à ma gauche, un  Espagnol – un Rioja Graciano 2015 du Mas de Victor – et à ma droite, de nouveau une Australienne – une Shiraz Selkirk 2012 de Bremerton. J'avais parlé de ces deux vins ICI. Le premier a un fruit éclatant, au nez comme en bouche et une fraîcheur réjouissante. En bouche, c'est charnu, juteux, gourmand, toujours très frais. J'avais du mal à imaginer que l'on ne puisse pas aimer ce vin. Et en effet, il a fait l'unanimité des convives. Lorsqu'ils ont su le prix (7.90 €), ils l'ont aimé encore plus ! La seconde, même si elle est loin de certaines consœurs caricaturales et écœurantes, a recueilli des avis plus divers. Le chef du restaurant – à qui je fais goûter tous les vins – a par exemple adoré. D'autres l'ont trouvé un peu trop "démonstrative", on va dire. Au suffrage, l'Espagnol gagne le match haut la main. La souris confite de porc Duroc, frites de patates douces et carottes rôties se mariait mieux avec le Graciano, car elle n'écrasait pas le plat. Les deux étaient très complémentaires.


Avec le fromage – comté et pâte de coing – j'ai servi le vin le plus "bizarre" de la soirée : une Malvazija 2010 de Klinek (Slovénie). C'était l'occasion d'expliquer ce qu'était un vin orange (pour faire court, c'est un vin blanc vinifié comme un vin rouge : les peaux macèrent durant la fermentation alcoolique). La couleur or/orangé intense fait plutôt penser à un liquoreux. Au nez, on a des notes confites/résineuses/médicinales. En bouche, c'est à la fois puissant, généreux, très aromatique, et en même temps droit, austère, sans concession. La sensation tannique est réduite car le vin est servi à la même température que les rouges (17-18 °C). Comme d'hab', je vais être honnête : personne n'a adoré ce vin – pas même moi –  mais tout le monde a trouvé l'expérience intéressante et avait été ravi de la faire (et personne n'a dit : beurk, c'est pas bon). Cette cuvée est définitivement une bonne introduction aux vins oranges (car certains sont vraiment imbuvables).


Pour le dessert, histoire de boucler la boucle, nous sommes repartis en Italie avec un Prosecco Extra-Dry. Comme son nom ne l'indique pas, il n'est pas Extra-Sec. Cela correspond à un dosage qui existe aussi en Champagne situé entre 12 et 17 g/l (celui-là en a 16 g/l). Le sec est dans la fourchette 17-32 g (sic). Vous l'aurez compris : cela date d'une époque où l'on appréciait le Champagne (trèèès) sucré... Mais revenons au Prosecco. Il est issu à 100 % du cépage Prosecco. Enfin, c'est comme cela qu'il était appelé avant que l'appellation Prosecco n'existe. Pour éviter toute confusion, on l'appelle aujourd'hui Glera, ce qui n'est guère appétissant pour un Français... Le dosage de cette cuvée fait que ce vin passe facilement avec un dessert – à condition qu'il ne soit pas trop sucré, comme cette tarte aux pommes – sans que l'on ne ressente de sucrosité. Au contraire, le Prosecco est frais et désaltérant. Il remet les papilles en place : on serait quasiment prêt à refaire un nouveau repas (alors que servir une bulle peu ou non dosée en fin de repas relève du massacre).

Eh bien voilà un joli tour du monde en restant les pieds sous la table à Limoges. Le mois prochain, on remontera dans le temps avec les vins de François Pinon. J'ai hâte, comme dirait un ami cher :-) 

jeudi 19 janvier 2017

Le copain Thabor


Il y a deux ans, nous avions reçu un échantillon du Châteauneuf du Pape 2012 du Château Mont Thabor*. Et nous avions adoré. Mais comme nous venions alors de référencer le domaine Gradassi dans la même appellation, cela faisait un peu trop d'un coup. Deux ans plus tard, nous avons les épaules plus solides. C'est donc avec beaucoup de plaisir que nous le référençons : il restait un tout petit peu de 2012 (foncez, car il n'y en aura pas d'autres) et plus de 2014. Mais aujourd'hui, je vais vous parler du Côtes du Rhône du domaine, un vrai vin de copains (d'où le titre). 

Ce vin est composé majoritairement de Grenache, complété par de la Syrah, du Mourvèdre et dy Cinsault. La vinification est traditionnelle (à savoir ici : vendange non égrappée en cuve béton). L'élevage se fait aussi en cuve.


