lundi 31 mars 2014

Vain de Rû :égal à lui-même


Je pourrais quasiment faire un copié/collé entre l'article publié l'année dernière sur le Vain de Rû de Dominique Andiran. Même si nous sommes passés du millésime 2102 au 3102 (lire en verlan), le style de ce 100 % Colombard reste le même, toujours aussi frais et explosif.

La robe est or-gris, brillante.

Le nez pimpant évoque le zeste de citron, avec une petite touche florale (acacia).

La bouche décoiffe par une acidité tonique mais pas agressive (enfin pour moi). La matière est ronde, fraîche, très pure avec un léger gaz et une aromatique très pamplemousse.

C'est sur l'écorce de ce dernier que le vin se conclut, avec une jolie mâche entre amertume et astringence. 

Un vin très "Muscadet du Sud-Ouest" qui ira aussi bien en apéro que sur des huîtres ou un poisson simplement grillé. En tout cas, il est une preuve supplémentaire que l'on peut faire des vins très peu sulfités sans aucune déviance d'aucune sorte



vendredi 28 mars 2014

5 Seaux, 6 euros



Emile et Rose sont des fortiches : ils réussissent à faire rentrer 5 seaux de vin dans une seule bouteille ! Qui dit mieux ? Euh, on me dit dans l'oreillette que c'est un jeu de mot, en fait. Il ne faut pas lire 5 seaux mais Cinsault. Une façon d'indiquer le cépage, l'air de rien, à une époque où il était interdit de le faire en Vin de table. Un peu comme l'Art Amon de Benoît Braujou ou le Zacmau de Causses Marine.

Bon, j'ai un peu l'air bête, moi. Buvons pour oublier.

La robe est grenat sombre, tout en restant translucide.

Le nez sur les fruits noirs sauvages (mûre, prunelle) avec une très fine touche végétale qui apporte du peps.

La bouche est ronde, souple, gouleyante, où l'on retrouve les fruits mûrs et ce "trait de vert" étirant l'ensemble. On n'a pas du tout l'impression de boire un vin du Languedoc, mais un Saint-Nicolas de Bourgueil sur sables (il se trouve que les vignes du domaine sont essentiellement ... sur des sables).

La finale est tonique, légèrement poivrée, mêlant finement amertume et astringence, donnant envie de se resservir (pas trop, hein!).

Bref, un vin pas prise de têt mais avec du fond, idéal pour un casse-croûte improvisé, avec le label AB, et très abordable (6 €).



jeudi 27 mars 2014

Pacherenc : existe aussi en sec


Après avoir découvert les cuvées de Pacherenc doux du domaine Capmartin, j'avoue que j'attendais avec une certaine impatience de découvrir la version sec, composée de 80 % de Petit manseng, 10 %de Gros Manseng et 10 % d'Arrufiac. Eh bien, je n'ai pas été déçu, car ce très jeune Pacherenc 2013 est déjà très accessible, même s'il dévoilera certainement d'autres charmes et plus de complexité dans un an ou deux.

La robe affiche une étonnante couleur or rose.

Le nez friand évoque le pomelo rose, le fruit de la passion, avec une pointe de mandarine

La bouche est fraîche, pure, avec une matière ronde,  limpide aromatisée au zeste de citron.

La finale est nette et savoureuse, avec une fine mâche gourmande et salivante, et une belle persistance sur l'écorce de pomelo.

Bref, ce vin est un hymne à la fraîcheur et aux agrumes, qui ira aussi bien en apéritif, avec des huîtres, un poisson grillé, un chèvre demi-sec... Intéressant rapport qualité/prix (8,00 €).

PS : ce Pacherenc s'adresse aux amateurs de vins vifs et toniques. Amateurs de vins ronds et confortables, abstenez-vous (mais allez voter dimanche prochain).


mercredi 26 mars 2014

Z, épisode 2


Non, ce n'est pas la suite du film Z de Costa-Gavras (nous n'avons pas réussi à joindre Yves Montand pour qu'il reprenne le rôle). En fait, nous venons de recevoir le tout dernier millésime du Z de l'Arjolle, l'une des cuvées mythiques de Vins Étonnants.

