jeudi 28 octobre 2021

Ce Chablis est petit mais costaud

 

Le titre est un clin d'oeil  à une pub des années 80. Mais là, il n'est pas question de petit pimousse, mais de petit chablis. Pour ceux qui ne le sauraient pas, nous ne sommes pas du tout sur des vins de plaine. Au contraire, les chardonnays de cette appellation sont plantés sur les plateaux qui dominent Chablis, sur un calcaire plus récent que le Kimmeridgien : le Portlandien. Ce sont des sols très caillouteux qui donnent des vins plutôt austères. Et justement, l'austérité, c'est un peu ce qui manque aux Chablis ces dernières années. Plus ça va, plus on se croit en Côtes de Beaune. Ce n'est pas forcément un problème, mais ce n'est pas ce que recherchent les amateurs des blancs de l'Yonne. Ce 2020 de Bernard Defaix renoue avec l'esprit cistercien de Chablis, ce qui devrait en réjouir certains. 

La  robe est or pâle, brillante. 

Le nez est frais, tonique, sur le citron, la craie humide, le mousseron et les embruns marins. 

La bouche est  vive, tendue par une fine acidité traçante, tout en offrant une matière pure, fraîche, éclatante, à l'expression plus minérale que fruitée. 

La finale monte encore d'un cran dans la tension et la vivacité,  renforcée par une noble astringence crayeuse / citronnée, et une persistance sur des notes salines. 


mercredi 27 octobre 2021

K-rément bon !

 

Les 2020  du Clos Troteligotte sont arrivés. Là encore, le millésime fait des miracles, avec des vins gourmands et superbement équilibrés. Le K-Pot' est pour moi le meilleur des dernières années, voire le meilleur tout court. S'il n'y avait que des vins sans sulfites ajoutés de cette trempe, ils engendreraient beaucoup moins de débats et éviteraient de vexer les poneys. 

Délit-K 2020 (11.95 €)

50% Merlot, 50% Cabernet Franc

La robe est pourpre translucide. 

Le nez est fin, frais, sur la griotte, la framboise, les épices douce et une délicate touche fumée. 

La bouche est ronde, ample, éclatante de fraîcheur, avec un matière fine, souple, au fruit expressif, soulignée par un léger gaz – pas trop dérangeant et facile à éliminer. 

La finale dévoile une mâche gourmande, croquante, avec un fruit encore plus intense, et une jolie persistance sur la framboise et le poivre. Un délice !

K-Pot 2020 (12.50 €)

100 % Malbec 

La robe est pourpre profond, opaque.  

Le nez est gourmand, sur les fruits noirs qui mijotent dans le chaudron, le noyau de cerise, le cacao et le poivre.

La bouche est ronde, très ample, veloutée, déployant une matière charnue, pulpeuse, au fruit absolument irrésistible, et d'une fraîcheur remarquable. 

La finale gagne en concentration et en mâche tout en ayant encore plus de fruit et de fraîcheur. Méchamment addictif !

mardi 26 octobre 2021

C'est vraiment le moment de passer aux vins géorgiens !

 

Faut que je vous raconte l'histoire, car elle est peu banale. Il y a quelques mois, un restaurateur géorgien de Limoges arrive en chaise roulante à notre entrepôt. Il veut compléter son offre de vins de son pays d'origine. Il me parle alors de vins que produit un de ses cousins au pays. Je lui donne mes coordonnées pour qu'il me contacte. Quelques jours plus tard, une personne de Toulouse m'appelle de la part de son cousin géorgien : il paraît que je suis intéressé par ses vins (à noter que le cousin toulousain n'a jamais entendu parler du  cousin de Limoges). Je lui demande alors de m'envoyer des échantillons. Ils arrivent quelques jours plus tard. Et franchement, je suis épaté par leur qualité. Ils sont très différents de ce que j'ai pu boire jusqu'à présent, sans tomber dans un style trop occidentalisé. Nous sommes alors en début d'été. Je dis au cousin toulousain que nous ferons rentrer les vins en septembre/octobre, car  l'été n'est pas trop propice aux nouveautés. 

Les trois cuvées sont donc arrivées ce matin : deux Rkatsitellis de deux millésimes différents (2013 et 2016) qui montrent que ce genre de vins gagne à être attendu. Et un Saperavi de 2018 qui va certainement bousculer pas mal d'idées que se font les amateurs du vin géorgien. Je les ai souvent trouvés rustiques, à quelques exceptions près. Sur celui-ci, la concentration ne manque pas, mais il y a une race et une complexité que je n'ai jamais trouvé dans les vins du Causase. Et pour une fois, à prix égal, je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de vins français qui aient le même niveau (alors que la plupart du temps, le rapport Q/P des vins géorgiens est très moyen – euphémisme). 

