mercredi 28 février 2018

Riesling Schmitt : Thalberg ou Glintzberg ?



Un caviste, qu'il soit en ligne ou près de chez vous, doit savoir anticiper les questions que pourraient poser les clients. Lorsque j'ai reçu ce matin un réassort du Domaine Schmitt, je me suis dit : "mais comment un client qui est devant son ordinateur va pouvoir choisir entre le Riesling Thalberg et le Riesling Glintzberg ? Même millésime, même producteur, et une différence minime de prix : est-ce que les 1.40 € supplémentaires sont justifiés ? C'est que nous allons tester maintenant... 



Le Glintzberg est contigu à l'Altenberg de Bergbieten, avec une exposition sud-ouest, et un coteau en amphithéâtre. Le sol est argilo-marneux, avec des cailloux dolomitiques en surface et des gypses en profondeur. 

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est mûr, sur des notes de pêche, d'ananas, de fruit de la passion,  avec une petite touche fumée. 

La bouche est élancée, avec une fine acidité traçante qui tend le vin et une matière ronde, fraîche,  dans un style "eau de roche" légèrement citronnée.

La finale tonique mêle fine astringence et noble amertume, sur des notes d'ananas, de gingembre et de pomelo, avec une persistance sur la pulpe de citron.


Riesling Thalberg (11.90 €)

Le Thalberg est sur le versant ouest de l'Altenberg de Berbieten. Comme lui, il est marno-gypseux. Les vignes de Riesling ont entre 40 et 50  ans. 

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est plus mûr, plus aérien, aussi. On retrouve la pêche et l'ananas, mais dans un style plus rôti et épicé. 

La bouche est plus ample, plus ronde, plus enveloppante, avec une acidité moins saillante. Ceci dit, le vin ne manque pas de tension. La matière est plus dense, plus aromatique, plus moelleuse, plus généreuse ... et donc plus gourmande ! Si on devait lui donne un moins, c'est qu'elle est moins ... austère.

La finale est plus en harmonie avec le reste de la bouche, sans impression de rupture. L'astringence et l'amertume sont là, mais plus fondues, avec  une maturité aromatique plus poussée qui les enrobe. On retrouve là encore l'ananas et la pêche, souligné·es par des notes de citron confit et de terpènes d'agrumes. Y a bon  !

Conclusion : deux vins aux profils très différents, même si leur aromatique n'est pas si éloignée. Si vous aimez les vins bien tendus à l'austérité revendiquée, le Glintzberg est pour vous. Si au contraire, vous trouvez que les Rieslings sont souvent trop agressifs, le Thalberg devrait vous réconcilier avec ce cépage. 

En terme d'accord, le premier pourra accompagner des huîtres, des rillettes de poisson, du saumon fumé. Le second conviendra aux crustacés (homard, gambas) et à la cuisine thaïe. 

mardi 27 février 2018

Nous sommes tous Aglagla !


Comme introduction, je démarre par un quasi copié-collé de la contre-étiquette. 

"le 27 avril 2017, au petit matin, une température exceptionnellement basse a gelé une partie de notre vignoble. Malgré cela, la vigne a repoussé. Cette cuvée, issue de ces vignes gelées, hors standard de Beynat, est, je l'espère, une cuvée éphémère... Elle a été vendangée à la main par les Amis de Beynat, vinifiée comme un Beaujolais, c'est à dire des grappes entières pendant 6 jours, pressée, et a fini de fermenter en jus clair". 

Alain, le vigneron magicien 

Comme le vigneron l'écrit par ailleurs, "le plus important n'est pas ce qui nous arrive, mais ce que l'on en fait". En l'occurrence,il a produit un vin très chouette, qui ne fait pas du tout Bordeaux, mais peut-être encore moins bojo. Il n'est pas que "hors standard de Beynat", mais hors standard tout court. Et comme toujours au domaine, on est sur du zéro défaut. Oui, Alain est vraiment un magicien ! 

Soulignons aussi que :

1) Aglagla est en bio  

2) Aglagla est "tout public" 

3) Aglagla n'est pas cher (8.25€)

Aucune raison de se priver, donc ;-)

La  robe est rubis translucide.

Le  nez est fin, sur des notes de petits fruits rouge et de fumée.

La bouche est ronde, ample, soyeuse, dans un style frais et aérien, C'est finement fruité, avec une touche de rafle.

La finale est légèrement mâchue, avec un joli mix rafle mûre/fumé et des notes salines qui le prolonge.


lundi 26 février 2018

En bulles, c'est Mouette ou rien !


Mouette & Chansons, c'est le nouveau pét'nat' de la Maison P-U-R, dans l'esprit d'un Cerdon du Bugey. Issu (forcément !) du Gamay, il ne titre que 7.5 % d'alcool, avec (forcément aussi !) des sucres résiduels : environ 50 g/l. C'est léger pour du vin (en est-ce, même ?), mais si cette boisson était une bière, elle serait considérée comme forte (même s'il y en a des beaucoup plus fortes). Nous ne pouvons que vous inciter à la modération : trois verres, pas plus (bon, allez, quatre). 

