mardi 31 octobre 2017

Sainte-Marie Extra Brut : à l'assaut de la Côte des Blancs !


Après Eclipse et Bulles d'argile, Jean-Louis Denois réussit à monter encore d'un cran qualitatif avec cette Sainte-Marie 2014. Jusqu'à maintenant, le vigneron n'avait jamais franchi la barre fatidique des 20 €, se situant tarifairement au niveau de champagnes bon marché. Cette fois-ci, il frôle les 30 €, atteignant le prix de certaines cuvées de Laherte ou de Françoise Bedel. On se dit qu'il doit être sûr de son coup pour oser mettre les pieds dans la "cour des grands". Une fois qu'on a goûté cette Sainte-Marie, on ne peut qu'admettre qu'elle vaut largement ce prix. Elle pourrait même faire de l'ombre à l'aveugle à des cuvées plus onéreuses de la Côte des Blancs.

Je n'ai pas précisé que cette cuvée est 100 % Chardonnay, provenant des plus vieilles vignes du secteur situées à 400 m d'altitude. L'élevage sur lattes (environ 30 mois)  n'est pas le plus long qu'ait pratiqué Jean-Louis Denois. Mais vu la complexité du vin et finesse des bulles,  il semble suffisant. Par contre, un vieillissement en bouteille de quelques années (3-5 ans) devrait en faire une véritable bombe.


La robe est dorée, avec des fines bulles éparses. 

Le nez est fin et profond, sur des notes de citron confit, de brioche chaude et de craie humide. Un peu de coing coing confit et de tarte Tatin, aussi.

La bouche est élancée, ultra-tendue, avec une superbe acidité qui trace au-delà même de la finale, une matière mûre, concentrée, séveuse, et des micro-bulles qui crépitent joyeusement. L'équilibre est vraiment TOP et n'a rien à envier à des crus de la Côte des Blancs.

La finale dévoile une intense mâche crayeuse qui réussit à être ronde et harmonieuse, mêlant la viennoiserie au lemon curd, et persistant longuement sur des notes salines/citronnées. Vraiment une très belle bulle qui ne peut qu'inspirer le respect !




lundi 30 octobre 2017

¡ Cargemento de bandidos !



Nous venons de recevoir notre commande annuelle de Barranco Oscuro (pour en savoir plus sur ce domaine hors norme, ça se passe ICI). Nous avons complété avec la production de voisins et amis qui sont dans la même démarche (bio et sans sulfites ajoutés). Il y a le retour du Purulio que vous aviez plébiscité l'année dernière, et quelques nouveautés. Voici un premier aperçu. On est clairement dans le "vin qui sort de l'ordinaire", mais en même temps, on n'est pas dans le "super barré". Il n'y a pas forcément besoin d'avoir une longue expérience en "vins nature" pour les apprécier... 





(100 % Vigierega)


La robe est jaune pâle, trouble.

Le nez est entre la bière blanche, le sirop d'orgeat et l'écorce d'agrume. 

La bouche est élancée, avec une matière ample et aérienne, très caressante, presque irréelle (ça fait penser à certains vins de Meyer). L'équilibre est vraiment top, d'une grande digestibilité.

La finale est plus terrienne, avec de la niaque apportée par le trio amertume/astringence/acidité, sur des notes d'agrume et de froment. Mais ça reste élégant, et assez jouissif, à condition d'être un minimum aware.





(Sauvignon Blanc, Macabeo, Palomino, Chardonnay, Viognier, 
Albariño, Torrontés, Moscatel de Alejandría et Jerezana)


La robe est entre l'or et le cuivre.

Le nez est intense, sur des notes de pêche et d'abricots séchés, avec une touche résineuse.

La bouche est tendue, enrobée d'une matière riche, mûre et concentrée, d'une grande puissance aromatique, mais en même temps très douce. Câline, même.

La finale est puissante, séveuse, tonique, avec toujours ces saveurs de fruits jaunes séchés, mais aussi de miel de châtaignier et de garrigue. Et une fine acidité qui prolonge le tout. Une belle expérience. 




(Tempranillo, Grenache, Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon)



La robe est grenat sombre translucide.


Le nez est fin, pénétrant, sur des notes de fruits noirs confits, de cuir et de garrigue.

La bouche est ronde, très ample, avec une matière soyeuse qui prend progressivement de la densité. Il y a une tension (fraîche) qui démarre dès l'attaque et ne vous lâche plus jusqu'à la fin.  Et même après.

La finale dévoile une mâche sans dureté, sur les fruits compotés et épicés, mais surtout une aromatique résineuse/balsamique plus italienne qu'espagnole qui apporte de la niaque et de la fraîcheur.



(100 % Mourvèdre)


La robe est grenat sombre évolué.

