jeudi 30 juillet 2020

Et je pris mon envol ... et mon pied !


Ce zeugma est un hommage à mon maître en écriture, Pierre Desproges, qu'il fait bon de réentendre à notre époque tellement politiquement correcte qu'elle en devient insipide. Pas comme cet Envol 2018 du domaine des Huards qui est un pur régal de l'esprit et des sens. Je crois que je ne me suis jamais autant régalé avec cet assemblage de gamay (55 %) et pinot noir (45 %). Peut-être parce que ce dernier prend le dessus : on a presque l'impression de boire un Bourgogne ... sauf que c'est meilleur ;-)

La robe est grenat sombre mais néanmoins translucide.

Le nez est une invitation au plaisir, sur la cerise burlat et son noyau, la pivoine, la rose fanée et les épices. Avec cette irrésistible petite touche de terre humide.

La bouche est toute en rondeur enveloppante, avec une matière fine, soyeuse, et un fruit frais et croquant, complété par les épices – et toujours le noyau. Il y a un très léger filet de gaz carbonique, mais pour une fois, il ne me dérange pas : il apporte au contraire un "trait acide" qui est le bienvenu. Et puis, par les temps qui courent et se réchauffent, c'est super agréable de boire un vin à 12.5 % d'alcool. Faut juste s'obliger à être raisonnable. 

Ce "trait acide" sert de colonne vertébrale à une finale au fruit explosif, à la mâche savoureuse et gourmande, avec ce mix de griotte, de framboise, de terre et d'épices qui persiste longuement. Un gros MIAM ! 

Cette cuvée a dépassé maintenant la barre symbolique des 10 €. Il faut dire que le domaine a beaucoup souffert ces dernières années du gel printanier, perdant une bonne partie de ses récoles. Mais à 11.50 €, cela reste une très bonne affaire, car on se régale plus qu'avec nombre de vins plus onéreux !

mercredi 29 juillet 2020

Soutenez les bonnets blancs !


Les Bonnets blancs ont beaucoup moins de revendications que les bonnets rouges et les gilets jaunes. Ils demandent juste que soit inscrit en préambule de la constitution la célèbre phrase de Coluche : "Le pinard, ça devrait être obligatoire"

Blague à part, le millésime 2019 s'avère très proche du  2018. Peut-être un peu plus de fraîcheur ? Mais même pas sûr. Il devrait donc avoir autant de succès que son aîné d'un an, et c'est pas rien... 

La robe est jaune très pâle, aux reflets verts-argentés. 
Le nez est fin et frais, sur les fruits blancs, le zeste de citron et la craie humide 

La bouche est ronde, friande, très rafraîchissante, avec une matière finement pulpeuse donnant l'impression de croquer dans la baie de raisin. Un léger filet de gaz renforce encore la fraîcheur et la digestibilité.

La finale est tonique, alliant une mâche crayeuse citronnée à une noble amertume évoquant un célèbre indian tonic, avec une persistance sur des notes salines et épicées. 

Parfait en apéro, avec un plateau de fruits de mers  ou un poisson grillé légèrement citronné. 



mardi 28 juillet 2020

Villa des Anges Réserve : cette fois-ci, il est à mon goût !


Depuis son apparition il y a 2 ans, j'ai une relation un peu particulière avec ce Villa des Anges Réserve. Son premier millésime (2016)  était particulièrement impressionnant, poussant les curseurs de l'expressivité et du boisage juste à la limite de ce que je trouvais supportable. On va dire qu'il m'avait épaté, mais je n'en aurais pas bu tous les jours. Le 2017 qui l'avait remplacé avait de mon point de vue dépassé les curseurs sus-nommés. J'ai donc préféré m'abstenir de dire ce que j'en pensais. Cela n'a pas du tout nui à sa carrière puisque entre temps, cette cuvée est devenue le vin rouge le plus populaire du site avec les Darons. Le 2018 est arrivé en fin de semaine dernière : j'étais évidemment curieux de goûter, ce qui fut fait le jour même. Eh bien là, il n'y a rien à redire. Le style est moins bordeline que 2016,  nettement moins "too much" que le 2017. Je n'irais pas jusqu'à dire que je l'adore, mais je le trouve vraiment très bon, et peut le recommander sans hésiter à quasiment tous nos clients, y compris ceux qui sont fâchés avec le bois. On le sent un tout petit  peu, mais juste ce qu'il faut pour complexifier le vin sans jamais le dominer. À 6.66 € la bouteille, on peut dire que son prix est diabolique ;-)

La robe est grenat sombre aux reflets légèrement tuilés. 