La robe est grenat (très)  translucide, faisant penser aux vins d'un vigneron de cette appellation.

Le nez est fin, élégant, sur des notes de fraise cuite, de lard fumé et de havane. Un peu de zeste d'orange, aussi.

L'attaque en bouche est ample, aérienne, aux tannins d'une légèreté irréelle, très bourguignonne. En milieu de bouche, le vin gagne en densité, accompagné d'une sensation légèrement asséchante. 

On retrouve dans une finale savoureuse et digeste ces notes fruitées/fumées, tout en ayant toujours cette sensation astringente/asséchante. 

Bu seul, cette sensation peut déranger les palais de fillette dont je fais partie. Mais dès que vous mangez avec (en l'occurrence enchaud de porc, puis fromage) celle-ci disparaît au profit d'une impression de fraîcheur nettement accentuée. Vraiment étonnant ! 

Vendu 7.80 € (et 7.50 € par carton de 6), ce vin justifie à lui seul notre volonté de ne pas faire de soldes. Nous préférons vous proposer des super rapports qualité/prix toute l'année ;-)

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* Mont Thabor vous rappelle vos cours de cathéchisme ? C'est normal : Le Mont Thabor est en effet en Terre Sainte. Il a connu son heure de gloire grâce à Moïse et Jésus (c'est là qu'aurait eu lieu la Transfiguration).  Le domaine abritait au XVIIIème siècle la secte des Illuminés d'Avignon qui avaient alors rebaptisé le lieu ainsi. Après leur départ, le nom est resté. 





mercredi 18 janvier 2017

Fontvert blanc : le Sud comme on l'aime !


Comme il nous faut encore patienter avant de recevoir les Restanques blanc 2016, nous avons pris la cuvée située  juste au-dessus dans la gamme : Soulèu e terraire, appelée plus simplement Château Fontvert. On retrouve les mêmes cépages – Vermentino et Grenache blanc – avec ici une plus forte proportion de ce dernier (55 % au lieu de 25 %). À cela s'ajoute une vinification/élevage en fûts de chêne. Cette cuvée est donc plus "riche" que sa petite soeur, mais comme tous les vins du domaine, on reste dans un registre élégant et digeste. Très typé "blanc du sud" dans un style classieux, il peut sans aucun doute rivaliser avec des Coteaux d'Aix ou Côtes de Provence nettement plus onéreux. Car hélas, c'est plus souvent l'étiquette qui fixe le prix que le contenu de la bouteille... 

La robe est paille claire, lumineuse.

Le nez est fin et mûr, sur l'amande légèrement torréfiée, la pêche blanche et le fenouil, avec une touche abricotée/beurrée.

La bouche conjugue ampleur et tension, grâce une matière douce, caressante, et une fine acidité qui apporte élégance et fraîcheur. L'ensemble est généreux sans être jamais lourd. Plutôt aérien, même.

La finale intense est finement mâchue, savoureuse, sur des notes de Petit-beurre et de fruits jaunes confits, se prolongeant sur une aromatique grillée/épicée. Et toujours le fenouil, c...

Bref, pour un vin de cette qualité, en biodynamie (Demeter), on peut dire que 11.90 € est un prix des plus raisonnables.


mardi 17 janvier 2017

Alas negras : ailes du désir ?


Le Camino de Terra Remota a un "petit frère" : Alas negras. Jamais fait d'espagnol, mais je parierais que ça veut dire Ailes noires. Je suppose aussi que cette cuvée provient d'achats de raisins car s'il est signé par les propriétaires, Marc et Emma Bournazeau, il n'est pas fait référence à Terra Remota (et n'est pas certifié bio). Par contre, on sent vraiment la "patte stylistique" du domaine, plus italianisante qu'espagnole. On retrouve les mêmes cépages que dans Camino, avec en plus une touche de Tempranillo. Le résultat est des plus réussis, loin d'un "petit vin". Une véritable personnalité se dégage, loin de la neutralité ennuyeuse de trop nombreux vins. Et ce n'est pas pour me déplaire...

La robe est grenat sombre aux reflets pourpres.

Le nez allie maturité et fraîcheur, sur des notes de cerise noire, d'épices, de Havane et de menthol, avec une touche résineuse (ciste, eucalyptus) et même un peu de truffe.

