vendredi 30 octobre 2020

Le Croizillon, c''est bon !


Nous sommes déjà bien fournis en Cahors avec le Cèdre, Mas del Périé et le Clos Troteligotte. Mais comme il est aisé de s'approvisionner des vins du Château Les Croisilles via un groupement de vignerons, pourquoi ne pas se laisser tenter ? 

Rien qu'en goûtant leur "petite" cuvée, le Croizillon (9.90 €), on se dit que c'est la bonne pioche : c'est super fin, très fruité, élégant, racé, même. Et ça ne fait pas du tout cheap. On est sur un style moderne, mais pas trop, à 10.000 lieues du malbec puissant qui nécessite 10 ans minimum de garde pour s'affiner. Là, il est déjà au top : on ne voit pas en quoi il pourrait s'améliorer. Il réussit également l'exploit de ne "peser" que 12.5 % d'alcool dans un millésime solaire comme 2018. Buvabilité assurée !

La robe est grenat sombre translucide aux reflets violacés. 

Le nez est fin, frais, sur la violette, les fruits noirs bien mûrs et la craie humide. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, tout en déployant une matière finement veloutée, fraîche, au fruit pur et délicat, souligné par des notes florales et calcaires. L'ensemble est équilibré, aérien et digeste. 

La finale légèrement mâchue confirme l'empreinte du terroir calcaire : on mord dans la craie ! Mais ça reste subtil, gourmand, finement épicé, avec toujours cette violette qui rôde. Vraiment attachant !



mercredi 28 octobre 2020

L'alliance : lorsque Sauternes se passe du sucre...

L'agent commercial qui a eu la bonne idée de nous conseiller Neumeyer, le domaine de Brin et quelques autres nous a proposé les vins du Domaine de l'Alliance. Ce dernier fait des rares à être en bio dans le secteur, et ne produit des liquoreux que lorsque le botrytis est vraiment noble. Sinon, eh bien, il produit des vins secs.  C'est le cas par exemple en 2017, où les grains botrytisés ont donné à un blancs sec qui ne ressemble à  aucun autre. Au nez, on dirait un liquoreux ... mais en bouche, pas de sucres ! Le 2019 est plus classique. Il est encore un peu jeune pour en profiter pleinement. Il est probable que dans 5-6 ans, lorsque le sémillon partira sur le tertiaire, la palette aromatique sera plus intéressante. 


50% sémillon;  50% sauvignon

La robe est or pâle aux reflets argentés.

Le nez est très expressif, sur la feuille de cassis froissée et la groseille à maquereau, suivies par le pomelo et les fleurs blanches. 

La bouche éclatante allie ampleur  et tension, avec une acidité ciselée qui étire le vin, et une matière fine et enrobante, classieuse, dotée d'une grande fraîcheur aromatique : zeste d'agrume, sauge, menthe... 

La finale tonique prolonge la tension de la bouche, tout en ajoutant une fine mâche citronnée savoureuse, et une persistance sur les herbes déjà perçues : sauge, menthe, feuille de cassis.. 

Déclinaison 2017 (27.90 €)

50% sémillon;  50% sauvignon

La robe est d'un or éclatant. 

Le nez est fin, complexe, sur les fruits jaunes rôtis, l'ananas frais, la mangue séchée, l'écorce d'orange...

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, tout en affichant une matière mûre, dense, presque confite, évoquant un Sauternes ... sauf qu'il n'y pas un gramme de sucre. La richesse aromatique est équilibrée par l'amertume de l'écorce de pomelo. 

On retrouve cette dernière dans une superbe finale, fraîche et éclatante, dominée par l'écorce d'orange confite et l'ananas. Puis arrivent la mangue, les agrumes confits et les épices, la crème brûlée... 

mardi 27 octobre 2020

Partons à la dérive !

J'avoue qu'au départ, je n'étais pas méga-emballé par cette Dérive 2016 du Domaine de Cabrol. Le nez me plaisait bien, mais la bouche me semblait vraiment trop puissante pour mon palais de fillette. L'avantage d'un non coup de cœur, c'est que l'on peut y revenir sur plusieurs jours car le niveau baisse doucement. Le deuxième jour, j'ai trouvé un mieux. Le troisième, la bouche a commencé à se mettre en place, à s'harmoniser. Et le quatrième, il était fin prêt : c'est à ce moment là que j'ai enfin décidé de vous en parler, car  pour le coup, il faut avoir goûté ce vin une fois dans sa vie. Et même plusieurs fois, car il ne coûte pas une blinde et devrait se bonifier au moins dix ans. 

