mardi 26 octobre 2021

C'est vraiment le moment de passer aux vins géorgiens !

 

Faut que je vous raconte l'histoire, car elle est peu banale. Il y a quelques mois, un restaurateur géorgien de Limoges arrive en chaise roulante à notre entrepôt. Il veut compléter son offre de vins de son pays d'origine. Il me parle alors de vins que produit un de ses cousins au pays. Je lui donne mes coordonnées pour qu'il me contacte. Quelques jours plus tard, une personne de Toulouse m'appelle de la part de son cousin géorgien : il paraît que je suis intéressé par ses vins (à noter que le cousin toulousain n'a jamais entendu parler du  cousin de Limoges). Je lui demande alors de m'envoyer des échantillons. Ils arrivent quelques jours plus tard. Et franchement, je suis épaté par leur qualité. Ils sont très différents de ce que j'ai pu boire jusqu'à présent, sans tomber dans un style trop occidentalisé. Nous sommes alors en début d'été. Je dis au cousin toulousain que nous ferons rentrer les vins en septembre/octobre, car  l'été n'est pas trop propice aux nouveautés. 

Les trois cuvées sont donc arrivées ce matin : deux Rkatsitellis de deux millésimes différents (2013 et 2016) qui montrent que ce genre de vins gagne à être attendu. Et un Saperavi de 2018 qui va certainement bousculer pas mal d'idées que se font les amateurs du vin géorgien. Je les ai souvent trouvés rustiques, à quelques exceptions près. Sur celui-ci, la concentration ne manque pas, mais il y a une race et une complexité que je n'ai jamais trouvé dans les vins du Causase. Et pour une fois, à prix égal, je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de vins français qui aient le même niveau (alors que la plupart du temps, le rapport Q/P des vins géorgiens est très moyen – euphémisme). 

Rkatsitelli Tsarapi 2013 (18.00 €)

La superbe robe est entre l'or en fusion et le cuivre. 

Le nez est intense, profond, sur la mirabelle confite, les fruits secs, les épices. 

La bouche allie tension et fraîcheur éclatante, déployant avec ampleur une matière mûre et concentrée, séveuse,  au toucher moelleux.

La finale gagne encore en intensité et en puissance, tout en  réussissant à rester élégante et fraîche, sur des notes de mirabelle et d'épices. 

Rkatsitelli Tsarapi 2016 (18.00 €)

La robe brillante est d'un or très intense, aux reflets cuivrés. 

Le nez est riche, foisonnant, sur les fruits jaunes confits (abricot, pêche), le miel, l'orangette, les épices douces. 

Dès l'attaque, sa bouche surprend par sa grande fraîcheur, puis par sa tension. Arrive alors une belle matière mûre, confite, très dense, suivie peu après par des tanins serrés, mais bien enrobés d'une texture suave. 

Malgré la richesse, la finale est bien sèche, avec une mâche très crayeuse,  avec un retour des fruits confits et des épices. 

Saperavi 2018 (18.00 €)

La robe est grenat très sombre, limite opaque. 

Le nez est fin, profond, complexe, dans un style "ténébreux", sur la rafle mûre, le fruit noir confit, le cuir, la suie,  le ciste, la violette...Mais aussi l'écorce d'orange avec l'aération.  

La bouche est très ample, enveloppante, nappant le moindre recoin de votre palais d'une matière fraîche et veloutée, finement pulpeuse, mêlant les notes tertiaires / décadentes  à d'autres plus toniques, balsamiques et mentholées. Le tout étiré par une belle tension, dans un style racé. 

La finale prolonge la dynamique de la bouche tout en la concentrant encore plus, sans tomber dans la dureté. Au contraire, c'est encore plus classe, réjouissant et complexe, mêlant le style italien –  dans un  répertoire résino-balsamique –  et médocain  –  sur le tabac,  le cèdre, et une grande persistance sur l'écorce d'orange et le menthol. Un superbe vin !

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