Je ne vous refais pas le topo sur l'histoire du Zinfandel, un vrai road movie entre la Yougoslavie, l'Italie et les States. Vous trouverez tout ça dans l'épisode 1 que j'avais écrit l'année dernière sur le 2008. Il était alors plus évolué que le 2012, sujet de notre article du jour. Ce qui est intéressant ici, c'est de le découvrir avec toute la fougue de sa jeunesse.

La robe est grenat sombre, translucide.

Le nez est mûr et complexe, évoquant la compotée de cerises aux épices, le tabac blond, le cèdre, le moka... avec une touche végétale/résineuse apportant de la fraîcheur.

La bouche est droite, élancée, avec une matière tonique et soyeuse, dense sans être dure, soutenue par une étonnante trame acide évoquant les vins transalpins, ne faisant que s'amplifier jusqu'à une finale riche, épicée, solaire, généreuse, d'une douceur limite désarmante tant elle est rare dans la production française. 

C'est vraiment un latin lover qui a un pied en Italie (pour la fraîcheur) et un autre en Espagne (pour la finale  baroque très Rioja à l'ancienne).

Ce vin demande un plat à la hauteur, genre tajine aux pruneaux et aux dattes, joues de porc confites à la bière ambrée, pâtes persillées (Roquefort), voire un dessert chocolat/café...

Le lendemain, c'est plutôt le côté italien qui prend le dessus, avec des notes fraîches résineuses que l'on retrouve en bouche (plus ample et plus caressante) avec une superbe trame acide qui explose en finale. On frôle alors le grand vin...

mardi 25 mars 2014

La dernière bombe signée Lemaire-Fournier


Dernière prend ici un double-sens, puisque cette cuvée de Moelleux 2003 a été redécouverte dernièrement dans le stock de Marie-Annick Lemaire-Fournier (et différente de la cuvée que nous avions eue précédemment). Et dernière, parce que le filon commence à se tarir (snnniiifff) le domaine s'étant arrêté en 2004.

On est encore sur un style différent des Morandières, de la Coudraie ou du Vouvray sec. Plus intense, tout en restant fin et aérien, sans lourdeur. 

La robe est étincelante, entre l'or en fusion et le cuivre.

Le nez est fin et intense, sur le coing confit, le miel de châtaignier et l'encaustique.

La bouche est fraîche, tendue, de belle ampleur, avec une matière soyeuse et élégante qui vous caresse tout le palais d'un voile doux et sensuel.

Cela se conclue sur un très beau retour sur l'amer, entre coing et bigarade, persistant sur des notes safranées, avec une très légère douceur qui rappelle sans insistance que ce vin est un moelleux, mais c'est presque dur à croire tant l'équilibre est superlatif.

Hier soir, je l'ai dégusté avec un morceau de Parmesan et de la pâte de coing portugaise. Accord simple mais superbe.


lundi 24 mars 2014

Solis : à point !



Les vins de Cahors demandent souvent du temps pour arriver à leur optimal. Cette cuvée Solis 2005 de Matthieu Cosse a patienté près de neuf années avant de nous être proposée, et ce à un prix très raisonnable, pour nous comme pour vous (8.80 €). Issu des jeunes vignes du domaine, assoupli par un apport de Merlot, il ne faut pas s'attendre à un monstre de puissance et de concentration. On est par contre tout à fait dans l'esprit du Sud-Ouest : on imagine parfaitement ce vin servi dans une auberge du Quercy avec un confit de canard.

La robe est d'une couleur pourpre sombre, ne trahissant pas son âge.

Le nez est clairement en début de maturité, avec encore du fruit (cerise noire, myrtille), mais aussi du sous-bois, du cèdre, et une fine note résineuse apportant de la fraîcheur.

La bouche est ronde, veloutée, aux tannins polis par le temps, mariant elle aussi le fruit et les notes tertiaires (champignon). L'ensemble est équilibré et digeste.

La finale s'affermit un peu, sur des notes épicées, mais les tannins sont imperceptibles lorsqu'on mange le plat adéquat. Comme celui-ci, testé le même jour que la vielle mule rose.


vendredi 21 mars 2014

La vieille mule ose le rose !