Le nez est intense, sur le cassis sous multiples formes –  feuille, fruit frais, crème –  la quetsche et les épices grillés, avec un léger pain toasté en arrière-plan. 

La bouche est très élancée, avec une tension énergique qui vous happe dès l'attaque pour ne plus vous lâcher et une matière veloutée et gourmande, d'une grande fraîcheur aromatique – ce qui rend les 14 % d'alcool imperceptibles. On retrouve le cassis, mais aussi le sous-bois automnal et le tabac. 

La finale poursuit sur la même tension, se  contentant d'y ajouter des tanins bien mûrs qui lui apportent de l'assise, sur un registre de fruits plus confits, d'épices et de notes toastées. 


lundi 27 juillet 2020

Silex noir : joli come-back !


Lorsque la première livraison des 2019 du domaine Pinon  avait eu lieu,  les Silex noirs n'étaient pas encore disponibles. C'est pour cela que je n'en avais pas parlé à l'époque. Nous les avons reçus un mois  plus tard lorsqu'il a fallu réapprovisionner. Maintenant que les bouteilles se sont remises de leur transport, il est temps d'en parler. Le taux de sucres résiduels est le même que l'année dernière (24 g/l) mais ils sont quasi imperceptibles du fait d'une acidité nettement plus élevée (5.1 g/l éq. SO4 au lieu de 4.1 g/l). Les amateurs de chenins vouvrillons devraient retrouver leurs marques. Cela dit, je pense que ce 2019 gagnera à vieillir quelques années pour se complexifier. La matière et le potentiels sont là, mais il faut que ça se complexifie. En attendant, vous pouvez déjà vous attaquer aux Trois argiles, absolument irrésistibles. 

La   robe est or pâle aux reflets argentés. 

Le nez est fin, profond, sur la poire, la fleur de tilleul et la craie humide. 

La bouche est longiligne, tendue avec force par un fil invisible – l'acidité est totalement imperceptible –  avec une matière dense à l'aromatique confite, mais paradoxalement d'une grande fraîcheur. On sent une belle concentration saline/minérale. 

La finale prolonge la dynamique, avec en sus une fine mâche crayeuse et des amers évoquant l'écorce d'agrume. Comme je l'écrivais, le sucre est quasi-absent, alors que 24 g/l, c'est tout de même pas rien... 


vendredi 24 juillet 2020

Montcalmès : c'est bon de revenir aux "classiques"


Cela faisait plusieurs années que je n'avais pas bu un rouge de Montcalmès, jeune ou vieux d'ailleurs. Et y revenir fait un p... de bien. On retrouve des marqueurs – la finesse, avant tout – tout en n'en retrouvant pas d'autres qui ne vous manquent pas : les notes de caramel au beurre qui étaient une sorte de signature du domaine, du moins en jeunesse. C'étaient celles-ci qui vous incitaient à patienter quelques années pour qu'elles se fondent. Maintenant qu'elles n'existent plus en jeunesse, est-ce vraiment nécessaire ? Oui et  non, oserai-je dire. Franchement, ce Montcalmès 2017  est déjà  très très bon en l'état, au point où l'on peut se demander s'il  peut être meilleur. Mais lorsqu'on a eu la chance de boire des vins du domaine âgés de 10-15 ans, on se dit que ça peut valoir tout de même la peine d'en mettre de côté. Donc, achetez-en 6 : vous en buvez 3 dans les 2-3 ans, et vous oubliez les 3 autres jusqu'en 2030 ;-)

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est fin et complexe, sur les fruits rouges confits, le laurier, l'écorce d'orange et le cacao. 