Le nez est surprenant, sur des notes de rancio (noix et figues sèches) et d'épices douces.

La bouche est ample, plutôt tendue, avec une matière étonnamment moelleuse, confortable, sans une once de lourdeur.

La finale est mâchue, sur des notes de fruits secs, de café et d'épices (ça fait Banyuls sec).





(100 % Mourvèdre)


La robe est beaucoup plus évoluée.

Le nez est complexe, sur des notes de fruits compotés, de cuir, d'épices.

La bouche est plus ample, avec une matière soyeuse, douce, mais pas dénuée de fond.

La finale est pointue, concentrée, avec une aromatique "rancio" et d'écorce d'orange.




(100 % Syrah)

La robe est grenat translucide.

Le nez est d'abord  terriblement réduit (carafage indispensable), puis après aération, dévoile des notes fumées, de fruits noirs mûrs, d'épices, avec une profondeur et une fraîcheur assez impressionnantes.

La bouche est ronde, ample, avec une matière fine, soyeuse, et une belle énergie. Il y a surtout un fruit expressif et une sacrée fraîcheur.

La finale est nette, fraîche, avec une mâche gourmande dont on ne lasse pas. Étonnant vin !

vendredi 27 octobre 2017

Cabernet Sauvignon : le choc des titans


Dans une vie antérieure, j'ai eu la chance de boire certainement les meilleurs Cabernet Sauvignon de la planète. J'ai en effet eu l'occasion de déguster à Margaux, Lafite et Latour des lots parcellaires avant qu'ils ne soient assemblés. Il en est résulté un amour immodéré pour ce cépage, même s'il gagne à vieillir 15-20 ans pour donner le meilleur de lui-même. 

Cela fait déjà plusieurs années que Jean-Louis Denois l'a traité en monocépage (son 2012 était magnifique). Sur le millésime 2014, il abandonne l'élevage en barrique pour des amphores en terre cuite afin de laisser s'exprimer le Cabernet Sauvignon dans toute sa pureté. C'est à mon avis des plus réussis. Et il offre dès aujourd'hui beaucoup de plaisir, même s'il sera probablement meilleur dans cinq ans. 

J'ai appris hier que le Clos de Gravillas avait tenté l'aventure suite à une discussion que nous avions eu il y a deux ans sur un salon. Je me souviens en effet leur avoir suggéré cela de mettre ce cépage en exergue... mais je ne pensais pas que Nicole et John allaient suivre mon conseil ;-)  Contrairement à Jean-Louis Denois, ils ont choisi un élevage en barrique. Cela se ressent un peu. Mais c'est du très joli bois, avec un grain des plus fins et un chauffage modéré. Néanmoins, je ne peux qu'inciter à patienter quelques années pour apprécier ce vin à son optimum. Nous avons affaire pour l'instant à un bébé dans ses langes. 

Il faut noter que les vins sont issus de deux millésimes différents. Il est probable que les profils des vins auraient été plus proches s'ils avaient été tous les deux de 2014 (ou de 2015). 





La robe est pourpre sombre, très atramentaire (on dirait de l'encre), avec de nombreuses larmes sur les parois du verre. 

Le nez est fin, aérien, mêlant subtilement la crème de cassis, l'eucalyptus et un boisé noble (pain grillé, léger moka, quasi imperceptible vanille).

La bouche est d'une belle ampleur, déployant avec une majesté nonchalante une matière veloutée – d'une impressionnante concentration  mais qui semble en lévitation dans le palais. L'ensemble est tendu par un fil invisible qui fait remarquablement le job, et exprime une grande fraîcheur malgré les 14 degrés affichés. 

La finale dévoile une mâche intense – mais non agressive –  sur la crème de fruits noirs (plus mûre/myrtille que cassis), le graphite et de fines notes grillées/épicées qui prolongent agréablement le tout. 





La robe est grenat très sombre, presque opaque.

Le nez est très fin, frais, sur les fruits noirs bien mûrs (cassis, myrtilles), une touche de framboise, de menthol (et de café) et surtout une captivante acidité volatile qui titille les narines. 

Une acidité que l'on retrouve dès l'attaque en bouche et qui ne vous lâche plus. Elle est enrobée d'une matière veloutée au toucher quasi magique : dense et impalpable à la fois, avec une grande profondeur. Si l'équilibre est parfait, il ne nuit  pas l'émotion.