Ah oui, je ne vous l'ai pas dit encore : c'est un assemblage Syrah / Cabernet-Sauvignon (moit' moit'). Probablement l'un des meilleurs au monde : cela se vérifie par exemple avec Trévallon. Ces deux grands cépages sont assurément  faits pour vivre ensemble !

La robe est grenat très très sombre, pas translucide (atramentaire si on veut faire chic).

Le nez  a ce côté ténébreux que j'adore, sur l'encre, le cassis, l'olive noire séchée, le poivre noir,  le graphite, la truffe noire. Du Soulages en odorama  ! En cherchant bien, on a de violette et de l'encens. Bref, à tomber !

La bouche est ample et élancée, tendue par un fil invisible, et déployant dans tout le palais une matière d'une impressionnante densité. Le toucher est velouté/moelleux tout en percevant un grain tannique fin et serré, mais déjà bien poli, harmonieux Le tout sur une aromatique fraîche et intense de cassis, de mûre, d'olive noire et de notes balsamiques / résineuses / "garriguesques"  très italianisantes. Je vous résume : le charme du nez se confirme en bouche. 

La finale gagne en puissance et en concentration, mais aussi en fraîcheur et en complexité aromatique, avec une mâche finement crayeuse, une intensité saline assez incroyable, et de la truffe, du cèdre, de l'eucalyptus... Monstrueusement bon !.. 



lundi 26 octobre 2020

Van Volxem : toute la pureté du schiste

Si l'on vient tout juste de faire rentrer ce Schiefer Riesling de Van Volxem, ce domaine n'est pas une nouveauté pour moi : je lui ai rendu visite en mai 2018, et ce fut vraiment mémorable (lire ICI). Cette cuvée est leur entrée de gamme vendue une misère en Allemagne. Malheureusement, le domaine a déjà un importateur en France ... et il prend sa marge. Le prix est donc nettement moins avantageux ...sur le papier. Car lorsqu'on le déguste, eh bien finalement, les 16 € demandés ne sont pas vraiment déconnants. Pour tout vous dire, j'ai fait déguster la bonne moitié que je n'avais pas bu à un groupe d'amateurs lors de ma soirée Alsace : ils ont tous a-do-ré ! Lorsque je leur ai dit le prix, ils ont trouvé que ça les valait largement – faut dire qu'ils venaient de boire un Riesling Grand Crut qui valait le double ...et qui faisait un  peu anémique en comparaison. 

La robe est or très pâle, brillante. 

Le nez est très expressif, sur l'ananas, la citronnelle et la crème brûlée au citron vert, avec une légère touche fumée et de pierre chauffée au soleil. 

La bouche est très vive, tonique, avec une acidité hyper-traçante qui vous emmène très très loin. Elle est renforcée par un perlant affirmé, faisant crépiter les papilles. La matière est à la fois dense et aérienne, plus minérale que liquide, dominée aromatiquement par la citronnelle et l'écorce de yuzu confit. 

La finale énergique monte encore dans l'intensité et la concentration, avec un Triple A +++ , avec une Acidité à réveiller Beethoven, pourtant sourd comme un pot, une Astringence hyper-salivante donnant l'impression de mordre dans un citron, et de superbes Amers qui rappellent les meilleurs chenins – y a pas plus beau compliment !

jeudi 22 octobre 2020

NDD/PN : quand l'improbable devient indispensable !


ndd/pn mmxix... À première vue, on se demande ce qu'il y a dans la bouteille. D'autant que l'écriture manuscrite donne l'impression de lire du géorgien Et puis après, on réfléchit un peu.  mmix, c'est 2019 en chiffres romains. pn, ça serait bien pinot noir. Mais ndd ???  négrette, duras et d... ? nom de dieu ? Mystère. J'ai demandé la fiche technique au Mas del Périé, puisque c'est Fabien Jouves le créateur de cette cuvée. Et j'apprend que c'est un assemblage pinot noir /malbec.  Mais rien sur ce ndd... J'interroge donc le domaine qui me répond de suite : c'est nectar des dieux !!! En fait, un clin d'oeil à leur ancien employé de chai qui est parti vinifier sous d'autres cieux et qui avait nommé ainsi cette cuvée. 