La bouche est de grande ampleur, sphérique, avec une matière délicatement veloutée, caressante,  qui vous enrobe le palais tout en affichant une belle tension Cette dernière repose plus sur les notes d'agrume qui apportent de la fraîcheur que l'acidité en tant que telle. 

Elles prennent encore plus d'intensité  en finale  sans jamais être agressive, alliant une fine mâche à une noble amertume (chocolat à l'orange),  avec une persistance sur la poudre de cacao, les épices et la bigarade. 

PS : le chef qui ne l'a goûté en même temps que moi, mais a bien repéré la bouteille parmi les cadavres à moitié vides, m'en reparle ce matin avec enthousiasme : cela faisait longtemps qu'il n'avait pas bu un vin alliant  finesse et intensité  avec autant de grâce (je traduis, il ne l'a pas dit exactement comme ça). 



mercredi 22 juillet 2020

Maguelonne : anatomie d'un succès


Nous avons reçu la cuvée Maguelonne de la Selve il y a quelques mois. À peine arrivé, il a fait un tabac sans même que j'ai besoin de le mettre en avant. Alors pourquoi plait-il autant alors que d'ordinaire, le rosé ne fait pas trop recette à Vins étonnants ? Plusieurs pistes : 
- sa couleur très très claire, proche d'un rosé de Provence ? 

- son prix, pas déconnant (9.75 €), nettement moins cher que la plupart des rosés de Provence ? 

- la forme de la bouteille allongée, sobre et élégante (tout comme l'étiquette) ?

- son nom féminin, délicieusement daté, et donc farouchement moderne ? 

- une fois qu'il en a goûté une, le client en rachète 6 ou 12 ? 

Si vous-même avez craqué pour Maguelonne, vous avez le droit de me dire pourquoi dans les commentaires ;-)

Bon, toutes ces questions donnent soif. On va donc en ouvrir une. Tout paraîtra peut-être évident ensuite...

La robe est  "or rose", voire saumon anémique (?). 

Le nez est fin, légèrement acidulé, sur la groseille à maquereau, les épices et une pointe fumée. 

La bouche est élancée, énergique, déployant une matière ronde, finement veloutée et rafraîchissante, sur une aromatique sobre – fruits blancs, craie humide, légère fumée. 

La finale possède le Triple A que nous aimons tant à Vins étonnants – est-ce la raison de son succès ? – avec une fine Acidité qui surgit de nulle part et sert de fil conducteur, une noble Astringence évoquant l'écorce de pomelo, et de subtils Amers qui prolongent élégamment la bouche. Tout cela sans agressivité. On est dans l'harmonie bienveillante ;-)

Pas sûr d'avoir compris toutes les raisons de son succès, mais maintenant, je sais pourquoi certains clients en rachètent,  et peut-être le conseillent à  des amis, qui en achètent à leur tour,  etc... 

lundi 20 juillet 2020

Enfin un temps à boire de la bière !


Sur l'une des plate-formes de producteurs avec qui nous travaillons, il est possible d'avoir les bières de la Brasserie les Acolytes. L'un des deux "acolytes" est Germain Croisille, l'un des vignerons du renouveau de Cahors (la brasserie est d'ailleurs installée sur son domaine).Et j'oserais dire que cela se sent qu'il y a un vigneron derrière ces différentes bières, car elles me semblent plus destinées à l'amateur de vins qu'à l'amateur de bière – en tout cas, les deux premières). Il y a un travail subtil sur le toucher de bouche, l'aromatique, comme je l'ai rarement rencontré (alors qu'un ami belge qui les a goûtées leur a reproché un manque de caractère). A vous de vous faire votre idée !



(7.05 € les 75 cl)

La robe est acajou très sombre, presque opaque, avec une mousse "café crème". 

Le nez est fin et expressif, sur le malt grillé, le caramel, le café et les épices douces. 

La bouche est ronde, très ample, déroulant une matière dense et douce à la texture crémeuse, sur une aromatique de glace au café, le sucre en moins. Les bulles sont des plus discrètes : on est plutôt sur un léger frizzante. C'est une fine amertume qui tient lieu de colonne vertébrale 

La finale prolonge les sensation sans interruptions, se contentant de renforcer légèrement les amers – on passe du café au lait au café noir –  et d'ajouter une touche de praliné et une pointe végétale rafraîchissante (houblon), avec une persistance sur la café et le caramel. 