La robe est vermillon sombre, avec une mousse bien blanche et des bulles fines.

Le nez est très fruité, sur la cerise, la fraise et le sucre d'orge, avec une petite touche fermentaire.

La bouche est ronde, très rafraîchissante, avec un fruit explosif et des bulles agréablement crépitantes. Les papilles sont à la fête ! Le sucre est des plus discrets alors que le vin pourrait être classé en liquoreux léger (à partir de 45 g/l). 

La finale est délicieusement astringente, vous dessoifant direct, avec ce mélange de fruits frais et de friandises enfantines. Zéro lourdeur, 100 % plaisir !


vendredi 23 février 2018

Extra Large : ÉLoge de la dÉLicatesse (et à la zénitude)




Au départ, si j'ai ouvert cette bouteille de Bohème Extra Large, c'était pour découvrir son millésime. Car il n'apparaît nulle part sur l'étiquette. Il y le numéro de lot, vous allez me dire ! Ben non : c'est marqué L10. J'ai du mal à croire que c'est un 2010. Ça pourrait être sympa, ceci dit. En 2016, nous avions eu une excellente surprise avec du 2009. Le suspens, ça va cinq minutes, mais il faut que je sois certain de ce que je vends, tout de même. Je décapsule, donc. Et * : 


(sachant que nous vendions précédemment le 2016)

Je m'attendais à 2017. Perdu. Je sens l'OVNI venir... Je ne vais pas être déçu. La bouteille est à température du bureau car elle m'attendait pendant que j'arpentais les allées de Vinisud). Et finalement, ces 15-16° lui vont très bien. Je dirais même que c'est à CETTE température qu'il faut boire cette bouteille. 

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est finement oxydatif, sur des notes de pomme tapée, de miel d'acacia, de pâte d'amande, d'épices. 

La bouche est plus qu'ample : elle est expansive, diffusant dans chaque recoin de votre palais une matière délicate, plus gazeuse que liquide. On est dans le quasi-indescriptible si l'on s'en tient aux repères habituels : pas de tension, de fraîcheur. Pas de sensation alcooleuse non plus. Juste une grande douceur réconfortante.

La finale très légèrement grasse,  poursuit dans la non-agressivité, avec toujours ces notes finement oxydatives. Z'êtes bien, et voudriez que le monde fou et bouillonnant qui vous entoure se mette aussi à Extra-Large. Tout irait tellement mieux ;-)


* oui, ce n'est pas propre comme découpe... Pourtant, le tire-bouchon m'a été offert par l'un des plus célèbres domaine de Loire !

 

jeudi 22 février 2018

Victor : un Bordeaux pour amateurs de Languedoc


La vie est malicieuse et pleine de surprises. Le même jour, je me trouve à ouvrir deux vins qui sont à l'opposé l'un de l'autre : Gasparou, un Languedoc 100 % Cabernet Franc à 12.5 ° d'alcool (dont j'ai causé ICI). Et Victor, un Bordeaux 100 % Merlot à 14.5 °. Il est une expérience qu'il serait intéressant de tenter : servir les deux côte à côte à l'aveugle et demander aux dégustateurs de retrouver les régions respectives des deux vins. Bien sûr, faut le demander l'air de rien,  histoire qu'ils ne pressentent pas le piège... Il ne serait pas surprenant que Gasparou soit placé en Bordeaux – voire en Loire – et Victor en Languedoc. 

D'ailleurs, je pense que je vais oser placer Victor dans les BOX de clients qui m'ont dit aimer les Languedoc et détester les Bordeaux. On verra bien ;-)

La robe est grenat sombre, légèrement violacée.

Le nez est riche, sur les fruits noirs confits (prune, cerise noire, myrtille), le chocolat et les épices douces.

La bouche est ronde, charnue, avec une matière dense et veloutée, aux tanins très légèrement saillants. On est dans l'opulence équilibrée.

La finale a une mâche gourmande, sur une aromatique Mon chéri® (cerise/chocolat), se prolongeant sur le cacao poudreux... Bref, très Grenache du Roussillon, ce Merlot !


mercredi 21 février 2018

Le remède Anticon(stitutionnellement)


J'ai su me montrer convaincant il y a une quinzaine de jours lorsque je vous ai parlé du nouveau millésime de Ni dieu ni maître ni sulfite. Nous avons été dévalisés en quelques jours ! Je croise les doigts pour que toutes les bouteilles vendues soient aussi bonnes que celle que j'avais ouverte...

Cela faisait 2-3 ans que je n'avais pas eu l'occasion de déguster Anticonstitutionnellement, qui n'est peut-être pas le vin le plus long en bouche... mais assurément le plus long à écrire. Comme tous les vins d'Alban Michel, on est sur du 100 % raisin sans ajout d'aucune sorte. C'est un peu plus casse-gueule avec du blanc, et ma foi, il s'en sort très bien.