La bouche est ronde, ample, avec une matière fruitée, juteuse, tonique, et une fraîcheur/tension qui proviennent plus de l'aromatique (toujours ce menthol et ces notes résineuses) que de l'acidité, présente, mais non saillante. L'ensemble est non seulement très bien équilibré, mais surtout réjouissant.

La finale est dans le prolongement de la bouche, avec une mâche solide – qui peut surprendre dans un premier temps mais qui s'avère bien intégrée, avec toujours des fruits noirs, du cuir, des épices, du menthol, de la garrigue à gogo... Pour 8.50 €, y a pas  : c'est top !


lundi 16 janvier 2017

Regain : Giono en pleurerait de bonheur


Je vous avais promis une doublette du domaine Semper. Après Famae, voici Regain. Issu aux 3/4 de vieilles vignes de Grenache gris, et complété par du Carignan blanc, du Maccabeu et du Grenache blanc. Comme souvent avec le Grenache gris, il y a une fraîcheur et une digestibilité, plus rares avec le blanc. S'ajoute à cela la magique tension du schiste. Et vous obtenez une p'tite bombe liquide à laquelle il est difficile de rester insensible. 

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est mûr et expressif, sur la frangipane, la pêche rôtie, avec une pointe de fenouil (graine) et d'épices grillés.

La bouche est très ample, toute en rondeur généreuse, mais grâce à la magie du schiste, elle possède une grande tension qui vous ne lâche pas avant la dernière goutte avalée. On ressent également une fraîcheur vibrionnante qui évite toute mollesse.

La finale dévoile une mâche affirmée soulignée par de nobles amers et des notes salines/terriennes. Cela se conclut par une grande fraîcheur aromatique qui semble surgir de nulle part et persiste assez longuement.

Vraiment du bel ouvrage à un prix des plus raisonnables (11.90 €). Il faut souvent mettre beaucoup plus cher dans le secteur pour atteindre cette qualité. Il accompagnera aussi bien les tapas que les poissons grillés (bar au fenouil), un tajine aux abricots secs ou des pâtes dures affinées. 


vendredi 13 janvier 2017

Après Noël, c'est encore Noël


Nous avions décidé avec le Club de Saint-Yrieix de faire la plus belle dégustation de l'année au mois de janvier, car au mois de décembre, il y avait une soirée musicale qui empêchait de se concentrer sur ce que l'on avait dans le verre. 


Nous avons commencé la soirée avec un Champagne Longues Voyes de Laherte, le premier 100 % Pinot noir de cette belle maison. C'est très intense, vineux, traçant, avec une acidité structurante. C'est peut-être certainement encore un trop jeune. Il gagnera à être gardé 3-5 ans pour gagner en complexité et harmonie. L'espuma de panais, parmesan et jambon cru le rend encore plus austère qu'il n'est vraiment. Mais bu seul, je le trouve déjà très (très) bon.


Nous avons continué avec un Riesling Marienburg Grosses Gewächs 2013 de Clemens Busch. J'ai choisi cette bouteille car une amie – membre du club – avec qui j'ai passé le réveillon du 31 décembre a bu avec délice un Riesling mosellan de ma cave. Elle voulait savoir si je vendais des vins équivalents. Eh bien, je lui propose celui-là, même si le producteur, le millésime et le terroir ne sont pas les mêmes. Un nez sur les agrumes japonais et quelques notes terpéniques. Une bouche à la fois ample et tendue, avec une matière douce et aérienne, irréelle de "moelleusité". Une finale nette, minérale, sans sucres qui traînent. La salade de crevettes, jeunes pousses, mandarine, yuzu et coriandre se marie parfaitement avec le vin (c'était fait pour, faut dire...).


Il fallait tout de même un rouge pour cette soirée. Je voulais éviter le Bordeaux et le Bourgogne, trop convenus. Va pour un très beau rapport qualité/prix en Rhône Nord : ce Crozes-Hermitage les Croix 2014 est une superbe Syrah avec un fruit explosif, du lard fumé, du poivre, juste ce qu'il faut de violette et d'encens. Et une bouche fraîche et veloutée, avec un fruit épicé omniprésent. Le coup de coeur a été général : toutes les bouteilles présentes dans le Berlingo ont changé de main en fin de soirée (mais il vous en reste encore un peu, veinards !). Là aussi, l'accord avec le magret de canard aux olives noires, purée de topinambour et "frites" de rutabaga était top (c'était fait pour aussi)