(7.05 € les 75 cl)

La robe est cuivrée/ambrée, avec une mousse bien épaisse couleur ivoire. 

Le nez est fin et frais, sur l'écorce d'agrumes confite, le gingembre, le pain d'épices... 

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une belle tension dès l'attaque qui ne vous lâche plus, et une matière ronde à la texture moelleuse. Les bulles sont très fines, apportant un crémeux supplémentaire. En arrière-plan, il y a une trame amère subtile, sur le quinquina et la bigarade. 

Celle-ci se renforce légèrement en finale, sans trop en faire, complété par le houblon et l'écorce de pomelo. On reste dans la subtilité et la finesse. 



(6.90 € les 75 cl)

La robe est d'un or intense, avec une mousse blanc bien (bien) épaisse.  

Le nez est très expressif, sur le pomelo, le fruit de la passion et le houblon dans un style floral assez exacerbé. 

La bouche est longiligne, tendue par fine amertume traçante – ça existe, je viens de la rencontrer – avec une aromatique dominée par le houblon et complétée par les fruits exotiques (fruit de la passion, mangue). La matière est douce, aérienne, et les bulles subtiles, finement crémeuses. 

La finale voit se renforcer les amers et l'acidité poindre, sur les mêmes notes de houblon et de fruits exotiques, mais aussi la "tête de cannabis" (c'est un cousin du houblon). 

vendredi 17 juillet 2020

Andriella : la Corse toute en finesse


Si vous n'avez jamais entendu parler du domaine Andriella, c'est un peu normal : son propriétaire, Jean-Baptiste Grimaldi, à l'opposé de ses homonymes monégasques, semble fuir la lumière des médias et les rayons des cavistes. Eric R. avait découvert ses vins il y a quelques années dans une paillote du sud de la Corse. Coup de coeur immédiat. Hélas, après moultes tentatives de contact, il n'a jamais réussi à acheter une bouteille. Et voilà qu'il y a une quinzaine de jours, il le re-découvre chez notre fournisseur de Madère lors de sa tournée belge. Il lui en achète illico quelques dizaines de bouteilles. S'il ne trouve pas preneur, eh bien, il les boira... 

Ce matin, je tombe à mon tour sur cette bouteille d'Andriella 2018. que je suis chargé de mettre en ligne. Afin de pouvoir indiquer sur le site si c'est un vin "facile et gourmand" ou "un vin plus complexe", mais aussi s'il est "rond et fruité" ou "élégant et raffiné", il n'y a pas plusieurs solutions : faut goûter ! Je m'y plie donc – sans déplaisir, je l'avoue. Quelques tours de tire-bouchon plus tard, je le verse dans mon Riedel. J'hume. Et là, miracle : il m'envoûte comme rarement un vin corse a réussi à le faire. Tu es direct transporté dans le maquis ! Je croise les doigts pour que la bouche soit raccord – manquerait plus qu'il y ait ce p... de gaz carbonique qui vienne gâcher la fête. Et ... (suspens) elle est total raccord, avec une matière très fine, séduisante et sauvage comme la Colomba de Mérimée. Adopté ! 

Précisons que cette cuvée adopte le cahier des charges de Figari dont les vignes sont proches : en plus des classiques niellucciu et du sciacarellu, elle contient également 10 % de syrah, que l'on perçoit à travers des notes de framboise et de poivre. 

La robe est grenat bien translucide, avec des reflets tuilés. 

Le nez est captivant, sur le maquis corse, la griotte confite, le ciste, l'écorce d'orange,  et une acidité volatile qui confine au sublime. 

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière soyeuse et sensuelle, nappant tout le palais, et étirée par un fil invisible... mais implacable. 

Elle gagne progressivement en densité, faisant une transition vers une finale à la mâche savoureuse et crayeuse, alliant les fruits rouges confits à l'orange confite, et  un retour triomphal des herbes du maquis, complétées par le poivre et la framboise. 