Rkatsitelli Tsarapi 2013 (18.00 €)

La superbe robe est entre l'or en fusion et le cuivre. 

Le nez est intense, profond, sur la mirabelle confite, les fruits secs, les épices. 

La bouche allie tension et fraîcheur éclatante, déployant avec ampleur une matière mûre et concentrée, séveuse,  au toucher moelleux.

La finale gagne encore en intensité et en puissance, tout en  réussissant à rester élégante et fraîche, sur des notes de mirabelle et d'épices. 

Rkatsitelli Tsarapi 2016 (18.00 €)

La robe brillante est d'un or très intense, aux reflets cuivrés. 

Le nez est riche, foisonnant, sur les fruits jaunes confits (abricot, pêche), le miel, l'orangette, les épices douces. 

Dès l'attaque, sa bouche surprend par sa grande fraîcheur, puis par sa tension. Arrive alors une belle matière mûre, confite, très dense, suivie peu après par des tanins serrés, mais bien enrobés d'une texture suave. 

Malgré la richesse, la finale est bien sèche, avec une mâche très crayeuse,  avec un retour des fruits confits et des épices. 

Saperavi 2018 (18.00 €)

La robe est grenat très sombre, limite opaque. 

Le nez est fin, profond, complexe, dans un style "ténébreux", sur la rafle mûre, le fruit noir confit, le cuir, la suie,  le ciste, la violette...Mais aussi l'écorce d'orange avec l'aération.  

La bouche est très ample, enveloppante, nappant le moindre recoin de votre palais d'une matière fraîche et veloutée, finement pulpeuse, mêlant les notes tertiaires / décadentes  à d'autres plus toniques, balsamiques et mentholées. Le tout étiré par une belle tension, dans un style racé. 

La finale prolonge la dynamique de la bouche tout en la concentrant encore plus, sans tomber dans la dureté. Au contraire, c'est encore plus classe, réjouissant et complexe, mêlant le style italien –  dans un  répertoire résino-balsamique –  et médocain  –  sur le tabac,  le cèdre, et une grande persistance sur l'écorce d'orange et le menthol. Un superbe vin !

lundi 25 octobre 2021

Syrah Vs Syrah (2) : Clos de la Bonnette

 

Voici le second duel Syrah contre Syrah, cette fois-ci au Clos de la Bonnette qui produit avant tout du Condrieu et un peu de Côte Rôtie. Il complète sa gamme avec des raisins provenant de parcelles proches de ces appellations. Ce qui est dommage, c'est que le comparatif est biaisé du fait que les millésimes sont différents. Difficile de faire la part du terroir et des conditions climatiques dans le résultat final. Ce qui est sûr, c'est que les vins sont très différents, avec chacun leur qualité. 



La robe est grenat sombre aux reflets pourpres. 

Le nez est fin, profond, sur la violette, le graphite, la framboise confite et le poivre blanc. La bouche est fine, élancée, racée, explosant de fraîcheur, avec une matière soyeuse, aérienne, d'une impressionnante  concentration aromatique qui lui apporte une touche séveuse. 

La finale, toujours aussi racée,  prolonge la dynamique de la bouche en intensifiant tous les paramètres, avant d'offrir un vrai petit feu d'artifice sur la framboise, la violette  et le poivre blanc. Réjouissant !



La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est un peu réduit, laissant s'échapper des fruits rouges et noirs  cuisant doucement dans le chaudron de cuivre. Et une touche d'épices. 

La bouche vous happe dès l'attaque par sa tension qui ne vous lâche plus. Puis arrive une matière mûre et veloutée de belle ampleur, caressante, plus dense et profonde qu'elle  ne paraît au premier abord.

 La finale est puissante, concentrée, pleine de bruit et de fureur fruit et de fraîcheur, et le poivre qui vient en rescousse. Vivifiant !







vendredi 22 octobre 2021

Syrah Vs Syrah (1) : domaine Barou

 

J'ai eu l'occasion en deux jours d'affilée de boire 4 syrah de 2 producteurs différents. Il me paraissait intéressant d'en faire deux "duels", car stylistiquement, les paires sont très opposées. Je ne peux difficilement cacher que je suis plutôt un amateur de finesse, mais les deux vins plus puissants et concentrés peuvent avoir leur thuriféraires (je soupçonne même qu'ils soient majoritaires. On commence donc par le domaine Barou. Lundi, je vous causerai du Clos de la Bonnette


La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est séducteur, sur la crème de mûre, la violette, l'encens et le poivre fumé. 