Pour l'instant, je me suis arrêté à son nom alors que le réellement intéressant n'est pas là : c'est dans la bouteille que ça se passe ! Je comprends mieux pourquoi le fameux employé l'avait nommé ainsi, car jamais on a vu pareil vin à Cahors. Hyper fin, très floral. Trop peut-être même pour certains ? C'est pas grave, ça en laisse plus à ceux qui aiment. 

La robe est grenat translucide. 

Le nez est délicat et  profond, sur la griotte, la violette, l'encens et le lard fumé 

La bouche est ronde, ample et aérienne, dotée d'une fraîcheur cristalline et d'une matière soyeuse quasi impalpable. Une touche de gaz carbonique – certainement enlevable par agitation, mais on n'ose à peine, de peur de perdre la subtilité du breuvage – titille agréablement les papilles et  apporte un peps supplémentaire. Et puis, il y a ces notes de rose fanée qui se mêlent à une cerise pure qui ne peuvent laisser indifférent, dieux inclus. 

La finale délicieusement mordante est un hymne à la griotte acidulée. C'est pas bien, mais on rêverait d'en boire dès le matin, histoire de démarrer en beauté une trépidante journée. Enthousiasmant !





mardi 20 octobre 2020

Neumeyer : duo de choc !

Demain, j'organise un repas/dégustation autour de l'Alsace. Afin de savoir si j'y intégrais ces deux vins de Neumeyer, je tenais à les goûter avant. Je ne suis pas contre la prise de risque, mais pas totalement inconscient. J'ai en face de moi des amateurs pointus : je ne peux pas les décevoir (...) 

Comme on dit aujourd'hui, check : ils sont top, ces deux vins, avec des rapports qualité/prix assez bluffants. Donc, oui, je vais les faire déguster demain. Je pense qu'ils auront un succès mérité !

Sinon, pour info, le domaine est en bio – comme tous les domaines alsaciens avec qui nous travaillons –  et utilise très modérément les sulfites.  


La robe est jaune paille brillante. 

Le nez est fin, profond, sur la pêche de vigne, l'agrume confit et une fine touche pétrolée. 

La bouche est vive, élancée, tendue par une acidité tonique et renforcée par un filet de gaz carbonique. Ce qui n'exclue pas une matière ronde, mûre, fruitée (pêche, pomelo) et fraîche. Le tout forme un ensemble aussi gourmand que décoiffant. 

La finale prolonge la bouche sans à-coup, tout en formant un joli triple A comme nous l'aimons tant à Vins étonnant, avec une Acidité qui n'a pas perdu de sa tonicité, et le duo Amertume/Astringence évoquant l'écorce de citron et un célèbre Indian Tonic contenant du quinquina, le sucre en moins. 

Pinot noir Berger 2019 (13.90 €)

La robe est rubis translucide. 

Le nez est gourmand et raffiné, sur la cerise amaretto, la pivoine et une pincée d'épices douces. 

La bouche est ronde, ample et "pétante de fruit" : ça explose de cerise comme pas permis, tout en affichant une matière finement veloutée, méchamment irrésistible, traversée par un léger perlant pas trop gênant pour une fois – mais on peut s'en débarrasser sans rancune, hein. 

La finale poursuit dans la gourmandise, avec une fine mâche "cerise à donf' ";  l'indispensable petrichor sans qui le pinot ne serait pas vraiment lui-même, et une palanquée d'épices pour parachever tout ça, prolongée par une cerise sublimée et cet inimitable "goût de la terre". 

lundi 19 octobre 2020

Domaine du Pech : combat générationnel


Avis aux vignerons qui nous lisent : s'il y a des échantillons de vos nouveautés livrés en même temps que la palette, il y a plus de chances que je fasse un billet dessus – même si les bouteilles non-offertes sont au final plus commentées. Celles dont je vous parle aujourd'hui sont arrivées vendredi  avec notre dernière commande du Domaine du Pech.  Il y a le dernier millésime du Pech Abusé (2015) et une vraie nouveauté : Totem. Son assemblage est classique pour le secteur (Merlot, CS, CF) mais son élevage de 14 ans (sic) dans un foudre bicentenaire, nettement moins. Le résultat est ... étonnant, faisant penser aux vins du nord de l'Italie élevés dans des conditions proches. 