Pour une fois, l'équipe de Vins étonnants a fait une dégustation autour d'une table, avec un repas se mariant avec quelques nouveautés du catalogue, histoire de les tester en situation (merci à l'ami – et client – qui a eu la bonne idée de passer nous voir en fin de matinée). 

La vieille mule version rosé, donc, est l'une des nouveautés de l'écurie Carrel. Un 100 % Grenache noir sur schistes de la vallée de l'Agly en pressurage direct, ce qui donne cette robe rose très pâle,  rappelant les rosés de Provence.

Le nez évoque le pomelo (rose?), la feuille de menthe froissée, la pierre chauffée au soleil. 

La bouche est ample, toute en rondeur généreuse,  avec une belle fraîcheur et un léger perlant. Un ensemble équilibré et désaltérant, avec suffisamment de personnalité pour résister à des plats aromatiques du suuuud.

La finale relevée est marquée par l'amertume (écorce d'agrume) et des notes très épicées (poivre, thym). 

Bref, c'est très sympa, et pour 6.20 €, y a vraiment rien à redire. 


Le plat, c'était des rouleaux de Bresaola (boeuf séché) contenant des petits dés de courgettes, de tomates séchées, de piquillos, d'olives noires, de parmesan et d'anchois à l'huile d'olive, assaisonnés au pesto)

jeudi 20 mars 2014

Un Trésor n'est pas forcément dispendieux


Cela fait dix ans que Jeff Carrel collabore avec une petite coop du Roussillon (deux employés !) avec tout d'abord la Bette. Puis ont suivi Ornithology, la Vieille Mule déclinée en trois couleurs. Il fallait bien qu'il s'attaque un jour au Muscat de Rivesaltes. Eh bien, c'est fait avec Très'Or. Contrairement à d'autres productions du winemaker, rien ici de bizarre, de décalé ou de déjanté, si ce n'est le contenant de 50 cl,  peu habituel, et l'étiquette ne mettant pas du tout en avant l'appellation. Et puis il y a le prix, 8 €, qui permet de se faire plaisir sans trop faire mal au portefeuille.

La robe est or pâle, pleurant à chaudes larmes sur la paroi du verre.

Le nez est à la fois vif et confit, sur des notes muscatées, exotiques et florales (rose, jasmin).

La bouche est ronde, fraîche, pure, limite désaltérante, avec une belle intensité aromatique et une matière mûre et gourmande.

La finale se fait en douceur, sans lourdeur ni sucrosité, sur des parfums de pêche et de rose. 

Ce Très'Or peut se boire aussi bien à l'apéro (parce qu'il n'est pas lourd) qu'avec des pâtes persillées ou un dessert aux fruits.



mercredi 19 mars 2014

Dernière cueillette : le retour d'une vieille amie



Cette Dernière cueillette, appelée autrefois Delphine de Margon, fut l'un des premiers OVNIs de Vins étonnants. Et j'en fus l'un des premiers afficionados. Vu qu'au départ, c'était plutôt une expérience de vinification et d'élevage, ce Chardonnay tardif était vraiment parti en vrille, et ne ressemblait à rien d'existant : morille, lard fumé, écorce d'orange, croûte de comté... Les millésimes passant, sa production s'est un peu normalisée, tout comme la forme de la bouteille. Mais cela reste malgré tout un vin inclassable, ne ressemblant à aucun autre; à utiliser avec des plats riches en saveur ou des fromages puissants, histoire qu'ils ne se finissent pas écrasés.

La robe est d'un or intense, laissant de belles larmes sur les parois du verre.

Le nez est fin et intense à la fois, sur la noisette grillée, la frangipane, la crème brûlée, se complexifiant de plus en plus avec le temps (ne pas hésiter à l'ouvrir et à l'épauler 24 h à l'avance)

Bouche droite, pure, fraîche, et en même temps ronde, riche, dense, très marquée par la noisette grillée, soulignée par de fines notes d'élevage.

La fnale est nette, savoureuse, généreuse, avec toujours cette noisette omniprésente, et une pointe de lard fumé.