La bouche est ronde, très ample, veloutée, dotée d'une matière dense et douce, pulpeuse, d'une grande fraîcheur aromatique, et d'un p... de fruit mûr, gourmand. Un très léger gaz (facilement éliminable) accentue encore la fraîcheur. 

La finale possède une mâche savoureuse, pétante de fruit, avec une fraîcheur encore plus prégnante,  et un retour de la mûre et de la violette, prolongé par des notes poivrées et cacaotées. 


La robe est pourpre sombre, peu  translucide. 

Le nez est fin tout en étant assez exotique,  sur les fruits noirs  confits, la noix de coco caramélisée, le bois précieux. 

La bouche est élancée, longiligne, et déploie une matière fine, soyeuse, élégante, avec une touche séveuse / balsamique contrebalancée par une belle fraîcheur aromatique. On retrouve ici la magie paradoxale  du millésime 2020. 

La finale poursuit l'élan de la bouche tout en concentrant un peu plus la matière et  la soulignant d'une touche crayeuse. L'on retrouve ensuite les fruits confits, le bois précieux, avant de revenir à une ambiance plus rafraîchissante. 

jeudi 21 octobre 2021

Un repas autour des vins du domaine de Brin


Il y a une quinzaine de jours, j'avais décidé de proposer le thème du Sud-Ouest à mes clients et amis dégustateurs de Limoges. J'ai dégusté pas mal de vins de cette région, histoire de trouver quelques pépites à leur faire découvrir. Et à chaque fois que je tombais sur une cuvée du domaine de Brin, c'était un vrai coup de cœur.  Comme celui-ci propose une très large gamme allant de la bulle d'apéro jusqu'au vin de dessert en passant par nombre de blancs et de rouges,  je me suis dit que finalement, j'allais faire une soirée 100 % Brin

Vendredi dernier, j'ai rendu visite à mon ami Philippe Redon. Nous avons dégusté les différents vins que j'avais prévu de servir, et ensemble, nous avons échangé sur la meilleure façon de les mettre en avant. En moins de 30 mn, l'affaire était pliée, et a donné naissance au repas dont je vous parle aujourd'hui. 
 

Pour accompagner la DBulles, très marquée par les fruits blancs bien mûrs (même si elle ne "pèse" que 10 % d'alcool) mais également pétante de fraîcheur, Philippe a proposé ce boulet de foie gras au jambon de canard. Les saveurs salées / corsées du jambon et du jus de canard contrastent avec la douceur et le fruité du vin. En même temps, les bulles fraîches et tonique équilibrent à merveille le gras et l'onctuosité du foie tiédi. À cela s'ajoutait un disque de brioche croustillante qui évitait de trop tomber dans la mollesse. Un accord superbe pour démarrer !


Nous avons poursuivi avec une noix de Saint-Jacques contisée de truffe d'été, crème de choux qui tenait compagnie aux Pierres blanches (Mauzac et Loin de l'œil). Le plat apportait de la douceur et de la tendreté à un vin vif, élancé, complexe, marqué également par les fruits, dans un registre un tout petit peu moins mûr. La truffe s'alliait bien à ses notes subtilement oxydatives. L'accord était moins saisissant que le précédent, mais néanmoins très bon, mettant parfaitement en valeur le Gaillac blanc. 


Dès que Philippe avait goûté le Vendemia vendredi, il avait lâché "ris de veau". Vu que j'adore ça, je n'allais certainement pas le contredire. Le voici donc, parfaitement rôti, accompagnés de légumes d'automne caramélisés et de poudre de pain d'épices. Là encore, on est dans le contraste :  les notes grillées / caramélisées / épicées sont à l'opposé de la fraîcheur et du fruit du vin. Quand les deux s'entrechoquent, c'est purement jouissif ! Un beau moment de gastronomie. 


Pour accompagner un grand rouge du Sud-Ouest  –  ce qu'est manifestement  le Brin de temps –   il fallait tout de même l'un des ingrédients phares de la cuisine régionale : le gésier confit. Il est posé sur un délicieux toast aux noix. Cela constitue une superbe piste de décollage à notre Gaillac rouge dont la fraîcheur "savagninesque" éclate au grand jour. D'la bombe ! 