La finale est intense sans être dure, avec toujours ces fruits noirs bien mûrs relevés d'épices. Elle est traversée de part en part par cette magnifique acidité qui poursuit sa route après même que les dernières gouttes soient avalées et finit par vous achever, vous transperçant le palais et l'âme. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait penser à l'Extase de Sainte-Thérèse du Bernin (l'acidité, c'est la flèche).







jeudi 26 octobre 2017

Sepp : la minéralité à portée de tous


Le nouveau millésime du Grüner Veltliner de Sepp Moser est arrivé chez nous hier matin. Comme le billet du lendemain devait être consacré à un vin blanc, je me suis dit "et pourquoi pas celui-là ?" J'ai été bien inspiré, car ce 2016 est sans nul doute le meilleur que l'on ait jamais eu depuis nous importons cette cuvée. Il était auparavant assez typé, avec des notes végétales (sauge) qui pouvaient déranger. Ici, rien de tout cela. On est vraiment sur l'archétype du vin "minéral" que recherchent pas mal d'amateurs. Je l'ai servi hier soir à 11 dégustateurs, et tous les retours ont été unanimes : c'est bon !

La robe est jaune très pâle, aux reflets argentés.

Le nez est fin, subtil, sur des notes de silex et de grillé coche-durien (en fait, certainement une légère réduction, mais ça fait moins rêver...). 

La bouche est élancée,  avec une matière limpide, d'une pureté et d'une fraîcheur éclatante, et une aromatique pierreuse/grillée sobre et efficace.

La finale est finement astringente – légère écorce de citron – puis un retour sur le minéral/crayeux, pour finir sur d'élégantes notes grillées.

Ne vous attendez pas à la bombe qui va changer votre vie. C'est au contraire sa finesse et sa digestibilité qui font plaisir à boire. Franchement, à 7.90 €, je ne connais pas beaucoup de vins français qui peuvent lui tenir tête... 



mercredi 25 octobre 2017

Larcin, vin universel


Vous le verrez prochainement avec le Bergecrac rouge 2016 (il nous reste encore un peu de 2015, plus "classique" ) : Vincent Alexis prend de plus en plus de liberté avec la tradition bergeracoise. Aspirant à plus de souplesse et de gourmandise, il pratique des extractions de plus en plus douces, quitte à écouler avant que la fermentation soit achevée. Pour cette cuvée Larcin, il a procédé différemment : il a d'abord fait une macération carbonique d’une dizaine de jours (grappes entières donc) puis a décuvé. Les raisins sont alors égrappés et foulés pour être remis en cuve et finir leur fermentation en macération classique mais sans extraction. Le vin est alors mis en fûts ou en demi muids (fûts de 600 l tous d’au moins 3 vins) pour environ 10 mois. Il est ensuite mis en bouteilles sans collage ni filtration et sans sulfitage. Le résultat est vraiment étonnant, ne ressemblant plus du tout à un Bergerac (ce qui ne l'a pas empêché d'avoir l'appellation) ... ni à une autre appellation connue. Il ressemble à Larcin, et puis voilà. Cela suffit pour se régaler !

La robe est pourpre sombre, presque opaque. 

Le nez est au départ plutôt discret, sur le cassis, la cerise noire, le poivre, avec une pointe de "bonbon anglais". En s'aérant, il gagne en expressivité sur des notes de de fruits noirs bien mûrs.

La bouche est ronde, enveloppante, avec une matière charmeuse, veloutée, profonde, et une fraîcheur fruitée et communicative. D'un côté, tu sens qu'il y a du monde dans le verre, de l'autre, c'est canaille au possible.

La finale a une mâche tonique, gourmande, sans dureté, mêlant le cassis au poivre et au menthol, se prolongeant longuement sur les épices et la confiture de cerise noire. Miam !

Sa puissance et sa douceur lui permettront toutes les audaces : il peut aussi bien être apprécié seul à l'apéro (avec du magret séché, par ex) qu'avec tout type de viande blanche ou rouge, un couscous, une pizza ou pas mal de fromages (tommes diverses, Saint-Nectaire), voire même un dessert au chocolat et à la cerise. Et il devrait plaire à tous : aux fans de vins "nature", à ceux qui normalement les détestent,  aux palais délicats comme aux  amateurs de vins brutaux. Son géniteur a finalement bien résumé la situation en le définissant comme un "déménageur en talons aiguilles" ;-)





mardi 24 octobre 2017

Solaire, comme son nom l'indique


Je vous ai un peu trop convaincu d'acheter de la cuvée A des Terres de ROA. Il ne nous en reste plus une seule. Et le domaine n'en a plus. Il nous a proposé à la place cette Cuvée Solaire.  On y retrouve le Chardonnay et le Tressalier, mais dans des proportions différentes : 80 % pour le premier, 20 % pour le second. On est sur un profil totalement différent (millésime ? maturité des raisins ? élevage?). Autant la cuvée A était fraîche et gourmande, autant celle-ci rayonne généreusement, vous apportant dans le verre le soleil qui nous manque depuis quelques jours...