La robe est bien dorée pour un vin sec, brillante tout en ayant une turbidité légèrement au-dessus de la moyenne (= il est très légèrement trouble). 

Le nez est expressif, dominé par le Muscat (rose, pêche, melon), avec une touche fermentaire et quelques notes grillées/épicées. 

La bouche allie rondeur et tension, avec une matière fraîche, pulpeuse, gourmande, d'une grande digestibilité pour un vin du  Languedoc-sud. 

La finale est tonique, fruitée et épicée, soulignée par une légère acidité volatile – façon colle Scotch®) seul indice du caractère nature  de ce vin (sans sulfites ajoutés, donc). Mais franchement, ce n'est pas dérangeant à moins d'y être hypersensible. 

Les hypersensibles du soufre, eux, y trouveront leur bonheur. Car autant les vins rouges nature sont légion, autant les blancs se font plus rares.

Ce vin par sa souplesse et son fruit s'adaptera à pas mal de plats, même s'il les préférera épicés ... ou affinés si l'on parle de fromages. Je ne vous garantis pas l'absence de migraine si vous vous buvez la bouteille. Ce vin est sans sulfite, mais pas sans alcool (qui déshydrate... et provoque les maux de crâne).


mardi 20 février 2018

Planquette 2015 : très prometteur


Cela faisait un petit bout de temps que je n'avais pas goûté de vin de l'ex-Château Planquette. Ex, car lorsque une cuvée est en vin de France, il est interdit d'utiliser le terme Château, tout comme Clos ou Domaine. C'est pas pour faire vieux combattant, mais je connais les vins du domaine depuis 2004. J'avais fait la connaissance de Didier Michaud via la mailing-list Iacchos (ça dira peut-être quelque chose à quelques lecteurs.). J'avais fini par le rencontrer en août 2007. Mon "reportage" est visible ICI

Comme il était emm... quasiment à chaque agrément, il a fini par ne plus du tout revendiquer l'appellation Médoc. Comme cela ne change rien pour ses fidèles clients et qu'il n'a pas des dizaines de milliers de bouteilles à écouler, celui lui facilite au final plutôt la vie. Même si c'est toujours rageant lorsqu'on produit un vin de terroir de ne pas pouvoir revendiquer la terre où il est né. 

Ça l'est particulièrement pour ce 2015 qui mériterait vraiment qu'il soit écrit sut l'étiquette MÉDOC et encore en plus gros "Grand vin de Bordeaux". Car c'est pour moi une grande réussite !

La robe est pourpre sombre, presque opaque.

Le nez est intense, sur la crème de fruits noirs, l'encens, et des notes nobles d'élevage : épices douces, tabac, pain grillé, très (très!) légère vanille.

La bouche est ronde, sphérique, envahissant le palais d'une très belle matière dense et veloutée, profonde. Il y a un côté force tranquille dans ce vin, faisant forcément penser à son géniteur: il va de l'avant, vous emmenant beaucoup plus loin que ce que vous aviez imaginé, mais sans jamais en faire trop, en rajouter. 

La finale dévoile une mâche puissante bien mûre, gourmande. Les fruits noirs règnent en maître, souligné par du cacao et une pointe de menthol. Cela se prolonge longuement, tout en douceur, avec des épices grillés qui persistent agréablement.

Difficile de croire que ce vin ne contient que 2 mg/l de soufre, tant il est parfait œnologiquement. Assurément un très beau Médoc, qui est accessible dès aujourd'hui, mais qui devrait donner ce qu'il a de meilleur dans une dizaine d'années.

En cliquant ICI, vous pourrez le faire transiter dans votre cave ! 


lundi 19 février 2018

Avis d'blanc frais ; vivifiant !


Un vent vivifiant en provenance de Fitou vient d'entrer avec fracas dans notre entrepôt. Afin de limiter les courants d'air, nous l'avons mis en bouteilles. Nom de code : Avis d'blanc frais. Il s'est miraculeusement liquéfié Maintenant qu'il s'est stabilisé, nous pouvons vous en céder quelques flacons. Mais attention, une fois la bouteille ouverte, le contenu risque de vite s'envoler !.... *

La robe est jaune pâle aux reflets argentés. 

Le nez évoque le zeste de citron, la pierre chauffée au soleil, la craie mouillée, les embruns. La bouche est vive, élancée, avec une matière pure, fraîche, désaltérante, entre eau citronnée et jus de caillou. Un léger perlant intensifie encore ces sensations.

La finale allie fine amertume et noble astringence, avec l'impression de mordre (gentiment) une écorce de pomelo jaune, mais aussi une craie blanche. Cela se prolonge sur des notes salines/citronnées très sympa.