Le Loin de l'œil  était le seul vin que nous n'avions pas goûté vendredi (car je ne l'ai reçu que mardi matin). Mais sans trop prendre de risque, j'avais dit à Philippe qu'une sorte de croque monsieur au bleu et la brioche devait aller pile-poil. Ce Croc'bleu est à base de Roquefort. Il fallait bien sa  puissance pour contrecarrer l'ampleur et la douceur du liquoreux. Un contraste de haute-volée absolument délicieux !


Le Brin de Folie, une "vendange tardive" 100 % Cabernet-Sauvignon,  est dans un registre moins riche exubérant. Nous voulions éviter le ton sur ton avec des fruits rouges qui l'aurait fait disparaître.  D'où cette gaufrette au chocolat brut et la glace au Darjeeling. Ce dessert fait ressortir le fruit et la fraîcheur du vin tout en faisant disparaître ses sucres. Du régal à l'état pur !

Lors de notre précédent repas (autour des vins de Loire atypiques), tout le monde avait dit qu'il serait difficile de faire mieux. Eh bien ma foi, je ne saurais dire si celui-ci  était meilleur, mais il était au moins aussi bon. Maintenant, il va falloir faire fort la prochaine fois !

mercredi 20 octobre 2021

Mauzac de Brin : les amateurs de ch'nin vont adorer !

 

Je vais spoiler un petit peu en vous disant que demain, je publierai un grand article sur un repas / dégustation autour des vins du Domaine de Brin. Mais ce Mauzac n'en faisait pas partie car il ne nous est arrivé qu'hier. Il ne doit pas y avoir beaucoup de vins issu de ce cépage qui ont eu droit à une vinification et un élevage en jarre de grès. Histoire, j'imagine, de ne pas gâcher le jus de départ qui devait être de haut niveau.  Ayant goûté les autres cuvées du domaine, je me doutais que Damien Bonnet avait un don certain pour rendre ce cépage intéressant (alors qu'il est souvent banal en d'autres lieux). Mais là, il a carrément scotché l'adorateur de chenin que je suis : il a produit ici un chenin mega + sans que ce soit outrancier, avec un grand écart incroyable entre la maturité perçue (très grande) et le degré alcoolique (petit : 12 %).  Un vin à faire déguster à l'aveugle, histoire d'avoir une belle tranche de rire ;-)

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez  est puissant, concentré, sur les fruits blancs confits (coing, pomme), l'écorce de cédrat et  la craie humide. 

La bouche est ronde, ample, délivrant une matière charnue d'une impressionnante densité, le tout tendu par une acidité  vibrante. Mais le plus marquant est l'aromatique très intense dominée par la pâte de coing, à un niveau tel que n'importe quel chenin ligérien  vous paraîtra désormais insipide. 

La finale prolonge la bouche en la concentrant encore plus – oui, c'est possible –  et en la soulignant par des magnifiques amers et d'une mâche crayeuse, sur le coing, l'écorce d'agrumes confites et le quinquina.




mardi 19 octobre 2021

Feux de Forez : la pépite au fond du trou

 

Ce matin, en rangeant les bouteilles amenées la veille dans le bureau, je me suis aperçu que j'avais oublié hier de déguster et de vous parler de Feux de Forez. J'ai imaginé au départ le rajouter au billet initial. Et puis, après l'avoir goûté, je me suis dit qu'il méritait une parution solo. Perso, je l'ai adoré. Eric R, moins, le trouvant un peu trop austère, pas assez Gamay. C'est justement le fait  qu'il ne fasse pas Gamay que j'ai apprécié. Vous le verrez un peu plus bas : il me faisait penser à l'ouverture presque plus à un vin blanc (dans un style cistercien / minéral) qu'à un rouge. Avec l'aération quelques heures plus tard, le fruit ressort plus, tout en restant d'une grande finesse / délicatesse. Décidément, il me plaît beaucoup, aéré comme non-aéré. 

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est intense, sur des notes florales et fumées, avant que n'arrivent les fruits rouges confits  et les épices douces. 

La bouche est fine, élancée, tendue par un fil invisible, tout en déployant une matière élégante, sensuelle, aux multiples couches soyeuses qui s'entremêlent., offrant une sensation crémeuse. Là encore, le fruit est relativement discret, offrant plutôt un registre minéral / floral / épicé, rendant le vin plus classieux que gourmand.

La finale prolonge la tension de la bouche, avec un côté encore plus droit / pur /minéral, faisant presque plus penser à un blanc qu'à un rouge. La persistance est nettement plus grande que celle de Volcanique et Rézinet, sur des notes fumées / poivrées / épicées (et finalement fruitées, avec l'aération). 


lundi 18 octobre 2021

Plus vous forez, plus vous trouvez des trésors !