NB  : le prix est franchement plus élevé que si vous l'achetez sur place, mais au vu de la qualité, il est presque "cadeau" si on le compare aux autres vins corses disponibles en métropole.


jeudi 16 juillet 2020

Il en met vraiment... plein la vue !


C'est fou, tout de même : je me suis absenté une dizaine de jours. Et à mon retour, trois nouveaux vins signés Jeff Carrel m'attendent au bureau. Pour l'instant, je  n'ai goûté que ce Plein la vue, un 100 % sauvignon provenant du Roussillon ... mais qui s'avère d'une redoutable fraîcheur. Comme toute la gamme des "pioupious et Cie", il est bio et très peu sulfité (juste à la mise). Ce vin va m'être très utile pour mes abonnement box car il devrait beaucoup plaire à ceux qui recherchent des vins frais et "minéraux", plus sur l'agrume que les fruits blancs ou jaunes. Car lorsqu'un client se réabonne plusieurs fois, je commence à me torturer les méninges pour lui trouver le vin ad hoc... 

La robe est jaune très pâle, aux reflets verts/argentés.
Le nez "sauvignonne" sur le bourgeon de cassis, le fruit de la passion et le pomelo, avec une pointe mentholée. 

La bouche est ronde, friande, éclatante de fraîcheur, avec une matière pure et désaltérante qui s'écoule dans le gosier comme un rû de montagne. Pas de "lourdeur sudiste" : le vin ne dépasse pas les 12.5 % d'alcool. 

La finale est fraîche et nette, pleine de peps,  avec un retour du pomelo et du bourgeon de cassis (sans en faire trop),  et une persistance sur des notes crayeuses et citronnées. Puis le cassis qui revient pour un dernier tour.

Et comme 95 % des vins de Jeff, ce vin est des plus abordables (7.50 € par 6). Allez-y les yeux fermés, vous ne devriez pas le regretter.  


dimanche 12 juillet 2020

Vacances laborieuses


J'étais en vacances la semaine dernière entre Bordeaux et Bergerac. Ce fut l'occasion de revoir des vignerons qui sont des amis avant d'être des fournisseurs. J'ai pu re-déguster des vins que nous commercialisons déjà, mais le plus intéressant fut de découvrir les 2019 en cours d'élevage. C'est vraiment un très bon millésime, en blancs comme en rouge. 


Au Château Le Geai, Henri Duporge m'a fait déguster successivement du merlot , du malbec, du cabernet-sauvignon et de la carmenère. Tous avaient en commun une grande concentration –  tout en réussissant à garder des tanins fins – une maturité importante contrebalancée par une grande fraîcheur aromatique, et des finales balsamiques/mentholées qui vous emmènent en Toscane. C'est vraiment très (très) bons et vous donne hâte de les retrouver en bouteille. 


Au Château Beynat, Alain Tourenne m'a fait découvrir son nouveau vin blanc vinifié en amphore qui ne ressemble à aucune cuvée du secteur : on a du gras, de l'intensité et de la fraîcheur sans les arômes du bois. La cuvée des Lyres 2019 est également très prometteuse. 


J'ai également pu goûter Beynat 2019 qui est déjà en bouteille (encore meilleur que 2018) ainsi que Léonard 2018 (au-dessus de 2017). 


Je suis également passé au Château Coutet à Saint-Emilion où j'ai découvert leur petite cuvée Belle Cimes qui est un régal (va falloir qu'on en rentre !) ainsi que leur cuvée Emeri issue des plus vieilles vignes situées sur le plateau, jouxtant les meilleurs crus de l'appellation : une petite merveille qui vaut les 75 € demandés. 


Me rapprochant de Bergerac, j'ai rendu visite à la famille de Conti au Château Tour des Gendres. Luc m'a fait faire un tour très intéressant de la propriété. 


On peut y découvrir des paysages et des sols très différents. 


Puis Guillaume m'a pris en charge pour me faire découvrir les vins déjà en bouteilles, puis ceux encore en cours d'élevage. Là encore, on va se régaler avec les 2019 !