Signalons que les deux vins sont sans sulfites ajoutés ... et sans défauts. 


Pech Abusé 2015 (18.90 €)

La robe est grenat sombre aux reflets violacés. 

Le nez est fin, aérien, sur les fruits noirs confits, la crème brûlée, rafraîchis par une touche d'eucalyptus et une pointe de vinaigre balsamique. 

La bouche est vive et élancée, étirée par une fine acidité percutante, totalement enrobée par  une matière veloutée, charnue, d'une grande fraîcheur aromatique (cassis frais, menthol). 

La finale poursuit dans la même tension, tout en gagnant en ampleur et en puissance tannique, se concluant sur une belle mâche fruitée sur le cassis, le poivre et la menthe. 

Totem 2004 (23.50 €)

La robe est entre le vermillon translucide et le tuilé. 

Le nez est très expressif, sur le cuir, la prune séchée, le cigare, les épices...  dans un style assez opulent/baroque. 

La bouche est à la fois fine et intense, délicate et brutale, fraîche et solaire, traversant le dégustateur d'émotions et de sensations contradictoires et sinusoïdales : vous ne les avez pas en même temps, mais cycliquement. "Faut le boire pour le croire" aurait dit mon ami Thomas ;-)

La finale poursuit dans le paradoxal, opposant des tannins multiples et accrocheurs à un grand élan sensuel, sur une aromatique totalement décadente et une fraîcheur impertinente.  

vendredi 16 octobre 2020

Valentin Morel : une aventure gustative

A l'instar des deux Gaillacs de la semaine dernière, ces deux  vins "blancs" ne sont pas franchement consensuels. Mais nous ne nous appelons pas Vins étonnants pour rien : une partie de notre clientèle est en quête de cuvées hors norme. Il ne faudrait pas la décevoir. Ces deux vins sont signés Valentin Morel qui  n'hésite pas à  se lancer dans l'inconnu même s'il a les pieds sur terre

Le premier est un Chardonnay appelé Semaine 16, histoire d'évoquer cette terrible  semaine d'avril 2017 où une bonne partie du vignoble jurassien  fut dévasté par le gel. Cette cuvée réunit tous les chardonnays du domaine qui ont pu être sauvés. Comme la fermentation avait du mal à arriver à son terme, Valentin a ajouté à l'automne suivant du marc de savagnin riche en levures. Il y est resté un an. Autant dire que le savagnin a eu le temps d'imposer sa marque. A l'aveugle, il est probable qu'il passerait pour le cépage unique de cette cuvée. 

Le second, le Savagnin en Bois d'Arnaux 2018, ne contient  pas de marc de chardonnay. Par contre, du savagnin rose – appelé klevener en Alsace –  représente un tiers de l'assemblage, D'où certainement ces notes florales assez rares dans le Jura. Il y a une macération des peaux durant les 35 jours, ce qui en fait un orange "classique" – si tant est qu'un vin orange puisse être classique. Je ne sais pas si c'est l'effet millésime, mais le vin a une rondeur assez inhabituelle pour un savagnin. Je l'ai fait goûter à plusieurs clients de passage : ils l'ont tous beaucoup apprécié. 

 

Chardonnay Semaine 16 2017  (22.90 €)

La robe est or rose, très légèrement trouble.

Le nez est vif, sur la pâte de coing, l'écorce d'orange, la pomme tapée, avec une légère touche fumée. 

La bouche est toute aussi vive, tendue, avec une matière plus minérale que liquide orientée vers un même but : vous en mettre plein les papilles ! C'est fumé, salin, avec des notes de fruits blancs séchés. 

On retrouve cette aromatique dans une finale sèche et énergique, sans concession, avec une persistance sur la pomme/poire  tapée(s) et les épices. 


Savagnin en Bois d'Arnaux 2018

La robe est entre l'orangé et le cuivre; légèrement trouble. 

Le nez est frais sur la liqueur d'orange, le toffee et les épices, mais aussi des fleurs séchées. 

La bouche est ronde, ample, soyeuse , avec une matière douce et enveloppante, presque pulpeuse, sur une aromatique d'orange amère et d'épices orientales – et de la rose avec l'aération.

