vendredi 13 octobre 2017

Champ des treilles : les fruits de la passion


Chaque week-end depuis plus de 15 ans, Corinne et Jean-Michel Comme font 250 km A/R pour aller de Pauillac – où ils vivent – à Margueron, où se trouve le Château du Champ des Treilles. Bon, château, c'est une façon de parler, comme souvent dans le Bordelais. On est plus proche de la ferme, même si elle a été bien rénovée. La propriété a été achetée par les grands-parents de Jean-Michel, immigrés italiens, dans les années 20. Lorsque ses propres parents sont partis à la retraite, le régisseur de Pontet-Canet aurait pu choisir de vendre la propriété. Mais c'était juste inenvisageable. Comme il l'explique sur le site du domaine ; "Le projet n'était pas seulement le mien mais aussi celui de mon épouse, Corinne et de mes enfants, Thomas et Laure. Sans cette cohésion entre nous quatre, rien n'aurait pu se faire. Il ne s’agissait pas de « reprendre un vignoble » mais plutôt de devenir un maillon d’une longue histoire. Au-delà de ces considérations, il fallait adapter le vignoble à sa nouvelle vie, c'est-à-dire produire du vin signé par nous pour une mise en bouteilles sur place. Nous n’avons jamais envisagé d’arracher le moindre vieux cep, par contre, il fallait planter quelques hectares supplémentaires, pour assurer une pérennité économique à notre projet tout en conservant un lien quasi parental avec chaque cep."



Pour une visite du domaine, voir ICI

C'est là-bas que les premiers essais en biodynamie ont été menés avant d'être appliqué au GCC de Pauillac. Là-bas aussi que Corinne Comme est devenue vigneronne, prenant progressivement le domaine en main, dirigeant les vendanges, assurant les vinifications. Cela lui permet aujourd'hui de conseiller de grands domaines en se basant sur son expérience de terrain.


Le printemps 2017 a été un désastre pour eux : la quasi totalité du vignoble a été touché par la gelée de fin avril. Les vendanges ont été maigres : une cuve de 10 hl de blanc, et puis c'est tout. Ils  ont préféré ne pas vendanger les rares grappes de rouges : cela n'aurait pas été rentable économiquement.

Nous venons de recevoir les 2016 en Vin Passion et Petit champ. Et le 2015 en Grand Vin. Il est probablement un peu tôt pour les déguster, mais le devoir d'information prime. Voyons voir ce que ça donne...



Vin Passion 2016  (8.00 €)

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est fin, frais, sur les fruits blancs (pomme, poire), le zeste de citron et la craie humide. 

La bouche est à la fois ronde et élancée, avec une matière fraîche, limpide, évidente, très "eau de roche". On en boirait des litres sans s'en lasser (mais bon, raisonnable tu seras). 

La finale dévoile une fine mâche salivante, entre pomme légèrement beurrée, pomelo et notes pierreuses. Votre bouche est nette, et prête à servir de nouveau. Ça tombe bien : nous passons au second vin....

(nota : ce vin devrait se complexifier avec le temps, le sémillon et la muscadelle mettant quelques années à s'exprimer. Ne buvez donc pas tout dans les 6 mois...)


Petit Champ 2016 (9.00 €)

La robe est pourpre sombre, à peine translucide. 

Le nez est étonnamment complexe pour un "petit vin" : cassis frais, baie de sureau, myrtille, poivre, épices douces, et une touche de pain grillé. 

La bouche est ronde, finement veloutée, avec de l'allant et une matière souple gagnant progressivement en densité. Le fruit est bien présent, avec une sensation de digestibilité. 

La finale est plus ferme, avec des tanins encore serrés qui demandent encore quelques mois plus s'assouplir (ou un plat un peu solide, genre confit). A revoir au printemps prochain. 


Grand vin 2015 (11.20 €)

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est très "grand vin de Bordeaux", avec des fruits noirs bien mûrs, la prune, les épices et des notes d'élevage distinguées.

La bouche est ample, élancée, enveloppant le palais d'une matière soyeuse, finement travaillée, avec de la tension et de la profondeur. On pourrait même dire de la race !

La finale est dans la directe prolongation, avec des tanins présents mais déjà bien fondus. Il y a de la niaque, une mâche crayeuse/saline et ces saveurs épicées/grillées provenant de l'élevage.

Ce vin peut déjà être apprécié maintenant ou être attendu 3, 5, 10 ans selon votre goût. 

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