J'ai pu constater que les foudres Stockinger n'apportent pas du tout les mêmes caractéristiques aux vins que les foudres de Rousseau (avec un lot identique au départ). Chacun son charme. 



Et bien sûr, je suis passé voir Vincent au Château Barouillet. Là aussi, il y a en gestation de très chouettes cuvée, dont un orange à base d'ondenc et de muscadelle et une cuvée Larcin qui ne ressemble pas du tout aux millésimes précédents car l'assemblage est totalement différent (et unique au monde !). 



Ayant logé au Château Tirecul la Gravière, j'ai dégusté les derniers blancs, rouges et liquoreux qui devraient arriver dans les prochains mois. Il y aura bientôt aussi une bulle rosée très prometteuse. 

Je suis également passé au Champ des treilles voir Corinne et Jean-Michel Comme dont nous allons recevoir d'ici peu les différents vins. Au cours du repas, j'ai goûté le Vin Passion – à la fois rond et frais, gourmand – et le Petit Champ, fruité et intense, au tanins déjà bien intégrés. Pas pu découvrir le Grand vin : il ne ne leur reste plus une seule bouteille !

mercredi 8 juillet 2020

Les Bergecrac's font leur come-back


Inconnu au début des années 2010 (normal, tout partait alors à la coop), Barouillet a réussi à se faire sa place dans les domaines incontournables de Bergerac grâce au dynamisme et à l'inventivité de Vincent Alexis. Les deux cuvées Bergecrac sont la porte d'entrée incontournable pour découvrir la gamme, car pas trop chères (8.50 €) et gourmandes, sans prise de tête. Je suis donc toujours curieux de découvrir le nouveau millésime, histoire de voir s'il est dans la lignée du précédent, ou si Vincent a innové. En 2019, l'ancestral mérille fait son apparition dans le rouge, sans toutefois trop changer l'esprit de la cuvée (enfin, faudrait goûter avec et sans pour voir ce qu'il apporte.  




Sauvignon blanc (30 %), Sauvignon gris (30 %) ,Sémillon (20 %) et Chenin (20 %)


La robe est jaune paille, brillante.

Le nez très expressif, sur les fruits blancs rôtis et l'acacia en fleur, avec une touche de citron confit qui apporte de la fraîcheur.

La bouche est longiligne, étirée par une fine acidité tranchante qui trace au-delà même de la finale. Elle est enrobée par une matière ronde,  ample, et arienne, avec la même aromatique bien mûre perçue au nez.

La finale est franche et nette, sur des amers d'écorce d'agrume très "chenin", et le fruité de la pomme et du coing, avec une persistance sur des notes crayeuses, citronnées et épicées.





Malbec (20 %), Cabernet Sauvignon (25 %), Merlot (25 %), Cabernet Franc (25 %) et Mérille (5 %)

La robe est pourpre translucide.

Le nez évoque le coulis de fruits noirs, avec une petite touche  fermentaire (yaourt) et une grosse pincée d'épices (poivre, cacao)

La bouche est ronde, de belle ampleur, déployant une matière finement veloutée, pulpeuse, au fruit omniprésent. C'est frais et équilibré malgré les 14 % d'alcool inscrits sur l'étiquette.

La finale présente une fine mâche gourmande, sur la mûre et la cerise noire, avec un retour sur le yaourt aux fruits et du cacao.


vendredi 3 juillet 2020

Et revoilà Albert !


On va finir cette semaine (involontairement) Sud-Ouest avec La vigne d'Albert 2019 , le rouge nature de la famille de Conti.  Ben c'est toujours aussi bon, voire meilleur encore que les années précédentes. Pour rappel, c'est une parcelle plantée il y a 60 ans par le grand-père Albert, regroupant tous les cépages du Bergeracois, y compris des vieilles variétés comme le Fer, le Périgord et l'Abouriou. Tout est ramassé et vinifié ensemble, sans soufre ni autres intrants. Du bonheur en bouteille !

La robe est grenat très sombre aux nuances pourpres.

Le nez  est fin et profond, sur la crème de fruits noirs, le cassis frais, la menthe, la terre humide, l'encre...