Une cuvée vraiment à part, qu'il faut avoir goûtée une fois dans sa vie.


mardi 18 mars 2014

La RVF ne cesse de nous "étonner"...


Après la bouteille d'As du Pique en couverture du n° de février, deux producteurs référencés par Vins étonnants depuis des années ont la vedette du numéro de mars : Didier Michaud de Planquette et Jean-Pierre Boyer de Bel Air Marquis d'Aligre. Ils révolutionnent Bordeaux, paraît-il. Une façon de voir les choses. Les deux ont plutôt continué de faire ce qui se faisait avant, en ne révolutionnant rien. Surtout pas, même. 

Où l'on voit qu'Internet est devenu plus puissant que la presse traditionnelle, c'est que le billet posté par l'amie Sandrine sur BAMA a eu beaucoup plus d'impact sur nos ventes que ce numéro de la RVF. Sic transit gloria mundi...

Tout de même pour info, voici la copie des articles concernant nos deux vignerons 






lundi 17 mars 2014

Grand vert : la Marsanne, ça vous gagne !




Etant donné que le producteur n'a pas indiqué le cépage sur l'étiquette de Grand Vert, nous n'avons pas le droit de l'indiquer sur le site de vente. Par contre, nous pouvons le dire sur le blog ;-) C'est donc une pure Marsanne, ce qui n'est déjà pas très courant dans sa région d'élection (Rhône Nord), mais encore moins dans le Minervois. Cette cuvée est issue d'un terroir sablo-calcaire, cultivé sans pesticides ni herbicides (labouré au cheval). Le jus  une fois débourbé a fermenté en barriques de trois vins afin de limiter le boisé. Puis y a poursuivi son élevage durant un an (mis en bouteille en novembre 2013, sans collage ni fitration).

Souhaitant faire à l'origine un vin finement oxydatif, Laure et Julien n'ont quasiment jamais ouillé les six barriques. Eh bien, ça n'a pas vraiment fonctionné: le vin a vaillamment résisté à l'oxygène malgré une dose très faible de SO2 (10 mg au total, et pas de rajout à la mise).

Le robe est jaune paille, brillante.

Le nez est fin et subtil, assez captivant, entre miel d'acacia, pâte d'amande et pêche blanche.

La bouche est aérienne, avec une belle ampleur et une fraîcheur marquée, sur un registre aromatique finement grillé.

La finale est savoureuse sur la pâte d'amande et la pêche séchée (si, si, ça existe) et des notes salines en ultime sensation.


Au bout de 24 h, le nez exprime des notes d'amande et d'anis, avec bouche plus ample et plus riche,  et finale plus intense.

Si vous êtes amateur de Marsanne, vous devez essayer cette version attachante.  Et si  vous êtes amateurs de blancs languedociens sortant de l'ordinaire, Grand Vert est fait pour vous.


vendredi 14 mars 2014

Le WE arrive : et PAF, la bulle !...


Chaque vendredi soir, invariablement, l'un de nos clients danois se fait plaisir en ouvrant une bouteille de Champagne : Tarlant, Laval, Lassaigne... Nous, à Vins Etonnants, nous sommes plus modestes : nous nous ouvrons une méthode traditionnelle de Denois. Ce Pinot noir rosé vient tout juste d'arriver, histoire de nous faire patienter avant l'arrivée de deux nouvelles bombes dégustées à Millésime bio (un Blanc de Blancs Nature bio sans sulfites et une cuvée parcellaire Chardonnay/Pinot Noir également bio sans sulfites). 

Le robe est d'un beau rose pâle, parsemée de fine bulles nerveuses.

Le nez est plutôt discret, sur la groseille à maquereau et une petite touche framboisée.

La bouche est fraîche, tonique, avec de l'allonge et de la vinosité ; une bulle présente, taquine, mais pas envahissante ; et juste ce qu'il faut de fruit. Bref, bien équilibrée.

La fin est nette, savoureuse, mâchue, marquée par les petits fruits rouges et le poivre blanc. Certes pas la finale du siècle – c'est pas du Krug rosé –  mais c'est super propre, sans faux goût ni sucrosité lourdingue.