 

Vendredi dernier, nous avons reçu une palette regroupant les vins de nos trois producteurs foréziens. La première bonne nouvelle, c'est que nous avons reçu une douzaine de caisses du Domaine de la Madone, avec des Gamay's et des Rougeots. Je les ai regoûtés le mois derniers avec des clients. Les deux sont fantastiques. 

Nous avons reçu les 2020  de plusieurs cuvées de Vin & Pic, dont la Boutonnière. Elles confirment que 2020 est un p... de millésime. 

Et c'est la même chose avec les trois rouges de Verdier-Logel. Autant je n'avais pas été convaincu par la première mise de la Volcanique, autant celle-ci est vraiment extra. Nous en boirions déraisonnablement si nous n'étions pas pourvu d'un self control de premier ordre. Même si, comme souvent ces dernières années, je préfère Rézinet provenant d'un terroir granitique. On ne pourra pas m'accuser d'être à la solde des vulcanophiles. 


La robe est entre le vermillon et le Monaco de notre adolescence, avec quelques reflets orangés. 

Le nez est fin et intense sur des notes de fraise confite, d'écorce d'orange séchée et d'épices. 

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière douce et aérienne, et une vinosité bien marquée qui tient lieu de colonne vertébrale. 

La finale finement mâchue, voit sa douceur aromatique contrebalancée par de nobles amers (écorce d'orange, quinquina), avec une longue persistance sur la fraise confite et les épices.   Le rapport qualité/prix de ce vin est surréaliste !

Syrah 2020 (11.50 €)

La robe est pourpre bien sombre, à peine translucide. Le nez est plutôt discret, sur la myrtille, le poivre, quelques épices douces et une légère touche lactée. La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière pulpeuse, fraîche, au fruit croquant, finement épicé – et toujours cette légère touche lactée. La finale dévoile une mâche gourmande, encore plus fraîche et fruitée que la bouche, avec une persistance sur des notes sanguines et poivrées. 


La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est expressif, sur les fruits noirs confits et les épices. 

La bouche est ronde, très ample, soyeuse, aérienne, avec une matière très fine, caressante, d'une grande fraîcheur aromatique, et surtout un fruit d'un charme absolument irrésistible. 

La finale tonique se fait d'abord délicieusement accrocheuse, avant une explosion de fruit et de fraîcheur. Un délice ! Là encore, le prix est totalement dingue au vu de la qualité


La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez  est fin, sur la violette, la pierre chaude, la framboise et le poivre. 

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une matière très fine, souple, fraîche, un fruit gourmand complété par des notes florales et épicées. 

La finale est finement mâchue, avec un fruit qui gagne en expressivité et fraîcheur, avec une belle persistance sur la violette et la fumée. 

Rézinet 2020 (10.50 €)

La robe est grenat sombre, et très peu translucide. 

Le nez est fin, frais, minéral, sur les fruits noirs, la roche chauffée au soleil et la violette. 

La bouche est longiligne, traçante, avec une matière concentrée, séveuse, réussissant à garder une belle douceur tactile, et un mix paradoxal  de maturité poussée et de fraîcheur aromatique (très 2020, quoi !). Le tout d'une légèreté aérienne étourdissante. 

La finale prolonge la dynamique de la bouche, sans le moindre durcissement, ajoutant juste un supplément de fraîcheur et de minéralité. Un grand petit vin !


La Volcanique 2020 (10.50 €)

La robe est grenat sombre  translucide. 

Le nez est très tentateur, sur les fruits rouges et noirs, la pivoine et la fumée. 

La bouche est à la fois ample et longiligne, avec une matière soyeuse qui vous caresse le palais et une grande fraîcheur aromatique qui tient lieu de fil conducteur. 

Le tout complété par un fruit pur, élégant, complété par des notes florales et fumées. 

La finale fraîche, intense, réussit non seulement à ne pas rompre le charme, mais à l'amplifier , vous rendant définitivement accro (vous êtes prévenus). 

vendredi 15 octobre 2021

Ah, bouriou que c'est bon !


Vous aurez compris le jeu de mot du titre : ce Rougé d'amphore signé Stéphanie Roussel est à base du cépage Abouriou que l'on trouve essentiellement dans le Marmandais ... mais aussi au pays du Muscadet (allez comprendre pourquoi...). La plupart du temps, il donne des vins assez rustiques, pour donner dans l'euphémisme. Et puis là, le miracle a lieu : cette cuvée à la finesse d'un pinot et le fruit d'un trousseau tout en étant née dans le Sud-Ouest. Cela peut s'expliquer par la vinif, puisque c'est un assemblage de 50 % de pressée directe (rosé) et de 50 % de macération carbonique. Une fois les deux réunis, ils sont élevés en amphore (d'où le  nom). Le vin demande à être un dégazé, mais pour le coup,  il suffit d'agiter le verre, ce n'est pas vraiment gênant (et c'est un gars qui déteste le gaz qui vous le dit !). 