* bon, bien sûr, cette histoire était du vent... Ce vin a été produit pas les jeunes vignes du Mas des Caprices. C'est un assemblage 50 % Maccabeu, 50 % Grenache blanc




jeudi 15 février 2018

Banc d'essai des vins de négoce Ganevat


Autant les blanc ouillés du Domaine Ganevat se vendent en quelques jours sans avoir besoin d'en vanter les mérites, autant ses rouges issus du négoce nécessitent un certain accompagnement.  Il faut dire que ce n'est pas simple de s'y retrouver : il faut dire que les cuvées sont nombreuses, les étiquettes pas forcément attirantes. Et surtout, on ne sait pas trop ce que l'on va acheter...  D'autant que de millésime en millésime, les assemblages et les origines varient. 

D'où la nécessité de ce billet pour faire le point sur les différentes cuvées. Elle permettra à chacun de trouver celle(s) qui est (sont) le plus à son goût. 

Il est à noter qu'elles contenaient toutes au départ du gaz carbonique. Elles ont été agitées dans les règles. Au bout de 5 X 30 secondes en deux heures d'intervalle, le problème était réglé.  Elles ont été bu à 15-16 °C. 



Poulprix (19.00 €)

Assemblage  Gamay, Poulsard et Savagnin

La robe est très claire, entre le vermillon et la fraise écrasée.

Le nez est fin, avec dans un premier temps des notes très "allumette/sésame grillé" évoquant certains blancs bourguignon (ou les Graviers de Tissot), pour revenir à l'aération à un nez plus fruité/fumé/carbo. 

La bouche est ronde, très ample, déployant une matière délicate et fraîche, au fruit très pur. Une caresse en bouche. 

La finale est légèrement mâchue, avec un retour des notes fumées, complétées par des épices, persistant sur le salin.  




Trousseau provenant des Corvées sous Curon à Arbois

La robe est grenat translucide.

Le nez est très joli, dans un style pinotant, avec de la cerise, de la framboise, de la rose, quelques grains de poivre blanc et une pincée d'épices douces. 

La bouche est élancée, avec une matière soyeuse, sensuelle, faussement légère,  étirée par une fine acidité, sur une aromatique mêlant les fruits rouges, le cuir et les épices.

La finale est nette, tonique, rafraîchissante, sur la griotte, l'orange sanguine et (encore) des épices.  



De toute beauté (21.50 €)

Gamay et Pinot noir 

La robe est rubis translucide. 

Le nez est d'abord bien réduit. Il s'ouvre ensuite sur des notes fumées/florales/viandeuses/poivrées. 

La bouche est ronde, ample, avec une matière veloutée, charnue, au fruit frais et expressif. L'ensemble dégage une belle pureté. 

La finale a une mâche plus prononcée que les deux vins précédents, mais qui reste gourmande, sur de des notes de cerise fraîche finement épicée. 



J'en veux encore (19.90 €)

Gamay du Beaujolais assemblé avec du Poulsard jurassien
 et vieux cépages jurassiens (Béclan, Enfariné, Geuche,...)

La robe est entre le rubis et le grenat, bien translucide. 

Le nez est aérien, sur des notes de pivoine, de fruits rouges et de lard fumé. 

La bouche est élancée, tonique, avec une matière qui se cherche encore, entre souplesse et fermeté. Le fruit et la fraîcheur, eux, sont bien en place, avec la gourmandise qui avec. 

La finale est tonique, rafraîchissante : un hymne à la griotte ! En arrière-plan, on ressent toujours une matière chaotique, pas encore en place. Patience... 




Assemblage Pinot, Poulsard et Trousseau

La robe translucide est entre le grenat et le rubis. 

Le nez fait "carbo nature" (ça en ravira certains, moins d'autres) sans que ce soit trop marqué ou dérangeant.

La bouche ronde éclate de fraîcheur, avec une matière souple, fruitée, gagnant progressivement en densité. On est vraiment dans le vin "glouglou". 

La finale affiche des tannins crayeux, légèrement astringent, mais c'est la griotte qui finit par prendre le dessus.   



Le jaja du Ben (15.90 €)

Vieilles vignes de Gamay, avec quelques hybrides ça et là, abandonnées depuis 10 ans. 
L'assemblage contient également du Poulsard et une douzaine de vieux cépages jurassiens.

La robe est rubis translucide. 

Le nez évoque le noyau de cerise, le cuir et la fumée. 

La bouche est ronde, pleine, avec une chair dense et savoureuse, pétant le fruit – cerise à donf ! Il s'en dégage une fraîcheur jouissive qui vous donne envie d'hurler votre bonheur au monde entier (ben voilà, c'est fait). 

La finale légèrement mâchue dévoile de nobles amers qui évoquent la merise (cerise sauvage). Et encore cette fraîcheur ultra-fruitée des plus irrésistibles. Dieu sait que l'étiquette est moche, mais le contenu, lui, est très chouette. 



Y' a bon the canon (16.90 €)

Assemblage de Gamay, Mondeuse et vieux cépages jurassiens

La robe est grenat très sombre, tranchant avec les vins précédents. 