Car cette bouteille ne vaut, messieurs dames, que...  8.40 €  ! Et ce n'est pas un prix promo pour le lancement du produit, histoire de vous rendre accro et de vous le vendre ensuite à 15 €. Non, non, c'est son prix dé-fi-ni-tif. Ne vous précipitez donc pas pour en acheter 36 bouteilles d'un coup. Prenez-en juste une bouteille, histoire de goûter, et puis ensuite, recontactez-nous, histoire de voir ensemble le prix que l'on vous fera pour une palette ;-)


jeudi 13 mars 2014

Stranger is the wine (ou une soirée vins étrangers)



Après une bonne dizaine de séances de dégustations franco-françaises, je m'étais dit que cela pourrait être intéressant pour la joyeuse bande de Saint-Yrieix de voyager en dehors de nos frontières, avec des cépages et/ou des vinifications différent(e)s.


D'habitude, je démarre par une bulle. On ne le verra cette fois-ci qu'à la fin. Là, j'ose démarrer par un vin rouge : un Sepp Zweigelt 2012 de Moser. C'est rond, frais, fin, très fruité, avec une touche d'épices et des tannins imperceptibles. Rien d'ambitieux dans ce vin si ce n'est de régaler le buveur. Le vin de copains par excellence, parfait avec des cochonnailles ou un p'tit casse croûte. Succès quasi général pour ce premier vin !


Je continue avec un Riesling von den Terrassen  2012 du même producteur, servi avec un délicieux merlu mariné aux agrumes. 



Un nez sur la pêche, les fruits de la passion et une petite touche fumée. Une bouche droite (mais pas raide), finement perlante, de belle ampleur, rafraîchissante et aérienne. L'accord avec le plat est extra. Tout le monde se régale. Ce coup-ci, le succès est vraiment général (d'ailleurs, on n'a presque plus rien à vendre...).


Allez, on part en Italie, dans le Piémont, avec un Langhe Barbera 2011 de Cascina Corte. Le nez est  bien mûr, sur la confiture de cerise noire, avec une touche de fraise et de framboise, quelques épices chaudes. La bouche est charnue, veloutée, généreuse, parfaitement équilibrée par une acidité toute italienne (et spécialement avec ce cépage Barbera). 




Avec un magret de canard cuit à la perfection (bien doré à l'extérieur et rosé à l'intérieur), c'est rien moins qu'une tuerie. Là aussi, joli succès (mais ça, il nous en reste, si vous en voulez...)


Avec le fromage, nous descendons tout au sud de l'Espagne en Andalousie, dans une AOC située à l'est de Jerez : Montilla Moriles. Là-bas, point de Palomino Fino, mais juste du Pedro Ximenez. Celui-ci est récolté suffisamment mûr pour ne pas avoir besoin d'être muté. 



Cet Electrico del Lagar est élevé sous voile en  fûts de chêne, comme le sont chez nous les vins jaunes du Jura. On retrouve donc ces arômes de noix sèche, de curry, de croûte de Comté et une bouche dense et sèche, et en même temps généreuse, presque moelleuse. Pour moi, un vin plus civilisé et facile d'accès qu'un vin jurassien. Mais ça reste tout de même un peu trop violent pour ma joyeuse troupe : beaucoup n'adhèrent pas...  Je leur ai expliqué que c'était normal : il faut habituer progressivement son cerveau à ce type de vin pour réussir à l'apprécier pleinement. On réessaiera... en douceur ;-)


On ne pouvait finir sur un échec. Nous concluons donc cette dégustation par une friandise : le Moscato d'Asti de Bera. Un Muscat pétillant, éclatant, gourmand, très rafraîchissant, avec seulement 5.5 % d'alcool, et une centaine de grammes de sucres quasi-invisibles. 



Avec la coupe de fraises/glace vanille, c'est "tuerie, le retour". Sans surprise, tout le monde adore. Je n'ai même pas assez de bouteilles pour tout le monde... ni pour vous, lecteurs. J'avais amené là-bas tout notre stock. Patience, ça va revenir...