La robe est grenat translucide et légèrement tuilé. 

Le nez est plutôt discret, sur les fruits rouges compotés,  les épices douces et un trait de volatile. Après aération, ce dernier disparait pour laisser place à des notes florales. 

La bouche est ronde, ample, aérienne, avec une matière ultra  fine, à peine palpable, laissant juste un léger souffle sur les papilles. Aromatiquement, le fruit est beaucoup plus frais qu'au nez, sur la griotte acidulée et le poivre blanc. 

La finale est tonique,  délicieusement mordante, sur la cerise et la terre humide après la pluie (ça pinote grave, quoi). 




jeudi 14 octobre 2021

Chablis : et 2019 arriva !

Après le millésime 2018, plutôt solaire sur toute la France, on pouvait se dire que 2019 l'était un peu moins. Bon, c'est juste un peu. D'autant que le Domaine de l'Enclos n'est pas réputé pour faire des Chablis à l'ancienne. Donc, bon : ne vous attendez pas un vin cristallin et super minéral. D'après ce que j'ai pu lire, même Droin n'y est pas parvenu. Mais par contre, nous avons affaire à un Chardonnay frais, équilibré, pas boisé. Et ma foi, par les temps qui courent, c'est déjà très bien !

La robe est or clair intense. 

Le nez est fin, sur la pomme chaude, l'ananas frais; le citron confit.

La bouche vous saisit  par sa fraîcheur dès l'attaque avant qu'un fil invisible se mette à étirer une matière plutôt ronde, mûre, charnue, plus beaunoise que chablisienne, faut reconnaître. En le servant un peu frais, on gagne en tension, avec un côté plus "lame d'acier" (aux bords émoussés, tout de même). 

La finale est concentrée, avec un joli duo amertume /astringence sur l'écorce d'agrume et la pomme verte, et une persistance sur des notes crayeuses / citronnées. 



mercredi 13 octobre 2021

Môssieur le marquis est bien bon !


Je vous ai déjà parlé ici du Nero d'Avola du Marchese Montefusco. Sur le 2019, je l'avais mis en veilleuse, car au départ, il se goûtait moyen. Et puis, je l'ai regoûté il y  a 2-3 mois, il était nettement mieux. Sur le 2020 que je vous présente aujourd'hui, il se présente déjà très bien. Certes, le nez n'est pas encore tout à fait en place, mais la bouche est vraiment très chouette ! Pour ceux qui cherchent des vins très légers, fruités et pas vulgaires, il est difficile de trouver mieux pour moins de 7 €. Pour ma part, ce ne serait pas une punition si je devais en boire tous les jours (même si j'aime varier). 

La robe est grenat sombre  bien  translucide.  

Le nez est plutôt discret, sur la cerise confite et  les épices douces. 

La bouche est ronde, ample, aérienne, déployant une matière fine, soyeuse, caressante, et exprimant un fruit pur et frais, finement épicé. 

La finale est dans la continuité, ajoutant juste une très fine mâche et des notes de terre automnale qui se marient si bien avec la cerise. Bref, c'est (très) bon, sans le moindre défaut. 

Si je manquais de self control, je me glougouterais la bouteille sans me forcer. Mais ceux qui me connaissent savent que je suis encore plus inflexible que Chuck Norris ;-)





mardi 12 octobre 2021

Du bonheur à la tonne !

 

Pour l'instant, La Bonne tonne ne fait partie des grands domaines de Morgon. Et pourtant, le jeune couple qui l'a repris en 2016 propose une alternative rafraîchissante aux stars de  l'appellation. Avec même un excellent bonus du côté de Régnié. Pour en savoir plus, nous vous incitons à lire le dernier numéro du Rouge et le Blanc





La robe est  bien translucide, entre grenat et tuilé. 

Le nez est à la fois fin et intense, sur des notes florales, épicées  et fumées / grillées. 

La bouche est ronde, très ample, déployant une matière très fine, aérienne, d'une grande élégance, faisant plus partir sur un pinot noir qu'un gamay. L'ensemble est frais, équilibré, mêlant les fruits mûrs et les notes d'élevage. 
La finale très finement mâchue réussit à ne pas rompre le charme, sur la cerise confite, la violette, le laurier et la fumée. 