Le nez aussi, diffère totalement : on est sur le fruit noir rafraîchi par des notes résineuses/camphrées. C'est assez captivant, pour tout dire. On dirait un extrait concentré de Chianti Classico. 

La bouche est ronde, tonique, avec une matière dense, intense, puissante, encore un peu brute de décoffrage. Mais elle délivre un fruit (bigarreau?) d'une telle expressivité qu'on lui pardonne à peu près tout. On va dire que c'est un rugbyman en dessous sexy ;-)

La finale a une mâche un brin rustique, mais on lui pardonne, à elle aussi. Car là encore, le fruit est de toute beauté, souligné par quelques épices et une pointe mentholée. 

Gasparou : Bordeaux à l'ancienne ?


Ce vin ne porte pas le nom de Jeff Carrel sur l'étiquette. Mais c'est tout de même l'eclectic winemaker qui l'a enfanté, comme tous les autres vins du Domaine de Saint-Roch. On est proche de Carcassonne, entre Cabardès et Limoux. Un climat plutôt frais pour le Languedoc, ce qui explique pourquoi les cépages bourguignons (Pinot noir, Chardonnay) et "atlantiques" (Cabernets, Merlot, Malbec). On retrouve surtout ces derniers en assemblage, que ce soit à Cabardès ou à Malepère. Cette cuvée Gasparou offre l'intérêt de découvrir le Cabernet franc en solo. 

Les vignes sont plantées sur un coteau graveleux (socle argilo-calcaire) orienté sud/sud-est, ce qui est idéal pour ce cépage. L'élevage de 14 mois en barriques est plutôt long pour un "petit vin". Cela peut en partie explique son côté "patiné" alors qu'il a été mis en bouteille en fin de printemps 2016. 

La robe est grenat translucide, aux reflets légèrement tuilés. 

Le nez est fin, plutôt complexe pour un "petit vin", sur le cassis (fruit et bourgeon), la framboise, le cigare, le poivre, avec une pointe fumée/grillée. Cela rappelle certains Bordeaux Sup' à l'ancienne avec quelques années de bouteille (sans le poivron vert, toutefois...). 

La bouche est élancée, avec une matière soyeuse et fraîche, à l'aromatique mêlant le fruité confit aux notes tertiaires (tabac, sous-bois). Une fine acidité très Cab' étire l'ensemble. 

La finale dévoile des tannins bien mûrs, avec des épices grillées qui s'amplifient, seulement rafraîchies par une acidité ligérienne. 

Bref, on a vraiment l'impression de boire un Bordeaux comme il ne s'en fait plus souvent aujourd'hui (ils sont plus concentrés, plus veloutés, avec un fruit plus "noir"). Le concept devrait plaire à certains, en faire fuir d'autres. Tout dépend de votre background en la matière ;-)

En tout cas, à 6.50 € la bouteille, le risque vaut le coup (ou coût?) d'être pris. 


mercredi 14 février 2018

Strangers in the site




Nous continuons à tester de nouveaux vins étrangers avec des bonheurs plus ou moins grands. Les trois vins du jour sont produits par des pionniers du bio dans leurs régions respectives : Greg Powers dans l'état de Washington et Paul Boutinot en Afrique du Sud. 

Celilo Falls est une série de cascades au long de la Columbia river. Ce fleuve sépare les états de l'Oregon et de Washington. Le Riesling provient du nord de la rivière (et a donc l'appellation Columbia valley) tandis que le Pinot noir provient du sud (d'où l'appellation Oregon). Dans les deux cas, nous sommes sur des sols basaltiques, la région étant l'une des plus volcaniques des USA (dernière éruption en Oregon en 1980, 21 éruptions entre 1843 et 1860... et pas mal d'autres les 2000 dernières années). 



La robe est jaune pâle, brillante. 

Le nez est bien expressif, sur la pêche au sirop, l'ananas et la fleur d'oranger.

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière bien mûre, charnue/charnelle, au toucher moelleux, soulignée – et équilibrée – par une noble amertume. 

Cette dernière se renforce en finale et apporte une belle allonge, contrebalançant les 6.5 g/l de sucres résiduels. Le tout se prolonge sur de fines notes salines.

Il devrait plaire à ceux qui aiment l'aromatique exotique du Riesling tout en craignant son acidité vive. Ce vin a de la tension, mais vraiment rien d'agressif. 



La robe est grenat sombre, mais bien translucide. 

Le nez, après 30 mn d'aération, est fin, profond, mêlant les notes de cerise rouge, de quetsche,  de fumée, de tabac blond et de terre humide. 

La bouche est ronde, sphérique, avec une matière soyeuse – nettement plus dense qu'elle n'y paraît –  qui vous tapisse sensuellement le palais. Il y a une juste tension, sans que jamais l'acidité ne passe au premier plan. Il est difficile d'imaginer que ce vin puisse être américain tant il est est loin des clichés véhiculés. L'équilibre est superbe, n'ayant rien à envier à nombre de vins bourguignons. 