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est bien mûr tout en restant fin, sur la pomme chaude, la poire séchée, la noisette grillée, et des notes de silex frappé.

La bouche est ronde, ample, bien enveloppante, avec une chair dense,  pulpeuse,  d'une générosité solaire (autant dans son aromatique que par l'énergie qu'il déploie).

La finale dévoile une fine mâche goûtue – très fruits blancs compotés/épicés – soulignée et prolongée par de nobles amers qui apportent de la niaque et évitent toute lourdeur.

On est donc loin du p'tit vin sympa à boire pour l'apéro. Il conviendra mieux à un poisson de rivière ou à une volaille, les deux accompagnés d'une sauce beurrée/crémée et quelques champignons.





lundi 23 octobre 2017

Pinot noir Carrel, vin fidèle


La visite d'un client a été l'occasion d'ouvrir une bouteille du dernier millésime du Pinot noir de Jeff Carrel. En effet, il  m'avait demandé ce que j'en pensais. "Je n'en sais rien. Nous l'avons reçu il y a peu. Mais on peut en goûter une maintenant." Ben oui,  on est comme ça, à Vins étonnants. Bon, il m'aurait posé la même question sur le Corton-Charlemagne de Chandon de Briailles, j'y aurais peut-être réfléchi à deux fois.... J'en ai donc ouvert une, et voilà ce que ça donnait en live...

La robe est rubis/vermillon bien translucide.

Le nez est très fin et aérien, sur la griotte (noyau inclus), la pivoine, le poivre blanc et le petrichor*.

La bouche est ronde, ample, fine, soyeuse, avec une matière aérienne presque impalpable et une grande fraîcheur aromatique. Un trait d'acidité arachnéen étire l'ensemble. 

La finale a une mâche gourmande, terrienne et fruitée, avec du noyau épicé et le retour de mon petrichor* adoré.

Bref, on est un vin léger, fruité, avec une étonnante fraîcheur pour un Languedoc (un ami vigneron qui l'a goûté ce week-end me disait qu'il l'aurait placé à l'aveugle en Jura). Il sera parfait pour un groupe de dégustation qui voudrait s'initier aux différents cépages français, avec l'avantage d'être bon marché : 7.90 €. 

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Petrichor : odeur particulière, habituellement agréable, que prend la terre après la pluie. Ce mot a été forgé en 1964 par deux géologues australiens, J. Bear and R. G. Thomas (Nature 993/2), qui dénomaient ainsi le liquide huileux qui coule de certaines roches pendant les périodes sèches, et qui, après la pluie, dégage une odeur agréable. Il a ensuite été généralisé par l'usage à l'odeur de la terre après la pluie. Il est formé à partir du grec petros, pierre et ichor, le sang des dieux dans la mythologie grecque (source)


vendredi 20 octobre 2017

Préparez-vous à l'hiver avec Antigel !


C'est probablement une cuvée que le Château Jonc blanc se serait probablement passé de commercialiser, en tout cas sous ce nom d'Antigel. Comme pas mal de domaines actuellement, Isabelle Carles et Franck Pascal avaient envisagé de monter une petite structure de négoce afin de compléter leur gamme de vins. Une cuve en cours de vinification chez un confrère – également en bio – leur avait fait de l'œil. Elle était bien partie pour devenir leur première "cuvée négoce". Et puis sont arrivées les terribles gelées d'avril 2017 qui ont mis à mal une bonne partie de la vendange future. Cet événement a précipité leur décision : cette cuve composée de Merlot et Cabernet Franc a donné naissance à Antigel. Une sorte de pied de nez au destin : il vaut mieux en effet prendre la chose avec humour plutôt que se lamenter.

Ce vin est né d'une solidarité entre vignerons. Vous pouvez à votre tour les soutenir tout en vous faisant plaisir avec ce vin bio, peu sulfité (38 mg/l de SO2 total) et qui se mariera avec un peu tout : charcuteries, pizza, boeuf, confit de canard, poulet rôti... Et il ne vous ruinera pas (7 €) .

La robe est rubis sombre translucide.

Le nez est fin et frais, sur la crème de cassis (ainsi qu'une pointe de bourgeon du même fruit) et le menthol. 

La bouche est ronde, souple, pleine de fruit, avec une belle fraîcheur aromatique et des tanins légèrement accrocheurs sans que ce soit désagréable.

La finale a une mâche évoquant bien le plateau calcaire de ses origines, avec un cassis bien présent et une prolongation sur les épices (dont le poivre) et la menthe. 


jeudi 19 octobre 2017

Vin de bougie : et votre regard s'éclaire !