La robe est grenat sombre, légèrement translucide. 

Le nez est fin, sur les fruits rouges confits, les épices et la pierre humide. 

La bouche est ronde, ample, enveloppante, avec une matière finement veloutée / pulpeuse au fruit frais et expressif, charmeur. 

La finale est délicieusement accrocheuse, canaille, avec encore plus de fruit et de fraîcheur, et une belle persistance sur les épices. 




La robe est grenat translucide. 

Le nez est gourmand,  sur la tarte aux quetsches, le noyau, les épices douces. 

La bouche est ronde, très ample, avec une matière à la fois soyeuse et dense, tonique, qui vous attrape au vol et ne vous lâche plus. Il y a surtout un fruit pur et intense qui monte crescendo jusqu'à vous submerger (de bonheur). 

La finale est fraîche, tonique, encore plus gourmande et fruitée que la bouche. Une tuerie, diraient certains. 


Beaujolais blanc 2019 (14.90 €)

La robe est  or pâle, brillante. 

Le nez est expressif, sur les fruits blancs, la noisette et le pain grillé(e)s. 

La bouche est ronde, friande, avec une matière croquante / pulpeuse, pétante de fraîcheur, et en même temps mûre, subtilement grillée. 

La finale prolonge les sensations, alliant les fruits blancs croquants aux fruits secs grillés, avec une persistance sur la brioche toastée. 

lundi 11 octobre 2021

Gras mouton : encore un 2020 comme on aime !

Sur les derniers millésimes, on se demandait si les muscadets ressembleraient toujours à l'idée que l'on se faisait de cette appellation.  Ce Gras Moutons 2020  nous rassure : la fraîcheur n'est pas une valeur en voie de disparition, car cette cuvée en a à revendre à des cuvées moins bien dotées. Ce vin est tonique, vibrant, enthousiasmant Muscadet power, quoi !

La robe est or très pâle, brillante. 

Le nez est plutôt discret, sur les fruits blancs mûrs, la craie humide, le citron confit, les embruns marins. 

La bouche est tendue, affichant une fraîcheur cristalline dès l'attaque, puis conservant celle-ci sur la longueur, tout en gagnant en densité, volume, intensité... Le tout est très bien équilibré, bourré de fraîcheur, avec un gaz carbonique qui vous titille agréablement la langue 

La finale est finement mordante, mêlant le citron à la pomme Granny, avec un prolongement sur des notes salines / crayeuses  ... et le citron frais qui revient rapidement et persiste dans la durée. 



vendredi 8 octobre 2021

Réquieu : rarement l'émotion a été aussi abordable

 

Je vous avais parlé de ce Réquieu lorsque je vous avais annoncé la mort de Claude Carayol, grande figure du Cabardès. Nous ne l'avions pas en stock à l'époque. C'est maintenant chose faite, et je ne peux que répéter ce que j'avais écrit à l'époque : cette cuvée  ne voyant pas le bois, on peut dès à présent profiter de cette petite merveille, et ce à un prix à limite du ridicule : 8.50 €. 

La robe est pourpre très sombre, presque opaque. 

Le nez est intense, complexe et  profond, sur le cassis, le cèdre, la violette, le lard fumé et poivré, le graphite, les épices... 

La bouche est ronde, ample, très fraîche, déployant une matière (plutôt) dense, veloutée qui vous nappe tout le palais. Le cassis est éclatant, vibrant, souligné par le poivre légèrement fumé. Il apporte une tension inattendue... 

... qui se poursuit en finale, avec une accentuation de la fraîcheur et de la densité, et un côté plus séveux et balsamique contrebalancé par le menthol et l'eucalyptus. C'est absolument excellent !



jeudi 7 octobre 2021

... et je vis des anges roses au plafond !

 

L'année dernière, j'avais apprécié le nez de Tout feu Tout flamme, mais un peu moins la bouche. Cette année, celle-ci est d'un niveau remarquable. Une fois dégazée (il suffit de remuer un peu le verre, rien de méchant), on découvre une matière d'une rare délicatesse qui rappelle Meyer à son meilleur. Associée à l'aromatique du Gewurz qui réussit ici à ne pas être vulgaire, on obtient un vin extra-ordinaire comme vous en croiserez rarement. S'il y a bien un vin qui mérite d'être référencé par Vins étonnants, c'est celui-ci !

La très belle robe translucide hésite entre le saumon et le cuivré. 