La finale ne gâte rien : nette, fraîche, avec une fine mâche fruitée/épicée, se prolongeant sur un mix griotte/tabac/tubéreuse/terre fraîchement remuée qui vous ramène en Côte d'Or. Très beau.

PS : ces appréciations ont été faites sur un vin ouvert depuis deux heures à 15-16°C. Au bout de 48 h d'ouverture et à température plus élevée, il devient plus exubérant, à la limite de l'entêtant. 



La robe est rubis sombre translucide.

Le nez est des plus expressif, sur les fruits noirs, le lard fumé, le poivre et un pétale de violette.

La bouche est ronde, fraîche, fruitée, avec une chair dense et veloutée et le poivre qui monte progressivement en puissance. 

Celui-ci dispute la vedette au lard fumé et aux épices dans une finale franche, à la mâche gourmande, savoureuse, pas prise de tête. La Syrah comme on aime. 




mardi 13 février 2018

Montis régalis : changement de paradigme


Du problème du suivi des références lorsqu'on n'en a un peu plus de 1800... Il y a peu, un client s'est plaint de la cuvée Montis Régalis car elle était franchement oxydée. Volontairement ou involonairement ? Renseignement pris, c'est volontaire de la part de Dominique Andiran. Encore eût-il fallu que nous le sussions... 

Désormais, il existe trois cuvée "oxydatives" chez ce producteur 

- par le soleil (Montis Regalis) : cuve entreposée dehors exposée au chaud et au froid.

- par l'air (Ruminant) : élevage sans l'abri du voile façon oloroso ou Rivesaltes ambré

- sous voile (Pissenlit)  : comme un fino ou un vin jaune

Effectivement, après dégustation, c'est bien oxydatif. Mais juste ce qu'il faut. Une belle initiation à ceux qui veulent faire une première approche de ce genre de vin (penser à le servir à 15 °C).

La robe est entre l'or et le cuivre, légèrement trouble.

Le nez plutôt riche évoque la pomme tapée, le miel de châtaignier, les épices douces.

La bouche est ronde, douce, enveloppante, avec une matière mûre et moelleuse, légèrement douce (quelques sucres résiduels ?). L'équilibre est bien là à condition de le boire à bonne température.

La finale dévoile une mâche savoureuse, épicée, avec un goût de pomme rôtie au beurre légèrement caramélisée. Une légère acidité sous-jacente évite toute lourdeur. Cela se prolonge sur des notes de vieux calva.

Pour le prix (9.90 €), y a rien à dire, pour peu que l'on apprécie le style oxydatif.


lundi 12 février 2018

Porte Saint-Jean : 2015, millésime de la maturité ?


Il y a comme souvent un double-sens dans le titre de mon billet. La maturité fait allusion à la fois au millésime – qui n'en manque pas – et au vigneron : l'on dit parfois que l'album de tel chanteur est celui de la maturité. Eh bien l'on peut dire que 2015 marque une nouvelle étape pour Sylvain Dittière dans la précision et la maîtrise des vinifications. Et ce n'est pas les 2016 et les 2017 bus sur fûts qui vont me démentir : on est vraiment sur de très jolis vins !


Deux jours après leur arrivée, nous avons ouvert une Perlée et un Cormiers 2015. Nous en avons profité pour déboucher un Saut Mignon 2014 pour voir ce qu'il était devenu (il nous en reste encore quelques caisses). Après une phase un peu difficile il y a 5-6 mois – on pourrait même dire ingrate –  il s'est sacrément ouvert et devient juste superbe... Comme quoi. 


La Perlée 2015 (24.90 €)

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est fin, sur la poire, la fleur de tilleul, avec une pointe de coing et une touche de craie humide. 

La bouche est élancée, avec une acidité-laser qui trace loin, enrobée par une matière ronde, douce, charnue, apaisée. Un vin à la fois tonique et très zen. L'aromatique est pour l'instant en retrait, laissant place au minéral (jus de caillou). Dans 4-5 ans, le vin devrait se montrer beaucoup plus bavard. 

La finale est nette, finement mâchue, avec un retour sur les fruits blancs, une petite touche miellée, et le minéral qui reprend le dessus. Et l'acidité qui poursuit sa route sans violence... 


Le Saut Mignon 2014 (22.90 €)

La robe est plus intense, bien dorée.

Le nez gagne aussi en intensité, sur la rose, le cassis, la pomme rôtie au beurre, la pierre chauffée au soleil... 

La bouche est de grande ampleur, jouant autant sur la longueur que la largeur, avec une matière dense, affirmée, moelleuse/minérale, gourmande/sérieuse. 

La finale est expressive, avec une mâche généreuse, du cassis, de la craie, de la rose,  du beurre fumé... et que du bonheur !

PS : le lendemain, il est encore meilleur. Ne pas hésiter à bien l'aérer. 


Les Cormiers 2015 (28.90 €)

La robe est grenat sombre translucide. 