Le millésime précédent du Pétillant rosé de François Pinon pouvait diviser les dégustateurs. Son acidité tranchante très mosellane enthousiasmait ou effrayait selon la sensibilité des palais. Ce Vin de bougie 2016 devrait faire le consensus, car il est beaucoup plus facile d'accès : l'acidité est plus discrète, le fruit plus présent, la tension moins inflexible. Tout pour plaire ! Pourquoi Vin de bougie ? Non, ce n'est pas un vin pour accompagner les gâteaux d'anniversaire. C'est un hommage appuyé aux bougies de chauffage qui ont sauvé la parcelle du gel. Sans elles, ce vin n'existerait pas. Merci les bougies !

La robe est rose framboise, avec des bulles fines et éparses. 

Le nez est fin, sur les petits fruits rouges, l'écorce d'orange et les épices. La bouche est ronde, fraîche, gourmande, avec une élégante tension et un fruit bien présent. Les bulles, au départ un peu envahissantes, se font ensuite plus discrètes, titillant agréablement les papilles. 

La finale de caractère mêle agréablement l'amertume et l'astringence,  avec les épices et l'écorce d'orange qui prennent le dessus sur le fruit et prolongent agréablement le vin. 


mercredi 18 octobre 2017

Arbouse : fidèle au poste !


Il y a une quinzaine d'année, je découvrais pour la première fois l'appellation Pic Saint-Loup. À l'époque, un arrêt au Mas Bruguière était quasi obligatoire (tout comme à l'Hortus qui fut l'étape suivante). Depuis, ce domaine est tombé un peu dans l'oubli dans un monde qui aspire toujours à la nouveauté. Mais il est encore bien là, avec maintenant une certification BIO (ce que n'aura jamais l'Hortus). L'Arbouse est la cuvée du domaine la plus accessible dès sa jeunesse. Ce 2015, même s'il pourra encore se complexifier dans les 5 ans qui viennent, sera déjà parfait avec de l'agneau ou un filet mignon agrémentés d'herbes aromatiques locales. 

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez, après une petite aération, est très subtil, limite évanescent, sur des notes de gelée de mûre, de violette, de ronce et de tabac, avec une touche de fumée et de cuir (vin non compatible végan, donc).

La bouche allie rondeur et tension, avec une matière soyeuse, fraîche, à l'aromatique fruitée / fumée / garrigue. Le tout est bien équilibré et des plus digestes. 

La finale a une fine mâche crayeuse assez intense. On y retrouve les notes perçues au nez soulignées et prolongées par du poivre et des épices. C'est bien bon, ma foi ! (14.00 €)




mardi 17 octobre 2017

Et quatre étrangers de plus !


Vous êtes de plus en plus nombreux à nous acheter des vins étrangers : nous sommes donc amenés à nous réapprovisionner très régulièrement. Et à chaque fois – que voulez-vous ? – nous craquons pour quelques références supplémentaires. Voici donc quatre nouveautés provenant de quatre pays des plus différents. Trois issues de cépages que nous connaissons, mais provenant de contrées "exotiques". Et puis une quatrième qui rend hommage au Grechetto, totalement inconnu chez nous... 




(Lazio IGT -  Italie - Domaine en BIO)

La robe est or pâle clair, brillante. Le nez est fin, frais, sur des notes d'agrume confit, de beurre frais et de craie  humide (on pourrait se croire à Chablis). La bouche est ronde, fraîche, minérale, d'une grande intensité gustative, avec une matière bien mûre, presque douce, mais parfaitement équilibrée. Y a du monde dans le verre.... La finale a une fine mâche sur le citron confit/beurré, avec de belles notes crayeuses/caillouteuses du plus bel effet, sans ostentation toutefois. 



(Marlborough, Nouvelle Zélande)

La robe est  jaune pâle, brillante. 

Le nez  est aérien mais intense, sur des notes d'abricot, d'ananas, de verveine et de terpènes d'agrume (et une pointe de "pétrole" aussi). 

La bouche est tendue par un fil invisible tout en ayant une bonne ampleur, une matière limpide, cristalline à l'aromatique invasive. 

La finale est finement mâchue, terpénique à souhait, avec une belle persistance sur l'écorce de pomelo et la verveine citronnelle. 



(Croatie)

La robe est grenat translucide. 

Le nez est très "Cab", sur le cassis (fruit frais et bourgeon), le menthol et le poivre. 

La bouche est ronde, fraîche, avec des tanins soyeux, glissants, et une tension qui évoque les schistes languedociens. 

La finale a une mâche gourmande, avec un fruit bien présent et ce goût de terre que l'on trouve souvent dans les pinots noirs. Le tout se prolonge sur des notes de cassis relevées par des épices toastés.  


Carignan Orzada 2012, Odfjell (19.50 €)

(Vallée de Maule, Chili - domaine en BIO - Vignes de 60 à 100 ans)

La robe est pourpre sombre, limite opaque. 