Le nez est superbe, sur le pétale de rose, la fleur d'oranger, les épices orientales, tout ça d'une façon très délicate, sans ostentation. 

La bouche est très ample, aérienne, enveloppante, diffusant une matière plus gazeuse que liquide, quasi impalpable, immergeant le dégustateur dans un champ de roses virtuel, puis dans un souk oriental. 

La finale un peu plus mordante, terrienne, vous fait revenir au réel, avec une fine mâche et une touche acidulée, tout en persistant dans le registre floral et épicé qui perdure longuement. 



mercredi 6 octobre 2021

Serol 2020, la (magnifique)suite


Les cuvées plus "pointues" du domaine Sérol viennent de nous arriver. Nous avions déjà une vague idée sur ce que pouvait donner le millésime 2020 sur Eclat de granit et Originelles. Mais nous sommes à un tout autre niveau sur les nouvelles arrivantes. Comme dirait le père Dali, c'est transcendantal ! Je m'attendais à du high level, mais pas à ce point. On comprend mieux pourquoi le domaine a gagné ses deux étoiles dans le guide RVF. On est au-delà du gourmand. Il y a une finesse et une profondeur que l'on ne trouve que chez les meilleurs...

Champtoisé 2020 (16.50 €)

100 % Chenin

La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est mûr, complexe, sur le citron frais et  confit, la pomme rôtie au beurre, la pierre chauffée au soleil et le silex frappé. 

La bouche est fraîche, élancée –  sans être très tendue –  et déploie une matière mûre, plutôt dense, au toucher moelleux, presque velouté. Aromatiquement, la pomme chaude et la poire se disputent la vedette avec des notes plus minérales – cette impression de sucer un caillou. 

La finale nous fait un élégant Triple A, avec une Acidité finement citrique qui se décide enfin à apparaître, des Amers très "cheninesque" sur l'écorce de pomelo et une noble Astringence sur la craie et la pomme verte. Le tout persiste sur la pomme beurrée et des notes fumées/grillées. 

Les Blondins 2020 (16.90 €)

La superbe robe translucide est entre le rubis et le grenat. 

Le nez est fin et expressif, profond, sur la violette, l'ardoise, la framboise et la fumée. 

La bouche est ronde, très ample, déroulant une matière fine, élégante, racée, d'une pureté et d'une fraîcheur saisissantes. On retrouve ce mélange de notes florales, fruitées et fumées, auquel s'ajoute du pierreux, et pas qu'un peu. Et j'oubliais une superbe tension évoquant les vins sur schistes. 

La finale prolonge la tension de la bouche sans le moindre à-coup, accentuant juste les notes fumées et poivrées qui persistent assez longuement. Un vin bluffant ! 

Les Millerands 2020 (16.90 €)

La robe est grenat sombre translucide aux reflets violacés.

Le nez est fin, pénétrant, sur les fruits rouges confits, la rafle mûre et la fumée. 

La bouche est élancée, déployant une matière mûre, finement pulpeuse, sensuelle, exprimant un fruit bouleversifiant, d'une beauté indescriptible, souligné par de superbes notes fumées. 

La finale poursuit dans la douceur sensuelle tout en gagnant en concentration, mais aussi en fraîcheur et en "minéralité", avec des notes de fumées et de violette. Grand vin ? 


Oudan 2020 (16.50 €)

La robe est pourpre très sombre, presque opaque. 

Le nez fait "brun ténébreux", mêlant les fruits noirs, le graphite, les notes florales, le poivre fumé...

La bouche est tendue, longiligne, d'une "pureté laser" comme on l'a rarement dans les vins rouges, avec une matière à la fois intense et aérienne, racée comme un Musigny. Ça envoie du lourd ! L'aromatique fait dans la sobriété, sur la mûre, le poivre et la fumée. 

La finale réussit à ne pas rompre le charme : tout reste parfaitement en place, tout en gagnant en concentration et en (fine) mâche. C'est suivi d'une explosion de fraîcheur  et  de notes fruitées  / florales totalement jubilatoires. Très grand vin ?

Perdrizières 2020 (19.90 €)

La robe est pourpre translucide. 

Le nez  est fin, évident, sur la violette, la framboise et le poivre fumé.

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière très aérienne, quasi impalpable, et une force invisible qui trace comme par permis. Là encore, difficile de ne pas évoquer les vins sur schiste, tellement c'est pur et évident. 

La finale est nettement plus terrienne que la bouche, avec une matière dense, charnue, à la fois fruitée, florale et épicée. Fumée, aussi. Minérale, également. Probablement à attendre quelques années pour atteindre tout son potentiel.