Fromage et vin, c'est souvent un moment compliqué. Vu le niveau de la soirée, je souhaitais obtenir un accord inoubliable. Comme j'avais des grands souvenirs de Gewurztraminer avec des pâtes molles à croûtes lavées, je me suis dit "allons-y". M'inspirant d'un livre de recettes d'Akrame, j'ai demandé au chef de mettre un peu de cassonade sur la tranche du Maroilles et de le passer au chalumeau comme une crème brûlée. Cela adoucit un peu le fromage et apporte du croquant/fondant. L'accord avec le très beau Gewuztraminer Grand Cru Markrain 2012 de Laurent Barth – dans un style vendanges tardives frais/tendu –  était à tomber. C'était plus que bon. Cétait carrément émouvant. T'en chialais presque tellement c'était beau. Résultat : plus une seule bouteille de Gewurz sur le site. Mais le nouveau millésime 2015 arrive incessamment...


Pour finir, j'avais sorti deux flacons de Coteaux de l'Aubance 1983 du domaine Bablut. Un peu d'angoisse à l'ouverture car les bouchons sont imbibés et fragiles. Ouf... les deux étaient nickel, loin d'être en bout de course. La robe est d'un or intense (et pas du tout cuivrée) et l'aromatique évoque l'agrume confit, la pâte de coing, avec une petite touche de mousseron. La bouche est pure, tranchante, avec un sucre présent mais discret. L'accord avec les fruits exotiques du dessert se fait bien. Par contre, la glace en dessous est peu trop crémeuse/sucrée pour le vin et le rend un peu strict. En fait, après l'avoir bu, je pense qu'il serait parfait avec un foie gras mi-cuit (et un coulis aux fruits de la passion).

jeudi 12 janvier 2017

Fameux Famae !


J'avais croisé le domaine Semper sur plusieurs salons. Ce que j'avais bu m'avait bien plu. Aussi, lorsqu'une plateforme de producteurs nous a proposé ses vins, j'ai dit au chef : "ça, faut acheter, c'est d'la balle ! " Pas contrariant, il en a pris – derechef – quelques cartons. À peine arrivé, déjà dégusté. Mes bonnes impressions sont confirmées : rien que cette cuvée "d'entrée de gamme" est vraiment un délice ! Puisque je fais une fixette sur les doublettes en ce moment, je vous parlerai très prochainement du blanc sec...

Famae est un assemblage de Carignan (50 %) Syrah (30 %) et Grenache noir (30 %) provenant de parcelles d'arènes granitiques (comme Modat). Le schiste est réservé aux Maury(s) et au blanc sec. Après, rien que de la cuve, histoire de ne pas "parasiter" le fruit de ce vin. 

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est très gourmand, sur la crème de fruits noirs (cassis, cerise), le tabac et les épices, avec une fine touche de lard fumé et poivré.

La bouche est ronde, très ample, avec une matière veloutée qui vous envahit joyeusement le palais. Une bombe de fruit frais qui reste d'un équilibre assez incroyable pour un vin du Sud.

La finale est savoureuse, fraîche, légèrement mâchue, avec un retour sur la crème de cassis et le poivre, souligné par de discrètes notes fumées. Le goût de revienzy est des plus irrépressibles, d'autant que l'alcool n'est absolument pas perceptible. 2017 est mal parti pour être l'année de la modération... 

Le rapport qualité/prix de cette cuvée  (8.90 €) est juste ébouriffant !


mercredi 11 janvier 2017

Riseis : l'affaire du mois


Cette cuvée de Trebbiano d'Abruzzo 2009 nous a été proposée par l'un de nos fournisseurs à un prix défiant toute concurrence. Bon, il fallait être un peu joueur, car ce type de vin est plutôt vinifié pour être bu dans les 2-3 ans qui suivent sa mise en bouteille.  Mais ça valait le coup d'être tenté. S'il s'avérait être encore consommable, cela faisait un vin blanc italien à bon prix pour nos clients.

À peine était-il arrivé qu'il a été dégusté, histoire de savoir ce que nous mettions en vente... Eh bien, comme disent nos voisins suisses, nous avons été déçus en bien. Non seulement le vin n'est pas mort, mais il a une complexité et une fraîcheur inattendues. 

Après, il peut paraître déroutant car il ne ressemble pas à grand chose de connu. Autant dire que s'il y a bien un site qui se devait de le vendre, c'est Vins étonnants

La robe est d'un jaune intense, limite flashy, sans tomber du tout  dans les couleurs évoluéees./oxydées (mais il devait être beaucoup plus pâle il y a  3-4 ans).