La finale est finement mâchue, mêlant l'orange confite à la bière rousse, avec une persistance sur des notes crayeuses et épicées. 

mardi 13 octobre 2020

Barou : Syrah ou Syrah ?

Dans les millésimes précédents, la Cuvée des Vernes de Barou jouait le rôle de challenger face au Saint-Joseph du même producteur. Mais comme vous le savez, nous vivons dans un monde bouleversé. Sur 2019, elle doit affronter le Petit Colorado, le dernier-né de la famille. Issu de vignes jeunes, et uniquement élevé en cuve, ce VDP des collines rhodaniennes est censé être d'approche plus immédiate, alors que les Vernes méritent d'attendre un peu. En fait, après avoir bu les deux, ça ne me parait pas aussi évident que ça. On a surtout affaire à deux vins très différents. Chacun devrait pouvoir trouver syrah à son verre. 

Petit Colorado 2019 (9.50 €)

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est fin, profond et gourmand, sur la crème de mûre et le bonbon à la violette, avec une pincée de poivre blanc. 

La bouche est ronde et ample, avec une matière dense, veloutée, charnue, exprimant un fruit à la fois mûr et frais, souligné par les épices. L'ensemble est harmonieux, évident, réussissant à être d'une grande buvabilité tout en ne manquant pas de fond. 

La finale délivre une mâche savoureuse sur un fruit encore plus frais et gourmand, avec une persistance sur des notes crayeuses et épicées. 

Cuvées des Vernes 2019 (10.90 €)

La robe est grenat très sombre aux reflets pourpres, peu translucide. 

Le nez a un côté "ténébreux", avec un fruit noir plus obscur et des notes d'encre et et de graphite. Un côté bois précieux, aussi (cèdre ?). 

La bouche est à la fois traçante – tendue par un fil invisible –  et explosive : jaillissant d'un petit noyau central, la matière gagne très rapidement en volume pour vous envahir tout le palais. Elle est plutôt plus fine que celle du Petit Colorado, mais doté d'une énergie nettement plus grande : ça pulse !

La finale prolonge la dynamique de la bouche, traçant comme pas permis, se contentant d'intensifier les sensations, avec toujours ce fruit plus noir que noir qui bascule sur des notes réglissées. Mais point commun avec le Petit Colorado, on retrouve la persistance sur les notes crayeuses et épicées. 

lundi 12 octobre 2020

Deux blancs gaillacois de caractère

Ayant reçu récemment ces deux blancs de Gaillac, je n'ai pu m'empêcher de voir qu'ils avaient un assemblage très proche. Il sont également du même millésime, issus de l'agriculture bio.Et vendus presque au même prix, à un euro près. Bref, plein de raisons de faire un mini-match entre les deux. Amical, ça va de soi. 



Pierres blanches 2018, domaine de Brin (13.90 €)

Mauzac 65% et Len de l’el 35 %

La robe est d'un bel or brillant. 

Le nez est expressif et atypique, sur la rhubarbe confite, la pomme chaude et une pointe résineuse. 

La bouche allie ampleur et tension, associant une acidité laser qui étire le vin, et une chair finement moelleuse qui vous emplit tout le palais. On reste sur cette aromatique acidulée de rhubarbe, mais cela peut aussi évoquer la prune umeboshi si vous êtes fan de cuisine japonaise (un cousin de l'abricot cueilli pas trop mûr et qui est lactofermenté). Le tout est cohérent et équilibré, à condition de ne pas être trop sensible à l'acidité, tout de même. 

Cette dernière s'amplifie encore plus dans la finale concentrée et tonique, avec des  notes acidulées plus marquées, et toujours cette rhubarbe obsédante soulignée par le citron frais. 


Les Cavaillès Bas 2018, domaine de la Ramaye (13.00 €)

60% de mauzac, 30% de lenc de l’el et 10% d’oundenc.


La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est de bonne intensité, sur la pomme sûre (cidre), avec une touche de coing et de résine. 

On retrouve en bouche cette alliance de l'ampleur et de la tension, avec d'une part une fine acidité ultra-traçante qui semble ne jamais s'arrêter, et d'autre part une matière ronde, mûre et enveloppante, au grain dense, presque tannique. On perçoit un léger gaz carbonique qui apporte un supplément de fraîcheur. Là, aussi, c'est bien équilibré, dans un style un peu plus "minéral" et "nature". 