La bouche est ronde, très ample, déployant une matière dense, charnue, au toucher fin, presque soyeux. Des tanins bien mûrs apparaissent rapidement, mais ils sont tellement gourmands et croquants, dotés d'un fruit intense, qu'on leur pardonne tout ! L'ensemble, quoique solide, est frais et digeste.

La finale gagne encore en mâche, fruit et gourmandise, sur le coulis de mûre et de myrtille, avec une persistance sur des notes crayeuses, sanguines/ferreuses et cacaotées (terreuses, aussi).

Je serai absent durant 10 jours (dans le Sud-Ouest, comme par hasard). Donc le blog sera beaucoup plus clairsemé...




jeudi 2 juillet 2020

Irrésistible vilain petit canard



Nous venons de recevoir la dernière nouveauté "animalière" de la famille Laplace :  après les vaches, la  poule et les cochons, voici donc le vilain petit canard. Il est issu du gros manseng local et se retrouve dans un no man's land "appellationnel" : plus tendre qu'un Pacherenc sec, mais moins sucré qu'un Pacherenc doux, il correspond parfaitement à ce que recherche le consommateur : un vin tendre, pas trop sucré ni trop alcoolisé, que l'on peut boire aussi bien à l'apéro qu'au dessert, sans prise de tête. Comme l'appellation Côtes de Gascogne * ne s'étend pas jusqu'au Béarn, il rejoint ce fourre-tout improbable qu'est le Vin de France. Pas grave : tant que c'est bon, joliment présenté et abordable à tous points de vue, le consommateur s'en fiche un peu... 

La robe est or clair. 

Le nez est expressif, sur l'ananas et la mangue, avec une touche de fruit de la passion et une petite pointe fumée/truffée. La bouche allie rondeur et tonicité, avec une fine acidité qui apporte de tension, et une matière mûre, gourmande, au toucher moelleux, donnant l'impression de mordre dans une mangue qui aurait été croisée avec un ananas (on a la chair de la manque et le goût de l'ananas). 

La finale voit l'acidité poursuivre sa course, soulignée par de délicats amers (écorce d'orange confite) et une fine mâche, le tout contrebalancé par une bienvenue douceur, pas lourde pour un sou, avec une belle persistance sur l'ananas frais. 

C'est vraiment délicieux, gourmand au possible, et comme c'est light en alcool (12.5 %) et en sucres, on en boirait plus que de raison (mais faut pas, hein). Il est en vente au prix propriété (8.00 €), mais si vous l'achetez par carton, nous faisons un effort ;-)

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Il est difficile de ne pas penser aux Premières Grives de T...



mercredi 1 juillet 2020

Quand le grand geai s'envole en Toscane


J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant cette bouteille de Grand Geai 2018 signée Henri Duporge. Notre vigneron bordelais a une grande soif d'expérimentations, osant même s'aventurer dans la vinification d'hydromel. Eh bien, cette fois-ci, on part direct en Toscane avec ces belles notes résino-balsamiques que j'aime beaucoup dans ces vins. Ou alors en Barralie lorsqu'elle est à son meilleur dans la cuvée Valinières.  Bref, on s'éloigne franchement de Bordeaux, ce qui n'est pas pour me déplaire, du moment que c'est très bon. Et ça l'est.  Donc, bravo Henri, j'suis fan !

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez à la fois frais et confit évoque la liqueur de framboise, le coulis de mûre, contrebalancés par des notes résineuses et balsamiques italiano-barraliennes. 

La bouche est longiligne, étirée par une (très) fine acidité volatile, tout en déployant une matière douce, caressante, toujours sur ce registre de fruits confits et de notes balsamiques. Le  tout restant étonnamment équilibré. 

La finale délivre une mâche crayeuse plus terrienne, tout en restant dans la même gamme aromatique, avec une persistance sur la framboise confite, l'encens et le poivre blanc. 

Pour le coup, je ne conseillerais pas du boeuf avec un Bordeaux, mais plutôt de l'agneau confit longuement, avec des herbes, des baies de genièvre... L'accord devrait être magnifique ! Je n'ai pas encore précisé que le prix était quasi-dérisoire au vu du plaisir pris : 10.50 €.