Le nez est expressif, sur le champignon (mousseron, truffe), le massepain, l'ananas flambé, avec une pointe de cire d'antiquaire.

La bouche est ronde, fraîche, avec une chair pulpeuse  –  l'impression de croquer dans le raisin – et une aromatique soutenue (champignon/fruit exotique/encaustique). L'ensemble est fin, tendu, sans mollesse.

La finale possède une mâche légèrement crayeuse,avec une astringence dessoifante et des notes rafraîchissantes sur le zeste de citron et le foin coupé. 

Ce vin, vendu 5.50 €, devrait accompagner parfaitement un risotto à la truffe – vous pouvez vous le permettre vu l'économie réalisée – du parmesan, du jambon de Parme, une pizza...

À noter qu'au bout de quelques jours d'ouverture, il était toujours aussi bon, sans évolution notable.




mardi 10 janvier 2017

Troussot les Trouillots : chambollien !


Pas mal de nos clients avaient regretté que nous n'ayons pu avoir plus de Poulsard en Chôné 2015. Surtout après l'avoir dégusté : une telle délicatesse dans un rouge crée non seulement une addiction, mais de surcroît un rejet des autres vins qui paraissent ensuite tellement rustres. Je ne peux pas faire de miracle, mais je peux essayer d'arranger les choses (fix, comme disent joliment les Américains). Vendredi dernier, après une journée assez intense (plein de fiches produits à créer ou à modifier), un réconfort jurassien n'était pas de refus : la cuvée de Trousseau les Trouillots 2015 a fait plus que son job. Elle a illuminé ma fin de semaine. 

Nous sommes sur un cépage différent de En Chôné, mais franchement, après plus de 10 ans de dégustations régulières de rouges jurassiens, je serais bien incapable de les discerner à coup sûr. D'autant que dans ce cas précis, je crois bien que je serais parti à l'aveugle  sur un Pinot noir. 

Il faut que je prévienne : il y a un peu de gaz carbonique. J'ai connu nettement pire : après moins d'une minute d'agitation, il avait disparu. Même s'il n'est pas trop invasif, c'est tout de même meilleur sans, surtout lorsqu'on a affaire comme ici à une matière subtile.

La robe est grenat très translucide.

Le nez est délicat, aérien, sur le pétale de rose et la cerise griotte, avec une touche de terre fraîche (ça pinote, quoi).

La bouche est ample, aérienne, aux tannins impalpables faits de la soie la plus fine. On y retrouve la cerise (croquante) et la rose, très légèrement fumée, et une tension qui trace sans agresser. Une certaine forme de perfection dans le style éthéré, celui que je préfère en Bourgogne.

La finale nous fait redescendre les pieds sur terre, avec une fine mâche calcaire et l'impression de croquer à pleine bouche le terroir des Trouillots. Il y a la cerise, toujours, la rose, encore, et ces notes subtilement fumées (Lapsang Souchong peu infusé). Classieux et subtil.

À noter que trois jours plus tard, il avait à peine évolué (ah, je ne vous l'avais pas dit : il est "sans sulfites ajoutés"). Pas de trace d'oxydation ni de volatile. La finale se montrait juste un peu plus ferme.


lundi 9 janvier 2017

Et Caetera : et la solution était...



Nous avons eu la réponse des producteurs quant aux cépages utilisés pour produire cette cuvée Et Caetera dont je parlais la semaine dernière. Pour le Gouais blanc, c'est raté. Y en a pas une seule grappe... Il y a bien du Mauzac, mais il n'est pas majoritaire. Mais je ne vous laisse pas languir plus longtemps... Voici le message de Virginie et Patrice :

"Ce vin est produit grâce aux vignes replantes à Marcillac en 2010 sur un magnifique coteau. On y trouve une majorité de Petit Manseng, puis du Mauzac Et une pincée de Chenin provenant de Gaillac. Vinifié comme nos cuvées Zacmau Et Dencon... le plus naturellement possible, ce vin fait un séjour de 12 mois en barriques.

Le nom de la cuvée Et caetera est un "hommage" à tous les jeunes qui ont participé à ce projet fou Et qui y participeront après. Chaque millésime porte un nom spécial comme ce 2014 Rolling Stones en souvenir des nombreuses pierres qu'il nous a fallu ramasser."