La finale est intense, associant l'acidité décrite supra à une mâche crayeuse très savoureuse – pomme au four à donf' – et une prolongation sur les notes salines et épicées. 

Je vais faire mon Jacques Martin, mais je dirais que les deux ont gagné. Leur profils sont assez proches, le second assumant un style nature un peu plus affirmé, sans tomber dans le grunge. Je conseillerais donc aux naturophiles de prendre ce dernier, et aux autres les Pierres blanches. Dans les deux cas, on sort clairement de la zone de confort du chardonnay ou du sauvignon pépère, mais ça me semble salutaire pout tout amateur digne de ce nom. 




jeudi 8 octobre 2020

Trop bon, le Ponpon !

Je ne sais plus si je dois encore vous présenter Ponpon le cheval, le vin 100 % Counoise signé Pascal Olivier. Lors de son arrivée au printemps dernier, le 2019 se présentait moyen. C'est pour cela que j'avais omis d'en causer. Je l'ai regoûté il y a quelques jours, car j'étais à la recherche d'un vin léger et gourmand pour mes box(es). Au début, le nez était encore un peu réduit, mais il a changé du tout au tout en moins d'une heure, sans avoir besoin de carafer. Et (miracle !) il ne contient pas de gaz carbonique. Il m'a beaucoup plus, et il s'est retrouvé illico dans trois colis d'abonnés qui, j'en suis sûr, l'apprécieront  à leur tour. 

La robe est grenat bien translucide.

Le nez, une fois aéré, est fin et délicat, sur la cerise – son fruit, son noyau et sa fleur – la fraise confite et le poivre blanc. 

La bouche est ronde, ample, soyeuse, aérienne même; avec une matière quasi impalpable qui vous envahit le palais, dévoilant un fruit frais et pur de belle intensité – toujours la cerise, sous une forme plus confite, mais pas lourde. 

La finale est délicieusement mordante, avec une griotte éclatante qui la ramène sur fond de tanins canailles. C'est assez jubilatoire, car finalement pas si courant que ça. Cela se conclut sur des épices douces et des notes crayeuses. Un dé-lice !

À 6.90 €, c'est sans nul doute l'un des meilleurs rapports qualité/prix du site (et on en a plein !). 



mercredi 7 octobre 2020

Roucaillat : incroyable trio !


En juin dernier, nous avions reçu trois vieux millésimes de Roucaillat qui étaient rapidement partis : nous en avons reçus trois autres : le 1999, le 2005 et le 2010 , tout en nous réapprovisionnant en 2000. Si tous ces vins ont en commun un style "rancio", ils possèdent chacun leur personnalité, reflet du millésime. Le choix du vigneron de les vendre tous au même prix simplifie la décision de l'acheteur : il n'a qu'à prendre celui qui lui "parle" le plus. Ou bien les trois, histoire de ne pas se prendre la tête ;-)
 

Roucaillat 1999 (19.50 €)

La robe étincelante est entre le cuivre et l'or, avec de nombreuses larmes sur les parois du verre. 

Le nez est riche, intense, sur des notes de rancio : noix caramélisées, crème brûlée, écorce d'orange séchée, palanquée d'épices. 

La bouche est ronde, ample, très enveloppante, avec une matière dense et douce, caressante qui vous nappe le moindre recoin de votre palais. L'avantage par rapport à un rancio, c'est que cela reste frais et équilibré, avec un un alcool à peine perceptible. 

La finale poursuit dans la même veine, sans la moindre interruption. Elle se contente de gagner en ampleur et en intensité. Puis une pointe fraîche et tonique surgit, apportant un surcroît d'énergie annonçant l'arrivée de l'explosif bouquet final. Splendide !

Roucaillat 2005 (19.50 €)

La robe est cuivrée/ambrée. 

Le nez est fin et profond, sur le caramel au beurre, les fruits secs grillés;  l'orangette, les épices de Noël... 

La bouche est élancée, tendue par une fine acidité qui trace au-delà même de la finale, tout en déployant une matière fine et soyeuse, sensuelle, d'une grande intensité aromatique. Le tout est frais et classieux, d'un équilibre assez incroyable. 