Finalement, cette soirée "étrange"  s'est très bien passée, hormis l'épisode Fino, mais cela vient du côté "vin jaune" que du côté "étranger"...


mercredi 12 mars 2014

Un Sauvignon comme vous n'en avez jamais bu



Ça ne ressemble pas à un Sancerre. L'acidité y est plus subtile, et le vin plus mûr et aérien.

Ça ne ressemble à un Pessac-Léognan. C'est plutôt moins boisé et moins dense.

Ça ne ressemble à l'idée que l'on se fait d'un Sauvignon du sud, souvent pataud et marqué par les fruits exotiques bien mûrs.

Et ça ne ressemble pas non à un Sauvignon de Nouvelle Zélande. C'est moins explosif et "too much".

En fait, Puydeval ressemble à un vin de Jeff Carrel, c'est à dire à rien de connu. Enfin si , au Saint-Genis et à LBV, deux cuvées en blanc sec qu'il avait produites au début des années 2000, et dont je m'étais régalé (lire cet article de 2006 sur Saint-Génis 2002).

La robe est jaune paille.

Le nez oscille entre l'agrume confit, la feuille de menthe froissée, une touche de fruit de la passion et des fines notes d'élevage (vanille, grillé).

En bouche, c'est la claque : ample, aérien, tendu par une acidité arachnéenne, avec une matière douce comme si l'on vous caressait le palais avec de la soie sauvage. L'ensemble est très bien équilibré digeste, évident.

La finale se conclut avec une fine mâche gourmande mêlée d'amertume sur l'écorce de citron confit mêlée aux notes d'élevage, pas "pute" pour un sou (car je peux vite détester le boisé, mais là j'aime bien).

Je signale que le vin se dégustait mieux le lendemain de l'ouverture (boisé un peu moins présent).

Ah oui, j'oubliais le prix de cette jolie quille : 8.90 €. Ça vaut le coup (ou coût)  d'essayer, non ?

mardi 11 mars 2014

Fitou 2012 du Champ des Soeurs : R Q/P imbattable !


J'avais découvert cette cuvée de Fitou du Champ des Soeurs sur le 2009, et je l'avais vraiment beaucoup aimée, car elle présentait un équilibre impressionnant : beaucoup de fruit, des tannins soyeux et une grande fraîcheur. J'étais plus resté sur ma faim sur le millésime 2011, que je trouvais plus sur l'alcool. Cela explique pourquoi je ne m'étais pas trop étendu dessus. Avec ce 2012, on retourne à ce vin que j'avais tant apprécié, si ce n'est qu'il demande une bonne aération, car il est peu réduit à l'ouverture (carafage 30 mn).

La robe est violacée, translucide.

Le nez fruité et expressif : crème de framboise et de mûre avec une touche lactée, poivre blanc, benjoin (= papier d'Arménie pour ceux qui connaissent).

La bouche est ronde et fraîche, avec des tannins veloutés, friands, au fruit intense et une belle tension de l'attaque jusqu'en finale.

 Celle-ci, finement mâchue, a quelque chose de réjouissant, de gourmand, limite jubilatoire.

Autant dire qu'à 7.30 €, y a vraiment rien à redire ;-)

lundi 10 mars 2014

Quand les chenins se croisent...


J'ai déjà évoqué sur ce blog ces deux vins du Domaine de Bablut, mais sur des millésimes différents. L'Ordovicien 2007 faisait partie de mon TOP 10, ce qui a contribué à l'épuiser définitivement dans le mois qui a suivi (snifff). Quant au Petit Princé 2010, j'avais beaucoup apprécié sa finesse et son élégance (lire ICI).

Ces deux cuvées correspondant à deux types de sols : le Petit Princé 2011 provient de vignes sur schistes roses, ocres et quartz, alors que l'Ordovicien 2010  provient de vignes sur schistes noirs.Une autre différence provient de la vinification/ élevage. Cuve pour Petit Princé ; barrique pour l'Ordovicien. Cela donne donc deux styles de vins que nous allons comparer maintenant.