Le  nez est expressif, sur les fruits rouges et noirs (framboise, cassis), le poivre, le tabac. 

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une matière fine et élégante qui vous envahit le palais.  L'ensemble est tendu comme un cabernet médocain, avec une fraîcheur des plus ligériennes. 

La finale dévoile une mâche finement crayeuse, où se mêlent le cassis, le tabac hollandais et les épices douces. Malgré la mise récente, c'est déjà gourmand, et promet de gagner en classe dans les dix ans qui viennent. 

PS : j'ai fait goûter la bouteille inachevée deux jours plus tard à des amis dégustateurs : ils ont adoré. Le lendemain, il parait qu'elle était toujours aussi bonne. 

vendredi 9 février 2018

Deux nouvelles cuvées nature signées Meyer


Après le Comte goûte et le Chemin des salines, voici deux nouvelles cuvées "négoce" de Mireille et Patrick Meyer. Pour que l'expérience soit totale, nous vous conseillons d'ouvrir les deux en même temps, car elles sont très complémentaires. Dans un premier temps, il faut boire Miso Paradis, car elle est abordable dès l'ouverture. Si elle était de la gente féminine, on dirait que c'est une fille facile (sans qu'elle soit vulgaire, hein). Par contre, il faut en profiter rapidement, car elle passe au bout de quelques heures du mauvais côté de la force – pour mon palais très "classique", en tout cas. À l'inverse, Gamay on the Rock 2016  n'est pas des plus aimables au départ. Marquée par la réduction, elle a un nez pas très avenant et une bouche austère. Et puis miracle : sans même avoir besoin de la passer en carafe – un épaulage suffit – elle change du tout au tout en l'espace de 3-4 heures. Elle devient alors super gourmande alors que ça paraissait inimaginable. Du miracle des vins vivants...


Miso Paradis 2016 (11.20 €)

Raisins issus de vignes en bio de David Caer et Julien Peyras sur les terroirs d'Aspiran (34). Syrah , mourvèdre , vignes de 10 ans à 15 ans , argilo-calcaire et galets roulés à base de quartz pour les deux cépages. Vinifié par Axel Prüfer du temps des cerises. Le vin est remonté en Alsace en fin de fermentation en octobre 2016, élevé 11 mois en cuve et mis en bouteilles en septembre 2017. Zéro intrants.

La robe est grenat bien translucide. 

Le nez est fin, frais, sur la cerise et la pivoine, avec une pointe épicée/fumée.  

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une fraîcheur cristalline. Seul le fruit expressif et pur vous rappelle que vous buvez bien un vin rouge. 

La finale possède une légère mâche, sur des notes et épicées et acidulées. Un vin des plus rafraîchissants.  




Gamay d'Auvergne   de Vincent Marie  , No Control, vendangé en septembre 2016 et les raisins sont remontés en caisses  le jour même en Alsace. Terroir sable granitique , vieille roche volcanique, vieilles vignes 60 ans. Zéro intrants mis en bouteilles en septembre 2017

La robe est rubis translucide, mais trouble. 

Le nez, réduit au départ, demande un peu d'aération (épauler et attendre 2 h). Il délivre alors des senteurs de  griotte, de rose fanée, de  cuir et de poivre blanc. 

La bouche est ronde, pulpeuse, fruitée, pleine de fraîcheur, avec une matière à la fois charnelle et digeste. 

La finale dévoile une fine mâche canaille, exaltant le fruit fraîchement cueilli :on a l'impression d'avoir croqué dans une griotte !  Ça se poursuit sur le noyau et les épices de Noël : très sympa !

mercredi 7 février 2018

Ni dieu ni maître ni sulfite ... ni défauts


Il y a quelques mois, il avait été question de Ni dieu ni maître ni sulfite dans l'émission On va déguster sur France inter (où un THE boulanger des Corbières, Roland Feuillas avait été invité). S'en était suivi une avalanche de commandes des plus impressionnantes (comme nous l'avions eu précédemment avec les Petits dragons, vantés dans la même émission). Si je pouvais me réjouir de des ventes inattendues, je n'étais pas plus tranquille que ça, car le millésime 2015 de cette cuvée était vraiment à réserver aux "initiés" du vin nature (il y avait du gaz, une volatile assez marquée). Même s'ils n'ont pas été très nombreux, nous avons eu quelques clients qui ont râlé... 

Avec ce millésime 2016, je pense que nous n'aurions eu aucun retour, car il est vraiment nickel. Pas besoin de secouer la bouteille ni d'aérer : le nez est avenant dès l'ouverture. Si je devais le définir, il a un "goût d'autrefois" : on a l'impression de remonter à une époque où la simplicité était de mise, sans la moindre retouche "esthétique". Brut de cuve, quoi. 

La robe est pourpre sombre à peine translucide.

Le nez est expressif, sur les fruits noirs bien mûrs (cerise, myrtille) et les épices. Une pointe de cuir, aussi.