Petit Manseng, Chenin... Cela explique la fraîcheur atypique de ce vin du Sud-Ouest, le coing du nez et de la finale. Mais aussi pourquoi ce vin ne peut être qu'un vin de France

Le plus épatant peut-être, c'est qu'il est issu de très jeunes vignes (4 ans). On n'ose imaginer ce qu'elles pourront produire dans quelques années...

vendredi 6 janvier 2017

Pinon : remontée dans le temps


Le succès des vieux millésimes du domaine de Bablut ne se démentant pas – le filon commençant tout de même doucement à s'épuiser – nous vous proposerons désormais également des millésimes anciens de François Pinon en appellation Vouvray. Sec, demi-sec, moelleux ou liquoreux selon les années. 

Selon les cuvées, les prix se situent entre 18 et 40 €. Ce n'est pas donné. Mais pas non plus excessif, sachant que la conservation en cave de tuffeau pendant 15-20 ans a été parfaite en terme d'hygrométrie, température et obscurité. 

Je pense que je ferai le mois prochain une verticale avec notre "club" de Limoges. En attendant, j'ai ouvert un moelleux 1993 que le vigneron a eu la bonne idée de nous mettre en échantillon. Eh bien, c'est incroyablement réussi étant donné le pedigree calamiteux du millésime.



La robe fait très or liquide.

Le nez est fin et intense, sur le coing confit, la truffe, le safran et le miel de châtaignier.

La bouche est tendue, implacable, enrobée d'une matière dense, confite, très marquée par le coing ( et complétée par la truffe). L'équilibre sucre/acidité est très "mosellan". On n'est pas dans le voluptueux, mais plutôt dans l'austérité fascinante.

La finale longue et puissante, limite diabolique, est une version concentrée du duo amertume / astringence, avec toujours le coing (en version bodybuildée), mais aussi l'écorce d'orange amère, avec une touche de quinquina. Que du bonheur pour les Cheninophiles !

jeudi 5 janvier 2017

L'amour, le vin, et caetera...


Je ne ne sais pas trop de quoi je suis atteint, mais je fais en ce moment dans la doublette gaillacoise. Après les rouges et le doux de la famille Balaran, voilà le rouge et le blanc de Causse Marines. Le rouge, c'était une Syrah qui ne ressemble pas du tout à ses soeurs rhodaniennes. Le blanc,  en fait, je ne sais pas trop. La seule info que j'ai pour l'instant, c'est qu'il vient de Marcillac. Après, pour connaître le cépage, il va falloir que j'attende la réponse du domaine ... car ce n'est pas marqué sur la bouteille de ce vin de France. 

J'ai vu qu'il existait un cépage local appelé Issal ... qui s'avérerait être le fameux Gouais blanc, ancêtre d'une grande partie des meilleurs cépages blancs français. L'hypothèse serait non seulement tentante, mais captivante. Car presque personne n'a jamais bu ce fameux Gouais blanc. Mais ça reste pour l'instant une hypothèse ;-)

L'autre hypothèse, avancée par Lechef, c'est que serait du Mauzac. C'est vrai que le vin est assez marqué pomme. Oui, tout de suite, ça fait moins rêver, mais ça ferait sens, comme on dit...

La robe est jaune paille brillante, avec de nombreuses larmes sur les parois du verre.

Le nez est intense, profond, sur des notes de pomme rôtie, de miel et de viennoiserie sortant du four. Un peu de gelée de coing, aussi. 

La bouche est ronde, ample, avec une matière mûre, dense, charnue qui vous envahit le palais avec douceur, tout en restant bien équilibré et digeste. On navigue entre fruits blancs mûrs,  zeste d'agrume et minéralité, ce qui fait que je ne peux m'empêcher de penser à Ganevat. Oui, en buvant un "Marcillac", c'est peu commun... 

La finale est très expressive, avec une mâche crayeuse marquée par le coing et la pomme confits, l'écorce de mandarine, le beurre en fusion. C'est long,  très (très) bon. J'oserais même jouissif. Mon avis est (forcément) personnel, mais ... j'adore ! 

Nous sommes au même prix que le vin d'hier (32 €)*. Mais là, ça les vaut de suite. Pour moi, cette cuvée n'a rien à envier à ce que l'on trouve en France dans cet ordre de prix (Bourgogne, Loire, Jura, Alsace...). Certes, on a affaire ici à un Vin de France. Et alors ? **

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* au prix où il nous est vendu, nous pourrions le vendre moins cher, mais nous nous alignons sur le prix officiel du domaine. 

** il ne nous en reste que 11 bouteilles, et je ne suis pas certain qu'on en aura d'autres. Cuvée très confidentielle...