Le nez est expressif, complexe, sur la crème de cassis, le tabac hollandais, avec une pointe de menthol et d'eucalyptus. 

La bouche est élancée, avec une matière à la chair dense, veloutée, au fruit et à la fraîcheur intense. Il y a une profondeur et une classe qui vous rappelle de beaux crus médocains. 

La finale est puissante, énergique, avec toujours le cassis bien présent, et le menthol qui joue les prolongations, souligné par de fines notes toastées. 

Tout amateur de grands Bordeaux (et de Carignan) doit goûter ce vin !






lundi 16 octobre 2017

Ananto : attention, pépite !


Ananto fait partie d'une nouvelle série de vins espagnols sélectionnés par Jean-Louis Denois. Celui-ci provient de la méconnue appellation Utiel-Requena située à  l'ouest de Valence. Le cépage local est le Bobal dont j'avais apprécié certaines cuvées issues à 100 % de celui-ci. Il est ici assemblé avec du Tempranillo (35 %). Mais la spécificité du vignoble est d'être à 900 m d'altitude, engendrant des grandes amplitudes de températures entre le jour et la nuit. Le sol argileux est par ailleurs très riche en oxyde de fer. Et comme le domaine est en bio, il produit des vins reflétant bien ce terroir particulier. Pas étonnant donc que cette cuvée ait des choses à raconter...

La robe est grenat translucide.

Le nez est fin, sur des notes de bourgeon de cassis, de violette et d'épices.

La bouche est ronde, élégante, soyeuse, avec un fruit expressif sans être racoleur. C'est frais et gourmand, bien équilibré.

La finale est nette, fruitée, dominée par le cassis et des notes florales, avec toujours de la fraîcheur et de l'élégance. Just perfect !

Si nous vendions ce vin 10 €, je me contenterais de dire qu'il présente un bon rapport qualité/prix. Mais nous le vendons...  5.50 €. Donc, oui, on peut dire qu'à ce prix-là, c'est une pépite !


vendredi 13 octobre 2017

Champ des treilles : les fruits de la passion


Chaque week-end depuis plus de 15 ans, Corinne et Jean-Michel Comme font 250 km A/R pour aller de Pauillac – où ils vivent – à Margueron, où se trouve le Château du Champ des Treilles. Bon, château, c'est une façon de parler, comme souvent dans le Bordelais. On est plus proche de la ferme, même si elle a été bien rénovée. La propriété a été achetée par les grands-parents de Jean-Michel, immigrés italiens, dans les années 20. Lorsque ses propres parents sont partis à la retraite, le régisseur de Pontet-Canet aurait pu choisir de vendre la propriété. Mais c'était juste inenvisageable. Comme il l'explique sur le site du domaine ; "Le projet n'était pas seulement le mien mais aussi celui de mon épouse, Corinne et de mes enfants, Thomas et Laure. Sans cette cohésion entre nous quatre, rien n'aurait pu se faire. Il ne s’agissait pas de « reprendre un vignoble » mais plutôt de devenir un maillon d’une longue histoire. Au-delà de ces considérations, il fallait adapter le vignoble à sa nouvelle vie, c'est-à-dire produire du vin signé par nous pour une mise en bouteilles sur place. Nous n’avons jamais envisagé d’arracher le moindre vieux cep, par contre, il fallait planter quelques hectares supplémentaires, pour assurer une pérennité économique à notre projet tout en conservant un lien quasi parental avec chaque cep."



Pour une visite du domaine, voir ICI

C'est là-bas que les premiers essais en biodynamie ont été menés avant d'être appliqué au GCC de Pauillac. Là-bas aussi que Corinne Comme est devenue vigneronne, prenant progressivement le domaine en main, dirigeant les vendanges, assurant les vinifications. Cela lui permet aujourd'hui de conseiller de grands domaines en se basant sur son expérience de terrain.


Le printemps 2017 a été un désastre pour eux : la quasi totalité du vignoble a été touché par la gelée de fin avril. Les vendanges ont été maigres : une cuve de 10 hl de blanc, et puis c'est tout. Ils  ont préféré ne pas vendanger les rares grappes de rouges : cela n'aurait pas été rentable économiquement.

Nous venons de recevoir les 2016 en Vin Passion et Petit champ. Et le 2015 en Grand Vin. Il est probablement un peu tôt pour les déguster, mais le devoir d'information prime. Voyons voir ce que ça donne...



Vin Passion 2016  (8.00 €)

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est fin, frais, sur les fruits blancs (pomme, poire), le zeste de citron et la craie humide. 

La bouche est à la fois ronde et élancée, avec une matière fraîche, limpide, évidente, très "eau de roche". On en boirait des litres sans s'en lasser (mais bon, raisonnable tu seras). 