La bouche est ronde, souple, avec une matière juteuse, fruitée, fraîche et juste ce qu'il faut de tension. On sent un très léger gaz carbonique, mais on est dans la limite du supportable.

La finale a une mâche (agréablement) rustique dans un style canaille, avec un fruit frais éclatant et la joie de vivre d'Alban qui transparaît dans le vin. Vraiment sympa !


lundi 5 février 2018

Facebook : le geste qui sauve



Facebook est devenu au fil du temps la première source de visiteurs de notre blog. Cela pourrait ne pas durer : en effet, l'algorithme est en cours de modification. Il privilégierait les contenus envoyés par vos proches aux profits des pages "pro" comme les nôtres. Si vous n'avez plus de nouvelles de Vins étonnants, ce n'est pas parce que nous n'en donnons plus, mais que FB nous a éliminé de votre timeline

Si vous voulez continuer à nous suivre, il y a une solution simple. Vous allez sur la page Vins étonnants. Vous positionnez le curseur de la souris sur Déjà abonné(e). Et vous cochez Voir en premier. Et puis c'est tout !

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vendredi 2 février 2018

Reder, le retour !


J'ai écrit Reder dans le titre, car c'est moins long que Hautes Terres de Comberousse. Reder, c'est le nom de la famille qui a créé le domaine dans les années 80 et continue aujourd'hui à le faire vivre (et signe d'un grand R ses étiquettes). Les différentes cuvées font partie de l'ADN de Vins étonnants, nous rappelant que nous étions spécialisés dans les vins atypiques. 

L'année dernière, les vins avaient très mal supporté leur mise en bouteille: on n'était plus dans l'atypique, mais dans le dérangeant. Nous avions alors préféré ne pas les commercialiser. 

Sur ces deux nouveaux millésimes, on retourne à la "normale". Enfin, façon de parler, car comme je l'écrivais plus haut, ces vins ne ressemblent à aucune autre production de la région, si ce n'est peut-être certains vins blancs oxydatifs tradtionnels du Roussillon. 

Les deux cuvées gagnent plutôt à ne pas être bus trop fraîches. Plutôt entre 12 et 14 °C.




Sauvagine 2015 (8.50 €)

(75 % Grenache, 25 % Rolle)

La robe est d'un or intense tirant vers l'orangé.

Le nez expressif fait un peu "oxydatif jurassien", sur des notes de croûtes de comté, de céleri branche, de noix et d'épices.

La bouche est ronde, ample, avec une fraîcheur limpide, évidente, qui vous envahit le palais. La chair veloutée est dense pour un vin blanc, avec toujours ces notes oxydatives/épicées.

La finale a une accroche crayeuse/canaille mêlant les nobles amers à l'astringence. Cela se prolonge en finesse sur des notes d'épices et de noix grillée.





Roucaillat 2014 (11.95 €)

(1/6 de Grenache blanc, 2/6 de Rolle, 3/6 de Roussanne)

La robe est dorée, moins intense que le précédent.

Le nez est plus fin, élégant, même, sur la noix confite, la noisette grillée et des notes de curry.

La bouche est plus élancée mais pas moins ample, avec une matière plus ronde, douce, presque moelleuse. Le vin dégage une classe assez indéfinissable.

La finale dévoile une fine mâche savoureuse, réjouissante, dominée par les épices et la liqueur de noix. C'est vraiment très bon, du moment où l'on est aware. Dans quelques années, le vin devrait avoir gagné en complexité.

jeudi 1 février 2018

Petit Enclos : pas si petit que ça !


L'assemblage Duras-Prunelart est assez rare à Gaillac. Ce Petit Enclos des Roses montre que c'est un tort car les deux cépages sont complémentaires : le Duras amène de la tension, de la finesse et de la fraîcheur alors que le Prunelart fait plus dans le terrien/canaille – Sud-Ouest, quoi. Au final, on obtient un vin qui a la "gueule de l'endroit" tout en étant plus civilisé que pas mal de ses "collègues". Il devrait plaire tout autant à l'amateur pointu qu'à Monsieur (et Madame) Toulemonde, et s'adapter à nombre de plats, du moment que ce n'est pas vegan (quoi qu'un cassoulet au tofu, ça doit pouvoir le faire... ). Tout ça pour 9 €. Où va le monde ?... 

La robe est pourpre sombre violacée, limite opaque. 

Le nez, d'abord réduit, est frais, fruité, profond, sur les baies noires sauvages (sureau, prunelle), le poivre et le sang (del païs ?).

La bouche est à la fois ronde et élancée, avec une fine tension  – qui vous hameçonne dès l'attaque – et une matière hésitant entre soie et velours, très fraîche aromatiquement, exprimant un fruit éclatant. L'ensemble allie gourmandise et digestibilité, tout en ayant du fond. 

La finale est finement mâchue, avec un retour des fruits noirs soulignés par des notes salines/ferreuses. Cela se prolonge avec bonheur, sans aucune dureté, et toujours cette tension qui ne cesse de tracer... Miam !