Le soir de l'ouverture

Petit Princé  :  nez sur le coing bien mûr et l'écorce d'orange séchée. Bouche droite, pure, élancée, avec une matière ronde et aérienne, prenant de plus en plus de chair et de gras, se concluant sur une finale à la divine amertume, sur les mêmes notes qu'au nez (coing, écorce d'orange)

Ordovicien : nez plus riche et mûr, notes de miel, de beurre noisette, d'agrume confit. Bouche plus ample et exubérante, avec une matière dense et riche, néanmoins parfaitement tendue par une acidité fine, taillée au laser, avec un boisé légèrement présent mais bien intégré. Finale puissante et expressive, à la fois mâchue (astringente) et amère sur des notes confites et d'élevage



Le lendemain midi

Petit Princé : Nez plus riche, avec un coing plus confit. Bouche plus dense, avec du gras,  et plus intense arômatiquement,  avec une amertume plus prononcée (très marmelade orange amère). Par contre, toujours aussi fraîche et tendue. Rien moins que superbe.

Ordovicien : nez au boisé plus prononcé, mais bien intégré à l'aromatique miellée/confite. Bouche plus riche mais très bien tendue (l'image du sabre étincelant me vient en tête). La finale est toujours aussi puissante et expressive, avec le duo mâche/amertume



Le lendemain soir

Petit Princé : nez dérivant sur des notes d'encaustique, même si le coing et l'orange sont toujours là en arrière-plan. Bouche intense, prégnante, super tendue, avec une matière toujours plus grasse. Finale très expressive. J'adore !

Ordovocien : nez sur le caramel au beurre et aux agrumes. Bouche plus éclatante,plus précise, moins massive. Finale encore plus mâchue, vraiment crayeuse, avec une grosse rétro sur la cire, le coing et l'écorce d'agrume.  De la bombe !

Conclusion : vous pouvez boire dès maintenant le Petit Princé, en le carafant deux heures. Il vous offrira un plaisir énorme. Pour l'Ordovicien, il y a un très gros potentiel, mais il sera encore meilleur dans 3-4 ans, même si c'est déjà très bon.



vendredi 7 mars 2014

Fêtez le printemps avec le Beaujolais nouveau !


C'est un peu bizarre, cet histoire de Beaujolais nouveau. Sa sortie arrive alors que l'automne est déjà bien entamé, et où l'on aspire plutôt à des vins puissants qui vous réchauffent le corps et l'âme. Le Beaujolais nouveau, c'est tellement mieux lorsque le soleil refait son apparition et que les bourgeons, feuilles et fleurs pointent leur nez. On le boit alors avec beaucoup plus de plaisir !

Je viens de faire le test en ouvrant une bouteille hier soir.

Non, la robe n'est pas tuilée, mais toujours d'un violacé pimpant !

Non, le nez n'est pas sur le sous-bois, mais sent la cerise mûre et les épices.

Et oui, la bouche est toujours ronde, juteuse, glissante, avec une finale sur le noyau de cerise,  très légèrement astringente, qui apporte ce goût de revienzy. La bouteille se descend vraiment toute seul...

Et la bonne nouvelle, c'est que l'on fait une remise de 20 % (soit 6.40 € la bouteille). parce que l'on ne va tout de même pas garder les quelques cartons qui nous restent jusqu'à l'automne prochain !... 

jeudi 6 mars 2014

Morillon : adieu 2011, bonjour 2012 !




Morillon est l'un des produits historiques de Vins Etonnants. Il est aussi sans conteste le plus populaire. C'est certainement le seul vin que des clients particuliers nous achètent en quantité importante (souvent 24, 36, voire beaucoup plus !...) C'est un  peu notre Tariquet à nous ;-) Il faut dire que du chardonnay botrytisé et élevé en barrique à 8.20 € la bouteille, qui va aussi bien à l'apéro, sur le foie gras, le fromage et les desserts, eh bien, on se laisse facilement tenter.

Le 2011 a particulièrement plu (euphémisme). Le 2012 devrait peut-être encore plus, car il est à mon sens encore plus équilibré, avec un supplément de fruit et de fraîcheur, toujours dans un registre demi-sec.