La finale dévoile une fine mâche salivante, entre pomme légèrement beurrée, pomelo et notes pierreuses. Votre bouche est nette, et prête à servir de nouveau. Ça tombe bien : nous passons au second vin....

(nota : ce vin devrait se complexifier avec le temps, le sémillon et la muscadelle mettant quelques années à s'exprimer. Ne buvez donc pas tout dans les 6 mois...)


Petit Champ 2016 (9.00 €)

La robe est pourpre sombre, à peine translucide. 

Le nez est étonnamment complexe pour un "petit vin" : cassis frais, baie de sureau, myrtille, poivre, épices douces, et une touche de pain grillé. 

La bouche est ronde, finement veloutée, avec de l'allant et une matière souple gagnant progressivement en densité. Le fruit est bien présent, avec une sensation de digestibilité. 

La finale est plus ferme, avec des tanins encore serrés qui demandent encore quelques mois plus s'assouplir (ou un plat un peu solide, genre confit). A revoir au printemps prochain. 


Grand vin 2015 (11.20 €)

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est très "grand vin de Bordeaux", avec des fruits noirs bien mûrs, la prune, les épices et des notes d'élevage distinguées.

La bouche est ample, élancée, enveloppant le palais d'une matière soyeuse, finement travaillée, avec de la tension et de la profondeur. On pourrait même dire de la race !

La finale est dans la directe prolongation, avec des tanins présents mais déjà bien fondus. Il y a de la niaque, une mâche crayeuse/saline et ces saveurs épicées/grillées provenant de l'élevage.

Ce vin peut déjà être apprécié maintenant ou être attendu 3, 5, 10 ans selon votre goût. 

jeudi 12 octobre 2017

Un sacré pet' nat' !


Lorsque la famille de Conti (Tour des Gendres) se lance dans les vins sans soufre, elle y met tout son savoir-faire. Certains d'entre vous ont déjà pu le constater avec la Vigne d'Albert. Cela se confirme avec ce Pet' Nat' qui est certainement l'un des meilleurs que j'ai jamais bus (hormis Musemé, tout de même, qui est le chef d'oeuvre du genre – on ne dirait pas un pet' Nat', d'ailleurs). Celui est 100 % Sauvignon, ce qui ne se devine pas à la dégustation. Il doit rester une vingtaine de grammes de sucre, ce qui évite une finale abrupte sans qu'on les sente vraiment. Aussi peut-on le boire aussi bien à l'apéro qu'au dessert (tarte aux pommes ou poires).

La robe est  jaune paille claire, avec un beau col de mousse blanche et de fines bulles éparses.

Le nez est gourmand, tout en subtilité, sur la poire Williams, la pomme tapée et une touche de craie humide.

La bouche est ronde, très ample, enveloppante même, avec une matière juteuse, charnue, parsemée de micro-bulles délicates et crépitantes. L'ensemble est harmonieux, joyeux... et méchamment addictif. 

La finale est finement crayeuse, légèrement douce, avec un retour sur la pomme et la poire, mais aussi un peu de gelée de coing. Le tout relevé par des épices de Noël. On a l'impression d'avoir mangé une tarte aux pommes parfumée avec ceux-ci !

Plus que recommandable : obligatoire (9.50 €) ! 


mercredi 11 octobre 2017

Extra Libre ... ou Extra Libre ?


Cela faisait deux mois que je rêvais de cette confrontation.  Nous avons reçu dans l'été le Cèdre Extra Libre 2015, mais le Château Extra Libre 2016 n'était pas encore disponible. Vu que je faisais des photos des uns et des autres avant et au cours de la dégustation, il était difficile de les boire à l'aveugle. Quelque part, je regrette, car je me demande si j'aurais deviné lequel était lequel, tant le résultat de ce duel est déstabilisant. On s'attendrait à plus de puissance et de concentration pour le plus huppé des deux ... et c'est l'inverse qui se produit ! 

En même temps, les frères Verhaege ne font que suivre une tendance qui se développe de plus en plus ces 2-3 dernières années, à l'opposé total des 15 précédentes (Parker est mort, ou presque...). Plus c'est cher, plus c'est fin (ce que l'on retrouve au Mas Becha, par exemple). 



La robe est pourpre violacée très sombre, presque opaque. 

Le nez est sexy (y a pas d'autres terme possible), sur la crème de fruits noirs (mûre, myrtille, cerise), le cacao et la violette. 

La bouche est ronde, veloutée, avec une matière à la chair dense, profonde, intensément fruitée, une tension élégante, et des tanins d'une précision millimétrique.

