Si vous n'avez jamais entendu parler du domaine Andriella, c'est un peu normal : son propriétaire, Jean-Baptiste Grimaldi, à l'opposé de ses homonymes monégasques, semble fuir la lumière des médias et les rayons des cavistes. Eric R. avait découvert ses vins il y a quelques années dans une paillote du sud de la Corse. Coup de coeur immédiat. Hélas, après moultes tentatives de contact, il n'a jamais réussi à acheter une bouteille. Et voilà qu'il y a une quinzaine de jours, il le re-découvre chez notre fournisseur de Madère lors de sa tournée belge. Il lui en achète illico quelques dizaines de bouteilles. S'il ne trouve pas preneur, eh bien, il les boira...
Ce matin, je tombe à mon tour sur cette bouteille d'Andriella 2018. que je suis chargé de mettre en ligne. Afin de pouvoir indiquer sur le site si c'est un vin "facile et gourmand" ou "un vin plus complexe", mais aussi s'il est "rond et fruité" ou "élégant et raffiné", il n'y a pas plusieurs solutions : faut goûter ! Je m'y plie donc – sans déplaisir, je l'avoue. Quelques tours de tire-bouchon plus tard, je le verse dans mon Riedel. J'hume. Et là, miracle : il m'envoûte comme rarement un vin corse a réussi à le faire. Tu es direct transporté dans le maquis ! Je croise les doigts pour que la bouche soit raccord – manquerait plus qu'il y ait ce p... de gaz carbonique qui vienne gâcher la fête. Et ... (suspens) elle est total raccord, avec une matière très fine, séduisante et sauvage comme la Colomba de Mérimée. Adopté !
Précisons que cette cuvée adopte le cahier des charges de Figari dont les vignes sont proches : en plus des classiques niellucciu et du sciacarellu, elle contient également 10 % de syrah, que l'on perçoit à travers des notes de framboise et de poivre.
La robe est grenat bien translucide, avec des reflets tuilés.
Le nez est captivant, sur le maquis corse, la griotte confite, le ciste, l'écorce d'orange, et une acidité volatile qui confine au sublime.
La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière soyeuse et sensuelle, nappant tout le palais, et étirée par un fil invisible... mais implacable.
Elle gagne progressivement en densité, faisant une transition vers une finale à la mâche savoureuse et crayeuse, alliant les fruits rouges confits à l'orange confite, et un retour triomphal des herbes du maquis, complétées par le poivre et la framboise.
NB : le prix est franchement plus élevé que si vous l'achetez sur place, mais au vu de la qualité, il est presque "cadeau" si on le compare aux autres vins corses disponibles en métropole.
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