La finale garde l'acidité en colonne vertébrale, tout en offrant une grande explosion de saveurs : noix grillée, toffee, souk oriental... 

Roucaillat 2010 (19.50 €)

La robe est d'un or intense, aux reflets cuivrés. 

Le nez est frais et complexe, sur l'agrume confit et caramélisé, le gâteau aux noix, avec une pointe acidulée qui titille les narines. 

La bouche est ronde, ample,  charnue; avec une matière dense au toucher moelleux, plus confortable et consensuelle que le 2005 et le 1999, tout en restant sur un registre oxydatif (pas ménagé). On est sur une grande générosité d'arômes et de matière, tout en restant facile à boire, sans la moindre lourdeur.

La finale, contrairement au deux autres, contraste avec la bouche par sa tonicité et sa concentration : ça pulse, sur la noix caramélisée, le café au lait, les épices et l'écorce d'orange confite. 

lundi 5 octobre 2020

Sangiovese, nouvel opus


Difficile de ne pas s'apercevoir qu'un changement était en cours : les cartons du Sangiovese sont passés du blanc au marron "kraft". Et puis, en ouvrant, on découvre une nouvelle bouteille, un peu moins longue mais plus large d'épaule – et plus lourde. L'étiquette est inchangée. Par contre, le millésime est affiché au verso : 2019. Bien sûr, le plus important, c'est ce qu'il y a dans la bouteille – la fameuse beauté intérieure. C'est peut-être là que ça change le plus : on perd en finesse et en floral pour aller vers plus de concentration, mais aussi plus de fraîcheur. Un vin qui ressemble à son nouveau flacon : il a certes forci des épaules, mais il est taillé en V tel un athlète. Rien de bedonnant, mais de l'intense, du séveux, du balsamique. Sangiovese, quoi. 

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est discret, sur les fruits noirs plutôt confits, mais rafraîchis par du cassis frais et du menthol, avec une touche de garrigue résineuse. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, tout en possédant une matière dense et veloutée, séveuse, balsamique,  plus concentrée que le millésime précédent, tout en affichant plus de fraîcheur aromatique. 

La finale prolonge la bouche sans la moindre rupture, ni même intensification des sensations : elle se contente de souligner le tout d'une fine mâche crayeuse, puis devient plus aérienne, sur des notes très fraîches : cassis, menthol, poivre cubèbe... 

Ce nouveau millésime me paraît plus taillé pour la garde que son aîné. Même si on est sur un tarif "bon marché" (9 €), il serait intéressant de mettre quelques bouteilles de côté une dizaine d'années, histoire de voir comment il évolue. Le risque n'est pas bien grand ;-)


jeudi 1 octobre 2020

Quand les Terroirists passent à l'orange

 


Eh oui, encore un vin dit orange.  Ce Terroirists  créé par la famille Plageoles ne ressemble à aucun autre que j'ai bu : il faut dire que jusqu'à maintenant, je n'en avais jamais dégusté à base de Muscadelle (80 %), complété par le Mauzac, le Sauvignon, le Verdanel, l'Ondenc et le Loin de l'oeil. Clairement, le premier cépage l'emporte sur ses copains : la macération amplifie ses arômes  muscatés, au point qu'on pourrait penser avoir affaire à son faux frère d'Alexandrie – sans tomber malgré tout dans son côté parfois "too much".  

Ce Terroirists peut faire partie des vins oranges idéaux pour s'initier, car aromatiquement, c'est un pur régal, au nez comme en bouche. Il n'y a que la seconde partie de la finale, un peu brutale,  qui peut surprendre. Mais en l'accompagnant d'un met ad hoc (tajine, par ex, ou vieux parmesan) ça doit  passer tout seul.  

La robe est dorée, légèrement trouble. 

Le nez est intense, sur l'abricot confit, la pêche de vigne, la fleur d'oranger, la rose et les épices orientales. 

La bouche est très ample, envahissant et nappant tout le palais d'une matière pulpeuse, finement accrocheuse, et étonnamment digeste. L'aromatique est dominée par l'abricot, complété par des notes muscatés et épicées. 

La finale, dans un premier temps,  prolonge la bouche sans à-coup, se contentant d'intensifier les saveurs et  les sensations, pour se conclure sur  une accroche tonique et acidulée qui rappelle que l'on a affaire à un vin orange.