La finale dévoile une mâche concentrée, puissante, mais parfaitement mûre, toujours sur les fruits noirs et le cacao, prolongée par moultes épices douces. Superbe. 



La robe est dans les mêmes tons, mais un peu plus trouble, ce qui la rend totalement opaque.

Le nez fait plus "vin naturel", avec une acidité volatile qui a tendance à piquer la vedette aux fruits noirs. En même temps, d'aucuns trouveront que ça lui apporte de la fraîcheur et de la finesse.

La bouche est nettement plus élancée, plus tonique, avec une matière plus soyeuse que veloutée qui vous enrobe le palais. La matière semble un peu moins dense tout en gagnant en profondeur. Difficile d'imaginer ici que nous sommes à Cahors tant ce vin est à l'antithèse du vin puissant archétypique. 

La finale n'est qu'un prolongement et une heureuse conclusion de la bouche, sans le moindre à-coup. Une légère mâche ultime, légèrement crayeuse, tente de vous rappeler que vous êtes en terre cadurcienne. Mais c'est définitivement l'élégance du vin qui reste imprimée dans le cortex. 



mardi 10 octobre 2017

Georgia on my mind (1)


Il n'est bien sûr pas question de la Géorgie chère au coeur de Ray Charles, mais de la vraie, de la Colchide des Argonautes, le pays de la Toison d'or. Celle dont je vous parlais il y a peu ICI. Nous venons de recevoir tout un nouvel assortiment importé par les frères Puzelat. Et pour en parler, il n'y  a pas trop d'autre choix de les déguster. Voici donc une première série de six vins. Une autre suivra. Puis nous essaierons de faire une synthèse pas cépage, histoire que vous vous y retrouviez un peu... 

Nikoladzeebis Marani




La robe est jaune pâle, légèrement trouble. 

Le nez est très rafraîchissant, entre bière blanche aux agrumes et kefir aux fruits (= yaourt orange/citron). 

La bouche est ronde, pulpeuse, gourmande, avec un toucher très doux et une fraîcheur tonique. 

La finale est pleine de peps, sans la tannicité d'un vin orange, avec une douce amertume rappelant la bière blanche, entre arômes de froment et zeste de citron. Une approche très sympa du vin géorgien.



La robe légèrement trouble est entre l'or et le cuivre. 

Le nez est fin, frais, sur des notes d'écorce d'agrume (orange, cédrat) de fruits secs (noix), de miel de châtaignier, avec une pointe d'encaustique. 

La bouche est ronde, ample, fraîche, avec une matière dense, charnue, très aromatique et épicée (fruits secs, croûte de pain de campagne). 

La finale mêle l'amertume, l'astringence et les notes maltées, rappelant certaines bières rousses houblonnées. Il y aussi des notes citronnées qui apportent du peps et de la persistance.


Okro's Wines



La robe est jaune pâle, très légèrement trouble (vraiment très peu). 

Le nez fin évoque un fino andalou, sur l'amande et la noix non grillées, avec aussi une touche de fruits blancs (pomme, poire). 

La bouche est ronde, charnue, fraîche, très légèrement tannique, avec une aromatique fruitée et un peu fermentaire (yaourt). 

Il y a de la mâche en finale, mais fondue et élégante, sur la pomme et les agrumes, avec un p'tit goût de bière blanche et un retour sur la poire.



La robe est d'un or intense, légèrement orangée, brillante. 

Le nez est très beau, sur des notes de pêche et d'abricot séchés, de kumquat et d'épices douces. 

La bouche est d'abord ample, soyeuse, aérienne, puis gagne progressivement en tannicité et fermeté. 

La finale bien mâchue poursuit cette tendance, sur des notes de fruits secs et d'épices. Plat (ou fromage : Parmesan !) d'accompagnement exigé. 




La robe est d'un or intense légèrement rosé. 

Le nez puissant évoque le caramel au beurre et l'amande grillée, avec une touche d'abricot sec. 

La bouche est ample, élégante, soyeuse, avec une matière qui gagne progressivement en puissance et densité. A ce moment-là, on a presque l'impression de boire un bourbon ou un vieux cognac. 

Et puis arrive la finale qui dévoile une mâche crayeuse intense qui vous hérisse les papilles et délivre des saveurs de fruits secs et de caramel épicé. 

Kortavebis marani



La robe est rubis translucide, brillante. 

Le nez est tentateur sur les petits fruits rouges (cerise, framboise, fraise), la terre humide et les épices (entre Pinot noir et Trousseau). 

La bouche est ronde, fraîche, gourmande, avec un fruit explosif et des tannins qui démarrent très souplement pour gagner ensuite en fermeté. 

La finale est dominée par l'astringence même si le fruit est toujours là. Il y a donc intérêt à en faire un vin de repas plus que d'apéro.