La robe est d'un or léger.

Le nez évoque la pêche jaune, la poire bien mûre, la pomme rôtie au beurre, avec une touche de grillé/fumée due à l'élevage en fût.

La bouche a tout de "Janus" : d'un côté ronde, mûre, charnue, légèrement douce ; de l'autre, fraîche, tendue, cristalline, limite désaltérante.

La finale se conclut sur les notes d'élevage évoquées précédemment, avec une dominante grillée, mêlée aux notes rôties du raisin. Le sucre, même s'il existe, est  totalement imperceptible.


Recette ICI

mercredi 5 mars 2014

Baux... mais pas que !



Peu de domaines peuvent se vanter d'être en bio depuis près de 40 ans. Là, on ne peut pas dire que la famille Cartier l'a fait par opportunisme. Après, c'est évident que le climat chaud, sec et venteux des Baux de Provence est plus favorable à ce mode de culture que la Champagne ou la Bourgogne. Il permet aussi la culture des oliviers (20 ha sur le domaine qui donnent une excellente huile).

Contrairement à beaucoup de propriétés de cette AOC,  le mas de Gourgonnier a toujours cherché à produire des vins à prix accessibles. Ainsi, cette cuvée Tradition est en-dessous de la barre fatidique des 10 euros, ce qui en fait un bon rapport qualité/prix.

La robe est grenat sombre, mais pas d'une grande densité.

Le nez tout en finesse dévoile des notes de  fraise confite,  de réglisse, de poivre blanc et d'épices chaudes.

La bouche a une belle tension pour un vin sudiste, tout en étant ronde et souple, avec une matière veloutée de demi-corps. Cela se boit vraiment (trop?) facilement.

La finale un peu plus ferme demanderait encore à s'arrondir un peu, mais elle devrait parfaitement permettre d'épouser sans faiblir une daube provençale. L'aération lui est vraiment profitable, le faisant gagner en ampleur et en expression aromatique. Ceci dit, je suis persuadé que cette cuvée  sera encore meilleur dans deux-trois ans, quand elle se sera un peu patinée.

lundi 3 mars 2014

Osez le Touche mitaine !



Depuis que nous avons fait rentrer la gamme de Xavier Weisskopf, Touche Mitaine est un peu l'oublié de la bande. Alors que le Côt Vieilles Vignes dont nous n'escomptions pas le succès, s'est tellement bien vendu que nous sommes aujourd'hui en rupture... Il faut dire que j'en avais dit beaucoup de bien ICI ( je sais maintenant la signification de "blogueur influent"...). J'espère donc que mon billet du jour vous incitera à passer outre ce nom de Touche-Mitaine qui semble effrayer autant les grands que le Croque Mitaine les petits. 

Touche-Mitaine, c'est en fait le nom de la parcelle située sur les coteaux du Cher à Saint-Martin le Beau. Si ce sont les vignes les plus jeunes du domaine, elles ont tout de même 30 ans – ce qui serait considéré comme des vieilles vignes pour certains. Cette cuvée est vinifiée et élevée en barriques usagées, ce qui fait que le boisé est totalement imperceptible – et c'est très bien ainsi.

La couleur est or pâle, bien brillante.

Le nez évoque d'abord la cosse de petit pois (ce qui me rappelle furieusement certains vins de Belliivière dans leur jeunesse, issus aussi de Chenin), puis le coing, la rhubarbe, et cette odeur de pierre humide donnant une touche minérale.

La bouche est droite, élancée, mais pas du tout raide, car la structure tendue est enrobée d'une matière mûre, charnue, à la limite de l'onctuosité. L'ensemble est harmonieux, très frais, mais surtout gourmand-version addictif. 

La finale a une niaque enthousiasmante, renforcée par  une diabolique amertume comme seul le Chenin sait le faire. Vindieu ce que j'aime ça !

Ce vin est en tout début de vin et ne fera que se bonifier dans les dix prochaines années. Mais il offre déjà beaucoup de plaisir pour un prix raisonnable (12.50 €). Je le vois idéalement sur des crustacés à chair ferme et croquante (homard, grosses gambas).